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Laissez-moi vous présenter Ernestine.
Ernestine à 9 ans, crache sur ses camarades, fume en cachette dans sa chambre-cabane-dans-l'arbre-qui-est-dans-le-salon, extorque de l'argent à son entourage, trompe la psy, est la reine des calambours d'enterrement, traumatise les bambins à coup d'Actionnisme Viennois (que je savais pas même pas ce que c'était, moi) et fout le feu aux scouts (entre autre).
Mais faut dire qu'ils l'ont bien cherché aussi tous ces débiles et ces inutiles !
La seule qui tente de surnager et de trouver des solutions pour une vie normale et apaisée, c'est sa mère. Ernestine saura-t-elle s'en rendre compte et se rapprocher d'elle ?
Vous le saurez en lisant ce chouette album de Salomé Lahoche à la belle couverture cartonnée façonnée, aux dessins faussement enfantins (comme du Tom-Tom et Nana tendance trash) et aux dialogues hilarants.
Trois paquets de clopes et un mollard et demi dans ta gueule sur cinq.
Quelques mots sur cette BD de Léa Murawiec que j'ai vraiment bien aimée.
Au sein d'une ville futuriste et imaginaire, dont les habitants sont convaincus que rien n'existe en dehors (ce fameux Grand Vide), vous ne pouvez littéralement exister que si on vous connait et si on pense à vous. La survie de tout un chacun est ainsi conditionnée à sa Présence, bien (pour le moins immatériel) le plus précieux de tous. Jusqu'à produire de véritables immortels en récompense des plus grandes célébrités.
La jeune héroïne, Manel Naher, se tient plutôt à distance raisonnable de cet état de fait, préférant rêver à son projet de découvrir ce que cache vraiment ce Grand Vide. Jusqu'au jour où sa vie est tout à coup sérieusement mise en danger par l'avènement d'une autre Manel Naher, chanteuse à succès, qui accapare toute la Présence (dans l'esprit des habitants) disponible.
Métaphore évidente d'un certain mal sociétal très actuel, cette histoire est racontée avec beaucoup de talent par la toute jeune autrice Léa Murawiec. Elle fait preuve d'énormément de maturité dans sa narration en exposant de manière très fluide et naturelle les règles de cette société, sans qu'on soit assommé par un discours critique pesant. Ce besoin de Présence parait ainsi évident pour le lecteur sans qu'il soit expliqué ou justifié par quelque inutile tirade que ce soit.
Son dessin très souple et dynamique est aussi en constant soutien du récit et nous propose en même temps un environnement graphique et visuel assez captivant. Accompagnant l'histoire, on voit ainsi apparaitre dans les cases des dizaines et des dizaines de noms aux typographies variées qui mettent en scène un décor étrange et fascinant.
Je ne sais pas où Léa Murawiec a pu aller chercher tout ça. A peine ai-je descellé un "Nicolas Sarkozy" au détour d'une case.
Même les ellipses, aussi soudaines qu'inattendues, utilisées pour la progression de l'histoire, passent très bien et permettent de mener l'album de bon train jusqu'à sa conclusion. Mon seul regret est pour celle-ci, à mon sens un peu en demi-teinte et téléphonée.
Et avec tout ça, une belle édition bien soignée à la quadrichromie très plaisante.
Bref une bien chouette BD qui vaut amplement le travail de commentaire que je viens de vous livrer et la Présence que je souhaite offrir à Léa Murawiec (quatre fois que je la cite, j'espère que ça suffira... Allez, je vais de ce pas m'inscrire à son Insta).
En tout cas, une autrice à suivre, comme on dit dans nos villes (et nos campagnes ?).