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Peu de nouveaux auteurs donc, mais un bon sommaire n'est ni une fuite en avant, ni un radio-crochet pour stars sans lendemain. Permettre aux auteurs de développer des écritures et aux lecteurs de les découvrir, c'est évidemment l'esprit de la revue. C'est pour cela même que nous publions une première bande dessinée de l'Australien Gregory Mackay sans le personnage de Francis Bear. "Slow Panic", – c'est le nom de cette contribution – a été peu avant la finalisation de ce numéro, lauréate du Melbourne Lord Mayor's Creative Writing Award. Avec ou sans ours, Gregory est donc un auteur aussi doué que déroutant de simplicité. Tim Danko, autre auteur océanien, adapte en couleurs l'un des écrivains, dont on pouvait vraisemblablement craindre dans l'absolu le résultat d'une mise en images, mais c'est très intelligemment que Tim a réalisé "Trufan", basé sur un court extrait de Si c'est un homme de Primo Levi. Peu avant dans ces mêmes pages, d'autres résonances tragiques et plus proches (en temps pour nous, en en distance affective pour son auteur) sont abordées par Jack Exily qui livre un conte créole sombre et marqué par le douloureux séisme en Haïti. Nicolas Presl, quant à lui, a réalisé la linogravure intérieure de cette revue. L'exercice est peu commun, car outre son formidable maniement de la plume et de l'encre, Nicolas est aussi un habile graveur, mais plus coutumier de procédés artisanaux tels que l'eau forte ou la manière noire. Espérons que l'avenir nous permette d'évoquer à nouveau les talents méconnus de cet auteur. Enfin si certains commencent à s'installer confortablement dans la revue (j'allais dire "certaines", tant je pense à l'Australienne Mandy Ord et l'Allemande Judith Mall, mais ce serait sans compter sur le duo danois déjanté formé par Jacob Orsted et Soren Mosdal), d'autres, absents des précédents sommaires, signent leur retour. Il serait vain de les citer tous ici, en vis-à-vis du sommaire, mais je crois qu'il me faut faire mention de la participation de ManüManü : Turkey Comix est composé d'écritures très variées, révélant une bande dessinée complexe et protéiforme, et pourtant ManüManü vient nous rappeler au bout de toutes ces pages, combien le champ d'application de notre medium est plus vaste encore, et que Turkey Comix n'y est finalement qu'un microscopique sillon. Un sillon néanmoins travaillé depuis dix ans (c'est en mars 2002 que tout a débuté).