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Mer de Malaisie, 1849, à quelquesmiles des côtes occidentales de Bornéo. Sur son île sauvage de Mompracem assaillie par la tempête, un inquiétant personnage veille : le pirate redouté que les Anglais rêvent de capturer et que l’on surnomme le Tigre de Malaisie, Sandokan.
Bientôt arrive celui qu’il attend, Yanez, un Portugais, venu lui parler d’une splendide jeune femme aux cheveux d’or installée à Labuan, dont la réputation de grande beauté s’est répandue dans toute la région. Galvanisé par le récit de son ami, Sandokan décide de prendre la mer. Destination Labuan, à la fois pour contempler de ses yeux cette femme mystérieuse et pour se venger des Blancs qui ont assassiné sa famille…
On connaissait, grâce aux entretiens d’Hugo Pratt avec Dominique Petitfaux (De l’autre côté de Corto, édité chez Casterman) l’existence de Sandokan, créé par Pratt à la toute fin des années soixante. Mais personne en revanche n’avait pu lire ce récit inachevé et resté inédit, adapté par le scénariste Mino Milani à partir d’un roman très connu de l’écrivain italien Emilio Salgari (1862-1911), spécialiste du récit d’aventure à la manière de Jules Verne ou Stevenson.
Commandé à Pratt par son éditeur du Corriere dei Piccoli, Sandokan, en effet, a souffert du succès soudain d’une autre création que Pratt avait commencé à développer à la même époque : les aventures d’un certain Corto Maltese… Brusquement supplantée, dans l’emploi du temps comme dans l’affection de Pratt, par ce « concurrent » inattendu, l’histoire du « Tigre de Malaisie » ne devait plus être alimentée par le dessinateur qu’à raison de quelques planches éparses ici ou là, pour être finalement tout à fait délaissée, vers 1973, au terme d’une trentaine de pages…
Oublié dans un carton au fil de l’histoire agitée de la maison d’édition qui en avait commandé la réalisation, Sandokan, finalement redécouvert à quelques quarante ans de distance, trouve enfin le chemin des librairies.