Cher lecteur de BDGest

Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.

Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.

Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :


  • de validez dans votre logiciel Adblock votre acceptation de la visibilité des publicités sur nos sites.
    Depuis la barre des modules vous pouvez désactiver AdBlock pour les domaine "bdgest.com" et "bedetheque.com".

  • d'acquérir une licence BDGest.
    En plus de vous permettre l'accès au logiciel BDGest\' Online pour gérer votre collection de bande dessinées, cette licence vous permet de naviguer sur le site sans aucune publicité.


Merci pour votre compréhension et soutien,
L'équipe BDGest
Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe
AD

Les avis de - Alexisculture

Visualiser les 7 avis postés dans la bedetheque
    Alexisculture Le 18/06/2024 à 21:03:45
    Au-delà de minuit - Tome 1 - Tome 1

    Au-delà de minuit, mais pas encore trop tard, entre chevaliers et robots du passé
    *
    Au-delà de minuit, c'est un premier tome d'une série en circuit-court, écrite et dessinée, imprimée en Belgique après un crowdfunding. L'occasion pour ses auteurs @tanguypaques et @janssens.ju d'être entièrement libres de toutes considérations éditoriales et commerciales tout en réalisant leur rêve de publier une première BD au rendu très professionnel et efficace.
    *
    Partons à la découverte d'un monde oublié sur lequel la nature a repris ses droits tout en préservant quelques vestiges d'une activité humaine avec ses bons et ses mauvais côtés. Minuit a sonné à l'horloge de l'#Apocalypse et a été dépassé. Plus de 500 ans après notre ère, pourtant, des humains ont survécu.
    *
    Combien? Impossible à savoir, les villes ou plutôt les fiefs ne sont plus connectés et le groupe de survivants (enfin plutôt leurs descendants) est revenu à un mode de vie médiéval. D'où son étonnement quand, sortant de terre, des robots dont on ne sait top ce qu'il y a dedans, apparaissent. Surarmés, et pas de bonnes intentions. Le choc des civilisations peut commencer.
    *
    Assumant leur côté geek et fun, tout en conscientisant à faire avec les ressources (pas si illimités) qu'on a et non celles qu'on n'a pas, Pâques et Janssens commencent ici une curieuse épopée, avec toute une mythologie multiculturelle qu'on découvre au fil des pages. Sans doute y'a-t-il encore d'autres personnages et clans à découvrir. Ce sera pour plus tard.
    *
    En attendant, avec des héros très différents les uns des autres et des associations complémentaires même si elles n'allaient pas de soi au départ, les auteurs nous font découvrir sous toutes les coutures ce territoire mystérieux, ses "tribus", ses monstres aussi. Et, déjà, dans chaque camp, des envies de dissidence.
    *
    Julien Janssens se révèle dans de chouettes ambiances (qui doivent aussi aux couleurs de @radis_cosmique ) et des choix de narration dynamiques et créatifs. Comme avec cette focalisation interne, qui fait un peu jeux vidéo, assez sympa et qui intègre un peu plus le lecteur à cette aventure. Très prometteur.

    Alexisculture Le 04/06/2024 à 22:12:24
    Mou

    Mou mou pour ma chérie ma chérie, mou mou pour mon chéri mon chéri: Feroumont fait fondre tout le monde

    Dix ans après Gisèle et Béatrice, Benoît Feroumont s'offre à nouveau une escapade coquine et fantastique, et néanmoins sociétale, avec Mou. Un super-héro(tique) inattendu.

    Chronique à lire en ingégralité et avec plein d'extraits sur : https://branchesculture.com/2024/06/04/mou-benoit-feroumont-bd-dupuis-humour-erotisme-coquin-conte-fantastique-plaisir-transformation-mutant-chasse-monstre-infidelite/

    "Mou, Mou, Mou est venu entre nous, Mou Mou, j'ai plus la force du tout, de croire qu'j'vais résister." Il est passé par ici, il repassera par là, en attendant tout le monde en parle: Hugues Dayez et Rudy Léonet, Macfly & Carlito, Eric Zemmour et Pascal Praud. Sans oublier les instagrammeurs pros et les addicts des réseaux en tous genres. Mou ne laisse personne insensible.

    Mou? Ouhla, vous, vous venez de débarquer! Vous n'avez pas entendu parler de cette créature inclassable qui est arrivée en ville comme un cheveu dans la soupe? Sûrement un extraterrestre... brrr. Sauf que le "monstre" (on est toujours le monstre d'un autre) qui privilégie les égouts et les cabinets de toilette pour se déplacer, se révèle être une bête de sexe et de sensibilité. La star des réseaux. L'ennemi public n°1 pour ceux qui disent que le travail rend libre et tant pis si ce n'est pas l'éclate au pieux... alors que c'est l'amour charnel qui nous met sur orbite.

    Quand on fait sa rencontre, on a envie de se blottir, de se laisser aller, d'être insatiable. Comme l'inconnue que Benoît Feroumont a choisi de mettre en couverture, cramponnée, telle une Jane des villes, à ce qui semble être l'appendice d'un éléphant. Détrompez-vous, Mou est bien mieux pourvu.

    Mais puisqu'il trompe énormément, il pourrait bien mettre un coup de fouet aux couples qui vivent ensemble par habitude (ou parce que l'un des partenaires met l'autre en prison), faute de mieux. Monstre de délicatesse et de doigté, Mou chamboule tout, traverse les castes, annihile les règles. À deux, à trois, avec des hommes, avec des femmes, avec des indéterminés, tout le monde est semblable et à la fois différent face à l'extase.

    Quand donner du plaisir, trouver l'accord parfait avec l'autre (les autres), c'est aussi se donner du plaisir. Même si, quand il n'est pas au lit, Mou tente de retrouver sa vie d'avant... Pourtant, en se réveillant dans la peau d'une sorte de pieuvre, il a perdu toute capacité à se faire comprendre des humains. Peut-être est-ce le moment d'accomplir sa quête, de trouver qui il est, qui il sera vraiment et de se prouver qu'il n'était pas seulement le loser dont on se moquait, castré par sa mère.

    Dans un Royaume tout public ou un conte pour public averti, Benoit Feroumont a ce don et les rondeurs pour nous embarquer, avec de la poésie et de l'humour plutôt que de la vulgarité graveleuse. Bien sûr, un nombre incalculable de corps se déshabillent et se rhabillent, en toute impunité et simplicité, mais il y a de la classe, du naturel, rien de contrôlé ou d'écrit, pour arriver à l'orgasme. Ces personnages, aussi vrais qu'ils sont en papier, se laissent porter, si bien que le récit va de surprise en surprise, avec brio et beaucoup d'esprit. Jusqu'au contrepied final.

    Mou, ce n'est pas que sexuel. Loin de là. Rien n'y est facile, tout y est fragile, subtile, et Benoît Feroumont s'y adonne de manière très créative (dans les dessins et les couleurs), très récréative. Rafraîchissant et dyna"mou"que. Coquin et mature.

    Alexisculture Le 01/06/2024 à 22:15:38
    Le royaume (Feroumont) - Tome 8 - La reine du balai

    Qu’une seule tienne et les autres suivront… Oui, mais bon, sur la couverture de ce neuvième opus (en comptant le gros one-shot hors-série paru il y a quelques années) de la série humoristique, mais tout de même épique, de Benoît Feroumont, Anne est un peu toute seule avec son balai et son chat (qui va bientôt suivre la déferlante) face à un raz-de-marée humain et bestial qui rue sur elle. Que fuient le roi, la garde, les vaches (tendance Guernica), etc.? Pour le savoir, il vous faudra ouvrir cet album. Mouahahahahah (rire machiavélique).

    Chronique à lire en ingégralité et avec plein d'extraits sur : https://branchesculture.com/2024/05/26/chronique-du-chateau-faible-le-roi-se-meurt-qui-lui-succedera-jean-christophe-mazurie-fluide-glacial-le-royaume-t8-feroumont-dupuis-parodie-moyen-age-chevalier-humour-choral-b/

    Alors que Benoît Feroumont a été longtemps occupé comme directeur de l’animation de la dernière petite pépite de l’animation espagnole (Robot Dreams – Mon ami robot dont vous n’avez pu louper les affiches et les sélections prestigieuses jusqu’aux Oscars et le grand prix Contrechamp à Annecy), ce qui l’a éloigné de la planche à dessin, l’attachant auteur avec encore du matos en stock pour nourrir sa série d’un nouvel album de derrière les fagots. Une nouvelle fois, La reine du balai fait la part belle à onze nouvelles histoires courtes (voire même en une planche), réalisées entre 2011 et 2023 et qui partent dans tous les sens.

    Avec de l’action, de l’émotion et une bonne tranche de rigolade. Épaulé au scénario par les fidèles Clara Cuadrado et Maïa Mazaurette et aux couleurs par les tout aussi assidues Christelle Coopman et Sarah Marchand, Benoît Feroumont est toujours aussi royal dans ce royaume plein de personnages qui ont un grain et un gros nez. Par le bout duquel ils se font parfois mener. Car tout le monde, ici-bas, ne vit pas d’amour et d’eau fraîche, il y a des convoiteurs, des voleurs, des usurpateurs, des charlatans (businessmen médiévaux) et un roi qui veut retrouver l’anonymat, parfois, ou un subterfuge qui lui permettrait surtout d’aller batifoler loin de la reine mère et amère.

    Dans cette anthologie terriblement réussie, plus marrante encore que le précédent tome, le portrait choral de cette grande famille dysfonctionnelle (même les petits oiseaux s’y mettent) continue de s’enrichir dans une dynamique solidement huilée. Tous ces personnages continuent de crever les cases de ce classique.

    Alexisculture Le 01/06/2024 à 22:04:49
    Chroniques du Château faible - Tome 1 - Le Roi se meurt ... Qui lui succédera ?

    Après une page-titre qui nous spoile la surprise des premières pages et l’identité du voyageur mystérieux et lugubre, par monts et par vaux, à travers les villages et les campagnes, voilà que nous pénétrons dans le petit théâtre de Jean-Christophe Mazurie.


    Chronique à lire en ingégralité et avec plein d'extraits sur : https://branchesculture.com/2024/05/26/chronique-du-chateau-faible-le-roi-se-meurt-qui-lui-succedera-jean-christophe-mazurie-fluide-glacial-le-royaume-t8-feroumont-dupuis-parodie-moyen-age-chevalier-humour-choral-b/


    L’auteur a une patte pour griffer ses personnages (très cartoonesque et esquissés mais avec de la personnalité). Il les ensorcelle pour qu’ils échappent au canevas habituels dans les récits de ce genre, quitte à avoir des contre-emplois.


    La mort arrive dans le royaume, tout le monde est en émoi (ou fait mine de l’être) mais très vite chacun veut tirer la couverture à lui. Même la plèbe qui, d’ordinaire, n’a pas voix au chapitre, se dit qu’elle a un coup à jouer. Pour être calife, ou plutôt, roi, à la place du calife.


    Gag après gag, mais dans une continuité d’une petite histoire, Jean-Christophe Mazurie s’amuse, comme on le ferait de petits soldats ou de marionnettes, et parodie cette cour des miracles. Il y en a pour tous les goûts et toutes les sensibilités : l’amour courtois, la religion et le malsain esprit, les bandits de grand chemin qui ne demandent qu’à apprendre… la politesse et le bien parler, les complots et les enfants cachés mais complètement cramés, la dure vie paysanne.




    Puis, ça s’excite, ça s’excite, mais si tombe, il est déjà mort ce roi, remplacé par un sosie, non? Avec ces ingrédients délirants et un dessin synthétique et créatif, Jean-Christophe Mazurie tourne autour du pot et n’arrive malheureusement pas à conclure. Il y avait moyen d’allumer un feu d’artifice, c’est finalement un pétard à moitié mouillé.

    Alexisculture Le 01/06/2024 à 21:53:11
    Molly Wind - Tome 1 - Bibliothécaire du Far West

    On connaissait Kid Lucky, Billy the Kid, puis plus récemment les Six-Coups, préparez-vous à faire la connaissance d’une tempête nommée Wind. Molly Wind (à ne pas confondre avec Molly West, un diptyque paru il y a deux ans chez Vents d’Ouest). Avec sa longue tresse rutilante, cette petite binoclarde a plus d’un tour dans son sac, aux côtés de chefs-d’œuvre de la littérature. De nobles lettres qui pourraient élever les débats et sortir les Appalaches d’un Far West à tête patibulaire qui n’a que trop duré. Pourvu qu’on puisse galoper sans peur et sans reproche. 


    Chronique à lire en ingégralité et avec plein d'extraits sur : https://branchesculture.com/2024/05/27/molly-wind-bibliothecaire-du-far-west-tome-1-bd-catalina-gonzalez-vilar-toni-galmes-aventure-jeunesse-cheval-voyage-rencontres-convoitise-danger/


    1937, la dernière heure du Far West est passée mais ça ne l’empêche pas de jouer les prolongations dans les territoires reculés. Où quelques malfrats tentent encore d’imposer par la force et la félonie leurs projets peu philanthropes. Ici, il s’agit d’un pur-sang qui est convoité par un borgne à la dent d’or et qui entend bien ne pas laisser des « bouseux » (le rejet de classe est bien présent, entre gens de la ville et ceux de la campagne) jouir des qualités de l’animal.


    Mais « c’est pas très malin d’écouter un pirate », juge Molly à la lumière de Robert Louis Stevenson. Seulement, voilà, elle est la plus petite de la famille et elle n’a pas trop son mot à dire dans la famille (hé oui, sur terre ou dans les airs, comme on l’a vu avec Amelia Erroway, les grands décident que chaque chose en son temps). S’il faut gagner un peu plus d’argent, c’est plus sur Ann, sa soeur Ann, son aînée, qu’il faut miser. Cette offre d’emploi pour être bibliothécaire itinérante tombe à point nommé pour éviter à la mère de famille de commettre l’irréparable. Mais, forcément, avec Tom Halton, à distance, et ses deux rejetons, sur les talons d’une héroïne et puis de l’autre, le plan ne va pas se passer comme prévu. Que les adultes le veuillent ou non, avec son grand coeur et sa soif de découvertes, Molly reste le seul espoir. Carson mérite qu’on se batte pour lui mais aussi la littérature pour qu’elle éclaire les coins les plus reculés du monde. Sources de dangers mais aussi d’émerveillement.


    Avec cette histoire tissée d’aventure, de dépassement de soi et de bons sentiments, les Espagnols Catalina González Vilar et Toni Galmés (ancien professeur d’histoire dont on découvre le dessin en francophonie, cette année, avec la parution quasi-simultanée du premier tome de Quand la nuit tombe), et Toni Vicent aux couleurs, nous entraînent dans un premier tome qui dose bien ses rebondissements et son humour. Les femmes y sont presque seules au monde pour rendre celui-ci meilleur et plus soudé, malgré tous les individus qui essayeront de diviser pour mieux régner.

    Alexisculture Le 01/06/2024 à 21:44:49
    Spirou et Fantasio - Classique (Les aventures de) - Tome 1 - La baie des cochons

    La baie des cochons : pas un Spirou classique mais... moisi, sans âme si ce n'est celle pillée, plagiée sur Franquin et les autres


    Extraits et chronique sur : https://branchesculture.com/2024/05/26/les-aventures-de-spirou-et-fantasio-classique-la-baie-des-cochons-lemoine-baril-elric-dupuis-cuba-castro-che-guevara-marsupilami-aventure-espionnage-franquin-tarrin/



    Après le succès autant public que critique (chez Branchés Culture aussi) du Spirou chez les Soviets de Fred Neidhardt et Fabrice Tarrin, voilà le one-shot converti en une collection : Les aventures de Spirou et Fantasio - Classiques. La deuxième équipe à se mouiller, dans une baie des cochons survoltée en cette année 1961, est composée du dessinateur caméléon Elric (déjà repreneur d'Iznogoud, entre autres albums) et des quasi-inconnus Mickaël Baril et Clément Lemoine, spécialistes de Lucky Luke. Sans arriver à se séparer de l'ombre de Franquin avec une histoire resucée et grossière. Le vintage, c'était mieux avant. Et le lecteur de rêver à l'aventure cubaine avortée par Tome & Janry.






    Changement total de latitude et de longitude. Après la Russie enneigée, retour sous des températures plus clémentes, d'autant plus que les esprits s'échauffent, à Cuba, pour Spirou et Fantasio. Qui ? Pas le Spirou et Fantasio de la série originelle, ni de la collection "vu par" (encore que cette nouvelle anthologie parallèle pourrait très bien être un spin-off du spin-off), mais ceux des "classiques". Soit ce que l'éditeur Dupuis identifie comme l'âge d'or. Celui de Franquin qui, après Rob-Vel et Jijé, inventa la mythologie et la bible du groom le plus célèbre du Neuvième Art. Avec ses amis, son bestiaire (le Marsu!), ses gadgets, son phrasé, sa dynamique. Puis, l'esthétique d'une maquette, pas de dos rond mais bleu avec son lettrage vertical et une quatrième de couverture grise. Le vintage à fond, dont on accommode les (excellents) restes soixante ans plus tard.




    Tantôt du côté de Chaland, tantôt du côté de Bravo, s'amusant et parodiant ses aînés, Elric n'a jamais caché son intérêt pour Spirou. Il en partage des émanations et fulgurances régulièrement sur son mur Facebook. Si on lui avait dit, il y a près de 20 ans, que son rêve se réaliserait, il aurait sans aucun doute signé des deux mains. En 2024, le voilà à signer cette aventure inespérée d'une main de... Franquin et de l'autre de... Tarrin (qui a conseillé Elric sur son dessin). Dès les premières planches, et un premier attentat au cigare désamorcé par Fidel, Elric se fait fidèle à Franquin, dans le design des personnages et des décors dans lesquels ils vont se balader ou être jetés. Car, très vite, les reporters vont être pris pour des traîtres à la Revolución et le dépaysement va être total.




    Bon, en bande dessinée, surtout européenne, on a l'habitude de voir des auteurs-repreneurs devoir surfer sur les codes initiés par les créateurs des héros perpétués. Astérix, Les Schtroumpfs, Alix et bien d'autres comme Lucky Luke (tiens, puisqu'on en parle, lui aussi apparaît dans cet album travesti en un autre personnage). Spirou est en fait un de ces cas à part qui ont pu s'affranchir de leur enveloppe originelle pour évoluer au fil des époques et du style, souvent tranché, de ses parrains successifs (Fournier, Chaland, Tome & Janry, Yoann et désormais Schwartz, sans parler de tous les auteurs de "vu par...").



    Voilà, après Tarrin, dans une moindre mesure qui laissait tout de même parler sa particularité (comme dans les Astérix qu'il réalise), qu'Elric se force ou est forcé à faire du Franquin, sans s'en tirer aussi bien. Oh, il ne se débrouille pas trop mal, mais quand on compare avec le maître qu'il doit faire un peu plus que recopier, jamais il n'y a l'étincelle. N'en déplaise aux gardiens du temple qui attendent ce moment depuis cinquante-cinq ans (et ne se retiennent jamais de massacrer sur la place publique le travail de ceux qui tentent de nouvelles choses avec les personnages iconiques), ça ne tient pas la route. Encore moins 62 planches d'un album complètement vide et empilant les clichés. Voire les plagiats.




    Bien sûr, on peut s'amuser à parodier la BD, et les séries rivales du groom-reporter, mais encore faut-il le faire de manière subtile. Ce n'est pas franchement la subtilité qui habite cet album. Visez la couverture. Elle vous rappelle quelque chose? Non, deux choses! Le célèbre cliché d'Alberto Korda immortalisant Che Guevara et qui deviendra viral (on n'utilisait pas encore cette expression à l'époque) à la mort de celui-ci. Il date de 1960, le photographe est décédé en 2001. Ça ne fait pas assez longtemps, j'ai l'impression, que pour que l'oeuvre soit tombée dans le domaine public et que le champ d'action de la propriété intellectuelle soit éteint. Deuxième élément, la couverture, le fond rouge, les personnages principaux en bas à droite dans un nuage blanc, et un personnage exotique en plus grand: c'est le concept de la couverture qu'avait donnée Franquin au 11e tome de la série-mère: Le gorille a bonne mine. Ce choix et cette mise en relation sont assez curieux, on crée une collection pour s'évader de la série phare pour y revenir avec une couverture plagiée...



    Le tout en faisant référence à un autre album, le tome 14, Le prisonnier du bouddha (fond rouge aussi), dont La baie des cochons est une suite indirecte, incarnée par l'insaisissable Harold W. Longplaying et son invention, le générateur. Un petit bouton sur ce gadget révolutionnaire, le G.A.G., qui vous donne la force de Benoît Brisefer, déplaçant des montagnes. Le hic? Pas d'astérisque, pas de renvoi vers la vénérable oeuvre de Franquin (à part une allusion en quatrième de couverture), c'est comme si les auteurs s'appropriaient ce personnage, cet appareil... dont le lecteur qui aurait perdu de vue Le prisonnier du bouddha se demandera s'il n'a pas loupé un épisode? Quitte à chercher les pages manquantes dans ce nouvel album qui font que des éléments tombent comme des cheveux dans la soupe. Sans cohérence.




    Déjà, le lecteur part un peu perdu, et les auteurs le semblent aussi. Et ce n'est pas fini. De gag à plat en gag à plat (même si on sous-emploie le rebondissant Marsupilami), on dirait que cette aventure sait qu'elle court à sa perte et ne vaut pas la chandelle allumée dans les yeux des afficionados du Spirou des premières heures. Alors, elle perd du temps. Ça blablate, ça blablate, oui mais en Espagnol, oui mais en Anglais, ou en espagnolisant le franchais. Quitte à ne plus rien comprendre à ce charabia - on demande la VOST -, encore moins quand, tout d'un coup, un peu plus loin, tous les personnages semblent enfin parler la même langue. Rien n'a de sens, et c'est surtout lourdingue.



    Bon, on a parlé de ces bons vieux Longplaying et Marsupilami (ah oui, tiens, il y a Spip, en planche 20, qui se "demande quand il allait servir à quelque chose dans cette aventure", aveu d'oubli des scénaristes obligé au fourre-tout?) mais quid des autres personnages? Alors, il y a Fidel Castro et Che Guevara, plutôt bien campé dans leur idéalisme, leur grandiloquence et leur furie, puis Kennedy et, dans le reste de la galerie... on croise un Lucky Luke, une descendante de Bonnemine aux cheveux noirs, des ersatz d'Abdallah et des Dupondt. Ce n'est pas qu'ils sont cités, qu'on leur rend hommage, c'est qu'on les utilise facilement. Hop, un personnage gratuit et qui fonctionne. Tout le monde, il est là, tout le monde y fait pitié dans une histoire amenée au forceps, absolument pas passionnante, éculée, épuisante, déprimante et énervante.




    Ne vous méprenez pas, cette baie des cochons est vraiment une cochonnerie. Un album en apparence bien fait, mais sans âme puisque pillant tout l'amour qu'a mis Franquin dans cette série. C'est de loin le pire album de Spirou qu'il m'ait été donné de lire. Ce n'est pas un Spirou classique, c'est un Spirou moisi, indigeste, indigne et indigent. N'y a-t-il pas de pilote dans ce missile éditorial, ce monstre de Franquinstein?



    Notons que cette collection va se poursuivre avec au moins deux tomes annoncés en 4e de couverture. Elric, Lemoine & Baril ont déjà manifestement signé pour Zorgrad tandis que Lewis Trondheim (qui a déjà goûté à du Spirou avec Panique en Atlantique) et Fabrice Tarrin (ce sera son troisième après Les géants pétrifiés et Spirou chez les Soviets, donc) signeront Le trésor de San Inferno. Je ne vous cache pas que je suis plus tenté par l'un que par l'autre.

    Alexisculture Le 01/06/2024 à 21:41:53

    Peindre avec les lions : la préhistoire n’est pas qu’un monde d’homme, la sensibilité féminine a changé le monde des représentations et de l’invisible


    Chronique à lire en ingégralité et avec plein d'extraits sur : https://branchesculture.com/2024/05/30/peindre-avec-les-lions-bd-docu-fiction-fabien-grolleau-anna-conzatti-art-parietal-fresque-caverne-prehistoire-role-femme-spiritualite-respect-vivants/


    Avec Peindre avec les lions, prenez place sur un banc de fortune dans une caverne grandeur, candeur nature. C’est du côté des lionnes et des femmes fortes – dans des tribus préhistoriques que le paternalisme a trop longtemps placées sous la suprématie des hommes – que nous entraînent Fabien Grolleau et Anna Conzatti, qui signe son premier roman graphique avec une beauté pure et émerveillée.


    Pour les hyperconnectés et consommateurs que nous sommes, même quand on fait une pause de smartphone, si nous voyagions de 36 000 ans dans le passé, le monde que nous trouverions nous semblerait-il bien plat, ennuyeux, dure, vide, mortel? Rien à se mettre sous la dent pour peu qu’on ne chasse ou ne cueille pas; une vie en tribu, en vase clos d’où s’échappe parfois l’un ou l’autre individu qui va se mêler à d’autres, des dangers partout et l’Homme crasseux, poilu et dans le plus simple appareil. Pourtant, cette époque, qui peut sembler peu sexy aux humains modernes et finalement peu passionnants que nous sommes, était sans doute bien plus captivante. Tant tout est à découvrir et à inventer. Pas des technologies gadgets qui nous rendent dépendants… mais le rapport aux hommes et aux femmes, à la terre et au ciel, aux animaux, aux proies et/ou prédateurs, à la vie et à la mort.


    Pour s’approprier ce monde XXL et bien plus beaux sans buildings, sans construction humaine – Anna Conzatti livre des planches contemplatives d’une beauté saisissante -, les tribus vont se choisir des guides, eux-mêmes placés sous des animaux-totems. Ellé, notre héroïne est devenue, masque à l’appui, Alté la hibou, une merveilleuse magicienne. C’est son parcours, ses hésitations, le passage des âges, que Grolleau et Conzatti ont choisi pour nous emporter entre le monde extérieur et l’intérieur des grottes sur les parois desquelles les traces, autant de conceptualisations et d’hommages au monde et ses vivants, s’accumulent. Un geste loin d’être anodin. 


    Dans cet album puissant et symbolique à plus d’un titre, où il y a des animaux sauvages partout tout le temps, plus que dans nos assiettes, au zoo, parmi nos animaux de compagnie ou les animaux de la ferme du voisin, scénariste et dessinatrice se sont merveilleusement entendus pour que ce voyage soit délicat et immersif, interrogeant les hommes, femmes, êtres humains modernes que nous sommes. Ici, au-delà de la préface signée par Marylène Pathou-Mathis, préhistorienne réputée qui adoube cette fiction avec des bouts de préhistoire actualisée à la lumière des dernières découvertes, tout commence il y a 36 000 ans. Sans besoin d’introduction, d’une visite au musée prétexte, avant un énorme flash-back. Nous sommes avec ces héros aïeux, dans les différentes tribus qu’Ellé intégrera. Pas à pas, main après main.


    Dans cette histoire de la vie humaine au commencement, avec ses peines mais aussi beaucoup de joies et de moments de bonheur, de détente, dans les plaines, et aussi sous sa facette spirituelle, Fabien Grolleau et Anna Conzatti se font les relais d’une étude de la préhistoire qui a su évoluer et bonifier, échappant au paternalisme qui l’a sans doute tronquée, pendant des décennies, d’une part d’analyse et d’interprétation, de féminité et de sensibilité. De quoi amener une autre compréhension d’un univers bien moins farouche et brut que ce que la fiction et les légendes ont pu laisser penser.