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"Phenomenum" aborde intelligemment le fantasme d'arrêter le temps. Mieux, il propose une théorie scientifique qui justifierait de cette capacité surhumaine innée (T2). Un premier opus avec la découverte du pouvoir de Yann, notre héros. Un second tome pour en exploiter tout son potentiel et un troisième pour en connaitre la limite. Le T1 et T2 sont bien écrits, le T3 à contrario est un rapidement fourre-tout, il réuni de grandes idées et sonne ainsi vite un peu facile dans l'approche. Les personnages de la série ont une belle enveloppe, notamment le personnage principal, Yann qui a de nombreuses reprises se questionne sur sa condition et son mode de vie. Le rythme dynamique et nuancé en font une narration attrayante.
Par contre, le dessin et la couleur ne sont pas de qu'il y a de plus apprécié dans "Phenomemum" et à mon avis, c'est une des raisons pour laquelle ce triptyque est passé inaperçu. En effet, le dessin donne une impression de quelques choses de brouillon et non terminé, la couleur n'arrange pas le trait, avec un rendu très numérique. De même que les couvertures sont bâclés à mon sens. Le dessin s'améliore tout de même de façon notable au fil des tomes, pour atteindre un graphisme convenable sur le T3. Dommage pour "Phenomenum", mais il manque quelque chose pour un faire une série mémorable.
"L'invitation" est une ode à l'amitié et à ce qu'elle représente ; comment vit-elle au travers de chacun d'entre nous. L'idée de départ est prometteuse et originale. Ainsi, peut-on se permettre de réveiller un pote à 3h du matin pour une galère ? C'est toute la question que va poser cette ambiguïté ; l’œuvre ne nous dit pas "L'amitié c'est ça", mais elle pose les bases d'une réflexion propre à chacun. Coté dessin, je l'ai trouvé correct mais plutôt banal, peu de mouvements dans l'espace, la couleur ressort de manière très sombre avec une certaine difficulté à lire les illustrations, entre autre sur les séquences dans la nuit ou il y a très peu d'éclairage (pas de lampadaires qui permettraient d'éclairer un peu plus ces séquences). Un thème intéressant sur les valeurs de l'amitié, finalement encore peu abordé en BD (l'amour rempli beaucoup de livres, l'amitié beaucoup moins) qu'il fait plaisir à lire, même si on reste très en surface. Et (mal)heureusement pour moi, j'éteins mon téléphone portable la nuit !
"Toran", c'est un monde fantastique peuplé d'homme-papillons, de femmes à pattes d'araignées et de sirènes envoutantes. Au travers de planches avec une belle mise en couleur (directe) de Peynet qui s'améliore au fil des tomes, nous suivons le fougueux Toran en quête d'aventure alors qu'il n'avait rien demandé. Le scénario de Isabelle Plongeon est léger, il manque souvent des détails narratifs qui empêche la série d'être mémorable. Pourtant les idées abordées et le déroulement de l'histoire sont intéressants, avec un aspect plutôt brutal et violent qui permet de comprendre rapidement l'hostilité du monde dans lequel évolue notre ami Toran.
Cependant, il manque un vrai propos et une construction plus poussée pour s'imaginer évoluer dans cet univers, car il reste encore beaucoup trop de questionnement après lecture des 3 tomes : Pourquoi ces humains possèdent t-ils des ailes à l'age adulte (T1) ? Pourquoi Mora a t-elle des pattes d'insecte à la place des mains quand elle s'énerve (T1) ? Qu'en est-il du clonage des individus et du clone de Tito, pourquoi n'arrive t-il pas à parler ? Plein de portes s'ouvrent, mais peu d'explications sur ces phénomènes fantastiques. La série est un voyage au fil des pages, un peu comme un poème, mais qui ne permet guère de s'y attarder. C'est surtout la conclusion du triptyque qui se termine de manière abrupte sur à peine une planche avec une étrange impression que le scénario n'est pas terminé (même si c'est bien indiqué "FIN" à la fin du 3ème tome). Une étrange série, entre "Les Mondes d'Aldébaran" et "Aquablue" qui ne trouvent pas ses marques, malgré un dessin coloré et attachant.
"Esmera" est une œuvre à part dans les propositions de Zep. Le thème qui tourne autour de la sexualité et de l'émancipation, auquel l'auteur nous a habitué, est cette fois-ci plus adulte qu'a l'accoutumé. Le tout grâce aux dessins de Vince (que j'ai connu dans la série "Vortex") qui apporte beaucoup sur la forme, dans les tons sépias, les traits sont gracieux et généreux, comme celui sur le rythme du corps. Concernant la narration, le postulat de départ est apprécié : Esmera se change en homme si orgasme il y a ; elle devient Marcello et vice-versa. S'ensuit alors une véritable question de la vraie nature d'Esmera, de sa condition d'homme ou de femme, de son émancipation selon le genre qu'elle interprète. Je reproche une certaine légèreté dans le propos, Esmera a l'orgasme "facile" et change de sexe comme de chemise. Quelques situations sont cocasses et nous ramène à l'humour connu de Zep (avec la série "Happy Books" notamment), mais cela ne permet pas une réflexion très poussée et complète sur la condition d'Esmera. Cependant, la bande dessinée est très fluide, honnête et se distingue par l'originalité de son thème, cela reste donc une bande dessinée à découvrir pour tout amateur du genre.
"Helena", une blonde sulfureuse qui fait tourner la tête de Simon, notre protagoniste, au point d'annuler son propre mariage sur un coup de tête. Je trouve ça très gros, à tout remettre en question sur une entrevue. Mais il n'y aurait point d'histoire sinon. Deuxièmement, donner de l'argent à une jeune femme pour la voir tous les jeudis, ça se fait encore moins et ça semble sentir la comédie romantique à plein nez. Cependant, nous sommes rapidement surpris de la tournure des événements et je trouve la narration d'autant plus réaliste. Je trouve le récit beaucoup plus impactant en terme de contenu et de conclusion. Les personnages sont bien travaillés, complexes et nuancés pour rendre le récit attrayant, c'est en général tout le talent de Jim dans sa narration en plus de savoir trouver de bons rebondissements, malgré un début d'histoire bien farfelu (T1). Coté dessin, Chabane a un trait sympathique, mais mon ressenti est que la couleur à tendance a faire perdre un peu de la vie au dessin. J'ai mieux apprécié le travail de Chabane avec Jim dans le diptyque "L’érection", les plans, les traits et l'expressivité des personnages sont bien plus intéressants, je trouve les couleurs de Delphine sont également plus sympathique dans ce dernier.
Je vais tenter de ne pas donner un avis aussi dense que le scénario de “La Licorne” car il y a matière à raconter, quelle prouesse narrative sur 4 tomes seulement ! L’effort fourni sur le scénario, tout comme le dessin, montre ici une œuvre très complète, ainsi la lecture d’un tome prend du temps si on s’attarde quelque peu sur les détails de l'intrigue. Même les pages de garde en fin de tome sont une source d’informations on ne peut plus complète. Au niveau du contenu, c’est très fourni, on sent qu’il y a eu un vrai travail de recherche sur les thèmes abordés : la médecine, l’anatomie, le dogme religieux. La quête est passionnante ; notamment avec les primordiaux, ces créatures issus des légendes gréco-romaine, revisitées dans le style écorché, c'est mystique et organique. Ce qui fait la grande force de “La Licorne”, c’est son rythme cadencé, on découvre des nouveautés à chaque fois qu’on tourne une page, les plans initiaux sont constamment remis en question, en tant que lecteur, j’ai été de nombreuses fois étonné des nouvelles tournures que prennent les événement. Et pour cela, je tire mon chapeau aux auteurs.
Au niveau du dessin, c’est également très qualitatif, avec une atmosphère sombre et incroyablement vivante, les traits de Anthony Jean suggère brillamment les mouvements, sur différents plans, mais aussi sur l'anatomie qui demande une vraie recherche en amont sur le corps humain (ou animal), c'est très audacieux de se lancer dans ce genre de récit fantastico-historique, unique en son genre. Les dessins en page complète sur les derniers tomes me font penser aux propositions de Caza dans la série “Le monde d'Arkadi” ou le One shot “Arkhe” du même auteur.
Pour moi, il s'agit d'une vraie proposition ou le 9ème art s’exprime dans tout son potentiel de de lecture, il faut du temps pour l'assimiler, c'est très riche graphiquement, les personnages sont complexes et fournis, le fantastique s'appuie sur des récits existants mais aussi une partie de la science (mouvement perpétuelle). la violence est omniprésente. La lecture nécessite une bonne concentration.
Cependant, je reproche à cette série un scénario trop alambiqué notamment dans son dénouement final avec le T4 difficile à lire. En cours de lecture et à partir du T2, j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre certaines situations et personnages, dans quel camp se trouve celui-ci : Ambroise et Nostradamus se ressemblent trop par exemple, le chasseur est en quelque sorte immortel car il dépend des constellations, mais il y a très peu de contexte sur ce personnage qui n’est pas un primordial. Dans le T4, il y a certaines situations que je n’ai pas encore bien comprises. C'est très difficile pour le lecteur de suivre ce qu'il se passe, de s'en arrêt faire et défaire ce qui a été construit, d'introduire aussi de nouveaux personnages de manière aussi rapide, c'est trop indigeste, même avec ma bonne volonté pour comprendre. Résultat, j'ai perdu une partie du fil de l'histoire sur le dernier tome à remettre en question tous les concepts établis et postulats de départ. C’est pour cette raison que je ne donne pas la note maximale. Ainsi, un arrêt au T3 aurait sûrement suffit à la série pour briller sans en faire trop, car la clarté est aussi la démonstration d'un scénario réussi. A lire pour ceux qui apprécient la complexité !
Pour moi, il y a érotisme et pornographie ; malheureusement pour "Julia" de Olson, on tire largement du coté pornographique, il n'y a rien a en tirer concernant le scénario, aucune mise en situation, une introduction très pauvre, pour enchainer avec une histoire sans intérêt, si ce n'est satisfaire la gente masculine et sa soif de jouissance. L'avis de Julia dans tout ça, rien à faire, c'est une muse, la femme-objet par excellence, aucun consentement de sa part, elle est l'incarnation du fantasme masculin et/ou du fantasme de son dessinateur. En parlant de dessin, Olson sait dessiner, ça serait mentir de dire le contraire, il a un trait sympathique, mais il est malheureusement peu nuancé dans les formes généreuses de ces personnages féminins, et scénaristiquement, il n'y a clairement aucune recherche.
D'un dessin appliqué et soigné, "Saint-Germain" propose une histoire mêlant fantastique et monarchie. Les dialogues sont poétiques et résonnent comme un chant agréable qu'on suit au fil des pages. Le personnage de "Saint-Germain" est beau-parleur, voleur et d'un humour assumé, en somme un sympathique personnages. Les autres le sont également mais manquent pour moi d'une enveloppe qui les rendrait plus vivants et attachants. Également, la narration n'est pas assez poussée : on suit un seul arc narratif qui s'éloigne un temps du propos principal, à savoir, trouver un remède pour soigner le Maréchal de Saxe ; car notre protagoniste en profite pour enfoncer d'autres portes sur l'échiquier. Car oui, il est question d'un jeu : des personnages qu'on pourrait apparenter à des dieux décident du sort de notre Saint-Germain en tirant aux cartes son destin avec des règles qu'ils se sont bien gardés de choisir eux-mêmes (pas d'explications supplémentaires de ce coté là). J'avoue surtout que cela ralenti fortement l'inertie et le rythme de l'histoire, ces pseudo-dieux ne sont pas bien intéressants, il n'apportent qu'une sorte d'histoire parallèle à Saint Germain dont je me serait passé.
En définitive, "Saint Germain" montre de beaux dessins aux traits et couleurs soignés, mais son scénario ne parvient jamais à décoller, avec un deuxième tome qui expédie son affaire bien trop rapidement, malgré quelques moments plaisants et amusant sur les 2 tomes existants.
Malheureusement, je ne suis pas rentré dans "L'ombre du Corbeau", un thème autour de la guerre et de la mort. L'idée de départ est intéressante, mais il manque clairement quelque chose de puissant pour en faire une œuvre aboutie et complète. Les dessins dans la lignée du style de Comès ne transcende pas non plus, la jeune fille et le jeune homme possède quelques excroissances anatomiques significatives de temps à autre. C'est également la première fois que je lis un "One Shot" de Comes en couleur (quadrichromie), cela casse quelque peu le mysticisme de la bande dessinée. Les personnages ne sont pas très intéressants et celui du pilote n'a aucun intérêt, tout ça pour un final qui n'apporte pas de surprise et qui reste bien fade. C'est un essai qui a le mérite d'exister, mais c'est pour moi un raté de la part de Comès.
Avec un titre qui ne me parle pas vraiment "L'histoire sans Héros" est un récit d'aventure sympathique proposé par deux noms connus dans le monde de la bande dessinée franco-belge : Van Hamme au scénario et Dany au dessin.
A savoir qu'il il s'agit d'un diptyque avec 20 ans d'écart entre les deux tomes. Van Hamme m'avait déjà convaincu plus récemment avec la série "Les Maitres de l'Orge" et ses bonds générationnels entre chaque tome. Pour notre "Histoire sans héros", j'ai largement préféré le T2 au T1, bien plus de retournement de situations dans ce dernier, Van Hamme propose une narration qui permet de rebondir de nombreuses fois, grâce au choses construite dans le T1. Ce premier permet de poser la situation, à savoir le crash d'un avion et ses rescapés/survivants qui cherchent à tout prix à sortir de la jungle amazonienne pour leurs survies. Malheureusement, je n'ai pas ressenti la tension que j'aurais souhaité pour avoir un récit d'aventure trépidant dans le T1. Le T2 est bien mieux construit, appuyé par les dessins de Dany, qui fonctionne très bien ; c'est d’ailleurs sympathique de voir ce dessinateur nous proposer son trait sur le genre Aventure/Thriller. "L'histoire sans héros" ne résonnera pour moi pas plus loin qu'un bon diptyque qui aura le mérite d'exister et surtout une collaboration entre les deux grands auteurs.
"Dans la continuité de l'univers, ""Les enfants de Belzagor"" est une suite sérieuse qui nous permet de prolonger l'aventure sur cette planète hostile et qui cache encore bien des mystères. En revanche, la psychologie et la dualité entre les personnages est moins présente et cela se ressent sur le plan relationnel (Seena/Dorothy et Jeff/Eddie). A part Gundy (Eddie) qui vient remettre en cause sa condition d'être humain suite à sa possibilité de communiquer intimement avec le G'rakh. Les personnages féminins comme Seena et Dorothy n'ont qu'un rôle réducteur et secondaire, Sam gagne en revanche en complexité et c'est plaisant de voir qu'un personnage secondaire dans le premier cycle, soit mis en avant dans le second. La dualité entre Dorothy (sous la domination psychique de Jeff Kurtz) et Sam ne présente aucune animosité, ni même un arc narratif qui aurait pu être intéressant.
Le dessin est également bon avec un effet moins numérique sur la couleur, avec tout de même une préférence pour le travail graphique soigné de Laura Zuchecci dans le cycle 1. Donc cette suite ne déçoit pas mais aurait pu proposer quelques choses d'un peu plus intense, avec des personnages plus présents. L'inertie narrative est également lente, il faut savoir être patient pour que les interrogations soient soulevées. "
Et si on réunissait "De Beaux Moments" que nous pourrions vivre dans une vie au travers de 12 histoires courtes : nos enfants, nos rencontres, nos secrets et nos souvenirs. Dans son ensemble, certaines histoires résonnent plus facilement que d'autres, en dépend beaucoup notre vécu, notre maturité et notre age. J'ai trouvé les histoires inégales en terme d'impact, j'ai surtout beaucoup apprécié cette nostalgie qui nous rattrape dans 3 premières. Ensuite, mes impressions fluctuent. On retrouve aussi le personnage suave de Marie dans "Une nuit à Rome" du même auteur pour en prolonger un peu le plaisir ; mais en soi, cela n'apporte qu'une redite sans réelle intérêt pas rapport à la série originale. Également, cette envie incessante pour le genre masculin d'aller voir ailleurs et de céder à la pulsion de la chair dénote parfois la qualité des propos ; on croirait presque que l'acte d'adultère est banale et normalisé. Le dessin de Jim est réussi, les cases désservent bien l'intimité des propos et des dialogues, de mêmes que les couleurs et la lumière saisissent ces instants de vie de manière réussie. J'apprécie toujours comment l'auteur Jim sait nous raconter des histoires de vies de manière humaine et sensée. En conclusion, j'ai passé une agréable lecture sur cette bande dessinée avec ses moments riches et parfois ses moments un peu plus passifs/creux, comme une métaphore de la vie.
Quelle déception pour ce 3ème cycle des "7 Vies de l'Épervier" qui s'embourbe dans une histoire peu intéressante. Où est passé l'intensité du 1er cycle ? La force des personnages ? L'énergie et la volonté de fer d’Ariane ?
Le T1 revient sur l'axe narratif laissé au début du cycle 2 : à savoir la fille de Ariane, Ninon, abandonné dans un bois, cela reste d'assez bonne facture. Mais pour la suite, c'est un sacré bourbier sans une once d'action et de véritables retournements (T2), malgré les dessins et couleurs de Juillard sont toujours aussi appréciables. Et surtout pourquoi ce changement de dessinateur en plein milieu du cycle (T3) ? Je trouve ça dommage pour la série, car le dessin de Jovanovic est bien différent de l'univers de Juillard. Ce 3ème cycle est donc éloigné de l'idée de départ et de ce qui a fait le succès de la série, notamment avec les 7 premiers tomes (cycle 1), trop de longueurs, trop d'inactions, trop de personnages et peu d’intérêt est à allouer à ce 3ème cycle. En attendant le prochain (et le dernier ?) tome pour le clôturer.
"Calyspo" manque de force et de rigueur pour en faire une œuvre plus complète. Pourtant cette histoire d'amour "impossible" résonne un temps après sa lecture ; avec cette jeune femme de 32 ans qui fantasme sur un fantôme, un homme qui n'existe pas/plus en soi, c'est un peu étrange au départ. Si la première partie est longue et la narration mollassonne. Je trouve la seconde partie beaucoup plus intime et impactante : idéalisation de l'amour, de la rencontre, de l'autre, également notre rapport à l'eau et à la vie ; "Calypso" est une bulle bien trop courte, mal agencée et avec trop peu de texte. Son principal défaut est son dessin qui manque de caractère, de détails et d'une couleur d'un autre temps. Un trait plus affirmé en aurait fait une œuvre plus saisissante, car il y a matière à raconter. Mais je retiens l'idée, au fond de la piscine.
Concernant "Arkhê Lailah" je rejoins totalement l'aspect graphique d'une puissance et d'une précision incroyable sur l'ensemble des histoires notamment sur le tome Arkhé, c'est d'une beauté incroyable. Je suis un peu plus tranché sur la force et le sens de certaines histoires, j'ai trouvé l'ensemble parfois inégale en terme de contenu. L'impression est t-elle que nous avons ici plutôt d'un receuil d'idées autour de légendes et de mythes, d’où Caza s'inspirera pour réaliser la série "Le monde d'Arkadi". Cependant, le voyage est riche, poétique et intriguant, il sous-entend de nombreuses choses, c'est très organique, sexué et érotique ; Caza a toujours un rapport intime dans ces oeuvres autour du monde et de la sexualité. Une science-fiction riche et fouillée qui ne demande qu'a être explorée avec un dessin très graphique. Le grand format de l'édition de 2021 permet d'autant plus d'apprécier le dessin travaillé et poussé. Une œuvre remarquable, d'autant plus avec les explications en post-face de l'album.
En lisant les avis, j'étais pourtant prévenu que le propos ne volerait pas bien haut, pourtant j'ai voulu tenter l’expérience et je le regrette. Si le postulat de départ bien qu'insensé semble prometteur : les enfers envahissent la planète Terre sans raison apparente juste pour s'amuser, l'ensemble du propos se veut racoleur, violent et hystérique...un défouloir à ciel ouvert, aussi bien pour le lecteur que pour le dessinateur qui laisse libre court à son imagination. En cela, le dessin de Tacito tient la route, la couleur un peu moins. Le problème majeur de "666", c'est son cadre sans limite ; ainsi cela devient rapidement du n'importe quoi : gros bras, gros flingues, gros seins, le tout dans un humour qui m'a doucement fait rire. La narration se permet également de faire ce qui l'arrange : exemple avec la bombe atomique expérimentale ne détruisant pas les bâtiments mais uniquement les systèmes nerveux, sauf celui de Père Carmody (étrange, mais n'attendez pas d'explications pour autant...), les séquences s'enchainent, toujours plus folles, mais sans intérêt pour nourrir une narration déjà absence depuis le premier tome, je me suis arrêté à la fin du T3, pauvre Lilith.
En définitive, "L'age d'Or" a tout d'un récit trop classique. Cependant, on y déniche quelques joyaux graphiques au fils des planches, ses fresques sur double pages signées Pedrosa sont belles, colorées, rectilignes et surtout très stylisées. De même le traitement des séquences (découpage) avec l'avancée des personnages dans le même paysage propose une façon originale de faire avancer la narration tout en appréciant la grandeur des dessins. Les personnages ont bien le temps d'être développés sur plus de 400 planches pour les 2 tomes mais ils leur manquent à mon goût de vraies personnalités plus nuancées, notamment Tilda sur laquelle repose beaucoup de choses. Le T2 est surement le plus décevant, car le scénario et son twist laisse dubitatif, une manière assez banale et maladroite pour clore le diptyque. Une narration trop classique avec l'assaut du château, ainsi le machiavélique frère de Tilda dénommé Roi par la force des choses ressemble étrangement à Joffrey Baratheon dans Game of Throne, de même que la construction des arcs narratifs dans le T1 sont amorcés trop rapidement dans le T2, cela manque de tension et d'un réel propos, d'une révélation forte et d'une finalité qui permettrait à l’œuvre de briller en plus de son dessin convainquant.
Cette suite du "Monde D'Arkadi" laisse différentes impressions ; en premier lieu une certaine frustration du temps d'attente entre le T6 et le T7 (1996->2004). Partant de ce premier principe, le dessin a évolué, des formes plus simples, un graphisme plus angulaire, plus minimaliste aussi, cela change quelque peu la forme de l’œuvre. Mais c'est surtout la colorisation qui modifie la perception générale de la série, une couleur bien plus numérique qui selon moi ne permet pas au dessin de Caza de rayonner pleinement comme les 6 premiers tomes. Cependant, le travail reste de qualité et je reconnais que c'est très soigné graphiquement, le découpage est également bouleversant. Coté scénario, il faut vraiment attendre le dernier tome pour prendre une joli claque qui permet de fermer le récit et ainsi clôturer la série. Le T7 montre quelques longueurs, en plus de l'aspect apocalyptique du T7 au T9 de l'ensemble qui sonne un peu trop "héroic fantasy" à mon gout. Cela dit, cette suite garde son mérite, cloture la série en beauté et lui donne un gout unique. Un univers complexe et élaboré celui de "l'Ere de la masse", Caza a su répondre aux questions qu'ils me manquait jusque là. Une belle lecture, graphiquement intéressante, scénaristiquement poussée, Caza n'a pas fait pas les choses à moitié.
Au départ des vacances, c'est à dire sur les premiers tomes des "Beaux Étés", on retrouve l’effervescence du départ, la galère du trajet en voiture, les enfants impatients, l'arrivée sur les lieux des vacances et toutes ces choses qui font les souvenirs des vacances d'été. En cela, l'humour ainsi que la narration, plutôt posée propose un voyage fort sympathique accompagné par les traits de Jordi Lafebre et ses planches de toute beauté.
Le problème est que ces vacances durent un peu trop longtemps, 3 à 4 tomes auraient été suffisants pour cette série. Ainsi les tomes malgré leurs différences se ressemblent dans la structure et après lecture des 3 premiers tomes de l'intégrale (T3, T2 et T6), j'ai éprouvé moins d’intérêt pour la suite. La fin des vacances et donc de la série se veut donc moins glorieuse et on retrouve un peu trop vite la routine du départ, il faut savoir s'arrêter à temps pour profiter pleinement. Je tiens tout de même à souligner la qualité des dessins et des couleurs de la part de Jordi Lafebre en plus du découpage réussi qui permet du moins à la série de garder notre attention jusqu’à la fin avec une expressivité des personnages incroyable.
La grande force de "Peau d'homme", c'est justement l'idée saugrenue qu'il est possible pour une femme de littéralement changer de peau pour en connaitre un peu plus sur les hommes et leurs pensées. Mais surtout dans notre contexte contemporain, de proposer l'égalité entre homme et femme sur de meilleures fondements que ceux du passé. Parmi eux, le dogme religieux qui a dicté une conduite à tenir pendant des siècles, des livres traduits et interprétés par des hommes et pensés pour les hommes. Ainsi l'innocente Bianca découvre la masculinité dans toute sa splendeur ou sa médiocrité en voulant connaitre l'homme avec qui elle est supposée se marier, c'est là que l'exercice devient intéressant. Même si l’œuvre est parsemée de stéréotypes et mœurs de l'époque (moyen age), la narration fonctionne bien. Le dessin de Zanzim est simple et naïf, c'est parfois mieux travaillé sur les planches avec un dessin sur une page complète, sans non plus trop en faire dans le découpage. Son style permet ainsi lecture à tout type de public et de s'identifier facilement aux personnages, la BD reste abordable pour les jeunes adolescents sur certaines scènes plus explicite. Seul déception, lorsque Bianca se change en Lorenzo, elle peut d'après le début de l'histoire avoir une érection et profiter de l'orgasme masculin, mais cette idée de ressentir le plaisir "comme un homme" n'est pas dans au cœur des débats et l'item est complétement écarté par la suite. Donc l’œuvre ne parle pas du plaisir et de l'émancipation féminine et/ou masculine, mais surtout de la place des genres dans la société et remplit 80-90% des dialogues de la bande dessinée. Un bon moment de lecture, bien construit, malgré un dessin un peu trop simple.
"La Belette" mélange le fantastique au polar avec des personnages aux traits allongés, ainsi que le village de "Amercoeur" qui regroupe d'étranges villageois. Toujours emprunt aux récits de sorcellerie et au mystique, Comès propose quelque chose qui oscille entre le chamanisme et la différence. Sur fond de dogme religieux, toute l’œuvre sera basé sur l'évolution de Pierre un jeune homme autiste difficile à cerner et de sa mère, qui attends un enfant. Malheureusement, malgré les quelques péripéties et personnages lunatiques, la quête de Pierre ainsi que de sa mère n'amène pas à quelque chose qu'on pourrait qualifier de surprenant, car c'est trop logiquement amené, trop prévisible pour que le one shot soit vraiment qualitatif jusqu'au bout. Le dessin est également moins marquant qu'a l'accoutumé de la part de Comès, à part les animaux, toujours représentés avec beaucoup de grâce et de détails.
"Eva" est troublant, dans son approche, dans son scénario, au travers d'un dessin sombre avec des grands aplats de noirs, des visages symboliques et si peu expressif. A la manière des automates, les protagonistes en deviennent presque dépourvus d'émotions tellement les lèvres sont figées et le regard fixe ; c'est glacial et cela relève le coté monstreux de l'oeuvre. On rejoint le style des "One Shot" de Comès de l'époque : Silence, La Belette, Iris. Cependant dans "Eva", le travail de Comès est d'autant plus symbolique dans les représentations, les formes, les traits du visage. Ainsi, nous avons une œuvre intrigante, même s'il manque un certain élan de folie, due a cette inexpressivité des personnages pour rendre le one shot mémorable. Le trio de personnage propose un huit-clos malsain et oppressant, les éléments sont dévoilés petit à petit de manière maitrisé, jusqu'au grand final.
Avec "Retour sur Belzagor", j'ai senti tout de suite l'inspiration avec "Les mondes d’Aldébaran" : exploration d'une exoplanète aux ressources intéressantes, place de l'être humain dans cette nouvelle colonisation, bestiaire surprenant et original. La proposition est de qualité, dans un premier temps grâce aux traits et dessins appliqués de Laura Zuccheri. Les couleurs sont agréables, mais leurs aspects "numérique" et froids ne permettent pas au dessin de s'exprimer totalement. Avec 2 tomes uniquement pour la série, difficile de s'étaler sur l'univers de Belzagor qui semble avoir de belles choses à montrer, l'histoire se focalise donc sur l'essentiel avec un arc narratif principal. Ce qui m'a plus, c'est que les personnages montrent une réelle profondeur, la rivalité entre les deux femmes (Seena/Dorothy) et les deux hommes (Eddie/Jeff) donnent de l'impact et de l'humanité, tout comme le concept mystique de renaissance, pièce maitresse du diptyque.
Mise à part la couleur et quelques incompréhensions scénaristiques, c'est une belle série : intéressante, violente, sensuelle, la narration sait nous surprendre et surtout nous tenir en haleine jusqu'au moment décisif.
"Alef-Thau" propose un univers trop machinéen, les personnages n'ont aucune personnalité avec des dialogues qui tournent autour de l'action en cours. Ainsi les péripéties s'enchainent avec la terrible impression que c'est la seule chose qui compte. Sur les 2 premiers tomes, rien n'est vraiment expliqué. Le postulat de naitre sans bras et sans jambe aurait pu fonctionner, mais le genre fantastique le rattrape avec des situations délicates qui permettent à chaque fois à notre héros de s'en sortir facilement. Cependant, aucune base sur les pouvoirs d'Alef-Thau n'a été posé au départ, donc notre héros fait ce qu'il veut de son pouvoir, sans logique apparente, et s'arrange à chaque fois pour échapper à l'ennemi. Dans le découpage, c'est très maladroit également, des enchainements trop rapides, parfois illogiques, avec des dialogues aux contenus excessivement pauvres ; pas d'introversion sur les personnages, leurs psychologies et leur conditions. Au niveau des couleurs, rien de bien satisfaisant. Quant au dessin, il est correct mais manque de caractère et surtout de détails.
"Alef-Thau" ne sait pas trouver son public, on pourrait proposer la lecture de cette bande dessinée pour des pré-ados/adolescents, pourtant la violence de certaines scènes ainsi que les fées nues au généreux attributs laissent penser le contraire...C'est insuffisant pour une lecture plus adulte, sans un développement plus poussé des personnages. J'ai continué la lecture jusqu'au T4, mais je ne suis pas convaincu par cette narration à trois francs six sous.
Pour "Là ou vont nos pères", ma note sera surement un peu moins objective car j'ai lu l'édition de 2014 dans un format plus petit que les éditions précédentes, ce qui dénote quelque peu l'appréciation picturale et graphique qui fait beaucoup à la lecture de cet œuvre, avec quelques doubles pages fascinantes dans l'univers présenté par Tan Shuan. Concernant l'approche, je suis à moitié conquis car je n'ai pas su capté l'essence de ce nouveau monde dans lequel évolue notre personnage. Ainsi ce surréalisme qui présente de magnifiques fresques ne possède pas la logique cartésiennes de notre planète, nous sommes ainsi dérouté, pour ne pas dire perdu sur cette nouvelle façon de faire, et c'est tout l'enjeu de l’œuvre. Mais j'aurais apprécié en comprendre un peu plus de ce monde, son fondement, son mécanisme et sa manière de vivre, ce que la narration ne fait pas et propose d'évoluer dans le mystère sur l’entièreté du récit.
"Les Maitres de l'Orge" présente une maîtrise implacable de la part de Van Hamme, entre les faits historiques, la profondeur des personnages et la combinaison de nombreux arcs narratifs au fil des tomes, nous avons ici là une œuvre à la fois limpide et complexe. On se prend rapidement au jeu avec des bonds dans le temps de près d'un siècle sur les 8 tomes, c'est un beau défi. Les personnages sont charismatiques, nous avons plaisir à les suivre sur plusieurs générations. Le fait de faire des bons de 20-25 ans sur chaque tome permet de capter l'essence de la famille Steenfort et les secrets qui s'y cachent. Le découpage est impeccable, les découvertes et retournements sont fréquents, sans forcément qu’ils soient véritablement prévisibles. Les dessins de Vallès coïncident avec l'ensemble, dans un style réaliste et soigné, les personnages ont un beau trait, et d’une constance remarquable sur les 8 tomes. Les couleurs semblent parfois un peu passées mais restent agréables. Difficile de proposer mieux dans le genre (Aventure, Chronique sociale, biographie), là ou toutes les recettes sont réunies pour passer un excellent moment de lecture, combinés autour de la convivialité du brassage de la bière et de son histoire, mais aussi du passé difficile de l'Europe traversant les épreuves (guerre, reconstruction, crise). Quelques longueurs sont tout de même notables sur le T4 et T5.
Pour conclure, c'est une série pointue et maîtrisée en plus d’être tirée de faits réels avec un dessin réussi. La série sait se démarquer par ces nombreux retournements, ces personnages impactants et surtout sa structure de génération en génération au fil des tomes qui proposent une approche unique à la série. Pour moi, c'est du grand 9ème art. Un "must to read" pour sur et pourquoi pas un "must to have" dans sa bibliothèque.
Lorsque je lis "L'Age d'Ombre" de Caza, je prends une claque graphique à chaque lecture de ce diptyque. Ce mélange d'onirisme, de légendes, d'imaginaire nous permet d'invoquer un monde hors du temps. Et si les histoires courtes permettent d'entrevoir une partie du monde des "Oms" et de leur chute, on a plaisir à découvrir un univers élaboré et riche, malgré le fait qu'il n'y ait pas de personnage principal et de liens tout à fait directs entre les histoires. Toujours un rapport intime avec mère nature, la mère génitrice comme il est cité plusieurs fois, cette forme intime et mystérieuse de vie. Le mythe de la mandragore est troublant de beauté et de mysticisme dans le T1. Au niveau des histoires, j'ai préféré celles du T1, plus intéressante. Les deux tomes peuvent se lire de manière indépendante. Le dessin est propre a Caza, un trait soigné, précis, des hachures, des couleurs vieillissantes, mais un plus pour les encadrements des planches de couleur, cela ajoute une ambiance à l'histoire racontée. Un beau diptyque, difficile à trouver car il n'est plus édité depuis longtemps.
"Faut pas prendre les cons pour des gens" est un concept humoristique contemporain. Tout d'abord par le choix de répéter certains mêmes dessins d'une case à l'autre, de proposer rarement des plans rapprochés et des gros plans sur les personnages. On peut donc reprocher à la série un manque de dynamisme car on perd une partie de l'essence de la BD : à savoir le mouvement dans l'espace. Au niveau du contenu, je dois avouer qu'il y a des idées et quelques concepts attachants. Cependant, après lecture du premier tome, j'ai l'impression d'avoir rapidement fait le tour de la proposition. L'humour est d'autant plus inconstant qu'il est burlesque, il joue sur de nombreux tableaux bien différents, en plus du comique de répétition un peu lourdingue, les chutes en deviennent donc inégales. Cette BD présente une lecture agréable, comme on pourrait voir un film correct à la télévision, mais cela ne nourrit pas mon envie de continuer cette série après lecture du T1, ni d'en faire des éloges, faut pas prendre les cons pour des lecteurs.
"L'avant quête" se révèle être une suite réussi car il regroupe l'ensemble des éléments de la Quête de manière intelligente et captivante. Les 5 premiers tomes sont très bien découpés, la tension monte progressivement jusqu’au tome X (chiffre entre 1 et 5) qui présente une vrai chute digne de ce nom. Quel plaisir de suivre l'aventure de Bragon, son apprentissage et son évolution, de retrouver la sagesse et l'ambivalence du Rige, de flirter avec la détermination, la fraicheur et la jeunesse de Mara, comme une extension de la jeune et jolie Pelisse. La folie d'une secte qui prône le retour du Dieu Ramor. Franchement, il y a de l'action, de l'émotion, c'est poétique, en tout cas pour les 5 premiers tomes de "Avant la quête".
Le Tome 6 "Kryll" et le tome 7 "Folle Graine" sont plutôt scénaristiquement neutre, il font avancer quelque peu l'arc narratif principal, mais beaucoup de discussions et actions inutiles qui ne permettent pas à l'ensemble de rebondir, malgré un dessin et des scènes d'action recherchées et poussées. En attendant l'arrivée du dernier tome.
C'est un plaisir de retrouver le trait de Jordi Lafebre dans "Je suis leur silence". Des illustrations dynamiques, un trait avec beaucoup de grâce et une expressivité qui n'est plus à démontrer (voir même une sur-expressivité avec l'utilisation de symboles divers et variés : fumées, nuages, flammes). Les personnages prennent vie, de manière caricaturale certes, mais ils savent vivre pleinement leurs émotions dans les cases. L'intrigue racontée au travers d'une consultation du personnage principal d'Eva chez son psychiatre (dans le style de Blast de Manu Larcenet), la conversation déroule les faits au fur et à mesure de manière fluide et agréable, les indices de l'enquête se révèlent petit à petit, c'est efficace, drôle, poignant. On voit l'efficacité d'une BD à savoir garder son lecteur au fil des pages sans pouvoir lâcher l’œuvre, pour "Je suis leur silence" cela fonctionne rudement bien. C'est une belle pièce du 9ème art, fraiche et moderne. J'ai juste du mal à comprendre exactement le sens derrière le titre "Je suis leur silence", surement un lien avec les 3 femmes de la vie d'Eva.
Malheureusement, "Ultime Echo" ne réussi pas à combler mes attentes. Tout d'abord, graphiquement, cela me plait moyennement, une approche style manga qui n'est pas désagréable en soi, mais cela manque de détails et de mouvements, les couleurs sont également assez fades. Les points graphiques intéressants sont les moments de "recohérence" qui ajoutent une distorsion visuelle originale, ainsi que la couverture de Guillaume Singelin pour l'édition Collector.
Le point bloquant majeur pour moi est le scénario qui propose des choses sans les expliquer par le texte ou le dessin. La romance entre Eli et Ari est également peu convaincante, car ne se base sur pas grand chose, tout comme le postulat scientifique du multivers. On ne sent pas l'oppression de la catastrophe, du moins c'est traité comme un sujet médiatique lambda, jusqu’à ce qu'elle se dévoile sous nos yeux. Partir dans ce genre d'aventure demande un minimum de contenu, d'approche et de cohérence scientifique, j'ai trouvé le propos trop léger par rapport à l'ambition du projet.
"Stella" tire son épingle du jeu au travers d'une idée originale : donner littéralement vie à son personnage. Au delà de ce postulat, l’œuvre propose également plusieurs axes de réflexion sur le XXI ème siècle, le milieu artistique, le monde de l'écriture et la créativité, de bonnes idées en ressortent.
Cependant, j'ai trouvé l'histoire trop douce, cela manque d'intensité pour être mémorable. Cela se ressent aussi dans le dessin, réussi, mais qui ne donne pas l'impression de voyage au fil des planches par des couleurs qui restent trop uniformes sur la double page (impression étrange de ne pas se mouvoir dans l'espace au fil des cases). Avec un trait stylisé mais un peu effacé sur une palette de couleur pas assez tranché, la BD perd en intelligibilité. A noter les relations entre Taylor, Stella et Debbie qui restent très prude également.
En revanche, on ne peut qu'être conquis sur la modernité des propos abordés. Le thème de la "Noosphere" est également une réflexion avec une portée sociale et philosophique qui peut aller bien plus loin. A lire pour les curieux et ceux qui apprécient les chroniques sociales.
Tiens, une petite partie de "Pénis de Table" entre couilles, pour en découvrir un peu plus sur l'homme et sa sexualité. En effet, c'est un sujet peu abordé sur lequel un échange fait toujours du bien, là ou l’émancipation et le plaisir féminin ont pris beaucoup de place dans les esprits et les livres. Dans l'ensemble, cette BD est honnête, même si le groupe de copains n'est pas forcément représentatif d'une moyenne, Cookie Kalkair a au moins la motivation de coucher ces idées sur le papier. Certains chapitres sont plus intéressants que d'autres, celui sur la masturbation, l'orgasme et les fantasmes nous permettre d’en apprendre un peu plus, dans sa condition d'homme, avec la sensibilité qui en découle.
Alors, certes parfois le naturel masculin revient au galop avec une démonstration de la performance plus forte que tout, mais c'est proposé de manière respectueuse et toujours nuancé. Coté dessin, c'est ce qu'on a l'habitude de voir avec Cookie Kalkair, un trait simple, très expressif, des couleurs saturées ; le défi était surtout de scénariser au maximum ce tour de table pour le rendre attractif et dynamique sans vraiment bouger dans l'espace (un seul lieu de discussion), c'est chose faite même si parfois le dessin passe au second plan, la faute à un texte trop gourmand. Le format BD reste tout de même une approche attractive. Dans ces discussions entre hommes, tout n'est pas à prendre, mais cela permet d'amorcer une bonne base de discussion.
"Margot", c'est un scénario badass avec un très beau graphisme. Quand on regarde la forme, qu'est ce que ça en jette, un dessin travaillé, très réaliste ; des corps jeunes, forts et saillants, un découpage ultra efficace, des gros plans, des plans larges remplis de détails. Mais quand on s'attarde sur le fond, on le touche quelque peu...une coquille vide. Pourquoi ? Car l'ensemble des personnages n'ont aucune once de personnalité, ce sont tous des grosse brutes qui frappent, qui tuent, à l'anatomie avantageuse, mais rien dans le fond qui laisse transparaitre une véritable profondeur, même pour l'héroine Margot qui au départ à la volonté d'être actrice, mais qui fini par se retrouver "démolisseuse" ; ne me demandez pas pourquoi, je n'ai pas vraiment compris le propos. Tout est brièvement expliqué, on ne s'attache pas aux personnages ; narrativement parlant, c'est ultra pauvre et cela contraste complètement avec l'effort artistique du dessin de Frezzato, très poussé, aussi bien au niveau du trait que de la couleur. C'est vraiment dommage pour ce diptyque. Et puis entre nous, un tome 2 qui conclut sur une seule planche, c'est pas vraiment une fin. Du moins, le scénariste laisse cette impression amère qu'il n'en avait pas grand chose à faire. Du coup, j'ai envie d'en connaitre plus sur le dessinateur, moins sur le scénariste...
Zep est constant dans son humour, c'est ainsi qu'on retrouve dans le 2ème opus de "Happy Sex" des recettes bien similaire au premier. Cependant, cela fonctionne toujours bien au niveau de l’énergie insufflée. Certains gags sont un peu tirés par les cheveux, mais dans l'ensemble c'est constant de la part de Zep qui ne démérite pas, l'humour des "Happy Sex" commence à être bien rodé à présent. Concernant le dessin, c'est toujours très dynamique et coloré, une valeur sure de la part de l'auteur de Titeuf.
Et si "La Marie en Plastique" l'était autant que son scénario. Franchement, le constat est sans appel, c'est ennuyeux. La vie de septuagénaires qui se disputent comme des gamins, pas besoin d'en faire une histoire, encore moins 2 tomes. Il ne se passe pas grand chose dans ce diptyque, quelques commérages, un miracle inexplicable. D'autant plus avec un dessin peu graphique et une calligraphie qui laisse à désirer, cela ne m'inspire pas. Les personnage manque également d'une enveloppe qui pourrait les rendre attachants. En conclusion, le scénario est mou, narrativement c'est pauvre, malgré quelques passages drôles. Le dessin est simpliste, un trait tremblant, inégale entre les cases, une perspective douteuse : les yeux représentés de face lorsque les personnages sont de profil. A souligner tout de même une amélioration graphique sur le 2ème tome, mais loin de satisfaire ma lecture.
"Au nom du fils - Dans l'enfer de la prison de San Pedro", avec un titre aussi précis on sait au moins à quoi s'attendre concernant le scénario. Car oui, cette prison de "San Pedro" au sud de la Bolivie est spéciale et unique en son genre, on peut dans une partie de l’œuvre découvrir son fonctionnement et ses turpitudes. La structure narrative est très simple et ne suit qu'une seule trame : celle de Stéphane un père qui souhaite venger la mort de son fil qui était détenu dans la fameuse prison. Me concernant, j'ai trouvé la proposition correct, mais ça manque de folie narrative, en plus des personnages qui se développe peu au cours du récit ; la relation "Esteban/Juanita" est vraiment trop prude.
Le trait gras et haché de Corbet est apprécié, il manque parfois de détails mais est constant et consistant sur l'ensemble de l’œuvre. Les couleurs aux tons sombres et automnales correspondent à l'ambiance et le climat difficile de la prison de San Pedro, mais sans vraiment prendre de risques.
En conclusion, "Au nom du fils" se lit bien avec un dessin agréable mais la bande dessinée ne sait pas se distinguer, faire ressortir intelligemment les émotions et la narration pour la rendre unique et captivante.
Seule série majeure de Caza, "Le Monde D'Arkadi" propose un univers riche, racé et mystique, l’atmosphère à la fois sombre et onirique, nous transporte vers d'autres contrées. Le talent de Caza n’excelle pas seulement dans le dessin dont je suis un grand adorateur, mais aussi dans la construction du scénario avec un découpage plaisant et efficace. Caza reprend certains mythes et légendes, tout en innovant et créant à sa manière, au travers de créatures organiques et mystiques, une série entre science-fiction et fantastique ; un rêve éveillé.
Caza a plaisir à dessiner l'anatomie, des créatures humanoïdes souvent peu vêtues, elles révèlent la capacité du dessinateur à laisser s'exprimer le corps, notamment dans le ""Grand Extérieur"" qui donne un coté sauvage et animal. Les tomes s'enchainent de manière fluides, toujours en découvrant ça et là de nouvelles notions et explications sur ""l'ère de la Masse"" au fils des tomes, ainsi que le jour et la nuit qui ne se mélange plus depuis des milliers d'années. Le lexique en fin de T4 apporte également des précisions sur l'univers, d'une imagination folle. Le T6 marque un tournant majeur dans l'aboutissement de l’œuvre qui réussi au travers de sa construction avec les tomes précédents, à en faire un excellent album de clôture dans les entrailles de Noone, c'est très organique, alchimique.
Malgré des couleurs un peu passé depuis, le dessin et le découpage sont un régal à chaque page. Pour une sortie dans les années 80, cette série avant-gardiste mérite vraiment qu'on s'y attarde, en plus des histoires annexes existantes sur le monde d'Arkadi : l'Age d'ombre (2 tomes), Lailah, Nocturnes, Akrné. J'adore. Hâte de connaitre la suite.
Toujours dans la même veine, le cycle 2 de "S.O.S Bonheur" propose une construction qui ressemble beaucoup au cycle 1, sur des thèmes plus modernes et dans l'ère du temps : immigration, divorce, surveillance de masse, plastique idéale, privatisation des assurances. Bon nombre de thème sont abordés, toujours avec un œil dystopique, excessif et oppressant : la police est partout et surveille tout le monde, c'est très Orwellien comme atmosphère. Cette forme de narration est plaisante à lire car elle amène une pièce de puzzle supplémentaire à chaque nouveau chapitre.
Les thèmes variés et remplis d'imagination suivent le même schéma narratif qui se répète inlassablement : découverte du thème, mise en situation, découverte de l'anomalie, rébellion du personnage principal, réaction de la par de la société/l'état vis à vis de cette rébellion, chute. Au bout de 4/5 chapitres, la mécanique est bien huilé et comprise avec quelques parties moins intéressantes que d'autres.
Le dessin est fidèle à Griffo, un trait que j'apprécie, la couleur (signé Daniel Florent) est plus moderne, un peu terne car trop numérique à mon gout, on va dire que le nécessaire est fait, sans réelle approfondissement. La conclusion prend quelques raccourcis dans l'organisation, mais il n'en reste pas moins bonne, malgré la redondance par rapport au cycle 1. Est-ce un hommage ou est-ce dommage ? Seule une lecture attentive vous permettra d'en juger.
Est-ce que le machisme et son sarcasme n'arrive pas à son paroxysme avec "Testosterror" ? Car il faut bien l'avouer, notre Jean-Patrick rempli tous les stéréotypes du beauf de première : pro des barbecues, il ne mange surtout pas de légumes, vendeur de SUV dit ""durables"", il laisse sa femme tout faire à la maison (taches ménagères et enfants). Toutes les cases de l'homme exécrable sont cochés, on en rirait presque (heureusement !). Des personnalités à l'excès, sans nuances, en combinaison aux actualités politiques des dernières années : un Covid 19 qui émascule, la théorie du grand remplacement et montée du fachisme, égalité des sexes, tout y passe.
Quelques bonnes sorties et boutades sont à noter, mais que c'est long sur 300 planches ; un format plus court aurait été bien plus apprécié, car il faut l'avouer les personnages ont très peu de relief et n'ont aucun discernement. Un final qui arrange surtout le scénario que j'ai trouvé peu convenable et qui montre une faiblesse dans la narration. Concernant le dessin, ça correspond au genre humoristique, mais je trouve parfois les enchainements et les cases brouillonnes, certains dessins en pleines pages sont peu lisibles, et parfois on se prend à lire le texte en passant rapidement sur le dessin car peu d’intérêt. Même chose pour les couleurs qui présentent plus une donnée fonctionnelle qu'artistique.
En bref, cette bande dessinée mériterait d'être épurée pour ne laisser que le meilleur sur 150-200 planches maximum avec des traits et dessins plus appliqués, mais surtout plus de nuances dans les personnages et la narration. Une vrai déception.
"L’érection" est une pièce de théâtre au format BD, un quasi huis clos qui demande de rester dans un même lieu pendant toute la durée du diptyque, joli défi. Et c'est en cela que je trouve cet œuvre de Jim et Chabane intéressante, car on a bien souvent l'habitude de voyager d'un lieu à l'autre entre les cases/planches dans une BD. Ici, il faut proposer des angles et des cadrages différents sur un même lieu et sur les personnages pour rendre l'ensemble dynamique. Ce qui fonctionne bien dans le dessin de Chabane, c'est l'expressivité des personnages, de multiples facettes, des grimaces, sur les visages du couple Florent et Léa qui passent par différents états d'esprit, c'est très bien dessinée et réussi. En revanche, difficile de projeter l'age de la cinquantaine (48 ans) pour Léa et Alexandra qui paraissent facilement avoir 35 ans tout au plus, un défaut venant surement de la mise en couleur, peut être le dessin et c'est dommage. Au niveau du scénario, je suis déçu, la dynamique du T1 est bonne avec un retournement sympa, mais le T2 fait les choses à moitié, il reste très prude dans le dessin et je trouve qu'il ne correspond pas à l'état d'esprit des personnages de Léa et Florent du premier tome. La lecture de ce diptyque est agréable avec de beaux plans et dessins mais la BD aurait mérité un peu plus de corrélation entre les personnages, leur psychologie et leur age.
"Blast", un état second, une sortie de corps, une drogue et son personnage qui donnerait son âme pour retrouver ces quelques instants de folie. "Blast" de Manu Larcenet est une œuvre très dense tant il parle de nombreux thèmes de société sur ses 4 tomes d'environ 200 planches. la série est aussi très nuancée, à la manière de l'être humain et du personnage de Polza Mancini sur lequel le lecteur appose différents sentiments : empathie, dégout, poétique, curieux, aidant. Le dessin, tout comme son scénario sont noirs, mais superbe dans l'expressivité, la justesse des propos, l'humanité des personnages. C'est très lisible, parfois une image nous reviens en pleine face sur une case, à la manière d'un flashback, on comprend tout de suite de quoi il s'agit, c'est très bien construit.
J'ai tendance à penser à deux films en lisant cet œuvre : "The Whale" de Darren Aronofsky ; Polza, imposant personnage principal de la BD a des choses à raconter mais se laisse mourir de torpeur à petit feu, tout comme Charlie (Brendan Fraser) dans "The Whale". Mais aussi "Memento" de Christopher Nolan, pour la manière dont Polza s'invente une vie, se crée son monde, ayant du sens pour lui, mais pas nécessairement d'un point de vue extérieur.
Manu Larcenet a créé quelque chose de fort, il a compris les codes de la BD et joue à 100% avec ce tableau. C'est un régal à lire, on prend du plaisir, même si quelques longueurs se font sentir T1 et le T3 car l'histoire s'éloigne parfois de l'arc narratif principal. Un T4 avec une haute intensité réunissant tout les éléments et images construites dans les tomes précédents, c'est intense et c'est un régal.
A lire, même si l’œuvre est très sombre, il y a de beaux moments contemplatifs de lumière et de vie.
Je suis souvent assez tranché sur la science-fiction, c'est un genre qui peut vite partir dans tous les sens si les idées sont mal mobilisées ou rejoindre facilement d'autres styles : polar, heroic fantasy, guerre. Et à vrai dire avec le triptyque “Zaya”, c'est plutôt mal parti au niveau de l'approche.
En effet, l'ensemble à tendance à ne pas freiner son action et partir dans tous les sens à la manière d'un blockbuster. Sauf qu'en bande dessinée, tout ce flux d'action est rapidement peu lisible s'il n'est pas bien réalisé ou correctement dessinée. Et je trouve le flux d’action pas assez lisible pour la densité d’informations présentes, d'autant plus pour de la SF, le T2 est le pire dans ce sens. En fait, en simplifiant la couleur et le style avec de meilleurs contours (ligne claire), la bande dessinée serait plus lisible ; le noir et blanc aurait pu aussi trouver sa place. Même si la série a tendance à s’améliorer graphiquement et être bien plus lisible au fil des tomes, le dessin ne m'attire pas, notamment la couleur, c'est très terne, même si cela peut correspondre à l'ambiance sombre et robotisée de "Zaya".
Je ne suis pas un grand fan des scénarios ou ça tire dans tous les sens, ça explose à droite à gauche de manière ininterrompue, des course-poursuites, des missiles,...
L’humour de “Zaya” et de son IA déprogrammée ajoute un brin de légèreté, même si cet humour est trop fade à mon gout, comme si le lecteur ne comprenait pas le second degré et qu'il faut expliquer chaque vanne. En définitive, je me serai bien trompé sur ce que j'attendais du triptyque "Zaya". La transition entre le T2 et le T3 avec l'idée diabolique de l'anti-space relance un peu la machine et l'intérêt pour le dernier tome. Mais sans grande surprise, on retrouve les tares des tomes précédents sur des sujets relativement complexes (hyper-espace, anti-espace, intelligence artificielle) qui servent à nourrir le récit mais l'explique peu, pour au final, pas vraiment de rapprochement avec le T1 et T2 en conclusion du dernier tome. Clairement, ce genre d’œuvre n’est pas ma tasse de thé, trop ambitieuse pour la qualité du contenu proposé.
J'ai été à moitié envouté par "Rosangella", son histoire et ses péripéties. Le scénario prend du temps à se mettre en place avec l'introduction des personnages, il faut attendre bien la moitié de l’œuvre pour comprendre de quoi il s'agit. Également, le trait du dessin a certains défauts qui me dérangent, les mêmes personnages se ressemblent difficilement d'une case à l'autre sur certaines planches, notamment Lisa et Rosangella sur la première moitié de l’œuvre avec des visages parfois bâclés en vue de 3/4, la seconde partie du récit est beaucoup plus réussi, notamment dans les expressions et le regard de Rosengella. Également les flashbacks sous forme de peinture acrylique dénote avec le style des autres planches de la BD. Le thème abordé a été vu et revu de nombreuses fois aussi bien dans les livres, qu'au cinéma, c'est le point de vue du narrateur (Lisa) qui change quelque peu l'approche face à la situation. J'ai trouvé "Lie-de-Vin" des mêmes auteurs, bien plus habile dans la construction narrative et le dessin.
"Lie-de-vin" semble être une histoire banale, mais par sa narration et son dessin, on est rapidement transporté dans le récit d'aventure avec son lot de personnages attachants dont le jeune "Lit-de-vin" dont l'immaturité et l'imagination le remplisse d'humanité. Également la jeune Maïs, femme aussi intrigante que la fameuse Marie-mystère. Peu de personnages, mais c'est bien suffisant pour en faire une histoire attractive,avec une approche contemplative d'un petit village en France ayant servi de base d'inspiration (voir carnet d'explication et de croquis en postface). Le dessin aurait mérité un peu plus d'attention dans la construction des personnages qui se retrouvent parfois trop différents d'une case sur l'autre ou avec quelques accrocs anatomiques, mais l'ambiance générale, la narration, le trait et la mise en couleur rattrapent largement ces faux-pas.
Dans la collection des "Happy Books" de Zep, je voudrais le "Happy Sex". On retrouve dans le T1, l'univers de Zep avec l'humour qui a fait le succès de Titeuf et un dessin humoristique et coloré similaire. Cette fois, la bande dessinée est beaucoup plus axée adulte avec un humour léger et grivois et sans personnage principal. Les gags et chutes fonctionnent bien et on passe un bon moment pendant la lecture, même si l'album se lit rapidement. Pas besoin de pousser la réflexion plus loin dans un livre qui se veut humoristique et décomplexé, "Happy Sex" est là avant tout pour divertir. Bémol concernant la 1ère édition avec la première page de couverture ajourée qui ne vieillit pas bien.
"Iris" de Comès est une œuvre fantastique avec un dessin qu'on peut qualifier d'excellent, notamment au niveau du trait animal avec un réalisme poignant : cerf, chat, tigre, oiseaux se mélangeant à l'aspect organique des créatures humanoïdes et imaginaires d'où on retrouve le trait plaisant et instinctif de Comès. En revanche, le scénario est trop léger pour la profondeur du propos énoncé. Des personnages lunatiques et mal introduits comme la mère d'Iris et Ghislain. "Iris" aborde le principe de croyances aux mondes féériques, peu de personnages parcourent l’œuvre. Globalement, l'histoire est linéaire, sans véritable rebondissements, c'est un voyage au cœur du fantastique, au travers du beau, de l'élégance propre à la nature, avec des représentations graphiques élaborées sur l'amour, la famille et le vivant.
"Lydie" est une histoire sympathique mais cela ne va plus loin. En effet, l'histoire de Camille, mère de Lydie est touchante, les premières planches font preuve d'innovations : la "Rue du bébé à moustaches", le déni de Camille. Mais le récit ne décolle pas à la suite à ces premières idées originales de Zidrou, avec un rythme trop linéaire malgré les quelques rebondissements. Les dessins de Jordi Lafebre sont qualitatifs, une expressivité intéressante se dégage des personnages aux formes caricaturales, mais l'aspect général et la morphologie des visages et des corps ne m'emballent pas, j'ai bien mieux apprécié les traits de "Malgré Tout" du même dessinateur.
"Daytripper" résume le voyage d'un homme dans l'aventure qu'est la vie dans ses moments les plus forts et intenses. Dans cet œuvre, il y a de très beaux passages où le temps reste suspendu, d'autres un peu moins réussis, tout dépend de notre contexte de lecteur : notre age, nos projets actuels et notre sensibilité. Concernant la mort donnée au personnage principal Bràs à chaque fin de chapitre, il apporte un coté précieux aux instants de vie, mais ne change pas le contenu narratif général, je trouve donc ces passages peu utiles, sinon pour clore un chapitre correctement. Coté dessin, là aussi, il y de très belles choses dans l'expressivité des personnages, dans leur traits, mais les cases et les planches sont inégales, avec parfois des visages un peu bancals d'un plan sur l'autre, c'est dommage. Les couleurs s'approche du style comics américains. J'ai été partiellement emballé par une œuvre sensée mais qui manque d'une sensibilité qui pourrait me toucher plus intensément et bouleverser ma vision de la vie après lecture, comme annoncé dans l'ambitieuse préface de Cyril Pedrosa.
"Celle qui parle" se situe au cœur du Mexique des année 1500 et la conquête du territoire par les conquistadors espagnols. De manière universelle, la bande dessinée montre les différences de culture entre les ethnies, les barrières de la langue et leurs importances dans la communication, les différences entre les croyances (religieuse ou non), la sexualité, etc. L'histoire qui suit l’héroïne, Malinalli est dure : esclavage, viol, meurtre, mais adoucit par les dessins de Alicia Jaraba, qui au-delà d'un découpage dynamique et d'un trait agréable, sait nous tenir en haleine pendant toute la durée du roman graphique. Le dessin concentre l'essentiel, peu de détails sur les plans larges, belle expressivité sur les plans rapprochés, des personnages découlent de belles personnalités, ils en deviennent vraiment attachants. C'est efficace, le rythme est cadencé ; en somme une excellente bande dessinée.
Quelques bémols tout de même, Malinalli manque parfois d'un peu plus de charisme. Même si c'est volontaire, j'ai l'impression parfois de rester en face de la jeune fille qu'elle était un début de l’œuvre, frêle et indécise. Deuxièmement, les choses se précipite trop vite sur la dernière partie et montre un épilogue très court qui me laisse un peu sur ma faim, même si la conclusion est bonne. Troisièmement, la colorisation pourrait être un peu plus poussée vers des tons plus lumineux sur certaines planches.
Un très bon roman graphique historique qui mérite lecture, ainsi que suivre les futurs sorties de l'auteur : Alicia Jaraba.
L'histoire de "Majnoun et Leïli - Chants d'outre-tombe" pourrait se résumer sur 3 lignes ; cet œuvre est tout d'abord contemplative avec de grandes fresques colorées, des représentations oniriques et surtout un travail plaisant d'écriture par des poèmes à rimes riches et en continu au fils des pages. Le texte a tendance à prédominer sur le dessin qui ne fait que raconter ce qu'on lit, les illustrations permettrait d'en dire bien plus que l'aspect descriptif des poèmes (à l'auteur de savoir jouer avec). C'est surement le but, mais j'ai trouvé qu'on reste très vite enfermé dans le schéma de l'amour absolu et impossible avec toutes ses névroses : longues tirades dithyrambiques (chapitre 2...), amour platonique. Le rythme s'en retrouve complétement anéanti et c'est bien dommage. Au niveau du dessin, c'est très coloré, on sent la culture orientale, des mosaïques géantes aux facettes multiples qui sont agréables. Mais sur presque 170 planches, j'ai trouvé dommage le manque de perspective/profondeur, tout est sur le même plan, les personnages sont présentés soit de face, soit de profil avec de grands yeux allongés, pas de plan intermédiaire. Cela permet du moins de découvrir ce mythe de "Majnoun et Lëili" sous un format curieux et moderne.
"Brassens" est un hommage au compositeur par différents dessinateurs franco-belge sur des titres plus ou moins connus de son répertoire. Concernant le T1, le seul que j'ai lu, les histoires sont assez inégales, Blanc-Dumont, Lax et Vink proposent quelque chose de touchant, Dany est fidèle à lui même, Gibrat et Ferrandez déçoivent. Cela permet en tout cas d'imaginer les classiques de Brassens sous un autre angle, de mettre des images sur des mots, de (re)découvrir des dessinateurs, de se rappeler et de rendre hommage au répertoire de ce grand monsieur.
Les super-héros en général, c'est pas bien mon truc. Mais ce "Imbattable" sort complétement du lot, de part la créativité de son pouvoir qui rend extrêmement plaisant la lecture : un vrai héros de bande dessinée dans sa forme la plus pure. Mais il ne s'agit pas que du héros "Imbattable", d'autres personnages jouent aussi avec les cases, les pages et la perspective. Les dessins bien que simples, sont réussis et permettent aux lecteurs et aux "acteurs" de s'épanouir pleinement dans les trouvailles que propose la série. Une série à mettre entre toutes les mains, petits et grands s'amuseront sans problème à la découverte des aventures plus ou moins courtes du héros bedonnant et d'un calme en toutes circonstances (ce qui lui donne une vrai personnalité).
Le T1 est novateur avec un plaisir certain à découvrir l'univers de "Imbattable". Le T2 innove également avec de nouveau personnages, un peu moins intéressant. La série commence à s'essouffler légèrement, mais ne gâche pas le plaisir de la lecture. Le T3 est dans la continuité de ce qui a été établi en proposant de nouveaux personnages aux pouvoirs toujours plus spéciaux et farfelus. C'est à prendre ou à laisser, même si on ressent un certain essoufflement du concept avec le T3, "Imbattable" reste un incontournable, lire au moins le T1 pour se rendre compte de la créativité de l'auteur, en plus d'un dessin dynamique et d'un humour bien dosé.
"La Nuit" est un voyage au cœur du chaos, un défouloir qui n'a pas vraiment de sens si on ne connait pas le contexte, chaque ethnie s'entretue pour son prochain mais ne présente pas son passé, ni sa culture, ni sa démarche. C'est très brut, noir, sauvage et rempli de haine. Puis en plein milieu, ces ethnies décident de s'allier ensemble contre un mal plus puissant. Peu de questions autour de la situation, peu de bulles de texte, des insultes ça et là des personnages qui s'entretuent, qui combattent, une recherche de shoote et de dépôt bleu. Une métaphore du cancer ? Surement. La préface de Druillet en tout cas explique l'essence de ce projet, très flou et bien fou. Me concernant, je n'ai pas accroché a ces grandes fresques aux couleurs saturées, à ce déferlement de feu et de haine, à cette métaphore du mal. Je ne nie pas, il y a une expressivité assumée dans "La Nuit", comme un échappatoire vers les émotions de colère, de haine et d'injustice directement inscrites sur le papier ; mais je ne me sied guère dans cette noirceur.
"Vénus H" commence la série de manière maladroite avec un T1 "Anja" sur lequel j'ai ressenti peu d’intérêt ; la faute à une atmosphère qui n'est pas là, un scénario trop alambiqué qui n'en vaut pas la chandelle, mais aussi des dessins qui me conviennent à moitié. Si coté couleur, cela reste en de bonne facture, le dessin et sa construction avec ses traits de contour très épais proportionnellement aux traits de détails me dérange. Cela donne cette étrange impression que les personnages ne "s'asseyent" pas dans le décor et sont figés. Coté narration sur le T1, difficile pour le lecteur de comprendre les réelles motivations d'Anja. Le T2 "Miaki" s'enlise avec un scénario encore plus alambiqué, trop de personnages secondaires, trop de noms, des visages parfois compliqués à reconnaitre, et incompréhensions des intentions et motivation de chacun. Dans le découpage, il y a certaines ellipses narratives difficiles à comprendre, de même que l'action s’arrête parfois en plein milieu, sans logique apparente. Heureusement pour le dessin du T2, les traits de contours sont plus fins et appréciés, mais cette fois c'est la construction des visages de 3/4 que sont mis à mal (pommettes/arcades déformées dans la perspective) en plus de quelques cases bâclées (anatomie étrange) ; ou on sens que Renaud, le dessinateur n'a pas pris le temps nécessaire. Le T3 est à mon sens, le plus correct graphiquement, mais le scénario ne mérite pas de louanges ; une fin bâclée, sans intérêt. Il y a des vrais loupés dans les constructions des intrigues sur les 3 tomes.
Je pense que cette série est un bon exemple de ce qu'il ne faut pas faire en bande dessinée : un scénario avec trop de personnages (on ne s'attache à aucun d'eux), un dessin avec trop de différences anatomiques et morphologiques, de même personnage qui ne se ressemble pas entre les cases, des traits de contour épais et des scènes figées, des intentions difficile à comprendre, un thriller érotique qui ne parvient pas à capter l’intérêt d'au moins un des deux genres : traits peu gracieux pour de l'érotisme, scénario peu limpide, avec une violence qui ce fait discrète, seulement suggérée au travers de taches de sang et d’onomatopée, c'est trop léger pour un Thriller. Une belle déception.
"Rayon Dames" de Goetzinger est une bande dessinée à histoires multiples, plutôt fourre-tout. Le ton de l’œuvre est dramatique, on sent que le vécu de l'auteur pèse fortement sur le ressenti général. Les dessins sont biens, manquent quelque peu de vivacité dans les couleurs, mais le thème très dur ne permet peut-être pas de trop jouer là-dessus. La rondeur et la douceur du trait en revanche a tendance à adoucir la dureté des histoires, j'aurais préféré que le dessin et le scénario aillent dans le même sens.
Dans l'ensemble, je suis déçu : les idées présentées sont bien là, mais je trouve que Goetzinger a tendance à faire des choix qui ne vont pas en faveur du récit. Ainsi certaines ellipses sont maladroites ou difficilement compréhensibles (saut trop important dans le temps), également le choix de faire parler des "figurants" dans la première histoire ne permet pas de se concentrer pleinement sur l'arc narratif principal, mais sur l'atmosphère général (cette idée me plait à moitié). Certaines histoires se terminent également sans réelle chute, ni préparation aucune, c'est coupé de manière abrupte.
"Les Droits de l'Homme" est ce qu'on pourrait appeler une compilation de 6 histoires courtes par différents illustrateurs et scénaristes reconnus sur le thème des Droits de l'Homme. Pour ce qui est du contenu, c'est très vite décevant avec une narration qui peine à se développer, voir inintéressante. Au niveau du dessin, il y en a pour tous les gouts. J'ai l'impression qu'il s'agit d'une compilation d'histoires déjà existantes dans d'autres recueils, exemple avec l'histoire courte de Annie Goetzinger qui apparait également dans la BD "Rayons Dames" du même auteure. Bref, pas grand chose à en tirer, malheureusement.
Il y a quelque chose de mystique dans "Silence" de Comès, quelque chose de profondément humain. On y parle du bien et du mal, d'amour et de haine, de sentiments que tout opposent mais le personnage de "Silence" est beaucoup plus nuancé dans son approche. Et si les bulles de textes avec fautes d'orthographes nous permettent de comprendre le coté simple d'esprit du personnage d'est Silence, il n'en reste pas moins touchant et plein de bon sens. Un esprit vaudou enchante aussi l’œuvre, quelque chose d'insaisissable, une force ; avec son lot de personnages aux caractères bien trempés, sur un noir et blanc qui évoque le minimalisme et la brutalité (les scènes dans la neige avec des flacons qui prennent tout l'espace des cases). Pas besoin de détails, l'esprit du lecteur fera largement le reste. Pour le dessin, on peut ne pas aimer, mais ce que j'adore, c'est que le trait est profondément artistique et instinctif ; il nous rapproche du scénario pour le rendre d'autant plus captivant, l'un de va pas sans l'autre et montre tout le potentiel que peut avoir la bande dessinée si elle est bien orchestré, difficile de l'imaginer sur un autre support artistique. C'est ce que j'aime de prime abord dans "Silence". Également, le scénario qui ne tombe jamais comme nous l'attendons vraiment avec des périphéries toutes faites et prévisibles. Bien que l'histoire soit simple, on voyage constamment dans le trouble du scénario sans savoir comment va véritablement se terminer le destin de "Silence". Il manquerait peut être un poil de grâce et de personnalité à "Silence" pour rendre la BD plus moderne, mais cela reste une œuvre à lire pour sûr.
La série "Jamais" de Duhamel se décline en 2 tomes qui peuvent se lire séparément même si c'est tout de même plus sympathique de lire les deux tomes à la suite. D'un point de vue du scénario, c'est correct et bienvenue avec son lot de personnages où chacun d'entre eux remplissent des rôles très stéréotypés de la société : la mamie chiante qui ne veut pas céder sa maison, le maire de la ville qui semble perdu et décontenancé face à la situation, le pervers narcissique fachiste qui n'a qu'un objectif en tête, gagner les élections, etc. Mais voilà, le problème malgré un humour plaisant et bien ficelé et ce qu'on appelle une "chronique sociale", c'est que "Jamais" coche toutes les cases d'une BD orienté grand public, mais ne sort pas des sentiers battus en proposant quelques choses d'incongrus ou d'audacieux, même si je conçois l'excellente idée de départ de la maison jonchée en haut de la falaise. Dès que les enjeux et les personnage sont posés, l'ensemble sonne rapidement prévisible et ne surprend pas vraiment. Coté dessin, cela reflète également la même approche que le scénario, c'est propre et coloré, le dessin nourri bien le scénario, mais encore une fois c'est trop lisse sur toute la longueur avec un découpage simple et peu recherché. Une série "Tout public" qui prête à une lecture sympathique (bien pour le jeune public et/ou pour découvrir la bande dessinée), mais les lecteurs avertis ne trouveront pas la complexité et la profondeur recherchées dans les propos, les situations et les personnages.
"Jours de Sable" étonne par le ton dramatique qui s'inspire de faits réels dans les années 1930 dans la région de Oklahoma appelée également "No man's Land". De superbes dessins semi-réalistes proposés par Aimée De Jongh avec beaucoup de douceur. Cependant, l’œuvre au ton très dramatique dénote quelque peu avec des traits ronds, gentils et curvilignes des personnages qui ont tendance ne pas donner l'atmosphère sombre souhaitée dans la bande dessinée. L'histoire reste conventionnel avec quelques surprises. Il est difficile de vraiment apprendre de la personnalité de John Clark, notre photographe et personnage principal. La rencontre avec la charmante Betty permettra d'en connaitre un peu plus sur celui-ci, mais toujours de manière assez flou. Une BD qui se lit très bien, mais qui manque de profondeur dans l'approche. A noter aussi, les dessins de paysages sur une page complète ou une double page qui sont bluffants.
Avec "La Brute et le Divin", je reste à moitié emballé par le message écologiste qui est peu nuancé et surtout pris sans pincette aucune. D'autant plus avec les événements survenus au cours de la bande dessinée, il n'y a pas de réflexion sur le devenir de l'extraction des métaux rares, ni sur la préservation des lieux, ni sur le ministère qui emploi Eva. Également, pas de remise en question de la condition d'Eva, elle a tout de même quitté son travail et la vie citadine pour se retrouver seule sur l'ile, ce n'est pas rien. Il s'agit juste d'un constat alarmant sur certains procédés industriels qui détruisent les coraux et la biodiversité, mais ça, je le savais déjà. Eva est heureuse sur son ile, elle ne se pose pas plus de questions sur son avenir et sa condition, FIN de l'histoire. Décidément, Eva ne semble pas vraiment comprendre elle-même le véritable enjeu. Le crayonné du personnages d'Eva correspond bien à sa personnalité : d'humeur changeante à l’extrême et lunatique. Au niveau global du dessin et des couleurs, c'est beau, avec un joli travail à l'aquarelle, ainsi qu'un contraste avec la ligne claire sur la plupart des planches et sans ligne claire lorsque Eva explore le monde sous-marin. C'est surement les aquarelles sur une page complète ou double pages qui sont les plus satisfaisantes graphiquement et apportent une vraie fraicheur au récit. Le découpage est également réussi rendant les scènes d'actions intenses et captivantes. Dommage pour le fond (marin) qui manque d'une consistance abyssale.
"Des lendemains sans nuages" démarre rapidement, l'intrigue est posée et expliquée en 4 planches : efficace. A vrai dire, ce type de scénario d'anticipation a déjà été repris de nombreuse fois avec la SF : dictature, contrôle des masses, dystopie, retour dans le passé. A la manière de "SOS Bonheur" de Van Hamme et Griffo ou "Péché Mortel" de Toff et Béhé. Sauf qu'ici, pas besoin de 3 à 5 tomes au total pour en faire une série ; un album unique suffit : efficace. C'est un parti pris mais c'est aussi ce qu'il fait qu'on a pas vraiment le temps d'explorer l'univers et la personnalité du machiavélique F.G. Wilson, du Technolab et autre trouvailles farfelus. Du coup, nous avons un scénario solide mais qui expédie trop rapidement son twist final. Cela fonctionne, mais laisse le lecteur que je suis sur sa faim. Coté dessin, j'ai apprécié sans adorer non plus, avec un trait trop gras qui laisse peu de place aux volumes et couleurs qui semblent bien ternes, les dessins sont réussis mais manque d'une expressivité qui permettrait à la bande dessinée de sortir du lot.
Dans un style typique des bandes dessinées des années 80, "Lailah" se divise en 3 histoires distinctes qui rejoignent des thèmes communs : la conquête, les créatures extraterrestres et l'origine du monde. On voyage dans différents univers, où l'instinct de survie et l’instinct sexuel sont omniprésents. Je n'ai pas déprécier l’œuvre, mais le fait d'avoir 3 histoires courtes est frustrant car cela nous empêche de découvrir d'autant plus les univers proposés qui sont riches, farfelus et remplis de détails. Le style et le trait de Caza est plutôt académique, quelque peu vieillissant, mais il reste très graphique et agréable, dans un style qui se rapproche de Moebius. Les couleurs bien que saturées et criardes sont cohérentes avec l'univers de science-fiction proposé qui donne envie d'en découvrir davantage sur les œuvres de Caza.
"Malgré Tout" de Jordi Lafebre propose un dessin moderne et frais au travers de personnage riches et élégants. Le trait caricatural des personnages (long nez pointu), l'expressivité qui se dégage des visages et des corps est très plaisant. Malgré l'originalité d'une romance racontée dans un sens anti-chronologique qui attire la curiosité du lecteur jusqu'au bout, il manque à cette histoire d'amour une certaine force pour la rendre complétement vivante. En effet, Zeno et Ana jouent bien trop au chat et à la souris sur tout l'ouvrage, rendant cette amour fou l'un pour l'autre illusoire et sans réelle force pour le porter selon moi. L'amour est montré de manière très décomplexé, ainsi l’infidélité semble être un code de société qui n’étonne personne dans la bande dessinée, cela permet au moins de faire vivre et entretenir des histoires d'amour impossible. Concernant le dessin, un bémol sur cette surexpressivité par des petites bulles ou nuages rendant difficile l’interprétation et l’intelligibilité des dessins. Dans l'ensemble, cela reste une belle bande dessinée qui aurait mérité un peu plus de surprise narrative pour le rendre unique malgré un dessin d'une grande qualité qui donne envie de suivre le travail de son auteur, Jordi Lafebre.
L'adaptation "La Route" de Manu Larcenet est une œuvre saisissante au niveau graphique, des traits, déliés et textures qui donnent une impression de chaos sur chaque planche. A vrai dire, l’œuvre est très atmosphérique et lugubre, elle est la représentation d'un monde où s'efface l'humanité, où survivent les derniers hommes, tuant ainsi leur prochains. Comme le veux le roman original, les protagonistes, un enfant et son père s'arrachent les derniers mots et pensées philosophiques face à l'instinct de survie : "Sommes-nous les gentils ?", ou est-ce juste notre point de vue ? Là ou le respect des hommes n'existe plus, où la dignité elle-même s'est perdue. De loin, une des BD post-apocalyptique les plus noires que j'ai lu. Également le choix de ne quasiment pas parler du passé des deux personnages (1 planche parle du départ de sa femme et l'envie d'en finir), donne d'autant plus quelque chose de dure et noire, enfermés dans un présent mortifère. Le ton ultra dramatique et anxiogène déroute, dégoute, voir ne plait pas. En tout cas l'immersion est totale et je ressors touché de cette aventure humaine malgré la noirceur des propos. Au delà du contenu, le livre en lui-même est "beau", qui permet de savourer pleinement les planches de la bandes dessinées.
"Le Roi Cyclope" résonne aussi bien dans son titre que son contenu comme une impression de déjà lu. Dans l'ensemble, c'est agréable à lire, des dessins doux et ronds, des traits du visage et des paysages avec peu de détails. Mais je dirais que c'est le scénario m'a posé problème car trop classique et surtout trop machinéen. En effet, le marquis Désiderat est un méchant, nous l'aurons bien compris, mais sans vraiment savoir ce qui le pousse à être sadique, au delà ce cette caractéristique, c'est surement le personnage le plus intéressant de la série avec sa longue cape et son corps squelettique très graphique. Contrairement au personnage principale, le prince Thalès qui ne se démarque pas des autres protagonistes qui ont tous une personnalité bien fade. L'histoire est rapidement linéaire, malgré les trouvailles sympathiques proposées par le récit fantastique : le puits aux morts, le jardin de Pareiza, la fleur d'Anthimée, l'ombre du Marquis...Mais tout reste trop simple et peu affirmé dans le récit, dans le dessin, dans la psychologie et le passé des personnages (le pouvoir de Thalès de lire l'avenir est acquis mais n'est pas expliqué). A noter aussi les quelques scènes d'actions et de combats sont très figées, pas d'impression de mouvements et d'enchainements entre les cases. Dans l'ensemble ça manque de fluidité, de profondeur et d'audace pour en faire une série notable sur laquelle j'aurais eu plaisir à revenir.
Une chose est sûre avec "Sang-Neuf" de Jean-Christophe Chauzy, c'est que le récit est très personnel. Sur la forme, on retrouve le style apocalyptique de sa série "Le reste du monde" ramené à sa propre personne, son corps, son état d'esprit pendant cette épreuve. L’œuvre reste sombre dans l'ensemble, le noir et le rouge sont les couleurs dominantes, face aux doutes et aux pensées noires de son auteur, c'est très bien retranscrit et les dessins appuient à merveille les sensations qui submergent le corps malade et apeuré. Malheureusement pour moi, cette œuvre a été plus informative qu'elle ne m'a transcendé sur le plan émotionnel, la faute à des idées qui sortent un peu en vrac dans un esprit tourmenté ? Peut-être pourrais-je mieux l’accueillir plus tard ? Tout dépend forcément de notre age et du contexte de notre vie. Néanmoins, c'est toujours appréciable que certains auteurs osent raconter leur vécu, leurs ressentis sur des choses aussi difficiles ; il y a toujours quelque chose d'authentique dans cette approche et qui me plait.
"La Venin" ressemble aux premiers abords à un récit très classique de Western, mais la personnalité du personnage principal, Emily, va apporter un élan de fraicheur, du moins lors de sa découverte. Très expressive grâce aux traits de Laurent Astier, c'est avec un certain plaisir qu'on suit la revanche d'une femme devenue hors-la-loi. Les nombreux flashbacks permettent au récit de ne pas le rendre trop linéaire, même s'ils sont trop présents ; il impose le fait que le récit de l'enfance d'Emily fait partie intégrante de la femme qu'elle est aujourd'hui (en année 1900). Le dessin est très beau, les expressions et émotions des personnages sont très bien traduites en plus d'un découpage soigné et dynamique, à l'aide de paysages vastes et variés, on voyage au fil des saisons sur le continent américain. Une belle série, soignée avec une intrigue souvent remise en question et réajustée selon les twists du récit. Cependant, le récit fini par s’essouffler à partir du T4, où on ne reconnait plus vraiment la Emily battante et expressive des premiers tomes. Une sensibilité qui aurait pu lui donner une corde de plus à son arc de la personnalité, mais malheureusement, elle rentre rapidement dans un coté trop fleur bleue qui en seconde partie, la fait clairement passer en second plan. C'est terriblement affligeant de présenter les choses comme elles le sont dans le T5. L'excellente série lancé des 3 premiers tomes, nous font regretter le manque d'intensité des 2 derniers, avec un T5 qui n'en fini pas. Les dessins perdent aussi un peu en qualité sur le dernier tome : visages assez différents pour chaque dessin d'Emily, problème de morphologie, nez et yeux plats. Bref, il aurait vraiment fallu changer un bon nombre d'arcs narratifs pour rester dans la même veine que les premiers tome de la série et ne pas tomber dans le médiocre : les agents Pikerton sont des guignols qu'on balade partout, ils n'apportent dans grand chose à l'ensemble. C'est dommage pour cette série qui avait quelque chose d’intéressant, mais malheureusement trop inconstante.
"Ces jours qui disparaissent" propose un scénario suffisamment solide pour être convaincant, c'est construit et original. Lubin, notre personnage principal est pris dans une spirale infernale de jours "conscient" qui s'effacent de sa vie par un second moi d'un esprit différent. Je trouve l’œuvre maline sur plusieurs point, déjà on voit très peu le quotidien de la seconde personnalité (sérieuse) de Lubin qui donne à la personnalité narrative (jovial) plus de force et de prestance. On sent que le concept de jours alternatifs a été pensé en avance avec de nombreux détails pratiques : les aventures du jour J, laisse les séquelles de la journée le J+1 pour l'autre personnalité et vise-versa : cheveux coupés, gueule de bois, une inconnue dans le lit ; les moments de surprise et les situations cocasses ne manquent pas. L'évolution des jours qui disparaissent devient de plus en plus anxiogène, la personnalité supposée "forte" prend le dessus sur la "faible", je regrette juste un peu le manque d'approfondissement sur cette vie schizophrène, quelques planches parlent du pourquoi, mais sans trop rentrer dans le détail. Par contre, je n'ai que trop moyennement aimé le dessin, minimaliste dans le trait, dans un style manga avec peu de détails. Les couleurs et le travail sur la lumière sont dans l'ensemble bien fade, c'est dommage. Heureusement, avec un scénario ambitieux "Ces jours qui disparaissent" s'extrait en bien des "One Shot" existants, ce qui donne un peu plus envie de découvrir son auteur Timothé le Boucher au travers d'autres œuvres qu'il a réalisé.
Chouette, une œuvre avec Rosinski au dessin, cela va me rappeler l'univers de Thorgal dans lequel le dessinateur excédait. Mais on se rend compte d'une chose : un dessinateur, aussi bon soit-il n'est rien sans un bon scénario. Et là, je ressens une légère déception sur le rythme insufflé par Dufaux dans le cycle 1 de "La Complainte des Landes perdues". Dufaux sait raconter, faire avancer la narration, mais il ne parvient pas à la rendre unique. Les pièces du puzzle s'imbrique parfaitement les une dans les autres mais qu'est ce que c'est linéaire, qu'est ce que ça manque de surprise sur les 3 premiers tomes. Le T4 présente de bons retournements pour clôturer le cycle. En conclusion, même si l'univers est brillamment construit, les personnages manquent de prestance et difficile de s'attacher vraiment a eux. "Le mal est au cœur de l'amour" (et vice-versa) semble vite désuet et plutôt niais. De plus, les planches de Rosinski sont assez inégales en terme de qualité et de traits. Le cycle 1 de la série ne donne pas forcément envie d'aller plus loin. Pour le moment, je m'arrête là.
"3 secondes", il m'en a fallu un peu plus pour lire l’œuvre de Mathieu Marc-Antoine. Le scénario est dans l'ensemble relativement simple, c'est la forme qui rend le tout original et prouve que la BD est le seul art permettant de jouer avec l'espace et le temps comme nous le faisons dans 3" ; le cinéma ne permet pas ce type d'approche par exemple. Une BD dépourvue de dialogue (en 3", difficile de faire parler les personnages) mais dont les éléments textuels permettre de comprendre l'enjeu. Elle mérite lecture car unique en son genre. En revanche, le scénario manque un peu de consistance à mon gout, même si la relativité du temps qui s'écoule sur 3 secondes est bien présenté et cohérente, il manque un brin de folie pour en faire quelque chose qui me touche. Cependant, merci pour la proposition car c'est toujours agréable de voir que des auteurs sortent des sentiers battus, osent des choses inhabituelles et permettent ainsi aux 9ème art d'exprimer son plein potentiel.
Sans prétention aucune, "Un petit livre oublié sur un banc" se veut simple, c'est annoncé dès le début dans la préface de Jim. Et bien, cette simplicité nous montre l'essentiel : "un bon livre et tout va bien". Cette chronique sociale signée Jim est très humaine, s'appuyant sur les dessins réussi de Mig qui donne à Camélia notre personnage principal, une sensation de bienveillance et de cohérence avec les éléments qu'elle côtoie. Bien sûr, la bande dessinée n'hésite pas à être poussif dans les clichés, notamment la relation de couple entre Camélia et Hervé qui n'ont clairement rien à faire ensemble, sans aucune ambivalence. Mais ce "Petit livre oublié sur un banc" qui part d'une histoire anecdotique nous ramène facilement à l'amour du livre et de la relation que nous entretenons avec celui-ci et au travers de lui, le livre comme "un lieu" d'échange plein de ressources.
Si je retiendrais une chose de la série "Zoo", c'est le dessin et les couleurs d'une grande beauté, avec de l'ampleur et du caractère. Pour le reste, je reste carrément déçu d'un scénario qui peine à avancer, avec des personnages pour lesquels je n'exprime pas tant de compassion et auquel je me suis peu attaché (Anna, Manon, Buggy). D'un aspect très contemplatif, les ellipses sont parfois difficile à interpréter ou inintéressantes. Le personnage de Manon est étrange car je n'arrive pas à lui donner d'age, elle a des réflexions d'un enfant de 10 ans mais en parait 20 avec un corps de femme (voir T1), la sensation est étrange. Les couvertures donnent également difficilement envie (édition 2007) alors que le dessin et les couleurs sont très qualitatif. Quelques moments fort autour du thème de la guerre, de l'amour de son prochain et de la mort, mais je n'ai pas réussi à rentrer dans la série, malgré la meilleur intention du monde.
"Salut la Terre" , c'est un thème autour du déréglement climatique et de la biodiversité avec une vision bien décalée/humoristique. Les dessins sont très naïfs, les couleurs simples, ce qui fonctionne surtout c'est l'humour badass avec des chutes bien perchés. Certaines approches/gags reviennent souvent : les mantes religieuses, la déforestation, la fonte des glaciers. Une bande dessinée qui se lit rapidement et sans prise de tête.
"La Survivante" est une série originale, car elle mêle deux courants peu compatibles entre eux, science fiction et érotisme. "Druuna" de Serpieri s'est déjà essayé à ce mélange des genres, mais n'a pas su me convaincre sur toute la ligne. On retrouve dans les propos de "La Survivante" des items similaires : apocalypse, chaos, femme fatale, manipulation mentale. Mais il faut avouer que Aude, contrairement à Druuna, possède un caractère plus humain. Ainsi, au travers d'un scénario simple, on suit les aventures de Aude : femme, mère et un des derniers êtres vivants sur notre chère planète Terre. Cette dernière est rongée par une attaque/guerre nucléaire de grande ampleur et Aude en est (presque) la seule survivante, en subissant les affres de Ulysse, un robot dernière génération qui estime que l'humain est simplement un sujet expérimental (un rat de laboratoire en somme). Le scénario vaut ce qu'il vaut, mais il arrive à maintenir un certain niveau de cohérence permettant à la série de 4 tomes de proposer des retournements sympathiques. La partie érotique est selon moi dispensable, même si les biais sont moins prononcés que "Druuna", l'instinct sexuel étant une composante de l'espèce humaine, mais certaines scènes ne sont pas justifiées sexuellement, mise à part pour la beauté des corps et le dessin de Gillon, très organique et réussi, hormis les couleurs d'un autre temps. Si le T1 et T2 construisent le scénario de manière durable, le T3 et surtout le T4 (dernier tome) se trompent de direction selon moi ; je n'ai pas accroché a cette fin expéditive et plutôt facile.
Lecture du T1 uniquement pour cette série avec "Une aventure rocambolesque de Sigmund Freud : le temps de chien". Ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre de ce tome de Manu Larcenet, j'ai été a moitié emballé. L'humour fonctionne bien, chaque personnage fait une fixette sur un élément qui renforce le coté répétitif et insistant des personnages : Sigmund Freud insiste sur la mère de chaque personnage, les struklis pour Igor, la recherche d'une "âme" pour le chien, ce qui donne des situations assez inédites. Au niveau du scénario, c'est plaisant à lire, mais on retrouve vite des limites à partir de la 2ème partie. Une fin expédiée rapidement pour une légère déception sur l’œuvre en général. Les dessins qui correspondent tout à fait à l'atmosphère du genre humoristique reste efficace, c'est une lecture agréable mais qui n'apporte rien de plus.
Le second cycle (appelé "Deuxième époque") des "7 vies de l'épervier" marque un ralentissement dans le rythme de l'intrigue, dans un cadre plus posé et explicatif. Les dessins de Juillard sont tout aussi plaisants, plus ronds et colorés. Cependant, le manque d'inertie dans ce début de cycle ne permet pas de rentrer aussi intensément que son prédécesseur. Le thème autour de la culture indienne m’intéresse moins et perd en intérêt au fil des pages. Également, bon nombre de personnages atypiques et plaisants sont morts dans le cycle 1. Du coup, il faut réécrire la personnalité de nombreux nouveaux personnages et cela a tendance à ralentir le déroulé des actions qui en découlent. De même que les personnages sont moins atypiques dans l'ensemble. Le T3 marque une coupure dans le rythme et donne aux "7 vies de l’épervier" un esprit plus contemplatif que d'action, qui dénote mon intérêt premier pour la série, malgré des dessins extrêmement bien réussis. Le T4 conclu loyalement ce cycle mais cela n'égale pas non plus son cycle ainée. Malgré de beaux atouts, ce cycle 2 déçoit par son scénario trop tenu, un manque d'intensité et de surprise sur certains tomes. A lire tout de même pour continuer à découvrir la suite de l'univers complexe et plaisant des "7 vies de l’Épervier".
Le second cycle (appelé "Deuxième époque") des "7 vies de l'épervier" marque un ralentissement dans le rythme de l'intrigue, dans un cadre plus posé et explicatif. Les dessins de Juillard sont tout aussi plaisants, plus ronds et colorés. Cependant, le manque d'inertie dans ce début de cycle ne permet pas de rentrer aussi intensément que son prédécesseur. Le thème autour de la culture indienne m’intéresse moins et perd en intérêt au fil des pages. Également, bon nombre de personnages atypiques et plaisants sont morts dans le cycle 1. Du coup, il faut réécrire la personnalité de nombreux nouveaux personnages et cela a tendance à ralentir le déroulé des actions qui en découlent. De même que les personnages sont moins atypiques dans l'ensemble. Le T3 marque une coupure dans le rythme et donne aux "7 vies de l’épervier" un esprit plus contemplatif que d'action, qui dénote mon intérêt premier pour la série, malgré des dessins extrêmement bien réussis. Le T4 conclu loyalement ce cycle mais cela n'égale pas non plus son cycle ainée. Malgré de beaux atouts, ce cycle 2 déçoit par son scénario trop tenu, un manque d'intensité et de surprise sur certains tomes. A lire tout de même pour continuer à découvrir la suite de l'univers complexe et plaisant des "7 vies de l’Épervier".
Le premier cycle sur 7 tomes des "7 vies de l'epervier" est audacieux et introduit en beauté la série. Tout d'abord dans le scénario qui relate des faits historiques, mais au delà, avec un récit d'aventure plein de rebondissements et de mouvements. De nombreux personnages campent avec une personnalité incroyable, ils en deviennent rapidement attachant ou parfaitement détestable. Le dessin de Juillard dessert complétement la narration avec un très beaux traits, de beaux plans d'actions et une précision dans le mouvement, l'anatomie humaine et animale. Franchement, peu de récit arrive à ce niveau d'exigence. Il faut tout de même souligner que certaines planches sont très bavardes, mais on se délecte d'un vieux français qui reste lisible et compréhensible. La violence, la brutalité, le mystique et la nudité parsèment la série, presque a croire que "Game of Throne" aurait pu y puiser son inspiration. Beaucoup de détails sont présents et font que c'est un vrai plaisir de parcourir ce premier cycle, en plus d'un découpage de case intéressant qui à plusieurs reprises, mêle différentes scènes entre les lieux et personnages, tel un feu d'artifice ; c'est étonnant de voir comment l'interprétation entre les cases reste fluide et compréhensible pour le lecteur. Il s'agit d'un vrai cour de cœur me concernant pour cette première partie.
"La saveur du printemps" a justement un gout bien fade avec son lot de personnages sympathiques, sans être attachants. Je ne sais pas si c'est la traduction de l'anglais au français mais les dialogues sont plutôt ternes et sans saveurs. Concernant le dessin, les personnages et l'expressivité sont réussis, mais il n'y a aucun sens du détail sur les éléments du décor, certaines cases sont mêmes carrément grossières ou bâclées. La bichromie ne transcende pas non plus l'oeuvre. En résumé, tout est rapidement moyen, sans réelle recherche de profondeur, une histoire de vie lambda sur des thèmes vus et revus : émancipation, vie de famille, adolescence, paternalisme, homosexualité, en plus d'être très prévisible. Également une approche trop simple dans la gestuelle des personnages qui tire vers le manga, la présence de flèches sur certaines cases nous prête à croire que le lecteur ne sait décoder le mouvement dans une bande dessinée. "La saveur du printemps", d'un registre qui sonne trop vite adolescent n'apporte pas grand chose au paysage de la bande dessinée Outre-Atlantique.
Une série remplie d'originalité et de mélancolies avec des personnages attachants, notament Rémi avec lequel on exprime une certaine compassion. Les expressions et dialogues nous ramènent dans la France rurale et pauvre des années 60. Toinette, la femme dont Bout d'homme (Rémi) tombe sous le charme est également un personnage clé et réussi. Les dessins et les couleurs s'améliorent au fur et à mesure des tomes. Les 4 premiers tomes sont un "must-to-have" selon moi. En revanche, les tomes 5 et 6 axés sur une histoire annexe de Bout d'homme, ne mérite pas ma retenue malgré des dessins et couleurs très réussis.
Avec une trame simplifiée du roman de George Orwell "1984", cet opus signé Derrien n'apporte pas grand chose à l’œuvre originale. Les dessins soignés de Tottegrossa restent peut-être les plus plaisants des différentes adaptation de "1984". Malheureusement sans surprise, le choix du format et d'un nombre de pages limitées ne permet pas de développer les axes de cette dystopie, ni de proposer un regard nouveau sur l’œuvre.
Une œuvre simple qui reste informative et divertissante. Le dessin est réussi sans transcender non plus l'ensemble. La couleur dans ses tons sépia apporte une certaines gaieté. Le roman graphique se lit rapidement, l'histoire est sincère, mais sera malheureusement vite oublié.
Une série que je n'ai pas apprécié, les dessins et couleurs sont réussis donne une atmosphère parfaitement sombre et lugubre. Mais l'intrigue sous forme de courts chapitres est rapidement redondante. La série se complexifie à partir du tome 2, malheureusement malgré un univers intéressant et les personnages ne m’ont pas plu. Le tome 4 et 5 ont été pour moi les plus difficiles à lire car je n'ai pas réussi à rentrer dans cette histoire et narration drôle et loufoque.
Une série qui commence très bien avec un tome 1 prometteur, notamment avec un bestiaire farfelu et très riche, mais le scénario signé Lupano fini ensuite par perdre en intérêt au fur et à mesure des tomes, malgré l'imagination débordante qui en découle. Le style de dessin de Andreae est très atypique, de multiples personnages/animaux, des formes géométriques, élancés, c’est très réussi et surement le point gros fort de la série, tout comme les couleurs. L'univers est à découvrir pour ce faire un avis.
Si le contenu de l’œuvre montre rapidement son coté épique et explosif, l'ensemble sait s'affirmer à travers un univers riche, un humour bien dosé et des idées crédibles, d'autant plus que les termes techniques utilisés donnent parfois l'impression d'être dans une certaine réalité de narration. En revanche, je trouve le dessin de Vatine (T1 à T4) est assez discriminant pour l'appréciation de l’œuvre, des traits épais, des personnages avec peu de détails, une expressivité parfois très caricaturale. Je préfère le trait de Tota (T5). Le cycle 1 de Aquablue (T1 à T5) est solide et je comprends tout à fait qu'il reste une série culte malgré le temps qui passe, car elle sonne encore très moderne.
La série se divise en 4 cycles distincts, les dessins sont d'une grande qualité sur l'ensemble des 8 tomes (4 cycles). Florence Magnin propose quelque chose de très doux graphiquement en couleur directe, avec beaucoup de poésie et qui correspond à la "douceur" des intrigues. Le cycle 1 qui permet d'appréhender ce nouveau monde dans lequel apparait notre héros Jan. Les trouvailles et recherches en terme de scénario sur ce premier cycle (T1 et T2) sont une grande réussite qui valent lecture. En revanche, la tournure prise par les autres cycles ne permettent pas d'alimenter selon moi l’intérêt pour la suite de la série (T3 à T8), qui a du mal à décoller, avec cette douceur et ce coté rêveur qui lui colle tant à la peau.
On reconnait bien les traits de Dany sous cette série humoristique. L’ensemble se lit rapidement, les dessins sont réussis et convaincants, les femmes toujours dessinées de manière pulpeuses. Cependant les histoires sont très courtes (1 page) et ne permettent pas de s’attacher aux différents personnages.
Mauvais sur toute la longueur. Un scénario mal orchestré, j'ai eu beaucoup de mal à comprendre de quoi il était question et l'enjeu de "Barcelonight", c'est pas terrible. Les dessins et personnages sont corrects mais l'ensemble parait vite fade. Pas grand chose à dire, dommage.
"Le sculpteur" est une œuvre dantesque, surtout au niveau du volume de quasi 500 pages, c'est rare pour un roman graphique/une bande dessinée. Malheureusement, le pari n'a pas fonctionné pour moi. Tout d'abord par un scénario qui s'étire bien trop en longueur, avec une absence de relief. Le personnage de David est trop caricatural, il manque de profondeur. Certains faits peuvent être le propre de l'être humain en général et ainsi du personnage de David Smith, mais il n'a rien d’intéressant à part son obsession illusoire pour l'art et le succès. Je comprend d'un coté le besoin brûlant et occidental de briller au travers de ses œuvres, c'est propre à chaque artiste, mais le défaut principal est pour moi le dessin, car à vouloir remplir 500 pages, difficile de proposer des planches détaillées, c'est un choix, mais du coup le dessin reste excessivement minimaliste, et les personnages en apparence très cartoon (d'ailleurs les mains ne sont bien dessinées uniquement sur les plans rapproché des mains). Meg a un peu plus de relief sur le fond, c'est surement le personnage le plus intéressant. Beaucoup de répétitions, avec des cases de dessin pas forcément utile et qui ajoute un nombre conséquent de pages. A part montrer l'extravagance et sans forcément être cohérent, je suis plutôt dubitatif sur cette œuvre.
Un travail artistique assez fou de la part de Mourier pour ces 3 tomes, le dessin en couleur directe est époustouflant de vivacité. La construction et le trait des personnages sont parfois un bruts et caricaturaux, la sensualité de la danseuse Askell au caractère bien trempé ajoute la touche d'érotisme necessaire, en plus des scènes particulièrement tribales et violentes. Le scénario est quand à lui bien structuré et amené. Seule grosse déception, la série se présente sous la forme de 2 dyptiques, mais le T4 n'a pas encore vu le jour depuis la sortie des 3 tomes de 1993 à 1995.
Une jeune femme se laisse porter par ses rêves, bien trop souvent érotiques et se réveille à chaque fois en sursaut avec une envie folle d'en parler à son psychanalyste. Une idée de Giardino qui a pu être exploité sur un tome. Les planches sont sexy et sympathiques, avec un humour bien dosé. L'idée est là, les dessins sont respectables et éveille le fantasme, pas au point d'en faire des éloges, mais ça a le mérite de se tenir.
Une bande dessinée en style comic avec de très courtes histoires (2 à 6 pages) autour de la conscience et de l'humanité. Les 3 tomes sont très cyniques avec des histoires très inégales sur l'ensemble des tomes. "Rencontres Obliques" reste le plus apprécié pour ma part. Le dessin de Clarke en style Comics est très réussi et participe à la narration et l'ambiance général de l’œuvre. Trois tomes pour assez peu d'histoires convenues, cela reste une petit déception, car il y a matière à raconter.
Très délicat de donner un avis positif, tellement le scénario me porte peu d’intérêt et qu'il est difficile de comprendre les propos. D'autant plus avec un dessin fade, non pas au niveau de la couleur mais du trait qui fait très "digital", dommage pour un roman graphique érotique. Je n'ai pas apprécié.
Si le dessin de Dany permet de montrer un dessin toujours de qualité, avec des femmes pulpeuses, fines, des airbag en guise de poitrine et par un scénario qui prête à ce jeu, l'ensemble se lit bien mais sans réelle engouement. Le scénario signé Arleston sonne plat. On retrouve le type de narration des Lanfeust (Troy, Etoiles, Oddyssey) mais cette série n'apporte pas grand chose à l'univers de Troy. Donc malgré les dessins et couleurs soignés de Dany, cela reste une série très moyenne dans son propos.
Un récit très classique avec un enquête policière autour de l'art sur chaque tome (T1 à T4). Les enquêtes restent trop linéaires. La relation entre nos deux protagonistes, Anthéa et Gregory, évolue au fil des tomes et c'est surement la partie la plus plaisante, Greg étant quelqu'un de drôle et fourbe, tandis que Anthéa est mystérieuse et indécise, il y a une belle construction autour des deux personnages. Le dessin dans le T1 signé Béhé n'est pas à la hauteur de mes attentes et gâche quelque peu l'impact du scénario, en plus des couleurs très fades. Heureusement, Danard et Pierre rattrape le dessin sur les tomes suivants (T2 à T4). Une série moyenne, mais qui se lit bien tout de même.
Les aventures de Jack Tenrec et Hannah Dundee à travers une bande dessinée de SF post-apocalyptique. Les premiers tomes présentent certaines longueurs, mais fourmillent d'idées incongrues et/ou réellement bien pensées. Les derniers tomes (T4, T5 et T6) sont les plus remarquables, dommage que la série n'ai pu être terminée. Le dessin de Mark Schultz, est d'une grande précision, avec un très beau trait. Un très bel univers.
Dommage pour cette série qui reste inachevée à ce jour. Pourtant le T1 et T2 en font clairement une série avec des idées structurées et convenues. Mais le T3 se trompe selon moi complétement de direction et n'a pas a cœur d'alimenter la construction des 2 tomes précédents. Il y a de nombreuses attentes après le T2 avec des questions qui resteront sans réponse : que devient Samantha ? Je pensais que le T3 allait aborder cet arc narratif. Et le machiavélique Skinner ? Vincent entretien une relation écrite avec Dana, mais semble avoir complétement oublié Samantha. Les dessins, colorés et détaillés sont d'une grande richesse, l'univers en lisière de foret donne de l'épaisseur à l'ensemble. Bref, c'est vraiment dommage que l'éditeur (Glénat) n'ai pas donné suite à une œuvre qui fonctionne bien sur les 2 premiers tomes, malgré la dérive du 3ème tome.
Une œuvre qui se lit bien, mais ne présente pas de moment aussi intense qu'attendue, la narration est assez linéaire même si on en apprend un peu plus au travers des planches sur nos deux frères. Le dessin me plait également moyennement avec des formes simples qui fonctionne mais qui ne partage pas d'émotions. Un ensemble moyen.
En toute simplicité, Olivier Pont propose une œuvre sincère sur la condition des femmes dans notre société. Différents portraits balayent le roman graphique avec des femmes de tous ages et de tous horizons. Une narration au cœur des femmes, de leurs complexes et de leurs visions de la société. Les petites histoires s'enchainent de manière fluide et le propos est cohérent, j'ai passé un bon moment.