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Témoignage coup de poing sans sensationnalisme. Beaucoup d'humanité pour traiter ce sujet dur et difficile.
Le dessin, les couleurs et le rythme sont pour beaucoup dans la réussite de cette BD.
Un récit d'initiation autobiographique réussi qui retrace une histoire peu connue en France, celle de l'émigration de nombreux Espagnols pauvres en Allemagne au début des années 60.
Kim a l'intelligence de retracer la vie d'un certain nombre des hommes - et parfois des femmes - qu'il a rencontrés. On découvre ainsi une communauté espagnole disparate, pauvre, avec de nombreux personnages attachants, vue à travers le regard d'un jeune homme triplement en transit : un Espagnol émigré en Allemagne entre l'adolescence et l'âge adulte qui contrairement aux autres Espagnols ne peut obtenir de contrat de travail parce qu'il y a le tampon "Touriste" sur son passeport. Cette position et son regard d'artiste lui permettent d'observer la vie des gens qu'il côtoie. Ainsi, Kim nous fait voir l'accueil généralement très généreux des Allemands - en particulier Hubert - et partager la vie de ces migrants : "J'ai réalisé que ce qui était pour nous [les étudiants] une expérience, une aventure... ou même un divertissement, constituait, pour certains d'entre nous [les ouvriers logeant dans la même auberge de "jeunesse" que le narrateur], leur dernière chance de sortir de la misère..."
Les personnages sont expressifs, pleins de vie ; les décors suffisamment précis pour plonger le lecteur dans un univers fourmillant et dépaysant.
Kim est décidément un très bon dessinateur et en plus ses dialogues ainsi que les textes de narration sont intéressants.
"Un rêve d'ailleurs" offre une belle plongée dans un univers qui navigue entre moments drôles et récits durs voire tragiques. Une belle réussite.
Le graphisme de Marc Torices est superbe, très varié d'un épisode de la vie de Cortázar à un autre tant pour les dessins que pour la couleur : on passe sans problème des couleurs les plus vives au noir et blanc, voire au sépia . En effet l'album a une grande unité qui permet de rendre compte du style de l'écrivain argentin.
Le prologue est parfait : tant l'histoire que le dessin et les couleurs rendent compte de l'univers de Cortázar.
Deux bémols : si beaucoup d'épisodes racontés permettent de s'attacher à Cortázar, de comprendre comment il est devenu écrivain, et de deviner le style de ses livres, certains sont plus anecdotiques. En outre, la deuxième partie, qui s'attache à Cortázar qui a émigré en France, lie peu les moments racontés. Sans doute est-ce parce que le scénariste est un des plus grands connaisseurs de la figure de Cortázar et qu'il voit très bien comment combler les trous du récit. Mais pour quelqu'un qui connait peu Cortázar, cela rend le récit moins intéressant.
Un récit cathartique
David Small dans ce superbe roman graphique en noir et blanc a su traduire manque d'amour, solitude et silence.
Comme l'indique son titre, Sutures est le récit d'une plaie douloureuse - une enfance en manque d'amour et d'attention - refermée mais laissant des traces.
Son auteur, illustrateur pour le New Yorker, le New York Times, le Washington Post, Esquire et Playboy, auteur et illustrateur de livres pour enfants, a publié à 67 ans cette autobiographie dans laquelle il raconte son enfance dans l'Amérique étouffante des années 50.
Une mère aigrie, un père lointain, un grand frère moqueur, une grand-mère sadique... Et pourtant, le récit de David Small ne se fait pas accusateur. Subtil et émouvant, Small met en scène la tension psychologique qui l'entourait. Il pose un regard d'adulte sur son histoire, cherchant à comprendre la solitude de son enfance. Il y a même une forme de compréhension pour ses parents qui l'ont peu, mal ou pas aimé. Ainsi, lors de l'émouvante scène où son père parvient enfin à lui avouer la vérité après s'être tu pendant des années : c'est de sa faute s'il a développé un cancer.
Par ailleurs, comme le narrateur est pour un certain temps totalement muet, il doit passer par les dessins pour s'exprimer et se faire comprendre. De ce fait, la communication passe par les bruits et les expressions des visages des personnages, de leurs yeux en particulier.
Le dessin, sobre, puissant, enlevé, est une alternance de petits crayonnés, de pleines pages à l’aquarelle dans des teintes gris/noir, des visuels aux découpes variées faisant évoluer les personnages. La mise en scène est fluide, avec un sens du rythme remarquable, en particulier dans les planches sans paroles. La différence de taille des cases accentue les émotions et le tout crée un récit très cinématographique.
Quand la poésie traduit la réalité
Là où vont nos pères est une histoire universelle, intemporelle et muette car selon Shaun Tan "les mots «accélèrent» la lecture [car] ils peuvent être vus comme une forme d’explication qui va restreindre le champ des possibilités. Un problème vient de ce que l’on accorde trop de poids à l’autorité des mots. [...] Ils semblent porter moins d’ambiguïté. Ils sont aussi très linéaires et ont un «rythme» inhérent qui vous donne envie de découvrir presque instantanément ce qui suit. [...] Les images ont une plus grande disposition à permettre à l’œil de se promener au hasard de manière latérale, d’aller en avant et en arrière (comme certains détails passés et futurs se renforcent mutuellement) et de se déplacer plus vite ou plus lentement"
Cet album raconte une histoire toujours d'actualité : l'émigration. Son auteur a créé une bande dessinée originale tant par ses dessins d'une poésie rare, que par l'absence de texte et le mélange des genres. Elle mêle récit fantastique, conte initiatique et livre d'histoire. Si le lecteur découvre des décors dignes du film de Fritz Lang Metropolis, des rues rappelant la Prague décrite par Kafka, mais aussi des bêtes absurdes ou inquiétantes et de poétiques vols d’oiseaux en papier au-dessus d’une mégalopole indéfinie, le réalisme est parfois très présent : l'arrivée dans le pays d'émigration est ainsi clairement inspirée par Ellis Island.
Les dessins superbes, aux teintes noir et blanc et sépia, sont magnifiés par une mise en scène sobre : les cases sont structurées dans une grille. Beaucoup de dessins font penser à des photographies. D'ailleurs, certains ont été créés depuis des images arrêtées de vidéo, tournées par l'auteur lui-même. Le dessin, inventif, ménage coupure de rythmes, accélération et respirations. Les images pleine page alternent avec des planches très découpées aux cadrages serrés. Dans un entretien accordé en janvier 2008, Shaun Tan explique : "Je me suis aperçu que mon projet avait plus à voir avec le cinéma muet que le livre illustré (mon médium habituel) et j’ai donc envisagé le récit comme une sorte de film."
L'aspect insolite des lieux, de la faune et de la flore nous plonge dans la peau de l'émigrant qui doit surmonter le déracinement, la solitude, mais aussi le tri déshumanisant qui est fait des émigrés au moment où ils arrivent dans leur nouveau pays. Ce passage obligé dont rend compte Shaun Tan a existé. Ainsi à Ellis Island, après avoir accompli les formalités administratives, les nouveaux arrivants devaient se rendre à la salle d'enregistrement, construite comme une salle à bestiaux. Des médecins, postés en haut des marches, faisaient un premier diagnostic en observant comment les immigrants montaient l'escalier. Ils signalaient ceux qui méritaient un contrôle en inscrivant à la craie des lettres sur leurs vêtements...
Si la mélancolie domine cet album d'une humanité rare, l'onirisme ainsi que des moments de joie, de partage et de solidarité éclairent un quotidien difficile.