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Titre agressif, bandeau guerres d’Arran, dessinateur réputé, que nous réserve la meilleure série des terres d’Arran ?
Un bon cru, tout n’est pas parfait, mais de très bons passages et une fin grandiose satisfont le lecteur.
Certes les hommes ne cessent de sombrer dans une vilénie crasse de plus en plus caricaturale, certes le destin du grand père de l’héroïne est beaucoup trop prévisible, certes les guerres d’Arran sont un peu loin, certes l’héroïne est un peu jeune et fragile (heureusement dopée par sa créature), certes le design de libre tergiverse entre Giger et une salamandre bélouga.
Mais la présence de Silence, celle de l’alchimiste humaniste et tourmentée, la dureté et la violence assumées, un scénario vicieux et précis, le réalisme des orcs et le mythe de Sombre gueule surpassent ces défauts Et emmènent l’histoire.
Un très bon titre
Bonjour, je suis dans un nouveau métavers. Désormais une BD qui a l’air passionnante et grandiose se révèlera inepte et creuse et la suivante, pourtant dessinée comme Goldorak, avec un titre faiblard et une couverture ratée, incarne parfaitement mes rêves et mes désirs : convocation de personnages de toutes les séries, plongée dans le conflit, scénario tordu et cohérent, émotions et action…
Le casting, qui parcourt toutes les séries des terres d’Arran, est brillant : 3 des mages les plus intéressants, à la hauteur de leur réputation, 3 des nains les plus agressifs, 2 orcs et 4 elfes, quelques humains pour faire l’adversaire.
Je ne vais pas expliquer la note parfaite : il faut lire l’album, et ensuite lire tous ceux qui s’y rapportent, c’est-à-dire une bonne douzaine. Devenu superstitieux, j’attends la suite pour décrire ce bijou.
Dans ce métavers, le meilleur album vient de succéder au pire. Même s’il est évident que de nombreux titres sont plus centrés et touchants que cette oeuvre chorale, la madeleine emporte tout et des années de lecture assidue, d’attentes douloureuses et de titres ambigus sont récompensées par cette brillante entame des guerres d’Arran.
Nb : on espère que les « elfes exsangues », si proches des Drow d’AD&D, seront mieux exploités ultérieurement et que le destin d’Oboron ne s’arrêtera pas là …
Nb2 : au niveau des personnages, quelques regrets. Côté gobelin : aucun des 7 héros de la série n’a été retenu. Côté elfe, il faut reconnaître que les génocides successifs (tomes 16, 24, 25, 28, 33) limitent leur éventuelle présence … Je m’interroge sur la future intégration des autres acteurs (mages 9, elfes 33, 34, 35, orcs 20 et 21), en espérant ne pas revivre l’épopée solitaire de Gaw’yn dans la guerre des goules.
Les critiques de la série des terres d’Arran ont parfois la dent dure et certains albums se font éreinter, parfois à juste titre, et moi-même je peux exprimer mes déceptions avec virulence (elfes tomes 27, 30, mages tomes 5,6,7, orcs tomes 11, 17, nains tome 19).
Cette fois c'est embarrassant : les attentes étaient élevées après un tome 8 de belle facture, le bandeau "guerres d’Arran" et surtout le nom Belthoran qui résonne pour tous les passionnés de la série : présent dans elfes tome 15, 18, 21, mages tome 5, le personnage incarne sagesse, magie et prudence.
Et on se retrouve avec un scénario indigent, un mage abruti et une marche arrière sur le plan politique…
La magie se limite à se téléporter et changer d’apparence.
Berthotan se comporte comme un lapin de six semaines dont la quête d’un pote nain artisan se transforme en désastre pour toutes les races. Sa naïveté est confondante : tendre confiance pour Eriana, incapacité à renifler Svoltan, oubli d’Adona, absence de curiosité sur sa propre faiblesse, saut dans une trappe sous le cadavre de son ami …
Le personnage d’Adona, stagiaire en magie tellement nulle qu’elle ne fait que lancer des couteaux et prendre des bûches dans la tête, se révèle immortelle pour sauver le scénario d’une défaite générale des gentils. Déçue elle aussi par le mage à deux mains gauches, elle décide de rejoindre Redwin plutôt que de le délivrer.
Le plan est si faible que même le méchant pense que les dieux ont conspiré pour sa réussite. Le connétable des ombres, pourtant complice, est tellement déprimé par la nullité de la plus importante cible de son ordre qu’il semble vouloir changer de camp.
La couverture, comme d’autres, est trompeuse au point de se demander s’il n’y pas moquerie du lecteur….
Il ne se passe rien et il ne se dit rien non plus, la dernière page est donc un choc : l’arrivée dans un métavers où les BD s’arrêtent au milieu.
Fascinant
Alors là on est entrés dans quelque chose de bordélique : tous les défauts et toutes les qualités des séries des terres d’Arran réunis dans un même titre !
Avant d’énumérer cette longue liste de paradoxes, je me permets de souligner la fascination que j’ai ressentie pour les dessins de Yerofieieva, notamment sur les planches de grande taille. Merci pour ce travail d’artiste, bien éloigné du dessin un peu enfantin de certains épisodes des errants ou des mages.
Commençons par les défauts … le scénario est à la fois cousu de fil blanc et dynamisé par des événements improbables : le parcours du héros est totalement prévisible malgré des rebondissements absurdes dont la triple trahison de Alyakin, la résurrection d’Elekiel, la découverte bien pratique du pouvoir des elfes rouges….
Les personnages sont globalement incohérents ou caricaturaux : qui a eu l’idée de croiser un orque avec un elfe rouge (oui ça pique un peu les yeux) ? Elekiel et Konrad (tout est dans le nom) ne sont que cruauté et folie, ressemblant en cela aux méchants ratés de elfes 30, mages 8, elfes 35, la relation entre Orak et le sanglier est embarrassante de mièvrerie…
Mais on apprécie l’atmosphère générale avec la famille d’Orak, sa narration hybride d’orc séculaire entre violence et sagesse, puis la psychologie d’Alyakin (avant sa deuxième trahison) et enfin la noirceur du dénouement.
Si les articulations sont discutables, chaque passage de l’histoire fonctionne bien avec de grands moments comme la visite compliquée d’Orak chez les humains, le final brutal ou la découverte du corps de Duna.
A la fin, un album touchant et grandiose, proche de la série « nains » dans son héros et sa compréhension du monde. Mais les errances scénaristiques en énerveront certains…
Le Havre des ombres ne pouvait tomber plus bas que le dernier tome des elfes noirs. Sans aucune attente, la lecture se révèle agréable et cohérente.
La finesse psychologique est certes globalement absente (en dehors de l’intéressante introspection de Gawin sur le futur de la citadelle) et on se débarrasse rapidement des fades acolytes du héros.
L’évolution des elfes noirs est au centre de l’histoire et nourrit globalement le scénario avec un final mystérieux qui aurait mieux fonctionné sans l’apparition décevante du « père des elfes « dans le tome précédent.
L’histoire s’intègre bien dans les événements globaux : la violence anti elfique grandit et annonce les guerres d’Arran. On regrettera que le personnage du marchand omnipotent soit aussi caricatural, rappelant d’autres méchants médiocres.
Un album correct qui ranime l’arc des elfes noirs.
La suite des elfes rouges était attendue avec un duel palpitant interrompu au moment critique. Le résultat est honnête et la lecture agréable.
Les personnages vont au bout de leurs relations et l’atmosphère un peu gamine du tome précédent s’assombrit suffisamment pour les rendre attachants.
Les elfes rouges sont au rendez-vous, le lien est fait est avec les terres d’Ogon et l’exotisme fonctionne bien: les éléments sont réunis pour un voyage violent et intrigant.
Un album sympathique qui devrait permettre un retour intéressant vers les terres d’Arran.
Le retour de Myth promis dans le tome éponyme arrive enfin et le gobelin est à la hauteur de sa réputation. Kobo, dont le nom n'est même pas cité dans le tome 12 où il apparaît, est peu loquace dans ces pages narrées par Myth. L' humour sardonique omniprésent de ce dernier emmène cette histoire dynamique sur son parcours sanglant. Pour autant, le duo fonctionne bien dans son antagonisme constant.
On retrouve ici tout le sel des terres d’Arran: une culture des peaux vertes respectée, à la fois dans des dessins précis sur les visages et des dialogues brutaux, des réminiscences sympathiques des albums précédents et l’ombre des goules et des mages.
Un bon album, direct et tranchant.
Encore une bonne histoire du bouclier et qui a le mérite de reprendre un personnage de l’album précédent, comme l'ordre de la forge le fait avec brio.
Dans le dernier "orcs"(t19), cette approche est aussi utilisée et le contexte de la guerre des goules également, offrant deux albums en miroir : un héros naissant versus un héros finissant, un spectateur vs un acteur, tous deux portés par des pouvoirs démoniaques.
Volgrir est cependant moins original, moins drôle et ses personnages moins intéressants. Les dessins sont plus efficaces, même si les combats restent fouillis. La jeunesse des acteurs est probablement la cause de ce décalage désagréable (que je retrouve dans la psyché des héros des deux derniers albums des errants).
Un album meilleur que les deux deniers, mais manquant d’ambition et sauvé par le passage d’une légende.
La série est de retour sur le sentier de la guerre et la vraie nature des orcs avec elle.
Après trois albums intéressants mais bien éloignés de ce qu'orcs et Gobelins nous avait apporté, à savoir des histoires épiques, sombres et d’un humour décapant, on retrouve avec plaisir cette ambiance unique.
Les dessins sont heureusement sublimés par des couleurs parfaitement accordées à l’atmosphère, car la richesse de leur composition nuit un peu à la compréhension des scènes.
Le retour de Nerrom (tome 6 des elfes !) est une idée brillante et le suivi chronologique permet de se replonger avec délice dans la guerre des goules. Tous les personnages, et comme dans le tome précédent ils sont nombreux, fonctionnent et parviennent (et c’est fascinant) a renouveler tous les archétypes que 18 albums ont déjà mis en avant.
On retrouve ici la fureur de nains, l’étrangeté de mages, l’implication des elfes bleus, le sacrifice des blancs, sans jamais trahir les peaux vertes: bravo !
Les blancs sont toujours là mais ça sent la fin. En même temps vu l’accumulation de débilités commises par leurs meilleurs éléments, leur avenir était scellé. En effet pour la énième fois, les îles secrètes sont trouvées, la surveillance déjouée, la tactique pourrie et les plus grands guerriers d’Arran appuyés par leurs dragons invincibles défaits facilement.
Franchement c’est fatigant : je les aime bien les blancs, ils ont l’air badass et philosophes à la fois et en fait c’est des losers dirigés par des pacifistes décrépits et suicidaires … Oui leur système politique est clairement une forme d’autodestruction.
Cet album en est également une avec ces fameux dessins dans lesquels la plupart des blancs ressemblent à leur premier héros et l’action est incompréhensible. Le scénario l’est aussi lors de la découverte de l’absence de complot qui ne change rien à la situation finale. Le titre est dans la même lignée : totalement abscons et le retour de l’Haruspice ne sert pas à grand chose non plus. Seul celui de La Poisse apporte à la fois humour et intelligence à ce peuple millénaire, mais visiblement un peu dégénéré.
Un album bizarre de fin des temps qui convoque toutes les histoires précédentes de ce peuple martyrisé.
On retrouve un peu du sel de la série dans ce tome 17 après deux épisodes moyens. Mais « la meute » reste un cas à part : l’histoire met en avant la réflexion et la bienveillance, qualités rarissimes pour un cul vert, et propose des alliances originales entre les races, une maturité nouvelle chez les Orcs et un optimisme original.
Les trognes rugueuses et les paysages durs fonctionnent en contraste parfait de ce conte de fées medfan. Les personnages sont bien définis, attachants et singuliers, leur nombre est à la hauteur d’un scénario plein de psychologie et de subtilités : Trésor, Renard, Kloviok, Tulk, … Le surnom du héros prête à des réflexions récurrentes, ce qui n’est pas le cas de « la masse » dont la situation psychique assurait pourtant une blague facile.
Cet album drôle et positif prend à revers les lecteurs des tomes 31 et 32 des Elfes avec une cohabitation sympathique entre les humains et les culs verts, il frôle même parfois la candeur naïve, mais reste crédible, s’appuyant sur l’intelligence brutale de « la bourse » et de son lieutenant.
Un bel album humaniste avec des échos de Orcs 9 pour la troupe et Nains 13 pour la construction.
Après plusieurs tomes difficiles (le dernier album solide étant le 26 pour moi), la série relève la tête et satisfait ses lecteurs fanatiques (mais fatigués): retour de personnages emblématiques comme Ora et Keann, ancrage dans la culture Sylvaine, progression vers la future guerre tant annoncée. Tous ces éléments nécessaires pour moi à l’intérêt des elfes sont servis avec une histoire épique, violente, magique et sombre.
On regrettera la surabondance de personnages féminins côté elfe: 4 ça finit par compliquer la différentiation… Elle est probablement justifiée par la connerie du sylvain moyen totalement obsédé par l’Idée de se fritter avec tout elfe qu’il rencontre ! Cette dérive culturelle détaillée dans les tomes 17,22 et 27 n’est pas à leur honneur contrairement à ce que laissait croire le tome 2 éponyme.
Au titre des petites critiques, on s’interroge sur les motivations de Kaldrisia pour servir des abrutis depuis 300 ans, mais les auteurs ont peut être gardé une belle réponse pour la suite.
Un très bon album, presque déroutant après tant de déceptions.
La série dérive méchamment vers la gentillesse, espérons que ce ne soit qu’un (nouveau) moment d’égarement car Orcs & Gobelins était jusque-là épargné par la recherche d’un public jeune (mages T5, 6 et 7 ; nains tome 23, elfes tomes 29 et 30) …
Le défaut majeur du titre tient dans son personnage principal : trop naïf, trop pur, il évoque pour les anciens cette figure mythique du gobelin, j’ai nommé Kroc le Bo, notamment dans sa solution récurrente de la fuite. Ce qui fonctionne parfaitement sur des histoires drôles manque de réalisme dans un scénario long.
A contrario, l’humour de répétition avec les rencontres répétées et contraintes de gobelinophobes agressifs marche à chaque fois. La réminiscence de l’histoire de « la poisse « avec cette présence d’un personnage intérieur est plutôt sympathique, même si je n’ai pas bien compris comment la force de l’esprit soulevait le marteau…
Abandonnant heureusement la tentative initiale de rendre son héros crédible ou touchant, le titre s’oriente ensuite définitivement vers la comédie (Azh'rr est d’abord pathétique, il ne devient drôle qu’au milieu de l’histoire).
Une dernière frustration avec un combat final prometteur (vétérans nains, familles de gobelins contre orcs) qui est malheureusement réduit au duel des chefs.
Un album humoristique efficace mais léger.
Les elfes bleus sont encore utilisés pour le grand tout, dans un septième tome nostalgique. Ma préférence pour l’arc bleu est officielle (cf ma critique du tome 1), mais elle devient difficile à défendre.
En effet, le cadre est tellement similaire aux tomes 1 et 6, dans une ambiance moins épique car la menace n’est pas du tout du même niveau, qu’un sentiment de redite m’a frappé : on invoque même Turin décédé pour souligner la similitude, les autopsies sont de retour, une transition (lourdement soulignée) est mise en place pour permettre à Lanawyn d’arrêter de parcourir le monde à chaque problème de voisinage…
Bref, il est difficile de ne pas sentir cette même transition dans chaque sujet abordé et l’histoire en est lésée. Pourtant elle tape juste, tragédie respectueuse des codes anciens, et marque les elfes bleus à nouveau d’un opprobre immérité. L’ambiance de fin d’un monde envahit progressivement le cadre dans une nostalgie en abîme : le lecteur ne verra plus non plus d’histoires d’elfes bleus comme il les a aimées, même si celle-ci en constitue un écho moins épique et plus sombre.
Les dessins restent les meilleurs de la série, clairs, imaginatifs et dans des couleurs inspirées. Le contexte de la haine humaine des elfes et du passé glorieux des orcs vient nourrir le lecteur d’éléments de la future grande épopée de la série.
Comme souvent (tome 29 par exemple), ces albums moins denses et préparatoires frustrent en première lecture, mais l’ambiance compense le manque d’intensité.
Le second album des nécromanciens était très attendu après un baptême du feu hors du commun et des déceptions pour les 3 autres ordres. La réussite est belle, moindre que pour Altherat, mais efficace et forte.
Les dessins sont magnifiques et précis, valorisés par des couleurs glauquissimes indissociables de la géographie de l’histoire : marais, citadelle fantôme, portail démoniaque… En cela, on retrouve l’ambiance graphique du tome 16 des orcs (sans les errances scénaristiques).
Belkiane est une nécromancienne badass digne de l’orque du tome 14 (O&G) ou de l’alchimiste du tome 4. Elle est cependant très élaborée et incarne parfaitement son art : point de chaleur, ni de pitié, Belkiane n’est troublée que par la capacité des pires humains à cacher leur sentiment paternel ou à sacrifier leurs proches.
Malgré des situations classiques (le roi humain abruti est une sorte de fil rouge désormais) et un scénario en partie prévisible (mais pas par le roi humain, cf son qualificatif), une fin noire, prometteuse et cynique vient clore une histoire respectueuse de l’ordre et profondément glaçante.
La série est relancée, espérons que l’avis des lecteurs permettra son retour vers la dark fantasy et s’éloignera de la child fantasy (« les légendaires », non merci).
Cet album est problématique après un tome 3 exceptionnel. Heureusement le parfum persiste et permettra d’apprécier correctement le tome 13.
D’abord les dessins sont moins précis et les scènes de bataille en souffrent. La belle couverture est un peu trompeuse de ce point de vue, scénaristiquement également.
Car nos héros sont harcelés, maltraités, violentés, brimés. La dernière ombre, créature si impressionnante, est immobilisée par quelques nains bien organisés … Le grand guerrier Fall passe son temps à perdre ses combats (3 défaites !) malgré un nouveau pouvoir psy costaud. Son principal adversaire fait d’ailleurs preuve de talents assez peu expliqués. Bref le scénario est déprimant.
Heureusement l’écologie du refuge créé par Fall est séduisante et la diversité des envahisseurs apporte un exotisme un peu cynique à cet endroit pacifique dont l’antinomie avec la fureur de Fall ne manque pas de philosophie.
Un drôle d’album fataliste, proche de son héros.
On a plaisir à retrouver le duo du tome 18 mais le recyclage du scénario précédent (les mestres cachent à nouveau leurs exactions grâce à un assassin mystérieux) est légèrement indigeste et la fin politique assez peu crédible. Même le titre étonne au vu des maigres pages accordées à la bleue concernée.
Si l’atmosphere graphique manque pour moi de noirceur, je reconnais une belle qualité dans des dessins précis, notamment dans les visages et les corps.
La déprime d’Ararun commence à lasser, heureusement sa bravoure finale emmène le récit. J'admets un intérêt moindre pour ces enquêtes qui évoquent une sorte d’Héroic Shadowrun avec une trame urbaine peuplée par les races tolkienniennes.
Il est enfin amer de constater que l’introduction, avec le retour de Sriza (tome 8), fait plus rêver que le reste de l'histoire grâce au souvenir des « vrais « membres du temple. Encore un titre nostalgique de sa propre série …
Une des très belles couvertures de la série annonce un album de haut niveau.
Les dessins sont magnifiques et ce niveau ne sera plus jamais atteint, alors que les couleurs automnales flirtent par moment avec l’aquarelle.
La trame tragique et fataliste nourrit une belle et sombre histoire dont l’elficité est pourtant respectée. La longévité de la race est par exemple constitutive du récit et la culture des blancs largement décrite et incarnée, avec une profondeur unique dans toute la série « elfes ».
Le titre de l’album est puissant, à la hauteur du récit. Pour chipoter, on discutera de l’origine Sylvaine de Fall alors que tous les elfes blancs possèdent des similitudes physiques qui les distinguent des autres ethnies elfiques.
Le meilleur album de cette ethnie fascinante
Une des très belles couvertures de la série annonce un album hors du commun.
Les dessins sont magnifiques et ce niveau ne sera plus jamais atteint, alors que les couleurs automnales flirtent par moment avec l’aquarelle.
La trame tragique et fataliste nourrit une belle et sombre histoire dont l’elficité est pourtant respectée. La longévité de la race est par exemple constitutive du récit et la culture des blancs est largement décrite et incarnée, avec une profondeur unique dans toute la série « elfes ».
Le titre de l’album est puissant, à la hauteur du récit. Pour chipoter, on discutera de l’origine Sylvaine de Fall alors que tous les elfes blancs possèdent des similitudes physiques qui les distinguent des autres ethnies elfiques.
Le meilleur album de cette ethnie fascinante
16ème tome des orcs et la série parfaite s’arrête : après plus de 10 albums brillants (cf mes critiques), une (petite) sortie de route devenait statistiquement probable. L’histoire est plutôt sympathique : une poursuite dans des marécages hantés par un végétal carnivore et surpuissant n’est jamais un mauvais moment. La couverture évoque « Predator » et la madeleine fait saliver.
Mais les dessins sont difficiles, rappelant certaines mauvaises époques : malgré des orcs peu nombreux et bien distinctifs, il est très difficile de les mémoriser et de les positionner dans l’action, tant les dynamiques de combat et de discussion sont diffuses et déroutantes.
Le concept nouveau d’orcs pacifiques est un peu troublant. Il permet de mettre en scène des exactions esclavagistes entre orcs, mais dénature la race (née pour la guerre depuis 10 tomes…) et réduit à néant tout l’intérêt d’avoir des orcs comme héros. Car la mentalité du héros, bien héroïque, ne se distingue aucunement de celle d’un homme et celle de ses compagnons non plus, avec les travers et les faiblesses habituelles d’un groupe de gens normaux dans une situation mortelle. Le retour gentillet des orcs survivants dans un village mignon laissera un goût amer aux habitués de la série.
Les couleurs (que beaucoup critiquent sans arrêt, mais sans moi) viennent pourtant apporter une belle cohérence, avec des nuances ocre, kaki, verdâtre…, qui mettent parfaitement en valeur des peaux vertes dans un monde végétal et poisseux.
En conclusion, un titre qui plaira aux novices de la série, mais qui décevra ses fidèles adorateurs. Personnellement, j’aimerais un peu plus d’ambition dans la suite : le retour de certains personnages, l’intégration dans la future saga, …
Bon d'accord il n y a pas la qualité esthétique, philosophique ou épique des trois premiers tomes. Mais le lancement dés elfes noirs est très bon : efficace, brutal et sombre.
On pourra discuter du style graphique avec des couleurs un peu trop unies ou des mouvements confus. Notamment après un début vif et précis qui porte l'histoire et nous embarque à Slurce. L'histoire assure un rythme tendu et apporte son lot d’informations passionnantes sur ces elfes sombres qui ont peu à voir avec leurs ancêtres connus des rôlistes (tout aussi méchants, mais moins subtiles et organisés... et très souterrains !).
A l'époque l'arc paraît limité comparé aux autres ethnies, puis l'essoufflement des sylvains ou des blancs assurera la reconnaissance des lecteurs pour un récit cohérent, centré et rugueux.
On espère retrouver le vrai Gawyn, plutôt discret durant la guerre des goules, dans la prochaine grande fresque. Un bel album de lancement.
Tome 2 de cet ordre du malt dont l’existence est confirmée après une première apparition inopinée…
Les dessins sont plaisants et clairs (à de rares exceptions), le texte est précis, ciselé et vif. L’histoire, centrée pourtant sur Gurdan, met en valeur tous ses personnages dans un récit généreux.
On retrouve la légion de fer et les magouilles du talion pour un titre solidement implanté dans la société naine. L’aspect technique du tome précédent est abandonné au profit d’une histoire sociale, familiale et philosophique (dans sa réflexion sur la mort).
L’épopée, comme le héros, manque de souffle puisqu’il s’agit essentiellement d’un concours agricole. Le plaisir est pourtant là dans une nostalgie en abîme : l’album nous rappelle les grands moments de certains arcs (Talion, errants, voire bouclier) sans chercher à les atteindre et la fin du héros fait douter d’une suite.
Premier tome des sylvains et tout est déjà là : cette antinomie constante entre l’esprit de nature et l’égoïsme elfique capable de tuer pour ne se mêler de rien (tome 7, la mentalité des blancs qui leur coûte finalement si cher,….), ces dessins précis et parfois nostalgiques d’un style ancien, ces couleurs brunes et vertes récurrentes, l’invasion de la forêt par les autres races , …
Pourtant la force de ce tome qui en fait le meilleur pour moi de l’ethnie réside dans cet amour impossible entre les héros (tellement impossible que ce sera le dernier elfe masculin amoureux d’une humaine), touchant, réel, beau et fondateur. La poésie est en effet présente et conclut magnifiquement ce tome dont la générosité des personnages est unique, dans les deux familles humaine et elve : leur promptitude au sacrifice est belle, carrée et sans détour. Yfass et Llali resteront deux héros sublimes à la hauteur de Lanawyn, Athenon, Ora...
Quel début !
Face à des déceptions douloureuses (les 3 derniers Sylvains, le déclin progressif des noirs jusqu’au délicat tome 30, le chaos des demi-elfes), certains interrogent notre rationalité derrière la lecture de cette série. La réponse, comme souvent, est à la racine : les premiers tomes sont exceptionnels. On l’oublie (au bout de 30 tomes) et je pressens que les tomes 2, 3 et 5 me feront le même effet.
La série des bleus a bénéficié, comme celle des noirs (et des blancs avec ses deux héros), de la survie de ces personnages principaux pour développer une cohérence et une profondeur passionnantes sur la durée. Plus riche et plus table, cette ethnie schtroumfienne porte pour moi le meilleur arc de la série : les meilleurs dessins et couleurs et couvertures, l’absence de titre moyen, des personnages établis et puissants, des scénarios sérieux et dynamiques, une propension à la magie et à l’héroïsme.
Ce premier tome contient tous ces éléments, se donnant même le temps de décrire la société bleue (ce que les suivants feront si peu). Il ne fait cependant pas exception à la suite de l’arc : les bleus sont partageurs et humains et orcs tiennent déjà leur place dans l’histoire. Ce sera le seul album centré sur leur situation.
Il reste pour moi le meilleur tant la richesse (personnages, histoire, culture) du titre est unique au regard de son statut initiatique.
Ce commentaire réactionnaire (le meilleur album de toute la série serait le premier …) ne doit pas être mal interprété : aucune série (en télé également) ne perdure sans un génie initial, qu’il est ensuite difficile de maintenir en permanence. Par ailleurs, les faiblesses des autres arcs ne devraient pas perdurer : le peuple sylvain ne peut pas s’éteindre comme cela, les rouges sont prometteurs (tome 29), la quête des noirs doit aboutir.
1er tome des errants, un coup d’éclat.
Les dessins sont efficaces avec des trognes expressives, les couleurs un peu vives sont symptômatiques d’un récit rural et familial. Les combats bénéficient d’une clarté bien agréable pour la compréhension.
La famille d’Ossram (et son gendre) constituent les personnages les plus importants, et leurs liens sont beaux et touchants, transmis visuellement par les visages et intellectuellement par la narration interne.
L’introspection d’Ossram, dans une approche narrative omniprésente chez les nains, nourrit en effet le récit de ses émotions contradictoires, tenaillé entre bonheur et révolte.
L’ordre des errants, dont l’idée pouvait sembler un tantinet misérabiliste, est sublimé par les liens familiaux du héros, la révolte historique, le doute qui habite le héros. Si l’activité réelle de cet ordre restera obscure après 4 tomes, c’est le premier qui rendra le plus honneur au statut et à la culture des errants (mention spéciale à la région des hauts plateaux dans une relation très corse à la fiscalité).
Le meilleur tome de l’ordre, car le plus respectueux de sa culture et de son histoire.
Premier tome du bouclier et les fondations étaient solides !
L'histoire de Tiss s'appuie sur sur des bases naines connues : famille compliquée, méritocratie, sacrifice, et elle fonctionne parfaitement. Je réfute d'ailleurs l’idée de certains posts selon laquelle les scénarios du bouclier seraient des copies de classiques de l'Ouest américain. Toute scène de guerre a déjà été racontée sous une forme ou une autre et une naine qui fait sauter un arbre sacré, ça surprend un peu quand même.
Les dessins assurent l'ambiance pour l'ordre du bouclier, avec les mêmes qualités (paysages, créatures, guerre) et défauts (certains visages, certains combats).
Le parler nain exprime ici sa plénitude dans un contexte militaire tellement seyant ! Les personnages nombreux parviennent tous à exister, développant la thématique familiale sur deux niveaux qui nourrissent en miroir l'émotion du titre .
L'ordre crée ici ses premières lettres de noblesse et pour tout dire ses plus belles. la féminisation "netflixienne" des guerriers me fatigue, mais les meilleurs tomes du bouclier sont indéniablement dédiés à deux femmes.
Tiss l'emporte: plus touchante et plus héroïque.
2ème tome des bleus, ethnie héroïque et esthétiquement magique (la couverture…)
Les dessins sont parmi les plus beaux de toute la série, sans aucun défaut, alimentés par des couleurs précises, faisant logiquement la part belle aux nuances de bleu. Les plans larges, peu fréquents dans les autres arcs, sont magnifiques, notamment dans les dernières pages.
Le sacrifice des bleus commence : dédié à la mise en place de la future guerre des goules, le titre est très discret quant à leur spécificité. Seule la présence de la sœur des sens (dont les pouvoirs étrangement ne réapparaîtront plus jamais) développe la culture des bleus. Heureusement, Athenon et Lanawyn, qui seront ensuite d’une récurrence rare pour les terres d’Arran (Redwin et Turuk faisant figure d’exceptions), bénéficient d’une magnifique exposition, qui leur prédit un avenir sombre et héroïque.
D’autres personnages sont mis en valeur : le titre introduit ainsi le premier orc intéressant des terres d’Arran, un « gentil nécromant », et développe une nouvelle relation affective homme/elve intéressante (obsession freudienne des auteurs : elfes 7, 11, puis avec d’autres races : orcs 1, nains 18, elfes 18, 21, 23, 28, 29…).
Le classicisme d’une histoire explicative nécessaire limite cependant la puissance de ce très bel album.
2ème tome de la série des Sylvains, alors de très grande qualité, avec une cohérence globale qui la plaçait pour moi au-dessus des autres.
Un des attraits des tomes 2, 7 et 12 résidait en effet dans l’alliance entre les elfes et d'autres races, qu’on retrouve également chez les elfes bleus, et bien sûr dans la guerre des goules. Cette union fragile charge le titre en émotions avec la mort d’Arestan, la résilience d‘Elian ou le revirement de Solyss. Elle n’empêche pas de creuser la culture Sylvaine et d’en découvrir les paradoxes (ce qui se passe a contrario pour les bleus, cf mes blagues sur les tomes 11 et 16).
Les visages et les couleurs sont pourtant difficiles dans ce tome, mais la dynamique des corps est agréable et efficace. La gestion du flashback atteint ici des sommets, mettant même en doute la crédibilité de la chronologie … Les nombreux personnages sont développés et intéressants, malgré parfois la brièveté de leur apparition !
Un très beau titre : épique, magique, elfique et politique.
Le fils de Redwin est caractériel, comme son père. S’agit-il du meilleur titre de la forge et, par conséquent, de la série ?
Les dessins sont parfaits, comme à chaque apparition du plus grand cognard de tous les temps (cf elfes 11), avec un travail particulièrement soigné sur les visages. Les couleurs vives soulignent la folie des personnages.
A la frustration de Jorun adolescent succède ensuite le climat violent de la légion avant un final épique, héroïque et romantique : l’histoire flirte avec élégance autour du tome 1, alternant les parallèles (relation père/fils, amour impossible) et les oppositions (folie de Redwin vs rédemption de Jorun, célébrité honteuse vs anonymat épique).
La légion de fer vient parasiter pour la première fois l’ordre de la forge avant de devenir un acteur récurrent de la série (tomes 9, 11, 13, 14, 17) à travers ses membres hauts en couleur : Gurdan, Fey, Brum... Cependant la forge ne se laisse pas faire et sa tradition traverse l’existence de Jorun. Sa psyché est particulièrement fouillée et réaliste, elle nourrit en émotions fortes le parcours douloureux du héros.
L’inclusion de l’album dans la série, avec des références aux tomes 1 et 4 en plus de la légion de fer, assure un grand confort de lecteur et fournit la source des brillantes suites à venir pour l’ordre de la forge et pour Redwin. On continue à découvrir la culture naine, son code de l’honneur, son caractère intraitable, sa mesquinerie clanique, sa bravoure guerrière…
Le final touche au sublime et arrache la décision : il s’agit du meilleur titre de toute la série.
Les dessins sont grandioses avec des événements croisés sur la même page, le scénario est travaillé et s’appuie sur les moments récurrents de nombreux tomes de la série « nains » : enfance, combats, ascension.
L’ambiance devient rapidement sombre et amère, dynamisée par l’ascension guerrière de Redwin. Les liens entre le héros et son entourage sont parmi les plus complexes et réalistes de toutes les histoires en terre d’Arran.
Le final magistral allie violence, tristesse, rébellion et happy end. Cet album adulte lançait parfaitement l’ordre nain le plus intéressant et la série dans sa globalité. La récurrence du personnage au-delà de « nains » témoigne de cette réussite.
Indéniablement le meilleur album des demi-elfes, en dépit des critiques (certains n'aiment pas les goules, ils seront servis !).
Un scénario sombre qui mélange Zola (pour la condition sociale et l’ambiance dans le quartier du four) et la paranoïa moderne (avec l’épidémie bovine). Les dessins sont parmi les meilleurs de la série dans une coloration ténébreuse et bleuâtre idéale pour la nuit, la neige et les goules. Seuls les visages sont les parents pauvres du titre. Au moins les demi-elfes ne sont pas aussi moches que dans les autres albums.
La spécificité des demi-elfes reste limitée au concept de minorité méprisée, mais la dynamique de l’histoire noie cette faiblesse sous le flux de l’invasion des goules. On avait déjà une idée de sa violence (tomes 1 et 6), mais sa malignité se révèle ici encore plus effrayante.
Un excellent album avec un final désespéré et grandiose.
3e tome des bleus et Redwin s’invite au banquet.
Des dessins exceptionnels avec la meilleure dynamique de tous les titres. Les couleurs, souvent critiquées, sont parfaitement adaptées à l’ambiance et belles comme toujours chez les bleus.
Le scénario déroule avec élégance la préparation du siège et son déroulement. La fin est noire et sublime, préparant les tomes géniaux 12,13 et 16.
Les nombreux personnages de la série des bleus sont tous mis en valeur, en dépit de l’invasion du plus grand (pardon) nain de tous les temps : Redwin prend de la place ! Les souffrances de Lanawyn, Athénon et Aamnon nourrissent ainsi l’histoire et s’inscrivent pour la durée dans la série.
Cet album dont la richesse est indéniable fait suite au superbe tome 9 et lance officiellement la guerre sur les terres d’Arran.
Un tome magnifique
2e tome de l’ordre du talion et le meilleur selon moi, contrairement à l’avis d’autres critiques.
D’abord pour l’audace de nommer l’album du nom de la commanditaire alors qu’Ordo continue à nous ravir de son cynisme après un premier tome redoutable. Ensuite, la richesse du texte est impressionnante et pourrait rebuter certains, mais elle positionne ce titre au niveau de « Droh des errants » en terme de profondeur. Les dessins sont subtils avec des visages profonds et une grisaille omniprésente dans la coloration. L’histoire est très dense et emmène le lecteur sur une route vallonnée et exotique.
L’ordre du talion est mis en valeur dans cette histoire complexe qui mêle banque, assassins, commerce, diplomatie, guerre. Je suis juste perplexe quant à la place de l’ordre entre la loge noire et la banque de pierre. La psyché d’Ordo est fouillée sans concession et toutes ses failles sont dévoilées, accordant les noirceurs graphique, scénaristique et psychologique. Ses affects sont entachés de problèmes de confiance qui en font un être brillant mais sentimentalement binaire, ce qui causera sa fin.
Un album d’une grande richesse qui place Ordo dans la légende avec la famille de Redwin, la famille d’Oösram et les membres de la légion de fer.
Le scénario est agréable: des gobelins qui cambriolent des elfes noirs avant d'escroquer leur commanditaire de la même engeance. Les dessins sont réussis avec quelques beaux cadres et des figures gobelines expressives.
L'ambiance est assurée par le cynisme de Myth qui casse le 4e mur à chaque page. Malheureusement le procédé s'use un peu (page finale assez faible) car il réduit les dialogues à la portion congrue et les autres personnages à des rôles secondaires. Car Myth est un être solitaire qui n'évolue pas et, un peu comme Turuk (plus charismatique) dans le tome 1, un peu trop superficiel pour nous intéresser vraiment.
Griim et Saar (tomes 3 et 4) développeront eux des affects et des objectifs qui emmèneront les albums suivants vers les réussites brillantes des tomes 5 à 10. Une bonne BD.
Oboron du bouclier, 3e tome de cet ordre militaire.
Si la thématique du berserk fonctionne bien (ordre de la forge en tête), elle est ici utilisée comme pivot de l'histoire, déniant au bouclier sa part du titre (sauf peut-être la vie du beau-père).
Les dessins sont focalisés sur les visages et les armures, au détriment de l'action, peu lisible. Le scénario est intéressant avec notamment le contraste entre l'honneur des nains et la folie sanguinaire des berserks. On s'interroge cependant sur la capacité d'Oboron à passer en mode berserk ou sur la mort un peu simple de Faradum.
Le héros met du temps à devenir sympathique tant son indifférence initiale l'isole, avant l'arrivée de Caat le gobelin. Ensuite la famille apparaît et les relations entre les personnages reviennent pimenter l'action. Le groupe final est à la fois touchant et drôle, justifiant une belle fin heureuse.
Un bon album avec l'intensité habituelle de l'ordre du bouclier
3ème tome des sylvains et encore une réussite. Le cristal vert est impliqué dans la guerre des goules et il ne fait pas de détail.
Le scénario est linéaire, laissant la place aux personnages et à l’action. Les dessins sont superbes, visages et mouvements sont expressifs et limpides.
La culture sylvaine est largement balayée par l’inclusion du titre dans l’histoire globale de la guerre des goules, mais le final fait honneur à sa résilience, et inscrit la nature tout entière dans le destin de cette race elfique. L’inclusion des orcs dans cette histoire d’oreilles pointues donne d’ailleurs sa pleine cohérence dans les dernières pages. Cette première apparition sérieuse dans la série (avant les tomes 16, 18, 21, 23, 26, 28, 29, en oubliant le nécromancien du tome 1), amène un ton et une émotion efficaces. Elle annonce implicitement la création de la série « orcs et gobelins » avec une vraie introduction de la société orque.
Les personnages sont forts, distillant une émotion marquée à chacune des nombreuses pertes subies par Ora. L’héroïne elle-même est joliment dépeinte à travers son parcours agité : virile, vengeuse, angoissée, courageuse, rageuse et enfin déterminée, son évolution nourrit élégamment l’action.
Un album pur et magnifique, un plaisir de lecture total.
Compliqué peut-être, mais plutôt grandiose. Le scénario est intéressant et tordu. Les dessins sont à la fois magnifiques (cadres, couleurs, personnages) et pénibles avec des actions illisibles … Le titre n'a pas encore tout à fait la noirceur de "La Poisse" ou la finesse de "Silence", mais l'humour noir est là et les prémisses de la culture orque apparaissent.
L'histoire s'intègre bien dans les terres d'Arran incluant notamment la guerre des goules et la géographie du Nord, et donc des références aux tomes 1 et 9 des elfes. Le personnage de Griim, qui n'est toujours pas un orque classique (le premier sera Ayraak au tome 6), est attachant et philosophe, ce qui nourrit l'histoire de réflexions sombres et touchantes. Les autres personnages, très nombreux, servent un peu de chair à canon, mais ils le méritent. Seule la jeune Syll sauve en effet les créatures intelligentes de la dérive morale généralisée, dans une philosophie assez classique de la série d'inversion de la monstruosité (cf tomes 1,5,8,9,10).
Pourtant la réflexion finale de Griim sur la primauté à venir des humains sur les races anciennes (assortie d'une situation comique géniale) amène le tome dans une autre dimension. Cet album fait ainsi partie d'une catégorie fascinante de titres originaux qu'il est difficile d'apprécier en première lecture: nains 9 et 16, orcs 5 et 6, elfes 13 et 29. Il constitue de plus la première pierre du grand édifice que deviendra la série par la suite.
3ème tome des blancs et un album compliqué. En première lecture, le caractère hystérico-dépressif des blancs et le génie vicieux de Lahsaa ne rendent pas le moment très agréable. Avec des visages un peu schématiques et des héros toujours pris de court, le pompon n’est pas loin. Après un tome 8 décevant, la première impression n’est donc pas bonne.
Une fois l’histoire noire et dure acceptée, il devient cependant possible d’inscrire le titre dans l’histoire de la guerre des goules et de lui accorder la place centrale qu’il mérite. En effet chaque point cité précédemment trouve sa justification dans l'album, validant la cohérence générale.
Ainsi l’imprécision du trait devient impressionniste dans les plans larges, qui finalement sont les plus importants pour obtenir une ambiance chaotique et radicale. La victoire douce amère correspond bien à l’atmosphère si particulière de la série des blancs. A la réussite insolente de Lahsaa vient s’opposer le récit troublant de son passé qui renvoie le manichéisme attendu aux oubliettes. De même le sacrifice de Fall est finalement la suite logique (de l’influence de Lahsaa certes) des relations compliquées et de l’humeur sombre des 3 blancs. Enfin la faiblesse intellectuelle des héros ("oh ben zut je suis trahi", je suis contrôlé", ...), générée par l’influence maléfique de Lahsaa sur le caractère des blancs, instaure une situation apocalyptique alignée avec la déclaration de guerre finale.
L’importance des cristaux vient agréablement relier les séries elfiques. On notera au passage l’acharnement des auteurs sur les demi-elfes : sans cristal propre, déjà méprisés dans leur propre série (cf ma critique du tome 24), ce sont maintenant des traîtres …. Dans la série maltraitance animale, le dragon blanc (en pleine diversion en plus !) continue son chemin de croix....
Voici un titre difficile d’accès (je comprends les critiques précédentes) mais qui s’inscrit parfaitement dans la série et se révèle poétique avec le temps, retrouvant la veine mélancolique du premier tome des elfes blancs.
4e tome et la dynamique est là. Les gobelins sont mis en valeur dans les bas-fonds de la cité et dans la cité des bas-fonds. Les dessins pataugent agréablement dans la fange urbaine avec des nuances de verdâtre efficaces et une noirceur généralisée.
Saar ne s’attache pas à grand monde mais ses affects sont intéressants et nourrissent l’histoire de son endurcissement. On regrette seulement l’utilisation d’un gobelin comme récipiendaire sacrifié de l’histoire : la cohérence en souffre un peu et le process ne démontre que la cruauté du maître, déjà bien assimilée.
Un bon album, bien sombre, qui préfigure les réussites à venir.
4ème tome dédié aux bleus et partagé avec tout le monde : on trouve même des orcs au sein de l’alliance… Au moins le titre annonce la couleur (pardon) sachant que les bleus ont toujours servi de réceptacle à l’histoire transverse de la guerre des goules, ce qui limite la surprise. Cet album termine cette fameuse guerre avec la fin de Lahsaa.
L’aspect manichéen de la nécromancienne, déjà écorné dans le passé, est remis en cause: le pêché originel est attribué au mage Svoltan. L’atmosphère en est encore assombrie, développant un album épique et douloureux. Les elfes traversent en effet tous l’histoire en portant leurs souffrances : Aamnon, Athenon, Lanawyn, Tenashep… Les personnages sont bien mis en valeur, malgré la réunion de tant d’acteurs : Redwin, Belthoran, Ora, …, même le héros de la série des noirs, pourtant absent, est cité !
Les multiples histoires croisées assurent une dynamique redoutable à la hauteur de l’enjeu final. Seule la nouvelle gamelle du dragon blanc interroge sur la violence des auteurs : faudrait-il protéger cette espèce ?
Un album massif qui conclut brillamment la guerre des goules, déclinée à travers la majorité des dix précédents albums de la série elfes.
Brum des errants
Les errants sont maltraités par les autres nains, mais aussi par une dynamique scénaristique qui s'éloigne de plus en plus du mode de vie d'une caste honnie pour se focaliser sur la légion de fer, cette armée naine irrégulière qui compense les limites de l’ordre du bouclier. On a donc ici la genèse de cette armée via son fondateur, Brum.
L'histoire est intéressante et dynamique, malgré une jeunesse de Brum un peu carricaturale, qui passe encore (elfes 24, …) par des affrontements vaguement encadrés. Le concept du berserk est introduit avant nains 15 et 21.
Les dessins sont agréables, avec une attention portée aux corps qui améliore la clarté des combats. Les liens entre les nains sont rugueux, comme souvent, mais l'émotion ne passe pas aussi bien (vs nains 9, 13 eg).
L'album est bon, mais le souffle épique n est pas tout à fait là et le sauvetage final de Brum par des elfes (comme dans elfes 19…) n'arrange rien …
5e tome des orcs et la dark fantasy s'invite
Cet album marque le début d'une longue suite de réussites pour la série avec des personnages forts en gueule et une ambiance délétère.
Sur un scénario alambiqué qui prend souvent le lecteur à revers (on saluera la dernière page douce amère), se développe la personnalité de La Poisse : colérique, violent, mais lucide et juste. Les dessins sont précis, visages et corps sont justes et expressifs. Quelques beaux plans viennent sublimer des couleurs assombries et agressives (au deuxième degré).
Manquent évidemment les futurs points forts de la série : culture orque, liens entre les personnages, intégration à l'histoire d'Arran, mais l'hybride La Poisse est la chrysalide qui débloque l'évolution d'Orcs et Gobelins. La mue opère avec l'humour noir, la force morale et le cynisme inhérents à de ces races.
Un bon album qui introduit un personnage futur de la série Elfes.
2ème tome des errants et quelque part le dernier. Les errants constituent l’un des 3 ordres originaux parmi les 5 décrits dans « nains », mais comme pour les albums du temple et du talion, le traitement culturel est erratique (ironie incluse). En effet, cet ordre sans droits, ni reconnaissance, est représenté par 4 activités différentes au fil des albums : paysan, ouvrier, légionnaire, mercenaire. Cela se traduit par des histoires sans lien (en dehors de la filiation entre Droh et Oösram), avec des ambiances opposées : le dessin animé du tome 19 a peu à voir avec le manifeste révolutionnaire du tome 4. Selon moi, les tomes 14 et 19 détournent le concept original d'une caste des intouchables vers des activités plus guerrières (détournement identique pour l'ordre du temple, tomes 8 et 18).
Le lecteur est encore plus perdu quand il découvre cet ouvrage qui flirte avec la philosophie et déroule une histoire au rythme déroutant. Cependant la culture des errants est bien présente à travers la multiplicité des avanies subies par ses membres et le séjour initial de Droh parmi les siens.Si les dessins souffrent parfois d’un manque d’ambition en terme de cadre et d’un style parfois trop naïf, ils soutiennent l’histoire grâce à des visages expressifs et précis.
L'histoire a du mal à exister derrière la métaphore permanente de l'errance: Droh appartient corps et âme à son ordre et ses doutes s’incarnent dans un cheminement indécis. Sa solitude, fondatrice de son errance, ne permet de pas de construire des liens durables avec d'autres êtres. Les thèmes de la violence et de la guerre constituent ensuite le sujet majeur du titre et développent une philosophie intéressante pour les terres d’Arran, basée sur la réincarnation.
Probablement l’album le plus adulte de la série « nains », « Droh des errants « ne se laisse pas digérer facilement et mérite une attention particulière. La première lecture est troublante avec un sentiment étrange de perdition. C’est à la relecture que l’ambition élevée de l’auteur devient claire et justifie notamment cette fin ouverte qui n’en sera jamais une (Spoiler : Droh ne reviendra pas).
3ème tome de l’ordre du temple et de loin le meilleur
Tous les éléments sont réunis pour faire un bon album : un scénario original et animé, des dessins de qualité avec des tableaux réussis, un gros travail de couleur sur les montagnes et la neige. Mais les trois thèmes que je préfère dans les terres d’Arran subliment cette base pour atteindre à la grandeur : un respect total pour l’ordre du temple (rabaissé aux rôles d’enquêteur/exorciste dans les tomes 8 et 18), des liens multiples avec la série des nains (tomes 1,6,9,11, 14) et la mise en valeur de la société naine.
Si la légion de fer s’est encore invitée dans un ordre qui n’est pas le sien (cf tomes 11, 17), afin de pouvoir recruter Torun de la forge qui lui échappait, le sujet central est clairement la construction du pont et démontre la belle capacité des auteurs à dérouler des sujets techniques sans complexe, ni timidité (cf tomes 3 et 17). La politique, très présente dans les histoires du temple (tomes 3 et 18 également) ou du talion, permet de développer une atmosphère féministe récurrente chez les nains (tomes 5,16, 20) qui fonctionne à chaque fois.
La présence si rare des autres ordres dans l’histoire vient alimenter cette cohérence générale si agréable pour le lecteur assidu. Les liens entre les personnages sont typiquement nains dans leur dureté et leur franchise, mais parivennent à rester subtils et variés : Fey interagit ainsi avec 8 nains différentsnsans développer jamais une relation identique.
Un album rare qui fait honneur à un ordre compliqué qui n’a pas souvent inspiré les auteurs.
Très en dessous de sa prédécesseur (tome 4), le titre ne manque pourtant pas de charme. Le scénario convoque les mille et une nuits, mais aussi une histoire de famille, le début d’une amitié virile et la fin de l’adolescence.
Les dessins sont très beaux avec des visages et des corps très expressifs, auxquels s’ajoutent des plans larges (essentiellement les invocations du nécromancien ) de grande qualité. Le personnage d’Iixos (qui m’a rappelé Cassios dans les chevaliers du zodiaque ) amène des touches d’humour, de violence et de sensibilité nécessaires à alléger l’humeur dépressive du héros. Cette relation est en fait le point fort du récit. La magie alchimiste repose cette fois sur des pierres mais se cantonne encore beaucoup à ses illusions malignes qui trompent l’ennemi surpuissant.
Je n’ai pas détesté, mais la tendance de la série me déçoit : les personnages prometteurs (tomes 2 3 et 4) sont abandonnés et remplacés par des mages très jeunes ou très faibles (tomes 6 et 7) alors que la mage qui cumule les deux est reconduite (tomes 1 et 5). L’infantilisation semble la règle (au contraire d’Orcs et Gobelins …).
5ème tome des elfes bleus et c’est pour les rouges … ou les noirs ?
En dépit de l’exagération ci-dessus, il est clair que les bleus sont encore sacrifiés sur l’autel d’un sujet plus grand qu’eux, cette fois la renaissance des elfes rouges. Lanawyn constitue en fait quasiment le seul fil rouge (pardon) de la série des bleus, culture elfique abordée uniquement dans les tomes 6 et 26.
L’histoire de cette poursuite hétéroclite (orc, elfes bleus, noirs et rouges, hommes lézards, mage, changelin, géant, …) fonctionne plutôt, via notamment le retour de Turuk et son obsession récurrente pour les elves. On regrettera cependant la répétition d’événements improbables : sauvetage de Turuk, Mago ex machina, gentillesse de Nyatep,… En dehors de l’approche plus affective de Turuk, les rapports entre les personnages sont acides et rugueux, elfes noirs obligent, assurant la cohérence émotionnelle générale.
La forme est inégale car si les visages souffrent d’un style un peu superficiel, les couleurs (tant détestées par certains critiques) et les dessins pleine page sont puissants et servent l’histoire.
L’histoire se termine à la fois sur le grand complot contre les races et l ‘avenir d’Alyana (cf tome 23), ce qui rehausse nettement l’intérêt de l’album, notamment quand on considère l’apport culturel ou moral (biodiversité ?) réel de la réapparition des elfes rouges, visiblement plus proches des elfes noirs que des bisounours…
6ème tome des orcs et la renaissance en marche
Cette série qui se cherchait commence à trouver son ton et arrête d’éviter son sujet : les peaux vertes, qui ne sont ni des ninjas, ni des hybrides, ni des créatures magiques. Si les tomes précédents n’étaient pas dénués de qualités, on commençait dans les titres 4 et 5 à à assombrir les histoires dans le respect de l’orcitude et de la gobelinerie. Pour la première fois, les orcs en scène sont accompagnés d’un gobelin, aussi attachant que vicieux. Même si l’idée provient de l’analogie permanente à « la compagnie noire » (qui fournit la majorité des surnoms, les aptitudes de plusieurs personnages et le cadre de la compagnie orque), le gobelin d'accompagnement s’imposera ensuite dans de nombreux albums avec trois belles réussites : justifier le titre étrange de la série, émouvoir avec des gobelins, faire fonctionner des duos improbables.
Le scénario repose sur la récupération et le transfert d’un autre gobelin, très moche et très pénible, en pays elfe, avec une rencontre malheureuse et malvenue en fin de trajet. Comme ce sera toujours le cas dans les titres suivants, les dialogues rustiques et colorés animent ce parcours meurtrier et définissent cette atmosphère crue si particulière aux orcs. Les liens entre les personnages ne sont pas subtils, mais la narration par Ayraak permet de les affiner et les rendre uniques, donnant à la mort de certains une intensité dramatique réelle. La psyché orque est à l’honneur à travers cette même narration : cet orc énervé fait montre d’une auto analyse rigoureuse et cynique, qui nourrit notre compréhension de cette race belliqueuse.
Les dessins sont intéressants, même si quelques visages et combats sont flous, avec notamment de beaux décors, les couleurs trop sombres ne les aident pas toujours. Un bel album (notamment à la deuxième lecture) avec une fin bien authentique !
7e tome des orcs et un très bon cru.
La tragédie grecque fonctionne à plein et anime cet album empli de culture orque. Car ce titre s’intéresse enfin à la vie quotidienne des orques et à leur comportement tribal, après 6 tomes d’aventures diverses.
Il ne néglige pourtant pas la nature profondément belliqueuse des peaux vertes et son impact continuel sur leurs relations et sur la psyché des vétérans. Le héros apparaît ainsi comme un être double, l’orc et le guerrier luttant pour dominer ses décisions. En cela il emmène l’histoire bien au-delà du classique scénario de transmission de l’art du combat (la fin à elle seule invalide cette idée…).
Les dessins sont pour moi sublimes, notamment dans la partie militaire, et fournissent une palette variée de trognes orques bien expressives.
Les rapports entre les personnages sont fouillés et cohérents, bien moins binaires qu’on ne l’imagine au début. La présence du gobelin Zox apporte un humour nécessaire mais le personnage n’est encore qu’un faire-valoir avant ses successeurs plus étoffés (tomes 9 et 13).
L’album vient confirmer la belle tendance des tomes 5 et 6, plus classiques, mais évocateurs d’une ambition supérieure pour la série.
La meilleure série des nains développe encore un grand tome.
Le scénario use, comme toujours, de flash-backs malins pour justifier les derniers moments de la traque infernale des deux héroïnes. L’histoire est extrêmement dynamique, survolant du coup certains points (la fin de Berga, la résurrection de Tala par exemple).
Les dessins sont parmi les plus beaux des terres d’Arran, dégageant une vie incroyable dans les visages, les corps (les monstres sont tous très réussis et inquiétants) et les combats. Les couleurs violentes et justes viennent sublimer des combats brutaux mais très clairs.
Seul le sujet de l’ordre est un peu traité superficiellement : on apprend l’existence des sœurs du savoir, qui gèrent les runes de pouvoir, et l’intégration de cette congrégation dans l’ordre de la forge ne paraît pas très naturelle, comme le confirme l’attitude de Ralmar… La famille de Redwin voit encore son histoire se développer et on prend beaucoup de plaisir à suivre Ulrog et la vénérable. Les liens entre les personnages sont basiques mais efficaces et leur radicalité est typiquement naine (Ralmar et Ulrog, Tala et Eti).
Enfin le caractère de l’héroïne fait l’âme de cet album avec un final badass, cynique et sombre. Un titre digne de la forge et de l’heroic fantasy en général, moins profond que d’autres mais tellement viscéral.
Dernier tome des demi-elfes.
Maltraités par les auteurs comme par les autres races, les demi-elfes bénéficient d'un dernier album d’un assez bon niveau. Si je préfère le tome 9 (très décrié par ailleurs), on a ici une jolie conclusion qui s’appuie sur la résurrection du premier demi-elfe.
Les desseins sont meilleurs que dans les tomes précédents mais les physionomies dés mâles restent toujours aussi perturbantes : le look « pile ou face » (Chroniques de la lune noire) est systématiquement choisi alors que le profil Wismerhill aurait été un modèle plus attirant. Le résultat est problématique car ils ont tous l’air fourbes et sournois ! Heureusement les demi-elves ont un style gothique (Feydreva ?) qui fonctionne lui très bien et l’album est emmené par l’une d’elles. Les couleurs distillent bien les diverses ambiances de l’histoire.
Les personnages sont un peu monolithiques et la culture ethnique se résume à ses souffrances continues et sa pénible errance. Cependant l’intégration de l’album dans l’histoire globale des semi-elfes assure une continuité très plaisante pour le lecteur et finalement rare dans l’univers des terres d’Arran. Le scénario est assez efficace, avec l’usage habituel des flash-backs à la veillée… Il souffre malheureusement d’un dernier combat raté lorsqu’un ninja (!!) poignarde (sans conséquence !) Haarn’al dans une scène de combat illisible, avant l’intervention d’un « elfis ex carnagia » vraiment trop pratique.
En conclusion un album presque correct qui justifie de clôturer une ethnie dont le métissage serait la malédiction éternelle. L’ordre des Errants chez les nains, qui souffre du même statut, est a contrario partie intégrante de la société naine et plus intéressant à découvrir.
Gurdan du Malt...J’avais tant de raisons de détester ce tome : l’ordre du Talion est abandonné, faute de combattants et sans un mot, pour un ordre du Malt qui n’existe pas. On recycle un ancien de la légion de Fer, qui sert elle-même de dérive à l’ordre méprisé (aussi bien par les nains que par les auteurs) des Errants. On passe beaucoup de temps à disserter sur la distillation (dans un hommage appuyé à cette belle et ancienne série « les maîtres de l’orge »), sujet technique dont la poésie est parfois un peu rustique … et à la fin on est pris par cette histoire riche et goûtue.
D’abord les dessins sont très bons, dans tous les contextes : plans serrés, paysages, combats, monstre… Les couleurs ont une chaleur d’été indien particulièrement adaptée à ce retour à la terre et à la famille d’un vieux guerrier usé.
La psyché des nains est omniprésente avec un lot épais de vulgarités oratoires et de comportements bornés, burnés et belliqueux. La culture n’est pas oubliée avec la présence de sujets sur l’alimentation, la religion ou l’administration. Les rapports entre les personnages sont rudes, mais beaux, et jalonnent l’histoire de moments touchants. Enfin le scénario intègre assez de moments différents et subtils pour animer la simple remise en l’état d’une distillerie familiale.
L’irrespect du cadre théorique des ordres cède face au talent artistique (cf elfes 26 et 29 dans le même style). Il apparaît donc désormais que seule la Légion de Fer parvient encore au niveau des albums dédiés aux ordres du Bouclier et de la Forge, ce qui en dit long sur la nature violente de nos amis nains.
Le tome 8 de la série Orcs & Gobelins est dédié à ces derniers, et c’est peut-être le meilleur des 8.
Les 2 éléments que je préfère habituellement chez les peaux vertes sont peu présents : des relations très basiques entre les personnages, assez peu de culture gobeline (le héros est au service des hommes du début à la fin, seuls quelques rares flashbacks évoquent sa vie d’avant). Mais le scénario bien tordu, la noirceur générale du ton, la psyché subtile et douloureuse du héros subliment le tome. Les dessins sont ajustés à l’ambiance, transpirant la sueur, le gras et la douleur. Seul le visage de Renifleur dégage intelligence, volonté et émotion. Les couleurs sombres et glauques viennent étoffer l’atmosphère générale.
Cet album d’exception confirme, après le titre La Poisse, la dérive attendue vers la dark fantasy qui génèrera les meilleures histoires d’Orcs & Gobelins. Ensuite viendront Kor'nyr, Silence, Pest, Saasha, Lardeur…
6ème tome sur les bleus, une race elfique originale mais dont le suivi a toujours subi le poids de l’histoire globale (dès le tome 1 !). Il bénéficie comme souvent chez les bleus de beaux dessins, avec des cadrages originaux, des visages précis et des combats clairs et puissants.
Le scénario est simple et parfaitement linéaire, mais le flashback est utilisé un peu plus finement que dans d’autres histoires. L’apparition du complot contre les races anciennes est le point clé de ce tome des elfes. Le parallèle avec la présence des ennemis de Rome dans les arènes, remplacés ici par les nains, les elfes, les orcs et les gobelins, est intéressant.
Le couple orc/elfe (déjà présent dans les albums 15 orcs, 18 elfes) est efficace et permet de fouiller la psyché orque en dehors de sa série dédiée. Les autres races ne sont pas négligées (elfe blanc, gobelin, nain), entamant la mise en route d’une alliance globale contre les hums.
Un album de grande qualité, malgré sa linéarité, et finalement en ligne avec les autres albums bleus : la série aura toujours servi à alimenter une grande histoire transverse, impliquant les autres peuples.
6ème tome dédié aux elfes sylvains et malheureusement la qualité a décliné. Le scénario est pourtant dynamique et la culture sylvaine bien mise en valeur et omniprésente.
Les dessins sont précis mais peu enthousiasmants, notamment sur les combats.
Le héros est un personnage torturé, un peu irritant mais parfois drôle. Son copain le centaure sauve en effet l’ambiance très lourde par des saillies de qualité, ainsi que le héros….
La deuxième partie de l’histoire accumule les incohérences ou les facilités (SPOILER ALERT) :
- L’amnésie du héros, approche éculée
- Le Code de l’honneur du combat, que personne ne respecte plus à partir de la page 12…
- La tendance des elves à coucher avec le premier venu, même s’il a tué votre mère ou si vous avez tué ses parents…
- Les 2 combats de Kaënn, médiocres dans tous les sens du terme
- La mort de Syrienne, elve millénaire, sorcière et guerrière, d’une simple flèche
Forcément, il est difficile de prendre plaisir à la lecture avec des événements aussi stupéfiants, mais le cheminement reste agréable malgré tous les cahots.
9ème tome des orcs et une claque. Le scénario est plaisant et malin, il s’articule autour de flashbacks, récurrents dans les terres d’Arran (mages 4, orcs 10, elfes 27,…). Les deux époques finissent par converger brillamment dans les dernières pages.
Les dessins sont précis, clairs, faisant la part belle aux décors et les couleurs demeurent parfaitement en osmose avec l’atmosphère désabusée du récit.
Le couple orc/gobelin (recréé ensuite dans les tomes 10 et 13) est une belle découverte et restera pour moi le plus attachant car Freill est à la fois authentique, sournois et affectif. Silence est une nouvelle fois diffèrent des autres orcs (cf tomes 1, 5, 10) mais il s’agit cette fois plutôt d’un détail formel : il se tait au combat. Sa folie en fait un personnage touchant, en symbiose avec le gobelin.
La culture orque est décrite comme dans aucun autre album (à part le 7), appuyée par la présence omniprésente de la guerre dans les deux temporalités.
Il est étonnant de noter qu’il s’agit de la première histoire militaire de la série (viendront ensuite les tomes 11 et 13). La note est un peu élevée, par peur des représailles.
10ème tome de la série et Dunnrak est très efficace. Les dessins sont de bonne facture et le scénario malin. L’apprentissage par Dunnrak de son joujou de prédiction évoquera des souvenirs aux rôlistes lors de leurs découvertes d’artefacts. On regrettera juste une ouverture finale prometteuse qui n’a pour l’instant pas été concrétisée…
Le couple orc/gobelin (déjà présent dans les tomes 12, 13 et 15) fournit une jolie dynamique, alors que les autres personnages ont peu d’espace pour exister dans une histoire riche. La personnalité de Dunnrak compense, avec son ironie noire (mais dans une langue châtiée). Il est en effet plus réfléchi et sensible que ces congénères, à l’image de Tsuruk et La Poisse (ces derniers bénéficient de leurs métissages). Et il est victime de la même malédiction qu’eux concernant leur partenaire féminine…
Le complot contre les races anciennes apparaît et permet le lien avec la série Mages à travers la présence d’Altherat, un nouveau « traître » à la cause humaine. La présence des survivants de la Compagnie d’orcs du tome 6 ajoute à l’intégration du titre dans l’univers des terres d’Arran et à la présence de la culture orque. Cela emmène Dunnrak dans la catégorie des meilleurs albums de la série.
6ème tome dédié aux elfes blancs, qui clôture l’histoire d’Alyana, l’être vivant le plus puissant des terres d’Arran (mais c’était avant).
SPOILER ALERT : cette critique fournira pour une fois des détails majeurs de l’histoire.
Le scénario est plutôt intéressant même si le pillage systématique des armes magiques est un peu troublant : en tant que pari politique, c’est un peu hasardeux comme stratégie de mon point de vue. Mais le problème important concerne la fin d’Alyana : alors que l’émotion était belle, alignée avec l’état d’esprit désabusé du duo Alyana/ La Poisse, on découvre une cachotterie de polar de seconde zone qui permet à l’elve de finir sa vie aux Bahamas, sans aucun pouvoir. Quel intérêt ?
Les dessins sont parfois faibles : les elfes blancs se ressemblent à tel point qu’Utell semble être cloné dans chaque scène. Heureusement les personnages principaux, les araignées et les artefacts sont très bien servis graphiquement, avec des détails subtils et des couleurs éclatantes.
La Poisse constitue le ressort émotionnel majeur de la série, les elfes blancs, fidèles à eux-mêmes, n’étant pas très attachants. La dépression d’Alyana aurait pu être touchante malgré sa lourdeur, mais son départ en vacances final sabote toute l’émotion.
Les blancs constituent la série elfique la plus frustrante, avec une poésie, une beauté, une culture et une atmosphère uniques. Mais les dessins sont parfois décevants sur les personnages et les combats. Les défaites des elfes blancs (tomes 8 et 13) sont difficiles à comprendre et un peu trop pratiques scénaristiquement… Cet album ne fait pas exception, incluant toutes ces remarques à la fois. Il est incontournable pour les habitués, un peu moins pour les autres.
2ème tome de mages pour une découverte de la magie runique.
La faiblesse de ce titre réside dans sa richesse : il est trop ambitieux et aurait mérité plusieurs pages supplémentaires. Développer les personnages secondaires, étoffer l’enquête et ajouter quelques belles images au combat final font partie des éléments qui auraient rendu l’histoire plus lisible et puissante. Les critiques n’ont point aimé l’avalanche de thèmes et je peux les comprendre, mais l’album reste fort et captivant.
Les dessins sont efficaces, en dépit de certaines faiblesses sur les personnages, et le cadre est souvent grandiose. Le scénario, qui louche respectueusement vers le nom de la rose, est dense et captivant. Les caractères sont intéressants et l’émotion présente dans les dernières pages. Evidemment, empiler une enquête dans un monastère, une relation maître/élève compliquée, une bataille magique époustouflante et la description de 7 ou 8 personnages n’était pas réaliste au sein d’un même album sans déstabiliser quelque peu le lecteur. Cependant cette densité assure la pérennité du titre : on peut le relire à loisir.
L’absence de continuité dans le tome 6, alors que Shannon a obtenu une suite dans le tome 5, constitue une vraie déception, mais Eragan est un bon élément de la série mages. Il est profond, épique et mystérieux, avec l’once de noirceur qui manque dans tant d’autres albums. Ce titre est le moins bien noté de la série: cette aberration (cf mes autres critiques) méritait de gonfler ma propre note.
3ème tome de mages et je partage les avis précédents : c’est le meilleur des 6 premiers. La qualité a ceci de pénible qu’elle demande peu d’explications. Les dessins sont magnifiques, les couleurs en parfaite harmonie avec l’atmosphère ténébreuse du titre. Le scénario est subtil et élégant, le nécromancien attachant ! La psyché du mage est décrite sans détour et la nécromancie nous est récitée dans toute sa noirceur. Cet album de dark fantasy fait honneur aux terres d’Arran, dans la lignée de Nains 6, 7,8, 12 & 15, Elfes 9,10,11 & 12, Orcs et Gobelins 5,8, 13 & 14.
4ème tome des errants et le plus mauvais. Cet "ordre" a eu du mal à exister dès le deuxième tome, mais cette histoire sur une bande de mercenaires/voleurs est définitivement hors du sujet. Les dessins incarnent une fantasy enfantine (à l'aune du scénario en même temps) déphasée par rapport à tous les autres albums. Le tome précédent annonçait déjà cette dérive stylistique mais ne sombrait pas à ce point dans des couleurs rigolotes et des dessins mignonnets.
La catastrophe est majeure, mais le tome suivant est rassurant. Seules quelques bonnes blagues sauvent l'album de la guimauve écoeurante.
5ème tome de mages dans la sous classe martyrisée des élémentalistes. Après un premier titre inquiétant avec des couleurs vives et une gentille fillette, la magicienne a grandi et le style s’est un peu durci, heureusement. Cependant la déception est forte, comparée aux tomes 2, 3 et 4.
Le scénario est adapté du village des damnés et donne de belles images d’enfants possédés. Mais le problème est ailleurs : Shannon, qui donne son nom à l’album, est absente d’une bonne partie des pages (et de l’histoire : tourisme elfique, tourisme forestier, tourisme bibliothécaire…). Elle ne fait que deux sorts : téléportation et extinction d’incendie. La partie magique est donc inexistante, de même que la profondeur de son héroïne : innocente, sensible et courageuse ….
Le titre est sauvé de l’absurdité par les présences initiale de Feda'saa et finale de Belthoran, qui le réintègrent dans l’univers des terres d’Arran. Mais le Belthoran ex machina est trop décevant, malgré une dernière page d’ouverture prometteuse.
4ème histoire pour l’ordre du bouclier et le sans faute continue. Si l’ordre de la forge touche parfois au sublime dans l’émotion et la création du mythe, le souffle épique est invariablement présent dans cette série. Certains se plaignent de scénarios proches du western, liés à des histoires guerrières dont la ressemblance à travers les contextes est inévitable. Cette fois, les variations me paraissent trop nombreuses pour faire des parallèles évidents.
La réflexion sur l’ordre est bien présente avec son impact destructeur sur les familles et les psychés (cf Volgrir). Le groupe est le plus ronchon jamais créé avec un verbe particulièrement agressif et argotique. Et pourtant chaque nain est énervant à sa manière, pour finir par nous toucher. La dynamique des combats n’est pas le point fort de l’album qui affiche cependant des monstres inattendus et joliment hideux.
La fin particulièrement sombre fait honneur à cette branche de la série moins adolescente qu’il n’y paraît et écho aux meilleurs albums des autres ordres. Nains assure deux séries brillantes qui font honneur à l’héroïc fantasy.
11ème tome de la série et probablement un des moins intéressants. Pourtant le scénario est implacable et les dessins magnifiques, mais la nostalgie n’est pas un art et je la réfute dans l’héroïc fantasy, dessinée ou non. On peut flirter avec les grands anciens, mais on se doit de toujours apporter du sang neuf aux lecteurs.
Le remake affiché d’une histoire de Conan vieillit mal et manque sérieusement de profondeur. Quant aux dessins, ils rappellent les brillants débuts de la bande dessinée de Fantasy, mais ne correspondent plus aux attentes des lecteurs selon moi.
En conséquence tout le sel de la série disparaît : l’orcitude de Kronan est difficile à percevoir derrière la présence spectrale du barbare le plus célèbre de l’histoire. Ses compagnons sont fades et la série ne s’intègre pas dans l’univers des terres d’Arran. La note est soutenue par des qualités intrinsèques indéniables, bien que trop datées.
Tome 29 des elfes avec la dérive rouge. C’est la première branche elfique qui ne répond à ma connaissance à aucune référence du canon elfique à travers la littérature ou les jeux de rôle. Personnellement cela attise d’autant moins mon intérêt que les rouge étant éteints, leur culture n’existe plus et l’histoire ne peut la développer (pour le moment).
Ce centre d’intérêt absent, le groupe de personnages est de plus malheureusement assez monochromatique avec la dureté sardonique de Turuk et la dureté pragmatique de Lea’saa. Seule la jeune cartographe apporte de l’humour, mais peu de profondeur.
Un scénario limité à une excursion en terres d’Ogon n’apporte pas de satisfaction supplémentaire. Quelques scènes d’action peinent à sauver l’ensemble de l’ennui.
Bref j’avais détesté, et puis je l’ai relu. Les frustrations d’alors ont cédé la place à une certaine tendresse. La fin ouverte haletante avec des points d’interrogation variés est une première source objective de satisfaction. En fait on a un album de transition (géographique bien sûr mais aussi en terme d’intensité), énervant en l’absence de suite publiée, mais plutôt divertissant, comme un voyage contraint qui s’avère exotique et prometteur.
Découverte de la dernière sous-classe de mages : les élémentalistes. Ce titre compliqué et sombre relève le défi de garder la qualité élevée du précédent sur les nécromanciens.
Les dessins sont beaux, mettant en valeur les personnages. Ces derniers sont tous plus noirs les uns que les autres, ce qui change agréablement des tomes 1, 5 et 6. Cette dark fantasy, à peine allégée par le fantasque Orogarion, nous livre donc Arundill, une magicienne badass de très mauvaise humeur. Sa psyché rageuse est très divertissante et rafraichissante, on regrettera seulement un changement d’attitude (je viens pas en prison/je reste en prison) dur à comprendre.
Le style magique matérialisé par des pentacles orange évoque visuellement Dr Strange, ce qui n’est par contre pas positif. Sur le fond, cette magie variée (énergie, illusion, protection, homoncules, …) reste obscure pour le profane (quelle différence avec la runique ?), mais les duels fournissent un spectacle original et vivant.
Le scénario est peut-être le plus tordu de toutes les séries. Le découpage s’appuie sur des flash back qui freinent la dynamique mais permettent des parallèles séduisants (et sont justifiés par une amnésie) ou des diversions malignes (Orogam/Orogarion).
Un album riche qui se digère progressivement et bénéficie de l’omniprésence de l’ordre des ombres dans l’histoire, et donc de son inclusion au sein du « grand tout », pour obtenir cette belle note.
12ème tome de cette série originale, sans trame transverse, ni segment d’appartenance.
Cet album utilise une histoire très « walking dead » pour mettre en valeur les gobelins (accompagnés d’une demi-orque pour le visuel). De jolis surnoms personnalisent bien ces » messieurs » : Vermin, Pest, Stik, Mignon le mal nommé. Le groupe est décrit avec précision, avec des dialogues et des actions bien spécifiques, rendant chaque personnage intéressant. Pour autant, la dureté et la violence de ces 5 voleurs sont omniprésentes et assurent la crédibilité de leurs psychés.
Les dessins sont nets et précis (le visage de Mignon !) dans une coloration sombre parfaitement adaptée aux goules et aux culs verts. Comme souvent, les scènes de combat ne sont pas toujours claires mais la qualité des visages compense. La narration qui passe par les pensées de Pest permet des perles de frustration et de cynisme. Seule sa sensibilité un peu marquée flirte avec l’anthropomorphisme.
On a de fait la recette du succès de l’univers des terres d’Arran : culture spécifique, personnages attachants, histoire dynamique. Je constate avec un étonnement croissant que la série « orcs & gobelins », très correcte dès le départ, ne cesse de s‘améliorer. Le scénario un peu attendu limite la note.
30ème tome dans la meilleure série des elfes, mais son titre le plus faible. En effet le peuple des elfes noirs a bénéficié d’un traitement global de qualité : scénarios rigoureux et précis, analyse psychologique et culturelle de cette race mystérieuse, centrage sur un personnage à la fois représentatif et singulier : Gaw'yn, évolution de ce dernier au fil des tomes. Les dessins sont nets et les couleurs justes, apportant les combats les plus clairs de toutes les séries. Aucun des albums des elfes noirs ne peut certes prétendre au souffle ou à l’émotion de certains titres des elfes blancs ou sylvains, mais la série est cohérente, fiable et élégante. Aucune faille ne venait ternir son éclat, ce que tous les critiques ont mis en évidence, album après album.
Malheureusement, ce dernier (espérons-le pour le souvenir de cette belle série) album des elfes noirs voit des fissures lézarder son parcours parfait. Des dessins dégradés et des couleurs criardes apparaissent. Notre héros solitaire est affublé de deux elves limitées à un rôle caricatural de provocatrices et de chair à canon. Le scénario est limité sur bien des plans et nous achève avec un grand méchant ricanant et démesuré : il est à la fois vampire, loup-garou, premier elfe, surpuissant, quasi immortel, responsable de la création des peuples elfiques… Seule la description du mythe de la création des peuples elfes vient sauver ce titre d’une déception complète.
13ème tome de la série la plus surprenante des terres d’Arran. Ce titre met en place une histoire à la fois sensible et politique tout en décrivant en profondeur la culture orque. Le scénario s’appuie sur la problématique éternelle de l’union des clans pour une race conflictuelle, violente et fière. Le sujet est captivant, pimenté de l’habituelle dérive du chef autoproclamé, Kor’nyr.
Les dessins sombres et précis fournissent la juste atmosphère de ce drame grec. Ils assument aussi parfaitement les habituelles scènes de combat indispensables à une histoire de cette série. Cette dernière a rarement atteint ce niveau de profondeur, notamment à travers le parcours psychologique du conseiller, Viil le mal nommé.
Il s’agit pour moi du meilleur titre d’Orcs & Gobelins, avec un final amer dans la lignée des tomes 7 (Braagam) et 8 (Renifleur). Il décrit avec passion la spécificité du peuple orc dans toute sa crudité, ajoutant une dimension émotionnelle à travers les doutes de Viil. Un lien avec d’autres éléments de l’univers manque pour atteindre la perfection. Incontournable pour les amateurs de la série.
6ème tome de la plus jeune des séries des terres d’Arran. Cette dernière peine à trouver son style et ce dernier tome n’y change rien : une nouvelle fois, cette série prometteuse sur les sorciers et autres mages se fourvoie. En effet, elle s’attarde à nouveau (5ème tome ?) sur un personnage adolescent en cours d’apprentissage de ses pouvoirs. Or l’attraction de Mages avait trois sources. D’abord la série semblait décrire les acteurs majeurs d’un complot humano-centrique à l’échelle du continent : ce crossover alléchant est en train de disparaître inexplicablement de toutes les séries… Ensuite, Mages annonçait décrire la psyché d’un être complexe et les spécificités d’un ordre magique, éléments qui ont disparu depuis le tome 4. Enfin, la série pouvait, à l’instar d’Orcs & Gobelins, incarner une héroïc fantasy plus sombre et adulte.
Concernant ce titre, l’histoire rappelle furieusement les combats de robot décrits dans « Real steel » ; appartenant à une génération bercée par les anime originels, j’adhère pleinement au concept, malgré le peu de liens entre cette magie de golems et celle du tome 2. En effet, la figure du golem fonctionne bien, visuellement et même émotionnellement : les dessins sont dynamiques et spectaculaires.
Les personnages sont attachants, mais on aurait préféré voir grandir Eragan, le mage runique du tome 2. Le titre se termine sur un Canes ex machina émouvant mais un peu trop pratique…Il devient urgent de recentrer cette série, le prochain tome des nécromanciens sera sans doute très bon, mais comme le signalent certains critiques un sentiment diffus d’industrialisation des concepts monte parmi les lecteurs/collectionneurs. La note est sévère, à la hauteur des attentes.
21ème tome de ma série préférée des terres d’Arran, au sein de mon arc favori : l’ordre de la forge. Ce biais explique en partie la note parfaite, mais le titre a réellement quelque chose de mythique. Il permet en effet la réunion de la famille de nains la plus énervée et talentueuse jamais racontée : Redwin et sa descendance. Sur un scénario convenu de duel judiciaire contraignant deux frère fâchés à se retrouver, pousse le 5ème récit sur ces nains colériques et obstinés (pléonasmes ?).
La connaissance de la famille via les quatre tomes précédents donne un sentiment de continuité et une cohérence à l’arc extrêmement satisfaisants. En découle un plaisir de lecteur au moins égal à celui des premiers albums des Elfes et des Nains. Ce ressenti se nourrit de l’histoire principale et des émotions générées par les deux frères.
Certains esprits chagrins trouveront les dessins de combat un peu confus et chaotiques, ce qui est le propre de nombreux titres de la série Nains, mais ils insufflent le doute chez le lecteur, nourrissant son inquiétude et sa curiosité. Je préfère m’attarder sur la qualité des visages et des expressions, source des émotions mentionnées précédemment.
L’intervention finale de la légende des terres d’Arran, papa Redwin, constitue une apothéose qui assoit le caractère indispensable du titre. Ce deux ex machina n’en est pas un, c’est un pater ex furia ! A lire absolument.
14ème tome de la série la plus étrange des terres d’Arran, celle dédiée à la chair à canon de tous les rôlistes. La violence de l’album rappelle ce statut et pose l'atmosphère. Celle-ci est en effet consubstantielle à la vie des orcs, comme le montrait si bien le titre précédent (Kor'nyr). Le combat nourrit de sa noirceur l’humeur ténébreuse de l’héroïne. En cela, l’histoire fait écho à la dérive autoritaire et mentale du même Kor'nyr. La profondeur de la série y gagne clairement. Apparté : cette profondeur est plus présente dans chacune des 4 séries que certains critiques le laissent penser, mais a tendance à se raréfier (cf albums récents Elfes et Nains).
Que le mercenaire soit une femme fonctionne facilement : une orque est effectivement physiquement supérieure à tout humanoïde citadin. Cependant, sa nature orque est à la fois une évidence visuelle et une incertitude intellectuelle : en quoi le comportement et le phrasé du personnage diffèrent-ils de n’importe quel mercenaire/bourrin dans l’héroïc fantasy ? Ce détail mis à part, le plaisir coupable de suivre ce genre de psyché radicale est là, jusque dans une conclusion bien alignée …
La série fournit à nouveau un bon album de facture classique (au sens noble et artistique du terme), grâce essentiellement à une héroïne badass dont on aimerait découvrir les turpitudes. D’ailleurs cette frustration répétée (cf ma critique du tome 15) que génère la série « orcs & gobelins » interroge : ne faudrait-il pas se servir plus des personnages des 15 aventures précédentes (même si Turuk et La Poisse sont déjà exilés en elfitude) ?
15ème tome de cette série improbable sur les divers culs verts de la terre d'Arran.... et encore une réussite ! Bien sûr l'histoire est une variante du classique "aubergiste/assassin", d'ailleurs déjà utilisé dans le 12éme titre. Mais comme d'autres critiques l'ont déjà écrit à propos de certaines histoires utilisées dans un des 71 autres albums (!!), les scénarios potentiels, notamment dans des albums isolés, ne sont pas infinis.
La force de l'histoire repose donc comme souvent sur les interactions du groupe, l'humour de ses membres et leur tendresse virile. Ce ressort était également présent dans la compagnie de mercenaires orcs décrite dans l'album 6 (entre autres), mais tellement calqué sur la compagnie noire qu'il en était affadi. Ici l'hétérogénéité du groupe : un vieux, un manchot, un elfe, un gobelin,..., apporte une nouveauté rafraîchissante.
La clarté des dessins apporte une dynamique à l'action qui n'est pas si fréquente dans la collection. L' efficacité de l'album est pour moi garantie par une double frustration (non je ne suis pas fou !): on aurait vraiment voulu en savoir plus sur les disparus et connaître la suite de l'existence des survivants. Mais on connaît les contraintes du format.
Un très bon album d'héroïc fantasy classique (au bon sens du terme) qui ranimera notamment les souvenirs de tous les vieux rôlistes spécialistes des traversées de labyrinthes.