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Les avis de - N.Balutet

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    N.Balutet Le 28/05/2021 à 19:46:21
    Capitaine Bonhomme - Tome 2 - Le Capitaine Bonhomme au Mexique - Dynamite et... Tequila

    Entre 1962 et 1977, une émission pour enfants triomphe sur la chaîne de télévision québécoise Télé-Métropole : il s’agit du Zoo du Capitaine Bonhomme qui met en scène les tribulations d’un personnage pittoresque et aventureux, coiffé d’une casquette de marin et pourvue d’une splendide moustache. Ce personnage incarné par Michel Noël (1922-1993) qui, auparavant, avait joué le rôle du Capitaine Hublot dans l’émission L’île aux trésors, va être adapté, au début des années 70, en bande dessinée. Le Capitaine Bonhomme est ainsi couché sur le papier et décrit de manière pour le moins élogieuse : « directeur du cirque du même nom, ceinture noire de judo, karaté et aïkido, haltérophile de réputation mondiale, chanteur de charme, etc., etc. ». Il est accompagné de trois compères : « Mademoiselle Tizoizeau, écuyère, cuisinière et lépidoptérologue (experte en papillons) » ; « Le clown Momo et sa vache Gertrude » ; et « Jules Lemelon, secrétaire du Capitaine et poète méconnu ». Dans une de leurs aventures, ces quatre personnages nous entraînent au Mexique dans un album sous-titré Dynamite… et tequila dont l’intrigue est aussi improbable et compliquée qu’ennuyeuse et décousue .
    A l’instar du sous-titre de l’album, les clichés concernant le Mexique ne manquent pas et c’est bien là le problème de cette bande dessinée qui, à notre sens, exprime parfois des conceptions frôlant le racisme. Passons sur la fiesta avec les mariachis, la cucaracha qui semble être le seul air mexicain connu, la focalisation sur les sombreros, les allusions à l’histoire chaotique du pays en la personne de Veracruz, ce militaire, « démissionnaire quelques années plus tôt après un coup d’état manqué » mais ô combien grand « analyste militaire réputé »… Tout cela fait bien entendu parti du Mexique et sa culture mais les Mexicains, contrairement à ce que montre l’ouvrage dont le graphisme et les couleurs criardes sont par ailleurs particulièrement dérangeants, ne sont pas tous des joueurs invétérés, des voleurs et des personnes « à la mine peu engageante ». Par ailleurs, l’espagnol, limité à quelques phrases, est parfois massacré avec cet horrible vacheros au lieu de vaquero ou le tréma sur l’interjection aï (« ay » en bon espagnol) quoiqu’on relève le bon usage de l’expression idiomatique pour trinquer entre amis « Salud ! Amor ! Pesetas !) qui s’emploie cependant plutôt en Espagne. Plus réussie est la description des paysages désertiques de l’Etat de Chihuahua mais, là encore, la bande dessinée agace par sa propension à souligner le climat aride et inhumain de cette région : « Après avoir traversé plusieurs déserts, la caravane chemine maintenant dans la sierra, région sauvage coupée de précipices vertigineux » ; « gravi des pentes abruptes, traversé des cañons sans le moindre filet d’eau, franchi des gouffres vertigineux ». En conclusion, seul la carte du Mexique et le petit reportage de trois pages qui clôt l’album ont notre faveur. Ecrit par Roger Coulon, ce texte à destination des enfants est bien documenté, fort lisible et complet car il traite de géographie, de botanique, d’histoire, de traditions, bref de culture, le tout accompagné de dessins représentant un pectoral de jade maya, une sculpture du dieu Quetzalcóatl, une pyramide de la cité yucatèque de Chichén Itzá, la célèbre façade la cité universitaire de Mexico, etc.

    Nicolas Balutet

    N.Balutet Le 26/05/2021 à 17:14:28

    L’album La Dame, le Cygne et l’Ombre , publié en 1989, présente trois histoires inspirées de l’univers cinématographique. Dans le premier « one shot », intitulé « La dame d’épées », le dessinateur Philippe Berthet aidé par sa femme et scénariste Dominique David nous transporte dans la région mexicaine du Michoacán, plus précisément dans la ville de Pátzcuaro. Là, le cinéaste Gorky Stubborn retrace pas à pas les dernières heures de son ami scénariste Jim O’Henry retrouvé assassiné ou suicidé quelques jours auparavant. Après un entretien avec une vieille chiromancienne qui lui lit l’avenir dans des cartes de tarot xultún représentant des anciennes déités, Gorky part à la recherche d’une jeune femme nommée Almería, l’héroïne du scénario inachevée de O’Henry. La venue de Stubborn n’est pas du goût de tout le monde et il se fait agresser dans sa chambre d’hôtel avant qu’on ne lui dérobe le manuscrit.
    La fête des morts étant arrivée, Stubborn s’embarque sur l’île Janitzio située au centre du lac de Pátzcuaro, convaincu qu’il est que la solution de l’énigme se trouve là-bas. Il y retrouve en effet Almería qui lui apprend son aventure avec Jim. Or, la communauté tarasque à laquelle elle appartient, une communauté qui a conservé en grande partie l’authenticité de ses coutumes, lui interdit d’épouser une personne étrangère à son peuple. Déjà sa mère avait trahi sa communauté en aimant un blanc. Jim fut donc assassiné pour cette raison cependant que Gorky est en passe de suivre le même chemin. C’est sans compter l’aide d’Angel, un jeune vagabond loquace, qui permet à Gorky d’échapper à la mort. Cette courte histoire se termine par le retour de Gorky à Hollywood où le film tiré du scénario de Jim est un succès. De son côté, Almería est enceinte d’un petit garçon.
    Cette histoire est fort bien documentée. Non seulement l’espagnol qui est très présent dans les dialogues des personnages est bien maîtrisé – une seule faute dans le mot « Municiónes » qui n’a pas besoin d’accent – mais les décors sont crédibles et l’univers mexicain de la fête des morts, certes assez topique, est bien figuré.

    Nicolas Balutet

    N.Balutet Le 26/05/2021 à 17:02:48
    Barracuda (Weinberg) - Tome 2 - Le puits sacré de Chichen Itza

    En 1979, le dessinateur belge Albert Weinberg (1922-2011), bien connu pour son personnage de Dan Cooper, un jeune aviateur canadien, publie les deux seuls albums de la série des « Barracuda », surnom de deux plongeurs, l’Allemand Jan et le Danois Eric. Le premier opus, Les drakkars d’or, nous transporte en Scandinavie cependant que le second, Le puits sacré de Chichén Itzá , nous conduit au Mexique, plus précisément au Yucatan.
    Chichén Itzá qui, selon Jan, « de toutes les villes mayas, [est celle] qui a atteint le plus haut degré architectural de ce peuple », n’est autre que le personnage principal de la bande dessinée. L’ouvrage commence certes à Acapulco, décrite comme sur une brochure touristique (« Côte Ouest du Mexique. La douceur du climat, les innombrables plages de sable fin et le confort des hôtels attirent constamment les touristes par milliers. Le symbole de cette joie de vivre, c’est la ville balnéaire d’Acapulco, baignée par les eaux tièdes du Pacifique. Partout, plantés dans des écrins de verdure et de fleurs, les hôtels luxueux s’échelonnent à quelques pas des eaux émeraude. ») pour nous entraîner ensuite à Taxco (« Taxco est une bourgade très ancienne ayant conservé entièrement son caractère typiquement mexicain et qui est devenu un site classé. Située entre Acapulco et Mexico, Taxco est visitée par des milliers de touristes dont beaucoup sont attirés par les bijoux en argent. Il y a près de 200 « boutiques » à Taxco qui regorgent d’objets en argent. Les mines sont à quelques pas ; elles truffent les flancs de la montagne, depuis plus de 400 ans. Cortès les a visitées avant les touristes d’aujourd’hui… ») mais l’action se déroule essentiellement dans « la mystérieuse cité maya-toltèque, endormie depuis près de cinq siècles ».
    A la lecture des pages de l’album, on ressent l’admiration de Weinberg pour cette cité et la documentation qu’il a réuni afin de reproduire le plus fidèlement possible les décors et les objets. Ce trait de la bande dessinée est à la fois ce qui en fait sa qualité et son plus gros défaut. On y décèle trop le didactisme. Les explications sur les hiéroglyphes (« Tout comme les Egyptiens, les indiens habitant les terres du Mexique et une partie du Guatemala, avant l’arrivée des conquistadores espagnols utilisaient une écriture hiéroglyphique, dont la traduction este encore malaisée, les Aztèques et les Mayas donnant diverses interprétations par signe ou motif peint au gravé. »), sur l’existence – fictive ici – d’un tombeau sous l’Observatoire (« il s’agit d’un croquis de la pyramide des Inscriptions à Palenque. On y a découvert une ancienne crypte dans laquelle reposaient les restes d’un haut dignitaire. Il s’agit d’une découverte qui a bouleversé la théorie admise jusqu’alors [car] on affirmait que les pyramides américaines contrairement à celles d’Egypte ne contiennent jamais de tombes ») et surtout les longs commentaires sur le cenote, le puits sacré, fort bien expliqués par ailleurs, font perdre à l’ouvrage sa part de spontanéité et d’imagination. Voilà pour exemple le texte explicatif du cenote qui accompagne la reproduction des fouilles de 1967 :

    "Le puits sacré de Chichén Itzá, appelé aussi cenote par les Mexicains, n’a pas de caractère unique. Le sol calcaire de la presqu’île du Yucatan en est truffé dans sa partie septentrionale. Beaucoup parmi ces excavations atteignent plus de 70 m. de diamètre et les eaux qui les remplissent seraient d’origine souterraine. Les Mayas qui n’utilisaient aucun système d’irrigation malgré la sécheresse du climat, s’en remettaient à Chac, le dieu de l’eau et de la pluie, pour assurer leurs besoins. Pour attirer les faveurs de Chac, on jetait dans le puits de l’encens, du copal, des objets d’or, des bijoux, du jade, etc. Par la suite, on en vint aux sacrifices humains… Il en fut ainsi durant plusieurs siècles à Chichén Itzá. Ainsi, ces objets accumulés au fond du puits finirent pas constituer une véritable mine d’or pour les chercheurs de trésor et pour les archéologues… Arrivés les premiers, les conquérants espagnols transformèrent en lingots les objets d’or qu’ils récupérèrent. Puis, jusqu’au 20è siècle c’est l’oubli pour le puits des sacrifices. Entre 1904 et 1907, un américain en tenue de scaphandrier est le premier à explorer le cenote. Il en remonte une multitude d’objets d’une valeur inestimable qui sont aujourd’hui au musée Peabody de l’Université de Harvard. En 1954, sous le contrôle de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire, une expédition est montée et des plongeurs appartenant au club des « frogmen » de Mexico descendent dans le puits. Hélas, l’eau bourbeuse les empêche de localiser les objets ensablés dans le fonds du puits. De 1960 à 1968, nouvelles explorations. Parmi les richesses, des dizaines de crânes humains… macabres présages ? »

    Cela étant, l’album conte les aventures des deux plongeurs européens accompagnés de Beatriz, une archéologue mexicaine blonde et qui déchiffre les hiéroglyphes aussi vite qu’elle lirait un journal !, de deux plongeuses de l’INAH et de Juan, un pilote d’hélicoptère. Ces personnages se retrouvent autour du cenote afin de poursuivre son exploration. Mais, c’est sans compter sur une bande de trafiquants de diamants qui pense avoir perdu leur butin dans les eaux troubles du puits après leur crash d’avion. Pris en otage, nos héros doivent récupérer les sacs de diamants au fond du puits. A cette occasion, ils découvrent un passage qui les mène vers un tombeau inviolé qui va leur permettre de sortir et de prendre à revers les trafiquants. Seul Juan, le pilote d’hélicoptère, meurt dans cette aventure après que son appareil se soit écrasé contre une pyramide. On appréciera la comparaison de cette mort avec celle des milliers de prisonniers sacrifiés : « Comme une victime expiatoire, l’hélicoptère disloqué roule jusqu’à la base de l’édifice ».

    Nicolas Balutet

    N.Balutet Le 26/05/2021 à 16:58:59
    Sylvain et Sylvette (albums Fleurette) - Tome 56 - En route pour le Mexique

    La bande dessinée francophone est pleine de couples d’aventuriers, souvent jeunes et a priori peu prédisposés à se lancer tête baissée dans des voyages à travers le monde : Sylvain et Sylvette, deux jeunes fermiers bien franchouillards en sont un exemple frappant. Imaginées par Maurice Cuvillier pour la revue Fripounet et Marisette, les aventures de ces petits héros furent dès 1953 éditées sous forme d’albums brochés. Dans le numéro 56, daté de juillet 1962, ils partent « en route pour le Mexique » .
    Sans que l’on sache, au début de l’album, les raisons de leur voyage – leur ami Isidore Tartalo a décidé de conduire nos deux jeunes compagnons au Mexique dans son ballon mais il n’explicite la raison de son voyage que plus tard (écrire un livre sur les Aztèques) –, Sylvain et Sylvette et leurs animaux (Cui-Cui l’oiseau rouge, Moustachu le chat, Gris-Gris l’âne, Raton la souris et tous les autres) se retrouvent bien vite au-dessus du Río grande « qui longe la frontière des Etats-Unis et du Mexique », découvrent les montagnes de la Sierra Madre puis se posent dans un village accueilli, comme il se doit, par des mariachis ! L’image d’Epinal est souvent présente dans cet album, notamment à travers la figure – typique ! – du Mexicain, dormant sur son âne avec son grand sombrero. Néanmoins, l’ouvrage a le mérite de représenter quelques fêtes traditionnelles mexicaines et d’en donner l’explication, la « danse des rubans », la piñata où « il s’agit de taper, les yeux fermés, sur cette calebasse pleine de bonbons » et la danse des voladores ou « faiseurs de pluie » car « tournant pendant des heures, les anciens Aztèques pensaient obtenir ainsi la pluie ».
    Après un bref séjour dans le village, nos héros décident de partir à la recherche du Temple du Soleil du dieu Tutubetubegay, un nom pour le moins original ! Sur le chemin, ils échappent de peu à la mort en raison de rochers qui se détachent mystérieusement des flancs de la montagne et ils finissent par recevoir un message pour le moins explicite « Malheur aux étrangers s’ils s’approchent du temple sacré », en français dans le texte ! Tartalo, contre toute évidence, ne croit pas à la dangerosité de l’expédition et décide de poursuivre l’aventure. Nos héros arrivent finalement dans le temple, vaguement mexicain, où est conservé un précieux codex, c’est-à-dire des « tablettes de lois écrites et peintes ». Après quelques péripéties, Sylvain trouve un passage secret cependant que Raton la souris réussit à empêcher le gardien du temple de blesser les trois protagonistes. Après sa chute, le gardien se relève et Tartalo reconnaît en lui son vieil ami, le professeur Pailledeblé, disparu depuis trente ans, qui se prenait pour le dieu Tutubetubegay. Ayant recouvré tous ses esprits, le professeur décide d’abandonner le temple et d’écrire un livre sur les Aztèques en collaboration avec Tartalo.

    Nicolas Balutet

    N.Balutet Le 26/05/2021 à 16:56:46
    Blondin et Cirage - Tome 5 - Au Mexique

    A l’instar d’Hergé, Joseph Gillain (1914-1980), plus connu sous le pseudonyme de Jijé, fut l’un des plus grands noms de la bande dessinée belge au point que depuis le 26 mai 2003 la ville de Bruxelles compte son Musée BD Jijé. Auteur de plusieurs séries comme Jojo, Freddy Fred ou bien Jerry Spring pour ne donner que quelques exemples, Jijé s’est fait connaître avant tout par les épisodes des aventures de Blondin et Cirage, deux amis inséparables, l’un blond, l’autre noir, comme le suggère leur nom respectif, qui vivent de nombreuses aventures policières mais aussi fantastiques dans l’épisode des soucoupes volantes. Créée en 1939 dans le magazine catholique « Petits Belges » – ce qui explique les références à des Saints et à des personnages bibliques et le fait que les deux héros soient des scouts –, cette série disparaît quelques années plus tard, en 1942, car les religieuses estiment que les albums dissipent les enfants… Après un long séjour en Amérique et au Mexique, Jijé reprend ces héros au début des années 50 (cinq volumes de 1951 à 1955) avant de se concentrer sur la série « Jerry Spring » qui sera une des premières grandes bandes dessinées européennes axées sur l’Ouest américain.
    Jijé publie donc en 1952 les aventures de Blondin et Cirage au Mexique . Le scénario est très dense mais peut se résumer de la manière suivante. Conchita, une jeune fille orpheline, doit partir au Mexique afin de retrouver son oncle Henri (ou Enrique). Alors qu’elle se trouve dans l’avion privé qui la conduit en Amérique, Monsieur González, son tuteur, essaye de la tuer mais c’est sans compter l’intervention opportune de Blondin et Cirage, réfugiés et cachés par mégarde dans l’avion. Après avoir échoué sur la côte mexicaine, nos héros décident de ramener Conchita chez son oncle mais tout a changé. Ce dernier est aux portes de la mort, le médecin et l’infirmière sont des sbires de González et l’on apprend rapidement que les conspirateurs recherchent le trésor de don Roberto, le père d’Enrique. González, qui a réussi à fausser compagnie aux policiers qui le tenaient prisonniers et a éliminé ses associés, ne cesse de jouer de mauvais tour à nos amis avant qu’un serpent mortel ne le pique mortellement. Finalement, la clé de l’énigme se trouve sur une inscription du tableau préféré de don Roberto : « Primo avulso non deficit alter » (« le premier arraché, il y en a un autre »). Sous une partie de la toile, les jeunes gens découvrent la lettre suivante : « En prévision des temps troublés qui s’amorcent, j’ai forgé de mes mains secrètement la rampe de l’escalier d’honneur de mon hacienda. Elle est en or massif dissimulée sous la peinture. Elle constitue toute ma fortune, que je lègue à mes héritiers. Don Roberto ».
    Grand connaisseur du Mexique, le tableau que Jijé nous offre de ce pays et de ses habitants est très réussi. On retrouve toujours les célèbres cactus, les églises coloniales, les mariachis qui distraient les fêtes, les habitants aux vêtements blancs et aux larges sombreros mais il ajoute des détails qui ne sont pas courants dans d’autres bandes dessinées. Il signe ainsi un magnifique dessin représentant un maguey ou agave, une plante magnifique à la couronne foisonnante constituée de feuilles acérées. Cette plante est très importante pour les Mexicains car sa sève fermentée entre dans la composition d’un alcool très prisé, le pulque. Sa consommation provoque parfois des troubles publics ce à quoi fait référence l’officier de police lorsqu’il interroge l’homme qui a perdu son âne et sa récolte de la semaine : « Et vous n’avez pas pu vous garer ? Vous aviez bu un peu trop de pulque, sans doute ? ». Autre référence peu fréquente, celle du zopilote dans le nom de la rue où habite le peintre. Ce mot qui provient du nahuatl tzopílotl renvoie à un oiseau rapace et charognard au plumage noir irisé. C’est une sorte de vautour très présent au Mexique. Enfin, Jijé illustre parfaitement les fameux taxis jaunes mexicains (des Coccinelles), les trains verts, les ambulances ou bien l’hacienda de San Luis Potosí au Nord de la capitale. Par ailleurs, il fait référence aux temps troubles de la révolution mexicaine.
    A l’instar de la description du Mexique, l’espagnol est très bien employé, tantôt dans des phrases françaises (« « il faut raconter cela à la jefatura amigo » ; « la femme avait un rebozo rouge sur la tête ») ou, plus souvent, en rapportant directement les propos des personnages sans prendre la peine de les traduire (« ese muchachito es amigo mío » ; « no puede caminar » ; « yo no sé nada, señor »). Seules deux fautes peuvent être relevées dans le prénom et le surnom de deux des personnages, Alonzo (au lieu de Alonso) Pérez, et pépé au lieu de pepe. Mais tout cela n’est pas bien grave car Jijé réussit à nous transmettre ici une image du Mexique tel qu’il l’a connu et aimé, sans jamais tomber dans un travers courant, à savoir la caricature.

    Nicolas Balutet