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Espagne. 1936.
Dans les airs, les Républicains espagnols ne sont pas à la fête. Les Nationalistes de Franco bénéficient de l’aide considérable de l’Italie et de l’Allemagne en matière d’avions, modernes et efficaces, bien plus nombreux que les quelques vieux coucous qu’alignent les Républicains. Les Français ne voulant rien entendre, les Républicains se tournent vers Staline. Mais le « Petit Père des Peuples » n’est pas connu pour sa générosité. Oui, il accepte d’envoyer pilotes, avions de chasse et bombardiers… contre l’or de la Banque d’Espagne. Côté chasseurs, il y a notamment les récents Polikarpov I-16… qui ne sont pas équipés de radios contrairement aux avions de leurs adversaires. En tout cas dans un premier temps.
Mais le danger pour les pilotes russes qui pilotent ces avions ne se trouve pas seulement dans le ciel ! Il y a au sol, des nuisibles tout aussi dangereux : les agents du NKVD et les commissaires politiques…
Critique :
Encore une excellente BD qui nous fait découvrir un étrange petit avion qui fit merveille dans le ciel espagnol jusqu’à l’apparition des Messerschmitt Bf 109 B. Les Républicains surnommèrent ces appareils « Mosca » (Mouche), les Nationalistes « Rata » (Rat), quant aux russes, ils l’avaient d’abord appelé « âne », l’appareil ayant parfois tendance à se montrer « têtu ».
Le génie de cette histoire tient dans le fait que l’auteur spécifie dans quel contexte ces avions, et leurs pilotes, sont engagés en Espagne. Malgré leur engagement sur place, les pilotes sont à la merci des staliniens qui les encadrent et qui n’hésitent pas à les faire disparaître.
Qui pourrait penser que le camarade Staline a livré également ces avions à la Chine… nationaliste ? L’idée était de combattre les Japonais qui avaient envahi la Chine.
Lors de l’invasion de l’URSS par les troupes du petit Adolf, de nombreux I-16 seront détruits au sol… Parce que le « génial » Staline a refusé de croire ses nombreux espions et observateurs qui lui annonçaient une attaque imminente de son copain Adolf avec qui il avait signé un « Pacte de non-agression ». (Cela me rappelle un certain Poutine et les accords de paix qu’il a signés…)
Le « grand » Staline ne commettant jamais d’erreurs, il fera payer à des milliers d’hommes son incompétence en les faisant exécuter pour lâcheté, désertion, et je vous en passe et des meilleures ! Y compris des pilotes expérimentés !
C’est tout cela qui est rappelé dans cet ouvrage qui est autant une bande dessinée qu’un témoignage très historique par bien des côtés.
Alabama (USA). 1950.
Pourquoi le garagiste noir Robert Hoffman fracasse-t-il le petit avion P-51 Mustang alors que son fils, Mark, lui demande ce qu’est la guerre ?
Alabama (USA) 1969.
Mark s’en revient chez lui présenter sa petite-amie à ses parents. Il n’a nullement l’intention d’avouer à ses parents qu’il a cessé ses études universitaires pour suivre des leçons de pilotage. En cours de route, ils sont victimes des provocations et des moqueries exercées par les jeunes blancs de l’Alabama, état particulièrement raciste. La confrontation risque de virer au vinaigre, mais heureusement la petite-amie convainc Mark de démarrer et de ne pas s’attarder dans un affrontement qui risque de mal tourner car, dans l’Alabama, quelles que soient les circonstances, la faute incombe toujours à un « nègre » …
Presque au même moment, le père de Mark est à son tour victime d’une mesquinerie de la part d’un jeune blanc à un feu rouge. Notre garagiste est prêt à en découdre avec les blancs qui se trouvent là, mais son employé le convainc de démarrer car ils se trouvent devant le repaire du Ku Klux Klan de la ville de Montgomery, et le jeune malpoli, à qui Robert Hoffman a flanqué une baffe, n’est autre que le fils du chef local du Klan…
Critique :
Double objectif parfaitement atteint dans cet album par le scénariste Benjamin von Eckartsberg : le premier consiste à montrer à quel point le racisme était (est) fort bien implanté dans certaines régions des USA, notamment en Alabama où il frappait (et frappe encore). Le second vise à rendre hommage à ces pilotes « colored » qui se sont illustrés durant la Seconde Guerre mondiale.
A travers l’histoire d’un père et d’un fils, nous voyons les difficultés auxquelles sont confrontés les pilotes afro-américains que l’on tient strictement confinés à leur base, sans possibilité de contact avec les autres pilotes, les blancs. Les mensonges concernant leurs capacités au combat, dans ce cas-ci aérien, tentent de les faire passer pour incompétents et lâches.
Des années plus tard, dans les années soixante, malgré les lois antiségrégationnistes, les mentalités des blancs dans le sud n’ont guère évolué. Les menaces physiques et psychiques peuvent conduire à la mort, le Klan n’étant pas disposé à les laisser s’appliquer.
Un hommage instructif et passionnant car, même si ce récit est une fiction, les Tuskegee Airmen ont bien existé et cette bande dessinée, en dehors des héros, personnages de fiction, reste fidèle à l’histoire de ces pilotes.
Le style du dessinateur, Olivier Dauger, n’est pas sans rappeler certaines affiches d’époque typiquement américaines et est une véritable réussite.
Suite et fin dans le tome 2.
1943. C’est la guerre. La France est occupée. En quoi un petit bout de papier peut-il faire la différence ?
La Résistance y croit ! Un tract, un « faux » journal, peuvent redonner courage aux populations occupées, susciter des vocations de résistance, voire d’opposition armée à l’envahisseur. Les nazis croient tellement aux risques que ces bouts de papier engendrent qu’ils traquent les imprimeries clandestines et n’hésitent pas à abattre ceux qui écrivent, impriment et diffusent ces messages d’espoir et de résistance.
Nos trois jeunes amis du réseau « Lynx » reçoivent une demande pour le moins étrange : évacuer un stock de papier ! Comment pourraient-ils, eux de simples adolescents, évacuer des centaines de kilos de papier d’un département à l’autre sans même disposer d’un véhicule ? 250 km avec des contrôles partout sur la route qui plus est !
Le maire a déniché un boulot en or pour Lisa : un boulot de cantinière dans une ferme fortifiée servant de point névralgique pour les Allemands dans la région. Lisa va-t-elle pouvoir récolter des renseignements importants… sans se faire repérer ?
Critique :
Encore un magnifique scénario de Dugomier, toujours aussi bien mis en images et en couleurs par Ers. Cette fois-ci, ils traitent de la presse clandestine durant l’occupation et démontrent le rôle très important que celle-ci joue dans la lutte contre l’occupant en soutenant le moral, et l’esprit de révolte, des populations occupées.
Autre aspect très intéressant : la part prise dans la Résistance par les étrangers, Républicains espagnols, juifs de l’est… Et autres individus particulièrement menacés par les nazis et leurs sbires tels que les homosexuels.
L’attention du lecteur est aussi attirée sur la Savoie, occupée, non par les Allemands, mais par les Italiens qui n’ont pas le même comportement à l’égard des juifs, permettant notamment à des passeurs d’y mettre à l’abri des enfants juifs… Jusqu’à ce que les Alliés débarquent en Sicile, que les Italiens déposent les armes, quittent la Savoie… Et y soient remplacés par des Allemands.
A la fin de cette bande dessinée, un dossier vient compléter, avec des reproductions de documents historiques, le rôle de la presse durant la guerre.
Cet album prouve une fois de plus que l’on peut enseigner l’histoire au travers d’une BD très agréable à lire.
Le baron belge de Selys Longchamps voudrait montrer aux Allemands qu’il n’apprécie pas leur occupation de la Belgique. Contrevenant aux ordres, il décide d’aller mitrailler le siège de la Gestapo à Bruxelles… Avec son Typhoon, un avion d’attaque au sol…
L’USS William D. Porter est un destroyer américain qui s’est particulièrement illustré durant la Seconde Guerre mondiale ! Par le nombre de sous-marins ennemis coulés ? Par le nombre de navires de surface adverses envoyés par le fond ? Heu… Hmmm ! C’est un peu compliqué à expliquer… C’est même plutôt gênant… Tellement gênant que l’administration de la Navy aimerait autant qu’on l’oublie…
Jules Verne, vous connaissez ? Mais non ! Pas l’écrivain ! L’avion de ligne transatlantique ! … Enfin, ça c’était dans sa première vie, avant que les aléas de la guerre n’en fassent le premier avion à… bombarder Berlin au cours de la Seconde Guerre mondiale ! Avant les Anglais ! Si ! Si !
Avez-vous déjà entendu parler des Gurkhas ? Les Gurkhas sont des Népalais engagés par les Britanniques au sein de leurs armées, réputés pour leur courage et leur férocité. Vous devez les imaginer grands et forts. Prenons Lachhiman Gurung… 1,50m à tout casser ! Jetez-le dans la jungle birmane en 1945, laissez-le seul face à 200 Japonais, arrachez-lui un bras et un œil et admirez le résultat !
Vous n’allez pas le croire, mais en 1915, les Allemands qui attaquaient la forteresse russe d’Osowiec durent affronter des zombies !
Pendant la Grande Guerre, plusieurs pilotes vont s’illustrer et devenir des as. Parmi eux, le Français Charles Nungesser. Il commence la guerre, comme hussard en s’emparant d’une Mors, une voiture allemande, alors qu’il est derrière les lignes ennemies. Il va se faire tirer dessus par les Allemands comme par les Français, mais il arrivera à rejoindre sain et sauf un général français à qui il remettra les documents secrets saisis aux quatre Allemands qui se trouvaient dans l’automobile. Ce n’est là que le début d’une série d’aventures du célèbre Hussard de la Mors (Non ! Il n’y a pas de faute d’orthographe !) …
Peut-on prendre une ville de 50.000 habitants à soi tout seul ? Une ville occupée par les troupes allemandes… Non, n’est-ce pas ? Sauf peut-être si on est Québécois et que l’on s’appelle Léo Major…
Critique :
Je me régalais sur YouTube des vidéos de l’Odieux Connard, aka Julien Hervieux, vidéos qui racontaient des faits militaires improbables, difficiles à croire… Sauf qu’en effectuant des recherches, il s’avérait que pour improbables qu’ils fussent, les faits étaient bien réels.
En bon Bruxellois, je connaissais l’histoire du pilote belge de Selys Longchamps. Pris de doutes, je me mis alors à vérifier toutes les autres histoires narrées de façon cocasse, à la manière des films muets des débuts du cinéma… pour me rendre compte que toutes étaient vraies !
Bien sûr, l’auteur narre des faits tragiques avec beaucoup d’humour. (Peut-on rire de tout ?) Monsieur Le Chien, le dessinateur, adopte un style qui convient parfaitement bien à la manière dont Julien Hervieux rapporte les faits.
J’ai adoré ses émissions sur YouTube. Je suis ravi de les retrouver en BD. Alors, même si vous n’aimez pas l’histoire, je pense que vous apprécierez celles-ci.
Trois jeunes gobelins sont au bord de l’eau lorsque soudain, un griffon s’abat auprès d’eux. Presque aussitôt, surgit une horde de chasseurs qui en ont après le monstre. Le coup de grâce est donné. Les chasseurs sont fiers d’eux…
Brusquement, comme surgi de nulle part, paraît un immense dragon blanc…
Critique :
J’avais été quelque peu déçu par le tome 3 des auteurs Peru et Bileau. La cause ? Un rythme trop lent. Celui d’une quête s’étalant sur des décennies, celle d’un dragon blanc. Parmi les protagonistes se trouvait un jeune Elfe blanc qui ne semblait pas disposer de la même sagesse que ses congénères, un dénommé Fall. Je le retrouve ici avec grand plaisir dans une aventure pleine d’actions mais pas que ! C’est un hymne à l’écologie qui défend les espèces les plus menacées, fussent-elles traitées de monstres par les hommes… Ceux-là-même qui ont tendance à tout ravager sur leur passage...
Cet album met en lumière trois jeunes et adorables gobelins. Oui ! Oui ! Vous avez bien lu : trois adorables jeunes gobelins ! Et puis, il y a les hommes, fort peu recommandables… Rares sont ceux qui ont encore un peu de bonté et de compassion en eux. Ils sont menés par Halleran qui dissimule son visage derrière un crâne hideux, mais peut-être pas aussi hideux que son âme.
Fall connaît l’exil, loin des autres Elfes blancs après la catastrophe qu’il a causée. Le dragon blanc vit en symbiose avec lui. La colère qui l’anime est immense ! Saura-t-il un jour la maîtriser ?
Un album que j’ai savouré du début jusqu’à la fin tant il regorge de surprises.
Mony et Kash viennent d’échapper de justesse à la catastrophique chute de Fort Messaoud. A bord de leur vaisseau de guerre l’U.C.C. Dolores, la situation n’est cependant guère brillante puisqu’ils ne maîtrisent pas le vaisseau, celui-ci semblant se diriger vers une destination inconnue… au travers du terrible désert de Kamanga d’où on ne revient pas ! Jamais !
Critique :
Ce 3e tome termine un cycle complet. Si les aventures de Mony vont se poursuivre, le lecteur aura tout de même une vraie fin à l’histoire entamée avec l’album numéro 1.
Attention, âmes sensibles s’abstenir ! (Sauf si vous êtes un psychopathe ou un Poutine.)
Le lecteur (ou la lectrice) va retrouver la Mère supérieure plus en forme(s) que jamais… Ainsi que le père de Mony, Mc Monroe. Un lien « subtil » unit ce dernier à la Mère Sup !
Ami lecteur (ou amie lectrice) de nombreuses surprises et rebondissements vous attendent au cours de cet épisode. Certains y verront une apothéose, un feu d’artifice magistral, la résolution d’un puzzle dont les pièces ont été disséminées dans les deux albums précédents. D’autres se plaindront du manque de profondeur des personnages « kleenex », trop vite utilisés, trop vite jetés… sans qu’on ait eu l’occasion de vraiment découvrir leur histoire.
Amies féministes, ne lisez pas cette série. Vous ne pourrez qu’être choquées par Mony, cette héroïne hyper séduisante, avec des seins à damner tous les saints du Paradis. Vous vous plaindrez du rôle joué une fois de plus par la femme dans une bande dessinée, en oubliant que c’est une redoutable combattante malgré ses charmes très connotés sexuellement. Alors, évitez de vous faire du mal et passez votre tour… A moins que vous n’ayez envie de déverser votre bile sur ce monde peuplé de phallocrates, ou, poussées par une volonté masochiste, de souffrir.
Côté graphisme, si vous avez apprécié Lanfeust, vous retrouverez ici ce même style très rococo avec du mouvement en veux-tu-en-voilà ! Le côté très caricatural des personnages ne surprendra pas les fidèles de Didier Tarquin…
L’idéal, si la série vous intéresse, c’est de vous précipiter sur le coffret qui contient les trois tomes et une belle affiche.
Pour ma part, n’ayant pas du tout accroché à Lanfeust, je n’ai guère été ébloui par U.C.C. Dolores. Il y a des styles graphiques qui vous accrochent tout de suite et d’autres qui vous dérangent. Je reconnais le talent et l’originalité des auteurs, mais je n’en raffole pas pour autant.
Il n’y a pas si longtemps que ça, la très jolie Mony, héritière d’un puissant vaisseau de combat, n’était encore qu’une innocente nonette dans un couvent où elle avait été recueillie alors qu’elle n’était qu’un bébé.
Après que la Mère supérieure l’ait priée de faire ses bagages le jour de ses dix-huit printemps, elle a engagé Kash, un pilote-garde-du-corps-maître-en bagarres, pour piloter l’U.C.C. Dolores, le puissant vaisseau de combat dont elle a hérité. Le pilote a décidé de l’initier au tir, chose fort pratique dans un univers très chaotique où il est particulièrement important de dézinguer plus vite que son ombre.
La petite Mony est étonnée de l’étrange regard que lui porte Kash. Avant son premier tir, elle lui propose un marché. Si elle dézingue les trois cibles en un coup, Kash doit lui révéler ce qui le trouble tant quand il la regarde…
Critique :
Nous assistons à un changement radical dans la personnalité de Mony qui se révèle extrêmement douée dans l’usage des armes. Ciel ! Où donc est passée l’innocente religieuse ? Comment a-t-elle pu évoluer autant en si peu de temps ? Remarquez qu’avec tous les vilains méchants pleins de dents qui lui courent après, c’est fort utile d’être plus douée que Calamity Jane pour assurer sa survie.
Se pourrait-il qu’elle ne soit qu’une chèvre destinée à appâter les grands méchants loups ? La Mère supérieure ne serait-elle qu’une infâme manipulatrice se servant d’une pure et innocente créature dans un but inavouable ? Quel rôle roue donc la religion ?
Et les Rasseths qui peuplent cette planète où s’est posé le Dolores, le vaisseau hérité par Mony, pourquoi ont-ils été asservis par les représentants de la « seule, unique et vraie religion », celle des Nouveaux Pionniers ?
Dans ce deuxième tome, beaucoup de questions, mais aussi beaucoup de réponses… Petit-à-petit, on découvre le passé de Mony…
« Happy birthday to you ! Happy birthday to you ! Happy birthday to you, sœur Mony ! »
Bon, elle n’a pas l’air si « happy » que ça, la sœur Mony… Et pour cause, elle a aujourd’hui 18 ans. Cette nouvelle qui devrait la ravir la plonge en plein désarroi car la Mère supérieure vient de lui annoncer qu’elle doit quitter le couvent pour tracer sa route dans un univers dont elle ignore tout. Ainsi en va-t-il des orphelines recueillies. Mais elle ne part pas les mains vides. Elle a un héritage à percevoir…
Critique :
Nous sommes là au début d’une saga de science-fiction créée et mise en image par le couple Didier et Lyse Tarquin. Sœur Mony, jeune et splendide nonette se voit créditée d’un héritage pour le moins surprenant : l’U.C.C. Dolores, le vaisseau de combat du plus illustre des corsaires confédérés, adulé par les uns, honni par les autres, le colonel Mc Monroe. Celui-ci serait-il le père de la délicieuse Mony ? Ce vaisseau va aiguiser bien des appétits car il serait la clé permettant de mettre la main sur un trésor inouï…
Pas grand-chose à dire de cet album où l’on voit un trio improbable se mettre en place, trio composé de l’innocente sœur Mony, d’un pilote de vaisseau hors-pair, grand et costaud, très costaud, doté d’un cœur généreux qui le pousse à venir en aide à une demoiselle en perdition dans un monde de brutes, d’autant qu’elle lui rappelle…
Eh puis, il y a ce pilote-mécanicien trouvé en hibernation dans le vaisseau et qui semble avoir été laissé là par le colonel pour une mission précise…
Cette œuvre annonce un space opera avec un goût de Far-West. Didier et Lyse Tarquin assurent seuls l’ensemble de l’ouvrage.
A suivre !
Pierre Faldérault est dessinateur de bande dessinée. Au début de sa carrière, il est l’assistant du grand et renommé Garin, créateur de la célébrissime série des Zagor. Autant dire que si Garin voit son matelas de billets de banque s’épaissir, il n’en va pas du tout de même pour Pierre, dont le nom d’auteur est PIF.
Qu’à cela ne tienne ! Les vacances en famille, c’est sacré ! Pour cela, il peut compter sur une fidèle compagne, Mam’zelle Estérel ! … Comment ? … Son épouse ? … Alors, là, non ! Vous n’y êtes pas du tout ! Estérel, c’est sa Renault 4L ! Celle qui va l’accompagner, ainsi que sa petite famille, durant 30 ans d’aventures bucoliques, pittoresques, et, parfois, dramatiques…
Critique :
Difficile de parler de cette magnifique intégrale qui nous narre la pénible vie d’un dessinateur de BD, toujours en retard pour rentrer ses planches à temps à l’imprimerie, ses déboires avec les éditeurs, son exploitation par un grand nom de la BD dont il est l’assistant… Tout en étant père de famille, une famille qui va vite devenir nombreuse. Alors, le mois des grandes vacances que la famille s’offre, en général dans le sud à la recherche d’un soleil qui fait souvent défaut en Belgique, c’est l’occasion d’une grande aventure puisque l’inattendu est chaque fois au rendez-vous. C’est aussi l’occasion de découvrir une playlist de chansons qui faisaient fureur au cours des trente années que parcourent les six albums (rassemblés ici dans une intégrale) mais aussi les modes vestimentaires ou les coiffures. Rendons grâce aux talents de dessinateur de Jordi Lafebre.
C’est avec beaucoup de tact que sont évoquées des situations telles que celles d’un amour lesbien, le décès d’une gentille belle-sœur dévorée par un cancer, ou encore l’escroquerie dont sont victimes nos héros et d’autres personnages. Voilà, j’ai bien plombé l’atmosphère ! … Eh bien, non ! Ce livre est aussi plein d’humour, de tendresse, d’espoir. Les enfants de la famille sont bien rendus avec leurs caractères qui évoluent avec le temps et qui ne manqueront pas de vous rappeler votre enfance et votre adolescence ou celle de vos enfants.
Ce bijou vous permettra d’oublier pendant quelques heures la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie, l’inflation, et quelques autres soucis… Et il vous donnera peut-être un peu d’espoir en l’être humain car Zidrou et Jordi Lafebre feront rencontrer à nos héros des personnes magnifiques au cours de leurs pérégrinations.
La cité-état d’Eysine n’est plus que ruines. Les rois des Archipels ont réussi leur entreprise : la construction d’un canal protégé par de nombreuses tours, canal qui leur rapporte une fortune en droits de passage.
Que sont devenus les hommes et les Elfes qui autrefois défendaient la cité ? Ils ont dû se retirer dans la forêt de Duhann après une dizaine d’années de combats contre les mercenaires orks et les hommes des royaumes des Archipels. Est-ce à dire que pour autant ils ont renoncé à reprendre la ville et les terres adjacentes ?
Critique :
Magiiiiieeee ! Magiiiiieeee ! De la magie ! Et encore de la magie ! Il y en a qui aiment ça, alors ils vont se régaler.
Un scénario très décousu, où les repères ne sont pas clairs, voilà sur quoi repose cet album. On passe, sans transition, d’un lieu à un autre, avec des retours en arrière menés de façon confuse.
Et, ce que je déteste, une fois encore, la magie qui résout tout ! Wow ! Quand on manque d’imagination pour fournir une intrigue intéressante, un « crystal » et tout change ! Remarquez qu’ici, « crystal » s’écrit avec un « y », preuve sans doute de sa magnificence, car tout autre solide dont les constituants (atomes, molécules ou ions) sont assemblés de manière régulière, ne doit être qu’un vulgaire caillou en comparaison de ce « colossalement » puissant artefact !
Humains, orcs et Elfes (bleus ou non) peuvent-ils s’entendre et s’épauler pour mener à bien une mission dont ils ne devraient pas revenir ?
Mais que s’est-il donc passé dans la ville d’Aspen, la plus au nord des Terres d’Arran ?
Son gouverneur, Helyas, a demandé l’aide d’Hammon, le tout-puissant seigneur des Elfes bleus. La nuit, des hommes et femmes disparaissent sans laisser la moindre trace. Quel est ce danger invisible et redoutablement mortel qui menace sa ville ? Et après sa ville ne pourrait-il s’étendre aux Terres d’Arran ?
Voilà l’énigme à laquelle une équipe de héros doit s’attaquer. A sa tête une Elfe bleue, Lanawyn. Celle-ci sait qu’elle peut compter sur un humain, Turin, qu’elle apprécie, et qui l’ai… heu, qui l’apprécie aussi. Il lui faut dans son groupe, une sœur des sens pour rester en communication avec Hammon (les télécoms de l’époque). Une escorte de deux chasseurs redoutables n’est pas un luxe. Athé’non et Valamen font donc partie de l’escouade. Mais dans tous les arts de la guerre, Oriann n’a pas d’équivalent ! Embauché aussi ! Cependant, le meilleur reste à venir… Un nécromancien, histoire de faire parler les morts… Et pas n’importe lequel, un ork ! Oui, un ork ! Nerrom ! Malgré le dégout qu’il inspire, Lanawyn et lui sont amis. Cette fière escouade sera-t-elle de taille à mener à bien sa mission ?
Critique :
Voilà un scénario destiné en particulier à ceux qui aiment frissonner, non parce que l’hiver s’annonce rude, mais parce que l’horreur les fait trembler et qu’ils aiment ça. Personnellement, ce n’est pas ma tasse de thé, même si Jean-Luc Istin a conçu un scénario qui ne manquera pas de provoquer des suites car l’histoire est loin d’être terminée au terme de cet album. Ne doutons pas que cela n’est qu’un début.
Amateurs de morts-vivants, goules, et autres saletés mortes qui ne veulent pas s’en aller et foutre la paix aux vivants, cet album est pour vous ! Duarte aux dessins et Saito à la mise en couleurs ont évidemment réalisé un travail remarquable.
Mon absence totale de goût pour la viande froide et faisandée ne fera pas de cet album l’un de mes préférés.
Savez-vous qu’on ne naît pas vraiment Elfe noir ? Non ! Il n’y a pas de tribus d’Elfes noirs comme il y en a d’Elfes bleus, de Sylvains ou d’Elfes blancs ! Chez tous les Elfes peut naître un enfant qui deviendra un Elfe noir car tous les Elfes portent en eux le gène de l’Elfe noir.
Gaw’er est né sur un bateau de pêche. Ses parents sont des Elfes bleus. Le petit se montre très curieux et casse-cou. Il est aussi sujet à des crises de rage incontrôlables au grand désarroi de son père. Port-Vogue est le lieu où les Elfes du Sud se retrouvent pour échanger ce qu’ils ont à vendre contre ce dont ils ont besoin. Gaw’er adore le lieu…
Critique :
Le scénario très original d’Arleston est vraiment intéressant car il permet de découvrir comment sont recrutés ceux qui vont devenir des Elfes noirs… ou pas ! Nombreux sont les appelés, rares sont les élus… Et les autres me demanderez-vous ? Guère plus que des déchets… Bon, vous l’avez compris, désolé si vous adorez les Elfes, mais il va falloir réviser votre jugement une fois que vous aurez découvert la nature des Elfes noirs. Cet album va vous permettre de découvrir le long, et périlleux, apprentissage d’une de ces créatures, une créature qui n’aura jamais d’amis.
Les dessins de Ma Yi sont très réussis, mais la lisibilité des planches n’est pas évidente car pour des raisons thématiques, les couleurs sont très sombres et la visibilité réduite.
Comment ? Vous êtes un semi-Elfe ? Pas de chance pour vous ! Les hommes vous détestent et vous accablent de tous les maux et les Elfes ne veulent pas de vous !
J’ai entendu dire qu’un certain Nah-Thaal rassemble tous les semi-Elfes et cherche à se rendre sur une terre où se trouve une ancienne ville elfique à l’abandon. Petit problème : elle se trouve sur les terres des Elfes sylvains…
Critique :
Tout de go, je trouve que cet album est le meilleur des quatre premiers. Les dessins de Bordier font vraiment honneur à ce qui se fait de mieux, alors même que les éditions Soleil ont déjà placé la barre très haut pour les séries des Terres d’Arran. Digikore Studios rehausse encore l’œuvre par des couleurs magnifiques tout en dégradés du plus bel effet.
Le scénario de Corbeyran, le scénariste, pose la question du métissage en prenant pour héros de cette aventure des semi-Elfes. Dans des sociétés aussi fermées, les hommes d’un côté, les Elfes de l’autre, quelle place pour ceux qui sont le fruit des amours de deux races différentes ? Et si encore, les hommes se contentaient de les rejeter, mais hélas, ils trouvent la mesure insuffisante… La plupart du temps, les massacrer leur semble dès lors la meilleure voie. Faut-il s’étonner alors qu’une légende voie le jour ? Une légende qui verrait un élu, une sorte de messie, guider son peuple vers une terre promise…
Les humains sont foncièrement mauvais à quelques exceptions près. Soit ! Et les Elfes, alors ? Tout Sylvains qu’ils sont, ils n’en sont pas pour autant, tous, foncièrement honnêtes…
Bien entendu, cet album peut se lire indépendamment des autres récits des Terres d’Arran, même si pour ma part, je préfère les lire tous, les uns après les autres, histoire de ne pas perdre une miette de ce splendide univers.
Sur les hauteurs de la cité de Belleck.
Deux Elfes blancs contemplent la destruction de la splendide ville érigée voilà des siècles par des humains guerriers-bâtisseurs. D’autres hommes la ravagent, la pillent, la brûlent et la réduisent en cendres… Spectacle consternant pour les sages Elfes blancs qui ne peuvent comprendre ce besoin d’anéantissement qui anime ces viles créatures que sont les hommes…
Ces deux Elfes sont des pisteurs sur les traces d’un rarissime et puissant dragon blanc qu’ils veulent amener dans leurs îles.
Soudain, ils tombent sur un homme et une femme qui ont réussi à fuir la ville. Ils n’iront pas loin ! La femme est enceinte et cinq guerriers sont sur leurs traces. La sagesse elfique leur recommande de ne pas s’occuper des affaires des hommes…
Critique :
Le rythme de cette histoire est particulièrement lent puisqu’il s’agit d’une traque d’un rarissime dragon blanc. Cette quête prend des années et est saupoudrée d’aventures secondaires qui vont lier un Elfe blanc à un homme. Mais Fall, l’Elfe, est-il aussi blanc que ce que son père adoptif voudrait le lui faire croire ? Va-t-il respecter les lois ancestrales des Elfes blancs ?
Le principal mérite de cet album réside dans la présentation d’une nouvelle race elfique, la plus ancienne, la plus sage, celle des Elfes blancs.
Je n’ai pas palpité pour cet album autant que pour les précédents. Le rythme y est pour beaucoup. Les visages des personnages à mi-chemin entre dessins comiques et dessins réalistes ne m’a pas convaincu.
Livre intéressant à lire pour ne rien perdre de l’ensemble de la saga, mais sans plus.
Rien ne va plus pour la cité d’Eysine ! Une très puissante armée d’Orcs mercenaires l’assiège. Les commanditaires ne sont autres que des humains : ceux des cités des archipels, complètement irrespectueux des traités qu’ils ont signés et qui sont juste bons à se torcher le…
Les dirigeants d’Eysine comprennent que, pour des raisons diverses, aucun homme ne viendra à leur secours.
La fille du seigneur de ces lieux propose une solution : aller quérir l’aide des esprits de la forêt, les Elfes !
Personne ne prend sa proposition au sérieux. Qu’est-ce qu’une femme connaît en matière de stratégie ? Hein ? Franchement ! Qu’elle aille soigner les blessés et réconforter les mourants ! C’est là la place d’une femme, ou d’une fille, d’élu ! Non, mais vraiment pour qui ça se prend cette petite bonne femme ?
Têtue comme une mule, ou davantage encore, la demoiselle Llali s’extirpe de la cité avec son garde du corps personnel, Imgam, pour poursuivre son objectif : s’en aller dans la profonde forêt demander aux Elfes sylvains leur appui pour venir à bout de l’infâme armée de mercenaires orcs qui finiront sans aucun doute par s’emparer des puissants remparts de la cité d’Eysine.
A peine dans la forêt, les voilà poursuivis par de vilains gobelins, bouh qu’ils sont moches, montés sur des hyènes presque aussi hideuses que leurs cavaliers. Les paris sont ouverts : la belle Llali va-t-elle survivre à cette rencontre et atteindre l’objectif irréaliste qu’elle s’est fixé ?
Critique :
Après un 1er tome chez les Elfes bleus, bleus comme l’Océan, bienvenue chez les Elfes sylvains pour qui la forêt est le cœur de leur existence.
De prime abord, le lecteur accorderait sa confiance à ces amis de la nature qui, écolos avant la lettre, préservent la forêt avec laquelle ils vivent en parfaite harmonie. C’est mal connaître le scénariste Jarry qui va assombrir quelque peu l’âme de plusieurs d’entre eux. Il nous permettra aussi de rencontrer les impitoyables Elfes noirs qui n’hésitent pas à s’offrir au plus offrant tant leurs âmes, pour autant qu’ils en aient encore une, sont corrompues.
Il y a clairement un message écologiste derrière ce scénario qui accuse les hommes de chercher le profit à tout prix, quitte à saccager la terre qui les accueille.
Les dessins de Maconi sont d’excellente facture, forts bien servis par les couleurs de Saito.
Je regrette que le résumé de l’éditeur en dise trop et dévoile une partie significative de l’intrigue… mais comme je ne lis pas les résumés de cette collection avant d’acheter les albums, cela ne m’empêchera pas de me procurer le 3e tome des Elfes et de rencontrer les Elfes blancs…
Archipel des Polanis. An de grâce 700 du calendrier athéen.
Une Elfe bleue, Lanawyn, et un humain respecté de tous, ou à peu près, Turin, sont en route dans les contrées glacées vers la cité-refuge d’Ennlya.
Avant même leur arrivée, mauvais présage, ils découvrent la ville survolée par des myriades d’oiseaux.
Dans la ville, pas âme qui vive… Et pour cause… Ils tombent sur les cadavres de ses habitants Elfes bleus. Aucun autre cadavre ! Seul indice : une dague yrlanaise ! Les relations entre les hommes du royaume d’Yrlanie et les Elfes bleus sont tendues. Des accusations venues des hommes visent les Elfes qui seraient, selon eux, notamment, la cause de mauvaises pèches. Il faut dire que si ces Elfes sont bleus, c’est sans doute qu’ils sont des Elfes des océans. Comme tous les Elfes, ils sont immortels… Tant qu’on ne les assassine pas…
Le Crystal des Elfes bleus confère à celui qui le détient une puissance incommensurable. C’est pourquoi, dans leur sagesse, ils l’ont confié à l’océan et à des monstres marins chargés de le protéger en attendant la venue de l’élu ou de l’élue…
Une jeune fille se présente pour s’en aller le chercher alors même qu’elle est mise en garde : aucun de ses prédécesseurs n’a réussi…
Critique :
Inutile de chercher l’archipel des Polanis sur Google Maps. Il ne connaît pas ! Comme quoi, Google ignore encore bien des choses !
Toute analogie entre Schtroumpfs et Elfes bleus est un non-sens, si ce n’est peut-être que les Schtroumpfs aussi soient immortels (mais cela reste à prouver).
C’est par cette histoire que Jean-Luc Istin a lancé des sagas qui se poursuivent au fil des ans dans les Terres d’Arran avec différentes séries : Elfes, Nains, Orcs & Gobelins, Mages…
La particularité de ce scénario-ci c’est qu’il mêle enquête policière, manipulations politiques, amitié entre un homme et des peuples différents, et peut-être bien une histoire d’amour entre une Elfe et un humain...
Ce tome donne le ton : les Orcs sont des « humains » comme les autres ! A part leur laideur physique (selon nos critères), ils peuvent faire preuve d’ « humanité », et les humains de « monstruosité ».
La magie, et son extrême pouvoir, est présente de façon originale. N’étant pas un grand fan de la magie, c’est la seule chose qui me rebute dans ce récit qui combine plusieurs histoires qui, finalement n’en forment qu’une.
Les dessins de Duarte ont placé la barre très haut dès ce premier album des Terres d’Arran. Depuis 2013, cette collection a mis au monde de nombreux enfants plus beaux les uns que les autres, incluant de nombreux dessinateurs, scénaristes et coloristes, tous priés de faire évoluer leurs personnages dans le même univers, Maître Istin jouant les chefs d’orchestre pour qu’il n’y ait pas de dissonances au sein de l’orchestre.
C’est un sacré pari que les éditions Soleil ont relevé en recourant à de multiples auteurs tout en gardant la cohérence afin de pouvoir alimenter à un rythme soutenu les envies de lecture d’un lectorat d’autant plus impatient que les mangas ont donné le ton avec des séries qui paraissent à un rythme effréné.
Je cause, je cause, mais il est temps de passer au deuxième album des Elfes pour découvrir les Elfes sylvains !
Bayonne. Décembre 1933.
L’affaire Stavisky éclate. Des milliers d’actionnaires sont ruinés. Ils ont été attirés dans les rais de l’escroc qui leur garantissait des rendements exceptionnels… Sale coup pour la France ! Déjà que la crise de 1929, venue des USA, avait frappé le monde entier… Le gouvernement tombe ! Un de plus !
Sale coup pour les juifs ! Stavisky était juif originaire d’Ukraine. Dans ces années ’30, le fascisme et le racisme progressent partout ! Mussolini en Italie (plus fasciste que raciste), Hitler en Allemagne…
Bretagne. Juillet 1934.
Roger est de retour de son pensionnat chez les jésuites. Sa maman, veuve, se tue à la tâche et se prive de tout pour payer les études de son fils, brillant étudiant qui rêve de devenir ingénieur… Et il en a les capacités ! Sa mère épargne sou après sou pour qu’il puisse, une fois qu’il aura passé son BAC, aller étudier à l’université.
Roger est heureux de revoir sa mère ! … Mais aussi sa cousine, Louison ! Ah, ce qu’ils s’aiment ces deux-là ! Elle, son rêve, c’est de devenir actrice. Une nouvelle Danielle Darieux…
Critique :
Au travers d’un récit qui suit deux jeunes gens amoureux qui vont devoir, de façon plus ou moins forcée, quitter la Bretagne, les auteures vont nous faire découvrir l’extraordinaire histoire du Front populaire.
Souvent, certains historiens se sont servis du Front populaire pour expliquer la débâcle de l’armée française au printemps 1940. L’intelligence des autrices, c’est de nous faire découvrir les incroyables mauvaises conditions de vie du petit peuple français, qu’il travaille en usine, dans une maison de haute couture parisienne, aux Galeries Lafayette, ou bien encore à la campagne, en bord de mer ou en mer. Pourtant, la vie de certains n’a rien à voir avec cet enfer des ventres vides et d’un chômage où vous n’avez plus aucune occasion de gagner le moindre franc pourtant bien indispensable pour vous nourrir, payer le loyer d’un logement plus que médiocre, vous vêtir ou vous soigner.
Chantal Van den Heuvel nous balade d’abord en Bretagne dans une histoire digne de Zola, avant la montée à Paris de deux jeunes gens très amoureux qui vont découvrir, pour l’un l’enfer de la vie en usine, pour l’autre le travail harassant d’une couturière au service d’un jeune et grand couturier.
L’immense pauvreté, les ventres vides, les terribles cadences dans les usines, vont conduire aux grèves, avec occupation des usines, puis à la victoire aux élections de 1936 de ce Front populaire où l’on retrouve les socialistes de Blum, élu Président du Conseil (premier ministre), les radicaux et les communistes de Maurice Thorez… aux ordres de Moscou ! L’entente entre socialistes et communistes ne va pas durer. Ce que Staline veut, le parti communiste le veut. Le parti est très puissant et peut s’appuyer sur une base solide prête à le suivre aveuglément.
Au passage, Chantal Van den Heuvel rappelle que les femmes n’avaient pas le droit de vote, mais que Blum « va mettre la charrue avant les bœufs » en en incluant dans son gouvernement aux postes de ministres ! Dans le gouvernement de Front populaire de Léon Blum en juin 1936, trois femmes ont été nommées ministres (ou « sous-secrétaires d'État ») alors qu'elles n'étaient, comme toutes les femmes de leur temps, ni électrices ni éligibles. Mais ne rêvez pas ! Elles ne prirent jamais la parole dans l’hémicycle… Et Léon Blum ne renouvela pas l’expérience lors de la mise sur pied de son second gouvernement.
Cette BD rend un hommage certain à Léon Blum, esthète intelligent, évoluant au milieu d’un champ de mines d’autant plus dangereux qu’il était juif.
Vivement la suite de ce roman graphique !
Le Comte de Dardille se fait du souci ! Beaucoup de soucis ! Le brave homme, militaire dans l’âme, mais retiré depuis peu des champs de bataille, est marié à une splendide comtesse, Amélie de Figule, qu’il n’arrive point à satisfaire comme il conviendrait à un époux afin ne fut-ce que de s’assurer une descendance qui puisse porter fièrement le nom des Dardille et le transmettre aux générations futures. Son épouse ne saurait imaginer sa vie sans donner naissance à des enfants… Et comme la procréation assistée n’est pas encore au point en ce siècle des lumières, son mari se doit de faire monter son « sabre » aussi haut et fièrement que possible pour ensuite décharger son patrimoine génétique dans la gente dame.
Celle-ci a donc fait appel au « Congrès ». Mais qu’est-ce donc ? C’est une épreuve où, sous l’œil de Dieu et d’un public, le mari doit prouver son « adresse à contenter bibliquement son aimée ». Dans le cas où il échouerait, le mariage est annulé et la femme, reprenant sa liberté, est libre d’épouser un autre homme.
Complètement désespéré, notre brave comte fait appel à un expert, le marquis dit « le Membré »… Allez savoir pourquoi !
Celui-ci va l’entraîner dans une quête afin de permettre au comte de faire jouer sa virilité et de réussir l’épreuve du Congrès haut la main, ou plutôt haut le…
Critique :
J’aime, quand après une lecture, j’ai le sentiment d’avoir appris quelque chose. Je n’en croyais pas mes yeux en lisant cette histoire de « Congrès », trouvant que l’auteur ne manquait pas d’imagination… Mais comme un petit doute me tenaillait (serait-ce possible, après tout ?) j’ai effectué quelques recherches… Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que le scénariste, Aurélien Ducoudray, n’avait en rien exagéré ! Je vous renvoie vers le site « Histoire pour tous », qui, mieux que moi, vous expliquera en quoi consistait cette pratique avec pour exemple, le cas du marquis de Langey. Ainsi donc, si l’histoire vous paraît croquignolesque, elle n’en repose pas moins sur une vérité historique propre à la France.
Vu l’époque, le langage employé fleure bon celui de Molière ou celui de Corneille et permet d’adoucir le propos qui aurait pu déraper fâcheusement et sombrer encore plus profondément que le Titanic, non dans l’Atlantique Nord, mais dans une sordide vulgarité.
Ce récit est aussi une dénonciation de l’hypocrisie propre à cette époque, la nôtre n’en manque pas, mais elle se présente d’une façon quelque peu différente.
La couverture donne le ton. Le trait, très caricatural et très cru de Nicolas Dumontheuil, n’invite pas à laisser de jeunes âmes innocentes poser leurs yeux sur des scènes de « débauche ».
Je ne me suis pas esclaffé en découvrant cet album qui contient des scènes assez parodiques, soit, mais j’ai été séduit par la découverte des mœurs de cette époque où la prostitution présentait, pour ceux qui en avaient les moyens, des mises en scène bien plus riches et variées que ce qu’on pourrait imaginer.
Une très belle découverte que je dois à Babelio et aux éditions Delcourt. Qu’ils en soient remerciés.
Ils sont sept… Et là, vous pensez immanquablement aux Sept Nains de Blanche-Neige ! Eh bien, non ! Dans le lot, il n’y a qu’un nain.
Oubliez les Sept Merveilles du monde antique. Ici pas de quoi s’émerveiller malgré le côté fantastique. Et plutôt que l’Antiquité, visez plutôt un Moyen-Âge très religieux, fanatique, inégalitaire au possible où l’injustice règne en maître.
Ah, les Sept Mercenaire ! Là, vous commencez à vous approcher des sept que voici.
Ajoutez-y un petit peu des Sept Péchés capitaux… Mais un petit peu seulement !
Ils sont sept et ils sont tous maudits… Ou plutôt, ils sont tous morts mais encore un peu vivants tout de même… Je sais ! Je sais ! Je vous embrouille quelque peu avec cette histoire.
Reprenons. Ils sont sept. Jusque là, vous suivez. Certains sont (ont été) humains, d’autres sont des animaux (cheval, oiseau de paradis/perroquet, allez savoir, chat noir). Ils sont morts, généralement dans des conditions peu sympathiques, comme mort de faim et de soif, brûlée vive sur un bûcher, écrasé par un boulet) … Ce n’est pas évident de deviner quels torts ils ont commis de leur vivant justifiant qu’ils soient devenus des fantômes en quête de rédemption. Parlons de celle-ci, justement. Ils ne peuvent la trouver qu’à Jérusalem auprès de Dieu. Le voyage est long et onéreux et la rencontre avec Dieu pour que celui-ci leur rende une vie normale est coûteuse. Les services offerts par Dieu ne sont pas gratuits ! Loin s’en faut ! Dès lors, nos sept associés vont devoir se procurer d’importantes sommes d’argent de façon malhonnête ou à tout le moins, pas entièrement honnête…
Critique :
Cette histoire nage dans l’absurde. Certains y trouveront de l’humour. Je ne suis pas assez fin que pour l’avoir trouvé et apprécié. J’ai d’autant plus de mal à l’écrire que j’ai reçu cette bande dessinée suite à une masse critique Babelio, que je remercie, ainsi que les Editions GrandAngle (Bamboo).
GrandAngle est une collection qui m’a toujours séduit…
A la vue des dessins, j’ai d’abord cru que l’album s’adressait à des enfants car le style graphique est très proche des illustrations de livres comme ceux de l’Ecole des Loisirs. Le contenu, par contre, ne m’a pas l’air destiné à ce public. Même s’il semble y avoir une morale à cette histoire, à savoir qu’il faut acquérir honnêtement son argent, le lecteur nage dans la confusion.
Le scénario, pour déjanté et original qu’il soit, et malgré des réflexions que l’on pourrait qualifier de « philosophiques » ne m’a pas accroché malgré que j’apprécie généralement les scénarii de Desberg.
Cette bande dessinée est tellement différente de ce qui est habituellement publié qu’elle séduira certainement un public dont les goûts graphiques et l’intérêt porté à un fantastique inhabituel diffèrent des miens. Bref ! Elle trouvera certainement un public pour la porter aux nues. Moi, je passe mon tour.
Charles a une vie rythmée, très cadrée, précise. Sa priorité ? Son travail ! Cadre supérieur, il est fier de sa brillante carrière., Sa femme, Cathy, rencontrée à l’International Petroleum Week, n’est plus que l’ombre d’elle-même, ayant renoncé à son métier pour suivre son mari à la carrière prometteuse… Mais qui n’a plus gère de temps à lui consacrer. Il a deux enfants qu’il croise à peine.
Un jour, en pleine réunion, il s’effondre. Son cœur n’en peut plus…
Critique :
C’est un double roman graphique. D’un côté, on suit avec beaucoup de précision le parcours d’une personne greffée, de l’autre se construit petit-à-petit une histoire d’amour entre Charles et une inconnue, une femme qui a perdu l’amour de sa vie… Mais comment en arrive-t-il là ? Vous le saurez en lisant « Les lois du cœur » ! (Oui, je sais, c’est un peu facile.)
Très peu de couleurs, le graphisme repose sur le blanc, le noir et des lavis de gris. Les personnages sont extrêmement expressifs. Le récit, pour la partie « crise cardiaque, soins, greffe » est très réaliste. Je ne suis pas médecin mais pour avoir subi un infarctus, j’avoue que je me suis retrouvé assez fort dans la peau de Charles. Des détails tels que l’envie pressante de reprendre le travail alors qu’on n’est pas encore remis de l’intervention sont on ne peut plus crédibles. Vouloir faire comme « avant », comme si ce « petit » incident était oublié et sans conséquences…
A la fin d’l’ouvrage, la partie « Pour en savoir plus sur le DON D’ORGANE » est une excellente synthèse. Attention ! Les lois ne sont pas partout les mêmes à ce propos. La loi belge, par exemple, diffère quelque peu de la française évoquée dans ce livre.
Une journée à la mer pour la famille Tout-le-Monde, monsieur, madame et leurs enfants.
Et la journée commence dans la voiture, dans le train ou dans le terrain de camping pour ceux qui sont déjà installés…
Critique :
Nous ne partageons pas tous le même humour. J’ai trouvé les propos d’une platitude extrême. Cette BD tient plus de l’ouvrage de sociologie ou de l’anthropologie que du gag. Le lecteur ne suit pas un personnage mais passe de l’un à l’autre au fur et à mesure que la plage défile. Les propos sont d’une banalité consternante. Certains trouvent cela drôle…
Le roi Hugart a un comportement qui le pousse à des emportements violents d’une rare brutalité. Il s’est permis de défier une fois de trop le roi Rylantas, son cousin, avec qui il était en conflit depuis la fin de la Guerre des Goules. Résultat ? Rylantas a envahi les terres de Hugart et décimé ses troupes. Il détient maintenant la cité et il ne reste au souverain déchu qu’une petite force d’environ deux cents hommes, dont des blessés, trainant dans les eaux putrides d’un marais où les maladies sont légion et les bestioles fort peu sympathiques. Le roi Hugart suit sa nécromancienne qui lui a parlé d’une forteresse abandonnée dans ce territoire hostile. Que va-t-il y trouver ?
Critique :
Vous aimez la chair fraîche ? Alors, là avec des nécromanciens dans la partie, vous êtes plutôt mal tombés, à moins que vous ne soyez une entité abominable venue d’une autre dimension pour avaler les âmes de tout ce qui vit, à l’exception des mages, trop indigestes à son goût !
Pour rappel, les mages ont subi un sort qui les oblige à servir le roi, quel qu’il soit, brute sanguinaire, lâche, traître… En clair, les mages sont les jouets des souverains qui les obligent souvent à accomplir des actes qui les débectent. Comment pourraient-ils échapper à leur sort ?
Je n’aime guère la magie dans la médiéval fantastique, surtout lorsqu’elle est toute puissante. Cependant, dans ce récit, la fin de l’histoire justifie les moyens et semble ouvrir de nouvelles perspectives pour les mages. En cela, Sylvain Cordurier m’a épaté ! Le bougre sait vraiment bien y faire pour surprendre le lecteur de la plus improbable des façons ! Les dessins de Vladimir Krstic, dit Laci, sont à la hauteur du niveau très élevé de la collection du monde d’Aquilon. J. Nanjan aux couleurs contribue à rendre les atmosphères pesantes et angoissantes qui conviennent à ce récit.
Dans cet univers postapocalyptique, ils ne sont plus que deux à accompagner Elaine. Le reste du clan est mort. Ils savent qu’aucun clan ne leur pardonnera d’avoir enfreint les règles en occupant le fort des Landes à un moment où il était réservé à d’autres. Ils sont devenus des parias. Elaine est détentrice des secrets de son père, Primus, qui provoqua, en voulant bien faire, la guerre qui extermina les siens.
Ils n’ont plus qu’une voie qui s’offre à eux : franchir la mer des Aigles ! Elle est réputée infranchissable : sables mouvants, marées… Et surtout les aigles géants !
Critique :
Le scénariste, Jérôme Le Gris, se plaît à rendre impossible la vie d’Elaine avec des pièges de plus en plus abominables, des créatures de plus en plus monstrueuses… Heureusement, elle va rencontrer Mara de la Terre des Meutes… qui n’appartient à aucun clan ! Sur ces terres qu’Elaine ne connaît pas, cette alliée est la bienvenue… Oui, mais… je vous dis que l’auteur a l’esprit tordu ! Vous verrez comment il transforme une alliée en problème pour tous ceux qui l’accompagnent ou chez qui elle débarque…
Ce n’est pas pour demain que la Terre va retrouver un semblant de civilisation, fut-elle néolithique !
Au dessin, Didier Poli continue de faire évoluer ses personnages, enfin les rares qui survivent, dans une atmosphère très sombre (couleurs Bruno Tatti) conforme à cet univers qui a connu l’Apocalypse et où le Soleil darde à peine quelques misérables rayons qui ont du mal à percer les nuages de cendres…
Si vous êtes quelque peu déprimés en ce moment, mieux vaut éviter la lecture de cette série… Les amateurs d’univers post-civilisationnels et méchamment apocalyptiques se régaleront !
Abbaye de Cluny. Royaume de France. Quelques heures avant l’An 1000.
Le modeste moine copiste et enlumineur Armen de Cilicie, comme pratiquement tous les habitants du Royaume, sinon d’Europe, attend avec angoisse l’arrivée de l’an 1000 sous un ciel d’une rare obscurité déchiré d’étranges lumières. Mille ans après la naissance du Christ, tous redoutent l’Apocalypse conformément aux Saintes Ecritures…
Une pluie de feu semant la mort et la destruction s’abat sur toute la surface de la Terre, ravageant tout sur son passage pendant qu’un nuage de cendres enveloppe la planète empêchant les rayons du soleil d’apporter leurs bienfaits.
De rares survivants, éperdus de terreur, se cachent au fond des grottes, vivant comme des bêtes…
Critique :
Amis lecteurs, si vous n’avez pas le moral au zénith, passez votre tour ! Ne vous attardez pas sur « Les Âges perdus » ! Cette uchronie qui démarre en l’An Mille décrit comment de rares survivants s’organisent peu à peu en petits clans qui respectent des règles communément fixées. Ces micro-sociétés se déplacent presque continuellement en suivant les troupeaux qui représentent leur unique moyen de subsistance. Et comme si un malheur ne suffisait pas, des bêtes immondes sont apparues. Peu à peu, les très rudes conditions de vie de ces hommes réduisent encore leur nombre déjà fort peu élevé. Des forts ont été construits depuis plusieurs générations, et afin d’éviter une guerre, leur usage est très codifié. Chaque clan a le droit d’y séjourner à des périodes très précises. Malheur au clan qui ne respectera pas cette loi, il verra tous les clans se dresser contre lui. Sachant cela, pourquoi Primus veut-il pénétrer dans le Fort des Landes et y amener sa tribu alors qu’en cette période de l’année l’usage en revient à ceux d’Arghana ?
Dans ce récit les incohérences ne manquent pas. Par exemple, lorsque la pluie de météorites s’abat sur Terre, rappelons que nous sommes le 31 décembre de l’an de grâce 1000, une illustration montre les champs de blé s’embraser… Une espèce visiblement très tardive… Plus étrange encore : tous les clans parlent une même langue, alors même qu’un bras de mer infranchissable les sépare… Sans parler d’animaux qui continuent à vivre alors qu’il n’y a plus de lumière pour permettre aux plantes de pousser… De quoi s’alimentent-ils ?
Bon, maintenant que j’ai fait part des incohérences qui me perturbent, il n’en reste pas moins que si on ne s’y attarde pas, on est vite saisi par un récit très violent où l’on se met à craindre pour des personnages qui ont une force et une volonté peu communes. On se met à espérer que Primus, le visionnaire qui rêve d’agriculture pour alimenter en suffisance tous les hommes puisse voir ses projets aboutir… C’est sans compter sur l’esprit retors du scénariste…
Alors prêts à suivre Elaine, la fille de Primus dans une quadrilogie où l’angoisse sera probablement omniprésente ?
Port d’Ambarli. Istanbul.
Trois hommes en treillis et masqués, en contact direct avec la DGSE à Paris s’apprêtent à faire sauter un conteneur venu de Chine chargé d’armes pour des hommes de DAESH.
L’explosion du conteneur retentit… Et aussitôt les trois hommes du commando de la DGSE se font asperger par le tir de six kalashnikovs…
Wiesbaden. Allemagne.
Deux combattants de l’Armée syrienne libre s’entretiennent avec le « professeur » venu de France. Ils lui communiquent qu’Abou Franza, dit « le Chimiste » a réussi à se fondre dans la masse des étudiants de l’université de Wiesbaden dans la section « chimie appliquée ». L’homme a supervisé la fabrication de gaz moutarde qui a servi à gazer des civils kurdes en 2013…
Critique :
Cet excellent album s’intéresse de près aux terroristes islamistes et à une cellule spéciale dépendant de la DGSE et de l’Elysée, la cellule GAMMA. Son but : descendre ceux qui figurent sur sa liste d’hommes à abattre…
Le scénario de Jean-Claude Bartoll est magnifiquement construit. Visiblement l’auteur a trouvé de bonnes sources de documentation, son imagination a fait le reste. Le scénario de Gabriel Guzman est au top, parfaitement servi par la mise en couleur de Silvia Fabris. Tout cela nous plonge dans des ambiances aussi différentes que l’Allemagne, Paris, Istanbul ou le Maroc, de jour comme de nuit. Nous suivons en particulier le « Renard », le meilleur des agents pour liquider ceux qui figurent dans la liste des ennemis à abattre… Liste qui ne cesse de s’allonger !
Vivement la suite !
Le Stuka a laissé un souvenir terrible à tous ceux, particulièrement sur les routes, qui ont entendu le bruit infernal, unique, de sa sirène qui ajoutait encore plusieurs couches de frayeur à la terreur.
Probablement le plus précis des bombardiers en piqué de son époque, il pouvait difficilement affronter la chasse ennemie.
Dans cet album, nous suivons le plus illustre pilote de Stuka, Hans-Ulrich Rudel, qui combattit jusqu’au bout, avec une jambe en moins vers la fin de la guerre. Ce n’est pas pour rien qu’il fut le soldat allemand le plus décoré. Les pertes qu’il a infligées sont ahurissantes. Autant, on peut admirer le pilote, autant l’homme peut engendrer une forte répugnance. Jamais, jusqu’à sa mort en 1982, il n’a renié ni le parti nazi ni Adolf Hitler.
Cette bande dessinée s’intéresse tout spécialement à un modèle de JU87, le JU87G-2, doté de deux canons de 37mm, capables de fracasser n’importe quel char, le prenant par derrière ou par le dessus.
Critique :
Cette BD, aussi fidèle que possible à l’histoire, nous donne un excellent aperçu des difficultés à manier ce modèle de Stuka. Il fallait les aptitudes exceptionnelles d’un Rudel pour en faire le pire tueur de chars de la Seconde Guerre mondiale.
Les avions sont très bien représentés, dans des scènes très dynamiques. Les auteurs ont fait de l’excellent boulot.
Londres, 12 septembre 1943.
Des rescapés de la mission des Lancaster sur Hambourg (Voir Inferno Verticale Hambourg) prennent le train en direction de l’Ecosse où ils sont attendus pour s’entraîner sur Beaufighter.
Après 8 semaines d’entraînement, affectation en unité… Et tout de suite première sortie ! Il s’agit d’aller torpiller des navires allemands. Un concert de FLAK les attend ainsi que quelques chasseurs…
Critique :
Antoine Crespin, après nous avoir fait partager la vie d’un équipage de Lancaster dans l’album précédent, nous entraîne avec quelques survivants du terrible raid sur Hambourg à bord du Beaufighter au-dessus de la mer pour traquer les navires allemands, ce qui suppose affronter la terrible FLAK… Et les chasseurs ennemis !
Après des déboires entraînant un long passage par l’hôpital, nos héros changent de monture. Ils sont ravis de chevaucher le Mosquito… Mais la FLAK allemande est toujours là… de même que les chasseurs allemands…
L’atmosphère de guerre au sein des escadrilles est très bien rendue, ainsi que les scènes de combats. Les avions sont magnifiques et les décors variés et richement colorés. Un très léger bémol pour les personnages.
Vivement la suite…
Depuis trois jours et trois nuits, Rome pleure son pape bienaimé.
Le Scorpion, sous le nom d’Armando Catalano a su s’introduire dans la bonne société romaine en distribuant des morceaux des saintes reliques. Les grandes dames n’hésitent pas à lui témoigner leur gratitude en payant de leur personne.
Pendant ce temps, l’horrible cardinal Trebaldi assassine les deux cardinaux qui pourraient s’opposer à sa nomination en qualité de nouveau pape…
Méjaï, l’empoisonneuse égyptienne tente de retrouver la trace de Scorpion grâce à son chat noir.
Critique :
Plus que jamais l’ascension du cardinal Trebaldi vers le siège papal semble impossible à stopper. Le Scorpion s’évertue à arrêter ce fourbe criminel qu’aucun forfait ne rebute. Pour ce faire, la vraie croix de saint Pierre semble être la seule solution… Mais où se trouve-t-elle ?
Là, le scénariste, Stephen Desberg, nous embarque vers un voyage au long cours qui verra les sbires du cardinal Trebaldi poursuivre le Scorpion jusque dans son antre secrète, avec, toujours dans ses pattes, Méjaï et ses poisons. Les scènes de cape et d’épée, très nombreuses, sont accompagnées de parties de jambes en l’air et de trahisons-alliances-trahisons avec une empoisonneuse qui rêve d’accomplir son contrat, tuer le Scorpion, tout en étant attirée par ce bel homme.
C’est de l’aventure pure, fort bien mise en image et en couleur par un Enrico Marini qui, en plus de personnages virevoltants nous offre des décors somptueux, parfois bucoliques tout droit sortis de tableaux du XVIIIe siècle.
Pour les amateurs d’aventures, d’humour et de rebondissements, la série Le SCORPION est du pain béni car elle verra notre héros-justicier dans les scènes les plus variées.
Fin mars 1634. Au sud de Kiev.
Deux jours déjà que les hussards ailés poursuivent Kerlis. Mais qui est ce jeune homme ? Un des leurs ! Un garçon brave, courageux… Et déserteur !
Quand on est un hussard, l’élite de l’armée on ne déserte pas ! C’est quoi ces idioties de causes morales ? Hein ? Un hussard obéit quels que soient les ordres !
Ils sont trente ! Il est seul et son cheval est blessé…
Discrètement, deux spectateurs se délectent de la poursuite : Sachko, un vieux cosaque et Zahra, une jeune et belle Tatare…
Critique :
Depuis l’invasion de l’Ukraine, nos regards d’Occidentaux commencent à se porter vers l’est. Nous découvrons ainsi un passé auquel, avouons-le, nous ne connaissons pas grand-chose (une façon chic de dire que nous ne connaissons rien).
En 1634, il y a trois grandes forces en présence. Le royaume de Pologne-Lituanie, L’empire ottoman et l’empire russe. Au milieu de tous ces belligérants se trouvent les cosaques qui se louent tantôt au roi de Pologne-Lituanie, tantôt au tzar. Mais les cosaques, ivres de liberté, sont aussi pécheurs, éleveurs, agriculteurs, et, de temps en temps pillards !
A travers l’intégration du jeune Karlis parmi les cosaques, nous découvrons la mentalité et la vie de ceux-ci, tout en bénéficiant d’affrontements intenses au cours d’embuscades téméraires.
1917. Première Guerre mondiale. Quelque part en Europe.
Ils sont trois orphelins dans un orphelinat. Normal ! Oui, mais… Ils sont les seuls pensionnaires encore en vie. Tous les autres, y compris le directeur, son épouse et ses enfants, sont morts du typhus. Ah, non, c’est vrai ! Un de leurs enfants a survécu. Maurice. Il est le nouveau maître de l’orphelinat. Un tyran gras et très inquiétant, qui cherche à enfin être apprécié par ses parents. Oui ! Oui ! Ils sont morts, mais ce n’est pas une raison suffisante pour que Maurice renonce à leur présence et leur donne des marques d’affection.
Les deux pensionnaires survivants, frère et sœur, Otto et Ofelia, sont sous la coupe du tyran en culottes courtes. Ils ont pour mission d’attirer des soldats isolés à l’orphelinat…
Critique :
J’ai horreur de l’horreur et me voilà attiré par un conte horrifique où trois enfants survivent en pleine guerre en se livrant à des actes de… Bref ! C’est très moche comme histoire.
N’allez pas croire qu’on a pointé un canon de revolver sur ma tempe et qu’on m’a obligé à l’acheter ! J’ai cédé devant les dessins et les couleurs grandioses de Juan Manuel Tumburus.
Et le scénario ?
On est dans un conte horrifique, alors le côté merveilleux, vous pouvez oublier ! L’Argentin Diego Agrimbau doit faire de terribles cauchemars pour créer un tel scénario. Malgré que les « héros » soient des enfants, ce n’est pas une BD à mettre entre les mains de votre progéniture… Sauf si vous souhaitez en faire des psychopathes façon « Le Silence des agneaux » ou les entraîner dans des cauchemars inoubliables.
Je sais que nous sommes dans un conte, mais aussi en pleine Grande Guerre, alors voir arriver des Allemands dans une jeep Willys cela m’ennuie quelque peu. J’aurais autant aimé qu’ils arrivent en citrouille carrossée tant qu’à faire ou alors dans une Miele. Je sais que vous me prenez pour un fou, mais savez-vous qu’avant de construire de l’électroménager grand public extrêmement fiable, la marque Miele a fabriqué artisanalement des voitures, de 1912 à 1914 ? Et avant cela, elle a fabriqué des bicyclettes ! Si ! Si ! Je vous invite à vérifier. Non, je ne divague pas suite au choc subi par mes neurones après la lecture de cette horrible histoire très bien menée.
Baie de Somme. 1896.
Une goélette échouée. Sur le pont un corps. Ou plutôt le cadavre d’un homme qui s’est étouffé dans son propre sang. Pas n’importe quel homme ! Alexandre de Breucq ! Richissime industriel, un Maître des Forges.
Le ministre en personne décide d’envoyer sur place le plus fin limier parisien, Amaury Broyan. Celui-ci ne tarde pas à se rendre compte que la victime a été empoisonnée. Pas par n’importe quel poison, non ! Un poison qui provoque une mort lente, une horrible agonie… Qui donc a pu commettre pareil crime ? Qui ? Alexandre était aimé de tout le monde, et en particulier par ses ouvriers qu’il rémunérait et traitait bien mieux que n’importe qui ! Ses amis étaient légion et ses affaires prospéraient toujours plus de jour en jour…
Pourtant, si on se pose la question « à qui le crime profite-t-il ? » une réponse s’impose ! A sa chère épouse, Madame de Breucq ! Mais l’inspecteur arrivera-t-il à faire tomber de son piédestal une femme appartenant à une famille richissime, et, par conséquent aussi, extrêmement puissante ?
L’industriel avait une maîtresse. Une jeune femme qui gagne sa vie en servant de modèle aux peintres. Mucha l’a peinte et continue à la peindre tant elle est belle. A cause da la rousseur de ses cheveux, il l’appelle Automne… Quels rapports entretenait-elle avec la victime ? Y aurait-il un lien entre elle et l’assassinat ? Aurait-elle été témoin ? Aurait-elle reçu des confidences ?
Critique :
Un polar en bandes dessinées vous intéresse-t-il ? Un polar fin de siècle ! Pas le vingtième ! Le XIXe ! C’est avec une grande habileté, et en noyant plus d’une fois le poisson dans l’eau que Philippe Pelaez plonge le lecteur dans une enquête où se côtoient les puissants de France et les Apaches… Non ! Non ! Pas les peaux-rouges ! Les voyous, les petites frappes, les criminels des bas-fonds de Paris… Enfin, quand on parle des bas-fonds, il faut plutôt lever la tête car ils adorent se réunir dans les cabarets de la butte Montmartre où les bourgeois n’ont pas trop intérêt à traîner, l’air n’y est pas particulièrement bon pour leur santé.
L’auteur va vous berner du début jusqu’à la fin ! Maintenant que vous voilà avertis, inutile de tarder à vous faire avoir, d’autant que les dessins et les couleurs d’Alexis Chabert valent largement le coup d’œil ! En particulier si vous aimez la peinture de style Art Nouveau, façon Mucha… Ou pas !
Chinese Theatre. Hollywood. Janvier 1936.
C’est le jour de vérité pour Salomon Rubinstein, pardon, je voulais parler de Monsieur Sal Rubin, le scénariste de la dernière superproduction des studios Warner, « Une Enfance volée », basée sur le récit de sa propre vie…
Bien entendu, à côté du débrouillard de la famille se trouve son frère adoré pour qui Salomon ferait tout, le binoclard intellectuel, Moïse…
Un Moïse que l’on retrouve en 1943 dans le camp de concentration de Sobibor où il ne doit sa survie qu’à ses talents de coiffeur. Mais pour combien de temps encore alors que l’avance de l’armée soviétique pousse les SS à effacer au mieux les traces de leurs innommables forfaits, ce qui sous-entend qu’il ne faut pas laisser de témoins…
Critique :
Apprêtez-vous à faire du yoyo à la lecture de cet album : vous allez sans arrêt passer de 1936 à 1943, des USA à la France et à la Pologne. Heureusement, l’excellente mise en couleurs d’Elvire De Cock aide à s’y retrouver dans les deux époques.
Bien qu’étant une fiction, le scénario de cette fabuleuse BD dû à Luc Brunschwig, repose sur l’histoire de l’Entre-Deux Guerres et de la Seconde Guerre mondiale, en particulier pour ce qui touche au sort des juifs. Si celui qui touche ce peuple durant la Deuxième Guerre mondiale est plutôt connu, il n’en va pas de même pour les multiples discriminations qui les frappaient jusque dans les Etats-Unis d’Amérique où, par exemple, ils ne pouvaient dépasser un quota dans les universités, et encore, il convenait souvent de « faire un geste » en faveur de l’université pour pouvoir y entrer. Remarquez que le sort des Afro-américains était encore bien moins enviable dans un pays fier de sa démocratie… plutôt réservée aux WASP.
L’ouvrage aborde aussi la question des bagnes agricoles français où étaient envoyés des enfants et des adolescents « pour apprendre un métier honnête qui va leur permettre de gagner leur vie »… Où les éducateurs et enseignants, en très petit nombre, étaient peu à peu remplacés par des gardiens de prison ou de bagnes qui leur faisaient subir de terribles traitements en plus du fait d’être mal nourris et mal soignés. Pas joli-joli pour la fière patrie des Droits de l’Homme, Liberté, Egalité, Fraternité et tout et tout… Je vous recommande l’article de Wikipédia : Colonies Agricoles - Pénitentiaires - Les Bagnes pour Enfants.
Une large part de l’ouvrage est consacrée aux nombreux juifs, venus essentiellement d’Europe centrale, qui ont fait d’Hollywood la plaque tournante du cinéma mondial. Et pour ceux qui s’imaginent que cette bande dessinée est une œuvre de propagande juive, je leur conseille de bien lire les parties où intervient un monsieur Warner (oui, de la Warner Bros, Bros signifiant « brothers », puisque créée par les quatre frères Warner).
Bien entendu, je vous déconseille de lire ce 4e tome si vous n’avez pas lu les trois précédents ! Vous n’allez pas y comprendre grand-chose… Et ce serait vraiment dommage pour cette fabuleuse série qui vous apprendra bien des choses et vous fera réfléchir tout en vous distrayant… Encore que ce dernier mot ne me semble pas du tout approprié pour une BD où l’on traite largement du camp de concentration/extermination de Sobibor…
Connaissez-vous le très agréable archipel de Fragonos, au large de la puissante Kompiam ? Ce petit état indépendant coule des jours paisibles…
Tout cela pourrait bientôt appartenir au passé. Le redoutable voisin, ayant perdu la plupart de ses livres de magie, demande à ce que les mages de Fragonos leur remettent ceux de leur magnifique bibliothèque. Les mages de Fragonos sont divisés entre ceux qui refusent ce diktat et ceux qui, redoutant la puissance de leurs consœurs et confrères, préfèrent se soumettre. Finalement, un accord est conclu entre les deux factions : autoriser les mages de Kompiam à venir copier leurs ouvrages. Mais les prétentieux mages de Kompiam accepteront-ils de s’abaisser à la fatigante et peu gratifiante tâche de copistes ?
De plus, les mages de Fragonos devraient s’associer à la recherche du Danthrakon…
C’est pendant que se déroulent ces événements que débarquent justement à Fragonos Garman, à l’appétit insatiable, Nuwan le marmiton dont le grimoire s’est emparé, et Lerëh qui n’est plus vraiment elle-même puisque sa charmante mère, Lyreleï, s’est emparée de son corps. Comme dirait Lerëh : « On ne choisit pas ses parents ! »
Critique :
Alors que l’on connaît des séries interminables, cela fait plaisir d’en avoir une qui se termine en trois albums. Remarquez qu’Arleston laisse la porte ouverte à de nouvelles aventures de ses personnages, mais le récit du Danthrakon est bel et bien fini. Aventures, magie, humour et amour ont été au rendez-vous de cette trilogie très grand public, à moins que vous n’ayez peur que votre progéniture ne fasse un malaise à la vue de l’un ou l’autre sein qui apparaît ici et là.
Dessins dynamiques et couleurs chatoyantes rendent ces albums très agréables à lire par tous, d’autant qu’il y a les fuffs, petits « animaux » de compagnie très affectueux et gourmands… Et qui vont jouer un rôle étonnant et primordial dans ce récit plein d’amour.
Mille ans déjà que le plus puissant des grimoires, le Danthrakon cause des dégâts malgré qu’il ait été en possession des plus grands mages.
A Kompiam, c’est l’heure de réparer les dégâts… Et de traduire en justice, autrement dit devant le grand Inquisiteur, celui à qui on reproche d’avoir provoqué toutes les catastrophes survenues dans la ville, l’illustre mage Waïwo. Le grand Inquisiteur, qu’il conviendrait mieux d’appeler le grand Dictateur, voire le grand Spoliateur lui laissera-t-il une seule chance ?
Pendant ce temps, à bord du catamaran géant du duc Funkre d’Arpiome, l’ancien apprenti-cuistot, Nuwan, possédé par le Danthrakon, l’apprenti-magicien Garman, et Lerëh se méfient du duc, qui n’est autre que… le père de Lerëh ! Comme elle le dit si bien : « On ne choisit pas ses parents ! »
Critique :
Très riche en action, ce deuxième épisode va dérouler plusieurs histoires simultanément. D’une part, le lecteur va assister à la déchéance du mage Waïwo, d’autre part, il va suivre les nombreuses péripéties des trois fugitifs. Lerëh va enfin découvrir sa mère et peut-être comprendre pourquoi celle-ci l’a abandonnée.
Dessins toujours aussi beaux, mise en couleur très réussie, alors vivement le troisième album qui clôture le récit !
C’est dans la mythique cité de Kompiam qu’un jeune apprenti-cuisinier Nuwan, apprend le métier de… cuisinier ! Mais étant au service d’un des plus grands mages, Waïwo, son rêve, c’est de devenir le premier mage cuisinier. Rêve impossible puisqu’il ne sait ni lire ni écrire et qu’il est de basse extraction comme ne manque jamais de le lui rappeler le prétentieux snobinard Didore, qui est en apprentissage chez le grand mage en compagnie de deux autres étudiants, dont la splendide et remarquablement intelligente Lerëh. Or cette belle et généreuse demoiselle s’est mise en tête d’apprendre à lire et à écrire à Nuwan pour lequel elle éprouve une certaine sympathie malgré leurs origines sociales ô combien différentes…
Critique :
Une fois de plus Arleston a concocté un scénario original, très grand public, plein de péripéties dans un univers où la magie est omniprésente. Tout tourne autour d’un grimoire unique, le Danthrakon acquis par le mage Waïwo. Le grimoire des grimoires… illisible…
Il faut bien entendu qu’il y ait un méchant cruel et despotique. C’est le terrifiant inquisiteur Amutu qui peut se transformer en dragon gigantesque ne laissant aucune chance à celui qu’il poursuit.
Les dessins d’Olivier Boiscommun, servis par une excellente mise en couleurs de Claude Guth, servent à merveille cet univers le rendant très crédible malgré la présence sur Kompiam de diverses races se côtoyant en bonne intelligence : humains, kohatolas (sorte de batraciens), bursus (plantigrades), nabires (dragonidés), mandrioles (reptiliens). Chacune de ces races a des activités qui lui sont plus spécifiques.
L’histoire complète se décline en trois tomes, tous parus à ce jour.
Toute guerre voit son lot de massacres. Me direz-vous. Soit ! Faut-il pour autant tout accepter ?
Qu’est-ce qu’un crime de guerre ? Au moment où les armées de Poutine s’en donnent à cœur-joie en Ukraine, et que peut-être certaines milices ukrainiennes en font de même, il est important de préciser le « crime de guerre » :
La guerre permet au soldat d’ôter la vie à un adversaire pour les besoins du combat, mais n’autorise pas tout. Un combattant peut se rendre coupable de crimes de guerre dont il devra répondre devant un tribunal. Par exemple lorsqu’il assassine, torture ou déporte des populations civiles, lorsqu’il exécute des otages, lorsqu’il maltraite des prisonniers de guerre.
Qu’est-ce qu’un crime contre l’humanité ?
Le premier d’entre eux se dénomme le génocide. C’est le crime extrême qui consiste en l’élimination physique intentionnelle, totale ou partielle, d’un groupe d’individus en raison de leur nationalité, de leur race, de leur religion ou de leurs opinions politiques.
Aux côtés du génocide, les autres crimes contre l’humanité sont constitués par des meurtres, viols, déportations, réduction en esclavage, actes de torture et de persécutions de toute nature, commis de manière systématique, dans le cadre d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe d’individus pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste.
Klaus Barbie s’inscrit dans les deux catégories. Il y a une date de prescription pour la première mais les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles.
Critique :
Ce roman graphique, très complet permet de bien cerner la personnalité de Klaus Barbie, un bourreau, mais aussi un lâche, un nazi convaincu qui n’exprimera jamais le moindre regret d’avoir envoyé à la mort des civils innocents, dont beaucoup d’enfants, ou d’avoir torturé des résistants en utilisant les méthodes les plus abjectes.
Bien que s’appelant « roman graphique », nous sommes ici face à un ouvrage qui ne romance rien du tout mais s’attache aux faits connus, dont le procès de Barbie qui se tiendra à Lyon, la ville où il a le plus sévi durant la guerre. Il s’agit clairement d’un reportage historique.
L’auteur fait aussi observer le sale jeu joué par les services secrets américains qui n’ont pas hésité à protéger des SS, et autres nazis notoires parmi les plus crapuleux, afin de s’en servir dans leur lutte contre le communisme. Ils ont favorisé l’évasion de Klaus Barbie jusque dans cette Amérique latine, où beaucoup de ses semblables vont continuer à sévir en organisant la torture, en servant d’instructeurs aux services secrets de toutes ces belles dictatures pour qui la vie humaine ne vaut pas tripette. Certains bourreaux nazis seront accueillis en Egypte, en Lybie et en Syrie. Leur venue fut du pain béni pour les dictateurs.
D’un point de vue graphique, le choix du traitement entièrement au crayon de couleur donne un résultat original très convainquant avec une multitude de portraits très réalistes.
Sur le continent de Lys, l’aristocratie au pouvoir ne semble guère en exercer dans la capitale où différents clans font régner leurs lois, accompagnées de rackets et de trafics en bonne et due forme.
Depuis son retour, la princesse Keona passe beaucoup de temps dans la bibliothèque du palais et montre son désir d’assister au conseil des ministres, ce qui n’est pas de nature à plaire à ces dernières…
Le puissant clan dus Sistre va mal ! A peine Alissa, leur championne et héritière est-elle sortie de prison qu’elle tombe dans un piège orchestré par un clan rival, et théoriquement bien moins puissant, le clan du Coucal qui pourtant nourrit de très grandes ambitions…
Shin, commissaire examinateur auprès de la prévôté, hostile à la torture et à la violence, a sa manière bien à lui d’enquêter…
Otsue et Teruo, étudiants en archéologie se retrouvent complètement paumés dans la jungle après que leur guide les ait complètement floutés et ait disparu avec l’argent et tout l’équipement…
Kauri, du peuple Kibanaro, est enfermé dans une cage en bambou suspendue à un arbre pour avoir manqué à son devoir et mis en péril la vie d’un autre membre de la tribu par négligence…
Thori formidable cuisinière, fut dans une autre vie une lutteuse d’exception. Désespérant de trouver l’argent nécessaire pour soigner son fils qui se meurt d’une mort lente, elle cherche par n’importe quel moyen à trouver la somma nécessaire…
Critique :
Après un premier album dans un nouveau cycle qui servait de mise en place, les choses évoluent, particulièrement au niveau des rivalités entre deux clans, le Sistre et le Coucal. Une lutte sans merci s’engage sans qu’il ne soit possible d’estimer qui va l’emporter. En parallèle, les personnages apparus dans le premier tome, et toujours en vie, poursuivent leurs propres aventures sans que le lecteur ne sache s’ils seront amenés un jour à se croiser.
Les auteurs s’y entendent pour maintenir le suspense et susciter l’intérêt. J’émets tout de même un regret. En début d’album, on trouve un résumé, fort bien fait, et à la fin, il y a des explications complémentaires qui aident à comprendre cette société. Bravo ! … Mais pourquoi avoir fait le choix débile d’une écriture bleue sur un fond noir ? C’est particulièrement illisible et énervant !
A partir du 21 septembre 1914, Albert Londres se fait une solide réputation avec son article sur la cathédrale de Reims brûlée par les Allemands. Il va mener des enquêtes qui vont faire date un peu partout dans le monde, mais aussi en France.
Au cours de son séjour en Chine en 1923, il fait la connaissance de monsieur Pou qui est son interprète sur place.
Décembre 1931.
Albert Londres reçoit un télégramme bien inquiétant envoyé par monsieur Pou qui laisse entendre qu’une affaire très grave se déroule en Chine… Et il n’entend pas par là le conflit sino-japonais… Sa curiosité étant piquée au vif et voulant terminer sa carrière par un dernier reportage sensationnel, Albert s’embarque sur un bateau. Un journaliste politique d’un journal au bord de la faillite est chargé de le suivre à la trace et de découvrir ce qui le conduit dans cette Chine en guerre contre le Japon. Connaissant la réputation d’honnête homme d’Albert Londres y aurait-en France des gens très bien placés qui craindraient de se trouver empêtrés dans un scandale pas joli-joli ?
Critique :
Ce roman graphique repose en grande partie sur le livre de Pierre Assouline « Albert Londres, vie et mort d’un grand reporter 1884-1932 ». L’histoire de cette dernière enquête d’Albert Londres se prête à merveille aux thèses d’un grand complot car pas une bribe des articles du grand journaliste ne nous est parvenue. Albert Londres va périr dans le naufrage du paquebot Georges Philippar, un paquebot moderne et luxueux (pour ceux qui étaient en Première Classe). La thèse officielle fut celle d’un court-circuit électrique qui provoqua l’incendie du bateau qui était construit en grande partie en bois. Albert Londres ne fera pas partie des survivants… Plus étonnant, il avait confié à un couple d’amis, Alfred et Suzanne Lang-Willar des parties entières de ses articles, et… Ne divulgâchons point l’histoire !
Si la thèse de l’accident est tout-à-fait vraisemblable, les événements se prêtent parfaitement à une disparition orchestrée d’un journaliste parti en Chine sans en avoir donné le motif à personne, pas même à sa fille, et sans y avoir été envoyé par aucun journal. Comme la Chine en 1932 était au centre d’un tas de trafics qui rapportaient des fortunes à ceux qui les organisaient, il est tout-à-fait possible qu’on ait voulu faire disparaître le trop curieux journaliste qui a passé plusieurs mois sur place, voyageant un peu partout et disparaissant même pendant un mois.
Voilà une bande dessinée historique où les auteurs prennent clairement position pour susciter l’intérêt du lecteur, alors que d’autres auteurs ont défendu la thèse de l’accident. Allez savoir !
Il nous reste une bande dessinée très bien construite et pleine de suspense.
23 octobre 1944. Base aérienne de Ferihégy (Hongrie).
Par manque de carburant, les Hongrois, alliés au Grand Reich allemand, ont du mal à aligner leurs avions. Une attaque de huit Messerschmitt Me 210 CA-1, bombardiers rapides va être lancée contre une gare où pas moins de six trains chargés de blindés sont en attente de déchargement. Toujours par manque de carburant, pas le moindre chasseur pour les accompagner ! Ils doivent s’attendre à une DCA formidable de la part des Russes et leurs chasseurs ne devraient pas manquer d’être présents en nombre…
Critique :
Si la Seconde Guerre mondiale à l’Ouest, en Afrique du Nord, en Italie (déjà un peu moins) est bien connue par chez nous, si tout le monde a entendu parler de Stalingrad, de Léningrad, voire de Kharkov, nous ne savons pratiquement rien de l’offensive russe contre la Roumanie alliée de l’Allemagne, qui va changer de camp dès qu’elle sera envahie par les Soviétiques, ou de la Hongrie qui avait aussi fait le choix du camp nazi.
Cet album de bande dessinée est remarquable par plusieurs aspects. Il est très didactique et explique clairement quels avions étaient dans le camp des forces de l’Axe, et l’équipement allié, notamment américain puisque ceux-ci bombardaient régulièrement la Hongrie avec des B-17 et des B-24, accompagnés de chasseurs à long rayon d’action Mustang, Thunderbolt et Lightning.
L’aventure concerne particulièrement le Messerschmitt Me 210 CA-1, une version livrée à l’exportation vers les pays alliés de l’Allemagne car il faut bien dire qu’il connaissait pas mal de déboires. Les Hongrois l’ont considérablement amélioré en allongeant son fuselage et en le remotorisant. Ce qui donnera naissance au Me 410, bien meilleur. Le Me 210 est une rareté car construit à peu d’exemplaires. Voici l’explication qu’en donne Wikipédia et qui est édifiante : « Il fut conçu pour remplacer le Bf 110, et fit son premier vol le 2 septembre 1939, révélant de suite une grande instabilité latérale et une tendance à partir en vrille, problèmes qui ne furent pas résolus malgré un large programme de tests s'étalant jusqu'à début 1942. Neuf prototypes furent assemblés, quatre d'entre eux se crashèrent.
Il entra cependant en service effectif en décembre 1941, l'Allemagne ayant un besoin urgent de "Zerstörer" (chasseur à long rayon d’action). Les premiers appareils servirent à la transformation opérationnelle des pilotes de Me 110, mais 27 accidents furent enregistrés dans les quatre premiers mois de son utilisation, causant la mort de 11 équipages. Pourtant il fut engagé en juin 1942 contre la chasse soviétique, mais se fit laminer. Les survivants se reportèrent sur des missions d'attaque au sol avant d'être remplacés par le Messerschmitt Me 410 Hornisse (« frelon »).
La Hongrie produisit à 272 exemplaires sa propre version de l'appareil, nommée Me 210 Ca1, apte à des bombardements en piqué, et sensiblement plus stable que l'avion allemand. »
Nous assistons à une mission à laquelle participa le grand-père de l’auteure et qu’elle a tenté de reconstituer le plus fidèlement possible grâce à un paquet de documents… Et au journal de son grand-père où il a rapporté les faits.
Incontournable pour tous les fans d’aviation, très précieux pour les amateurs d’histoire et intéressant pour ceux qui ne se reconnaissent pas dans les deux catégories précédentes.
Juin 1961. Palais de Versailles.
Le général de Gaulle accueille le président Kennedy et le met en garde contre les risques d’attentat qui pourraient le viser. Kennedy s’étonne de cette remarque, vu que pour lui, de Gaulle est bien plus une cible potentielle…
Critique :
Par des flash-backs, l’auteur remonte aux événements d’Algérie qui ont conduit à l’indépendance de ce pays… Et au mécontentement des pieds-noirs et de quelques militaires qui se sont sentis trahis par le général de Gaulle. Pour les pieds-noirs, c’est plus que compréhensible puisqu’ils sont contraints à l’exil en France, alors qu’ils sont nés et ont vécu sur le continent africain et que plusieurs générations de Français s’y sont succédées. Les motivations des militaires sont moins claires. Toujours est-il que la tentative de l’OAS pour une Algérie française a échoué. Pour autant, ls rancoeurs ne se sont pas éteintes, et certains veulent la peau de ce fichu de Gaulle… Un général qui rentre à heure fixe le samedi chez lui à Colombey-les-deux-Eglises, en voiture, prétendant qu’il n’est pas une alouette pour s’abaisser à prendre un hélicoptère, compliquant méchamment la vie de son personnel de garde.
Cette bande dessinée se présente comme un thriller historique. Pour un amateur d’histoire, et de thrillers, c’est fort appréciable. D’autres personnes qui ne sont tentées par aucun de ces deux genres pourraient bien ne pas s’y retrouver malgré les explications fournies en bas de page.
(Album precedent)
Suite à l’attaque d’un avion de surveillance P-1 japonais aux abords des îles Senkaku, contestées par le Japon et la Chine, une guerre pourrait bien éclater. Les Américains envoient sur place le porte-avion Ronald Reagan pour s’interposer et trouver qui a abattu le P-1. L’enquête de Buck Danny, après bien des misères, l’a conduit au Japon où le commanditaire de l’attaque vient de faire disparaître toute trace. Lady X est évidement mêlée à toute cette histoire…
(Présent album)
La presse nipponne, en partie aux mains de Yamasaki Corporation qui a conçu en secret l’avion « invisible » qui a abattu Buck Danny se déchaîne contre la Chine. Même dans le gouvernement japonais, certains faucons cherchent la guerre avec le pays voisin. Le porte-avion chinois file vers les îles Senkaku, ce qui ne signifie rien de bon. De plus un typhon approche. Lady X compte là-dessus pour aller frapper ses deux prochaines cibles. Si elle y parvient, la guerre deviendra inévitable…
Critique :
J’aime autant vous dire que cela va râler sec dans les vieilles chaumières ! J’entends d’ici les claquements de dentiers qui manifestent leur désapprobation depuis que les dessins ont été repris par Gil Formosa et le scénario par Frédéric Zumniehl, sans oublier les couleurs d’Isabelle Drouaillet-Formosa ! Que la cour me pardonne si je vais heurter quelques esprits qui vivent encore au XXe siècle, plutôt vers le milieu que vers la fin du siècle, d’ailleurs. Que reproche-t-on à mes clients ? Le modernisme de leurs dessins et des couleurs ? L’irréalisme d’un Buck Danny affrontant une super-vamp portant une tenue complètement inappropriée pour une pilote de chasse ? L’affrontement avec une société privée digne d’un James Bond ? Allons, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Juges, chers jurés, ce procès est digne des purges staliniennes ! Ces personnes qui admettent que Buck Danny, Tuckson et Sonny n’aient pas vieilli depuis la guerre du Pacifique ne sauraient accepter que notre colonel préféré se confronte à une organisation aussi puissante que bien des états ? Que reproche-t-on d’autre à mes clients ? Les accusateurs utilisent des termes tels que « déplorable » pour parler de cet album sans apporter un début de preuve. Ils se gaussent de mots et pour eux, depuis « Le japs attaquent » tous les progrès accomplis en matière de dessin ne sont que des abominations.
Alors, Madame la Présidente, Messieurs le juges, Mesdames et Messieurs les jurés, je n’appelle nullement à votre clémence car mes clients n’ont pas fauté ! Je vous invite à juger par vous-mêmes en votre âme et conscience cet album.
Province de Grenade. 19 août 1936.
Le grand poète espagnol Federico Garcia Lorca est exécuté sommairement par des milices franquistes.
Salvador Dali est à Londres lorsqu’il apprend la nouvelle. Il est très peiné par l’assassinat de cet ami très cher. Il décide alors de le faire payer très cher à Franco et à sa clique. Mais comment ? Comment un artiste pourrait-il ourdir un complot pour faire tomber un général Franco qui dispose d’importantes forces armées bien équipées et appuyées par les nazis d’un petit énergumène vociférateur et par les fascistes d’un maître d’école qui a viré au grandiloquent ?
Critique :
Ce n’est pas toujours facile de comprendre ce que raconte Dali et son obsession pour les homards. Peu importe ! L’essentiel se trouve dans les rouages qui se mettent en place pour piéger les franquistes en les amenant à commettre une bévue monumentale. Fred Duval et Jean-Pierre Pécau nous livrent ici un scénario complexe mais bien ficelé qui fait intervenir les suppôts de Staline, les trotskystes, les franquistes, les fascistes italiens, un milliardaire américain, des gitans… Et le gouvernement français qui, bien que de gauche, ne veut pas être entraîné dans une guerre. C’est puissamment bien imaginé et donne envie de se plonger dans la suite dès que possible.
Les dessins de Renato Arlem sont d’excellente facture, ce qui n’est pas souvent le cas avec la collection Jour J. La mise en couleur de Thiago Rocha est très originale et certaines planches peuvent désarçonner, mais elles mettent en valeur le travail du dessinateur.
Petite précision : l’exécution sommaire du poète Lorca est avérée à la date stipulée dans l’album. A ce jour, si le lieu probable de son exécution est connu, son corps, probablement enterré dans une fosse commune, n’a pas été retrouvé. Federico García Lorca avait publié des textes antifascistes et s’était réjoui de la victoire du Front Populaire en 1936, mais n’avait jamais mené d’activités politiques en tant que telles. Comme quoi, des idées suffisent pour se faire assassiner…
Pigalle, 1950.
Toinou est un jeune bougnat qui vient d’avoir dix-huit ans. Il en a marre de vivre au Buron avec d’autres gars pour fabriquer de la tome en été. En plus, son travail consiste à nettoyer la porcherie. Ne voulant pas passer toute sa vie sans d’autres perspectives, il entreprend le voyage de Paris. Là, un cousin qui tient un bar et vend du charbon, entre autres activités, le met à la tâche. Livrer le charbon avec sa charrette tirée par Fillette, une jument paisible, n’est qu’une infime partie du travail qui l’attend.
C’est en livrant les boulets qu’il découvre le cabaret « La Lune bleue », un des plus célèbres de Pigalle.
Critique :
Cette plongée dans le Pigalle du début des années cinquante est un choc graphique. Encre et lavis créent une atmosphère digne des grands films français de ces années-là. Il manque juste Jean Gabin. La reconstitution architecturale de ce Paris fera date dans l’histoire de la BD. Les poses, les expressions des visages, les différents plans sont autant de merveilles qui démontrent une parfaite maîtrise de son art. Bravo, monsieur Arroyo !
Christin, lui, nous offre le scénario d’un personnage un peu benêt qui n’avait jamais quitté son trou et qui à dix-huit ans découvre les lumières et les ors de Paris, et pas n’importe où ! au contact des femmes les plus séduisantes et sexy de la capitale, dans un cabaret très en vue, où se côtoient les gens les plus puissants de France et d’ailleurs, et la pègre, La Lune bleue. Petit à petit, malgré lui, ce personnage un peu niais, se retrouve mêlé au grand-banditisme de l’époque, essentiellement mené par des Corses. Suite à un règlement de comptes, dans lequel il n’a rien à voir, il va être condamné à vingt-sept ans de prison. Il passera son bac en prison, ainsi qu’une licence de lettres. C’est à travers ses souvenirs que l’on assistera à l’évolution de Pigalle. Des magouilles politiques et des échanges de bons services entre CIA et gangsters complètent le tableau.
La romance qu’Antoine entame avec Mireille, très jeune et jolie fille qui s’occupe du vestiaire sera cassée net.
Toinou fait figure d’innocent au propre et au figuré, et c’est ce qui rend son personnage sympathique.
Village de Stonne. 16 mai 1940.
Les Allemands adorent la France, c’est bien connu. Comme ils redoutent les routes françaises mal entretenues par les cantonniers, pensent-ils, ils préfèrent se déplacer avec des engins à chenilles, ce qui abîme quelque peu le revêtement de la chaussée de Stonne, village fleuri, et énerve passablement Pierre Billotte qui décide d’aller corriger ces touristes si peu respectueux. Il monte sur sa monture, un petit char B1 Bis de 31,5 tonnes… Et dégomme une colonne de chars allemands de 13 véhicules (comme quoi, 13 ça peut porter malheur) et tant qu’à faire, 2 canons antichars ! Son char, l’Eure, a reçu 140 obus, pas un n’a percé…
Les problèmes des touristes allemands ne s’arrêtent pas là…
Années 1930. Royaume-Uni.
Douglas Bader est un sacré pilote un peu casse-cou. Il se crashe. Résultats : deux jambes amputées !
1939.
L’Angleterre a besoin de tous ses pilotes. Tous… Heu… M’enfin, Badder n’a pas de jambes… Démonstration à bord d’un avion ! Hop ! Hop ! Recrash ! Dans l’affaire, il a perdu ses deux jambes, mais il n’a pas fallu l’amputer ! Qu’à cela ne tienne ! Un avion ! Vite ! Et il abat plusieurs avions allemands…
30 novembre 1939.
L’URSS envahit la Finlande (non, ce n’est pas Poutine qui l’a décidé, il n’était pas encore né).
Les Russes écrasent les navets d’un petit fermier de 1,52m, Simo Häyhä. Et Simo, il n’aime pas qu’on vienne piétiner sa terre ! Simo est très fâché ! Il prend son fusil et commence à tirer les Soviétiques comme à la foire. Il est revêtu de blanc pour se fondre avec la neige, se tient parfaitement immobile et met de la neige en bouche pour ne pas dégager de buée. Il va abattre 505 ennemis au fusil et près de 200 à la mitraillette. La morale : faut pas piétiner les navets d’un petit fermier finlandais d’1,52m !
20 septembre 1918.
Comme tout le monde le sait, déjà en 1914, la cavalerie, c’était une arme dépassée, complètement obsolète… Heu… Avez-vous entendu parler du général Jouinot-Gambetta et de ses 3000 spahis et chasseurs d’Afrique ? Uskub, vous connaissez ? C’est en Bulgarie… C’est là qu’ils vont faire prisonniers 50.000 Bulgares… Et ce n’est pas tout…
1905.
La danseuse « orientale » Mata Hari fait rêver le tout-Paris et pas que ! Elle gagne des fortunes, dépense beaucoup, et… se retrouve sans le sou lorsque la guerre arrive car elle a oublié un petit détail : avec le temps, elle a vieilli et ses charmes sont moins aguichants. Les services secrets allemands se disent qu’elle ferait une excellente recrue, vu qu’elle connaît bien du monde en France…
Nuit du 15 au 16 mai 1940, à proximité de l’Escaut.
Jules Beaulieux reçoit un appel. Il est seul dans sa tourelle plantée dans le sol. Il doit arrêter les Allemands ! Avec sa mitrailleuse, il tient les Allemands en échec ! Tout seul ! Comme un grand ! Les Allemands font venir un canon automoteur qui ne détruit pas la tourelle mais la bloque…
19 mai 1915. Gallipoli (actuelle Turquie).
Ils ne sont plus que trois Australiens dans leur tranchée. Deux sont blessés. Le troisième s’appelle Albert Jacka. Se rendre ? M’enfin ! Vous êtes fou ! Et si Albert allait rendre une petite visite aux Turcs ? Quand les renforts arrivent, Albert a déjà pris la tranchée turque et mis ses hommes hors de combat !
7 août 1916. Pozières (France).
Les Allemands prennent la tranchée australienne. Albert dort dans un abri. Les Allemands balancent une grenade. Sur les trois occupants, deux sont tués ; le troisième est très en colère. Il s’appelle Albert. Albert Jacka ! Il flanque une pâtée aux Allemands, récupère quelques soldats australiens et reprend la tranchée. Petit détail : dans l’affaire, Albert a pris 7 balles dont deux dans la tête ! Techniquement, il devrait être mort…
1912.
Eugène Bullard est noir. Aux USA, ça compte ! Il est obligé de fuir en 1912 et embarque sur un bateau qui le débarque en Ecosse. Il aurait préféré la France, mais il y a des situations où le choix est très limité. Pour gagner sa vie, il sert de cible humaine à un lanceur de couteaux dans des spectacles, puis devient boxeur professionnel et s’installe en France.
Pas de bol, la guerre éclate. Eugène s’engage dans la légion étrangère et y combat durant deux ans. Puis, pas de chance, il est blessé deux fois et déclaré inapte à l’infanterie. La guerre est finie pour lui ! Oh ! Oh ! Oh ! Pas si vite ! L’infanterie c’est fini, alors il devient pilote dans le corps de volontaires américains de l’escadrille Lafayette…
Critique :
Une fois encore, Julien Herveux nous narre des péripéties guerrières d’individus hors du commun et, pour aussi invraisemblables qu’elles puissent paraître, ces histoires n’en sont pas moins véridiques. Plusieurs de ces hommes ont été complètement oubliés par leur pays, parfois volontairement.
Les dessins de Monsieur Le Chien sont toujours aussi bien adaptés à l’humour dérisoire et noir de cette série.
1914. La France manque de troupes. C’est quoi tous ces marins qui glandent sur leurs bateaux alors qu’on a besoin d’hommes à terre ?
« Contre-amiral Ronarc’h, rassemblez autant d’hommes que vous le pourrez et envoyez-les à terre. »
Rornac’h rassemble tout ce qu’il peut : 6500 hommes, parmi lesquels des cuistots, des électriciens, des mousses…
Un appel à l’aide, envoyé par les Belges qui, à Dixmude, ont en face d’eux 50.000 Allemands alors qu’ils ne sont que 5000, pousse l’état-major français à leur envoyer ce qu’ils ont… Disons de moins utile… Les 6500 marins ! Leurs ordres sont de tenir 4 jours, ils vont tenir trois semaines et se retireront après que les Belges aient ouvert les écluses et inondé, pour quatre ans, toute la plaine. Les marins ont perdu 50% de leurs effectifs, alors que les troupes du Kaiser auront 14.000 hommes hors de combat.
Campagne de France. 1940.
Vous croyez tout savoir sur l’usage des armes en 1940 ? Il y en a pourtant dont l’usage va vous faire croire que c’est une blague, mais ça, c’est parce que vous ne connaissez pas encore Mad Jack Churchill ! Pour se battre, rien de tel que l’arc long et l’épée ! Ajoutez-y un zeste de cornemuse…
18 juin 1940. Menton.
Mussolini, devant l’effondrement de l’armée française, décide d’envoyer ses soldats faire un peu de tourisme en France. Le pont Saint-Louis qui relie la France à l’Italie est verrouillé. Neuf hommes reçoivent pour ordre de s’enfermer dans la casemate et d’empêcher les Italiens de passer. En plus de leur armement individuel, ils disposent d’une mitrailleuse et d’un canon…
1939. URSS.
Anna Iegorova devient pilote. Quoi ? Une femme pilote militaire ? Ah ! Ah ! Comme c’est drôle ! Bon ! Allez ! Puisqu’il faut lui confier un avion, pourquoi pas un Po-2, un biplan de reconnaissance lent et fragile ? Hein ? Pour une femme, c’est déjà bien, non ?
1941, la guerre contre l’URSS éclate. Anna a pour mission d’aller porter un message urgent au front. Son avion est descendu en flammes. Bien que légèrement cramée, Anna s’en sort et fait des kilomètres à pied pour remplir sa mission. Pour la récompenser, on l’affecte à une escadrille de Il-2 Sturmovik, avion blindé d’attaque au sol, où elle s’éclate et éclate quelques ennemis. Jusqu’au jour où elle est abattue, expulsée de son avion, elle s’écrase au sol sans parachute…
Janvier 1942. USA.
Un dentiste a une idée de génie (amis des animaux, vous n’allez pas aimer). Pourquoi ne pas attacher à des chauves-souris des bombes ? On les met en cage, on les largue au-dessus d’une ville japonaise, où pour rappel, les maisons sont essentiellement construites en bois et sont très inflammables, les petites bêtes vont se réfugier dans des greniers, et, à l’heure prévue… BOUM ! des incendies par milliers ! Génial, non ?
16 août 1916. France.
René Fonck capture un avion d’observation ennemi en le cueillant en plein vol alors qu’il pilote un avion de reconnaissance, non armé ! Très vite, il va devenir un très grand as avec 75 victoires homologuées, 126 en comptant les non-homologuées (pour être homologuée, l’avion ennemi devait tomber dans les lignes françaises, ou alors avoir trois témoins sans lien pour en attester). Il abat en moyenne un avion ennemi avec seulement neuf balles. Il ne sera jamais abattu et vivra jusqu’en 1953, mais sera pratiquement ignoré après la Seconde Guerre mondiale parce que… Zut ! Mon rôti au four, faut pas qu’il crame !
1914. Marine allemande.
Un officier a une idée de génie : transformer des navires civils en bateaux corsaires ! L’armement est dissimulé et n’apparaît qu’à la dernière minute pour couler l’ennemi ! Encore plus génial : faire ressembler un navire corsaire à un navire civil existant réellement ! Chouette idée ! En un lieu secret du Brésil, on transforme ainsi le SMS Cap Trafalgar, un paquebot allemand, en RMS Carmania, un paquebot anglais. Le bateau est fin prêt pour sa première sortie ! Chic un navire civil en vue… Mais c’est le RMS Carmania !!!
1914. Drôme (France).
Albert Roche boude ! L’armée ne veut pas de lui ! Trop frêle ! Finalement, il réussira à se faire engager chez les chasseurs alpins, faut dire que la guerre a déjà liquidé beaucoup de monde et qu’il devient délicat de faire la fine bouche ! Albert va réussir à faire, au cours de la guerre, 1180 prisonniers ! 1180 ! Non ! Non ! Ce n’est pas une erreur ! Blessé neuf fois, au terme du conflit, il est toujours là. Il mourra le 14 avril 1939 d’une façon incroyablement stupide pour un type qui a survécu à tant d’horreurs…
Critique :
Je connaissais déjà l’« Odieux Connard » par ses émissions délirantes sur YouTube ! Délirantes, certes, mais authentiques ! Il raconte avec beaucoup d’humour des faits qui se sont déroulés durant la Grande Guerre et durant la Seconde Guerre mondiale. Les sujets sont graves, très graves, alors la dérision est tout ce qui reste pour éviter de larmoyer. Monsieur Le Chien a un dessin qui convient parfaitement au style de l’« Odieux Connard ». Férus d’histoire, ou simplement d’humour, cet album est incontournable. Chaque séquence BD se termine par un texte plus « sérieux » qui rapporte en une page les faits.
Bandar Abbas (Sud de l’Iran). 1985.
Morin, agent de la DST, embarqué sur un cargo comme globe-trotter, a été trahi par la DGSE, dont le patron, l’amiral Levallois joue un double-jeu dans une affaire de vente d’obus de 203mm à l’Iran, une vente interdite. Morin s’était embarqué sur le bateau sensé les déposer à Bangkok. Livré à l’Iran, il descend à terre pour suivre le « colis ». Pendant ce temps, les autorités iraniennes fouillent sa cabine, et ô, quel hasard ! trouvent de la drogue. Morin est arrêté et torturé, mais n’avoue rien. On l’embarque sur un avion qui doit l’emmener dans une prison tellement exécrable que celle de Bandar Abbas pourrait passer pour un cinq étoiles ! L’avion de transport militaire dans lequel il est embarqué a un équipage jugé par les nouvelles autorités islamiques comme douteux car ils faisaient partie de l’armée du Shah. Ces hommes pensent que d’ici peu, on procèdera à leur arrestation, alors, tant qu’à faire…
Critique :
Le scénariste, Philippe Richelle, s’est inspiré de faits réels pour proposer un scénario soigné aux petits oignons où l’on voit des intermédiaires se remplir les poches en vendant des munitions d’artillerie à un pays sous embargo. Les politiques au pouvoir sont fortement impliqués car il y a ces fameuses rétro-commissions qui alimentant les caisses du parti. Mais qu’arrive-t-il lorsque le scandale éclate juste avant les élections législatives françaises ?
Être intermédiaire permet de se faire facilement beaucoup de pognon, mais que se passe-t-il lorsque l’acheteur a payé, à l’avance, de très jolies commissions et qu’il n’a pas reçu toute sa « marchandise » ?
Quand l’histoire est magnifiquement racontée par Philippe Richelle, splendidement illustrée par Alfio Buscaglia et superbement mise en couleurs par Claudia Boccato, c’est un régal qui vous fait trépigner d’impatience en attendant la suite dans un an…
1978.
Dupré, la tête pensante de PN, parti d’extrême-droite a été assassiné. Sa femme, laissée pour morte, a survécu. Elle a pu fournir des détails à la police quant au livre que son mari était occupé à écrire et dont tous les textes et la machine à écrire ont disparu. Il serait question, notamment, de deux personnalités très haut-placées qui seraient passées de l’extrême-droite à des postes gouvernementaux. Mais Dupré n’aurait-il pas été liquidé sur ordre de son président qui a hérité d’une fortune considérable, et qui a décidé de la garder pour lui seul, alors que la volonté de celui qui la lui a léguée, était d’alimenter les caisses du parti ?
Riton, qui avait conduit la voiture du tueur, est bouffé par les remords car il n’était pas prévu se tuer la femme de Dupré. Il a même appelé la police pour se dénoncer, mais n’est pas allé jusqu’au bout… Il a écrit un texte où il raconte l’affaire et donne le nom de l’assassin, avant de se pendre. Son amie, Monique, en rangeant l’appartement de Riton, découvre dans la poubelle, la déclaration de son défunt petit-ami. Elle la soustrait à la vue de Nico Weber qui se doute de quelque chose…
Critique :
Le scénario de Philippe Richelle est bien plus au point dans cette série que dans « Affaires d’Etat – Guerre froide ». On y voit les implications internationales de ce terrorisme d’extrême-droite, où l’on retrouve, notamment, des anciens de l’OAS, mais aussi les autorités espagnoles franquistes qui cherchent à éliminer les terroristes de l’ETA qui ont pulvérisé l’héritier désigné par Franco, l’amiral Carrero Blanco en 1973. Ce qui est sidérant également, c’est de constater que certaines personnes sont utilisées par des services secrets divers et variés, comme la DST française et le Mossad israélien.
On y voit aussi des militants d’extrême-gauche manipulés par des activistes d’extrême-droite pour commettre des attentats à leur place…
Il n’échappera pas au lecteur que le meilleur moyen d’écarter un juge d’instruction qui s’intéresse de trop près à des affaires qui semblent impliquer des personnalités au pouvoir en France se voient écartés de leurs enquêtes en recevant une promotion…
C’est de l’excellente BD de politique-« fiction », rappelons qu’elle est inspirée par des faits authentiques, et qu’elle est servie ici par un excellent dessin d’une qualité supérieure grâce aux talents de Pierre Wachs et aux couleurs de Claudia Boccato.
Roanne. Juin 1944.
Deux jeunes gens ont voulu jouer aux grands en faisant sauter une voie de chemin de fer. Mauvaise pioche, ils se font cueillir par la Milice…
Paris. Ambassade d’URSS. 1959.
Le KGB s’intéresse de très près à une jeune employée de la banque BCEN, détenue par les Soviétiques, Raïssa Kovalenka. La demoiselle se permet une liaison interdite. Avec qui ? Aux agents de le découvrir au plus vite.
Vienne (Autriche). 1963.
L’agent Fred Ogier, sous l’identité d’Alain Martinez, a été incarcéré. Un cadavre a été découvert dans sa chambre après son départ. Arrivé à un barrage à la frontière austro-suisse, il a fait demi-tour et tenté d’échapper à la police. Peine perdue ! Il est dans de beaux draps. Son service va-t-il arriver à le sortir de là ?
Critique :
Comme dans le premier tome, les époques se mélangent allègrement ainsi que les lieux et les personnages. Cela rend l’histoire très compliquée à suivre… Et donc décevante pour ne pas dire désagréable ! Pourtant le sujet historique est intéressant mais très mal rendu à cause de ces changements temporels où le scénariste ne cesse de zapper.
Après les très nombreux déboires du patriarche des Winczlaw mystérieusement disparu après sa désertion d’une armée unioniste bien ingrate, son fils, Milan, va connaître quelques aventures qui vont l’amener à découvrir du pétrole… Avant que le Président des Etats-Unis, ne décide de le spolier de sa terre… Milan perd pratiquement tout. (Fin du 1er tome.)
Thomas Winczlav, fils de Milan, s’est bien fait rouler dans la farine par sa maîtresse, Sandy, pour qui il s’est ruiné en achetant le saloon qu’elle va vite transformer en bar à hôtesses avec chambres à l’étage pour soulager les messieurs de leurs soucis et d’une partie de leurs dollars. Heureusement pour lui, un détective privé vient le chercher dans son bled paumé pour l’emmener à New York, où il découvre avec stupéfaction être l’héritier d’une espèce de roi du whiskey, étant un descendant du principal importateur, un Irlandais du nom de O’Casey. Cette fortune, il doit la partager avec sa sœur jumelle qu’il n’a plus vue depuis l’âge de trois ans. Celle-ci vit en France et cet argent va lui permettre, à elle, d’assouvir un rêve, mais la guerre approche à grands pas en Europe…
Thomas, lui, découvre dans une propriété familiale, une grotte solidement barricadée et qui semble contenir un lourd secret familial. Il estime qu’il doit savoir de quoi il en retourne…
Critique :
Van Hamme est un maître dans les rebondissements à foison, et il le prouve une fois encore avec cette saga des Winczlav qui vont donner naissance à sa grande série « Largo Winch ». Ce tome 2 nous fera, entre autres traverser la Grande Guerre, avec une rencontre inattendue, le Baron Rouge, von Richthofen. Il sera aussi question de la prohibition, et surtout, du krach boursier qui verra un Winczlav investir au moment où tout le monde n’a qu’une idée en tête : vendre !
Nous sommes dans de la pure fiction. Les événements historiques sont là au service de l’imagination de l’auteur.
La ligne claire de Berthet fournit un dessin très lisible qui en rend la lecture bien agréable. Vivement le troisième tome…
1848. Monténégro.
Le pays est sous la coupe des Turcs et dirigé par Nicolas Petrovic, prince-évêque. Les paysans, écrasés par les occupants, se sont révoltés. Un des meneurs est un jeune médecin d’à peine 25 ans, Vanco Winczlav. Sa tête a été mise à prix. Les séides de l’occupant se présentent dans le village où il se terre, soignant malades et blessés. Le jeune homme sait que s’il ne se rend pas, le village sera mis à feu et à sang. Il décide courageusement de se rendre. Et si les villageois n’étaient pas de cet avis ?
Critique :
Ainsi débute une saga en trois tomes pour expliquer l’origine de la fortune des Winch… Mais, là, c’est un peu tôt pour parler de fortune… Pour l’instant, on n’a qu’un jeune docteur, foncièrement bon et désintéressé, face à de très gros ennuis qui vont l’obliger à fuir, et à fuir encore.
Dans sa fuite, il sera aidé par Veska, une jeune Bulgare, violée par le porc d’aubergiste qui l’employait, ou plutôt qui l’avait réduite en esclavage, et qui s’apprêtait avec l’aide d’un sergent corrompu à dépouiller le jeune homme de sa fortune. Pour entrer aux Etats-Unis, il faut des documents. Vanco est en règle. Veska, non ! Seule solution pour qu’elle ne soit pas repoussée par les Américains : le mariage à bord du bateau qui fait la traversée de l’Atlantique ! Veska ne cache pas à Vanco qu’elle est enceinte suite à son viol et qu’elle ne désire pas garder le « monstre » qu’elle porte. Elle veut que le jeune médecin procède à l’avortement, ce que celui-ci refuse catégoriquement. De plus, Veska précise clairement que mariés ou pas, elle refuse qu’un homme la touche après ce qu’elle a subi. Vanco, conscient de tout cela, accepte le mariage car il sait ce qu’il doit à Veska. Lors de son accouchement, Veska rejette le « monstre » et c’est Vanco qui va l’élever… Nous n’en sommes là qu’au début d’une multitude de péripéties, où les salauds ne manqueront pas, et où les injustices, mais aussi les vengeances, vont s’enchaîner…
De la très bonne bande dessinée où le savoir-faire de l’équipe Van Hamme, Berthet, Dominique David et Meephe Versaevel, s’exprime pleinement pour notre plus grand plaisir.
Cuba. Janvier 1519.
Cortés dispose de biens plus qu’honorables mais il imagine mal passer le restant de ses jours à Cuba. Il a soif de conquêtes. Il veut s’abreuver de richesses. Or, non loin de là s’étend une terre qui ne demande qu’à être conquise ! Oui, mais, le gouverneur de Cuba ne l’entend pas de cette oreille, malgré qu’il ait nommé Cortés lui-même. Il doit l’arrêter avant qu’il ne s’embarque avec ses hommes.
Cortés compte s’emparer de ces terres au nom de son souverain, Charles Quint, qui en retour devrait le nommer gouverneur. Le conquistador sait qu’il devra envoyer des quantités d’or importantes à Charles Quint qui en a besoin pour convaincre les grands électeurs de le nommer à la tête du Saint-Empire.
Mais Cortés n’a-t-il pas les yeux plus gros que le ventre ? Avec à peine 508 soldats et 16 chevaux, il prétend s’emparer de terres où sévissent des milliers de guerriers habitués à se battre ?
Critique :
Ce diptyque très bien documenté nous révèle deux points de vue : celui de l’Espagnol Cortés et celui de Moctezuma, l’empereur aztèque, un grand incompris celui-là ! Était-il un lâche comme aujourd’hui beaucoup de Mexicains se plaisent à le dépeindre ? Était-il paralysé par ses rêves et ses prédictions qui faisaient des nouveaux-venus, des dieux, les futurs maîtres du Mexique ? Voulait-il par une stratégie subtile découvrir les points faibles des Espagnols pour, le moment venu, dresser son peuple pour les chasser ?
Amis adeptes des religions autochtones, ne lisez pas les lignes qui vont suivre, elles pourraient vous faire avaler vos grains de maïs de travers provoquant votre étouffement, vous arrachant prématurément à l’affection de votre bienaimé entourage !
Quand les Espagnols, qui sont loin d’être des enfants de cœur, même dévoyés, découvrent les sacrifices humains perpétrés par centaines, suivis d’actes de cannibalisme, ils sont horrifiés. Bien sûr, d’aucuns justifieront ces meurtres rituels par le respect dû à leur religion, à leurs croyances qui nécessitent d’abreuver de sang humain la terre pour obtenir de bonnes récoltes, contenter les dieux pour éviter les calamités. Pas l’once d’un quelconque intérêt personnel… STOP ! Les Aztèques avaient des rites monstrueux, et c’est peut-être la seule chose de bien qu’aient fait les conquistadors, c’est d’y mettre un terme. Bien sûr, ils n’étaient pas là pour jouer les bienfaiteurs mais bien pour s’enrichir, en tuant si nécessaire.
A la fin de l’album se trouve une riche documentation due à Christian Chavassieux qui nous éclaire sur le contexte de l’époque.
C’est une bande dessinée très bavarde, ce qui ne manquera pas de lasser certains lecteurs qui se seraient bien passés de dialogues à caractère pédagogique. D’autres apprécieront une bande dessinée qui leur apportera énormément d’informations sur la conquête du Mexique par un homme sortant complètement de l’ordinaire.
Les dessins de Cédric Fernandez sont d’excellent facture, fort bien mis en valeur par la mise en couleurs de Frank Perrot.
1989. Grande-Bretagne.
Jane, jeune orpheline, vit avec son parrain après les décès de ses parents.
Parrain est tatoueur… Pas de quoi gagner des cents et des mille, mais il adore sa filleule qui le lui rend bien. Ils vivent de façon précaire, mais sont heureux.
Ce soir est un grand soir, Jane sort faire la nouba à l’occasion d’un concert. Elle s’éclate et au terme de la soirée, oubliant l’histoire de Cendrillon, elle se laisse embarquer par un mec malgré les appels de sa copine qui craint qu’elle ne soit entraînée dans une sale histoire…
Quelques mois plus tard, Jane accouche d’un petit Tommy. Elle est mère-célibataire, vit chez son parrain (tatoueur vous trouvez que c’est un métier digne d’un honnête homme ?) dans une grande précarité…
Critique :
L’histoire de Jane repose sur une des lois les plus infâmes qui devait, soi-disant, protéger la jeunesse et qui va connaître des dérives incroyables. Suite à quelques histoires de maltraitance d’enfants, le Royaume-Uni va « bénéficier » d’une loi qui permet très aisément de retirer aux parents la garde de leurs enfants, et d’en perdre la trace… Progéniture, pas nécessairement maltraitée ! Il suffit que les parents soient jugés trop pauvres pour que leur descendance leur soit arrachée, ou qu’une fille-mère soit jugée inapte pour perdre à tout jamais la trace de son bébé.
Ce récit de Michel et Béa Constant nous donne à réfléchir, même si en France, en Belgique, en Suisse, nous sommes loin d’une loi aussi aveugle où le personnel de services sociaux, pour ne pas perdre d’emplois, se devait d’atteindre certains quotas au mépris des familles dont pour beaucoup, le seul crime, était d’être pauvres.
Une fois encore, Futuropolis prend le risque de sortir des sentiers battus en proposant un sujet original terriblement humain. Michel et Béa Constant adorent l’Angleterre. N’allez surtout pas croire qu’ils en veulent à ce pays ou à ses habitants. Ils ont traduit en bande dessinée les effets d'une loi qu’ils estiment être atroce, comme beaucoup de Britanniques d’ailleurs, et, parce qu’ils adorent ce pays et ses habitants, ils dénoncent dans ce récit poignant les dérives d’un système.
Mai 1948. Au-dessus de la mer Baltique.
Des dizaines de bombardiers lourds américains sont en mission pour aller bombarder l’URSS. Des trainées dans le ciel font penser à des chasseurs… Mais lesquels ? Amis ? Non ! Russes ? Il paraît qu’ils n’en ont plus…
Critique :
Pour rappel, ceci est une uchronie. Les Américains et les Anglais ont décidé de s’allier aux Allemands pour arrêter les Soviétiques. La France est occupée par les Américains qui y font régner leur loi. Un ingénieur français de génie, Bloch, devenu Dassault après sa libération, le nom juif n’étant pas spécialement en odeur de sainteté, conçoit un bombardier à réaction révolutionnaire à tout point de vue. Il doit voler plus haut et plus loin ! Il est équipé d’affûts quadruples de .50 dirigés par radar. Les Américains ont un urgent besoin de cet appareil car ils ne peuvent continuer à subir les pertes gigantesques occasionnées par les chasseurs à réaction russes… Et surtout par leurs missiles sol-air. Il reste un tout petit problème à résoudre : pour que cet avion puisse voler vraiment vite et loin, il faut lui procurer un nouveau carburant que les chimistes allemands peinent à mettre au point…
Du côté soviétique, si tout est rouge, tout n’est donc pas forcément rose… Béria voudrait mettre fin à la guerre mais le camarade Staline est tout à sa soif de conquêtes et veut toute l’Europe pour lui. En plus, le « petit père des peuples » est paranoïaque. Combien de temps Béria va-t-il encore vivre avant que Staline ne décide de l’éliminer comme tant d’autres ?
Et l’extraordinaire pilote français, Nicolas Charlier, réapparu mystérieusement à la frontière finlandaise, ne cacherait-il pas des choses en plus d’être alcoolique et de faire usage de la drogue ?
Ce troisième opus semble être le dernier de la série. Si c’est le cas, il a été expédié assez rapidement. Pécau livre un scénario qui a une base intéressante, mais il y a comme des manques, trop d’étapes auraient mérité un traitement plus détaillé.
Les dessins de Maza ne sont pas ce qui se fait de mieux actuellement, sans doute parce qu’il dessine beaucoup et qu’il n’a pas le temps de fignoler.
Armand Baverel a quitté l’Indochine pour Djibouti afin de chasser la gazelle… A priori, il n’est pas là pour ça, mais pour apprendre à piloter un hélicoptère, mais autant utiliser celui-ci dans des parties de chasse qui permettent d’améliorer l’ordinaire au mess, non ? Eternel incompris par son hiérarchie, celle-ci n’a qu’une hâte : le voir déguerpir au plus vite !
Heureusement pour Baverel, les forces françaises en Indochine ont un grand besoin de pilotes d’hélicoptères. Armand prendra donc le prochain paquebot pour Saïgon ! Oui, mais, il y restera aux arrêts dans sa cabine ! Heureux homme ! Tandis que les autres hommes s’entassent dans les cales, lui bénéficiera pour lui tout seul d’une cabine, dans laquelle…
Critique :
Notre héros continue de vivre des aventures palpitantes où son indiscipline notoire continue de faire merveille, notamment grâce à son ingéniosité. Ses supérieurs sont tous des crétins dépourvus de la moindre intelligence, mais qu’importe puisqu’Armand est là pour corriger le tir, même s’il apparaît clairement que l’Indochine est perdue pour la France.
Le double-jeu des Américains est dénoncé, et le rôle ambigu de la CIA n’empêche nullement Armand de leur refiler un coup de main dès lors qu’il s’agit de traficoter.
Il va avoir une idée géniale pour rendre l’hélicoptère incontournable dans les opérations même si sa hiérarchie, composée d’imbéciles, si vous ne dormiez pas lorsque cela a été écrit plus haut, ne comprend pas le génie de cet homme.
Pour rappel, ceci est une parfaite fiction, basée sur une vraie guerre. Un exercice que le scénariste Jean-Pierre Pécau affectionne tout particulièrement.
Une bande dessinée qui se lit facilement si on ne montre pas des signes d’allergie aux fictions historiques.
Armand Bavere, pilote indiscipliné mais talentueux, avait le choix entre une cour martiale américaine, bien que Français, il s’était engagé en 1943 dans l’Air Force, et un engagement dans l’Armée de l’Air française pour œuvrer en Indochine où les Viets commençaient à bien s’agiter. La seconde solution lui paraissant la plus intéressante, il s’y retrouve à voler à bord de P-47 très usés. Au cours d’une mission, il tombe sur trois P-51 Mustang flambants neufs… aux mains des Chinois de Mao. Il en abat deux, mais ne sera pas crédité de ces victoires car officiellement, la Chine n’est pas intervenue en Indochine…
Critique :
Petit rappel : Armand Bavere a réellement existé mais n’a absolument pas vécu ces aventures qui sont le pur fruit de l’imagination de Jean-Pierre Pécau.
Notre héros va connaître mille et une aventures, toujours prêt à rendre service à son ami Corse, Simoni, agent secret, patron de bar et grand trafiquant ! Armand est aussi toujours prêt à aller sauver un camarade abattu en zone ennemie. Il sait tout piloter (là, j’ai comme un sacré doute) et il n’hésite pas à mener des opérations de nuit sans avoir appris à voler durant les heures où le soleil s’est couché pour se reposer. Malgré qu’il picole comme un trou et qu’il fume de l’opium, il arrive à accomplir des exploits ! Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai comme quelques petits doutes qui m’envahissent. Pécau adore les uchronies et les grands héros qui savent tout faire, y compris piloter n’importe quel appareil.
Tu as besoin de dépaysement ? L’Indochine te tente ? Tu aimes les histoires d’avions et de pilotes ? Tu adores les situations désespérées ? Tu ne vois aucun inconvénient à ce que ton héros participe à des trafics en tout genre ? Alors, sois le bienvenu à bord et « Que le Diable t’emporte » !
1942. Paderborn.
Bienvenue au château de Paderborn, au Centre d’Entraînement des Troupes blindées. Comme vous le savez, à son entrée en guerre, l’Allemagne ne disposait d’aucun char lourd. Lors de la Campagne de Belgique, puis de celle de France, nous avons fait la découverte des chars lourds français, dont le très très très robuste Char B1 Bis. Dans notre arsenal, la seule arme capable d’en venir à bout était le canon anti-aérien de 88mm. Je suis fier de vous présenter un char unique au monde, capable de résister pratiquement à tout et doté d’un canon de… 88mm ! Admirez le Panzerkamfwagen VI Tiger ! Avec ça, aucun char ennemi ne pourra vous résister ! Bien mieux encore, vous pourrez les détruire avant qu’ils ne puissent s’approcher à distance de tir de votre Tiger !
Méfiez-vous de votre orgueil ! Ce char n’est pas exempt de faiblesses dont la plus importante est son moteur qu’il vous faudra apprendre à manier tout en douceur. Il faudra le caresser comme vous le feriez pour la plus belle femme du monde. Et son approche nécessite dix-huit actions au démarrage pour qu’il ne vous laisse pas tomber. Il en va de même pour la boîte de vitesses ! Ne la cassez pas si vous ne voulez pas transformer votre machine à tuer en cercueil… Votre cercueil !
Ah, encore une petite chose : ce char coûte une fortune à vos parents, à vos amis, au peuple allemand. Il n’y en aura pas beaucoup. Habituez-vous à vous battre à un contre dix !
Critique :
Cet album de bande dessinée permet, au travers du destin de deux hommes qui appartiennent à des classes sociales différentes, le fils de boucher et le grand aristocrate, de devenir amis avant qu’un événement dramatique ne les sépare. Le nazi jusqu’au-boutiste et celui qui ne croit guère à la victoire du Grand Reich vont nous permettre de voyager d’un front à l’autre et de changer d’époque jusqu’à la chute finale de… l’Empire de « Mille Ans » !
Ce n’est pas une pure BD historique dans la mesure où les personnages sont imaginaires, même si l’un d’entre eux est directement inspiré (très librement) du deuxième plus grand as allemand tueur de chars, Johannes Bölter.
La bande dessinée permet d’avoir un aperçu très correct de ce que fut ce char. Des écorchés à la fin de l’ouvrage vous révèlent l’intérieur du char, les types d’obus, comment régler le tir, etc.
Île de Cozumel, au large de Cancun. Mexique.
Ah ! Le paradis tropical ! Le soleil, la chaleur…
Je vous arrête tout de suite ! Cazumel, c’est une île, mais pour le côté paradisiaque, on repassera. Si les mangroves sont très utiles pour la planète, on ne peut pas dire qu’elles soient particulièrement accueillantes pour le genre humain… Surtout lorsqu’elles sont infestées de crocodiles… Et à Cozumel, ce ne sont pas là les prédateurs les plus dangereux !
Il se fait qu’un curé local a photographié des individus peu recommandables qui ont été identifiés sans peine par les services secrets de sa Majesté… Heu… De sa Sainteté ! Que faire dans un cas pareil si ce n’est envoyé le Troisième Janitor, d’autant que son jumeau semble bien être présent sur place…
Critique :
Pour compléter ce qui précède, j’ajoute qu’il reste une jeune demoiselle très vénère, énervée si vous n’êtes friand de novlangue, qui va suivre à la trace notre Janitor, sûre de pouvoir ainsi assouvir sa vengeance.
Ce cinquième tome, qui date de 2017, semble mettre un terme à cette série tout en laissant une porte ouverte à d’éventuelles nouvelles aventures. On y découvre plus ou moins le mystère de la naissance de Vince. Les méchants néo-nazis, et les anciens, sont omniprésents.
J’ai vraiment eu l’impression d’un tome fait pour ne pas laisser les lecteurs sur leur faim puisqu’ils n’avaient rien eu à se mettre sous la dent depuis 2011 ! C’est un tome très bavard, histoire d’avoir l’occasion de fournir un maximum d’explications en un dernier tome.
Cette concentration d’informations qui auraient mérité un développement plus ample, étalé sur deux ou trois albums, nuit à la qualité de la lecture, d’autant que les invraisemblances se multiplient. Le côté surnaturel de l’apparition de la petite fille qui sauve miraculeusement notre Janitor dès qu’il est dans une situation impossible est une facilité pour le scénariste qui met son héros dans des situations d’où il n’a aucune chance de s’en sortir, mais survient alors le miracle !
Le plus frustrant, c’est tout de même de se dire qu’il manque une suite et que celle-ci ne verra probablement jamais le jour. (Syndrome « Trône de Fer ».)
J’avais acheté les deux premiers tomes sortis en 2007, puis la suite se faisant attendre, j’ai laissé tomber jusqu’à ce que je découvre une intégrale où j’espérais découvrir la suite et fin…
Remarquez qu’avec cette intégrale, vous pouvez considérer qu’une « saison » se termine.
Ah ! Encore un détail pour les voyeurs qui se cachent parmi vous : Vince va-t-il enfin conclure au lit avec la belle journaliste rencontrée à Davos ? Vous le saurez en lisant le cinquième album ou l’intégrale !
Ah, le Brésil ! Le Christ Rédempteur sur le Corcovado ! Rio et ses hôtels de luxe avec massages, piscine, aquagym… Eh bien, vous me croirez ou pas, malgré votre garde du corps, vous n’y êtes pas forcément à l’abri !
Mais qui donc a supprimé ce couple de vieillards ? Mais quelle cruauté ! … Enfin… Quand on découvre le pédigrée de ce charmant duo, on a tout de suite moins envie de se montrer compatissant…
Pendant ce temps, Vince reste très troublé par la rencontre avec son double. Quand il rentre à Rome, c’est pour retrouver sa tante, qui était dans le coma, très agitée suite au passage d’un homme qui lui a remis une photo…
Critique :
Encore une série qui démarre sur les chapeaux de roues ! De nouveaux protagonistes viennent s’ajouter, mais tout continue à tourner autour des grands méchants de cette nouvelle religion basée sur la religion chrétienne : le Nouveau Temple.
Pour ne pas divulgâcher, j’éviterai de trop en dire sur les nouveaux-venus qui ont la vengeance chevillée au corps, et on peut les comprendre !
On découvre aussi que les méchants d’hier et les méchants d’aujourd’hui ont pas mal de choses en commun et que l’Eglise catholique est partagée, pour ne pas dire opposée, sur certaines questions.
Bien entendu, Vince va rencontrer à nouveau la charmante journaliste qui a vécu une aventure hallucinante avec lui à Davos. Rencontre en tout bien tout honneur ! N’allez pas imaginer des choses… Encore que notre Janitor n’ait jamais fait vœu de chasteté… Mais laissons-là le côté privé de sa vie privée… Je me demande s’il n’y a pas quelque chose de malsain dans votre curiosité… Mais qui suis-je pour vous juger ?
Bref ! Nous sommes dans une série addictive où l’on entretien l’histoire de cette gémellité pour accompagner la traque de grands méchants qui ont des projets pour l’humanité qui fleurent les égouts en plein air par une chaleur estivale des plus torrides.
A Rome, les services ultra-secrets de la Curie s’inquiètent de l’apparition de ce « Nouveau Temple » qui semble gangréner l’Eglise de l’intérieur comme l’a démontré leur action à Davos. Il y a clairement des traîtres au sein des plus hautes instances de l’Eglise catholique.
Ne voilà-t-il pas qu’un curé passionné d’ornithologie et photographe, du haut du cloché de sa paroisse en Sardaigne, par accident, surprend, et photographie, un drôle de duel sur la plate-forme pour hélicoptères d’un super-yacht. Surpris par la curiosité de la scène, surtout lorsqu’un hélicoptère y dépose le cardinal Di Origio, président de l’Administration du Patrimoine du Siège apostolique, il transmet ses photos au Vatican, où, en plus du cardinal, on retrouve un revenant…
Pas une minute à perdre pour le Troisième Janitor… Enfin… Si ! D’abord un repas avec une jolie journaliste qui a été mêlée de très près aux événements de Davos. Vince va-t-il oser révéler son passé à cette demoiselle qui lui plaît beaucoup ?
Critique :
Ce troisième album est, pour l’instant, le plus intéressant de la série. On y découvre une partie importante du passé de notre Janitor, tout en poursuivant la lutte contre le « Nouveau Temple ». Vince va subir un choc émotionnel très fort.
Cette fois-ci, Yves Sente frappe un grand coup scénaristique. On se retrouve à fond dans une histoire addictive avec moins d’invraisemblances. C’est le passé de Vince qui est au cœur de l’intrigue bien plus que ses actions d’agent secret et qui fait que l’on a hâte de découvrir la suite.
Je continue à avoir un peu de mal avec les personnages dessinés par François Boucq, même si les décors et la mise en couleurs est agréable.
Vince, devenu un janitor, a pour mission d’accompagner à Davos deux prélats en charge des finances du Vatican, et donc de l’Eglise catholique. Ses supérieurs redoutent que l’un des prélats ne soit pas exactement un vertueux chrétien.
A Davos, beaucoup de rencontres informelles et discrètes se tiennent à l’abri de la presse et d’éventuels manifestants.
Les deux éminences, leurs secrétaires respectifs et leur garde du corps se retrouvent dans un hôtel avec quelques-uns des plus gros banquiers du monde… Lorsque la Troisième Guerre mondiale éclate…
Critique :
La mise en place dans le premier tome trouve ici son développement sur fond d’apocalypse dans un des plus reculés et sauvages coins de Suisse, dans les Grisons. La série due à l’imagination d’Yves Sente tient bien ses promesses. Toutefois, je suis curieux de voir comment, par quelle magie, l’auteur va expliquer les apparitions d’une petite fille qui arrive toujours à point nommé pour sortir Vince de l’embarras.
On n’est pas loin des aventures d’un James Bond vaticanisé. Le tout se laisse lire même si certains trouveront les dialogues trop longs.
Vince travaille pour le Vatican. Son boulot ? Garde du corps des éminences qui se déplacent à l’étranger pour des missions sensibles aussi secrètes que possible.
Le XXIe siècle voit le monde changer de façon radicale pour l’Eglise catholique. L’ancien réseau diplomatique ne suffit plus pour assurer la sécurité du Vatican, notamment économique.
Comme gorille et espion, Vince s’en sort très bien. Ses autorités pensent qu’il est temps pour lui de passer à la vitesse supérieure, au nec plus ultra : janitor !
Hein ? Kwalséksa ?
Les janitors sont au nombre de douze, pas un de plus, pas un de moins. Il ne se connaissent pas et a priori ne se rencontrent jamais ! A eux les missions les plus délicates. Aucun document n’atteste de leur existence. Aucun contrat n’est signé. En général, ils gardent leurs anciennes affectations comme couvertures…
En général ?
Heu… On n’en sait rien en fait ! En tout cas, il en sera ainsi pour Vince. Une place s’est « libérée », le n°3 est probablement parti saluer saint Pierre. Vince devient Trias…
Critique :
Ce numéro un nous dévoile un personnage ambigu que l’on pourrait prendre pour un séminariste. Un drôle de séminariste tout de même puisqu’il n’hésite pas à provoquer la mort (des méchants) et à faire crac-crac avec une splendide hôtesse de l’air allemande…
Mais bon, il n’a pas été ordonné prêtre et rien ne dit qu’il a fait vœu de chasteté. Au Vatican, cette étoile montante ignore beaucoup de choses quant à ses origines.
Yves Sente situe le contexte dans lequel Vince va évoluer et nous dévoile plusieurs intrigues qui se mettent en place et qui devraient être développées dans les albums suivants.
Mon seul bémol est adressé au dessinateur François Boucq dont je ne trouve pas les personnages particulièrement réussis.
Rendez-vous à Davos pour la suite…
Les Francs assiègent Saragosse où les Sarrasins offrent une opiniâtre défense.
Charles est devant l’une des portes de la ville que ses hommes ne parviennent pas à défoncer. Leur tour d’assaut prend feu. Roland, neveu de Charlemagne et preux chevalier se trouve à son sommet et poursuit le combat quand soudain une hache le précipite en bas de la tour…
On peut se demander où est passé Dieu ! Après tout, Charles n’est-il pas là pour convertir ces suppôts de Satan que sont ces infidèles ? (Et occasionnellement s’emparer d’un bon gros butin… ) Pourquoi Dieu ne réalise-t-il pas un miracle, un tout petit miracle, du genre de ceux qui permettraient aux soldats du grand Carolus de prendre pied dans la ville et de la « nettoyer » ?
Critique :
J’avais déjà apprécié le fabuleux trait de l’Espagnol Juan Luis Landa dans le premier tome. Celui-ci est aussi beau. Couleurs et dessins sont du plus bel effet.
Le scénario nous montre que les défaites n’ont pas à être rapportées dans les chroniques qui rappellent les faits et gestes du souverain, car, comme le fait dire l’auteur à Charlemagne s’adressant au moine qui tient la chronique : « N’écris rien sur ce jour. Puisse-t-il être oublié au plus vite. »
Eh, oui, les grands hommes n’aiment pas qu’on se souvienne de leurs défaites, car défaite il va y avoir puisque les Francs ne prendront pas Saragosse. Ils ne partiront pas tout-à-fait les mains vides, encore que…
Face à la cupidité, et parfois à la lâcheté de ses barons, Charlemagne n’a qu’un preux sur qui il peut totalement se reposer, Roland. Mais à qui va la fidélité de ce dernier ? A son souverain ? Ou à la Dame qu’il a juré de protéger ?
Los Angeles (USA).
Je me nomme Jerry Fifth. Je suis ce qu’on appelle un « privé ». Je souffre d’acouphènes. Du moins, c’est ce que je croyais jusqu’à ce qu’un soir, dans un bar où j’attendais une femme qui n’est jamais venue, j’engageai la conversation avec un type qui ne buvait pas et parlait à des gens qui ne l’écoutaient pas. Il s’appelait Cornell. Il me dit, sans rire, que les voix que je croyais entendre étaient celles de fantômes… Oui ! Vous avez bien entendu ! Des voix de fantômes ! Des morts qui ne sont pas encore partis parce qu’ils s’accrochent ne voulant vraiment quitter ce monde qu’après avoir résolu ce qui les tracasse… Complètement barjot, n’est-ce pas ? Puisque j’avais ce don d’entendre les voix des morts, il décida de m’engager pour élucider la disparition de celle qui fut une célèbre vedette, elle avait son étoile sur le boulevard, et son le corps ne fut jamais retrouvé. Il était prêt à me payer une fortune pour que j’élucide sa disparition…
Critique :
D’habitude assez peu porté sur les fantômes, esprits et autres revenants, il a fallu toute la force de conviction de Gilles pour que j’achète cette bande dessinée. En regardant les dessins et les couleurs, je me disais qu’à défaut d’un scénario intéressant, j’aurais tout de même un livre d’art à me glisser devant les yeux car il faut bien reconnaître que le Hongrois Attila Futaki a un style unique où pratiquement chaque image est un tableau méritant un agrandissement pour être exposé.
Bon, mais quid du scénario ? C’est très perturbant… Stephen Desberg rend petit-à-petit crédible cet univers où les fantômes sont perçus par le héros, Jerry Fifth, qui, lui, fait partie des vivants ! Il progresse dans son enquête grâce aux informations que lui rapporte son client… Mais peu à peu, notre brave détective commence à percevoir les fantômes, et ceux-ci lui confient des missions. Comme ils ne peuvent payer en monnaies sonnantes et trébuchantes, ils lui promettent de lui donner, en échange, des informations sur la disparition de ses parents que Jerry n’a jamais connus.
Notre détective va connaître le grand amour avec… Oh, là ! C’est l’heure du thé ! Veuillez m’excuser, mais même si ce n’est pas ze Queen Elisabeth qui m’invite, ce serait grossier de ma part de la faire attendre…
Port de Lorient (France). 18 juin 1940.
Pourquoi autant d’empressement à embarquer toutes ces caisses sur ce rafiot ? Soudain, l’une d’elles tombe sur le quai au milieu des ouvriers qui les chargeaient. Elle se bise ! De l’or ! Des lingots d’or !
A Bruxelles, au château de Laeken, le roi Léopold III, roi des Belges, reçoit la visite d’un homme fort désagréable, le gouverneur allemand de la Belgique. Celui-ci lui demande des comptes sur la réserve d’or de la Belgique confiée à la Banque de France. L’Allemagne manque de matières premières et l’or des Belges viendrait fort à propos pour renflouer ses caisses vides. Le roi qui est prisonnier n’entend pas fournir cet or aux nazis qui considèrent que, puisqu’ils ont vaincu la Belgique celui-ci leur revient de droit, puisque la Belgique leur appartient désormais…
Critique :
Au départ d’un fait historique avéré, l’histoire de cet or belge qui va voyager de façon tumultueuse en Afrique, Pierre Boisserie et Philippe Guillaume concoctent un scénario plein de surprises avec une belle quantité d’intervenants : les Français fidèles à Pétain, les Français fidèles à de Gaulle, les nazis, les Britanniques, les Belges… Et les Africains des pays concernés ! Bien entendu, tout le monde souhaite mettre la main sur cet or, bien nécessaire en temps de guerre. Les partisans de Vichy souhaitent en faire cadeau aux Allemands pour s’attirer leurs bonnes grâces, malgré l’accord passé avant-guerre entre la Banque de France et la Banque nationale de Belgique. Les nazis en ont besoin pour payer les matières premières qui leur font cruellement défaut. Les Anglais en ont besoin pour se procurer auprès des Américains tout ce qui leur permet de se rééquiper. Un petit général, nouvellement promu, et refusant de reconnaître la défaite française, de Gaulle, souhaite mettre la main dessus pour tenter d’être crédible auprès de Churchill, et les Belges voudraient bien récupérer ce qui leur appartient !
Les dessins de Stéphane Brangier sont très expressifs et s’accommodent fort bien des touches d’humour très présentes malgré les drames qui s’y déroulent.
A noter le petit plus qui plaira aux curieux : en fin de volume, la petite histoire authentique de cet or belge racontée par Philippe Guillaume.
Une très bonne bande dessinée. Suite et fin au prochain album.
Paris. 1943.
Le journaliste Claudel est dans de sales draps. Son journal collaborationniste n’apprécie guère son sens de l’ironie. Il voudrait que Claudel écrive des articles enthousiastes quant aux victoires allemandes. Il lui est reproché aussi de n’avoir pas soutenu la thèse qu’Harry Baur était juif, ce en quoi il avait parfaitement raison, mais Vichy n’apprécie pas qu’on ait raison quand Vichy en a décidé autrement. Le journaleux n’en mène pas large. Heureusement, il peut compter sur la pire crapule de la gestapo française, Laffont, le boss de la rue Lauriston à Paris. Ce dernier l’apprécie pour quelques services rendus et ne tient pas à lui faire de misères, mais…
Berlin, 29 avril 1945.
Mais où sont donc les renforts allemands ? Les Français survivants de la Division SS Charlemagne vendent chèrement leur peau contre les Russes. L’un ou l’autre blindé allemand leur apporte parfois un soutien. Les Nordiques de la division SS se battent aussi. Ils ont beau tuer des Soviétiques, il en vient toujours plus…
Critique :
Michel Koeniguer nous fait vivre les dernières heures de la bataille de Berlin qui voit les derniers Français être décimés et découvrir qu’il n’y a plus aucun espoir de s’en sortir, la ville étant encerclée de toutes parts. Leur espérance de voir les Américains arriver dans la capitale du Reich n’existe plus. Ils savent qu’ils n’ont rien de bon à attendre des Soviétiques. Même au cas où ceux-ci ne les exécuteraient pas, l’option la plus probable, ils les remettraient aux gaullistes qui s’en chargeraient…
Les femmes allemandes se font systématiquement violer par les Ivans et sont souvent trucidées quand ils ont assouvi leurs envies.
Cette série de trois albums est très réussie pour donner une idée de l’enfer qui se déclencha sur cette ville qui devait être la capitale d’un Reich de Mille Ans… Et dans laquelle ne se trouvaient plus beaucoup d’Allemands pour la défendre, l’enthousiasme lié au nazisme ayant fondu comme neige au soleil… C’est paradoxal de constater que les derniers défenseurs les plus pugnaces furent des étrangers à l’Allemagne…
Alysandra, la plus grande ville de Lys, est en fête. La princesse Keona, retenue comme « garante » à Angleon, otage si vous préférez, a été libérée par la nouvelle souveraine et est de retour auprès de sa famille. Mais il lui faut d’abord affronter les questions des ministres de sa mère qui ne se montrent pas particulièrement aimables dans la formulation des questions qu’ils (elles ?) posent...
Au même moment, Alissa, héritière du clan mafieux du Sistre, sort de prison après 5 années passées à l’ombre suite à une malheureuse affaire où elle a été trahie… par l’un de ses (très) proches ! Elle veut savoir qui ! Pendant son absence forcée, beaucoup de choses ont changé qui ne lui plaisent pas forcément. Fakeri, qui n’est pas de sa famille et était au bas de l’échelle, est devenu le conseiller de son oncle qui a géré les affaires familiales en son absence et après le décès de sa mère.
Critique ;
5 Terres… Les 6 premiers tomes se déroulaient au centre des 5 Terres, à Angleon. Une nouvelle série démarre cette fois-ci sur Lys, au pays des singes, un univers très japonisant, à moins que vous préfériez la Chine, avec cette particularité que ce sont les femmes qui sont fortes, qui se battent… Et qui protègent les hommes ! Si ! Si ! Bienvenue dans une société matriarcale.
La ville d’Alysandra me fait penser à une Venise dont l’architecture serait japonaise ou chinoise.
Cet album est une introduction à un nouvel univers, et plusieurs personnages, très divers, nous sont proposés laissant entendre que l’on va suivre une multitude d’aventures aussi diverses que variées, sur lesquelles je ne m’étendrai pas pour ne pas divulgâcher…
Ceux qui auraient voulu voir de l’action risquent d’être déçus car le but de cet ouvrage est vraiment d’installer un nouveau monde, une nouvelle société. Le seul lien avec les six tomes précédents, c’est la princesse Keona.
Remarquez que de l’action, il y en aura tout de même grâce à Alissa qui aime de cogner fort et n’a pas peur de recevoir des coups comme ses cicatrices le démontrent. Il y aura donc des règlements de comptes mafieux. Si vous voulez remplacer les clans mafieux par des clans yakuzas ou par des triades, libre à vous.
Rassurez-vous, il y a toujours autant d’intrigues ! Les dessins sont… Râ^^aâ^^^a… toujours aussi splendides, le scénario toujours aussi travaillé… Vivement la suite !
On raconte que les étudiants sont en ébullition. Notre jeune et nouveau roi en aurait fait arrêter cinq qui étaient venus le trouver pour lui transmettre quelques propositions en vue d’obtenir plus de justice et d’équité. Il les aurait laissés rentrer en ville avant d’envoyer sa garde les arrêter… Depuis, nous sommes sans nouvelles d’eux. Leurs familles n’ont même pas été averties ! En quoi ce nouveau souverain est-il donc plus à l’écoute de son peuple que les précédents ? Tout ce qu’il raconte, ce n’est que du blabla pour endormir la population et, ensuite, plus facilement se débarrasser des gêneurs, moi, je dis… Mais que cela reste entre nous, hein ! Pas envie que cela arrive jusqu’à ses royales oreilles…
Le mercenaire chien a une sale gueule. Il l’avait déjà, me direz-vous, bande de petits comiques… Oui, mais là, c’est bien pire qu’avant ! Tout son côté gauche a été déchiqueté par une explosion, dirait-on. Je n’avais déjà pas envie de le rencontrer avant, mais alors maintenant que sa rage est décuplée, je préfère qu’on me traite de lâche et rester vivant plutôt que de le croiser et de quitter les miens aussi sûrement que deux et deux font quatre !
Critique :
Ce « Game of Thrones » à la sauce animale a un avantage par rapport à la fameuse série : pas de magie ! Tous les événements sont dictés par les actes des hommes.
Vous pouvez aisément jouer à un jeu : « Qui sera encore vivant au prochain album ? »
Un roi peut-il être autre chose qu’un despote, même éclairé ? N’écoute-t-il que les conseils qui vont dans le sens de ses pensées ? Sa cruauté peut-elle être justifiée par la « raison d’état » ? Machiavel lui-même apprécierait « Les 5 Terres » et les scénarios diaboliques qui s’enchaînent en laissant pantois les lecteurs.
Je ne l’ai pas encore écrit, mais, malgré que les personnages soient des animaux, ce n’est pas une série à mettre entre les mains des enfants…
Prenez un très jeune roi, que l’on imagine volontiers faible et inexpérimenté. Fomentez un complot pour le renverser… Mauvaise pioche ! Le gamin… Pardon ! Sa Majesté, très bien informée par un ami très proche, bien que d’une autre race, va se débarrasser des comploteurs grâce à un piège machiavélique qui prend tout le monde de court et démontre qu’on aurait tort de sous-estimer le gamin… Pardon ! Sa Majesté !
Le moment est venu pour lui de remercier et récompenser sa garde qui l’a si bien servi, respectant son serment malgré la présence d’amis parmi les comploteurs.
Le Roi s’est choisi comme ombre celui-là-même qui a trahi les siens, la vieille génération de Lions. Et pour ne pas s’en faire un ennemi et en même temps profiter de ses talents, le souverain nomme l’ancienne ombre ministre des finances. Le royaume a les caisses vides. Le petit peuple souffre car les mesures de taxations prises par le Conseil lui font porter l’essentiel de l’impôt, évitant aux classes aisées, celles-là-même qui ont des représentants au Conseil, de mettre la main à la poche. Le roi Mederion en est parfaitement conscient, mais il a besoin que les grosses fortunes prêtent de l’argent à l’état et ne peut se les mettre à dos… Pour l’instant…
Des mercenaires ont reçu pour tâche de retrouver et de ramener la fille du défunt roi Cyrus. Le problème c’est qu’il y a deux commanditaires… Un de trop, quoi !
Les étudiants se réunissent en secret et parlent de révolution pour changer ce système de gouvernement inique. Tous ne sont pas partants pour la révolte. Certains, plus modérés aimeraient obtenir un entretien avec le jeune roi qu’ils pressentent apte à écouter les doléances de la base. Arriveront-ils à obtenir cet entretient ?
Critique :
Vraiment une BD super intelligente, avec un scénario d’une grande richesse, tant par les thèmes évoqués que par les rebondissements surprenants, mais réalistes, qui en font un travail collectif du plus haut niveau. Tout y est parfait !
Même si vous avez beaucoup à lire, prenez le temps de découvrir cette saga, les 5 Terres !
Le nouveau roi est mort ! Vive le roi ! … Oui… Enfin… Peut-être… Parce que pour devenir le souverain, légalement, il faudrait qu’il ait quinze ans… Encore faut-il qu’il survive jusqu’à son quinzième anniversaire…
Le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne parierais pas trop là-dessus… Et vous ?
Vous entendez gronder la colère des lions qui s’estiment avoir été dépouillés de leur trône injustement par la fourberie des tigres ? M’est avis qu’ils ne vont pas tarder à fomenter un coup d’état… Moi, je dis ça comme ça, mais je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas !
Critique :
Ah, que j’aime cette série ! Tout me comble, la richesse du scénario qui me fait penser aux meilleurs livres d’heroic-fantasy (sans magie, ce qui est encore plus appréciable). La qualité du dessin et des couleurs ! Ces livres sont nés sous le signe de la trahison et de « je veux être vizir à la place du vizir ! » Oups ! Pardon : « Je veux être roi à la place du roi ! ». Et pour cela, on liquide à qui mieux mieux. On se croirait en période de soldes : « Tout doit partir ! »
Sachez que l’on n’est jamais aussi bien trahi que par les siens.
Pendant ce temps, d’autres intrigues secondaires se nouent : un jeune usurpateur qui tente de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, déboires amoureux, tentative d’évasion des uns, recherche d’une princesse échappée : recherche par les-uns pour la « censuré » et par un autre pour la « censuré » …
Bref ! Une série qui tient toutes ses promesses jusqu’à présent ! Aussi tordue que… « Game of Thrones » !
Cyrus le Subtil a rendu son dernier souffle dans des circonstances que certains rapprochent de la folie. Comme prévu, c’est l’aîné de ses neveux, Hirus, qui s’apprête à monter sur le trône.
Après dix années passées dans une geôle du palais, une chambre sans fenêtre, sa mère, Leina, est sortie de sa prison. Les retrouvailles avec son fils aîné manquent totalement de chaleur, contrairement à l’accueil de ses deux autres enfants. Mais pourquoi le roi Cyrus avait-il ordonné qu’on l’enferme ?
Contrairement aux habitudes de la famille régnante, Hirus ne semble guère vouloir prendre appui sur ses proches. Arrivera-t-il à gouverner seul, surtout après le renvoi de Sameus, l’ombre du défunt roi, l’homme le mieux renseigné du royaume ?
Critique :
« Les 5 Terres » est un récit qui avait commencé très fort et dont le premier album se terminait sur une surprise de très grande taille. Rassurez-vous, il en ira de même pour celui-ci ! Plus que jamais, on y retrouve l’ambiance « Game of Thrones », son univers de trahisons, de secrets, de manœuvres diplomatiques…
Pour la touche sentimentale, on peut compter sur une amourette entre deux individus d’espèces différentes… Ce qui, pour rappel, est strictement interdit, à moins de vouloir mourir dans d’atroces conditions.
Et avant même d’entreprendre la lecture, une galerie de portraits des principaux protagonistes vous aide à voir qui est qui, et en fin de volume, une carte permet de situer les 5 Terres.
Tout est parfait dans cet album comme dans le précédent : l’ambiance, le dessin, les couleurs, le scénario… Un must !
Je ne puis que vous recommander de les lire les uns à la suite des autres, mais sachez qu’il y a un excellent résumé en début d’album au cas où de longs mois s’écouleraient entre vos lectures.
Autre excellente nouvelle : on fait souvent référence à la fameuse bataille de Dhakenor… Mais que s’y est-il passé exactement ? Deux pages de texte en fin d’ouvrage viennent mettre en lumière cet affrontement qui démontre l’esprit machiavélique de l’ancien roi, Cyrus. Que du bon, je vous dis !
Seriez-vous le seul à ignorer que le vieux roi Cyrus, roi d’Angleon, magnifique héros de la bataille de Drakhenor, n’en a plus pour longtemps ? Le roi a, hélas, désigné comme successeur son jeune neveu, Hirus, tigre remarqué pour sa brutalité et pour son ambition démesurée puisqu’il rêve, excusez du peu, d'imposer sa loi au reste des 5 Terres. Mais qui pourrait encore croire que les félins sont faits l’un pour l’autre ? Un trône, au moment d’une succession, cela se convoite, non ?
Les royaumes voisins observent et s’angoissent… Mais peut-être que leur heure est venue…
Pourquoi le roi ne désigne-t-il pas sa fille aînée à la succession, me demanderez-vous ?
Mileria Magneon est certes très intelligente. Elle a un talent politique certain… Mais ce n’est qu’une femme, voyons !
Encore une chose, car vous me semblez fort peu au courant de ce qui se passe dans notre bon royaume : à Angleon, on ne se mélange ni entre classes (sociales) ni entre races !
Critique :
Vous êtes en manque de « Game of Thrones » ? Les trahisons, la diplomatie tordue, les ambitions politiques vous manquent ? Ne cherchez plus ! : « Les 5 Terres » vont répondre à votre soif de fourberies, de violences, de manipulations et de jeux politiques ! Ah, je vous vois tiquer… Vous ne comprenez pas pourquoi au lieu d’hommes, on se retrouve avec des animaux humanisés au point d’être habillés avec une rare élégance et une profusion de détails ? Taratata ! (Relisez les fables de Jean de Lafontaine.)
Voilà de l’heroic fantasy d’excellente facture car tout y parfait : les dessins de Jérôme Lerculey, l’encrage de Lucyd, les couleurs de Dimitris Martinos… Et le scénario de Lewelyn (pseudonyme collectif de David Chauvel, Mélanie Guyard (Andoryss) et Patrick Wong). Sur une idée originale de David Chauvel et sous la direction artistique de Didier Poli. Pourquoi est-ce que je vous énumère tous ces gens ? Vous l’avez sûrement deviné, les Editions Delcourt ont voulu mettre les petits plats dans les grands en créant une série d’une qualité très supérieure dans un monde de la bande dessinée où les talents explosent et où la concurrence devient de plus en plus âpre.
Dire que c’est une réussite est un bien faible mot. Voilà une série qui marquera l’histoire de la BD. Scénarisée comme une excellente série télévisée, l’histoire ravira tous ceux qui adorent les complots politiques.
Si vous avez la chance de trouver un coffret contenant les 6 albums, n’hésitez pas une seule seconde !
Nazarem.
Vous connaissez cette merveilleuse cité qui, d’après les prêtres, serait pour vous une bénédiction si vous aviez la chance d’y naître ?
Mais la populace, cette ingrate, ne partage guère l’avis des prêtres. Elle trouve ses ruelles puantes. N’allez pas croire que c’est là le seul reproche que ses habitants adresseraient à leur cité, mais qui oserait ouvrir sa bouche pour proférer la moindre critique ? Qui aurait envie de terminer ses jours, exposé à l’ardeur du soleil, dans une cage à corbeaux ? Qui, à part un inconscient sur le cerveau duquel le soleil aurait tapé sans discontinuer ?
C’est dans un bouge de cette riante cité que j’ai fait la connaissance d’un de ces chacals du sud, un de ces immondes gorets. Moi, le petit noble, mage alchimiste raté et bâtard, j’ignorais alors à quel point j’allais devoir vivre avec ce porc abject…
Critique :
Dès le départ, le ton est donné : les échanges de politesses plus innovants les uns que les autres tranchent avec le ton habituel du langage utilisé dans la bande dessinée, BD qui pourrait se retrouver entre les mains d’un public non averti. Compris, fils de truies, élevés dans des bouges où les gobelins en cavale, eux-mêmes, refuseraient de glisser leurs sales pattes d’un gris-vert issu des marais les plus puants de la plus infâme zone de ces Terres d’Arran ou des Terres d’Ogon ? (Nous prions nos lecteurs d’excuser ces écarts de langage, inhabituels, qui hélas sont dus à un abus de gnôle, frelatée, de dattes ayant macéré dans l’urine de porc.)
Bref ! Nous avons ici un jeune mage incompétent qui, par suite d’un tas d’événements le dépassant complètement, se retrouve à devoir remplacer, dans les plus hautes fonctions qu’un mage peut exercer, son pseudo « père » … car tous les mages de la cour ont été occis par une attaque menée traitreusement par un nécromancien qui devait être mort mais ne l’était pas… Oui, je sais, dit comme cela, ça a l’air un peu compliqué, mais rassurez-vous, vermines issues de la pisse d’une truie… Oups ! Pardon ! Ce n’est pas le syndrome de Gilles de la Tourette, mais l’influence du scénario qui me pousse à proférer ces gros-mots…
Parlons-en ! Un excellent scénario de Nicolas Jarry, des dessins au top d’Andrea Cuneo, un encrage digne des meilleurs de Umberto Giampa et des couleurs de J. Nanjan qui ne dévalorise pas le superbe travail de ses collaborateurs… Quoi ? Qu’est-ce que vous fichez encore là, bande de lombrics puants ! Allez ! Courrez ! Filez l’acheter ! Fissa ! Fissa !
1983. Au-dessus de la Baltique. Espace aérien de la RDA.
Que viennent faire deux Saab suédois au-dessus de l’espace aérien de la RDA ? Deux MIG 21 vont se charger de les rappeler à l’ordre… Mais que diable ? D’où sortent ces trois Tomcat américains ?
Soudain, le réacteur d’un des deux MIG est soufflé ! Le pilote au lieu de suivre les conseils de sa coéquipière, s’éjecte ! Son avion s’écrase au sol et explose…
Qu’est-ce que trois Tomcat du VF-101 basés sur le porte-avion George Washington, supposé être dans l’Atlantique sud, fichent dans la mer Baltique ?
Critique :
Bienvenue dans la Guerre froide à l’époque où Reagan est président des USA et où les tensions entre le bloc de l’est et celui de l’ouest sont très tendues. N’oublions pas que Reagan ne se contentait pas d’avoir joué les cow-boys à l’écran, il en gardait quelque chose dans sa façon de mener sa politique…
Si nous connaissons bien les événements de Budapest en 1956 et ceux du Printemps de Prague en 1968, il n’en va pas de même pour ce qui s’est passé à Berlin en juin 1953 qui a connu une véritable insurrection fort peu médiatisée à l’Ouest. Peut-être parce qu’avec la guerre de Corée, la presse avait ses yeux attirés ailleurs…
La répression qui suivit, dont on ne va jamais connaître les chiffres exacts des morts civiles et des arrestations, voit naître une des héroïnes de cette histoire. Orpheline, elle deviendra une pilote émérite de l’armée de la RDA, du moins dans la partie fiction de cet album.
La répression fut traitée à la manière soviétique : les soldats avaient ordre de tirer à vue…
Mais revenons à notre héroïne qui avait, c’est important pour la suite de l’histoire, une sœur… Ses parents sont-ils réellement morts lors de l’insurrection ? Et sa sœur, se pourrait-il qu’elle se trouve à l’Ouest ?
Vers la fin de l’album, on verra apparaître le terroriste Carlos, qui fidèle à ce qu’on sait de lui, est un buveur invétéré et amateur de femmes, ce qui n’a pas l’air d’être particulièrement apprécié en Allemagne de l’Est…
Pécaud aime les histoires complexes et se documente fort bien pour créer des scénarios avec un côté historique affirmé, même s’il prend, comme il en a le droit, des libertés scénaristiques avec les événements du passé. Le scénario est donc solide et va se déployer sur trois albums.
Si les dessins de Maza pour ce qui est des avions est correct, difficile d’en dire autant pour les personnages vraiment difficiles à personnaliser. Dans cet album-ci, la mise en couleur de Jean-Paul Fernandez est correcte.
En résumé : un album avec un scénario puissant basé sur des faits réels (mais il garde des aspects purement fictionnels) avec un dessin qui n’est pas des meilleurs.
Le 1er septembre 1983. Alaska.
Le vol 007 de la Korean Air Lines décolle de l’Alaska. C’est un Boeing 747 à moitié plein.
En cours de route, le commandant de bord s’écarte de la voie prévue sur son plan de vol et survole illégalement le territoire soviétique à deux reprises… Avant de se faire abattre sans sommations…
Critique :
Je me permettrai de rester discret quant au contenu de cet album car, tant que vous n’aurez pas lu le premier, vous ne comprendrez rien aux intrigues de celui-ci. Sachez que nous sommes en pleine guerre froide, très froide même en 1983, Reagan est président aux USA, et que les services d’espionnage vont bon train. Un terroriste fait beaucoup parler de lui à cette époque : Carlos ! De son vrai nom Ilich Ramírez Sánchez, surnommé « le Chacal », il est Vénézuélien et fils d’un riche avocat communiste ! Si ! Si ! A une époque où le Venezuela ne peut être taxé de pays communiste. Il recevra une éducation supérieure à Moscou qui sera gâchée par son goût immodéré pour l’alcool et les femmes… Bref, je ne vais pas vous raconter sa vie, Wikipédia fait ça très bien, et puis, il n’est qu’un des intervenants dans cette histoire. (Sachez qu’il est en prison en France depuis des années.)
Dans cette histoire, vous allez vous égarer entre les divers services secrets, ceux de l’ouest et ceux de l’est qui se font des cachotteries au sein de la même alliance…
Mais c’est aussi une histoire de pilotes… Et là, boum bada boum ! La grosse gaffe : nous voyons clairement, sur la couverture, un MIG-21 se faire descendre, alors que dans l’histoire, il s’agit du MIG-29, le dernier, à l’époque, des avions de chasse soviétiques ! Un avion de supériorité aérienne.
Le dessin est très en dessous des critères de ces dix dernières années. Sorti en 2017, il aurait mérité un meilleur sort pour la qualité du dessin… Et de la couleur.
Et le scénario ? Il fait référence à un fait authentique ! Le 747 de Korean Air Lines abattu volontairement par la chasse soviétique le 1er septembre 1983, et qui portait bien l’indicatif KAL 007 ! 007 ? Cela vous rappelle quelque chose ? Un célèbre espion peut-être ? Les Soviétiques ont accusé les Américains de s’être servis de ce vol pour tester les défenses soviétiques au-dessus d’un territoire interdit. Un vol KAL avait déjà violé l'espace soviétique précédemment : en avril 1978, un chasseur soviétique avait été amené à tirer sur un avion coréen (vol 902 Korean Air Lines) qui avait survolé la presqu'île de Kola et l'avait forcé à faire un atterrissage en catastrophe sur un lac gelé… (Merci Wikipédia pour cette piqûre de rappel.) Il se peut qu’il ait été pris pour un avion espion américain Boeing RC-135 qui faisait une mission dans le secteur. En 1992, Eltsine a fait remettre à l’Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) les deux boîtes noires de l’appareil qui ont conduit les experts à déclarer que les pilotes du vol KAL 707 s’étaient écartés accidentellement de leur route. Voilà qui est en contradiction avec le scénario qui présente l’écart de sa route officielle comme un acte délibéré du commandant de bord sud-coréen. Si vous aimez les théories du complot, avec le vol KAL 007, vous allez être servis !
Mais ce Boeing 747 abattu par la chasse soviétique n’est qu’une des multiples péripéties dans lesquelles vous entraîne le scénario, d’autant plus difficile à comprendre que les traits de caryon de Maza ne sont pas toujours très explicites pour les personnages, même si les avions sont reproduits correctement.
Gustave Péricourt, le banquier et ami du Président de la République quitte pour la dernière fois son domicile… En corbillard !
Sa fille Madeleine est là. Après la perte de son frère due à la Grande Guerre, le divorce d’avec son mari, escroc notoire, là voilà seule avec son fils.
Elle est bonne à marier et Gustave Joubert, le fondé de pouvoirs de la banque Péricourt serait le parti idéal… Mais après avoir fait mine d’accepter ces épousailles, elle a refusé.
Le cortège funèbre est prêt à partir… Qu’attend-on ? Il manque le petit-fils, Paul ! … Mais que fait-il sur le bord de cette fenêtre ? … Mon Dieu… Paul…
Critique :
Adapter un roman de Pierre Lemaitre est un risque qu’a accepté de prendre Christian De Metter. Il assume tout : scénario, dessin, couleurs…
Mais revenons un instant à cette histoire qui a déjà connu un succès retentissant en librairie sous forme de roman. Imaginez une femme de l’entre-deux-guerres ! Son éducation ne la destinait pas à devenir une femme d’affaires. Quand on est le seul enfant en vie d’un banquier, s’y connaître en matière de finances, cela pourrait aider au cas où le paternel viendrait à migrer vers des cieux d’où, en général, on ne revient plus. Vous l’avez compris, le père trépassé, la fille n’est pas de taille à gérer l’immense fortune… Heureusement, elle peut compter sur son fidèle Joubert, l’homme de confiance de son père. Surtout qu’avec son fils entre la vie et la mort, elle a de quoi s’occuper. Et puis, elle peut aussi s’appuyer sur Léonie, sa charmante dame de compagnie. N’oublions pas la famille : tonton Péricourt, le député bien connu, est là avec sa charmante épouse et ses deux séduisantes jumelles pour lesquelles il ne désespère pas de trouver un beau parti. Et puis, il reste le précepteur de son fils Paul, un homme de grand talent, André Delcourt, qui rêve de devenir journaliste…
Ouf ! Tout est bien qui finit bien ! … Comment ? … Le feel good, ce n’est pas le genre de Pierre Lemaitre ? … Vous voulez dire que… Oh ! Ciel ! Quelle injustice ! Mais c’est infâme ! Je ne puis en dire plus ! Je suis chokéï ! Je suis chokéï !
Alors ? Pari réussi pour Christian De Metter ? Beaucoup y trouveront à redire, car en matière d’art les goûts et les couleurs… Je trouve qu’il ne dénature pas du tout l’ouvrage de Pierre Lemaitre quant au scénario… Son trait est très marqué, ce qui rend les personnages facilement identifiables, tout en gardant un côté réaliste. Quant aux couleurs sombres, c’est un choix artistique qui ne plaira pas à tout le monde alors que d’autres le trouveront en parfaite concordance avec le côté très noir de cette histoire.
Si vous n’avez pas le courage d’affronter les centaines de pages du roman original, ce roman graphique vous en narrera l’essentiel. Idéalement, lisez les deux… En commençant par le roman et en gardant la BD pour le dessert.
1926. Toulouse.
Un jeune homme se prétendant pilote se présente chez Daurat, responsable du transport du courrier par avion à destination de l’Afrique.
Pourquoi Toulouse et non Paris ?
Parce que c’est à Toulouse que Latécoère a son usine et que c’est de là que partent les avions avec le courrier vers l’Afrique. Daurat, horloger de formation, ne tolère aucun retard, aucune excuse.
Antoine de Saint-Exupéry prétend être pilote ? Très bien ! Il va commencer par montrer ce qu’il sait faire en mécanique… On verra plus tard s’il est autorisé à voler ! Il faut dire qu’avec la Grande Guerre qui s’est terminée voilà à peine huit ans, les pilotes très expérimentés ne manquent pas. Saint-Exupéry a eu beau faire son service militaire dans la force aérienne, il n’a pas l’expérience de ceux qui ont combattu de 1914 à 1918.
Critique :
Ce roman graphique qui s’attache à rendre compte le mieux possible de ce que fut la vie d’Antoine de Saint-Exupéry depuis son engagement dans le transport de courrier jusqu’à sa disparition en mer au cours d’une mission de reconnaissance en 1944, fera office de biographie assez complète pour ceux qui veulent associer un peu de texte et beaucoup d’images.
La bande dessinée est du genre « bavard », ce qui déplaira aux « taiseux ». Elle permettra de découvrir ce que furent les grandes heures de l’Aéropostale et la vie de ces pilotes qui prenaient des risques fous pour acheminer le courrier en quelques jours à peine là où il fallait des semaines auparavant.
L’ouvrage est ponctué d’extraits des textes de Saint-Exupéry, ce qui, pour ceux qui comme moi ne sont pas fans de ses écrits, paraîtra vite lassant… Mais pas au point de déconseiller ce livre, bien au contraire ! Les autres apprécieront de découvrir dans quel contexte ses écrits ont vu le jour.
Les dessins de Cédric Fernandez sont d’excellente facture classique et la mise en couleurs de Franck Perrot enrichit l’album de couleurs très variées et agréables à contempler.
Quelques fautes d’orthographe sont à déplorer, particulièrement pour un ouvrage traitant d’un écrivain renommé.
Que vous soyez fan d’Antoine de Saint-Exupéry et que vous dormiez avec « Le Petit Prince » sous votre oreiller, passionné d’aviation ou de l’aventure du transport du courrier, ce livre est fait pour vous !
- Terry B. Cole est de retour !
- Retour d’où ?
- Mais de la guerre bien entendu. Il retrouve sa « petite amie », Debbie. Elle est fiancée à un grand boss mafieux irlandais.
- Pourquoi ne l’a-t-elle pas attendu ?
- Mais si, elle l’a attendu… Trois mois !
- Ah, ben dis donc, ça en dit long sur l’amour qu’elle lui portait…
- Faut comprendre. Son actuel fiancé n’est pas n’importe qui, et il lui assure qu’il va lui faire ouvrir toutes grandes les portes d’Hollywood !
- En attendant, elle se fait surtout remarquer par ses talents de stripteaseuse !
- C’est la meilleure ! C’est une reine ! Que dis-je ? Une impératrice !
- Mouais… En attendant, le fiancé l’exploite bien dans sa boîte où certains n’hésitent pas une seconde à venir voir son spectacle tous les jours.
- Ouais ! Mais on ne peut la toucher que des yeux. Le boss ne tolérerait pas qu’on aille plus loin avec sa future femme.
- Mais Terry n’est pas là pour présenter tous ses vœux de bonheur aux futurs mariés, non ?
- Terry est venu pour rembourser les dettes de son connard de beau-frère…
- Ah, bon ? Terry a du fric, maintenant ?
- Il s’est servi dans une bijouterie avant de venir…
Critique :
Voilà du bon gros polar, bien noir. On se serait crus revenus des décennies en arrière avec ces truands machos au possible, fumeurs et buveurs invétérés. Et la femme fatale n’est pas loin. Aime-t-elle vraiment Terry ? Seule la suite de l’histoire nous le révélera.
Marini a accompli un travail graphique extraordinaire : crayon, encre de chine, lavis et juste une touche d’aquarelle rouge pour créer un contraste par la chevelure de la belle, de l’imparable séductrice, Debbie, qui tranche dans toute cette noirceur.
L’ambiance graphique créée par Marini est tout simplement fabuleuse et nous replonge dans le meilleur des films noirs en noir et blanc. Du grand art, et tant pis pour ceux qui trouveront le scénario un peu léger… avant même de connaître la suite de l’histoire.
Affaire de terrorisme ou acte d’un déséquilibré ?
Bonsoir Mesdames, bonsoir messieurs.
L’intervention du RAID dans la prise d’otages au sein d’un immeuble du quartier de la Défense a permis la libération des otages et l’arrestation du forcené, ou du terroriste, l’affaire n’est pas encore très claire. On déplore un blessé parmi les personnes retenues en otages. Ses jours ne sont pas en danger.
Que savons-nous du preneur d’otages ? Il s’appelle Delambre. Alain Delambre. Il serait un ancien cadre, directeur des ressources humaines, au chômage depuis quatre ans. La piste du terrorisme, sans être écartée, semble s’éloigner pour céder la place à l’acte d’un déséquilibré.
L’homme âgé de 57 ans aurait perdu son emploi de cadre suite aux délocalisations. Il aurait travaillé dans une entreprise qui fabriquait des bijoux de fantaisie jusqu’à ce que des produits similaires, et nettement meilleur marché, en provenance d’Asie, n’entraînent la chute de l’entreprise qui l’employait, et autrefois florissante. Delambre aurait alors accompli des petits boulots très mal rémunérés et sans qualifications pour gagner sa vie. Il semblerait qu’une plainte ait été déposée par son dernier employeur pour une affaire de coups et blessures sur son supérieur direct entraînant une incapacité de travail de celui-ci…
Critique :
Le roman « Cadres Noirs » a été le premier de Pierre Lemaitre que j’ai eu l’immense plaisir de lire. Dès lors, imaginez mon appréhension lorsque je l’ai retrouvé sous forme de bande dessinée… Scénariste et dessinateur seraient-ils à la hauteur ? Respecteraient-ils l’histoire et son esprit ? Une seule façon de le vérifier : l’acheter… Et le lire !
Et pour moi, le verdict doit être sans appel, Mesdames et Messieurs les Jurés, c’est une parfaite réussite qui respecte l’esprit et la trame du récit original. Oh, j’entends d’ici les critiques s’élever en déclarant qu’il y a trop d’allers-retours dans le temps, que cela complexifie la lecture, et pourrait même rendre incompréhensible l’histoire… Balivernes ! Ce n’est pas une BD jeunesse qui s’adresse à des enfants de cinq ans, ni même à des préados boutonneux !
D’autres se plaindront du type de dessin, de sa mise en page, ou de je ne sais quoi de facture trop classique ! Laissez ces blasés verser leurs torrents de bile et plongez-vous avec délectation dans cet album magnifiquement scénarisé par Pascal Bertho, admirablement mis en images par Giuseppe Liotti et lumineusement mis en couleurs par Gaëtan Georges.
Un seul reproche pourrait lui être adressé : il va maintenant falloir attendre probablement deux ans pour voir édités les tomes 2 et 3. J’ose croire que Giuseppe Lotti restera en charge du dessin et que notre patience sera récompensée par un travail à la hauteur de ce premier opus.
Quelque part en Prusse orientale. 1947.
Quelques pauvres fantassins allemands planqués dans une tranchée avec leurs armes légères que peuvent-ils faire contre des T44 soviétiques ?
Mais, détaler dans les bois, bien sûr ! … En espérant que les chars ennemis ne puissent les y suivre !
Soudain, les tourelles des T44 sautent comme des bouchons de champagne ! Comment diable est-ce possible ?
La camarade-lieutenant Ivana est la seule survivante, encore qu’en piteux état. La perte de son unité lui est imputée et normalement, c’est la cour martiale qui l’attend. Elle tente de se disculper avec cette histoire de monstre… De Loup gris…
Critique :
Voilà une uchronie qui fait vivre le char le plus lourd jamais créé, le Maus (« souris », ach, l’humour chermanikkke). Dans la réalité, si ce char a bien été construit à deux exemplaires, il n’a jamais combattu et s’avérait une absurdité sur le plan militaire comme l’explique le dossier en fin de volume.
L’histoire est vue entièrement du côté soviétique. Alors qu’ils ont des chars redoutables, ils sont confrontés à un ennemi « invisible » car ils se font tirer dessus avant même de l’apercevoir.
Le récit met en avant une lieutenant de blindés peu soucieuse d’obéir aux ordres et un major du KGB qui la soutient… C’est encore moins crédible que le Maus en activité… Mais cela ne doit pas vous empêcher de rêvasser en lisant cette BD.
14 juillet. Québec (Canada).
Juliette profite de sa piscine pour parfaire son bronzage. Pour une fois, elle n’est pas à l’autre bout de la planète. Il faut dire qu’avec une maman globe-trotteuse, c’est difficile de rester en place puisque son métier exige qu’elle se rende n’importe où dans le monde.
Enfin des vacances tranquilles à la maison… Juliette n’aurait-elle pas parlé trop vite ? Sa maman rentre d’une rencontre avec son patron… Nouvelle mission : partir à Paris faire les soldes… Le tout payé par l’entreprise qui emploie sa mère…
Critique :
Mon Dieu, quel beau monde, superbement artificiel ! Le bonheur est dans le shopping aux galeries Lafayette ! Soit ! Ce livre est « girly » à fond. Juliette nous entraîne à la découverte de Paris de façon très didactique. Ce livre serait-il un guide touristique pour jeunes ados ? Fort possible. C’est en tout cas l’impression qu’il donne.
Le scénario et les dialogues n’ont rien de transcendant mais les dessins sont très jolis, façon Barbie.
Nous sommes en plein dans le « feel good ». A réserver aux amateurs du genre.
Connaissez-vous la prestigieuse académie Bergström ? Non ?
En ce lieu, sont accueillis des élèves venus des quatre coins du monde. Des jeunes qui disposent de grands talents dans les domaines les plus variés : danse, sciences, mathématiques, musique, arts du cirque, dessin, etc.
C’est la rentrée. Les chambres sont prévues pour deux personnes. Ces jeunes, qui ne se connaissent pas, doivent se trouver un partenaire avec qui partager la même chambre tout au long de leur année d’études.
Mais est-ce que le fait d’avoir beaucoup de talent dans un domaine fait automatiquement de vous une personne agréable, respectueuse des autres ? On peut en douter…
Critique :
Voici une BD qui s’adresse principalement aux filles mais que beaucoup de garçons liraient certainement avec plaisir.
Dans cette académie se côtoient des jeunes aux caractères très différents. Dès le début, quatre jeunes filles deviennent rapidement amies :
1. Kamiko, Japonaise, peintre talentueuse, passionnée de photographie et de mode.
2. Idalina, Espagnole, joueuse de guitare et superbe chanteuse et danseuse de flamenco.
3. Naïma, Américaine, passionnée de cirque et jongleuse hors pair.
4. Rajani, Indienne, exceptionnelle danseuse maîtrisant les danses traditionnelles de son pays.
A ces quatre charmantes jeunes filles, vient s’ajouter le lendemain de leur arrivée, Alexa, Australienne, qui adore les animaux et espère devenir championne d’équitation.
Voilà pour les 5 gentilles qui vont former les Kinra Girls…
Mais s’il y a des gentilles, vous imaginez bien qu’il y a des pestes :
1. Ruby, richissime et détestable blonde, maîtrisant parfaitement la technique de la danse classique, mais dépourvue de toute émotion.
2. Michelle, copine de Ruby, qui ne semble intéressée que par les vêtements de marque très coûteux.
3. Une anonyme qui suit Ruby partout comme un bon toutou à sa maîtresse et qui partage sa chambre.
Précisons encore que le directeur est aveugle et se déplace accompagné de son fidèle chien… Aveugle mais pas sourd…
Beaucoup de filles entre 10 et 14 ans trouveront leur plaisir à la lecture de cette BD. Les garçons ne devraient pas éviter de lire cet album.
Les dessins et les couleurs sont magnifiques.
Public très ciblé.
28 juillet 1943.
L’équipage du bombardier Lancaster est de retour d’un raid sur Hambourg. Il pleut sur l’Angleterre… Alléluia ! Avec un peu de chance, pas de nouvelle mission ! Ouf ! Enfin, un peu de repos…
Manque de bol, la météo prévoit une éclaircie… Nouvelle mission sur Hambourg, la troisième de suite… Voilà qui ne réjouit personne ! Les Fritz voient leur principal port brûler, la flak, déjà redoutable, s’est sûrement encore renforcée… Et si cela ne suffit pas, il y a les chasseurs de nuit… En route pour l’opération Gomorrhe !
Critique :
Cet album nous fait vivre d’au plus près la vie d’un équipage de bombardier lourd de la RAF dans une de ses très périlleuses missions de nuit au-dessus de l’Allemagne. L’enfer, ces équipages le sèment dans la ville de Hambourg, mais eux-mêmes vivent des heures très périlleuses. Le danger provient aussi bien de l’artillerie anti-aérienne, que des avions de chasse ennemis, ou bien encore de la météo, sans oublier les problèmes techniques.
Les pertes au sein des escadrilles de bombardiers étaient énormes. La RAF, plus expérimentée, bombardait essentiellement de nuit, alors que L’US Air Force bombardait de jour.
Quelques images nous donnent un (très léger) aperçu de ce que pouvaient vivre les civils allemands.
C’était un défi difficile à relever par le dessinateur que de rendre visible des opérations de nuit. Philippe Pinard l’a magnifiquement relevé. Le scénario d’Antoine Crespin est au plus proche de l’humain. Les amateurs d’histoire de l’aviation apprécieront, mais ce serait réducteur de limiter le lectorat à ce seul public.
Chiffres officiels : 24 juillet 1943 : Opération Gomorrah sur Hambourg, 40 000 habitants tués, et 80 000 blessés…
Göring (Hermann) s’amuse. Göring chasse. Göring se détend en plongeant ses gros doigts boudinés dans son plat de pierre précieuses. Pourquoi a-t-il autant besoin de déstresser ? Son frère ! Albert ! Et comme si ça ne suffisait pas, sa sœur, Olga, s’y est mise aussi ! Mais quelle famille ! Ils se sont mis en tête de sauver celle de l’archiduc François Ferdinand, arrêté par les nazis qui veulent sa peau. Ils font pression sur ce pauvre Hermann pour qu’il agisse…
Critique :
Dans ce second album, vous n’allez pas en croire vos yeux ! Vous allez penser que le scénariste prend beaucoup de libertés avec l’histoire… Non ! Non ! Aussi déplaisant que ce soit à imaginer, Albert Göring s’est bien opposé au nazisme, jouant sur ses liens familiaux pour faire libérer des juifs, mais pas que… Il a fermé les yeux sur les sabotages dans les usines Skoda sur le matériel destiné aux Allemands. Il a couvert un de ses adjoints parti à Moscou fournir des renseignements aux Russes…
Etonnant bonhomme, pardon ! Quel grand Monsieur que cet Albert Göring mort dans la pauvreté après avoir sauvé bien des vies…
Hermann Göring, vous connaissez ? Oui, le numéro 2 du IIIe Reich…
Mais saviez-vous qu’il avait un frère ? Albert ! Fervent antinazi ! Si ! Si !
Ah, ça vous en bouche un coin, avouez !
Ils devaient se détester, pensez-vous… Mais non, pas du tout ! Le petit Albert aimait son frère, mais détestait ce qu’il faisait.
Nous sommes le 9 mai 1945 et il vient se constituer prisonnier…
« Faites la file comme les centaines d’autres… » s’entend-il répondre.
« Je m’appelle Göring. Oui, je suis le frère du Reichsmarschall », dit-il calmement.
« Heu… Attendez un instant, je vais passer un coup de fil… »
Critique :
Alors comme ça, les scénaristes ne savent plus quoi inventer ? Un frère d’Herman Göring antinazi… Pff ! Cet Arnaud Le Gouëfflec nous prend pour des buses prêtes à avaler n’importe quoi…
Ah, ben, non ! Ce mec a vraiment existé…
Oui, mais, bon, il n’a pas sauvé des juifs tout de même…
Heu… Ben, si ! Et pas qu’un !
Mais trêve de parlotes, je suis déjà occupé à dévoiler le contenu du tome 2. Le premier tome nous fait découvrir la vie des Göring depuis leur plus tendre enfance. Nous voyons comment se passe la Première Guerre mondiale pour chacun des deux frères : Hermann s’illustrant dans les airs, Albert ayant un rôle bien plus terne, aux communications, au fond d’une tranchée.
Les auteurs montrent pourquoi Hermann est devenu accro à la morphine.
Si vous avez l’occasion de lire ces deux BD et que vous êtes amateur d’histoire, n’hésitez pas.
C’est Noël et Ulysse Nobody, petit acteur, doit raconter un conte de Noël sur Radio Plus. Il va marquer tous les esprits avec son histoire ; Noël triste !
Dire que la déception est grande, est un doux euphémisme. Il a réussi à plomber la soirée de Noël de tous les auditeurs qui ont eu la « chance » de l’écouter…
La sanction ne se fait point attendre : il est viré ! Et la patronne de la station se fera un plaisir de le cramer dans toutes les sphères artistiques : audiovisuel, théâtres, cinémas…
Ulysse Nobody n’est plus personne ! Plus de sous ! Adieu logement ! Que va-t-il lui rester ? Et ses amis que vont-ils faire pour l’aider ? Il y en a un qui lui propose un job de télévendeur qu’il abandonne le jour-même. Il n’était déjà rien, il devient moins que rien… Même pas le droit à des allocations de chômage…
Au moment où il semble avoir tout perdu, un homme, Fabio, l’aborde. Un individu qui voit en lui un artiste de grand talent, un futur député ! Pas pour n’importe quel parti ! Non ! Pour le PFF, comprenez le Parti fasciste français…
Critique :
C’est un roman graphique qui sort des sentiers battus et nous entraîne dans les arcanes d’une vie d’acteur misérable qui va se faire récupérer par le PFF. En peu de temps, Ulysse Nobody va se transformer en un porte-parole fasciste.
Ce qui est intéressant, c’est de voir comment un « communiquant » s’y prend pour transformer un individu lambda en tribun portant des paroles d’exclusion avec un langage composé d’idées simplistes.
Toute ressemblance avec les discours de personnalités politiques françaises n’est pas accidentelle, jusqu’au nom du leader d’extrême-droite, le sieur Maréchal.
Est-ce un ouvrage politique ? Clairement ! Le scénario ne paraîtra certainement pas sympathique à des gens qui se sentent des sympathies envers l’extrême-droite ou qui envisageraient d’un bon œil la prise en main du pays par un dictateur « éclairé ».
Léo vit dans un foyer pour enfants, qu’ils soient orphelins ou retirés à la garde de leurs parents. Léo a perdu sa maman et se sent terriblement seul.
C’est un garçon solitaire qui adore construire des maquettes de bâtiments.
A 18 ans, il se retrouve dans un appartement supervisé. Il est surpris par tout cet espace pour lui tout seul.
Quelques années plus tard, il vit en couple avec Souabe, Souabe qui rêve d’aller s’installer dans le sud de la France, quitter Bruxelles, changer d’air, changer de vie. Bien sûr, elle aimerait que Léo l’accompagne. Mais Léo n’a pas l’air franchement décidé à abandonner ses repères.
Pourtant, sa situation n’a rien d’affriolant : il travaille dans une supérette d’une station-service sur l’autoroute, où il lui incombe, plus souvent qu’à son tour, de nettoyer les toilettes et le parking.
Un jour, sa rencontre avec des Roms, qui se sont installés dans un bois juste à côté, va bouleverser son existence…
Critique :
Très difficile de commenter cet ouvrage. Il y a une ligne graphique dont je ne suis pas coutumier et que j’ai vraiment du mal à décrire. Elle fait corps avec le scénario qui est tout en émotion retenue. L’émotion d’un orphelin placé en foyer d’accueil à qui il manquera toujours une famille. Un orphelin qui ne se donne pas vraiment les moyens de voir aboutir ses projets. A-t-il peur de perdre ses repères ? Sans doute. Il vit avec une fille qui ne manque pas d’ambition… Vont-ils pouvoir continuer à vivre ensemble si l’une veut absolument partir et que l’autre traine des pieds ?
La rencontre avec les Roms avec lesquels il se montre charitable (ou tout simplement humain) va lui valoir des ennuis au sein de sa boîte, mais va lui apporter un peu de chaleur humaine, une espèce de vie de famille. Pour une fois, il s’insère dans un groupe… Mais pour combien de temps ?
Voilà un roman graphique d’un grand dénuement qui fait éprouver d’autant plus fort les sentiments vécus par Léo.
Certainement un livre qui ne fera pas l’unanimité. Encensé par certains, il sera ignoré ou vilipendé par d’autres qui ont des idées précises de ce que doit être une « bonne » bande dessinée. Tout le mérite de Victor Pellet, c’est d’avoir laissé parler son cœur et ses émotions.
Scots Blulff. Nebraska. USA.
Une caravane de quatre chariots progresse péniblement dans les étendues glacées. Soudain, une squaw surgit. Charlie la voit et accourt aussitôt à son secours pour le plus grand étonnement de son frère : pourquoi secourir une squaw ? Les indiens ne sont pas des copains. La femme est une blanche, rousse, au visage couvert de taches de rousseur. Ils la transportent jusqu’à la ville la plus proche où, Charlie, toujours dans son rôle de bon samaritain, lui fait prodiguer les meilleurs soins possibles dans une chambre d’hôtel. Mais qui est cette étrange créature qui a perdu beaucoup de sang ?
Le chemin de fer progresse… Plus lentement que prévu. En cause ? Le manque de main d’œuvre, les ouvriers préférant tenter l’aventure comme chercheurs d’or. Mais aussi parce que le chemin de fer va devoir effectuer un détour de cinquante lieues pour ne pas traverser le territoire indien. Le propriétaire de la ligne en construction n’apprécie guère cette décision des autorités…
Les ouvriers noirs ne comprennent pas pourquoi ils n’ont pas les mêmes droits que les blancs puisqu’ils exécutent les mêmes tâches… Pour eux, pas d’accès au saloon, pas d’accès aux femmes ! La colère gronde…
Wild Bill Hickok est chargé de maintenir le calme dans la bourgade et sur le chantier du chemin de fer. Il a fort affaire, d’autant que les indiens semblent vouloir s’en prendre aux blancs : le cadavre d’un homme blanc, scalpé, éventré… et… et… (Je vous passe les détails scabreux).
Va-t-il pouvoir mener à bien son enquête tout en gérant les excités de tout poil qui fleurissent dans cet Ouest sauvage ?
Critique :
Une fois de plus, je suis ébahi par la qualité du dessin et de la mise en couleur de Jacques Lamontagne, un des plus talentueux dessinateurs de BD dans un univers qui ne manque pas d’artistes de qualité.
Thierry Gloris nous concocte la suite des aventures de… (ne divulgâchons pas) et de Wild Bill Hickok qui se retrouve plongé dans une multitude de problèmes qu’il se doit de résoudre avec de maigres moyens. Le racisme est présent, de même que l’appât du gain, la course contre la montre pour terminer le chantier du chemin de fer, le sort des noirs quelques années après la guerre de Sécession, le non-respect des terres réservées aux indiens, un tueur psychopathe...
Ellis Island (New York). Début des années 1930.
Une femme irlandaise, arrivée pleine d’espoir aux Etats-Unis pour retrouver son mari, ouvrier dans la construction, est bloquée sur l’île, à deux pas de l’endroit où, après des années de séparation, elle espère enfin retrouver son époux.
Un de ses enfants a une maladie pulmonaire ! Pas question d’entrer sur le territoire américain dans ces conditions…
New York, au même moment.
Giant est en bien mauvaise condition : côtes cassées, quinze points de suture au visage… Tout autre que lui serait mort ! Un petit cadeau de la part des Italo-Américains, et de Monsieur Frankie en particulier ! Giant a contrarié un des sbires du grand mafieux venu menacer les Irlandais, et Giant n’a pas apprécié ses manières, lui administrant une correction bien méritée.
Plus mort que vif, les Irlandais le remontent dans sa chambre, font venir un vétérinaire pour le soigner. Ensuite, sa voisine, une « artiste » contrariée dans son « grand talent » s’impose pour assurer la garde du blessé. Pure bonté d’âme ? A voir…
Critique :
C’est ici que s’achève ce fabuleux diptyque qui nous rappelle dans quelles conditions ont été dressés ces gratte-ciels de Manhattan et le prix que beaucoup d’ouvriers ont payé pour que de richissimes individus, en l’occurrence Rockefeller dans ce cas-ci, fassent ériger des monuments urbains à leur gloire en faisant étalage de leur pognon.
Suivant des ouvriers Irlandais sur les chantiers, Mikaël ne saurait faire abstraction des problèmes politiques en Irlande. Pas plus que de la présence de la mafia…
L’auteur n’a pas son pareil pour raconter New York. Le New York des années trente, 1930, celles qui ont suivi le grand Krach de 1929. Des années d’une misère noire. Son dessin n’est donc pas guilleret et les couleurs ternes sont là pour nous plonger dans le côté sordide de la vie à cette époque. Mais sombre et sordide n’empêchent nullement le dessin d’être d’une rare puissance artistique. D’une beauté étrange puisqu’elle est celle de conditions de vie fort peu humaines. Le rôle de l’artiste n’est-il pas de nous faire ressentir les choses qu’elles soient belles ou laides ? La laideur des situations et de la crasse sont sublimées grâce au talent de Mikaël qui transforme en petit (ou grand) tableau pratiquement chaque scène, nous immergeant au cœur de la ville ou nous faisant grimper en haut d’un gratte-ciel en construction.
Allez ! Encore un Irlandais qui a perdu pied et est venu s’écraser en bas de ce Rockefeller Center en construction. Sa famille percevra 50$ et on n’en parlera plus ! Avec tous ces chômeurs qui battent le pavé, ce ne sont pas les candidats qui manquent. Sitôt tombé, sitôt remplacé…
Le Krach de 1929 est passé par là. Des millions de chômeurs s’en sont suivis… Et ces immigrants qui continuent de débarquer en rêvant de la Terre promise !
Ces hommes qui risquent leur peau à des centaines de pieds d’altitude pourquoi le font-ils ? Ils ont des familles, le plus souvent restées au pays. Et si ce pays est l’Irlande, la guerre civile vient ajouter de la misère à la très grande misère…
Au milieu de ces travailleurs, il s’en trouve un qui ne saurait passer inaperçu… Giant ! Peu importe son nom. Ce géant porte bien son sobriquet. C’est un taiseux ! Lui arracher un mot tient de l’exploit. On ne lui connaît pas de famille. C’est à lui qu’il incombe de prévenir l’épouse de son partenaire… Ou pour être exact, la veuve de son coéquipier. Il refuse. Les autres ouvriers irlandais lui mettent la pression. Pas question qu’il se débine ! Alors, oui, il va écrire à cette femme restée en Irlande avec ses trois mômes…
Critique :
Si vous vous rendez à New York et que vous levez la tête pour contempler ces gratte-ciels qui ont fait la réputation de la ville, ayez une pensée pour tous ces immigrés venus trouver des jours meilleurs en Amérique et dont beaucoup y ont laissé leur peau, ou plus simplement des doigts ou d’autres parties de leurs corps malmenés par des conditions de travail épouvantables pour bâtir ces monuments urbains à la gloire de leurs richissimes propriétaires.
Mikaël n’a pas son pareil pour dessiner New York… Pas n’importe quel New York ! La cité des années de la grande dépression, la ville du Krach boursier qui est dans toutes les mémoires. Son trait noir, les gueules expressives de ses personnages, ses plans cinématographiques dignes des plus grands, ses couleurs ternes pour illustrer un monde âpre, tout cela en fait un artiste à part dans le monde de la bande dessinée et donne ses lettres de noblesse au 9e art. Les couvertures de ses livres constituent autant de tableaux qui marquent les esprits comme le font les toiles des grands maîtres de la peinture, et comme elles, on peut ne pas aimer, mais ce qui est sûr c’est que personne ne peut les regarder avec indifférence.
Cette histoire est rapportée en deux albums. Si vous ne voulez pas connaître de frustration, achetez les deux en même temps !
A la fin de celui-ci, il y a un carnet graphique qui nous rapporte les croquis ayant présidé à la création des personnages. Ceux qui apprécient ce genre de chose seront fous de joie.
1945. Quelque part sur le front européen dans une Allemagne où les nazis ne veulent rien céder sans le faire chèrement payer.
Altenberg, au milieu des cadavres de ses compagnons, se retourne sur son passé…
Automne 1929. New York.
Altenberg déteste son prénom. Il y a de quoi ! Son paternel lui parle sans arrêt de ses racines sur le vieux continent. Altenberg, c’est de là qu’ils viennent. Mais qu’en a-t-il à foutre du vieux continent ! Il est sur le nouveau. Là, les gens se font tout seuls ! Il fugue. La nuit est froide. Il décide de rentrer chez lui pour retrouver un peu de chaleur. Mais que font tous ces pompiers, là ? Est-ce bien son immeuble qui est en flammes ?
En une nuit, il a tout perdu et se retrouve dans la rue avec pour seuls biens les vêtements qu’il porte sur lui. Altenberg, c’est fini ! Maintenant, il n’est plus que Al ! Bientôt viendra s’ajouter un « nom de famille » : Chrysler…
Critique :
Le côté sombre réussit plutôt bien à Mikaël. Mais qu’est-ce que les vies pouvaient avoir de drôle, de coloré, dans le New York des années de la grande dépression ? Surtout pour ces migrants qui n’étaient pas spécialement les bienvenus. En particulier lorsque le travail vint à manquer après le Krach de 1929…
Mikaël adore dessiner cette ville de New York et ces années épouvantables pour des millions de chômeurs. Il traduit magnifiquement bien cette atmosphère par son trait noir d’où se dégage une atmosphère sombre à l’image de ce que vivaient tous ces immigrés.
Au travers des souvenirs de Al, il nous donne à voir combien il était difficile de survivre dans de pareilles conditions au sein de la monstrueuse cité, en particulier pour un gamin orphelin.
Cireur de chaussures. Seul moyen de subsistance pour un môme qui vivotait dans la rue et dont la seule famille se résumait à Shiny, un fils de personne, aussi paumé que lui. A deux, ils ne se débrouillaient pas trop mal : oui, ils survivaient. C’était déjà ça.
Et puis, un jour, il y eut Maggie… La belle Maggie. Celle qui prenait Al de haut. Lui, il savait que personne ne comprenait cette fille. Elle avait quelque chose à cacher. Il en était follement amoureux. Son rêve, c’était d’entraîner Maggie Beauford à Coney Island, sur la grande roue …
En mélangeant les époques, parfois sur la même planche, Mikaël risque d’égarer l’un ou l’autre lecteur. Les scènes se déroulant en Europe sont dans un gris bleuté. New York est plongée dans les bruns, les beiges et parfois les verts.
Les scènes ont un côté cinématographique appuyé : gros plans, plongées, contre-plongées… rendent vivante cette histoire qui nous fait découvrir que le pays de l’Oncle Sam était loin d’être un paradis pour tous, mais que l’espoir de s’élever socialement était très fort parmi cette faune bigarrée.
La couverture est une pure merveille d’art graphique. Plus de la moitié de la page est remplie par la réflexion sur une flaque d’eau des immeubles de la ville et de la voiture pour mieux isoler le « bootblack » agenouillé se livrant à sa tâche.
Harlem (USA). Pendant la grande dépression.
« Alors comme ça, poulette, toi, une femelle, noire qui plus est, une Française, pouah, quelle horreur ! tu comptes tenir tête à Dutch Schultz, le « Hollandais » ? Tu te mettras à genoux devant moi… Comme les autres ! »
Queenie n’a pas l’air d’avoir peur de la menace même si celle-ci a été accompagnée du son fort répétitif et monotone de la mitraillette Thompson alimentée par son chargeur « camembert ».
Un journaliste blanc, venu pour l’interviewer doit se contenter de prendre quelques notes pour relater l’événement, Mrs. Stéphanie St.Clair l’ignore superbement et quitte la boîte la tête haute, non sans avoir au préalable, glissé quelques billets à son homme de confiance, Bumpy, pour qu’il aille dédommager le taulier…
Critique :
Décidément, Queenie est à la mode ! Après l’excellent « Queenie, la marraine de Harlem » d’Aurélie Lévy, en noir et blanc, c’est au tour de Mikaël de nous proposer sa vision de cette reine de la petite pègre noire de Harlem. Comparaison n’étant pas raison, je vous ferai grâce de commentaires destinés à mettre en évidence un album plutôt qu’un autre. Leurs styles étant diamétralement opposés, la lecture des deux s’impose pour tout amateur de BD aimant les ambiances noires (entendez par là ce que vous voulez, ce mot dans ce cadre-ci étant très riche de signifiants).
L’histoire se déroule en plein pendant la grande dépression aux Etats-Unis. Un des pires moments de l’histoire du pays. Une époque où le racisme n’a nulle raison de se cacher. C’est aussi naturel que de respirer. La plupart des flics sont donc racistes et franchement corrompus au point que l’on éprouve plus de sympathie pour une petite reine de la pègre que pour un officier de police.
Le dessin est sombre ! Très sombre ! Tout comme les couleurs. Le lecteur n’est pas là pour rigoler. Dans cet univers, la joie n’a pas sa place même si le sexe est très présent. Le métissage non plus n’est pas à l’ordre du jour. Que chacun reste bien dans sa communauté : les noirs avec les noirs, les juifs avec les juifs, les ritals avec les ritals, les Irlandais avec les Irlandais… Bien entendu, tout en bas de ces communautés, il y a celle des nègres et des négresses. Ils n’ont de cadeaux à attendre de personne. Pourtant Queenie s’obstine à être une femme extrêmement riche, réussissant à naviguer au milieu de cet univers dominé par les mafieux. Mais d’où lui vient cette richesse ? D’une loterie très simple où il est pratiquement impossible de tricher. Plus la crise se fait sentir et plus les gens misent, seul espoir de s’en sortir.
Les flics sont corrompus ? Où est le problème puisque le maire lui-même donne l’exemple ! La loi du plus fort s’applique et c’est cela que traduit le trait de Mikaël. Un trait dur comme s’il était tracé à coups de couteau dans les chairs. Les couleurs et le trait ne plairont pas à ceux qui ne voient pas à quel point ils servent le dessein de l’auteur d’immerger le lecteur dans un univers de désolation même si une Stéphanie St.Clair refuse d’abdiquer devant ses nombreux ennemis qui rêvent de la voir rouler à leurs pieds.
Queenie a réellement existé et a connu un destin exceptionnel. Mikaël s’empare de son personnage, de son passé, mais décide de prendre quelques libertés. Il n’y a plus qu’à patienter jusqu’à la sortie du second album pour connaître la suite des péripéties de Mrs. St.Clair.
La Corée, celle du Nord, vous connaissez ? Cette sympathique république « populaire » qui a envahi le sud en 1950, avec l’appui des Chinois et des Russes, mais chuuut ! Officiellement, les Coréens du Nord agissent seuls…
C’est dans ce splendide contexte que la CIA a chargé un avion espion Neptune d’aller se balader dans ce merveilleux pays. A son retour, mauvaise pioche, un Mig 15 a été envoyé pour l’intercepter. L’aéronef américain se fait abattre en territoire hostile. Ce qui ne plaît pas aux Américains, c’est que leur Neptune est bourré de nouveaux systèmes électroniques « top secret ». Faut pas que ça tombe entre de mauvaises mains. Il faut envoyer au plus vite des avions détruire ce qui reste de l’avion espion. Et qui est désigné pour accomplir cette mission casse-gueule ? … Vous ne voyez pas ? On est dans « Angel Wings » tout de même ! … Comment ? … Angela ? … Non ! Non ! Mais vous n’êtes pas loin… C’est Rob Clower, le petit copain d’Angela !
Bon, mais Angela dans tout ça ? Ah, elle ? Eh bien, elle est aux USA où elle sert de cible à des petits gars qui apprennent à se servir du Sabre, le nouveau bijou de l’US Air Force…
Critique :
C’est avec une joie immense que je retrouve Angela, alors que je ne m’y attendais plus, la Seconde Guerre mondiale étant terminée. Mais voilà, les hommes étant incapables de se tenir tranquilles, une nouvelle guerre a démarré en Corée. Angela reprend du service dans une aventure fort peu crédible. Que la CIA lui confie une mission de la plus haute importance en Corée… au sol, dans un camp de prisonniers et à deux pas de la Chine… Mouais… Bon, d’accord, Angela est une ancienne de l’OSS dissoute au lendemain de la guerre pour être remplacée par la CIA… C’est un peu l’histoire cyclique du serpent qui se mord la queue…
Si vous avez des sympathies pour la CIA, ne lisez pas cette BD car vous ne tarderez pas à vous rendre compte que ses dirigeants sont de vrais s…… si on en croit Yann qui est au scénario.
Les dessins de Hugault sont à tomber par terre, une fois de plus, et contrairement à nombre de dessinateurs qui s’en sortent plutôt bien avec les avions et les décors, mais pas avec les personnages, chez Hugault, tout est splendidement réalisé.
Bon, la guerre de Corée n’étant pas finie, un 8e album s’y déroulant devrait voir le jour…
XVIIe siècle. Venise.
Qui diable est ce spadassin qui s’apprête à occire Dieu sait quelle victime, caché derrière un masque aussi hideux que peut l’être l’âme d’un assassin ?
Ce n’est là que théâtre pour faire frémir de plaisir les Vénitiens et leurs hôtes de passage.
Pourtant, l’une des scènes de cette pièce donne des idées au fort peu désintéressé serviteur d’un jeune héritier qui pour l’heure est loin de profiter de la fortune de son immensément riche, et très avare, paternel.
Qui sont ces deux fiers hidalgos qui se cachent sous leurs capes tout en contemplant une splendide actrice bohémienne jouant le rôle d’une agnelle dans une fort médiocre mise en scène d’une fable du sieur de la Fontaine ?
Critique :
Le style graphique est époustouflant ainsi que la mise en couleur. Je découvre l’incroyable talent de Jean-Luc Masbou. Quant au fort intéressant scénario d’Alain Ayroles, il nous plonge en plein XVIIe siècle. Les allusions à Molière et à Jean de la Fontaine sont légion. Il y a quelque chose de Gosciny dans cet ouvrage de par le fait que l’histoire est parsemée d’allusions à des auteurs classiques qui nous permettent de revisiter des textes lus au cours des études secondaires.
En gros, voilà une histoire d’île au trésor, de pirates, d’avare, d’amour et de cape et d’épée. Vous pouvez même réécouter Wagner et son « Hollandais Volant », puisque celui-ci s’invite de fort originale façon dans ce scénario dont la principale caractéristique est de voir les rôles des âmes nobles confiés à des animaux, un loup, un renard et un lapin blanc, tandis que les hommes se voient attribuer les rôles ô combien peu vertueux.
Cette intégrale comprend les deux premiers tomes, mais l’histoire semble loin de s’achever à la dernière planche. Quatre autres intégrales suivent…
Alix vit maintenant à Rome. Il est devenu citoyen romain. C’est un proche de César qui poursuit la guerre en Gaule (le siège d’Alésia n’a pas encore eu lieu).
Une nuit d’orage, Alix décide de sortir de son lit pour contempler l’obscurité de la ville déchirée par les éclairs. Il aperçoit un homme sautant de toit en toit. L’individu est poursuivi par des militaires. On dirait des hommes de Pompée. Le solitaire brandit une épée et se défend comme un beau diable, mais seul, face à un groupe, il finit par tomber du haut d’un toit. Alix, qui a assisté impuissant à la scène, décide de se rendre dans la rue où le fuyard est probablement tombé. Notre jeune héros est convaincu que ce dernier a crié son nom…
Critique :
Jacques Martin nous entraîne dans un complot mené par Pompée pour se débarrasser de son rival, César, qui guerroie en Gaule. Le troisième consul, Crassus, a avalé de travers l’or que les Parthes, dont il voulait s’approprier les terres, ont versé dans sa bouche. Il ne reste plus que deux candidats assoiffés de pouvoir. Au moment du récit, Pompée occupe une position avantageuse puisqu’il est à Rome. Il nuirait beaucoup à César si les Germains et les Gaulois s’alliaient. Jules ne tiendrait probablement pas face à ces deux peuples réunis sous un même commandement.
L’auteur prend fait et cause pour César qu’il présente comme un bienfaiteur apportant en Gaule la « paix » et la civilisation… Mouais…
Dans l’édition grand format publiée par Casterman en association avec quotidien belge LE SOIR, il y a, en plus de l’aventure d’Alix, un cahier fort bien fait qui publie, non seulement des planches et des dessins originaux, mais qui fait aussi la distinction entre ce que l’on sait aujourd’hui de César et de Pompée.
Une magnifique édition, hélas difficile à trouver.
Augusta Falls (Géorgie – USA). 1939.
Joseph Vaughan est un écolier tranquille, rêveur, amoureux de toutes les filles, doué pour l’écriture, très apprécié par sa jeune institutrice, mademoiselle Webber, qui l’incite à prendre part à un concours d’écriture. On pourrait croire que malgré les conditions de vie difficiles de sa famille et de celles des autres habitants de la petite ville et des fermes alentours, il mènerait une vie paisible. C’était le cas jusqu’au jour où fut découvert le corps d’une écolière, pas n’importe laquelle, Alice Ruth Van Horne, dont il était précisément amoureux à ce moment-là et avec qui il envisageait un avenir heureux. La petite a subi des sévices que la décence ne m’autorise pas à décrire ici.
Qui est le coupable ? Pour certains habitants de la région, ce ne peut qu’être un « nègre » de passage. Serez-vous surpris si je vous dis que c’est notamment une idée partagée par un ami de la famille Vaughan, un homme d’origine allemande… Tiens, depuis deux mois les Allemands ont déclenché la guerre en Europe… Est-ce bien avisé de sa part d’accuser d’autres hommes d’un crime ? Mais les « nègres » sont-ils des hommes ? C’est la question que certains se posent dans ce sud très marqué à cette époque-là par le Ku-Klux-Klan, ces encagoulés « ô combien courageux » puisqu’ils n'hésitaient pas, armés et en nombre, à pendre de pauvres noirs dont le crime le plus horrible était leur couleur de peau. Racistes ces Américains-là ? Oh, comment osez-vous ! Et que fait la police ? Oh, sûrement occupée à regarder ailleurs…
Peu après, le père de Joseph décède. Les conditions de vie de sa famille n’étaient déjà pas terribles, voilà qui ne va pas les améliorer.
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Tant qu’à cultiver les mauvaises nouvelles, allons-y pour une autre : une nouvelle fillette a été assassinée dans d’horribles conditions. Joseph se sent coupable de ne pas avoir su la protéger. Il va encore avoir l’occasion de beaucoup culpabiliser car ces deux là ne sont que les deux premières…
Critique :
Voilà un magnifique thriller mis en musique par Fabrice Colin d’après R.J. Ellory. Richard Guérineau, au dessin, crée une atmosphère très sépia, comme si ses dessins sortaient d’un vieil album photo. Les émotions sont au rendez-vous en suivant les malheurs de Joseph Vaughan. Celui-ci va devenir un très grand écrivain qui, pour se libérer des démons de son épouvantable passé, va écrire le livre qui va narrer ses aventures jusqu’à la découverte du tueur en série. Ce dernier ne s’arrêtera pas aux meurtres de deux fillettes.
Alors, pourquoi seulement quatre étoiles ? Malgré l’intérêt de l’histoire, je me suis senti égaré dans le découpage du récit. Ce n’est pas évident de s’emparer d’un tel roman et de le rapporter en une centaine de planches. J’ai dû revenir en arrière à plusieurs reprises pour me rappeler qui est qui, les dessins des différents protagonistes n’étant pas toujours très évidents, même si j’ai apprécié le graphisme de ces mêmes dessins. J’étais convaincu, dans les premières pages de ma lecture que cela se solderait par cinq étoiles à l’arrivée, et puis une gêne s’est installée. Mes neurones sont peut-être trop vieux pour tout capter…
Janvier 1943. Résidence du Berghof (Alpes bavaroises).
Hitler reçoit Himmler qui vient lui faire rapport de l’incident survenu au camp de concentration du Stutthof où il a bien failli laisser sa peau suite à un attentat. Il expose les recherches que menait Bleiberg, recherches destinées à produire l’Übermensch, le surhomme aryen.
De nos jours. Sur la route entre la Suisse et la Belgique.
Eytan, le tueur au service du Mossad, Jay Corbin, trader paumé, et la splendide Jacky Walls, agent de la CIA chargée de protéger Jay Corbin, roulent en direction de la Belgique suivant en cela les indications trouvées dans le coffre suisse laissées par le père de Jay.
Eytan éprouve un besoin urgent en pleine nuit. Une halte dans une station-service le long de l’autoroute s’impose… Résultat : six morts…
Critique :
Pendant que nos protagonistes avancent dans la découverte du complot, Jay est de plus en plus amoureux de Jacky Walls. Les mauvaises nouvelles se succèdent pour le trio qui ne fait que croiser sur sa route des méchants de plus en plus vilains et agressifs. L’histoire de l’épidémie de choléra au Mexique est de plus en plus suspecte…
Ce volume est dédié aux révélations de tout poil et à des scènes d’action particulièrement bien rendues par Peynet. Le nid d’aigle d’Hitler, Hitler lui-même et Himmler sont remarquablement dessinés.
J’ai légèrement moins aimé ce récit-ci car, même si les scènes explosives sont bien rendues, il y a moins de suspense… Cependant, la fin de ce volume laisse augurer d’un troisième album plein de rebondissements.
New York (USA).
Je m’appelle Jeremy Novacek, j’ai trente-et-un ans et je suis une ordure. Je gagne des millions grâce à mon métier de « trader ». Fortune que je dilapide avec de jolies femmes, en sorties, en bagnole de luxe. Voilà six mois, je suis devenu un assassin. J’ai tué une fillette de quatre mois…
Critique :
Aimez-vous les récits complotistes, genre des banquiers qui se présentent dans la cellule d’Hitler alors qu’il est prisonnier en 1924 en Bavière dans la prison de Landsberg. Ils lui proposent l’appui du patronat, des banquiers et des industriels pour arriver au pouvoir mais à condition de mettre en place des programmes scientifiques dans les domaines militaires, industriels et… médicaux !
On croisera régulièrement l’affreux Himmler au cours de cette aventure. Mais il sera également question d’un certain Bleiberg, savant hyper doué et satanique qui va s’allier avec les nazis pour…
Mais le récit se déroule aussi de nos jours. Quel est le lien avec le projet Bleiberg, alors ? Mais enfin, comment osez-vous me demander de spoiler ce remarquable scénario des mains de Serge Le Tendre, d’après le roman de David Khara ?
Sachez qu’il y a des représentants du Mossad, du MI5 et de la CIA sur le terrain… ET des vilains-pas-beaux-bouh-qu’ils-sont-laids, des affreux, quoi !, au service d’une obscure et très puissante organisation secrète !
Ah, oui, j’allais oublier : il y a aussi une épidémie de choléra qui se déclenche au Mexique, un choléra d’une rare virulence, jamais rencontrée jusqu’à ce jour… Quand je vous parlais de complotisme !
Cette aventure est admirablement dessinée par Frédéric Peynet, un dessin très réaliste, méticuleux, précis et dynamique. Sa mise en couleur est parfaite.
De la grande aventure avec des personnages hauts en couleur qui ne vous laisseront guère beaucoup de répit.
USA. Dimanche, 30 octobre 1938.
« Nous interrompons notre programme pour diffuser un communiqué spécial. L’observatoire de Mount Jenning, Chicago, a signalé plusieurs explosions de gaz incandescent se produisant sur la planète Mars… »
Critique :
Laurent Galandon nous fait revivre au travers des foyers américains écoutant la chaîne CBS à la radio cette soirée mémorable au cours de laquelle nombre d’Américains crurent à une invasion extraterrestre ! Au secours ! Les Martiens débarquent ! Aux commandes de la radio, le génial Orson Welles qui adapte en pièce de théâtre radiophonique une œuvre d’un autre Wells, H.G. Wells, « La guerre des mondes ».
Au lendemain de cette émission, CBS et Orson Welles sont dans leurs petits souliers. On leur reproche d’avoir causé la mort d’innocents, convaincus de l’invasion martienne, au nombre desquels la famille Oates. Les journaux ont largement exagéré les faits dans le but évident de vendre leurs papiers, mais aussi de s’en prendre à la radio, nouvelle venue qui leur pique des parts de marché.
Le patron de CBS charge le grand journaliste Douglas Burroughs de mener l’enquête. Douglas est très réticent. Cela fait un bout de temps qu’il a quitté le monde du journalisme. Il veut devenir romancier, dépité par une affaire qui lui mine le moral et le dégoute de son métier. Coincé par le syndrome de la page blanche, il finit par accepter la proposition.
Et nous voilà embarqués dans une affaire bien plus compliquée qu’un suicide. Une affaire sur fond de haine raciale, où, pour certains, un « colored » ne peut qu’être coupable. Mais pour autant est-il innocent ?
L’atmosphère de ces années trente est superbement rendue par les dessins de Jean-Denis Pendanx. Une des plus belles sorties de l’année 2021.
L’ouvrage doit beaucoup au journaliste américain Douglas Burroughs qui a écrit « A fake story » au terme de ses investigations sur le sort de la famille Oates… Du moins, c’est ce que l’auteur Laurent Galandon essaie de nous faire croire… Je ne vous en dirai pas plus, mais au terme de la lecture de la BD, faites quelques recherches sur Douglas Burroughs. Au diable si vous n’êtes pas surpris par ce que vous découvrirez. Faux et usage de faux !
Espiritu Santo (Archipel des Nouvelles-Hébrides). Août 1943.
Steve et Frank, deux pilotes américains viennent de débarquer sur l’île après s’être remis de leurs blessures aux Etats-Unis. Très vite, ils sont surpris par les étranges « blessés » qu’ils croisent sur leur route. Cela ne ressemble guère à des blessures de guerre… « Papy » Boyington ne doit pas être loin !
Critique :
Il ne faut pas croire tout ce qu’on écrit ! Voici ce qui figure sur le site des Editions Zéphyr (Dupuis) : « La véritable histoire de Gregory Boyington et de ses "Moutons Noirs". »
Vous allez y découvrir un Papy Boyington bagarreur et alcoolique. On est très loin de la véritable histoire de cet homme et bien plus près de la série télévisée « Les Têtes brûlées ».
Cet album-ci, non dénué d’humour, montre comment Boyington en a marre d’être inactif alors qu’il rêve d’en découdre avec les Japonais. Par une pirouette, non dénuée de culot, il arrive à se voir affecté l’escadrille VMA-214 du corps des Marines dont les pilotes sont au repos en Australie. Il ne lui reste plus qu’à trouver des pilotes.
Les dessins des personnages sont potables, sans plus, mais les scènes avec les avions sont de toute beauté. Ce scénario est une introduction à la mise en route dans le Pacifique de l’escadrille qui se nommera d’abord « The Boyington's bastards » (les bâtards de Boyington), mais ce nom d’escadrille, jugé inconvenant, va vite devenir « The Black Sheep » (les « Brebis galeuses »). Pourquoi les « bâtards » me demanderez-vous… Eh bien, parce qu’il est composé de pilotes sans affectation, des orphelins en quelque sorte.
Une bonne BD d’aventures aéronautiques.
Tokyo. 1826.
Une fillette d’une dizaine d’années accompagne son père pour aller livrer un kimono d’une qualité exceptionnelle dans une de ces maisons où vivent des geishas, véritables institutions au Japon.
Une surprise de taille l’y attend…
Critique :
Un fabuleux travail d’équipe qui aboutit à un chef-d’œuvre.
N’étant pas très doué pour le japonais, j’ai eu un peu de mal à m’y retrouver parmi les noms de tous ces personnages. Cela étant dit, voilà un scénario très original qui aurait pu être sans grande passion. Mais tout au long de ces 104 pages, on se prend d’intérêt pour le sort de cette gamine vendue par son père, pas si paternel que ça, à une de ces maisons qui éduquent les fillettes afin qu’elles deviennent des geishas accomplies, à moins qu’elles ne restent des servantes toute leur vie. Les intrigues vont bon train, la jalousie est omniprésente, ainsi qu’une culture japonaise qui est aux antipodes de la nôtre.
Les dessins sont somptueux et la mise en couleur est à tomber par terre ! Je ne puis m’empêcher de penser à Alfons Mucha pour l’élégance du trait et la subtilité des couleurs ! C’est du grand art ! Les drapés des kimonos sont d’une élégance rare et vont vous éblouir.
J’en viens à regretter que cet album n’ait pas des dimensions plus importantes pour apprécier encore davantage le travail d’orfèvres de cette fine équipe. Et dire que j’ai eu tant de mal à me laisser convaincre par Gilles et Jade ! « Une histoire de geishas… Bof ! Très peu pour moi ! » Finalement, j’ai acquis ce livre pour leur faire plaisir… Et j’aurai attendu deux ans avant de le lire, aujourd’hui, me disant qu’à défaut d’un scénario intéressant, je pourrais toujours regarder de jolies images… ou lire un autre livre…