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Troy Denen, infiltré au sein de la Résistance, cherche à venger la mort de sa femme et de son enfant en éliminant la cheffe du groupe. Pendant ce temps, le Régent se fait "remplacer" par l'arriviste Urban Yeiger, ce dernier en profite pour instaurer un régime tyrannique et fascisant sur les bords.
J'ai bien aimé ce second volet qui enfonce le clou en termes de dénonciation politique et des dérives sécuritaires qui en découlent. Il y a d'ailleurs quelques 'punchlines' bien senties telles que "La peur est le premier pas vers l'obéissance."
Les mêmes méthodes que les magnifiques régimes nazis et communistes du siècle dernier sont énumérées dans cet album: manipulation de l'information, élimination des opposants politiques/des scientifiques et destruction du savoir en éradiquant les livres et la connaissance, oppression constante, peur instrumentalisée…
Visuellement, le rendu est toujours très impressionnant et saisissant, je pense notamment aux scènes sous-marines très immersives.
Malheureusement, comme je le pressentais en lisant l'opus précédent, un diptyque est trop court pour tous les thèmes qui sont abordées et les potentiels rebondissements qui auraient pu être apportés au récit global.
Au final, une histoire qui se finit trop rapidement mais qui reste très agréable à lire.
Passée la première impression d'un titre assez moyen et une couverture qui aurait pu être mieux choisie, cet album recèle quelques qualités: l'ambiance d'une autre époque, les dialogues "so british", le plaisir de retrouver le binôme de choc ou encore Olrik en tant que méchant calculateur prêt à tout afin de s'enrichir.
L'idée de localiser l'action dans les Cornouailles est aussi une très bonne chose, de même que cette nouvelle invention de Mortimer à savoir la 'Taupe' que n'aurait pas renié un certain Jules Verne.
Pour le reste, c'est devenu un peu trop téléphoné sur pas mal d'aspects (l'identité du fameux Druide) voire capillotracté (Olrik qui sait conduire l'Espadon !?!). Finalement cet album est sympathique mais ne finira pas parmi les plus mémorables de la reprise post-Jacobs mais pas non plus du côté des plus mauvais (le cri du Moloch).
Suite à la fin osée de 'La mort de Spirou', j'étais curieux de connaître le dénouement de cette singulière histoire.
Le scénario lorgne du côté de Matrix et nous fait revivre une version très fantasmée teintée de fan-service des précédents épisodes de Spirou toute époque et reprise confondues. Il y a de bonnes idées et beaucoup de plaisir à la lecture grâce aux dessins de Schwartz.
Tout cela est malheureusement gâchée d'une part par ce final grandguignolesque avec le retour de Cyanure en mode mécha. Une version en mode Terminator m'aurait davantage fait adhéré à cette ressortie d'un méchant trop sous-exploité en son temps. D'autre part, cet insupportable effet de mode qui consiste à jouer à fond la carte de la nostalgie et de constamment faire des références au passé, comme si les auteurs et les maisons d'édition ne voulaient pas (plus) prendre de risque.
Cet album aurait pu être bien meilleur mais avec le recul, je dirai qu'il reste quand-même correct. Les derniers albums de cette série m'invitent à penser que Spirou et Fantasio doivent évoluer, comme l'on fait avec beaucoup de réussite Tome et Janry dans les années 90 (changement de design, évolution relationnelle entre les personnages, création de nouveaux méchants charismatiques).
Suite et fin des aventures de Raven et Lady Darksee dans un opus où chacun cherche à tirer son épingle du jeu afin de fuir avec les émeraudes tant convoitées.
Il ne faut absolument pas chercher du renouveau sur le thème de la piraterie, ici le terrain est balisé et il n'y aura pas de réelle surprise puisque le menu est classique mais copieux: trahison, héroïsme, exécutions et combats.
Visuellement, Lauffray assure comme un chef avec cet ultime volet, il nous en donne pour notre argent en termes de découpage, trait, colorisation, encrage…
Si l'emballage est alléchant et que la forme est belle, quand est-il du fond ? C'est malheureusement là où le bât blesse avec beaucoup de raccourcis et quelques ficelles narratives téléphonées.
Même si la série a des défauts très évidents et ne restera pas dans les mémoires, elle aura été divertissante et finalement bien amenée jusqu'à cette conclusion qui n'a pas besoin de suite pour moi. Pour son prochain projet, je conseille à Lauffray d'engager un scénariste afin de corriger les maladresses et autres écueils d'écriture.
Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre que les éditions Dupuis ont cessé de vendre cet album, sous prétexte que trois pleureuses ont chouiné sur des réseaux (de cas) sociaux et appelé au boycott. La liberté de caricaturer et de se moquer est visiblement à géométrie variable selon les communautés qui se sentent offensées.
Face à cette attaque en règle, j'ai décidé de republier ma critique d'il y a quelques mois tout en la mettant un peu à jour:
"Quand Yann rencontre Dany pour une relecture de Spirou et Fantasio, on se doute que cela va donner quelque chose qui va détonner à plusieurs niveaux. C'est effectivement le cas.
J'avoue être assez partagé. D'un côté, cette relecture version plus adulte et plus grivoise s'apparente à une grosse farce d'un sale gosse cherchant à dynamiter à peu près tout ce qui lui tombe sous la main. D'un autre côté, je ne peux m'empêcher de voir du cynisme dans le discours, de la vulgarité (Pacôme avec la Gorgone Bleue) et du politiquement correct (se moquer/critiquer de Donald Trump n'est pas une prise de risque artistique, pourquoi ne pas avoir pris Obama ?).
La quasi-totalité des personnages sont des idiots finis et il y a une forme d'hypocrisie dans le discours: c'est bien d'être bobo-écolo mais pas trop, c'est mal de consommer des burgers mais vous pouvez continuer ainsi puisque tout le monde aime ça, être illégal face à l'illégal ça passe…
L'humour est présent sur quasiment chaque planche jouant la carte de la parodie (le Marsupilami blanc), du méta (Spip qui annonce que l'on savait qui était la responsable), du grivois (les champignons en forme de phallus), de la stupidité (l'armée américaine composé uniquement de noirs) voire de la surenchère (Trump avec ses poulpitos version Godzilla).
Dany n'a pas son pareil pour représenter les femmes, surtout avec des proportions généreuses, ici, c'est un peu le festival afin de critiquer la société du spectacle et l'hypersexualisation de la femme à travers les différents médias existant.
Un 'one-shot' unique, très outrancier, décalé, débile et qui ne plaira clairement pas à tout le monde. J'y ai vu des qualités mais également des défauts."
Soutien aux auteurs.
Après l'excellente adaptation des 'croix de bois', le duo Morvan/Facundo revient en trio avec cette biographie consacrée au sinistre Salvatore Riina alias le parrain de la 'Cosa Nostra'.
Il sera question d'explorer et de tenter d'expliquer les origines de l'un des plus impitoyables et sanguinaires mafiosi du XXème siècle jusqu'à son incarcération. Les meurtres, exécutions et autres faits de violence seront par conséquent légions au fil des pages et de l'ascension de celui que l'on aura surnommé, à raison, ' Le fauve'.
Encore une fois, le rendu graphique est splendide de par son trait et magnifique sur les choix et compositions monochromes, tout cela au service d'un récit extrêmement bien documenté et passionnant de bout en bout.
Une des meilleures bande-dessinées que j'ai pu lire cette année.
Dès la première planche, l'explosion de cette bombe H, couplé au superbe noir et blanc, met instantanément le lecteur dans l'ambiance qui sera désespérée. Dans les planches qui suivent, les auteurs mettent en place le contexte, les enjeux et introduisent le nouveau régime politique hiérarchisé, tyrannique, brutal et injuste.
Cette adaptation d'une nouvelle de science-fiction est à la fois prenante, rythmée et absolument sombre. J'y ai vu des analogies avec le 'Transperceneige' en terme de discours/critique sociale et d'absurdité des systèmes autoritaires.
Le rendu visuel est magnifique, je pense notamment à ces planches illustrant la tour en construction ou à cette planche, où le héros observe l'altimètre tandis que les combats font rage autour de lui comme si le temps s'était figé.
La fin de ce récit glaçant est pour le moins percutante de par son aspect nihiliste et de par… sa chute !
Au final, un très bon one-shot qui se hisse près de ses modèles et vers le haut du panier dans le genre science-fiction.
Second opus et fin de cette petite histoire qui s'intègre dans la grande avec le tremblement de terre dévastateur de San Francisco, qui a eu lieu en 1906.
Le dessin de Meddour est toujours en adéquation avec le sujet abordé (la peinture symboliste). Bémol me concernant, les couleurs ne sont pas suffisamment fortes pour faire ressentir les émotions de certaines séquences clés (le dynamitage des bâtiments, l'explosion de violence à Chinatown, les pillages…).
Au final, ce diptyque aura été sympathique et aura eu le mérite de relater ce terrible incident avec les conséquences tout aussi désastreuses, et de mettre à nouveau en lumière les œuvres du peintre Klimt. Le dossier de fin d'album est par ailleurs très instructif sur le sujet.
'Valhalla Bunker' constitue la suite directe de 'Valhalla Hotel', et en cela on n'est pas dépaysé.
Cette suite démarre sur les chapeaux de roue et ne perd pas de temps pour les re-présentations, le récit fonce tel une belle Ford Mustang avec ce qu'il faut pour nous tenir en haleine (fusillades, répliques fumeuses, poses de guerrier, vannes et références à tout va).
Le scénario n'est une fois de plus qu'un prétexte pour aligner les moments de bravoure et autres crétineries caricaturales d'une Amérique au bord du gouffre; d'ailleurs je me suis demandé pourquoi le sénile Papy Joe n'est pas caricaturé alors qu'il est actuellement censé "diriger" le pays représentant le "monde libre".
Le dessin de Bedouel est dynamique comme il faut, empruntant au comics en termes de textures et aux films de Tarantino pour l'ambiance 'pulp' qui en découle.
Une bonne grosse série B dans la lignée de son prédécesseur. Toutefois, je suis en droit d'attendre plus de folie et d'exubérance pour les volets suivants.
Dernier album consacré à Wayne Shelton et encore une fois, j'ai eu ce sentiment d'une histoire qui aurait pu être largement développée sur plus d'un tome et qui au final restera assez anecdotique (un peu comme les précédents opus depuis un moment).
Denayer est toujours bon pour dessiner les véhicules/avions/hélicoptères, moins pour les personnages. Le cadre de l'extrême orient me fascine par son exotisme mais c'est ici malheureusement peu marquant; même le dernier album de 'Tango' qui était assez moyen possédait au moins un visuel plus attrayant, pour une aventure partageant beaucoup de points communs avec celle de WS.
Bon point à sauver de cette aventure: la conclusion achève la série. Bravo aux auteurs pour leur travail après toutes ces années, surtout pour les six premiers albums qui sont d'excellente qualité et que je prends toujours plaisir à relire.
Quand Mamie perd la tête, c'est celle du technicien pour l'installation du compteur Linky qui finit au congélateur.
Romain Dutreix s'amuse avec cette grand-mère un peu perdu qui décime des Boches avec tout ce qui lui tombe sous la main. L'auteur se met, d'ailleurs, lui même en scène et s'autoparodie avec une forte dose d'humour noir issue de chez Fluide Glacial.
Les scènes tordues, les gags graveleux et autres rebondissements capillotractés se succèdent autour de ces personnages tantôt idiots, tantôt inconscients, tantôt barrés. Le dessin et les expressions cartoonesques participent à l'état d'esprit général de cette dégringolade vers le sanglant sordide.
La fin de cet album appelle à une suite que je lirai avec plaisir.
Un nouvel opus des quatre de Baker Street, cela ne se refuse pas puisque les auteurs de cette série ont su, depuis quelques années, allier qualité graphique et scénario prenant/bien écrit par rapport aux "petites mains" au service de Sherlock Holmes.
De l'aveu d'Etien lui-même, cet album aura été exigeant et retors en raison de la mise en page (toujours excellente !) et des nombreuses scènes d'action/violence. Il est vrai que si la tenue graphique est toujours impressionnante de qualité, il faut souligner le fait que l'histoire reprend certains éléments de l'album précédent mais avec Tom au cœur de l'intrigue.
Le plaisir de lecture est toujours intacte, mais au demeurant, je pense qu'il est temps de conclure. Au vu de la fin de cet opus, les auteurs se dirigent visiblement dans cette direction.
Après un premier volet que j'avais trouvé très moyen, voici donc la suite et fin de cette enquête originale de SH accompagné de Watson et de Félix l'anarchiste français.
Non seulement l'histoire tombe dans le sordide avec des détails de torture bien appétissant, mais également dans le graveleux avec un Watson qui reçoit une "gâterie" de la part d'une prostituée (!?!) et c'est notamment l'objet d'un 'running gag' assez gênant.
Un album aussi vite lu, aussi vite oublié et c'est d'ailleurs tant mieux de l'oublier rapidement, puisque cette aventure de Sherlock Holmes ne correspond pas vraiment au haut du panier de ce qui a pu être proposé vis-à-vis de ce personnage iconique.
Voilà un excellent bon 'one-shot' que je recommande ardemment !
J'ai eu l'opportunité de lire la version rééditée datant 2015, qui a bénéficié d'une nouvelle mise en couleurs et couverture par Dominique Osuch.
Le point fort de cette œuvre est de toute évidence son scénario. En effet, l'histoire débute avec plusieurs personnages dont les liens paraissent obscurs de prime abord, puis au fur et à mesure, les faux semblants arrivent, les révélations prennent le lecteur de court, les pièces du puzzle s'assemblent jusqu'à cette chute ahurissante.
Les personnages sont également bien écrits, même les secondaires ont le droit à leur quart d'heure de gloire ou d'échec. Jean-Michel Beuriot a apporté, d'ailleurs, beaucoup de soin aux différentes trognes patibulaires et nous plonge avec délice sur les routes du sud de l'Espagne, dans les années 90.
Le réveil de la farce ou quand Star Wars se fait gentiment malmené par des auteurs en mode sale gosse, cela donne ce 'one-shot' irrévérencieux.
Que cela soit les films de la saga, les films et autres séries dérivées, chacun va en prendre pour son grade. Les gags sont bien trouvés, tutoyant parfois le graveleux et l'humour bien noir comme le côté obscur. Les noms sont ouvertement décalés et il y a même un 'running gag' autour du nom d'Han Solo tiré du même film.
Si la lecture est au final assez rapide, cela m'a en revanche bien plus distrait et fait rire que les pitoyables derniers films de cette saga, réalisés sous la houlette de Mickey, et les séries fan-service sans âme ni intérêt qui pullulent sur une certaine plateforme 'woke'.
A partir d'un postulat assez classique, nous suivons la destinée de plusieurs personnages bras-cassés, dignes d'un film des frères Coen, qui se retrouvent dans un bled paumé des Etats-Unis, au cœur d'une vaste série d'enlèvements perpétrée par des Allemands un peu trop portés sur le cochon.
De la folie, de la fureur, des références à foison et un côté 'pulp' et décomplexé totalement assumé, c'est le menu qui est prévu à la lecture de cette trilogie.
Les personnages sont au départ de parfait stéréotypes et ne paient pas de mine jusqu'à ce les révélations et autres retournements pleuvent. Le final est d'ailleurs explosif à souhait et accumule les morceaux de bravoure et autres 'punchlines' dignes des années '80-'90, le tout sublimé par une approche très 'comics' au niveau visuel.
Malgré quelques défauts, j'ai pris mon pied. C'est une lecture qui se révèle assez jubilatoire pour peu que l'on soit client du genre.
Ponzio et Marazano. Le duo prolifique et inspiré pour accoucher d'œuvres atypiques, que cela soit en terme de scénario dont la narration est généralement bien alambiquée, ou encore en terme de visuel rotoscopique qui s'approche du roman-photo hyperréaliste.
Genetiks™ est une œuvre qui met les pieds dans les dérives de la manipulation du génome humain, empruntant aux polars paranoïaque à la De Palma, aux ambiances étranges à la David Lynch/Cronenberg, à la narration complexe d'un Nolan et à la dénonciation du système à la "Matrix". Les allers/retours et autres ellipses font perdre le "héros" au même titre que le lecteur dans ce dédale où l'intrigue se complexifie pour finalement mieux révéler sa chute cruelle et cynique.
Avec un peu de recul, certaines péripéties sont assez capillotractées et les personnages sont au départ de véritables clichés sur patte, je pense notamment au méchant dirigeant du labo pharmaceutique qui se prend pour un dieu. Il faut quand même saluer l'effort des auteurs pour l'œuvre dans globalité, même si cela aurait pu être plus allégé (il y a quelques répétitions).
Une bande-dessinée qui résonne étrangement avec l'actualité au regard des richissimes "lobbies" pharmaceutiques, tel que Pfizer et autres marchands de vaccins mortels, qui n'ont jamais autant prospéré et influencé des décisions majeurs et autres politichiens à coup de millions. Pour finir, comme l'écrivait si bien Rabelais: "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
Une nouvelle histoire en mode 'one-shot' pour cet album de Wayne Shelton. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'intrigue est assez alambiquée avec la généalogie d'une famille de mafieux, qui est heureusement affichée au début.
Le dessin de Denayer reste de bonne facture et c'est dans la moyenne de la série avec le cahier des charges: femmes dénudées, argent, trahisons, rebondissements, meurtres, révélations larmoyantes et final où Shelton tire son épingle du jeu.
Un album sympathique mais encore une fois, rien d'inoubliable ni d'incroyable. Le temps où Van Hamme développait des intrigues sur plusieurs volets me manque et ce changement de paradigme se ressent depuis plusieurs années sur cette série en terme d'investissement, d'impact et de qualité.
Un album de Wayne Shelton bien plus intéressant et plus ancré dans l'actualité (l'Iran et son programme nucléaire). L'histoire tutoie le genre de l'espionnage et ajoute une part de géopolitique bienvenue dans un récit au déroulé très solide.
Ce n'est pas le meilleur album de la saga mais les auteurs se sont décarcassés afin d'apporter un peu plus de qualité après quelques opus oubliables.
Victime d'un coup monté, Wayne Shelton doit retrouver un curé possesseur d'un billet gagnant de loterie, en se faisant passer… pour un prêtre.
Le point de départ de ce nouvel album est fort savoureux et lance une histoire pleine de bonnes promesses. Malheureusement, malgré les standards de qualité habituels de la série, le scénario manque de rebondissements imprévisibles, de panache voire d'un peu de folie pour réellement marquer l'essai et les esprits.
Le plaisir de lecture est toujours présent mais la série commence inutilement à trop tirer en longueur.
J'avais arrêté Wayne Shelton suite à la lecture de l'intégrale 3 qui contenait les opus 7 et 8, soit les pires albums de la série. Le neuvième opus avait vu le retour de Van Hamme au scénario et avait suggéré un retour de qualité pour les futurs autres albums.
Cet album n°10 débute sur un postulat assez classique avec un enlèvement et une demande de rançon. Wayne Shelton vieillit mais garde sa verve et sa classe légendaire pour un récit cousu de fil blanc avec des rebondissements assez prévisibles, pour peu que l'on connaisse bien la saga. De surcroit, le fan-service sera de rigueur avec le retour de plusieurs personnages des premiers (et meilleurs) opus.
Un 'one-shot' sympathique mais pas inoubliable.
Diptyque à côté duquel je suis passé à l'époque de sa sortie, "Highlands" possède de très nombreuses qualités qui lui permet de surpasser la concurrence dans le domaine de l'aventure historique.
En effet, l'histoire se déroule en Ecosse au XVIIe siècle où les guerres entre clans et Anglais sont légions, cadre historique peu voire pas exploité au niveau culturel. Les personnages sont solidement écrits et bien intégrés dans le chaos géopolitique dépeint. Le récit est épique, bien enlevé et ne manque ni de charme ni d'intérêt.
Visuellement, les décors et personnages sont finement bien dessinés; le trait est réaliste pour une belle immersion dans les 'highlands' embrumés et verdoyantes.
L'auteur Philippe Aymond a assuré, en solo, avec réussite une histoire qui aurait peut-être mérité un opus de plus. Je n'ai pas boudé mon plaisir et je recommande allègrement cette lecture.
"Hécatombe". Voilà un titre en parfait adéquation avec son contenu puisqu'effectivement le lecteur va décompter les cadavres à la pelle au fil des planches.
Bouncer est de nouveau obligé de sortir les colts afin de mettre un terme à cette histoire de lingots d'or, objets de biens de convoitises, dans une ville en proie aux intempéries et autres prestigitateurs trop honnêtes pour être franc du collier.
Cet opus de fin de cycle est charnu avec 140 pages et géré de main de maître par Boucq et Jodorowsky. Comme à son habitude avec ce dernier, les corps prennent chers et finissent aussi meurtris que l'âme de ses personnages.
Autant c'est un plaisir de lecture bien sombre et violent à souhait, autant il y a quelques facilités scénaristiques notamment avec des lingots qui ne font pas bruit en tombant d'un coffre, ce qui m'oblige à diminuer la note finale.
"Spirou et Fantasio - Classique" est une nouvelle série reprenant, Spirou et Fantasio donc, dans un style très proche de celui de Franquin tant au niveau stylistique, humoristique que de l'état d'esprit global.
Passé cet aspect un peu "copié-collé", je reconnais que la formule pour ce premier album est sympathique et de très bonne tenue. En effet, tous les ingrédients de la grande époque Spirou y sont: le Marsupilami, Seccotine, le générateur atomique gamma, Longplaying… Particularité de cet album se déroulant à Cuba, Fidel Castro et le Che sont caricaturés et ridiculisés comme il faut.
A l'issue de la lecture, je me pose quand-même la question: est-il vraiment utile de poursuivre des albums dans cette veine ? Pour ma part, ce premier volet est appréciable mais comme on dit souvent: 'les meilleures blagues sont les plus courtes'.
Suite et fin des aventures philippines du duo Tango/Mario à la recherche du casque et de la flèche de Magellan.
Cette deuxième partie relève un peu plus le niveau que le précédent avec plus d'enjeux et plus d'action, et ce malgré l'emploi de quelques raccourcis et petites facilités d'écriture.
Cet album se laisse lire sans déplaisir grâce au travail toujours exemplaire de Xavier. Pour autant, la lecture est très rapide et au final, peu mémorable.
Steve Cuzor revient avec une adaptation d'un des premiers grands romans modernes des Etats-Unis d'Amérique, se situant durant la Guerre de Sécession.
Le combat d'Henry Fleming, c'est avant tout le portrait d'un jeune paysan souhaitant devenir un homme et connaître le baptême du feu. En l'espace de quelques heures, celui-ci découvrira la futilité de la guerre, l'injustice, la bêtise humaine, le courage et la peur.
Placé à l'échelle d'un homme, le récit nous livre les pensées et réflexions d'un jeune bleu avide d'en découdre mais finalement tenaillé par la peur de mourir dans des batailles qui s'apparentent davantage à des boucheries, destinées à satisfaire les plans et egos de supérieurs planqués à l'abri des balles.
J'étais très sceptique au départ avec ces planches monochromes. Elle prennent néanmoins sens à partir de l'instant où l'on assiste aux batailles, il n'y a plus de soldats bleus ou gris, simplement des êtres humains participant à une sauvagerie collective absurde. Les planches dépeignant les scènes de combat sont magnifiques et illustrent bien le chaos ambiant.
Un très bon 'one-shot' qui propose une réflexion intéressante et intelligente sur la guerre de façon générale.
Changer un titre voire modifier une œuvre, afin de s'adapter au révisionnisme rétrograde de groupes de pression, est absolument lamentable et fournit de l'eau au moulin du politiquement correct actuel.
En effet, cette nouvelle adaptation des "Dix Petits Nègres" d'Agatha Christie, parue sous le titre "Ils étaient dix", révèle bien la soumission des éditeurs/auteurs au diktat de la pensée unique.
Passé ce premier et terrible constat, le résultat est heureusement bien fidèle à l'œuvre d'origine et ne part pas dans d'autres délires incongrus de cerveaux malades. Le déroulé est classique, efficace et immerge bien vite le lecteur dans le piège tendu par le meurtrier et qui lança la mode du "whodunit", propre à son autrice.
Le trait est solide et les références ne manquent pas au détour de quelques cases (Mortimer, Tintin et Milou). La résolution de l'enquête est toujours aussi implacable même si capillotractée.
Une très bonne adaptation des "Dix Petits Nègres".
Suite des aventures de nos pilotes préférés face à des terroristes décidés à faire exploser Air Force One, en utilisant entre autre l'IA. Il y a beaucoup de choses à dire sur cet album, en bien comme en mal.
Visuellement, Formosa assure comme toujours les séquences en avion et les environnements plus terre-à-terre. C'est dynamique, lisible et riche en séquences d'action.
Pour autant, le rythme et le scénario sont problématiques: les rebondissements et autres raccourcis sont légions à un tempo très (trop) soutenu. J'ai eu la sensation d'un emballement voire d'un empressement destiné à tout boucler sur un deuxième opus qui en aurait mérité un troisième, afin de laisser un peu de répits et de développement entre deux planches d'action. Beaucoup d'informations/rebondissements/révélations sont délivrées dans cet album comme s'il fallait à tout prix maintenir l'intérêt du lecteur à coups de 'cliffhanger' et autres twists.
Autant le premier opus était sympa et plein de bonnes promesses, autant celui-ci est en-dessous en terme d'écriture et se termine vite-fait bien-fait. J'ose espérer que la conclusion proposée pour certains des personnages soit sérieuse et pas un énième gag/rebondissement téléphoné pour le prochain album.
Prenez du classicisme, ajoutez une pincée de violence bien graphique, introduisez une bonne dose de politiquement incorrect, insérez des références à Clint Eastwood et Lee Van Cleef, et enfin mettez une grosse dose de Blueberry. Mélangez et servez votre western spaghetti.
Le résultat final est malheureusement loin de la qualité de son illustre modèle tant au niveau du scénario (on en est très loin) que des dessins, qui vont s'améliorer au fur et à mesure des tomes. J'ai plus eu l'impression d'avaler un 'Canada Dry' que d'apprécier un bon verre de tequila.
Ultime affront, la série n'est pas achevée vu que celle-ci a été abandonnée il y a bien des années. Cela se laisse lire mais ne casse pas trois pattes à un canard, autant retourner sur les albums de Blueberry qui restent une valeur très sûre dans le genre du western.
Judith est une soubrette qui va se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Poursuivie par la mafia italienne et les Tongs pour un tableau, elle va, en plus, assister au tremblement de terre de San Francisco de 1906.
L'histoire est un mélange original entre évènement de l'antiquité, peinture de l'Art Nouveau, chanteur d'opéra et règlements de comptes entre mafiosos. Il y a peu de temps mort et la restitution du tremblement de terre est la partie la plus intéressante et saisissante de cet album.
Si malheureusement Judith n'est qu'une pauvre demoiselle à demi-vêtue peu explorée psychologiquement, le dessin de Meddour lui offre en revanche des proportions généreuses :)
Les autres personnages sont bien croqués malgré leur multiplicité. Les teintes sont très orientées sur le sépia prodiguant un aspect rétro à l'ensemble.
Un premier album de très bonne facture. Suite et fin au prochain album
Premier album d'une nouvelle série, Lebon officie au scénario, dessins et couleurs pour un résultat de très bonne tenue. Le résultat est, certes classique, léger mais plaisant à lire.
Malgré les cadavres et les coups de feu, le style est davantage orienté 'feel-good' que crépusculaire, et ce grâce aux notes d'humour, aux couleurs vivantes et à l'expressivité des protagonistes.
Je craignais le piège d'un énième western néo-féministe revanchard 3.0 sans aucune nuance ni intérêt, il n'en est heureusement rien du tout et finalement les maladresses de Gentil et l'irascibilité de Molly sont vecteurs d'attachement émotionnel.
Le rythme est assez soutenu, le récit enchaîne les rebondissements et l'action sur les dernières planches jusqu'à cette conclusion appelant à une suite que je ne manquerai pas.
Avis global portant sur la série.
'RIP' est une plongée dans un monde sordide, déliquescent et misérable où chacun/chacune essaye à sa manière de s'en sortir. Nous y suivons un groupe de bras cassés ayant chacun ses casseroles et/ou ses addictions se faisant exploiter, par une société plus que douteuse, comme déménageurs d'un genre bien particulier.
L'histoire est découpée de façon méticuleuse et chaque album apporte le point de vue différent d'un autre personnage, sur une histoire de diamant dérobée, à la manière du film 'Rashomon'.
Le ton est ouvertement outrancier, cynique et vulgaire faisant le portrait au vitriol d'un monde qui ne tourne plus rond depuis un petit moment, où seule la loi du plus puissant et du plus rusé prime. Il s'agit du genre de série dont la noirceur imprègne les planches grâce aux dessins et couleurs sombres de Monier. Même si étonnamment il y a un "happy-end" à la fin, je m'attendais à une fin différente pour Fanette qui était le personnage le plus intéressant.
Malgré son manque d'optimisme et quelques clichés de personnages, c'est plaisant à lire en raison de la construction de l'intrigue et des répliques d'humour noir qui parsèment le tout.
Adaptation d'un livre de Stefan Wul, 'Odyssée sous contrôle' est une bande-dessinée de Science-Fiction/Anticipation comme on n'en lit très rarement.
En effet, Dobbs et Perger ont pris des risques tant visuellement que narrativement. Que cela soit la folie, les émotions, la manipulation mentale, c'est un maelström d'idées et de couleurs psychédéliques au service d'un récit assez exigeant à la lecture. Les planches sont de toute beauté et transpirent le travail de passionné.
L'ombre de "Métal Hurlant" plane sur chaque planche et des références à tout un pan du cinéma de Science-Fiction ont été disséminées au fur et à mesure. Cerise sur le gâteau, l'histoire s'achève sur un twist sombre et cynique que n'aurait pas renié un certain Philip K. Dick.
Un 'one-shot' de très bonne qualité qui mérite vraiment le détour.
Depuis un peu plus de dix ans, chaque nouvel album de Jeremiah participe, par étape, à une entreprise de démolition de ce qui faisait la substantifique moëlle de cette série à l'origine.
Personnages qui n'évoluent plus, personnages secondaires interchangeables et sacrifiables, fumée cache-misère pour masquer les arrière plans, action décousue et confuse, dessins qui se délitent, scénario inintéressant, dialogues minables… la liste des problèmes se poursuit d'album en album.
J'y vois au final une forme de fascination ou de masochisme de la part d'Hermann à vouloir établir de nouveaux critères en terme de médiocrité, voire de suicide artistique. Ces nouveaux standards définissent tout ce qu'il faut faire pour accoucher d'une bande-dessinée qui ne se respecte pas et qui ne respecte pas plus les lecteurs.
En parallèle de la série Carthago qui n'en finit pas, le très prolifique Christophe Bec nous dévoile un 'one-shot' avec des mégalodons au temps de la préhistoire.
C'est beau, très beau et très impressionnant visuellement. Malheureusement, c'est à peu près tout ce qu'il y a à se mettre sous la dent, puisqu'en effet le scénario se résume à un jeune mégalodon qui cherche à survivre face à diverses menaces et autres joyeusetés issues des abysses, à coup de dents et autres tentacules lacérés.
Cela ressemble davantage à un documentaire animalier plus qu'à une histoire mais je n'ai pas boudé mon plaisir devant tout ce déchaînement de sauvagerie aquatique, bien mis en image par Antiga et en couleur par Meloni. Il y a de somptueuses double-pages qui s'apparentent presque à des tableaux d'artiste-peintres.
Larcenet officie à tout les postes et livre une adaptation où la noirceur, le désespoir et la mort transpirent de chaque planche. C'est un long chemin de croix éprouvant, sombre et désespéré pour ce père et son fils à travers un pays en ruine et détruit de part et d'autre.
Les teintes sont désaturées et 'sales', les jeux de clair/obscur renforcent davantage l'atmosphère anxiogène et dangereuse dans lequel évolue les personnages. La pluie, la crasse, la boue et les cendres sont presque palpables.
Le récit suit la trame principale et les moments clés présents dans le roman et la très bonne adaptation en film avec Viggo Mortensen. L'auteur a su capter et retranscrire des séquences très malaisantes de l'œuvre d'origine.
Une réussite et surtout, l'un des meilleurs albums de l'année 2024.
'Bomb X' débute avec un postulat alléchant, à base de terre parallèle où des personnes de différentes époques et lieux se retrouvent par hasard et doivent s'unir pour survivre. dans un environnement hostile.
Visuellement, le résultat titille les rétines et en met plein la vue à base de séquences d'action vitaminées et grâce à une large palette chromatique.
Le scénario se suit sans déplaisir et dissémine des axes de réflexion sur l'Homme et ses travers habituels. Je suis plus circonspect vis à vis des personnages qui sont caractérisés d'une drôle de façon pour certains/certaines, par exemple le héros est plus proche du naïf maladroit et largué que d'un astronaute à la Thomas Pesquet, ou encore le chevalier normand qui manque de ferveur chrétienne et qui se croit être dans Mad Max Fury Road.
Cet album se termine sur un "cliffhanger" qui ne peut que me donner envie de lire la suite, malgré ses défauts.
Je suis toujours intéressé quand sort un nouvel album de Tango, et pourtant celui-ci m'a refroidi à bien des égards.
L'histoire est, en effet, d'une platitude assez déconcertante surtout après avoir lu les opus précédents. Il manque de la passion et de vrais enjeux pour un récit qui ne décollera jamais.
Heureusement, le dessin de Xavier reste exemplaire et tire l'ensemble vers le haut. Le rendu global fait la part belle aux Philippines et à cette partie du Pacifique.
Cela reste néanmoins bien peu au regard de ce que l'on pouvait exiger avec cette saga depuis ses débuts. Ici, c'est une lecture sans saveur ni réel intérêt qui attend les personnes qui voudront se lancer. Cette saga aurait sans doute dû s'arrêter avec le tome précédent.
Le premier faux pas (de Tango) et peut-être la dernière danse pour moi…
Œil-Lance et Serpent finissent, bon gré mal gré, par collaborer ensemble sur les mystérieuses momies qui s'accumulent de part et d'autre du royaume aztèque. Coup de bluff, meurtres, manipulation, magouilles politiciennes seront au menu de ce nouvel opus qui fait encore office de transition.
Le dessin fourmille de détails et reste de très haute volée. Le chapitrage et le vocabulaire d'époque nous immergent davantage dans cette civilisation disparue, doublé par un jeu chromatique diversifié.
Le dernier tiers se lit sans à toute vitesse puisque le tueur est physiquement introduit dans l'histoire et la tentative pour sa capture est palpitante et pleine de rebondissements.
J'attends le dernier album, qui je l'espère, parviendra à clôturer avec panache cette superbe série de bande-dessinées.
Une série de meurtres sadiques a lieu à proximité du chantier de construction du chemin de fer dans l'Ouest américain. Terence Nichols alias "Red Gun" est missionné par l'ancien général Dodge afin de dénicher le coupable, mort ou vif.
Inutile de chercher un western classique, malgré certains tropes propres au genre (fusillade, lynchage, saloon), il s'agit au départ d'une enquête policière avec son lot de scènes sanglantes, de cadavres mutilés et de suspects peu recommandables.
A l'exception d'une séquence en particulier (qui revient sur l'origine de son surnom), le personnage principal ne m'a pas plus marqué que cela. Même constat pour les secondaires, à l'exception du tueur que l'on peut difficilement oublier. D'ailleurs, j'étais curieux de découvrir l'identité et les motivations du dit-tueur, pour un récit qui se laisse lire sans difficulté.
Les dessins font bien le boulot avec des couleurs assez sobres, à l'image de cet album: simple mais efficace.
Pas l'album de l'année mais un bon petit western lorgnant vers le thriller sanglant.
Mister Hyde contre la créature de Frankenstein.
On se croirait dans un mauvais film "crossover" où deux "boogeymen" s'affronteraient afin de savoir qui serait le plus fort/sanglant/violent des deux. Question affrontement, il faudra néanmoins s'armer de patience car les auteurs ont fait le choix de ménager cette séquence importante à la toute fin.
Ici, il sera question de personnages sur le retour après la série 'Scotland Yard' dont notamment Faustine Clerval ou encore l'homme éléphant. Au rayon nouveauté, Dr. Jekyll a beau ressembler à Monsieur Propre, il n'en demeure pas moins un dangereux individu où ses (nombreux) forfaits sont exécutés hors champ.
Cette volonté manifeste de masquer les agressions/affrontements et de jouer la suggestion est assez frustrante, étant donné que c'est ce que le lecteur était en droit d'exiger avec un tel titre digne d'une série B. Même l'apparence de la créature de Frankenstein est assez moyenne au final: ce n'est qu'un vague sosie peu effrayant d'Umbrella, l'antagoniste du jeu Resident Evil 2.
Si l'aspect gothique de cette époque victorienne est retranscrit au détour de quelques ruelles, souterrains et autre zoo, les dessins manquent parfois de détails sur les plans plus larges. Le côté "gore" est finalement très peu présent et l'aspect déformation monstrueuse assez peu dérangeant.
Il y a de bonnes choses (la relation entre Jekyll et Faustine, la présence de Freud) mais c'est au final aussi peu marquant que mémorable. L'affrontement au sommet, tant promis par le titre, n'est finalement qu'un gros pétard qui fait pschitt.
Après un opus n°11 que j'avais trouvé un chouia en-dessous de la moyenne de cette série, ce nouvel album vient clôturer un nouvel arc autour du sulfureux empereur Néron avec en point d'orgue la mort de Sénèque, son ancien pédagogue.
Murena tente de ménager la chèvre et le chou vis à vis de l'empereur et des amis qui mènent une conspiration contre ce dernier. Le scénario ménage de beaux rebondissements et de la tension à différents instants, pour un album qui conclut en beauté ce qui aura été construit depuis le tome 10.
Theo a appris de ses erreurs et nous propose une couverture bien plus intéressante et plus belle que la précédente. Son dessin est de toute beauté et rend honneur au regretté Delaby.
Quand Yann rencontre Dany pour une relecture de Spirou et Fantasio, on se doute que cela va donner quelque chose qui va détonner à plusieurs niveaux. C'est effectivement le cas.
J'avoue être assez partagé. D'un côté, cette relecture version plus adulte et plus grivoise s'apparente à une grosse farce d'un sale gosse cherchant à dynamiter à peu près tout ce qui lui tombe sous la main. D'un autre côté, je ne peux m'empêcher de voir du cynisme dans le discours, de la vulgarité (Pacôme avec la Gorgone Bleue) et du politiquement correct (se moquer/critiquer de Donald Trump n'est ni subversif ni une prise de risque quelconque).
La quasi-totalité des personnages sont des idiots finis et il y a une forme d'hypocrisie dans le discours: c'est bien d'être bobo-écolo mais pas trop, c'est mal de consommer des burgers mais vous pouvez continuer ainsi puisque tout le monde aime ça, être illégal face à l'illégal ça passe…
L'humour est présent sur quasiment chaque planche jouant la carte de la parodie (le Marsupilami blanc), du méta (Spip qui annonce que l'on savait qui était la responsable), du grivois (les champignons en forme de phallus), de la stupidité (l'armée américaine avec que des noirs) voire de la surenchère (Trump avec ses poulpitos version Godzilla).
Dany n'a pas son pareil pour représenter les femmes, surtout avec des proportions généreuses, ici, c'est un peu le festival.
Un 'one-shot' unique, très outrancier, décalé, débile et qui ne plaira clairement pas à tout le monde. J'y ai vu des qualités mais également beaucoup de défauts, d'où une note assez moyenne.
Pelaez et Porcel se retrouvent pour une nouvelle aventure après l'anxiogène "Dans mon village, on mangeait des chats". Il sera question d'univers steampunk empruntant aussi bien à l'esthétique américaine des années 20 qu'aux régimes dictatoriaux du XXe siècle.
L'histoire est somme toute classique: l'air est devenue impropre à la consommation et un régime policier maintient le peuple sous oxygène moyennant sa soumission et ses libertés. Un terroriste décide de passer à l'offensive en sabotant des installations destinées à assainir l'atmosphère. Passé cet aspect, cette uchronie a la mérite de ne pas uniquement se focaliser sur un environnement rempli de gratte-ciels mais de nous emmener également sous l'océan, lorgnant du côté de Jules Verne.
Les planches sont attrayantes de par leur composition et des différentes teintes chromatiques suivant les lieux et atmosphères. De même que la technologie rétro-futuriste vend du rêve comme on dit aujourd'hui.
Les seuls points où je suis un peu sceptique résident dans le fait qu'il ne s'agisse que d'un diptyque (il y aurait tant à raconter) et dans le rebondissement de fin que j'avais vu arriver.
Suite et fin dans le prochain album.
Après 'On Mars' qui m'avait bien captivé, le duo Runberg/Grun revient avec ce 'one-shot' où l'on suit une bande de chasseurs de reliques aux confins de la galaxie à la recherche d'un précieux "bio-grimoire".
Visuellement, Grun est fidèle à lui-même: c'est époustouflant et certaines planches pourraient faire figure de tableaux à accrocher. Les teintes de couleur sont magnifiquement bien intégrées sur chaque planche.
Le scénario est, en revanche, plus délicat et discutable. Après une bonne introduction, l'histoire enchaîne certains "tropes" du genre (poursuite en vaisseau, aliens, combats et autres technologies futuristes) avec un plaisir certain, mais au détriment d'un développement nécessaire des personnages pour que l'on puisse s'y accrocher un minimum. Il y a également des facilités scénaristiques: l'identité du mystérieux commanditaire ou encore le fait que les chasseurs tombent pile là où se trouve l'objet tant convoité.
Ce n'est pas déplaisant à lire, malheureusement je vais vite oublier cette aventure.
Roland Magdane a dit un jour: "Le monde est devenu un grand hôpital psychiatrique où les fous se promènent en liberté". Ce constat terrible a sans doute été également fait par l'auteur espagnol, Miguelanxo Prado, qui a lui décidé de dépeindre la folie quotidienne via ses "chroniques absurdes" à l'aquarelle.
Réunies dans cette édition intégrale, les chroniques de Prado sont décapantes et n'ont rien perdu de leur saveur. D'ailleurs certaines résonnent avec l'actualité en France: la consommation de masse, les invasions de "surmulots", la bêtise télévisuelle, le laxisme de la justice, la manipulation des masses…
Mes passages préférés sont ceux consacrés à la critique de la police, faible avec les forts, forte avec les faibles, plus occupée à coller des contraventions que d'appréhender/matraquer des voyous et autres racailles; aux magistrats et avocats plus occupés à soigner leur image et à rendre une parodie de justice; à la sempiternelle ingérence américaine cherchant à apporter la démocratie ailleurs et enfin aux médecins plus soucieux de leur salaire/avantages que de leur patients.
Le trait est parfois très caricatural et Prado n'hésite pas à rentrer dans le lard pour des résolutions mettant généralement en évidence le triomphe de la médiocrité sur la raison et la morale, puisqu'en Absurdistan, les fous sont rois.
Adaptation d'un court livre de Jeanne-A Debats, Valérie Mangin et Stefano Martino se réapproprient l'histoire d'une vieille dame au porte de la mort qui va se faire transférer sa conscience dans le corps d'un cachalot.
A partir de ce postulat totalement irréaliste, le lecteur est invité à plonger avec Ann Kelvin pour découvrir un nouveau monde et à affronter bien des dangers. Ann deviendra alors le bras armé de Mère Nature face à une humanité destructrice. Les pollueurs n'auront qu'à bien se tenir parce que ça va faire mal façon Moby Dick.
Outre l'aspect transhumaniste qui est abordé, le récit met les pieds ouvertement dans le progressisme à la mode avec le féminisme (Ann est acariâtre et ancienne militante) et le changement de genre (Ann qui finit dans le corps d'un cachalot mâle). Bien sûr, le vernis écologiste sera de sortie puisqu'il s'agit du thème principal de l'œuvre d'origine.
Une tentative de dénonciation de l'écoterrorisme est introduite, impliquant des questions toujours très pertinentes: Jusqu'où peut-on aller pour défendre une cause ? Faut-il répondre par la violence face aux gens mauvais pour faire bouger les choses ? Faut-il provoquer la guerre contre la Russie afin de satisfaire son ego et un agenda politique imposé comme l'actuel locataire gigolo de l'Elysée ? Faut-il tuer l'agriculture française pour sauver l'Ukraine ? Est-ce que Joe Biden va t-il finir en EPAHD ? Vais-je réussir à finir de poster cet avis en continuant à parler de la présente BD ?
Autant d'interrogations qui sont judicieusement soulevées grâce au dessins et couleurs de Martino. En effet, ce dernier fournit un très bon rendu des fonds marins et autres passages oniriques; d'ailleurs mention spéciale pour la rencontre avec le Kraken qui est annoncée via la couverture, c'est le moment le plus épique et le plus beau de ce 'one-shot'.
Nouvelle adaptation d'un livre de Julia Verlanger, "Sol-13" n'est autre que la suite d'une autre adaptation à savoir "L'ange aux ailes de lumière" que je n'ai pas eu l'occasion de lire.
L'histoire prend place sur la planète Sol-13 où une agente interplanétaire a disparu. Jatred, un instructeur d'agent de terrain, est envoyé en mission de sauvetage afin de faire la lumière sur ce qui s'est produit.
Autant le préciser d'office: j'ai peu accroché. La faute à un scénario assez bateau, des dialogues peu inspirés et un manque d'empathie pour les personnages. Il y a quelques beaux visuels et un graphisme correct mais rien de transcendant, rien qui ne m'ait vraiment surpris ni fasciné. L'histoire se déroule sans vraiment de surprise, d'autant plus qu'il n'y a aucune aspérité ou tentative de sortir des clous.
C'est au final aussi sympathique qu'oubliable.
'Les chemins de la gloire' de Raymond Lécluse ou plutôt les chemins de la galère pour ce dernier dans la France de l'entre deux guerres, entre drôle de guerre, pauvreté, frustration, trahison, faste, décadence et boxe.
Résumer les aventures de Lécluse demeure une gageure tant les albums adoptent différents lieux, personnages et atmosphères avec un sens du rythme et une aisance narrative gérée de main de maître grâce à l'écriture de Bucquoy.
Hulet tire cette œuvre vers le haut via de magnifiques planches aux compositions et teintes diverses et variées. Que cela concerne les scènes de vie d'une garnison lassée d'attendre, des séquences de cauchemar saisissantes, des scènes de boxe, le résultat reste remarquable et ce, malgré son âge (1985-86).
Les deux premiers albums sont superbes et nous plongent dans une France en proie au chaos politique entre communistes et fascistes, et désordre social entre ouvriers et nantis.
A partir du troisième, Bucquoy emmène Lécluse de l'autre côté de la Méditerranée pour de nouvelles aventures avec un doux parfum d'exotisme et de danger, mais c'est réellement à partir du quatrième que le rythme et la narration exemplaire vont drastiquement prendre du plomb dans l'aile puisque Bucquoy va laisser les rênes à Hulet. En conséquence de quoi, l'histoire se met à patiner et finit un peu en queue de poisson, malgré des dessins et compositions toujours de haute volée.
Visiblement Bucquoy avait dans l'idée de poursuivre l'histoire et de proposer de nouvelles aventures au boxeur malchanceux (les notes en fin d'édition révèlent ce qui était planifié), c'était sans compter sa mort en 2011 coupant court à l'aventure de façon définitive.
Cette édition intégrale rend hommage au dur labeur des deux auteurs qui ont signé quatre albums, dont trois sont exceptionnels. 'Les chemins de la gloire' mérite(nt) que l'on s'y attarde.
Après le western crépusculaire, Hermann revient pour une nouvelle série en collaboration avec son fils. Il sera question de la Rome antique et plus précisément des tentatives romaines de conquérir et contrôler les terres écossaises face aux féroces autochtones, les Pictes.
Dans cet album, pas de place pour la légèreté ou l'humour, le ton est donné d'emblée: c'est sérieux et violent. L'ambiance est encore résolument sombre et peu reluisante comme sur les derniers 'Jeremiah' via des brumes et autres brouillards. Cela est d'autant plus logique vu qu'il s'agit du climat caractéristique des régions du nord de l'Angleterre, de plus, cela accentue le côté cauchemardesque de ces terres hostiles.
L'histoire mêle différentes thématiques: la tentative d'intégration des sang-mêlés dans les cohortes, les exactions commises sur des civils par des troupes d'occupation, la déshumanisation des soldats… le tout servi par les dessins si particuliers et couleurs sombres d'Hermann père.
Suite à la série 'Duke' qui a été terminée avec plus ou moins de succès, et celle consacrée à 'Jeremiah' qui est définitivement perdue, ce premier tome de 'Brigantus' apporte un peu de nouveauté pour le duo Hermann, en conséquence de quoi je me laisserai bien tenter par la suite.
Au temps des guerres napoléoniennes, le lieutenant de vaisseau français, Josse Beauregard, est fait prisonnier par les Anglais (Tome 1), réussit à s'évader, puis est de nouveau fait prisonnier par les Espagnols à Cadix (Tome 2) avant à nouveau de s'évader. Je viens de résumer en quelques lignes l'un des gros problèmes de ce diptyque: l'histoire est archi-classique, manquant cruellement d'originalité et de surprise.
Les couvertures sont trompeuses, puisqu'en effet Beauregard sera le plus clair de son temps sur la terre ferme dans une geôle à chercher à s'évader et/ou à se faire arrêter plus d'une fois, plutôt qu'à arpenter les océans. Il n'y aucun élément haletant qui donnerait une plus-value à cette histoire de prisonnier épris de liberté.
Le dessin n'est pas désagréable (loin de là) mais il souffre d'un classicisme sans relief. Les personnages vont se révéler à l'image du récit, plats et parfaitement oubliables. Je n'ai absolument pas eu un quelconque attachement ou ressenti quelque chose envers ces derniers.
Au final, une lecture sympathique, pas désagréable mais absolument pas marquante pour un iota. Aussi vite lu, aussi vite oublié.
Jacques est un gamin vivant avec sa sœur et ses parents, dans un village du côté de Castres, où le maire et boucher Charron 'la charogne' s'est secrètement spécialisé dans le pâté de chats. A la suite de cette sordide découverte, Jacques va se lancer dans un jeu (du chat et de la souris) avec Charron.
Peleaz nous relate le parcours chaotique d'un gamin qui de fil en aiguille va devenir une petite frappe puis un criminel. Le récit est noir, teinté d'une ironie grinçante et mélange les genres du polar, de l'horreur, des truands et de la critique sociale.
Au niveau des dessins, Porcel sublime, via une esthétique brute de décoffrage, la grandeur et déchéance d'une partie de cette jeunesse qui s'est brûlée les ailes sur les cahoteux chemins de la perdition, durant les années 70.
Un 'one-shot' bien sombre et prenant à souhait.
Salva est un sicario, ou plutôt était un sicario au service de cartels de narcotrafiquants. A l'issue d'un passage en prison, il a trouvé la foi et a décidé de devenir pasteur. Une fois libéré, il retrouve sa famille mais également Victor, un ami avec qui il a fait les quatre cents coups et qui voit d'un mauvais œil cette reconversion, puisqu'en effet Salva a la volonté d'évangéliser les habitants de son quartier défavorisé mettant un frein à la circulation/consommation de drogues.
Voilà une œuvre très solide que cela soit dans sa construction d'enjeux, son découpage et dans sa progression où la notion de sacrifice sera au rendez-vous.
Outre le visuel très immersif et poisseux dans ce monde de violence, les couleurs de Hiroyuki Oshima sont excellentes de par leur variation mais également de par leur contraste suivant la situation que cela soit une scène de nuit, un échange dans un bar, un règlement de compte, une fusillade…
Salva est un homme en quête de rédemption et le voir se battre animé par sa foi dans un univers aussi sordide est un beau message d'espoir pour tout ces pays sud-américains où la drogue, les meurtres et la corruption sont monnaie-courantes. Le récit est entrecoupé d'éléments de la vie passée de Salva et Victor permettant d'en apprendre plus sur eux et leur parcours respectif jusqu'à ce final inévitablement tragique.
Un superbe 'one-shot' que je ne peux que recommander.
Amateur de narration inversée à la Memento et de road trip parisien façon 'Le Bon, la Brute et le Truand', ce 'one-shot' est fait pour vous.
Partant d'un postulat simple, les auteurs nous narrent une traversée de Paris mêlant braquage, western et critique sociétale. Le récit est composé de chapitres inversés, ce qui résulte en une forme de narration que n'aurait renié un certain Christopher Nolan.
Outre cette particularité dans la mise en page, des détails et indices sont disséminés jusqu'au chapitre final accouchant sur une révélation bien amenée.
En parallèle de la série 'RIP', Monier s'est fait plaisir avec cette œuvre et il n'a pas son pareil pour dépeindre des ambiances sales et sordides telles que les couloirs du métro parisien, un Paris insurrectionnel et autre moulin rouge/cimetières.
Un très bon 'one-shot' qui se bonifie au fil des relectures.
Buck Danny et ses deux comparses de toujours sont envoyés en mission afin de tester un nouveau prototype d'avion piloté par une IA. Evidemment, de méchants espions vont se dresser sur leur chemin afin de pirater ce système et créer le chaos aux Etats-Unis.
Voici une nouvelle histoire qui débute avec un gros sujet d'actualité: l'Intelligence Artificielle et ses futurs problématiques. Le récit est simple mais efficace et réserve son lot de frissons et scènes de bravoure propres à la série. Il y a même le retour d'un ancien méchant autre que Lady X, ce qui change de l'ordinaire (on échappe au syndrome Olrik de Blake et Mortimer).
Encore une fois, les auteurs rendent une très bonne copie visuellement parlant.
Mon seul reproche réside dans la représentation de l'Amérindienne Navajo qui a davantage l'air d'une top-model sortant d'une publicité pour parfum Dior que "d'une chasseuse de météorites".
A voir si la suite sera à la hauteur.
Oh non, quel gâchis.
'Wahkan' est un 'one-shot' de style steampunk se déroulant à Paris lors de la fameuse exposition universelle. Nous y suivons une inspectrice, Eléonore Kowalski, essayant de résoudre une série de meurtres sanglants ayant lieu sur la Tour Eiffel. Son supérieur l'oblige à travailler avec Jules Castignac, un pistonné tatoué, plus prompt à courir après les jolis filles qu'à trouver des indices.
Voilà une œuvre pour laquelle j'aurais vraiment voulu mettre une note excellente, et ce pour plusieurs bonnes raisons. Visuellement, j'ai été client de ce mélange entre BD franco-belge et l'aspect manga que les auteurs ont voulu transmettre (même à travers certains dialogues et situations). L'aspect rétro-futuriste est également vraiment plaisant et aurait dû permettre d'ouvrir de magnifiques horizons et nous en mettre plein la vue. Malheureusement, c'était sans compter le scénario qui est le plus gros point faible.
En effet, après l'introduction des personnages et la création d'une complicité indéniable voire plus entre nos deux protagonistes principaux. Le récit va s'emballer et se ratatiner sur un final extrêmement décevant, coupant l'herbe sous les pieds du lecteur. La frustration de ne pas avoir une histoire plus charnue et plus longue a été le premier sentiment que j'ai eu à la fermeture du livre, surtout avec ce qui était proposé: la secte amérindienne, les politiques corrompus, les meurtres ritualisés… il y avait de quoi faire.
En même temps, les auteurs précisent dans la préface que cette BD a nécessité treize ans de travail avant d'arriver à son terme. Je peux aisément imaginer les difficultés rencontrées pour arriver à un résultat édité et publié; cependant, je ne peux pas oublier la fin: des révélations en quelques planches puis la mort du méchant qui est à ce titre assez pitoyable.
Nouvelle aventure de Takeo, en compagnie de Sayuri, qui se fait piéger dans un petit village par un mystérieux tueur.
Point de départ convenu, langage moderne et vulgaire à souhait, facilités d'écriture à foison, mort du méchant très décevante, manque de beaux combats au katana, cet opus est assez désastreux sur pas mal d'aspects.
Seuls les dessins, couleurs et les cadrages dynamiques sauvent un peu l'ensemble de cet album parfaitement oubliable et dispensable.
Il serait temps d'arrêter les frais et de conclure dignement cette saga.
Bec le précise d'emblée dans la préface: il a mis cinq années avant de pouvoir accoucher du présent ouvrage. Non seulement il revient au dessin après de longues années de mutisme mais surtout, il signe un album de BD qui n'en est pas un.
Il s'agit surtout d'une sorte de mélange entre décors enneigés, paysages post-apocalyptiques, des écrits, des références à Métal Hurlant, de la narration entrecoupée par chapitre… Bec livre une copie au visuel saisissant et démesuré, mais empreint de textes creux et de réflexions parfois anecdotiques tant le visuel est plus parlant.
Il ne faut pas chercher à lire une BD dans le sens 'classique' du terme mais plutôt un recueil original d'ambiances post-apocalyptiques questionnant l'état du monde, doublé d'une mise en garde face aux dérives de notre monde et de nos dirigeants bienveillants.
A la suite de l'abordage du Nossa Senhora do Cabo, la Buse et son équipage filent enterrer leur pactole dans un endroit perdu. Tandis que les Autorités locales essayent en vain de le capturer, le pirate continue d'écumer l'Océan Indien pour le meilleur et pour le plus sanglant.
Suite et fin des aventures du pirate français, il sera surtout question de l'enterrement du trésor, d'épisodes d'abordage assez violents et surtout de sa capture.
Autant visuellement, je suis toujours admiratif du travail de Delitte (surtout les somptueuses double-pages), autant j'ai été un peu ennuyé sur le récit qui aurait pu être plus épique.
J'ai eu également ce sentiment de "vite, il faut boucler l'histoire en deux tomes" alors que je suis persuadé qu'il y avait encore de la matière à raconter autour de cet incroyable pirate.
Quand Ponzio, le spécialiste de la BD roman photo, rencontre Dorison (frère), scénariste, cela donne 'Black Lord'.
L'histoire est assez au départ assez truculente: nous y faisons la connaissance du John McClane version française, minable pilote de bateau d'opérette pour touristes friqués au large des côtes somaliennes. Evidemment, une joyeuse bande de pirates passe dans le coin et cela finit en jus de boudin. Autant dire qu'avec un pitch pareil, j'étais parfaitement intéressé et me suis lancé dans la lecture sans traîner. Sauf qu'au final, j'ai un peu déchanté.
Les réactions de certains personnages ont l'air d'être calqué sur les racailles de cité française, sans parler des dialogues assez vulgaires. Il y a quelques clichés à droite à gauche: le pilote qui se révèle être un ancien commando trop balèze désavoué par sa hiérarchie (Steven Seagal aurait approuvé le rôle), le coup de la panne pile au mauvais moment, Churchill qui n'est pas si méchant que cela, l'ancien chef repenti…
Il y a également une tentative d'expliquer les actes de piraterie somalienne avec comme responsable/coupable les Blancs occidentaux. C'est malheureusement trop facile et pitoyable comme excuse.
Visuellement, c'est le style de Ponzio en mode roman photo, on n'aime ou on n'aime pas.
Points positifs: c'est efficace, cela ne perd pas de temps dans la narration et en deux opus, l'affaire est bouclée.
Telle une grosse série B signée Luc Besson, cela ne vole pas très haut. 'Black Lord' est certes bien mené et involontairement drôle par instant, mais assez peu intéressant dans l'ensemble. Aussi vite lu, aussi vite oublié.
Joshua rencontre enfin le grand méchant Zehus pour un final apocalyptique, tandis que Vittorio et les Puiseurs affrontent Sylvio, son grand-père et ses sbires, afin de gagner leur liberté et faire cesser l'oppression. Ultime opus de cette série, il sera surtout question de délivrer les derniers éléments qui restaient en suspens et de conclure l'histoire de façon définitive.
Je le dis et je le répète de nouveau: c'est beau, très beau. Visuellement, il y a eu du travail et beaucoup de soin apporté aux ambiances. Le résultat aura été à la hauteur de mes attentes et constant du début à la fin. J'ai également noté une certaine recherche au niveau du scénario, dans le fait d'intégrer et d'expliquer le transhumanisme et son origine dans le récit. Malheureusement, les explications à caractère mystico-fantastico-bouddhique ne m'ont pas convaincu pour un iota.
De surcroit, le combat final est un peu trop vite expédié, les moines soldats sont introduits trop rapidement pour être sacrifiés. La sensation de trop plein en terme d'infos balancés en quelques planches est également palpable.
Un dernier problème est à souligner: le précédent album proposait avec générosité un époustouflant final à la Mad Max et sonnait déjà comme une conclusion. Dans le cas présent, cet opus conclut l'autre histoire à base d'IA méchantes et autres technologies futuristes, ajoutant une prolongation pas forcément utile.
Au final, il y aura toujours eu ce caractère bicéphale de deux histoires intéressantes mais qui se tirent mutuellement dans les pattes; il y aurait peut-être bien fallu n'en raconter qu'une.
Amber Blake ou le mélange improbable entre James Bond, Jason Bourne, Nikita ou n'importe quelle production Luc Besson, tout un programme.
L'histoire est basique à souhait: une orpheline qui devient une tueuse qui sait tout faire pour une organisation secrète tout en cherchant à se venger. Pour l'originalité, il faudra chercher ailleurs, d'autant plus que c'est rempli de clichés en tout genre (le traitre, les faux morts, l'enfance difficile, les méchants unidimensionnels…).
A défaut d'avoir une histoire qui sorte des clichés et autres passages obligés usés du genre espionnage/action, je pensais me rabattre sur l'aspect graphique ou le découpage des scènes d'action. Malheureusement en dehors des couvertures, le résultat à l'intérieur n'est pas à la hauteur puisque inégal d'une case à l'autre et dans l'ensemble, assez convenu et pas très captivant.
Le seul élément que je sauve réside au niveau des méchants faisant partie d'une organisation intouchable de traite d'enfants à caractère pédophile. C'est un sujet sensible qui est rarement abordé dans le milieu culturel en raison de sa dureté et des nombreuses ramifications politiques que cela implique.
Je me suis infligé les deux premiers albums et j'estime que cela suffit amplement. Vous l'aurez compris: économisez votre temps et votre argent, il y a de toute évidence mieux à lire ailleurs.
Le prolifique Matz s'associe au dessinateur Simon pour un 'one-shot' (?) qui sent bon la France des années 60 à coup d'argot et d'expressions dignes des 'Tontons Flingueurs'.
L'enquête introduite n'est qu'un prétexte pour enchaîner les scènes/dialogues ciselés à la Audiard et jouer avec les codes des films noirs à la Melville, pour un résultat très savoureux même si la fin m'a paru un peu abrupt.
C'est le genre de BD réservé à un public qui a vécu cette époque ou qui en est fan (Panhard, DS, Facel Vega…). 'Le Grizzly' est un très bel hommage à cette France d'un autre temps.
Après un premier opus de très grande qualité et rafraichissant via son sport et ses règles débridées, nous repartons vers Pan avec nos héros suite à leur victoire sur Fortuna. Ces derniers se perdent en chemin et finissent à la Source, sorte de sanctuaire du savoir d'avant l'effondrement. Exit donc le sport ballon prisonnier en mode pastiche, place à un récit se déroulant dans un lien clos où il sera question de terroristes, de politique, d'histoires de famille, d'armes futuristes rappelant le jeu "Splatoon" et d'une disquette MacGuffin.
Visuellement, Merwan s'amuse de nouveau comme un petit fou avec ses aquarelles. L'encrage et les textures sont généreuses pour un rendu cartoonesque dans la continuité du précédent volume.
Scénaristiquement parlant, c'est un peu plus délicat dans le sens où le récit est beaucoup plus court et part dans tout les sens. De plus, certains éléments scénaristiques auraient pu être évités (le 'père' d'Aster) ou au contraire davantage développés (la géopolitique et les différentes factions).
C'est sympathique dans l'ensemble mais c'est surtout un sentiment foutraque qui prédomine. J'ose espérer que cet opus un peu maladroit n'est qu'une erreur de parcours et que le prochain album saura relever le niveau avec panache, et tutoyer de nouveau les sommets du premier volume.
Voilà un manga des années 60 à ne pas conseiller à tout le monde puisque la lecture ne laissera personne indifférent de par sa teneur et son atmosphère.
Tatsuhiko Yamagami est un auteur mangaka devenu romancier qui s'était lancé dans le milieu comme artiste sérieux avec la publication de la présente œuvre. A partir d'un trait simple et tutoyant le style d'un certain Tezuka, Yamagami livre un brûlot antimilitariste et une charge bien violente envers la société japonaise.
En s'inspirant d'un fait divers sordide (la maladie de Moïke), l'auteur dresse un état des lieux tant au niveau sociétal que politique du Japon de l'époque. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a su capter les relents nationalistes, l'ingérence américaine, la manipulation des masses et le désenchantement/aliénation d'une jeunesse qui souhaite vivre en paix.
'Le vent de la colère', c'est un mélange comprenant de l'investigation policière, du drame familial, du carcéral, du militaire… L'autre force de ce manga réside dans la multitude de thèmes abordés avec justesse et sans concession. Le manga a certes vieilli sur pas mal d'aspects, en revanche les thèmes abordés sont universels (lutte contre la guerre/militarisation/censure, lutte pour la vérité/liberté).
Visuellement, Yamagami a sûrement donné le meilleur de lui-même via un découpage au cordeau, des clairs/obscurs maîtrisés, des scènes de violence où les coups et blessures sont exhibés et de très belles planches remplies d'images fortes.
Pour un manga de type 'shonen', il est impressionnant de constater que les adolescents de l'époque lisaient des œuvres beaucoup plus teintées de noirceur et plus politiquement engagées, là où aujourd'hui le manga 'shonen' correspond davantage à du 'One Pisse' et autres 'Naruto Boruto' inoffensifs.
Après l'inégal 'complexe du chimpanzé', le duo Marazano/Ponzio revient avec une nouvelle série concept futuriste inspirée de l'expérience de Stanford. Pour résumer le début: nous assistons à une réunion des Bilderberg, c'est-à-dire à une minorité de privilégiés nantis appartenant à des sectes lobbyistes, qui décident de la pluie et du beau temps pour le reste du monde. Ces derniers ordonnent l'incarcération d'individus dans le cadre d'une expérience scientifique à caractère inédit, englobant de la psychologie, des neurosciences et de la physique quantique.
Encore une fois, le lancement de la série est géré de main de maître et nous sommes rapidement happés par cette histoire où le suspense et la tension psychologique seront les maîtres mot. Et encore une fois, le dessin de Ponzio est dans le style rotoscopique et paraît toujours figé par moment. Les tons de couleur sont gris et sombres participant à une atmosphère froide et anxiogène à l'image de l'histoire.
Autant le premier album est bien mené en terme de tempo narratif, autant les deux suivants vont prendre leur temps via un rythme ralenti, le temps d'explorer les différents niveaux de sadisme et de torture employés sur les "unités", tout cela sous couvert de science. Cela en est un peu répétitif sur certains aspects.
Par ailleurs, les "unités" sont issues de différents pays (Espagne, France, Royaume-Uni, Chine…), comment peuvent-ils se comprendre ? Tout le monde parle anglais ? Même la gamine et les vieux ?
Pour le quatrième album, j'avais peur que le scénario tombe dans des explications fumeuses afin de conclure: il n'en est rien heureusement. De plus, la fin est implacable et comporte plus de réponses apportées que pour celle du 'complexe du chimpanzé'.
Une série à concept, intéressante scientifiquement et prenante malgré quelques défauts.
Il y a quelques années, j'avais lu les trois opus de cette série et en avais gardé quelques bribes de bons souvenirs (la rencontre entre Hélène et Gagarine notamment). Le temps a passé et je me suis dit qu'il était l'heure de relire le tout via son édition intégrale.
Le postulat est très alléchant et le premier album pose de solides bases et interrogations pour la suite. J'ai bien apprécié le scénario original de part sa relecture de l'histoire de la conquête spatiale. Premier reproche, Sofia, la fille d'Hélène qui a l'air d'avoir 11 ans à tout casser, parle avec un langage assez châtié (?) aux autres adultes. Deuxième reproche: le dessin de Ponzio. C'est très simple, soit on aime l'aspect photo-réaliste, soit on déteste l'aspect figé par moment et le fait de lire une BD en mode roman photo. Néanmoins, les cadrages, les plans rapprochés, la colorisation assez froide concourent à mettre dans une ambiance oppressante à souhait sur la partie spatiale.
Une fois que l'on fait abstraction de ces premières considérations, le deuxième album continue sur sa lancée et nous emmène sur Mars pour plus de mystères et de découvertes. Cet album est sans aucun doute le meilleur des trois de par sa progression et ses avancés/rebondissements dans l'histoire globale.
Malheureusement, cette belle dynamique est réduite à néant avec le dernier album qui accumule les questions sans réponse et autres pirouettes scénaristiques pour s'achever sur une fin vraiment médiocre (tout ça pour ça, sérieux ?). Les auteurs ont voulu se la jouer à la Interstellar qui n'était déjà, soit dit en passant, pas terrible au niveau de sa conclusion.
Il en ressort finalement un sentiment mi-figue mi-raisin me concernant: d'un côté, il y a une première partie et milieu immersive et passionnante en terme de SF et mystérieuse à souhait, d'un autre côté, la résolution est très décevante et donne l'impression d'avoir été expédiée. Dommage.
'Du bout des doigts' nous emmène dans le Paris des années 60 où l'on suit le parcours de Paul, jeune peintre à la recherche de l'inspiration, dont la rencontre avec une jolie coiffeuse, va changer le cours de son existence.
Par défaut, je ne suis pas client des bande-dessinées à caractère romantique, néanmoins j'ai fait l'effort de lire ce 'one-shot' grâce à sa couverture qui m'a accroché. Autant le dire, je n'ai pas été déçu par cette histoire certes simple mais pas simpliste.
Il pourrait s'agir de prime abord d'une histoire d'amour archi-classique, cependant l'auteur a disséminé un petit élément dans le récit qui amène à une réflexion intéressante sur l'inspiration artistique. De même, cette œuvre pose des questions sur l'art et la création de façon globale: faut-il suivre une école/un mouvement artistique en particulier ? faut-il oser "se lâcher" quitte à laisser le spectateur sur le carreau ? Toujours les mêmes questions qui reviennent quand il s'agit de l'art mais c'est ici abordé avec simplicité sans être pompeux.
D'autres thèmes sérieux sont abordés (le suicide, l'infidélité) mais cette BD reste dans un état d'esprit proche de ces films que l'on qualifie de 'feel good movies'.
Un dernier mot sur le dessins et le style graphique de Bonin: c'est beau. Les silhouettes féminines possèdent une élégance longiligne et la mise en couleur s’appuie sur une palette chromatique qui s'inscrit bien dans la thématique principale de cette œuvre.
Suite au visionnage de 'The Killer' de David Fincher, je me suis dit qu'il était temps de me plonger dans la lecture de l'œuvre dont le film tire son inspiration. Cela tombe bien Casterman vient de sortir une nouvelle réédition du premier cycle, comprenant les cinq premiers albums.
Le postulat est classique mais cette BD tire son épingle du jeu via son personnage principal 'Le Tueur' (comme dans le film) dont les pensées sont explicitées au fur et à mesure des cibles à éliminer. Beaucoup d'éléments sont abordés sur notre monde, ses contradictions, la nature humaine, la pollution, les injustices, la corruption, les cartels de drogue… le tout avec un ton tantôt cynique, tantôt détaché voire très moralement douteux. Il y a une très grande rigueur dans l'écriture permettant de ne pas s'ennuyer malgré des phases d'observation/tranche de vie avant les exécutions.
Heureusement, David Fincher n'a pas repris en copier-coller le scénario et les mêmes personnages principaux comme secondaires (sauf la fille sud-américaine). C'est donc avec beaucoup de joie que j'ai pu apprécier l'histoire qui prend un chemin très différent.
Les dessins de Jacamon sont très bons mais c'est surtout son sens du découpage très clair et posé et les différentes teintes de couleur qui m'ont le plus marqué. Il se permet à plusieurs moments de créer des décalages/flous sur des scènes de violence afin de faire ressortir le désordre de la situation, tranchant avec l'aspect froid, organisé et clinique du tueur.
Un début de série très prometteur, dotée d'une morale discutable mais aux nombreuses qualités indéniables.
Tiens tiens, un nouvel album des Tuniques Bleues avec de nouveau Kris au scénario et Lambil aux dessins, après le sympatoche 'Irish Melody'. Est-ce que le présent volet est d'aussi bonne facture voire mieux que le précédent ?
Cet album a malheureusement le cul entre trois chaises (oui c'est possible) avec d'un côté le stress post-traumatique du sergent, les tribus indiennes opprimées par les méchants blancs sudistes et la présence du cartographe anarchiste. Il y a l'envie de traiter de plusieurs sujets sur un album, chose appréciable mais atteindre l'équilibre est délicat. Dans l'ensemble, j'ai eu plus l'impression d'avoir assisté à une greffe qui marche par à-coups.
Le pire se révèle être l'insertion de problématiques progressistes actuelles au forceps, dans un contexte géopolitique et socio-historique qui était beaucoup plus complexe que ce l'on peut supposer. Ce volet insiste là-dessus via le personnage d'Amélie qui veut soigner tout le monde et l'anarchiste qui récite ses belles leçons de vivre-ensemble sans frontière. A mourir de rire.
L'armée de l'Union a aussi massacré son lot de tribus indiennes, et ce encore plus après la guerre de Sécession. Pour une série qui réussissait à ne pas tomber dans un camp ou l'autre (par exemple Black Face ou les cousins d'en face) et à ne jamais être trop pontifiante, c'est vraiment dommage.
Cyberwar est un triptyque dont le postulat est plus qu'intéressant et probable: que se passerait-il si les Etats-Unis d'Amérique étaient victime d'une cyber-attaque qui paralyserait ses moyens de communication, de défense et ses infrastructures publiques (centrales, hôpitaux, stations service…) ?
L'histoire est introduite et axée sur plusieurs personnages aux profils différents: un dénommé Jack cherchant vengeance, une astronaute noire Nora Parks revenue sur Terre, Lancaster un agent de la CIA et le Président des Etats-Unis. Les auteurs ont décidé de construire un thriller catastrophe nerveux en suivant ces personnages face à cette crise et d'introduire l'enquête destinée à appréhender les responsables de ce chaos.
L'effondrement du pays est effectivement bien installé rappelant les œuvres post-apocalyptiques à la Walking Dead avec quelques clichés (les "Rednecks", les membres du KKK, les prisonniers évadés), il ne manquait que les survivalistes et autres prédicateurs extrémistes pour un combo gagnant. La partie traque/enquête est plaisante à suivre avec les méthodes tortueuses de la CIA pour parvenir à ses fins, jusqu'au dénouement solide et sympa du troisième volet.
La géopolitique est malheureusement délaissée au profit de l'enquête et de la dénonciation des maux de l'Amérique (le racisme, les armes à feu…), ce qui est vraiment dommage. Même le créneau économique est délaissé puisque la crise n'a pas d'impact sur les autres pays du monde (?).
Graphiquement, Denys rend une copie honorable via une mise en page au carré et lisible dans son action. C'est efficace et clair dans le trait pour une lecture qui se suit sans accroc. Mention spéciale aux couvertures qui sont superbes.
Au final, une histoire divertissante qui se lit comme on regarderait un film ou toute autre série américaine interchangeable/oubliable sur Netfric.
Olivier Varese est journaliste. Comme tout bon journaliste qui se respecte, il n'a pas son pareil pour tomber sur des affaires peu reluisantes. Que cela concerne une affaire d'espionnage en ex-URSS ou une affaire d'héritage japonais, la vie de journaliste suisse n'est pas forcément de tout repos.
Avec cette série, Enrico Marini faisait ses débuts dans le milieu avec un style plus proche du manga que celui que l'on lui connait aujourd'hui. Déjà à l'époque, il démontrait un certain talent avec un cadrage et des dessins bien dynamiques à souhait.
Le scénario est, quant à lui, en dent de scie, le premier album est très sympa avec cette histoire d'avion qui doit se poser sur la Place Rouge de Moscou et son héros, gaffeur et tombeur de ces dames.
A partir du deuxième, le récit va partir un peu à droite à gauche mélangeant les morts de la place Tianmen en Chine, esthétique et robots à la Gundam, parc d'attraction japonais… avec pas mal de rebondissements. J'ai beaucoup moins accroché devant toute cette débauche d'énergie et de frénésie pour un intérêt plus limité, malgré des dessins toujours aussi exemplaires.
Au demeurant une bonne série bien sympathique mais pas indispensable pour ma part.
Dans l'Amérique de la Guerre Froide, Alex fuit sur la route 66 en compagnie de son fils. A ses trousses, le FBI et des agents du KGB pugnaces dont un tueur prénommé "le clown", le poursuivent d'état en état.
A partir d'un schéma classique (le fugitif en fuite), Eric Stalner nous renvoie dans une autre Amérique, celle des années 60 où l'on pouvait rouler en Cadillac sur les longues routes et où l'on pouvait croiser des espions se livrant à une guerre silencieuse à coup de trahisons et d'agents dormants.
L'idée de centrer un album sur chaque état longeant la route 66 était intéressant quoique nécessitant d'avoir de la matière et des idées neuves. Autant c'est réussi sur les trois premiers albums, autant cela part dans une autre direction à partir du quatrième. Le cinquième et dernier précipite une conclusion qui aurait normalement dû arriver au septième.
Précipitation est d'ailleurs la maître mot pour cet ultime album où les premières pages révèlent des infos manquantes à coups de bulles informatives. Il y a également une confrontation entre Alex et le clown à coup de pistolets en mode John Woo, c'était assez sympa et inattendu pour le coup.
Pour le reste, il y aura beaucoup de trahisons/révélations/rebondissements/cadavres au fur et à mesure de la lecture pour une série aux dessins et découpage exemplaires.
Une bonne lecture malgré de la répétition et une fin arrivée plus vite que prévu.
Frédéric Bagères et Marie Voyelle nous invitent au zoo à la découverte d'espèces vivantes en harmonie et d'autres qui ont muté en monstres de foire. Les détectives privées, Castor Burma et Poulpe, sont chargés d'enquêter sur ces mystérieuses transformations où le large bestiaire implique un grand nombre de suspects potentiels.
De l'originalité, des dialogues percussifs, des références à foison, des jeux de mots, des sous-entendus sexuels, de l'humour, une enquête policière avec des codes détournés, 'Panique au zoo' c'est tout cela à la fois. Les auteurs ont également utilisé des caractéristiques animalières au service de l'intrigue et des sous-intrigues.
Le rendu global est soigné et enfin, imaginer des mélanges inter-espèces est assez osé et instaure un côté décalé/détournement à plusieurs reprises, ce qui correspond aussi à l'aspect détournement de cette œuvre par rapport à ses références policières (Nestor Burma et le Poulpe).
Après la Fouine, voici le Blaireau !
Contrairement au rappeur neuneu suscité, le blaireau mentionné est tromboniste et musicien de jazz dans un petit groupe, se produisant dans un club sur Paris. Cet 'anti-héros' va rencontrer sur chaque album une fille différente et ainsi, le plonger dans une aventure teintée de polar (en tout cas pour les deux premiers).
Le dessin de Boëm est magnifique puisqu'en adéquation avec le caractère morne et pittoresque du blaireau et de son atmosphère. Au fil des pages, il se dégage un charme indéniable à la Nestor Burma et à la France d'une autre époque, celle où l'on buvait un bon coup de pinard avec les amis au bar d'à côté après le boulot, celle où l'on pouvait fumer sans problème, celle où l'on pouvait se balader dans la rue en toute quiétude sans se prendre un coup de couteau par des islamo-racailles ou des "migrants mineurs isolés".
Une bonne série à l'ancienne qui a été arrêtée au bout de trois albums et c'est bien dommage.
Au risque de plomber l'ambiance, je dois dire que j'ai été transporté par ce 'one-shot' pour ses qualités, mais pas entièrement convaincu en raison de plusieurs défauts.
Eva est une espagnole, docteure en psychiatrie. Dotée d'un look androgyne avec des tatouages partout (il paraît que c'est à la mode de se faire taguer le corps), elle est surtout d'un caractère hautement instable et bien bipolaire à souhait. Cette dernière va se retrouver dans une histoire d'héritage avec un cadavre à la clé. Tout en suivant une séance chez son psy, elle va nous relater son enquête.
Choisir une personne mentalement instable pour un polar sous le soleil de Barcelone est en soit une idée incroyable (cela me rappelle un peu la série 'Monk') et compte-tenu de son imprévisibilité, permet de déjouer les attentes du genre pour mieux jouer avec. Il y a un côté impertinent et parfois bien léger, de par ce personnage principal atypique mais également grâce aux dialogues.
Mais alors, qu'est-ce qui me pose problème avec ce 'one-shot' ?
Je suis fatigué par les touches de progressisme et l'obligation d'imposer des quotas dans les œuvres de fiction actuelles: sous-entendus et pas sous-entendus lesbiens, dénonciation du patriarcat, néo-féminisme 3.0 et femme voilée (hautement ironique au féminisme quand on sait que l'islam autorise le mari à battre sa femme via sa soumission).
Justement, parlons-en du vernis "féministe". Ici, il est assez manichéen et lourd: tous les hommes (à deux exceptions près) sont soit des coureurs de jupons/violeurs en puissance, des manipulateurs, des lâches ou des meurtriers en puissance. Même la femme de Francesc, Natalia, qui a l'air d'être méchante au départ envers Eva, se révèle être une victime de la gente masculine, encore la faute du patriarcat oppressif phallocrate mouhahaha !
Reste de beaux dessins, une enquête assez inhabituelle, surprenante (parfois peu crédible), l'ambiance estivale avec tout ce vin et la belle ville de Barcelone avec ses environs.
Troisième volume consacré à l'Ouest sauvage après 'Go West, Young Man' et 'Indians', Oger revient avec une fine équipe de dessinateurs pour un nouveau recueil.
Pour cette fois, l'histoire suit un fil rouge basé les dialogues entre un jeune pistolero et un armurier rassemblant à l'acteur John Goodman. Au fur et à mesure des dialogues ayant pour sujet des armes, nous suivons plusieurs histoires dans l'Histoire du Far West. Certaines sont tristement véridiques (la goule de Gettysburg, l'éléphant de cirque Mary), tandis que d'autres ont été imaginées ou réinterprétées, par exemple, la fin de Billy The Kid.
J'ai bien apprécié ce nouveau travail réalisé par plusieurs mains de dessinateurs tous bien aguerris. Visuellement, j'ai eu le plaisir d'admirer le travail de Félix Meynet, me rappelant la très bonne série 'Sauvage' sur laquelle il a officié.
En terme de scénario, j'ai trouvé l'épisode de la goule de Gettysburg déchirant, l'épisode de l'éléphant d'une cruauté et d'une bêtise abjecte, la confrontation entre Jules Béni et Jack Slade comme étant la plus brutale et ironique, et par extension la meilleure de cet album.
Encore une réussite et un grand plaisir de lecture pour ma part. Bravo à tous les auteurs qui ont participé.
Ils étaient dix au départ pour un simple trek dans l'Oural, un seul reviendra vivant.
Les auteurs Mayen et Gonzalez se réapproprient un fait divers morbide survenu en Janvier 1959 en plein URSS de Khrouchtchev. Ici, pas de tentative d'explication ou d'interprétation, juste un énoncé des faits et des hypothèses fournies au compte-goutte pour une enquête qui a été classée secrète par l'Armée Rouge. Même si l'un d'entre eux a survécu, ce dernier n'a pu apporter plus d'éléments tangibles à la résolution de ce mystère.
Le dessin de Gonzalez est superbe, doté de couleurs assez sombres. Par ailleurs, l'ouverture de l'album met tout de suite dans l'ambiance avec l'arrivée glaçante du KGB dans un immeuble. L'atmosphère sera par instant bien paranoïaque, comme à l'époque où la délation fonctionnait de façon très efficace, permettant l'obtention d'un billet aller simple pour la Sibérie.
Le dossier en fin d'album étaye les divers théories et potentielles explications scientifiques au sujet de cet incident. Etonnamment, il n'y a aucune explication ou hypothèse formulée, dans le dit dossier, au fait que certains cadavres furent horriblement irradiés; encore un autre mystère.
Ce album aura le mérite de remettre sur le devant de la scène cet évènement meurtrier, peu connu de l'histoire de l'ex-URSS.
Yo ! Quand le rap dérape, ça finit en ball-trap.
Les auteurs nous proposent un plongée dans un groupe de rap français, 'BM20', qui va accéder à la gloire et découvrir les sinistres rouages de l'industrie musicale. De la banlieue du XXème aux concerts à guichets fermés en Afrique et aux Etats-Unis, le déroulé est très classique: des hits, l'ascension, la gloire, les dissentions artistiques, les paradis superficiels, les querelles amoureuses et la chute bien violente… sur le bitume.
La couleur disparaît au bout de quatre pages à partir de l'instant où la bande de joyeux lurons se lance dans un magnifique freestyle devant le stade de l'OM à coups d'insultes et de doigts d'honneur, marquant le début de leur carrière.
Il y a un criant sens du naturalisme qui se dégage à chaque page via tout ce qui y est associé à la banlieue et à la culture des racailles (kebab, barres d'immeuble, islam, tags, MJC au service des "nouveaux talents", Snapchiotte, drogues et BAC). Le souci du réalisme est poussé à son paroxysme avec l'emploi des expressions et autres idiomes mélangeant verlan, insultes, anglais, expressions musulmanes, langues africaines et autres fautes d'accord, tombant le plus souvent dans la chinoiserie et l'abscons pour le profane, d'ailleurs il y aurait dû y avoir un glossaire à la fin.
Le dessin de Dall'Oglio est influencé par les mangas et cela passe tout seul sur cette histoire. Dommage pour l'absence de couleurs, choix artistique assumé car "la banlieue, c'est pas rose, la banlieue, c'est morose".
J'ai bien apprécié ce 'one-shot' illustrant les dangers de l'industrie musicale (le superficiel, les producteurs mais aussi les profiteurs), et apportant un éclairage intéressant sur l'imposture qu'est le rap. Cette musique se révèle finalement n'être qu'un bel écran de fumée associant des actes et "paroles" vulgaires/racistes/misogynes/dangereuses/débiles et autres borborygmes insignifiants, pour une catégorie de personnes ayant un (très) faible niveau d'éducation ou d'exigence. Devant tant de "génie", Brassens, Brel, Apollinaire et autre Flaubert peuvent dormir tranquilles, la relève est bien assurée pour le meilleur et surtout pour le pire.
Rien que pour cette passionnante et émouvante plongée dans l'univers des racailles, victimes stigmatisés de la société, et autres artistes urbains au service de l'amour, du respect de la langue française, de la poésie et de la paix envers leur prochain, je mets la note maximale.
Amateur de western humoristique, de dérision et de bons mots, cette relecture de Zorro est pour vous.
'Caktus' est un diptyque dont les auteurs assument ouvertement le côté loufoque via des gags et jeux de mots à chaque page. Ils en ont aussi profité pour y placer des références à foison avec notamment du Astérix, du Batman ou encore du Lucky Luke.
En parallèle de l'histoire de ce justicier vert volant aux riches pour donner aux pauvres, il y une critique de certains maux toujours autant d'actualité: la tyrannie des puissants, la répression arbitraire de ces derniers via la police, les taxes, la manipulation de l'opinion, les élections truquées, la dépendance au jeu, la soumission aux banquiers ou encore la dette.
Le découpage classique et le dessin de Pilet conviennent parfaitement au cadre et à cette double histoire ni trop courte ni trop longue. Dommage qu'il n'y ait pas d'édition intégrale.
J'avais été très sévère avec le tome 6 de Blacksad, majoritairement, en raison du fait que l'histoire avait été scindée sur deux albums et qu'il fallait attendre pour connaître la fin. Après une relecture de la première partie et enchaînement avec la seconde, je peux le dire l'attente en valait la peine.
L'histoire prend toute son ampleur: les enjeux posés précédemment et les personnages introduits prennent tout leur sens. L'enquête se suit avec plaisir et toutes les pièces du puzzle s'imbriquent de façon logique jusqu'à la dernière planche.
Le dessin est fourni, le découpage au service d'un récit passionnant où les auteurs ont monté la barre très haute en terme de qualité. Il va être très difficile d'aborder d'autres BD à caractère anthropomorphique et même les autres BD de type polar, sans faire de comparaison avec ce diptyque.
Bravo aux auteurs pour cette belle performance.
"Comment je me suis radicalisée en féminazie".
Avec un titre ouvertement provocateur et la mention 'Fluide Glaciale', je me suis dit qu'il fallait que je lise ce 'one-shot'.
Isa et Gaudelette ont pourtant décidé de déjouer certaines attentes que l'on aurait pu légitiment avoir au départ; ici, il sera surtout question de thématiques parfois assez personnelles à l'autrice dessinatrice: inspiration pour l'écriture, condition des artistes, repas familiaux à couteaux tirés, condition de la femme au sein de la société, et bien sûr extrémisme/dérives sectaires de néo-féministes et de pro-masculinistes.
Chacun en prend pour son grade et c'est assez drôle dans l'ensemble, même si certains gags voire passages le sont bien moins que d'autres. Au fil des pages, il se dégage une tonalité assez désabusée sur l'état actuel de notre monde, où plus personne n'a l'air de s'écouter ou d'écouter son prochain.
Je rattrape enfin mon retard sur cette série de Mikaël qui nous plonge une nouvelle fois dans le New-York de la prohibition, après 'Giant' et 'Bootblack'.
Encore une fois, la forme est à tomber par terre: dessins détaillés, couleurs sombres mais jamais lassantes, encrage de qualité, découpage millimétré et haletant (surtout pour le climax du deuxième tome). Mikaël n'a pas son pareil pour dépeindre la "Grosse Pomme" sur cette époque en terme de détails et d'ambiance immersive. On notera par ailleurs la clin d'œil à 'Giant' au détour d'une planche.
Si la forme est irréprochable, le fond est en revanche un peu plus problématique de par un scénario déséquilibré. En effet, si le premier volet introduit bien les différents personnages (Bumpy Johnson, Dutch Schultz,...) et des bribes du passé de Stéphanie St Clair, il ne s'y passe pas grand chose et l'ennui arrive assez vite.
Heureusement, le deuxième opus relance l'intérêt mais se perd dans une foultitude de thématiques à peine effleurées voire balancées gratuitement dans la figure (violence faîte aux femmes, avortement et homosexualité). Il y également un discours progressiste insufflé au compte-goutte sur les deux volumes (racisme, ségrégation et néo-féminisme revanchard) et à plusieurs moments, sans trop de subtilité.
Sympa mais pas indispensable pour ma part.
Marcus Brodie et Gordon McPherson sont deux membres de la célèbre police montée canadienne, dans un futur où l'Homme a colonisé d'autres planètes et rencontré d'autres civilisations extra-terrestres. Ces deux compères sont surtout deux planqués, partisans du moindre effort et un peu gaffeur sur les bords, qui vont être envoyés en mission sur diverses planètes où le danger guette à chaque instant de par la faune et flore.
Veys et Guilhem signent une irrévérencieuse odyssée pour nos deux héros bras-cassés mais agents de la paix avant tout ! Les jeux de mots, références, comique de situation sont légions et je me suis amusé à suivre les tribulations de Brodie et McPherson. Les dessins participent également avec efficacité à l'ambiance comique et satirique sur les trois volets.
Si le premier opus installe les enjeux, la dynamique du duo et les particularités de ce futur, le deuxième nous envoie sur une planète pastiche de Cuba avec un clone de Fidel Castro. Le troisième et dernier opus est de mon point de vue le meilleur de tous puisque détournant les sept mercenaires, Jurassic Park et autres codes du western pour un résultat hilarant. Les dialogues ne sont d'ailleurs pas en reste avec quelques bonnes réparties bien placées.
Une très bonne BD comique détournant sur pas mal d'aspects les mondes d'Aldébaran. Seul regret: il aurait fallu citer la chanson ou le titre de cette dernière, tirée du film South Park: 'Blame Canada'.
'Les miroirs du crime' est un diptyque qui est visiblement passé sous les radars depuis de sa sortie et c'est malheureusement dû à son histoire et sa facture très classique.
Pour le résumé express, nous y suivons des truands du côté de Pigalle se tirant dans les pattes et dans la tête afin de rafler un cabaret, 'La perle noire', objet de beaucoup de convoitises. Au détour d'une tentative d'assassinat, nous aurons le plaisir de suivre les itinéraires d'un clochard récitant du Shakespeare, un médecin plus charcuteur que soigneur, un méchant roux avec plein d'acné… et même Jean-Pierre Melville s'imprégnant de l'atmosphère et des coutumes locales pour ses futurs films.
En dehors de sa galerie de personnages (trop) nombreuse, l'histoire est au demeurant archi-classique. Les règlements de compte, trahisons, fusillades et cadavres se succèdent au rythme des syncopes du jazz et des danses africaines.
Il y a effectivement une tentative d'intégrer les problématiques géopolitiques de l'époque (fin de la guerre d'Indochine et début des troubles en Algérie) mais c'est très rapidement abordé.
Le dessin de Hé est très beau, même si certains personnages se ressemblent beaucoup (l'inspecteur Schneider avec un des hommes de main de Guy notamment). Le rouge ressort bien surtout avec toutes ces effusions de sang au fil des planches.
Ce n'est ni excellent ni mauvais, cela reste une bande-dessinée policière correcte mais pas mémorable.
Adaptation d'un polar de Frank Thilliez, 'Puzzle' est également scénarisé par ce dernier et épaulé par Mig pour les dessins.
Le moins que l'on pourra dire est que ce 'one-shot' est carré et efficace. En effet, la tension est amenée au fur et à mesure et renforcée par les fonds noirs entre les cases. Le jeu de couleurs basé sur le bleu et blanc donne une saveur tout particulière au récit et on tourne les pages souhaitant connaître le fin mot de cette histoire.
Les lieux communs seront de sortie (l'asile de fou, la morgue…). Sans être original à ce niveau-là, c'est très bien exploité et au service du récit. Simplement dommage que je me sois un peu douté de la fin; il n'en demeure pas moins que cela reste un bon polar.
Léon, journaliste pour un magazine people, se retrouve à devoir rédiger la biographie d'un dirigeant de casino, Kwan Tao. En parallèle, nous découvrons les dessous d'un univers où argent, fils à papa, luxure, excès, triade, prostitution et meurtres sauvages se mélangent.
Ce qui m'a frappé avec cette œuvre, c'est la façon dont les auteurs nous introduisent, comme le personnage principal, dans le milieu de jeu avec cette dimension de grandeur et ce côté clinquant qui en met plein la vue. Le scénariste maitrise son sujet de part les détails et les nombreuses us et coutumes des casinos. L'aspect culturel asiatique est bien retranscrit et nous prenons du plaisir à suivre plusieurs personnages et histoires qui se recoupent (l'écriture de la biographie, l'enquête…).
Autant les couleurs sont correctes et ne varient pas, autant je suis un peu plus circonspect vis à vis du dessin qui d'une planche à l'autre est inégal: un coup c'est bon voire très bon (la planche avec le cauchemar), un autre coup, c'est moyen voire pas terrible. Autre chose, si le scénario mêle habilement les mélanges de narration, il pêche sur certains aspects, : notamment avec une précipitation sur la fin du deuxième volet et finalement la révélation sur Léon qui est un peu téléphoné, pour peu que l'on soit attentif dès le début.
Je pense que trois albums auraient été plus judicieux pour plus d'aération sur l'histoire et afin de construire davantage le climax. Malgré ses défauts, cela reste un bon diptyque où les jeux sont faits et rien ne va plus.
Agata, jeune immigré polonaise en fuite, trouve un point de chute chez un oncle à Chicago en pleine période de Prohibition. Tandis que l'alcool et les dollars coulent à flot pour la pègre et les gangsters, au son des notes de jazz et du bruit des mitraillettes Thompson, Agata tombera, malgré elle, sur un certain Lucky Luciano, parrain de la branche italienne à New York.
Voici une histoire en trois tomes bien agréable à suivre. Le trait classique et le souci du détail pour les décors nous plongent instantanément dans cette période agitée des années "folles" pour un rendu immersif. Les personnages sont bien identifiables pour la majorité, à l'exception d'Albert et Andy (seule la couleur de la costume permet la différenciation) et c'est un plaisir d'avoir un dessin d'aussi bonne qualité.
La figure de Lucky Luciano a été romancée de façon à avoir un homme un peu plus romantique et "attentionné" envers Agata, ce qui correspondait peut-être moins à la réalité. Cet aspect est contrebalancé par le personnage Dutch Schultz, le sinistre hollandais violent au comportement colérique et au langage fleuri, qui était effectivement comme dépeint dans ce récit. D'ailleurs, malgré le côté fictif d'Agata, certains évènements relatés se sont réellement produits, par exemple la lutte contre les gangsters menée par le procureur Dewey ou encore l'exécution d'un des personnages dans les toilettes.
Le contexte et évènements sont bien posés et se suivent avec plaisir pour une histoire ni trop longue ni trop courte, contenant quelques pointes de tendresse et de romantisme entre deux fusillades.
Bravo à l'auteur pour ce triptyque de qualité.
Jusqu'où peuvent aller les Hommes pour survivre ? C'est la question centrale qui sera explicitée à plusieurs reprises et la clef de voûte de ce 'one-shot'.
Nous suivons un village côtier anglais du XVIIIe siècle soumis à la pauvreté et à la faim. Afin de faire face, certains ont imaginé un stratagème destiné à faciliter le processus de naufrage des navires, pris dans des tempêtes non loin des côtes. Suite à un naufrage impliquant un gentilhomme français, une enquête est lancée et il ne faudrait pas que quelqu'un ou quelque chose puisse amener des suspicions sur ce village.
Voilà une œuvre techniquement très belle et carrée au niveau du découpage et de l'action pour un résultat flattant les rétines. Les différentes teintes nous immergent dans cette histoire où la manichéisme disparaît et la frontière entre bien et mal devient floue. Seuls Jim et Jenny échappent à cette réalité en incarnant l'innocence et la faiblesse propre à leur âge et condition.
Le déroulé du récit est très classique et balisé mais se suit sans déplaisir. Mon principal reproche porte sur le manque de développement et manque de pages pour étoffer certains personnages et l'histoire de façon globale. Autre reproche, aucun personnage adulte n'est mélioratif ou porteur d'espoir, noir c'est noir… Cela reste un bon 'one-shot' au demeurant.
Qui veut la chute de Jay Sherman, le "self-made man" milliardaire ? Voici le point de départ d'une histoire que cette édition intégrale va nous permettre de suivre des prémices jusqu'à la fin.
Desberg s'associe avec Griffo et accouche d'une saga riche aux multiples rebondissements et touchant à pas mal de thématiques: la lutte des classes, la connivence d'entreprises envers d'autres entreprises affiliées aux Nazis, la corruption, l'arrivisme, l'infidélité, la vengeance, la loyauté envers son pays… Ces multiples thématiques sont au service d'un récit jouant habilement sur les temporalités afin de maintenir quelques surprises au niveau du scénario.
Mis en image par Griffo, le dessin est expressif et efficace même si par de rares instants il y a un visage vide dans une case. Les couleurs sont assez ternes dans l'ensemble et manquent parfois de punch, même si le travail est bien effectué. Je déplore également l'usage un peu trop répétitif de cases réexpliquant les enjeux de base sur certains albums.
Il faut quand même saluer les auteurs d'avoir accouchés d'un belle fresque lorgnant du côté de 'Il était une fois en Amérique' de Sergio Leone et des films d'espionnage.
Kleos, c'est avant tout l'histoire de Philoklès, fils de pêcheur, désireux de partir à l'aventure et de prouver sa vaillance aux yeux de tous. La réalité de l'époque, sa condition sociale et diverses péripéties viendront lui rappeler que rien n'est facile ni acquis d'avance.
Hommage aux légendes et anciens récits grecques, ce double album est fabuleux à bien des égards.
Premièrement, le dessin de l'autrice Amélie Causse est un plaisir de par sa clarté et son trait expressif. La mise en page est carrée et les séquences imagées faisant référence à la mythologie apportent de l'eau au moulin de ce pauvre Philoklès, à la fois victime et insupportable de par son caractère. Le mélange des genres est bien assumé entre récit d'aventures, touches humoristiques et tragédie pour un équilibre bien dosé.
Au final, un diptyque de très bonne facture quoiqu'un peu trop court.
Francis Ford Coppola est un cinéaste américain oscarisé pour le Parrain I et II, mais également connu pour son chef d'œuvre au tournage extrêmement chaotique: Apocalypse Now. Florent Silloray nous invite à plonger dans l'un des pires tournages de l'histoire du cinéma qui s'est étalé de 1974 à 1977 pour une sortie en 1979.
Nous y suivons les aléas de la météo, les prises de décision autoritaires de Coppola, les contrecoups d'un climat chaud et humide, les incompatibilités d'humeur entre comédiens, les discussions échaudées avec les producteurs/assureurs… Sur un peu moins de 200 pages, l'auteur est revenu sur toutes les galères et désagréments d'un tournage pharaonique et financièrement très risqué (Coppola avait hypothéqué sa maison et ses terrains vignobles), pour un résultat passionnant rempli d'anecdotes et d'informations truculentes, revenant par exemple sur un Marlon Brando qui n'avait pas appris une seule ligne de dialogue, un Dennis Hopper complètement "stone", les soucis de santé d'un Charlie Sheen alcoolisé, la séquence des hélicoptères ou encore la scène avec le tigre.
Les dessins sont assez simples mais bien en valeur via un bon coup de pinceau. Beaucoup de voix off de la narratrice qui suit Coppola sur le tournage permettant d'en apprendre plus sur un tournage qui en lessivé plus d'un. Même la post-production a été épique en raison de kilomètres de rushs qu'il a fallu couper et monter pour une version cinéma qui a été heureusement un succès international.
En 2011, Coppola avait sorti une version Redux du film comprenant énormément de séquences absentes du montage original, version que j'ai l'occasion de visionner il y a quelques années. J'ai alors appris qu'en 2019, le cinéaste a sorti une ultime version qui s'approche le plus de sa vision d'auteur et qu'il me faut par conséquent découvrir.
Un voyage au bout de l'enfer pour un très bon 'one-shot'.
'Une femme de Shôwa' est à l'origine un manga diffusée par chapitre dans un magazine japonais à l'existence éphémère entre 1974 et 1977. La présente édition réunit le seul et unique premier tome pour une histoire bouleversante se déroulant à la fin de la Seconde Guerre Mondiale à Tokyo.
Les auteurs ont insufflé leur vécu dans cette œuvre en dépeignant la faim omniprésente, la violence des adultes, la place de la femme et la difficile survie des orphelins de guerre. L'authenticité transpire à chaque page et la noirceur/la violence seront au cœur de cette œuvre entrecoupées de rares moments de poésie et de douceur.
La vie est sans pitié, l'injustice et l'horreur présentées dans toute leur crudité via de multiples séquences, notamment avec cette sordide scène de viol par des GI afro-américains, le genre de scènes que nous avons pu également connaître en France suite à la "Libération" et qu'il est bon de rappeler et ne pas éluder.
Le dessin de Kamimura est magnifique avec son côté rétro à souhait, il nous gratifie de belles compositions en noir et blanc et de personnages très expressifs.
Malgré le manque d'une fin officielle, le présent 'one-shot' se suffit à lui-même, cette chère Shôko Tanako devenant une geisha à tomber par terre. Par ailleurs, le titre lui rend honneur avec son deuxième sens en français: "Une femme de choix".
Après un deuxième opus qui relançait l'intrigue et présentait plus d'intérêt que le premier scénaristiquement parlant, ce troisième volet apporte une conclusion à l'histoire de Mandor.
Rien à dire sur les dessins de Dubois qui sont toujours magnifiques depuis le début sur "TER". La problématique est davantage à regarder du côté du scénario qui aligne les histoires de paradoxes temporels, les personnages creux et un final anti-climatique à souhait. La fin est d'ailleurs expédiée à coup de personnages aux pouvoirs extraordinaires et ne m'a pas convaincu pour un iota.
De cette double série, Il me restera le souvenir d'un début alléchant, de bons rebondissements par moment, d'un très beau visuel, de personnages qui auraient pu être plus développés, mais surtout celui d'une déception.
Cela fait un moment que je me lasse des œuvres signées Léo, en raison de ses sempiternels défauts et de l'inutile étirement en longueur de ses sagas mythiques. Je tombe sur ce nouveau cycle d'Aldébaran et là, c'est le drame ! Ce nouvel opus est sans doute le pire de tous.
- Le dessin de Léo est toujours aussi figé et est beaucoup moins rempli de détails en arrière plan sur pas mal de cases.
- Le scénario du présent volet est un copier-coller du premier cycle en terme de dénonciation du fanatisme religieux caricaturé à l'extrême.
- L'aspect critique politique est davantage accentué sans aucune subtilité avec une multitude de dialogues bien moralisateurs. Tout est fait pour démontrer que les idées conservatrices sont dangereuses et que le progressisme, c'est bien.
- Où est passé le bestiaire inédit aux nombreuses espèces ? Où sont passés le frisson, l'exotisme, l'aventure et le dépaysement ? Il n'en reste que des bribes.
- Où est passé le danger de mort bien réel pour les personnages ?
En effet, sur les premiers albums, il y avait constamment ce risque que les personnages meurent face à une faune et flore hostile. Kim et Manon sont devenues intouchables au fil des albums et peu importe ce qu'il leur arrivera, elles s'en sortiront toujours. Les autres personnages secondaires peuvent bien mourir, on s'en moque pas mal au final.
Un album décevant au fort relent de wokisme fétide, trop caricatural, très manichéen et compilant tous les défauts habituels de son auteur. A trop tirer sur la corde, cette dernière s'est cassée, il n'y a plus grand chose à raconter/présenter sauf refaire la même chose en moins bien. Les personnages déjà en place n'évoluent plus ou quasiment plus et cela s'éternise trop en de nouvelles intrigues sur généralement deux/trois albums parfaitement dispensables et oubliables.
Me concernant, "Les mondes d'Aldébaran" s'achèvent définitivement avec le "Retour sur Aldébaran".
Troisième édition intégrale regroupant les tomes 7 à 9 de Wayne Shelton et c'est sans aucun doute celle que j'ai le plus détesté jusqu'à présent.
Les tomes 7 et 8 sont malheureusement les vilains petits canards que l'on aurait souhaité ne jamais croiser tellement ils sont médiocres, puisqu'en effet, notre héros est embarqué dans une drôle d'histoire mélangeant de l'ésotérisme, du Indiana Jones et des vilains Nazis de derrière les fagots. Je n'ai pas été convaincu par ce diptyque qui détonne de par son scénario mystico-capillotracté et de ses facilités d'écriture (par exemple les V2 qui tombent à la fin au bon moment au bon endroit).
Heureusement, le dernier tome de cette intégrale (n°9) relève le niveau avec le retour de Van Hamme aux affaires et un retour à un peu plus de réalisme dans l'univers de Wayne Shelton.
Denayer (dessins) et Denoulet (couleurs) font du très bon boulot, même si cela reste une bien maigre consolation au regard des tomes 7 et 8 de cette édition, que je vais très vite oublier.
J'apprécie beaucoup le coup de crayon de Gibrat et ses couleurs, notamment dans 'Matteo'. Ces éléments seront d'ailleurs bien les seuls dignes d'intérêt de ce 'one-shot' datant de 1996.
En effet, le scénario est un mélange fourre-tout d'anticipation/science-fiction au départ, avant de partir dans le conte, le fantastique et le symbolisme. Il y a des références plus ou moins appuyées (Pierrot le fou, Blanche-Neige) et les femmes sont légèrement vêtues afin de nous exposer leurs belles formes.
A l'issue de la lecture, il me reste un sentiment d'inachevé, l'impression tenace qu'il manquait des pages afin de davantage développer l'histoire, et qu'il manquait des transitions entre certaines planches.
Van Hamme nous revient avec ce recueil d'histoires courtes basées sur des nouvelles qu'il a écrites par le passé ou sur la base de scénarios à chute. Pour ce faire, il s'est entouré de dessinatrices/dessinateurs de talent afin de sublimer chaque récit dans un style vraiment différent.
L'écriture et l'exécution sont brillamment efficaces mais également bien amenées, et ce en quelques planches à peine. Il y a quelques touches humoristiques bien noires de la part de Van Hamme, et surtout une bien méta sur le métier de scénariste de bande-dessinée au détour d'un dialogue.
C'est malheureusement très court et très rapide à lire ce que je trouve un peu dommage au final. Néanmoins, cela reste de très bonne facture et se laisse bien lire en raison de certaines chutes vraiment bien trouvées.
Scénarisé par le regretté Tome et dessiné/colorisé par un jeune Meyer, 'Berceuse assassine' est une plongée en apnée au sein d'un couple qui bat de l'aile. Chaque album présente le point de vue d'un personnage, son ressenti et sa version des faits vis à vis d'un récit globalement sombre mais excellemment bien écrit et mis en page.
Meyer faisait ces débuts bien avant 'Undertaker' et déjà à l'époque c'était du très bon. Le New-York introduit dans cette histoire m'a rappelé l'excellent 'Taxi Driver' de Martin Scorsese de par son côté poisseux et sordide. L'encrage bien épais participe à l'ambiance délétère et à la tension bien palpable au fil des planches, de même que la noirceur du propos est renforcée par le fond noir de chaque page.
Un sublime polar absolument maîtrisé de bout en bout, finissant étonnamment sur une note inattendue.
Suite des aventures de Wayne Shelton avec un diptyque (tome 4 et 5) revenant sur un épisode de son passé durant la guerre du Viêt-Nam et une mission basée sur l'extraction d'un journaliste dans un pays d'Afrique en proie à la guerre (tome 6).
Malgré l'absence de Van Hamme, Cailleteau gère la relève avec brio en nous livrant quelques saillies bien placées voire humoristiques à différents instants allégeant le côté sérieux et sanglant des récits.
Toujours un plaisir de lecture avec cette deuxième édition intégrale.