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Les avis de - Erik67

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    Erik67 Le 02/03/2023 à 07:36:10

    Il est clair qu’on va remonter jusqu’à la nuit des temps pour découvrir ce qui se cache à 3000 mètres de profondeur sous la glace de l’Antarctique. Une expédition scientifique financée par de nombreux pays va tenter de percer le mystère en cachant d’ailleurs cette découverte aux médias et à la population mondiale.

    Il y a deux sarcophages cryogénisés qui maintiennent en vie deux êtres humains ayant vécu leur vie sur terre il y a presque un million d’années. On apprendra qu’ils ont fait partie d’une civilisation assez avancée qui est entrée dans une guerre nucléaire destructrice ayant pour effet d’inverser la position des pôles de la planète.

    Bref, il est dommage que les données qui sont révélées ne soient pas crédibles pour un sou. Si tel avait été le cas, on aurait retrouvé des preuves scientifiques sachant par exemple que l’extinction des dinosaures date d’il y a 66 millions d’années.

    Autant dans les BD tirées des œuvres de Liu Cixin, il y a quand même une base scientifique pour justifier une situation extraordinaire. Là, l’auteur originel René Barjavel ne se soucie guère de ce genre de détails. Cela aurait apporter sans doute un peu plus de crédibilité au récit.

    Pourtant, je dois bien reconnaître que c’est une bonne idée car un monde peut très bien être totalement détruit puis se reconstruire des millions d’années plus tard au terme d’une lente évolution. La moralité est de bien respecter la planète avant une fin inéluctable.

    Cependant, il faut dire que le récit va perdre cette dimension planétaire et civilisationnelle pour se concentrer sur une belle histoire d’amour assez intimiste de deux êtres qui ne veulent pas être séparés. La conclusion de ce récit réservera d’ailleurs une petite surprise de taille.

    A noter également que je n’ai pas cru une seule seconde à la déclaration d’amour de ce scientifique qui communique avec notre belle héroïne Eléa provenant de la nuit des temps. A la fin, il omet de lui donner une explication qui aurait pu changer le cours des choses. J’avoue que je suis resté un peu dubitatif. Il y a des choix scénaristiques qui m’ont paru assez légers.

    Comme dit, c’est très bien dessiné et c’est plaisant à suivre grâce au talent indéniable de Christian de Metter qui parvient à sublimer le tout avec de magnifiques couleurs. Chaque planche est à contempler sans modération pour notre plus grand plaisir. A noter également une couverture qui ne laissera pas indifférent.

    Globalement, nous avons là une œuvre de science-fiction adaptée assez intéressante sur des thématiques qui restent d’actualité plus que jamais.

    Erik67 Le 01/03/2023 à 07:35:48

    Le lion est un animal assez majestueux. Un homme à la tête de lion, c'est quand même autre chose. Fort heureusement, ce dernier a vécu une époque où l'originalité peut rapporter de l'argent notamment dans un cirque.

    C’est une bien triste histoire d’un homme qui est né avec une difformité à savoir une pilosité pratiquement animale qui le fait ressembler à un lion. En même temps, on se dit que s’il se rasait tous les jours, cela ferait sans doute disparaître le problème mais cela ne sera pas l’option choisie. Mais bon, c’est une véritable maladie qui provoque une croissance anormale des poils.

    Son père, qui était comme lui, est malheureusement décédé alors qu’il n’avait que 5 ans. Sa mère l’a abandonné auprès d’un responsable de cirque. La troupe est devenue en quelque sorte sa famille. Pour autant, la solidarité ne sera pas vraiment de mise dans un monde concurrentiel où chacun pense d’abord à soi. Les amitiés ne sont que de circonstances.

    Il est quand même assez difficile de vivre sans amour. Hector tentera bien de trouver une femme mais la belle ne se mettra pas avec la bête car on est dans la réalité et non un conte de fée.

    Il va passer dans un cirque bien plus grand qui le conduira outre-Atlantique. Dans son malheur, l’originalité présentait l’avantage d’attirer les dollars sous la forme d’une exposition publique. Plus la difformité est monstrueuse, plus l’attraction du public était grande. C’est un peu immoral comme approche mais cela reflète la triste réalité du monde des freaks entre les sœurs siamoises et l’homme tronc. Oui, la curiosité est un vilain défaut.

    Cependant, la mode change au fil des époques. Le cinéma va faire une grande concurrence au monde du cirque qui n’arrivera pas à attirer plus de spectateurs. A un moment donné, la ménagerie humaine des monstres ne fera plus recettes. Ils perdront progressivement leur travail qui leur assurait un toit et à manger dans une période de forte intolérance.

    J’ai été touché par ce récit car on essaye de s’identifier à ce pauvre homme qui n’était pas accepté par ses semblables. Pour autant, dans son cœur, c’était un homme plutôt bienveillant. Il va s’accepter et s’identifier à un félin majestueux au risque de se perdre dans une espèce de folie. C’est la recherche de la liberté qui va primer tout à la fin avec un retour à la nature.

    Le format est à l’italienne. Il y a de grandes cases qui occupent tout l’espace avec un dessin plutôt flamboyant qui fera dans la grandeur. J’ai bien aimé les couleurs ainsi que la mise en page assez dynamique qui rend la lecture assez agréable. On voit bien qu’un effort particulier a été fourni sur la forme et l’édition. C’est impeccable.

    Au final, c’est une très belle œuvre que j’ai beaucoup apprécié. Dernièrement, j’avais lu
    « Tête d’épingle » qui était la biographie de l’un de ces monstrueux personnages à savoir Schlitzie qu’on va d’ailleurs également rencontrer au fil de ce récit. Je trouve que ce traitement par l’auteur est beaucoup plus convaincant et original avec un côté plus introspectif.

    C’est un parcours non seulement captivant mais émouvant dans l'univers du cirque ambulant aux USA de la fin du XIXème siècle au début du XXème siècle. Bref, l’homme à la tête de lion est parti dans une quête de véritable identité.

    Erik67 Le 28/02/2023 à 07:35:59
    L'arabe du futur - Tome 6 - Une jeunesse au Moyen-Orient (1994-2011)

    Ce sixième et dernier tome va couvrir la période 1994 à 2011 où l'on va suivre surtout le parcours de Riad Sattouf dans le milieu artistique, de son parcours d’étudiant à ses débuts dans le cinéma et surtout dans la bande dessinée. Il va également découvrir toutes les difficultés de la vie d'artiste. On se rend compte que ce n'est pas si facile de devenir auteur de bande dessinée.

    A noter que la période est beaucoup plus longue que les précédents tomes car elle va s'étaler sur près de 18 ans. Les événements seront d'ailleurs décrits de manière plus synthétique et sans doute plus rapide. La profondeur reste tout de même de mise. Il est vrai que j'aurais aimé, pour une fois, un peu plus de tomes car certaines années sont très vite passés en revue alors que jusqu'ici, l'auteur avait pris son temps.

    Au début de ce tome, sa mère est toujours désemparée par l'enlèvement de son plus jeune fils Fadi. A noter que pour la première fois, on voit qu'elle peut être assez exaspérante mais on le met sur le compte de sa douleur.

    Alors qu'elle avait obtenu une réponse de Danièle Mitterrand qui a essayé de l'aider mais en vain, elle se tourne vers Jacques Chirac qui est devenu Président de la République et qui ne répondra même pas à leurs multiples courriers. Pire que cela, il recevra en grande pompe le dictateur Hafez-el-Assad à l'Elysée. Pour autant la mère lui accorde quand même sa sympathie tout en maudissant les Mitterrand ce qui peut paraître assez incompréhensible.

    Et puis, il y a ce père absent qui continue à le hanter et par conséquent lui empoisonner sa vie après son départ en étant omniprésent dans ses pensées. Riad est devenu un adulte en proie avec beaucoup de questionnement. Ce tome est plutôt un long cheminement assez intime.

    Grâce à la psychothérapie, Riad va apprendre que pour s’épanouir, il faut se défaire des histoires d'autrui. Plusieurs thèmes assez difficiles comme la mauvaise image de soi ou encore la culpabilité sans compter sur le temps qui passe. Il n'a jamais été aussi vulnérable mais cela le rend encore plus touchant.

    Et puis, il y a cette bouleversante nouvelle qui arrive vers la fin par un simple mail. On a du mal à y croire mais il s'agit pourtant de la réalité. C'est vraiment triste. Par la suite avec la guerre civile en Syrie suite au printemps arabe, Riad va enfin pouvoir revoir son frère Fadi et c'est un réel moment de bonheur pour toute sa famille. Bref, une conclusion en apothéose.

    Il faut savoir que les ventes de cette série se situe actuellement à plus de 3 millions d'exemplaires ce qui en fait l'un des plus grands succès de toutes ces dernières années en France. Il est difficile de passer à travers ce phénomène si on s’intéresse un peu à la bande dessinée. C'est devenu le titre incontournable.

    C'est à la suite de la sortie de ce sixième et dernier tome que Riad Sattouf a remporté enfin le Grand Prix du Festival de la bande dessinée d’Angoulême, qui récompense l'artiste pour l’ensemble de son œuvre. Sa légitimité artistique ne fait aucun doute en ce qui me concerne.

    Au niveau graphique, la magie opère toujours et le dessin colle bien au scénario. Et toujours ce style très expressif mais d'une efficacité exemplaire. Quand on aime, on aime.

    Bravo à l'auteur Riad Sattouf pour cette autobiographie remarquable qui m'a vraiment bouleversé entre des moments drôles et d'autres parfois sombres. C'est un vrai happy end avec une prise de recul nécessaire et salutaire. Merci pour ce roman graphique magnifique !

    Erik67 Le 27/02/2023 à 07:34:40
    L'arabe du futur - Tome 5 - Une jeunesse au Moyen-Orient (1992-1994)

    Le cinquième tome relate la vie de sa famille après l'enlèvement de Fadi, son plus jeune frère, par son père. On se situe désormais dans les années 1992-1994. Riad a 14 ans et ses cheveux blonds ont disparu laissant place à un physique plutôt ingrat puisqu'il a été désigné comme le garçon le plus laid de sa classe.

    On notera au passage l'inaction de la police française qui ne prend pas au sérieux les femmes mariées. Je m'imagine à la place de cette mère désemparée à qui on enlève son garçon. Pour moi, l'attitude du policier relève de la grave faute professionnelle justifiant un licenciement sur le champ. Mais à la place, on lui rétorque qu'elle peut être poursuivie pour outrage à agent de la force publique, simplement parce qu'elle est insistante à ce qu'il fasse son boulot correctement. On se rend compte que la police détient bien des pouvoirs.

    C'est un véritable déchirement dans la vie de l'auteur. La période de l'adolescence est également celle du questionnement amoureux. J'ai effectué le rapprochement avec son film « les beaux gosses » et surtout avec sa dernière série en date à savoir « Le jeune acteur » où il est question du jeune Vincent Lacoste, timide et complexé, qui n'avait jamais imaginé être acteur. On se rend compte que c'est sa propre vie.

    Il y a également la vie de famille à organiser surtout après l'enlèvement du jeune frère. Tous les moyens seront d'ailleurs mis en œuvre pour le retrouver. Sa mère usera de tous les moyens légaux pour récupérer son fils. Elle se rend compte de son erreur de vie avec cet homme fourbe et elle s'en veut de ne pas avoir suffisamment protéger son plus jeune fils. Malheureusement, elle se tournera également vers des charlatans qui la plumeront en exploitant sa peine.

    Il y a toujours cette alternance entre des passages plutôt drôles et d'autres qui sont plus mélancoliques. Cela reste d'une sincérité magnifique. A noter également des passages un peu plus mystiques dont certains peuvent faire peur. L'ombre du père plane incontestablement sur ce tome.

    Le dessin est toujours aussi chouette et cela apporte beaucoup au récit entre souvenirs et petites anecdotes.

    C'est toujours aussi captivant même si cela dénote un peu par rapport aux tomes précédents. Il fallait sans doute apporter une autre touche afin d'explorer toutes les facettes de ce personnage qui évolue avec le temps qui passe. Il y a toujours cette merveilleuse part d'humanité qui le rend si touchant.

    Je partage également le regard de l'auteur sur les mythes fondateurs des religions dont il a relevé les deux points communs à savoir la haine de la liberté sexuelle et la domination de l'homme sur la femme. Je suis en phase avec ce qui constitue une lutte contre l’obscurantisme religieux et une liberté d'expression. J'espère toutefois que notre auteur ne va pas subir toute la haine qui a été dirigé contre l'écrivain Salman Rushdie pour ses versets sataniques.

    Beaucoup de finesse, de respect et sans aucun doute de dignité. Magnifique au final ! Encore un album au top ! Bref, tant au niveau du dessin que du scénario et des dialogues, c’est un sans-faute qui vous remue. Il sera difficile de faire mieux dans le genre.

    Erik67 Le 26/02/2023 à 09:57:35
    L'arabe du futur - Tome 4 - Une jeunesse au Moyen-Orient (1987-1992)

    Ce quatrième tome qui couvre la période 1987-1992 est celui de l’adolescence de l’auteur Riad Sattouf qu’il va passer en Bretagne.

    On en était resté avec un départ probable en Arabie Saoudite. Fort heureusement, cela ne va concerner que le père de famille qui obtient un poste de professeur dans ce merveilleux pays qui a compensé son amitié pétrolière avec les USA avec un peu plus de rigueur dans la religion afin de s’acheter une respectabilité au Moyen-Orient. Evidemment, ce sont les femmes qui ont payé le plus lourd tribut en étant déposséder de pas mal de droits élémentaires. On peut comprendre aisément que la mère de famille a préféré rester en France avec les enfants qui y sont scolarisés.

    Le père devient de plus en plus religieux mais également raciste. Il déteste au plus haut point les juifs mais également les occidentaux et en tout premier lieu les français qui l’ont pourtant bien accueilli. Il pense que la vie est bien meilleure en Syrie ou en Arabie Saoudite alors que ces pays sont totalement fermés sur la liberté de penser autrement. Il en fera d’ailleurs l’amer expérience durant l’épisode de la première guerre en Irak en critiquant le cheikh du Koweït.

    En réalité, on s’aperçoit qu’il se tourne vers la religion car il est en perpétuelle recherche de reconnaissance entre un frère qui l’avait brimé durant son enfance et une mère religieuse lui faisant des reproches incessants. Dans le village, il n’était pas du tout respecté malgré son statut de professeur. Idem sur son lieu de travail à l’Université. Cependant, en devenant un homme pieu appliquant strictement les règles du Coran, il apporte un autre regard et gagne petit à petit la confiance de ses semblables.

    Cependant, il a construit sa vie avec une française ce qu’il semble regretter amèrement. Il dira que la femme syrienne est beaucoup plus obéissante car elle ne fait pas ce qu’elle veut. Je me rends compte que c’est un homme entièrement tourné sur lui qui préfère garder son argent que partager avec sa famille. La séparation avec son épouse devient inévitable car elle va commencer sérieusement à se rebeller surtout depuis qu’elle a pu échapper à un effroyable cancer sans son soutien.

    Le modèle politique du père en France est Jean-Marie le Pen. Il est vrai qu’il appréciait déjà grandement Mouammar Kadhafi, Hafez-el-Assad ou encore Saddam Hussein dans les pays arabes. La mouvance est clairement d’extrême-droite et nationaliste. Il pense que le peuple est plutôt ignare et a besoin d’un dirigeant assez fort pour les mener sur le chemin de la dignité. On peut quand même s’interroger surtout venant d’un homme soi-disant érudit.

    Je dois bien avouer que j’ai été extrêmement choqué par une scène pour le moins banale. Le chien de la grand-mère fait la fête à toute la famille et il lui balance un coup de pied comme si de rien n’était en réponse à cet acte d’amour animal. Il déteste également les chiens qui dans sa bouche est synonyme d’insulte. Comment peut-on se comporter aussi mal et ne pas se remettre en cause ? Je trouve que la famille française a fait preuve de beaucoup d’indulgence à son égard.

    Un mot également sur sa radinerie qui dépasse quand même l’entendement. Je veux bien qu’il pique l’argent que les enfants reçoivent en cadeau. Je veux bien qu’il utilise le téléphone de la grand-mère où il désire être rappelé quand il appelle sa famille d’Arabie Saoudite afin d’économiser le coût d’un appel. Mais comment peut-il donner si peu d’argent à une mère de famille élevant ses trois enfants alors qu’il aurait de quoi mieux les aider ? Oui, une attitude normale serait d’être scandalisé par ce type de comportement outrancier.

    Les trois garçons ont gouté au mode de vie occidental et il n’y a pas photo. Certes, il y a également des imbéciles en France qui sont racistes mais c’est sans commune mesure avec le monde arabe. On se souvient de l’école élémentaire syrienne où les enfants étaient embrigadés contre tout ce qui pourrait s’apparenter à un juif. Notre auteur en a d’ailleurs vécu l’amer expérience, devant à chaque fois se justifier de ne pas l’être.

    Les divergences de pensées et ce mode de vie à l'occidental aura eu raison de cette relation avec le père. Il y aura des moments assez forts dans ce déchirement. Le style narratif de l'auteur fait que cela reste à la fois poétique et drôle. La vie peut être parfois assez complexe. On voit bien que l’auteur se contente de décrire les faits sans apporter une once de jugement afin de rester neutre. J’aime bien cette retenue qui fait dans la mesure.

    La personne du père, vu au départ comme l’arabe du futur, est totalement haïssable. Certains y ont vu une œuvre qui renforce les stéréotypes sur les arabes. Je ne pense pas qu’il faut le voir ainsi. L’auteur ne se dérange pas non plus pour taper sur le monde occidental qui n’est pas toujours clean dans son attitude.

    La lecture est toujours aussi agréable grâce à un graphisme assez fluide. Le trait est simple mais efficace. A noter également que les personnages sont assez expressifs.
    Par ailleurs, l'auteur est sans complaisance pour lui-même ce qui le rend d'autant plus sympathique. On arrive à ressentir les choses qu’il a traversé.

    Et que dire de cette fin qui plonge la famille dans un véritable drame ! Ce tome prend une tournure tragique que l'on refusait de voir arriver. Le récit devient bouleversant et il a encore gagné en intensité. C'est tout simplement magistral. C’est ce qui fait d’ailleurs tout le charme de cette série qui a été plébiscité dans le monde entier (sauf le monde arabe curieusement). Je comprends désormais un peu mieux le succès de cette BD qui a contribué à amener un nouveau public au roman graphique.

    C'est assurément un ouvrage de qualité, et un graphisme singulier qui fait que je ne regrette absolument pas mon achat. Pour l'instant, c'est le meilleur tome de la saga familial.

    Au final, je dirai que c'est un tome de grande modernité qui parvient à imbriquer la petite histoire dans la grande ! C'est un incontournable, tout simplement !

    Erik67 Le 25/02/2023 à 08:25:02
    L'arabe du futur - Tome 3 - Une jeunesse au Moyen-Orient (1985-1987)

    Dans le troisième tome qui couvre la période 1985-1987, l'auteur Riad Sattouf met plutôt l'accent sur les différences culturelles qui existent entre l'Orient et l'Occident. Les différences sont ancrées en chaque individu dès le plus jeune âge par l'éducation et l'environnement familial et il est très difficile de s'en débarrasser.

    L'auteur vit en effet dans une famille partagée entre deux religions, deux cultures et deux pays aux sociétés si différentes qui ont beaucoup de mal à dialoguer. Cela pose une vraie question sur la double identité.

    Il sera également question d’événement religieux comme Noël ou le Ramadan. Et puis, il y aura la circoncision rituelle qui se pratique depuis l'Antiquité pour des motifs culturels et religieux. Il faut savoir que dans le judaïsme la circoncision est l'un des 613 commandements de la Torah.

    La mère de Riad, qui était assez effacée au début, devient de plus en plus présente au fil des tomes. Elle se rebelle contre son mari et manifeste le désir de retourner vivre en France avec les enfants.

    Il est vrai que la figure du père est de plus en plus énervante. L'épisode le plus marquant est sans doute celui de cette bouteille de vin rouge provenant de France qui est bouchonnée et qu'il continue à boire en raison de son prix en déniant encore une fois la réalité. C'est tout à son image.

    Visiblement, plus le temps avance, plus les promesses ne sont pas tenues. Certes, il y aura bien l'achat d'appareils électro-ménagers mais cela ne fait pas le poids face aux conditions de vues entre une eau brunâtre et de multiples coupures l'électricité sans compter sur les étagères des magasins qui restent désespérément vides. Les incursions en vacances en France sont autant de bonheur pour tout le reste de la famille.

    L'épisode le plus choquant est sans conteste celui de la belle-fille qui est enceinte avant le mariage. Il est normal dans ces contrées de la tuer pour laver l'honneur de la famille. Le pire est encore l'impunité des assassins. Là encore, la réaction du père laisse franchement à désirer.

    J'ai bien aimé l'analyse de la religion que fait l'auteur car je la partage bien volontiers. Tout cela est quand même d'une grande hypocrisie et ce sont surtout les femmes qui en payent le prix. Je suis tellement choqué qu'elles préparent le repas pour ces messieurs qu'elles doivent regarder manger en silence avant de recevoir les restes en remerciant dieu de ce jour de grâce. C'est sans commentaire !

    J'ai éprouvé beaucoup de peine à voir toute cette classe de petits écoliers qui n'ont rien dans le ventre et qui ne peuvent pas boire afin de respecter le ramadan. On voit également que le professeur est avachi sur sa chaise en train de dormir. C'est l'épuisement total pour tout le monde. Mais bon, cela purifie le corps.

    J'ai été également dégoutté par cette corruption manifeste jusque dans les notes d'examen pour réussir son diplôme à l'université de Damas, la soi-disante meilleure du monde. Comment peut-on en arriver à de telles extrémités ? C'est hautement immoral. Dès qu'il y a un petit peu de pouvoir, cette corruption s'exerce. On doit éviter le châtiment corporel d'un élève qui a quitté la classe parce qu'un professeur a plus de deux heures de retard, on le paye allègrement. L'arabe du futur me fait très peur...

    A noter que le dessin est toujours aussi expressif et drôle. La sobriété reste de mise avec peu de décors afin que l'attention soit portée par les personnages. La qualité du papier est aussi à prendre en compte avec un papier épais et un joli grain.

    C'est souvent triste et pourtant l'humour est toujours présent. La bande dessinée est un excellent moyen de raconter les cultures. Avec l'humour de Riad Sattouf, le lecteur passe des moments très agréables pour comprendre un monde qui n'est pas le sien, mais qui aujourd'hui, interroge tout le monde.

    J'apprécie le fait que l'auteur n'est absolument pas dans la posture moralisatrice. C'est juste le constat qui prédomine sans porter de jugement. L'auteur maîtrise complètement le sens de son récit entre le respect et la tolérance.

    Amusant, instructif, divertissant, un vrai plaisir de la première à la dernière page. A lire absolument ! Une très belle réussite !

    Erik67 Le 24/02/2023 à 07:44:30
    L'arabe du futur - Tome 2 - Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985)

    Alors que j'avais lu le premier tome en 2015, j'ai effectué une petite pause pour attendre la parution complète de cette collection que j'ai acquise dernièrement. En effet, j'aime bien terminer ce que je commence. J'ai relu bien évidemment le premier tome, histoire de me remettre dans le bain. J'avais une petite appréhension sur le second tome. Est-ce qu'il serait aussi bien que le premier ?

    Ce second tome autobiographique marque les années d'enfance 1984 et 1985 pour l'auteur Riad Sattouf. Ce sont les conditions de sa vie d'écolier dans son village rural en Syrie qui sont évoqués. Cela couvre une période plus restreinte de sa vie après un premier tome partant de 1978 à 1984.

    On peut être assez sérieusement choqué par la place de la religion ainsi que de l'Etat dans le système scolaire ce qui favorise un peu plus la pression sur les futurs citoyens syriens de la dictature de Bachar Al-Assad qui a succédé à son père Hafez lui-même dictateur. On sait qu'il s'est maintenu au pouvoir grâce à un autre dictateur venu de Russie en ensanglantant son pays à feu et à sang et en utilisant également des armes chimiques sur les populations locales soi-disant rebelles.

    Bref, on va découvrir les méthodes pédagogiques très musclées de la part des professeurs syriens. On voit que cela sert l'objectif de conserver l'ignorance du peuple afin de maintenir la dictature au pouvoir. Il est vrai qu'apprendre le Coran avant de maîtriser la lecture est l'objectif prioritaire de cet Etat.

    J'ai bien évidemment été choqué par cette maîtresse qui frappe avec un certain sadisme de petits élèves en s'en prenant surtout aux plus démunis d'entre-eux. J'ai été également choqué de voir qu'il y a partout des portraits du dictateur alors que le peuple crève de faim et que les magasins sont désespérément vides. J'ai également été choqué par la haine du juif qu'on inculque aux élèves dès le plus jeune âge. Avec un tel système, on peut comprendre que 40 ans plus tard, c'est la guerre et la misère la plus totale dans ce pays.

    Par ailleurs, j'ai trouvé à de nombreuses reprises l'attitude du père de notre petit héros totalement exaspérant. Il promet monts et merveilles à son incrédule et passive épouse qui l'a suivi dans ses délires au détriment du bien-être de sa famille. Certes, il y a des individus qui sont pendus dans les rues de la ville mais c'est comme cela d'après lui, il faut regarder ailleurs. Oui, le déni est bien pratique. Il critique allègrement les français en pensant réellement que c'est mieux la vie en Syrie. Mais pour rien au monde, j'échangerai sa place malgré toutes les imperfections d'une démocratie occidentale.

    Il faut savoir qu'en 2016, les deux premiers tomes se sont vendus à plus d'un million d'exemplaires (700 000 rien qu'en France) et ont été traduits dans dix-sept langues avec une réception critique excellente dans le monde. L'auteur est devenu une véritable valeur sûre.

    En 2023, la série complète n’a toujours pas été traduit en arabe de par la volonté de son auteur. Il n'en demeure pas moins que c'est un livre très populaire chez les syriens expatriés car Riad décrit la situation avec réalisme et sans embellissement ce qui attire les faveurs du public.

    Un mot sur le trait qui reste toujours très juste et très vivant ce qui facilite la lecture en la rendant assez agréable. Il y a toujours cette bichromie dont la couleur change en fonction des différentes étapes géographiques. En effet, les chapitres changent de couleur au gré de la narration. Ils sont teintés tantôt de bleu, tantôt de rose, tantôt de jaune, avec quelques touches de vert et de rouge.

    Cet « Arabe du futur » est passionnant et captivant depuis le début. Cet album a d'ailleurs eu le grand prix à Angoulême en 2015. Pour une fois, c'est une belle récompense amplement mérité. On en redemande. La classe au-dessus !

    Erik67 Le 23/02/2023 à 07:51:20

    Il faut savoir que ce titre fait référence à un cinéma de quartier à Brighton qui est une station balnéaire anglaise en bord de mer située au sud de Londres. Il y a la plage à proximité de ce cinéma, un très beau bâtiment à l'architecture excentrique, qui fait face à la mer. Cette ville est également célèbre pour sa vie nocturne, sa scène artistique, ses boutiques et ses festivals.

    Ce cinéma mythique est sur le déclin mais il fonctionne encore contre vent et marées. On va s'intéresser au personnel et notamment à la bienveillante Chris, femme seule dans la quarantaine qui va accueillir un nouveau salarié à savoir Dan, la vingtaine d'origine asiatique.

    C'est surtout une histoire d'amitié intergénérationnel car on va s'apercevoir assez vite que Dan ne va pas bien du tout. Il est désemparé depuis qu'il est arrivé dans cette ville suite à une rupture amoureuse.

    Ce livre ne paye pas de mine sur la forme mais pour autant, j'ai rarement vu un fond aussi riche. C'est assez psychologique mais cela reflète la vie de tous les jours et des rencontres qu'on peut faire notamment dans le cadre professionnel. Attention, on reste sur le plan amical sachant que l'amitié est tout aussi important que l'amour (du moins pour certaines personnes).

    L'auteure Katriona Chapman indique dans la postface qu'il y a tout de même une place importante du travail dans les relations humaines. Oui, tout n'est pas que harcèlement moral. Il y a des endroits dans le monde où les chefs sont bienveillants et se soucient du bien-être de ceux qui fournissent le travail. Le cadre est celui de boulot mal payé et peu valorisant mais dont on peut trouver une forme de sécurité avec des collègues qui s'apprécient.

    Selon le New-York Time, cette BD de Katriona Chapman a fait partie des 10 meilleurs romans graphique de l'année. Je dois dire que ce n'est pas usurpée. C'est une très belle fiction sur un problème psychologique et mental qui devient de plus en plus récurrent dans nos sociétés modernes. Bravo à l'auteure qui a su nous captiver à partir de ces petits riens.

    Erik67 Le 22/02/2023 à 07:33:36

    Voici un scénario catastrophe digne de la vague du COVID qui a sévit dans le monde entier. C’est dans l’air du temps et l’auteur y surfe allègrement sur cette vague destinée à nous faire peur. On parle quand même de la disparition de presque toute la population mondiale. La régulation devient naturelle car la nature se venge.

    Il y a déjà eu un film catastrophe de Night Shyamalan en 2008 intitulé « Phénomène » avec Mark Wahlberg dans le rôle principal. Le thème était le même à savoir une menace apocalyptique pour l'humanité avec une série de morts violentes et inexplicables qui se répandent dans le monde. La végétation aurait mis au point un mécanisme de défense qui libérerait dans l'air une toxine propagée par le vent.

    Le présent sujet concerne les espèces invasives qui peuvent détruire l’équilibre de la nature. On introduit des plantes ou des animaux (que cela soit des grenouilles ou des puces microscopiques) en dehors de leur environnement habituel ce qui provoque un déséquilibre naturel qui peut s’avérer dangereux. Pour l’instant, l’homme a toujours été épargné mais un jour prédisent les scientifiques, cela aura un impact réel et parfois mortel.

    Le scénario met en avant une réunion de divers scientifiques qui se réunissent en Amérique latine pour évoquer le sujet des espèces invasives, chacun d’eux ramenant un spécimen en guise de présentation. Sauf que l’une des espèces va s’échapper puis contaminer l’ensemble du monde. Cela se traduit par le fait que les humains n’arrivent plus à dormir ce qui les conduit à l’épuisement fatal.

    La recette est toujours la même : cela part d’un petit groupe avec une atmosphère assez intimiste pour devenir un phénomène mondial. Cependant, on reste concentré sur ce groupe qui va s’accuser mutuellement d’être le responsable. A noter que c’est très pessimiste comme conclusion car on ne peut faire pire.

    Du coup, il y a comme de la surenchère un peu gratuite alors que sur le fond, on ne sait pas grand-chose sur cette propagation. Il reste une impression de manque de profondeur par rapport au sujet pour se perdre dans des considérations futiles.

    Cependant, cette œuvre a le mérite de nous faire pencher sur une réflexion à mener afin de ne pas provoquer un dysfonctionnement de l’environnement. Il faut protéger notre planète car sinon, un jour, on risque d’en payer le prix et cela ne sera pas donné !

    Erik67 Le 21/02/2023 à 07:29:41

    Voilà un one-shot très réussi graphiquement. A commencer par la couverture qui est à la fois mystérieuse et superbe.

    Evidemment, ce titre se démarque des autres par l'approche de son univers post-apocalyptique et surtout fantomatique. L'idée d'une revanche des animaux marins sur les hommes suite à la disparition des mers est très bien exploité par l'auteur.

    Le changement climatique est passé par là provoquant la disparition de tous les océans laissant place au désert. C'est le retour des animaux spectraux qui nous transforme en zombie !

    Il y a également comme une forme de poésie onirique qui est d'ailleurs joliment mise en image. Les décors sont tout simplement somptueux. Le trait est à la fois élégant, frais et dynamique. Tout ceci concourt à une lecture très agréable. C'est toujours un plaisir immense que de pouvoir me régaler de son impeccable graphisme ! C'est tout bonnement merveilleux !

    On pourra également voir une certaine dimension écologiste de ce récit qui nous amène dans un Paris du futur digne d'un film « Mad Max » à savoir une nature oppressante et des ruines délabrées. Il s’en dégage une atmosphère particulière qui fait tout le charme de cette histoire un peu hors du commun.

    Certes, heureusement que les musiciens de l'Opéra sont là pour pouvoir calmer les ardeurs d'une baleine mortelle digne de celle de Moby Dick. Les clins d’œil se multiplient avec toutes les références. On remarquera également un certain Jonas qui rappellera Pinocchio.

    En bref, une histoire plaisante sur une bonne idée dont le potentiel d'exploitation a été mis à profit pour le lecteur. En somme, une fable écologiste qui donne de l'espoir à l'humanité.

    Erik67 Le 20/02/2023 à 07:33:36

    Il y a des BD qui nous raconte une petite tranche de vie dans ce qu’il y a de plus quotidien. On va s’intéresser à une famille où le père est en partance, où la mère souffre de cette situation, où le fils et la fille connaissent leurs premiers émois amoureux chacun à leur manière.

    Certes, les amateurs de sensations fortes ne seront pas à leur aise au cours de cette lecture. C’est bizarre car auparavant, ce type de récit m’aurait royalement ennuyé. Ce n’est plus vraiment le cas. Je pense qu’il y a un certain savoir-faire de la part de l’auteur Quentin Zuttion qui parvient à nous faire intéresser à cette famille pour entrer dans leur psychologie et dans leur intimité.

    Oui, il y a ce petit garçon de 8 ans qui joue à la poupée. Qui a décrété que la Barbie était uniquement réservée aux petites filles ? Notre nouveau monde actuel ne donne plus dans ce type de stéréotype et de discrimination passive. C’est ainsi et il faut l’accepter.
    Ainsi, on aura droit à une BD moderne dans son approche. A noter également un parallèle avec le décès de la princesse Diana en 1997. On se demande d’ailleurs si l’auteur n’a pas fait un récit autobiographique.

    J’aime toujours autant la douceur du dessin aux couleurs généreuses qui donne une belle envie de lecture. Mais plus encore, j’apprécie toujours cette forme de bienveillance et de tolérance. Il y a également une très bonne fluidité ce qui confère un dynamisme à l’ensemble.

    La question demeure : les princesses meurent-elles après minuit ? Oui, c’est bien arrivé à la princesse Diana sur le pont de l’Alma alors que sa voiture était poursuivie par une meute de paparazzis déchaînés.

    C’est également une forme de métaphore pour cette famille dont l’équilibre va être sérieusement modifié suite au départ du père de famille. Et puis, c’est la fin du temps de l’innocence pour les enfants qui découvrent que les relations amoureuses peuvent être plus compliquées qu’il n’y paraît.

    Au final, un beau roman graphique sur le thème du nouveau départ et d’une certaine forme de reconstruction. Le message est très positif pour redémarrer du bon pied.

    Erik67 Le 19/02/2023 à 09:11:06

    George Orwell est sans doute l’un de mes auteurs préférés en témoigne mes avis sur les différentes versions de « 1984 » ou encore de « La ferme des animaux ». J’aime sa critique du système totalitaire ou autoritaire conduisant à la privation de libertés chez les individus.

    Voilà une singulière biographie qui nous est proposée par l’espagnol Carlos Hernandez. J’ai bien aimé cette approche très moderne dans la façon de raconter cette histoire. Il faut dire que George Orwell n’a pas eu une vie très facile et il a connu la célébrité sur le tard. Il est mort à seulement 46 ans d’une vilaine maladie.

    Il y a eu une polémique à son sujet qui a été soulevé par des journalistes en mal de sensation des décennies après sa mort. Notre auteur, Carlos Hernandez, va enquêter sur l'affaire de George Orwell accusé d'avoir fourni aux Services secrets britanniques une liste d'individus qu'il soupçonnait être des agents communistes pour Staline. En effet, il est question d’une liste que le célèbre écrivain aurait établi à destination du gouvernement contre des personnalités ayant des sympathies communistes. On retrouve par exemple l’acteur Charlie Chaplin sur cette fameuse liste aux effets discriminatoires. C’est la fameuse chasse aux sorcières.

    Pour autant, l’auteur va expliquer la vie d’Eric Arthur Blain, de son vrai nom, à partir de sa naissance en Indes britannique jusqu’à sa mort prématurée. Il a reçu une éducation typiquement anglaise en faisant partie de la classe moyenne haute. Son père était fonctionnaire dans l’administration des Indes. Il va aller au collège d’Eton, la fameuse institution scolaire que le Prince Harry décrit si bien dans ses mémoires.

    Le jeune homme endosse l'uniforme et retourne aux Indes en 1922 pour devenir sergent dans la police impériale en Birmanie. Son tempérament un peu rebelle le fait sérieusement douter de l’impérialisme britannique. Il préfère donner sa démission en revenant en Europe où il va un peu vagabonder pour ne pas dépendre de sa famille. En réalité, il souhaite se consacrer à l’écriture mais les fins de mois sont difficiles. Il explore les bas-fonds londoniens puis parisiens. Dans les années 30, il se décide enfin à accepter un poste d'enseignant dans une école privée.

    En 1936, cet aventurier n’a pas hésité à retourner sur le terrain et à combattre les fascistes en Espagne dans le camp des Républicains alors que son gouvernement ainsi que la France les avaient laissé tomber. Durant cette guerre, les partisans de Staline ont pourchassé les autres obédiences socialistes dont celle de notre écrivain (la milice du POUM). Au front, il est blessé par balle au niveau de sa gorge.

    Il y a eu surtout la Seconde Guerre Mondiale ainsi que l’émergence de deux super puissances conduisant à la guerre froide. A noter qu’il a été un bon patriote sans verser dans le nationalisme afin de défendre son pays d’une invasion.

    A la fin de l’ouvrage, on aura le fin mot de l’histoire à propos de cette fameuse liste dont il faut relativiser les effets pour ne pas tomber dans la calomnie. Certes, c’était un geste sans doute maladroit mais qui n’a eu finalement que peu d’effet sur les personnes visées. Il a juste donné un conseil à une amie alors qu’il était déjà gravement malade en donnant une liste de noms d'autres personnes qu'il était inutile d'approcher, en raison de leurs convictions politiques. Après, la presse a grossi le trait pour en faire un scandale inapproprié.

    En réalité, il était en faveur d'une troisième voie entre le communisme soviétique et le capitalisme américain. Il avait beaucoup d’ennemi, c’est le moins que l’on puisse dire. Je trouve même qu’il y avait même de la grandeur chez cet homme qui n’a pas sacrifié ses idéaux et ses valeurs au nom de sa carrière.

    Juste un mot sur le dessin. On peut dire qu'il apporte beaucoup de fluidité à la lecture et beaucoup de dynamisme. Il est dynamique, vif et précis, restituant pleinement les ambiances de ce pays et de cette épopée avec une colorisation extrêmement agréable.

    Cette BD est passée un peu inaperçue alors que George Orwell est sans doute l’un des écrivains occidentaux les plus étudiés en cours de littérature. Elle mérite qu’on s’y attarde un peu d’autant qu’elle est bien réalisée avec un graphisme tout à fait avenant.

    Erik67 Le 18/02/2023 à 11:34:20
    Europa - Tome 2 - Vertiges

    Je préfère le dire tout de suite : ce ne sont pas des macronistes qui vont aller sur Europa, la deuxième lune de Jupiter. Non, on préfère envoyer une équipe spéciale composée notamment d'une autiste asperger avec difficultés relationnelles et d'un alcoolique à moitié repenti. Cela fait sans doute plus crédible dans les forces spatiales de l'ONU !

    J'ai toujours un peu de mal avec le dessin de Janjetov que je trouve un peu figé et pas assez expressif. Certes, j'ai constaté une amélioration mais il reste encore une marge de progression afin de séduire le lectorat. Les décors sont froids à l'image de cette lune de Jupiter.

    Sur le duo Léo - Rodolphe, on voit que cela fonctionne à merveille depuis des années. Je peux cependant comprendre les critiques qui disent qu'ils nous servent toujours un peu la même chose en prenant leur temps ce qui produit des séries à rallonge de type cycle d'Aldebaran ou les aventures de Kathy Austin à travers le monde. En même temps, pourquoi changer une formule gagnante qui fait des adeptes ? Par conséquent, pas de prise de risque.

    C'est un récit assez claustrophobique dans un milieu totalement inquiétant et hostile. Il y a comme une ambiance à la Alien mais sans les morts qui s'accumulent. Je dirai pour l'instant car les deux précédentes expéditions ne sont pas revenus vivantes d'Europa.

    J'ai be beaucoup aimé la scène d'introduction qui pose clairement le débat entre les fondamentalistes et les intégristes religieux qui ne veulent pas de la conquête spatiale afin de maintenir l'homme dans l'ignorance. Ils disent que nous ne sommes jamais allés sur la Lune et que les images montrées au public ont été tournées comme des films dans des studios de cinéma. Cela renvoi incontestablement à des échos entendues dans notre monde actuel.

    L'autre évolution intéressante de ce tome est l'ascendant que prend le commandant qui devient le véritable héros de cette aventure alors que nous croyons tous que c'était la jeune autiste façon « Good Doctor ». C'est comme un changement de cap assez intéressant, je dois dire.

    Le récit accumulent encore les mystères mais c'est toujours aussi bien agencées. On ne s'ennuie pas. Et puis, il y a encore le clifhanger final qui ponctue chaque épisode. Bref, c'est une série de science-fiction à suivre !

    Erik67 Le 18/02/2023 à 09:20:53

    Non, les petits monarques ne sont pas des enfants pourris et gâtés. Ce sont plutôt des papillons californiens qui migrent sur des milliers de kilomètres vers le nord sur tout le continent américain.

    Une fois arrivé au nord sur quatre générations tout de même, ils redescendent d'une traite vers le sud. C'est visiblement, la seule espèce animale à effectuer une telle migration. Or ces papillons ont presque totalement disparu en 2021 sous les effets du changement climatique. Or, ils sont importants dans l'équilibre de la nature ce qui a manifestement inspiré l'auteur

    Cette BD nous plonge dans la science-fiction apocalyptique. En 2101, aux États-Unis, alors que l'humanité est au bord de l'extinction totale, quelques milliers d'individus ont survécus sous la surface. On va intéresser à une jeune femme, chercheuse biologiste, qui suit la migration des papillons monarques car ils constituent le seul remède aux effets dévastateurs du rayonnement solaire. Une course contre la montre a commencé pour sauver le reste de l'humanité.

    Cela se manifeste comme une espèce de road-trip à travers les Etats-Unis entre une jeune femme qui a recueillie une petite fille à la recherche de sa famille. Au cours de leur périple composé de dialogues interminables ponctués part une seule scène d'action de tremblement de terre suivi d'un petit tsunami, ils vont faire la connaissance d'un autre groupe.

    Je n'ai pas trop aimé car le récit traîne véritablement en longueur comme pour mieux prendre son temps pour un effet non garanti. Par ailleurs, beaucoup de choses m'ont paru pas crédible pour un sou alors que cela se prend au sérieux avec un aspect scientifique et botaniste assez marqué. C'est dommage car cela avait l'air emballant au premier abord. Il manque une réelle mise en scène qui fasse monter la tension progressivement. Et puis, le dessin et notamment la colorisation manque de nuances.

    On a le droit de dire quand on est déçu par une œuvre. C'est clair que tout ne peut pas plaire pour autant. Il faut l'accepter et passer à autre chose en gageant que la prochaine fois, l'auteur Jonathan Case fera sans doute mieux ou pas. Bref, cela dépend comment on le perçoit. Beaucoup de lecteur ont aimé mais pas moi, désolé.

    Erik67 Le 17/02/2023 à 08:09:05

    Qui ne connaît pas Thomas Piketty ? Il est depuis de nombreuses années l'un des plus grands économistes de France. Voilà que son livre est enfin adapté sur le support de la BD grâce à des auteurs dont une journaliste indépendante Claire Alet.

    Un mot sur le dessin de Benjamin Adam qui a tout de même été diplômé des arts décoratifs de ma ville Strasbourg. Le dessin colle à merveille au propos économique de par sa simplicité et sa sobriété.

    J'aime bien Thomas Piketty car bien qu'issu d'un milieu très aisé, il s'est tout de suite intéressé à la redistribution des richesses qui était loin d'être équitable. Il est vrai que beaucoup de gens qui se trouvent dans l’opulence ne se soucie guère des autres car ils estiment que leur réussite les place au-dessus.

    La théorie assez singulière de cet économiste est d'affirmer que les inégalités de revenus ont baissé au XXème siècle en France et que c'est lié à la progressivité de l'impôt sur le revenu. Plus on gagne de revenus, plus on va financer la misère sociale et les caisses de l'Etat de manière générale. Du coup, l'argent est redistribué.

    Il est vrai que cela pose un problème à beaucoup de gens qui se lèvent tôt pour travailler afin que certains puissent vivre un peu décemment sans fournir le moindre effort. On ne peut en vouloir farouchement à cette pensée quand on voit concrètement comment se passent les choses.

    Cet économiste est défavorable à juste titre au mouvement de baisse de la fiscalité intervenu depuis les années 90 car cela favorise la reconstitution des grandes fortunes et cela accroît considérablement les inégalités. Le gouvernement macroniste actuel ne va d'ailleurs pas dans le sens préconisé par notre économiste puisqu'il préfère ne pas toucher à l'impôt en mettant à contribution les travailleurs pour une durée de travail plus longue jusqu'à la retraite.

    Les Bernard Arnaud n'ont aucun souci à se faire avec une telle politique dont les effets négatifs seront du côté des petits travailleurs. Oui, c'est bien le retour en force des inégalités qui nous guette avec un petit pourcentage de milliardaires contrôlant presque toutes les richesses mondiales. On se retrouve à peu de choses près dans une société avant la révolution française où il y avait trois ordres : le tiers-état, le clergé et la noblesse représentant 2% de la population et qui contrôlaient la majorité des biens et des ressources.

    Il faut savoir que certains économistes américains ont critiqué assez sévèrement les conclusions de Thomas Piketty en indiquant qu'il dramatisait la situation. Je ne sais pas mais je constate dans la vraie vie que les inégalités n'ont jamais été aussi fortes. Ceux qui sont du bon côté se complaisent dans cette situation et se barricadent face aux critiques en indiquant qu'ils le méritent. Mais bon, ce n'est pas une vulgaire question de jalousie mais plutôt de justice sociale. Bref, cet auteur a énormément de détracteur qui vont essayer de casser ses démonstrations pourtant constructives.

    Cette présente œuvre étudie les idéologies justifiant les forts niveaux d'inégalités à travers le temps. C'est réalisé de manière ludique afin de faire passer le message. Il est vrai que dernièrement, Piketty a co-signé une tribune soutenant le programme économique de la NUPES ce qui ne va pas forcément plaire aux économistes américains. Moi, je suis plutôt sensible aux propositions fiscales et économiques qu'il réalise pour qu'on puisse vivre dans un monde plus juste et plus équitable.

    Bonne idée également le fait que cela soit présenté sous forme de saga familiale qui part de la Révolution française à nos jours sous 8 générations de la même famille. On se rend compte que la richesse se transmet grâce à la succession. Par ailleurs, dans le passé, beaucoup ont profité des bénéfices de la colonisation.

    On apprendra au passage ce que l'état français a fait à la République d'Haïti qui a obtenu son indépendance en 1804. Près de 20 ans après cette indépendance, la France sous la menace des armes a exigé une compensation financière astronomique pour la perte de son exploitation de l'île. C'est le monde à l'envers avec une indemnisation demandée aux descendants d'esclaves. Ce pays a mis près d'une centaine d'année à procéder au remboursement intégral avec les intérêts. Il est aujourd'hui l'un des pays les plus pauvres de la planète car cette spirale d’endettement a paralysé Haïti pendant plus d’un siècle. C'est véritablement scandaleux car Haïti est le seul pays au monde où des générations de descendants d’esclaves ont versé des réparations aux héritiers de leurs anciens maîtres !

    Bref, c'est une enquête assez intéressante qui nous apprendra beaucoup de choses sur un mode parfois teinté d'humour. Il est clair que cette œuvre a bousculé la pensée économique depuis 20 ans avec un autre regard sur le passé.

    Erik67 Le 16/02/2023 à 08:00:44

    Il est certainement l'artiste peintre japonais le plus célèbre au monde ayant d'ailleurs inspiré les principaux tenants du mouvement impressionniste en France que l'on parle de Claude Monet ou encore Van Gogh.

    Ses aquarelles, ses estampes notamment les 36 vues du mont Fuji et la grande vague de Kanagawa sont exposés dans les plus prestigieux musées du monde entier. Ses fameux cerisiers en fleurs sont également d'une beauté sans pareille. Hokusai reflète véritablement l'âme du Japon dans une période qui a constitué l'âge d'or de la peinture japonaise.

    Hokusai a transformé l’art du portrait en peignant des scènes de la vie quotidienne dans les villes japonaises et en prenant souvent comme modèle les courtisanes et les acteurs de théâtre qui côtoient les paysages, les plantes, et les animaux. Rien ne résiste à ce perfectionniste de la peinture qui ne cesse de se remettre en cause afin de progresser davantage.

    Sans cette BD, j'aurais sans doute ignoré toute ma vie l'influence qu'avait cet auteur venant d'Asie et influencé par le bouddhisme. C'est également bien de voyager à travers les autres pays de la planète et ne pas rester cantonner à l'occident surtout en matière d'art.

    J'ai trouvé cette biographie fort intéressante car il nous fait découvrir l'homme époustouflant mais également le pays ainsi que l'époque. On découvre une ville d'Edo en 1760 qui est déjà la plus grande ville du pays du soleil levant.

    J'ai retenu de cet auteur que c'est avec l'âge qu'on progresse vraiment dans la technique pour percevoir l'art. Il disait : « À 90 ans, je pénétrerai le mystère des choses ; à 100 ans je serai décidément parvenu à un degré de merveille, et quand j’aurai 110 ans, chez moi, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant ». On souhaite tous de vivre aussi longtemps afin de voir s'il dit vrai.

    Bref, cette BD constitue un très bel hommage à cet artiste japonais tout à fait atypique.

    Erik67 Le 15/02/2023 à 07:43:10

    Jean-Jacques Goldman avait jadis commencé sa carrière par une chanson s'intitulant « Sister Jane ». En l’occurrence, nous allons faire la connaissance de Lady Jane.

    Attention toutefois à ne pas s'y méprendre, cela ne sera pas une fille issue de la famille royale ou de l'aristocratie anglaise mais une jeune femme qui s'est laissée aller avec un jeune mâle et qui se retrouve avec un bébé dans le dos ce qui ne sera guère facile pour une orpheline chez un parrain tatoueur.

    Les méchants services sociaux vont lui enlever son bébé et elle ne le reverra plus jamais en vertu de la loi anglaise sur le « children act ». Oui, parfois les services sociaux jugent mal les situations et arrachent des enfants à des mères aimantes.

    On retrouve Jane plus de 26 ans après. Elle dirige une petite crêperie sur une charmante ville côtière. Elle va aider une autre jeune adolescente à y voir plus clair dans la vie surtout à cet âge-là. Il s’ensuit une tendre relation qu'on va avoir du plaisir à suivre.

    Le thème est celui de la disparation, de la perte d'un être cher qui peut vous être enlevé pour de mauvaises raisons par la société. Cela rappelle également une chanson que j'aimais beaucoup du groupe Téléphone à savoir « Cendrillon, pour ses 20 ans
    est la plus jolie des enfants. Son bel amant, le prince charmant la prend sur son cheval blanc... ». C'est tout à fait ça

    La réalisation de l’album est impeccable. La narration est parfaite. La mise en image est classique mais agréable à commencer par la belle couverture sur fond de drapeau anglais. Le dessin d'une rare élégance et d'un grand réalisme sert parfaitement l’histoire. Les décors soignés font vivre l'atmosphère. Bref, l’album se lit assez facilement.

    Au final, un album assez sympathique que je recommande aux amateurs de roman graphique psychologique. A noter également que malgré tous les aléas de la vie, il y a pas mal d'optimisme.

    Erik67 Le 14/02/2023 à 07:35:38

    La falaise commence par une impression de malaise à savoir le pacte de sang de deux adolescentes qui font le serment de mourir en semble par suicide. Cela traduit le mal-être de l'adolescence.

    Il faut dire qu'Astrid est une fille harcelée au collège par son côté sérieuse et trop rangée. Charlie de son côté est une fille qui souhaite être un homme et qui donc ne s'accepte pas dans son corps. Bref, les raisons de mettre fin à leurs jours ne manquent pas. Leur devise commune : hors du suicide, point de salut.

    Pour la petite histoire personnelle, quand j'ai emprunté cette BD à la médiathèque, je suis tombé sur un petit post-it rose glissé entre les pages où il était inscrit ces mots qui m'ont fait plaisir : « La beauté est partout. Garde ton esprit bien ouvert ». J'ai aimé car c'est comme un message d'espoir destiné à tous ceux qui veulent se suicider à cause du regard des autres.

    Dernièrement, c'était le suicide par pendaison d'un jeune garçon victime d'homophobie et harcèlement scolaire. Il y a des marches blanches qui sont organisées afin d'alerter l'opinion publique. Ce type harcèlement a malheureusement toujours existé dans le milieu scolaire à travers les époques où l'on stigmatise celui qui est un peu différent. J'espère qu'on pourra un jour y venir à bout afin d'éviter tous ces drames.

    Pour ce qui est de la BD, vous constaterez que le thème est plutôt délicat. Sans vouloir révéler la fin, je dirai qu'elle ne sera pas comme on s'y attend. Le message est tout de même présent mais en toute subtilité pour ne pas se transformer en une énième leçon de moral sur l'importance de la vie.

    A noter un décalage frappant entre un dessin presque enfantin aux crayons de couleurs assez marqué et le sujet plutôt macabre et presque tabou. Oui, tout cela provoque une forme de malaise certainement recherchée par l'auteure Manon Debaye dont il faut noter que c'est la première BD.

    Au final, une lecture qui nous tiendra en haleine jusqu'au bout de la falaise. Après, c'est le grand vide.

    Erik67 Le 13/02/2023 à 07:39:23

    Il est vrai que la connerie n'a pas de limite et que l'auteur s'amuse à inverser les adages classiques. On se souvient tous de son précédent titre : faut pas prendre les cons pour des gens. Même en inversant, cela veut dire la même chose, il fallait le faire et y penser !

    Pour le reste, on va avoir droit à des sketches sur une ou plusieurs pages avec des thèmes et des décors totalement différents. Il y a toujours le même humour un peu absurde qui souligne les travers des gens et de la société en général. Le polar, le western et même Batman et Tarzan y seront évoqués.

    A noter qu'après le succès du précédent titre, l'éditeur est allé dans le passé d'Emmanuel Reuzé afin d'y dénicher différentes histoires et les porter à la connaissance du public. D'autres diront qu'il s'agit de racler les fonds de tiroir à des fins mercantiles. Mais bon, quand le peuple en redemande !

    Globalement, certains récits m'ont légèrement plu et m'ont fait sourire quand d'autres n'ont pas entraîné la moindre réaction notable. C'est un peu moins bon que le précédent opus, il faut le reconnaître. Sans doute, l'effort doit être fait sur la nouveauté et non des plats réchauffés.

    Pour ma part, il est vrai que je ne suis pas fan de ce genre d'humour totalement crétin qui pousse très loin dans l'absurdité. J'assume. Cela reste néanmoins sympathique à la lecture pour se détendre à peu de frais.

    Erik67 Le 12/02/2023 à 09:50:45

    Cette BD est un documentaire militant qui traite principalement de la semence. Visiblement, celle-ci est à la base de ce qui pousse dans nos champs. C'est un sujet pour le moins vital que celui de notre patrimoine végétal.

    Or, les cultivateurs se sont tournés vers l'industrie chimiques afin d'augmenter le rendement. Le phénomène actuel est la surexploitation de nos ressources qui peuvent d'ailleurs mener à la destruction de notre monde et l'effondrement de notre civilisation. Bref, c'est le créneau de ce récit qui ne manque pas d'arguments. On voit par exemple les effets de la déforestation sur le réchauffement climatique.

    Là, ce qui est en cause, c'est plutôt la diversité des variétés cultivées qui diminue drastiquement. Or, cette variété assure un équilibre biologique à la Nature.

    On va remonter jusqu'à la Préhistoire où l'homme a commencé à domestiquer les végétaux en produisant l'agriculture afin de se nourrir. Il y a eu un choix dans les plantes et les graines à produire. L'homme a sélectionné les plus belles céréales. Bref, on exploite les sols depuis plus de 10.000 ans.

    Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, on a assisté à une politique du rendement afin de vaincre les famines dans le monde. Il a fallu l'aide de la science et notamment des pesticides pour venir à bout des parasites et des maladies. Cela s'est transformé en une dépendance aux produits chimiques qui profitent à de grosses multinationales comme Monsanto.

    La BD va surtout remettre en cause un catalogue officiel des espèces et des variétés de plantes qui impose des lois qui vont en faveur du productivisme au détriment de la variété des plantes cultivées.

    J'ai bien aimé le début mais un peu moins la seconde partie qui semble être un bras de fer entre les institutions européennes et une avocate de la cause des cultivateurs souhaitant produire à l'ancienne les variétés. Il faut dire également qu'entre agriculteurs, ils sont assez partagés. En effet, les avantages sont considérés par la plupart comme supérieurs aux risques.

    Qu'importe, le combat contre la législation européenne (et ses lobbies des groupes agrochimiques) continue de plus belle car celle-ci met les variétés anciennes dans l'illégalité ce qui entraîne un affaiblissement de la diversité génétique des cultures. Pour une fois, cela se terminera plutôt bien. Reste à savoir si cela changera les choses sur le long terme car il y a encore du boulot.

    Une BD qui s'inscrit dans la thématique actuelle en faveur de la biodiversité. Elle est utile pour comprendre les véritables enjeux qui se jouent actuellement car il est vrai que le sujet des semences n'est pas très connu du grand public. Bref, c'est un retour à la terre.

    Erik67 Le 11/02/2023 à 09:16:32

    Josef Mengele est l’archétype même du criminel nazi dans ce qu’il a de plus horrible dans la personnalité sans once d’humanité. Il a officié à Auschwitz en conduisant des millions de gens à la mort sans le moindre regret. Il était le médecin qui menait des expériences anthropologiques et génétiques assez morbides pour le Reich.

    A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il était l’un des plus grands criminels recherchés. Cependant, il a bénéficié du soutien familial de son père possédant une fabrique de matériel agricole en Bavière. Ce dernier comptait sur la bienveillance des américains dans un contexte de guerre froide mais les crimes étaient bien trop importants pour laisser passer.

    Cela a conduit à une fuite en Argentine en 1949 au moment où ce pays était dirigé par un militaire de formation à savoir Juan Perón. Il est vrai qu’il y a une forme de sympathie entre les dictatures dans le monde. Le modèle allemand était une source d’inspiration pour l’Argentine qui se rêvait d’être une véritable puissance en Amérique du Sud.

    Du coup, entre 1946 et 1952, sous les deux présidences Perón, plusieurs milliers d’anciens nazis dont de nombreux criminels de guerre notoires sont arrivés en Argentine grâce à différentes filières. Il y a l’un des plus célèbres d’entre eux à savoir Adolf Eichmann qu’on va d’ailleurs rencontrer au cours de la lecture. On croisera également Vittorio Mussolini, l'un des fils du Duce. Bref, au-delà des nazis, cela concerne tous les fascistes dans le monde.

    L’Argentine a été un véritable havre de paix, une terre d’asile des nazis en cavale. On les voit dans les dîners mondains. On les voit prospérer dans les affaires. Il faut dire qu’avant même la fin du conflit mondial, des capitaux allemands transférés en Argentine financèrent la naissance d'une centaine de sociétés. On les voit également en train de siroter leur cocktail assis sur une chaise longue au bord de leur piscine dont le sol est recouvert d’une croix gammée. C’est la bella vita ! Inutile d’indiquer le malaise que cela peut provoquer chez le lecteur.

    Cependant, le sinistre personnage qu’est Josef Mengele en veut toujours plus. Cela va le conduire à la paranoïa la plus totale et à sa perte. Mais bon, je trouve à titre personnel qu’il a plutôt bien vécu sa retraite en Amérique Latine et qu’il aurait dû être puni très sévèrement pour les crimes contre l’humanité qu’il a commis.

    Au renversement de Perón, le docteur Mengele, l'ange de la mort d'Auschwitz, quitta Buenos Aires pour le Paraguay. On sait également qu’en 1960, un coup de tonnerre sema le trouble pour la sérénité des nazis d'Argentine car un commando israélien enlève Adolf Eichmann, l'un des principaux exécutants de l'Holocauste. L’étau se resserre alors sur Josef Mengele qui est poursuivi par les enquêteurs allemands et israéliens.
    On sait il se noya mystérieusement alors qu'il se baignait près de Sao Paulo au Brésil en 1979. Il fut enterré sous un faux nom et ses restes ne furent exhumés et identifiés qu'en 1985.

    Un mot sur le dessin de Jorg Maillet pour indiquer que son dynamisme transmet parfaitement le rythme et l’énergie du scenario de Matz. J’ai également vu que ce roman d’origine d’Olivier Guez est adapté actuellement au cinéma.

    J’ai beaucoup aimé la lecture de cette BD passionnante qui retrace parfaitement une version réaliste des faits. Cela donne quand même froid dans le dos !

    Erik67 Le 10/02/2023 à 07:43:24
    Thorgal Saga - Tome 1 - Adieu Aaricia

    Thorgal revient mais sous une autre forme, celle d'une saga racontée à chaque tome par un auteur différent. On va commencer par Robin Recht qui se penche sur la belle Aaricia, la compagne de Thorgal qui a bien vieillie depuis.

    Pour rappel, Thorgal existe depuis près de 40 ans. J'ai grandi avec lui au large de son île scandinave à bord d'un drakkar viking. Je l'ai vu évoluer au fil des années. Il a même exploré le Nouveau Monde bien avant Christophe Colomb au fameux pays Qâ.

    Le cocktail du succès ? Un mélange entre mythologie nordique et science-fiction puisque Thorgal est un extra-terrestre. Le duo Rosinski-Van Hamme a laissé la place à une nouvelle génération d'auteurs qui ont pris la relève pour le meilleur et pour le pire avec trois spin-off sur 25 albums en une décennie. Il y a eu incontestablement une surexploitation commerciale qui n'a pas ravi les fans de la première heure et c'est le moins qu'on puisse dire.

    Avec ce nouveau concept, chaque auteur va donner sa vision personnelle du mythe thorgalien. C'est un peu ce qui se passe actuellement sur la série consacrée à Conan le Barbare. D'ailleurs, Robin Recht avait signé l'un de mes titres préférés à savoir « La fille du géant de sel » où son traitement m'avait littéralement scotché d'extase. C'est le digne successeur d'un certain Alex Alice.

    On peut dire sans rien dévoiler que notre auteur commence très fort avec une prise de risque assez audacieuse qui mènera loin. Je suis plutôt preneur et même acheteur. Thorgal, c'est comme une bible pour moi. Oui, j'ai été convaincu par cette relance de la série. Robin Recht a su donner une dimension supplémentaire au récit de notre héros.

    A noter sur la forme un grand format inédit ce qui change de l'habituel. Par ailleurs, le graphisme est sombre et dynamique avec un trait semi-réaliste qui convient parfaitement au récit. C'est efficace avec une belle sensation de fluidité. Les dessins explosent littéralement chaque page et les personnages sont suffisamment nuancés pour ne pas être caricaturaux et capter notre attention. Les planches de dessins sont d'une rare beauté et d’une finesse exquise. La colorisation est également très réussie. Un seul mot : magnifique !

    Un mot pour dire que la conclusion de ce récit est absolument magnifique. C'est sans doute le meilleur final de toute la saga. J'ai rarement été aussi subjugué. Bon, c'est 5 étoiles.

    En résumé, c'est une lecture qui offre une réelle plus-value par rapport à un personnage devenu un mythe. C'est un bel hommage et même un très bon travail ! Un régal pour les yeux, un must pour les collectionneurs et fan de Thorgal. Une BD à acheter les yeux fermés et à dévorer sans hésitation !

    Erik67 Le 09/02/2023 à 19:54:08
    Scotland (Kenya - Saison 4) - Tome 2 - Épisode 2

    Kathy Austin est revenue sur les terres écossaises pour découvrir que la maison que lui avait légué sa tante est partie en fumée dans un incendie. Entre espionnage russe et mystérieuse présence extra-terrestre, elle va évoluer au fil de son enquête afin de percer ce nouveau mystère et découvrir toute la vérité.

    C'est toujours aussi agréable à la lecture grâce au savoir-faire de Léo et Rodolphe. L'histoire se lit toujours avec autant de plaisir. C'est un tome de transition qui avance lentement en dévoilant de nouveaux mystères et de nouveaux personnages. Le paranormal reste la thématique principale. On se demande par exemple si le phénomène des crop circles (à savoir ces figures géométriques géantes qui apparaissent dans les champs de céréales) est réellement d'origine extraterrestre.

    On relèvera également un dessin très avenant et fluide qui nous permet de vite nous plonger dans les aventures de la belle espionne du MI16 qui ressemble d'ailleurs un peu à une certaine Kate Middleton.

    En effet, graphiquement, le dessin se situe dans une veine très travaillée aussi bien au niveau du trait que de la colorisation. Il est très agréable et donne de belles planches dans l'ensemble.

    L'Ecosse apparaît comme une terre plus belle que jamais mais enveloppé dans un certain mystère autour de ces vieilles pierres et sa nature sauvage. Il faut dire que d'antiques châteaux surveillent des lochs enveloppés de brouillard.

    Au-delà des cornemuses et du whisky, on ne manquera pas les péripéties aventureuses de Kathy dans ce voyage dans les Highlands.

    Erik67 Le 09/02/2023 à 07:46:24

    La louve boréale est un joli conte qui nous indique qu’il faut respecter la nature et ses bêtes sauvages. Le cadre sera celui de la ruée vers l’or dans le Yukon à la fin du XIXème siècle. C’est celui de la cupidité des hommes pour l’or qui poussent ces derniers à détruire l’environnement.

    On va suivre le parcours d’une jeune femme qui va quitter l’Europe suite à un terrible drame familial afin de rebâtir sa vie sur de nouvelles bases. Le salut est dans la fuite pour Joana qui sera finalement actrice d’une randonnée sauvage pour le moins dramatique. Il faut dire que les conditions du grand nord ne pardonnent pas. Et puis, il y a cette louve qui défend son territoire de l’invasion de ces hommes assez cruels.

    Le dessin est plutôt naïf et enfantin mais il s’inscrit très bien pour donner du relief à ce récit initiatique qui ne fera pas dans la dentelle non plus. Le jeune lecteur ne pourra sans doute pas accéder à cette lecture malgré une couverture assez trompeuse. C’est toute la difficulté de ce type d’œuvre qui peut induire en erreur.

    A noter également qu’il s’agit d’une œuvre plutôt dense à la lecture. Cependant, il y a de magnifiques planches qui méritent qu’on s’y attarde. Il se dégage non seulement de la puissance mais également une certaine forme de poésie. Certes, c’est de la ligne claire mais avec une touche de modernité qui me plaît assez grâce sans doute à un magnifique jeu de couleurs.

    J’avoue avoir eu un peu de mal à digérer cette fin qui ne me semble pas très morale dans le fait que le grand méchant de service n’aura pas la punition qu’il mérite. Dans la réalité, ces mauvaises âmes arrivent toujours à leurs fins. On ne pourra pas reprocher à l’auteure le manque de réalisme.

    Au final, c’est un titre à découvrir pour ceux qui aiment les grands espaces, les aventures à la Jack London sur fond d’aventure et de nature sauvage. De belles valeurs sont transmises comme l’humilité, la bienveillance et la solidarité entre femmes dans un monde sans pitié.

    Erik67 Le 08/02/2023 à 07:44:02
    John Blake - Tome 1 - Tome 1

    La couverture nous induit un peu en erreur mais cela ne rappelle qu’il ne faut jamais s’y fier. En effet, John Blake est plus qu’une aventure maritime faite de corsaire et de pirate. On est plutôt dans le registre des voyageurs dans le temps à partir des expériences d’Einstein sur la relativité. Voilà pour le cadre.

    Un mot sur le dessin pour dire qu’il est dans un style assez réaliste qui me plaît généralement beaucoup (n’étant pas très adepte du minimalisme). Les décors sont vraiment magnifiques et concourent à rendre le récit assez agréable à la lecture. Les puristes déploreront cependant un manque de fluidité dans les personnages qui paraissent assez statiques.

    Au niveau du scénario, on aura droit à une intrigue de course poursuite entre un milliardaire assez mafieux ayant bâti sa fortune sur un crime et qui essaie d’effacer toutes les traces. On a du mal à cerner les enjeux qui auraient pu être d’un autre ordre compte que le combat entre le bien et le mal. En effet, cette formidable découverte qui rend possible le voyage dans le temps offrait bien plus de perspectives.

    Au final, cela reste une aventure adolescente dans ce qu’il y a de plus classique. Pour autant, le divertissement sera assuré. Cependant il est vrai qu’il me manque, à titre personnel, une certaine forme de maturité. Pour autant, le découpage assez cinématographique donne l’envie de lire.

    L’originalité provient du fait d’avoir transformé l’un des plus mystérieux bateaux fantômes à savoir la Mary-Alice en navire qui voyage dans le temps et dont les occupants restent prisonniers. Passé l’effet de surprise, il ne reste plus rien de vraiment consistant qui rendrait cette aventure vraiment palpitante.

    Comme dit, cela ravira les plus jeunes, fan de l’auteur Philipp Pullman auteur de « A la croisée des mondes ».

    Erik67 Le 07/02/2023 à 07:18:51

    Waterlose met en scène la période de captivité de l'Empereur Napoléon totalement déchu. Il s'agit de petits sketches par planches qui s'enchaînent sur sa petite personne. Il faut dire qu'il s'ennuie ferme à Sainte-Hélène. On sait que cette île lui sera fatale.

    Mais bon, peut-on réellement s'apitoyer sur son sort ? La plupart des dictateurs connaissent des fins tragiques. Certes, ce fut un grand homme de par l'Histoire faite de conquêtes. Il va mettre ce temps à profit pour raconter ses mémoires à son fidèle Las Cases qui deviendra son biographe.

    On reviendra en effet sur son passé avec les différentes étapes de sa vie comme la campagne d'Egypte, l’attentat du 24 décembre 1800, son couronnement, la défaite de Trafalgar, la victoire d'Austerlitz, la campagne de Russie, sa première abdication en 1814, l'exil sur l'île d'Elbe, son retour à Versailles et enfin la fameuse bataille de Waterloo. Le tout est sur un mode comique.

    L'humour était un peu trop spécial à mon goût. Je comprends la démarche mais l'effet n'est pas présent. Certes, c'est assez décalé en prenant par exemple des dialogues assez contemporains hors du contexte historique de l'époque. Trop de dérision peut tuer le sujet.

    Par ailleurs, j'ai trouvé le dessin assez statique et minimaliste avec un réel manque d'expressivité des personnages présents. Il est vrai que cela ressemble à du Fabcaro dans le dessin totalement figé mais cela ne produit pas le même ressort comique.

    Bref, je n'ai pas été convaincu par cet album parodique. Est-ce grave docteur ? Oh que non ! On passe à autre chose. Le monde de la BD est si vaste...

    Erik67 Le 06/02/2023 à 07:21:14
    300 jours avec toi - Tome 1 - Tome 1

    On pourrait se dire que c'est encore une histoire d'amour à l'eau de rose mais en fait, pas vraiment car notre héros va tomber amoureux d'une fille qui n'a plus que 300 jours à vivre en raison de sa maladie incurable qui a déjà emporté son père. Bref, c'est plutôt un drame bouleversant, une romance tragique sous les cerisiers en pleurs.

    Les thèmes principaux sont la mort, la maladie ainsi que la résilience avec deux personnages principaux qui emportent tout sur leur passage, chacun à sa manière. Le combat face à la maladie sera une chose difficile à vivre. Il y a également un côté qui rend assez touchant ce récit d'amour même si parfois les ficelles paraissent assez visibles.

    C'est vrai qu'on commence avec une espèce de compte à rebours car on sait que la personne aimée va disparaître de ce monde. Pour autant, notre héroïne Miu croque la vie à pleine dent avec un courage absolument extraordinaire. Pour lui, plus les jours passent et plus c’est difficile. Il s'efforcera malgré tout de rendre les jours restants meilleurs que les précédents afin d'apporter du bonheur. Leur duo fonctionne à merveille avec ce qu'il faut de retenue.

    Le graphisme reflète de la douceur avec une innocence qui reste parfaitement visible. Cela rend cette lecture encore plus attendrissante. C'est tout doux et c'est rempli de bons sentiments.

    La vie est parfois cruelle avec certaines personnes. Cependant, au final, elle mérite d'être vécue pour le message qu'elle laisse. C'est évidemment une bien belle leçon de vie sans vouloir tomber dans la morosité.

    Au final, cette magnifique histoire en deux tomes devrait ravir les fans de manga romantique.

    Erik67 Le 05/02/2023 à 09:34:12
    Les futurs de Liu Cixin - Tome 9 - La Terre transpercée

    On continue notre exploration dans les récits de l'auteur chinois de science-fiction Liu Cixin. Il est question d'un physicien responsable d'une catastrophe avec son fils qui doit répondre devant des juges.

    Le thème est celui de la science qui essaye d'aider l'humanité en menant des expériences qui parfois tournent mal. Faut-il alors remettre la notion de progrès en cause ? Faut-l traîner dans la boue ces scientifiques de génie qui font avancer l'humanité ? Certes, il y a des erreurs qui peuvent coûter cher mais c'est parfois le prix à payer.

    Je ne crois pas que cette nouvelle du romancier Liu Cixin soit déjà paru dans notre pays même sous forme de livre. C'est par conséquent un inédit.

    Un mot sur le scénariste et dessinateur qui a adapté cette nouvelle. Il s'agit d'un dessinateur indépendant né dans un village de la région de Sichuan, ancien graphiste et directeur artistique d'une hebdomadaire. Il n'est pas très connu dans nos contrées. Il a mis un commentaire intéressant en fin d'ouvrage où il confie qu'il donne à lire son œuvre à son épouse qui n'y connaît rien à la bande dessinée. Si celle-ci manifeste un quelconque intérêt, c'est plutôt bon signe. Si elle ne comprends rien, cela rend notre auteur assez nerveux. Bref, c'est sa boussole.

    Je trouve que les dessins des visages des personnages sont assez bien rendues. De même avec les scènes d'action et les décors. Le découpage reste assez conventionnel. Par contre, on observera une assez belle colorisation ainsi qu'une bonne utilisation de la lumière. Bref, un graphisme assez attrayant. Cela participe d'ailleurs pleinement à la narration. Que dire également de ces grandioses panoramas fantastiques qui occupent quelques pleines pages !

    Ce récit paraît assez pessimiste dans son développement mais il réserve au final une belle surprise au terme d'un cheminement qui ne sera pas très évident pour le lecteur lambda. J'aime à penser que l'espoir est toujours possible pour sauver notre planète.

    Au final, voici une série qui dans son ensemble mériterait bien plus d'attention. Un album réussi qui offre un bon moment de lecture.

    Erik67 Le 04/02/2023 à 10:11:05
    Sillage - Tome 22 - Transfert

    On va avoir droit à une Nävis plus remontée que jamais contre le système. Il y a parfois de quoi être énervé.

    Ce la arrive tous les jours à des policiers de procéder à des arrestations mais que finalement, la personne arrive à s'en sortir au niveau de la Justice car elle possède de gros moyens. Il y a une justice pour les pauvres qui est implacable et une autre réservée aux riches qui a tendance à être plutôt clément. Ce n'est pas nouveau.

    Ceci étant dit, on aurait aimé un peu plus de modération dans l'attitude car Nävis devient impulsive comme lors de sa jeunesse. Or, les expériences vécues aurait du lui permettre de gagner en maturité en prenant du recul. Paradoxalement, son fils gagne en sagesse. C'est le monde à l'envers !

    Je n'ai pas aimé non plus le fait de commenter toutes les actions ce qui appesanti inutilement la narration. Les images doivent parler d'eux-même.

    On relèvera également que Jean-David Morvan est totalement absent du scénario laissant libre court à Philippe Buchet qui assume en plus du dessin que je trouve toujours aussi honorable avec son trait soigné et précis.

    Sillage reste toutefois ce magnifique space-opéra qui brasse plusieurs thèmes se voulant être le reflet de notre monde actuel et qui permet de dénoncer toutes les dérives liées aux inégalités sociales. On voit bien les symboles sur la société d'aujourd'hui malgré cet univers futuriste.

    Moi, je dis qu'à un moment donné, il faut savoir clore une série même si elle a connu du succès. Il s'agit de ne pas tirer sur la corde et de terminer en beauté. Depuis quelques tomes, cela patine un peu. Et puis, la série fête ses 25 ans d'existence avec ce nouveau tome.

    Erik67 Le 03/02/2023 à 07:50:38

    Suis-je en qualité d’homme automatiquement sexiste ? Non, je ne le pense pas. D’autres pourraient dire « on ne sait jamais !». Cet ouvrage s’adresse prioritairement aux femmes afin de les convaincre à devenir de vraies féministes à part entière. Mettez-vous en rang de combat !

    En effet, l’auteure Marine Spaak part du postulat qu’il est assez mal vu d’être qualifié de féministe alors que les idées défendues sont parfaitement légitimes. Il est incontestable que les inégalités homme-femme doivent être combattues pour arriver à une stricte égalité. D'une manière générale, le féminisme peut être considéré comme un mouvement visant à mettre fin au sexisme, à l'exploitation et à l'oppression sexistes et à réaliser la pleine égalité de genre en droit et en pratique.

    Marine Spaak dénonce la ville qui est un lieu fait pour les hommes et non pour les femmes qui ne s’y sentent guère en sécurité. En effet, tout d’abord, il y a pratiquement que des noms de rue d’hommes célèbres et très peu concernent les femmes alors qu’elles ont également marqué l’Histoire. Je suggère de remplacer toutes les rues « Napoléon » par « Joséphine » car cela serait plus politiquement correcte. Le mouvement de débaptisation a d’ailleurs commencé un peu partout.

    Par ailleurs, il manque sérieusement des toilettes ce qui obligent les femmes à de très courts trajets en milieu urbain. Au passage, l’auteure dénonce ces hommes qui urinent à chaque coin de rue. Qu’est-ce qu’on dirait si on voyait une femme le faire !

    Il y a également trop de publicité mettant en scène l’anatomie féminine véhiculant l’idée qu’il faut souffrir pour être belle. A quand les fortes corpulences sur les affiches des abris bus ? Par ailleurs, il faut bannir les contes de fée style « Cendrillon » ou « La petite sirène » qui vante l’amour parfait avec le beau prince qui n’a que l’embarras du choix.

    Et puis, il faut également faire attention avec le cinéma qui met la femme dans une position de victime à commencer par les film d’horreur. Pour compenser, l’héroïne est toujours une femme forte qui viendra à bout de l’assassin (vendredi 13, Scream…). Cela justifie les massacres de toutes les autres femmes innocentes. A bas « Autant en emporte le vent » !

    Prenons l’exemple de la grammaire qu’on apprend à nos enfants. Selon le principe du masculin l'emporte sur le féminin, l'adjectif qui qualifie plusieurs noms de genres différents s'accorde automatiquement au masculin. POURQUOI le masculin l’emporte sur le féminin ? C’est une aberration la plus abjecte ! L’Académie française est pointée du doigt !

    Prenons l’exemple des nominations que cela soit pour Angoulême ou pour les césars, pourquoi il n’y a pas plus de femme nominée dans les différentes catégories ? On notera le fair play assez élégant d’un auteur de bande dessinée qui en 2016 à refuser la nomination à Angoulême pour manque de parité. Riad Sattouf a fini par obtenir gain de cause en 2023 puisque c’est lui le grand gagnant d’Angoulême.

    Pourquoi les équipements sportifs pour homme (stade de foot, de rugby ou de skate) tiennent-ils une place plus importante que celle consacrée aux femmes ?

    Pourquoi toujours des hommes à la tête de l’Etat ? Prenons une femme la prochaine fois. Euh oui, d’accord, votons alors Marine. L’auteure montre l’exemple de Barack Obama qui déclare dans un discours : « Je suis le mari de Michelle ».

    Voilà, on est dans l’énumération de toutes les situations sexistes qui seront passés au crible fin. C’est parfois édifiant.

    A vrai dire, je n’ai pas été à l’aise en ma qualité d’homme avec cette lecture de BD féministe même si le fond demeure une triste vérité. J’ai peur également qu’on aille trop loin parfois dans un désir de vengeance. Même moi, je ne pense pas à mal quand j’offre une belle poupée Barbie à une petite nièce. Serais-je un jour condamné ?

    On perd progressivement la plupart de ces repères dans une société asexuée. A titre strictement personnelle, je m’abstiens de faire des bises aux collègues féminines même pour souhaiter la bonne année ou même de faire des compliments sur leur tenue vestimentaire. J’ai également connu une très mauvaise expérience avec une responsable hiérarchique féminine voulant se servir des hommes dans un soi-disant juste retour des choses.

    Il est vrai que cette lecture s’adresse prioritairement aux femmes qui doivent se libérer de leur carcan. Le combat des femmes a permis des avancées, mais il reste encore beaucoup à faire ! J’ai beaucoup de respect pour celles qui font avancer les choses en ce domaine. Je tiens à dire pour ne pas qu’il y ait d’équivoque possible que mon présent avis est à lire au second degré.

    Maintenant, sur le fond, je trouve que c’est bien d’expliquer les mécanismes sur le sexisme ordinaire au quotidien d’autant que l’auteure emploie également l’humour caustique afin de faire passer son message. Il y a une construction en 12 chapitres sur des thématiques différentes. C’est assez bien construit avec un dessin simple et coloré qui rend la lecture assez agréable. Cela pousse à la réflexion et c’est plutôt positif même si c’est parfois un peu polémique.

    Erik67 Le 02/02/2023 à 07:41:33

    C'est un bien triste témoignage d'une femme désabusée par l'amour de sa vie. Elle a 20 ans quand elle rencontre un homme divorcé avec deux enfants et qui a 16 ans de plus qu'elle.

    Je me dis qu'elle aurait pu profiter de sa jeunesse, de sa vie avec un homme aussi jeune qu'elle et libre de tout engagement. Non, elle va le suivre par amour véritable jusqu'à faire la popote et s'occuper des enfants. Mais quel gâchis !

    Il faudra attendre très longtemps avant qu'elle ne puisse avoir un seul enfant de lui. C'est ce qu'il va finalement lui rester à la fin. Elle va perdre progressivement son identité car elle va être totalement absorbée. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas par amour ! Parfois, cela va trop loin et l'amour devient alors toxique pour soi-même.

    J'avais peur d'un récit larmoyant qui vire dans le pervers narcissique ou la violence physique et domestique. Mais bon, c'est plutôt un homme tout à fait ordinaire avec une pointe de méchanceté et donc de la violence morale visant à rabaisser sa partenaire de vie. Evidemment, c'est crédible car beaucoup de couple vivent des désenchantements les années passant.

    C'est le genre de BD au graphique très pauvre car minimaliste. Je n'aime clairement pas ce trait épuré mais pour autant, j'ai tellement apprécié la sincérité du propos que cela emporte tout sur son passage. C'est une œuvre intimiste à lire car il constitue un triste et poignant témoignage de femme blessée par une forme d'amour.

    Je reste persuadé que l'amour véritable existe mais qu'il est très difficile à trouver. En l'occurrence, sans vouloir porter de jugement sur l'expérience de l'auteure, cet amour est plutôt de l'emprise et non l'amour. Mais bon, c'est tout un cheminement pour essayer de comprendre cette mécanique. Une lecture sur un sujet tabou qui peut incontestablement aider à y voir plus clair.

    Erik67 Le 01/02/2023 à 09:35:48
    Le jeune acteur - Tome 1 - Le jeune acteur 1

    Le contexte est celui d'un auteur de BD Riad Sattouf qui a réalisé un film à succès en 2008 intitulé « Les beaux gosses » en confiant le rôle principal à un collégien de 14 ans, le jeune Vincent Lacoste, qui fut alors repéré par le milieu du cinéma pour devenir l'un des acteurs les plus talentueux de sa génération.

    Oui, il est le découvreur d'un talent et a décidé de raconter cela dans une BD comme il a désormais l'habitude de le faire. Ce premier tome raconte précisément les coulisses des beaux gosses ainsi que l’histoire de Vincent et Riad avec un passage d'un point de vue à l'autre fort appréciable.

    On ne présente plus Riad Sattouf qui est l'auteur à succès de la série « L'arabe du futur » dont les tomes se succèdent depuis 2014 et où il raconte sa vie assez tumultueuse de la Libye à la Syrie pour terminer en France. Les prix et les distinctions ne se comptent plus pour cette série dont les ventes ont été exceptionnels dans le milieu de la bande dessinée avec près d'un million et demi pour les trois premiers volumes.

    A noter que l'auteur est resté proche personnellement et professionnellement de Vincent Lacoste dont on va suivre le parcours. Ce qui est étonnant est de découvrir que l'auteur réalisateur voulait un adolescent au physique ingrat un peu nigaud afin de pouvoir mieux s'identifier avec lui lorsqu'il était lui-même plus jeune. Il a fait un casting sauvage et il a récolté un adolescent de 14 ans qui était très mauvais comédien. Quand on songe au parcours de Vincent Lacoste en une décennie, on se dit quelle belle évolution !

    Au niveau de la BD, j'ai été content de retrouver sa patte car il y a un réel talent de l'auteur à être conteur et scénariste. Par ailleurs, il illustre à merveille son propos par un dessin à la fois expressif et drôle. Le trait est toujours d'une grande sobriété presque enfantine mais cela fait dans l'efficacité.

    En effet, la lecture est très agréable car d'une grande fluidité. On voit que l'auteur se met au service du récit en évitant le superflu. Je ne peux qu'être admiratif. Note maximale pour une fois.

    Au final, ces aventures de Vincent Lacoste au cinéma sont un vrai plaisir à lire entre humour et autodérision ! On ne s'ennuie pas et on attend la suite avec impatience ! Une vraie réussite ! Quand on aime Riad Sattouf et Vincent Lacoste, on ne se trompe pas !

    Erik67 Le 31/01/2023 à 07:18:52

    Il est sans doute le plus célèbre de la profession des douaniers : c'est le douanier Rousseau ! La compagnie créole avait d'ailleurs une chanson qui lui était consacré.

    En réalité, il s'agissait plutôt d'un peintre autodidacte français considéré comme le maître de l'art naïf. Ses toiles étaient moquées à cause de l'aspect enfantin. Pourtant, il y avait toute la maîtrise d'une technique particulière. Il fut l'un des premiers avant-gardiste qui a donné la voie à d'autres maîtres de la peinture tel que Picasso ou Gauguin.

    Certes, il fut surnommé le douanier Rousseau en raison de son ancienne profession certes éloigné du monde de l'art où il contrôlait l'accès des boissons alcoolisées sur Paris. Comme il était issu d'une famille modeste, il fallait bien vivre ! ll s'est familiarisé lui-même à la peinture. Il a produit un grand nombre de toiles qui représentent souvent des paysages de jungle alors qu'il n'a jamais quitté le territoire national.

    Il a été arrêté en novembre 1907 pour avoir été entraîné dans une affaire minable d'escroquerie par un ami, Louis Sauvaget, comptable dans une succursale de la Banque de France. Il fut même incarcéré à la prison de la santé à paris après avoir été jugé à la cour d'assises de la Seine. Il a été condamné à deux ans d'emprisonnement. La BD revient sur son procès où ses réponses à la justice paraissaient en total décalage comme s'il ne parvenait pas à comprendre la gravité de l'accusation. En réalité, c'était un artiste à la candeur désarmante.

    Voltaire disait que si les lois pouvaient parler, elles se plaindraient d'abord des gens de loi. Comme il avait bien raison car l'impunité touche souvent les notables quand les jugements sévères touchent le petit peuple. On se rend compte très vite que ce procès n'est qu'une mascarade de plus afin d'entacher la dignité d'un artiste. J'ai eu beaucoup de peine pour lui à l'énoncé d'un verdict vraiment inique.

    J'ai bien aimé cette biographie et cette approche originale par son procès pour découvrir qui il était vraiment. C'est réellement un beau portrait plein de charme et de sensibilité pour un agréable moment de lecture !

    Erik67 Le 30/01/2023 à 07:52:40
    L'oiseau d'or de Kainis - Tome 1 - Tome 1

    De temps en temps, j'aime bien me plonger dans la découverte d'un nouveau manga et pourquoi pas d'un shojo. J'aime bien passer d'un genre de BD à un autre afin de découvrir et d'apprécier toute la diversité d'un tel support.

    On va s'intéresser à Léa, qui est fille de pasteur, mais qui rêve de devenir une écrivaine de roman. Cependant, elle se heurte à un monde d'hommes qui considèrent que la littérature n'est que réservée à cette gente. Pour mener à bien son projet, elle est obligée de se déguiser en homme afin de rencontrer un éditeur qui peut lui ouvrir les portes d'une carrière d'auteur. Qu'est-ce que les femmes ne sont pas obligés de faire pour s'affirmer ! C'est l'inégalité des sexes qui est en œuvre.

    Je n'ai guère aimé ce côté où l'on doit cacher son identité de femme. J'aurais aimé une autre audace. Mais bon, l'héroïne se base, à juste titre, sur le fait que le sexe de l'écrivain va prédéterminer le jugement du public. Cependant, quand la société aura approuvé le livre, elle dévoilera sa véritable identité. Voilà le plan !

    Le thème reste semblable à celui d'une série comme « Arte » mais transposé à l'époque victorienne et remplaçant la peinture par la littérature. Le combat reste le même à savoir qu'une femme peut très bien réaliser de très belles œuvres artistiques ou littéraires. Il faut le prouver dans une société machiste où les femmes sont jugées inférieures et moins intelligentes.

    Il manque un peu de subtilité et de profondeur. Par ailleurs, le trait reste assez naïf. Mais bon, on est quand même embarqué pour suivre Léa qui se prend pour Alan. Il va faire la rencontre d'un homme qui se prend d'amitié pour lui. Que se passera t-il lorsqu'il découvrira sa véritable identité ? Bref, il y a des ressorts qui nous tiennent en haleine d'autant que la fin de ce premier tome termine sur un véritable cliffhanger.

    A noter que le titre de ce manga n'est pas représentatif de celui-ci. On ne comprend pas encore la signification. Cela viendra peut-être dans les prochains tomes.

    En tous les cas, cela donne véritablement envie de continuer à suivre cette série qui débute fort bien.

    Erik67 Le 29/01/2023 à 10:52:52
    Movie ghosts - Tome 1 - Sunset, et au-delà

    J'ai conscience que mon avis divergent va dénoter un peu de toutes les louanges à propos de cette BD mais j'assume entièrement.

    L'idée de Stephen Desberg était de remettre en lumière l'âge d'or hollywoodien en nous montrant également les espoirs déçus de certaines actrices ayant connues alors un destin funeste mêlé de trahison et de drame.

    Il met en scène un genre de détective Jerry Fifth qui croit pouvoir entendre les voix des morts qui lui causent. C'est en tout cas la théorie que lui souffle un homme travaillant pour les studios sur le comptoir d'un bar un soir de mauvaise nuit. Et le voilà embarqué dans une affaire assez sordide qu'il parviendra malgré tout à résoudre.

    La première partie étant terminée au bout de 30 pages, on enchaîne avec un autre mystère à élucider comme si de rien n'était avec toujours la même toile de fonds à savoir aider des âmes en détresse dans la cité des anges.

    On apprendra en fin d'album que l'auteur Stephen Desberg avait des parents qui ont contribué à la création de cet âge d'or avec notamment un père travaillant pour la puissante MGM.

    C'est sans doute parti d'une bonne idée mais qui au final ne s'est pas bien réalisée au niveau de cet album d'un ennui mortel où il manque beaucoup de cohérence et de consistance. Et puis, il faut dire que cela a été maintes fois exploité. On se souvient du film « Le sixième sens » par exemple. Au final, cela demeure assez stéréotypé.

    Il reste néanmoins une certaine ambiance et des plans de toute beauté avec un encrage aux couleurs froides qui nous parviennent à restituer l'atmosphère de l'époque dans une ville qui a tant fait fantasmer les gens. Oui, on est parfois rattrapé par les drames surtout dans le milieu du cinéma américain.

    Je dirai que cela peut convenir à des lecteurs qui s’intéresse aux âmes égarés des actrices hollywoodiennes. Pour ma part, je crois qu'il y a sans doute d'autres sujets plus importants dans le monde actuellement. Bref, une œuvre que j'ai trouvé décevante car confuse et ennuyeuse.

    Erik67 Le 28/01/2023 à 09:09:49

    Pour lire cet album d'Anaïs Nin, il m'a fallu beaucoup de patience au niveau de son prêt auprès d'une médiathèque. Il peut arriver parfois que vous attendiez de longs mois de réservation mais que le lecteur qui vous précède ne rende finalement pas l'ouvrage en question. Il me semble qu'on n'envoie pas d'huissier pour cela. Au bout du compte, il m'a fallu passer par une autre médiathèque. Voilà pour la petite histoire.

    Ce titre a plutôt été plébiscité par le public des lecteurs. Cela a tout de suite attiré mon attention. Alors, est-ce que l'attente valait le coup ?

    On fait la connaissance d'une charmante jeune femme tiraillée entre plusieurs cultures et qui s'invente un nouveau langage au milieu des années 30 dans un Paris ouvert sur le monde artistique.

    Elle souhaite devenir écrivain comme une échappatoire à une société fortement masculine. Son journal intime va devenir sa drogue et son compagnon. Il faut dire qu'elle n'est pas très heureuse avec son mari banquier qui a renoncé à ses rêves d'artiste ce qui ne l'enchante guère.

    Elle refuse de monter sur scène alors qu'elle maîtrise totalement la danse du flamenco. Une femme qui se montre est une putain. Elle se mets des interdits à sa propre liberté, à sa propre expressivité. Puis, elle se libère enfin de ses carcans et c'est un véritable voyage érotique d'homme en homme qui va la faire grandir. Il y a tout un cheminement pour mener à l'éclosion artistique ou à la recherche de sa propre personnalité.

    J'ai trouvé le dessin d'une grande sensualité dans les traits avec des personnages vraiment expressifs comme je les aime. J'aime le mouvement et non la rigidité des traits fixes. Cet album m'a littéralement comblé sur le plan graphique.

    Sur le fond, j'ai beaucoup aimé cette biographie qui est totalement différent de ce que j'ai pu déjà lire dans la démarche ce qui constitue une réelle originalité qui distingue cette BD de toutes les autres. C'est à la fois passionnant et intime.

    Je mets un gros bémol cependant sur la scène incestueuse avec le père dont elle tombe pourtant amoureuse avant de se raviser. On ne saura jamais s'il s'agit de la réalité ou d'un mensonge de plus dans sa vision fantasmée des hommes. Cependant, c'est le choix artistique de l'auteur qu'il nous faut respecter.

    En tous les cas, un beau portrait de femme sensuelle certainement en avance sur son temps en terme de poly-amour mais dénué parfois de toute moralité. C'est entre une grande fragilité mais également une parfaite maîtrise de la sensualité. Oui, c'est réellement une femme libérée sans vouloir rechanter le refrain de « la reine des neiges » pour vous épargner.

    Au final, une vision totalement magnifiée d'Anaïs Nin, qu'on acceptera ou pas selon ses convictions profondes. Cela ne laissera personne indifférent. Une lecture plaisante et construite avec qualité.

    Erik67 Le 27/01/2023 à 07:31:02

    Voilà ce qu'on pourrait appeler une véritable comédie sexuelle. La scénariste Clotilde Bruneau est connu pour son travail de longue haleine sur la collection « La sagesse des mythes ». Là, elle change littéralement de registre. C'est juste un peu plus libérée et plus adulte !

    On va suivre une trentenaire Daphnée qui se réveille assez mal d'une cuite monumentale. Elle voit du sexe partout, mais vraiment partout que cela soit dans la rue ou à son travail ce qui peut poser de sérieux problème surtout en pleine réunion. Elle est même obligée de consulter un docteur et cela continue de plus belle ! A-t-elle l'esprit mal tournée comme l'indique le titre de cette BD de la collection porn pop ?

    Les thèmes sont ceux de la libido, des fantasmes, du désir également. C'est joliment mise en image dans un humour assez décapant.

    C'est intéressant de voir tout un quotidien qui devient sexualisé. Au-delà de l'absurdité, c'est un autre regard sur la sexualité au féminin. J'ai trouvé cette idée très sympathique d'autant que l'exploitation est fort bien réussie.

    Certes, il ne faut pas être prude pour lire cette BD mais parfois, cela fait du bien d'avoir quelque chose d'originale et de mâture sans tomber dans le porno chic. Excellent, et surtout très drôle.

    Erik67 Le 26/01/2023 à 07:39:15

    Voici une BD qui va nous conter la biographie de Fritz Lang qui fut un grand cinéaste d'origine austro-hongroise. Ce dernier va devenir américain afin de fuir la folie meurtrière qui s'est emparée de son pays et de l'Europe.

    Son œuvre fut assez grandiose en terme d'apport au cinéma mondial. Il développa des thèmes comme la manipulation des foules par un surhomme ce qui n'est pas sans rappeler la triste réalité de l'époque. Cela sera le « Docteur Mabuse » avec l'envie de possession et de pouvoir.

    Il abordera également une esthétique expressionniste qu'on retrouvera dans la plupart de ses œuvres. Il faut savoir que son premier amour est la peinture qu'il abandonna pour le cinéma quand d'autres ont choisi une voie plus politique. Les beaux-arts mènent à tout ! Cette œuvre va d'ailleurs montrer en parallèle les deux trajectoires, celle du cinéaste et celle du futur dictateur. J'ai bien aimé cette démarche qui inscrit cette biographie dans son époque pour mieux la comprendre.

    On se souvient de son film monument à savoir Métropolis qui fut un échec financier retentissant mais qui a assuré à l'auteur une postérité sans pareille. Le thème est totalement inédit comme un regard plongé dans le futur. C'est la vision prémonitoire d'une ville futuriste coupée en deux parties distinctes selon le rang social de ses habitants à savoir les riches et les pauvres.

    On sait qu'il a participé à la Première Guerre Mondiale en qualité d'officier dans l'armée austro-hongroise alliée à l'Allemagne du Kaiser Guillaume II. Il y sera blessé par deux fois. Il commencera l'écriture pour le cinéma au cours de sa convalescence. Plus encore, il va se révéler assez compétent avec un goût assez raffiné.

    Sa période allemande durera jusqu'en 1933 où il produira bon nombre de films muets. Son premier film parlant sera d'ailleurs « M le maudit » en 1931 ce qui est repris sous forme de clin d’œil dans le titre de cette BD.

    A noter qu'il préférera quitter l’Allemagne nazie afin de ne pas se compromettre ce qui ne sera pas le cas de son épouse Théa qui rejoindra le parti nazi afin de permettre à l'Allemagne de reconquérir sa dignité perdue. Il faut également dire que la première épouse a préférer se suicider au pistolet en pleine poitrine en découvrant l'infidélité de son mari en plein ébat avec sa scénariste à Berlin en 1920.

    Bref, l'ami Fritz a eu une vie pour le moins tourmentée ce qui se reflétera dans ses films avec des thèmes comme la mort, le suicide, la peur, la culpabilité et l'horreur. Fritz Lang a été reconnu par ses pairs et par le public comme un des cinéastes les plus importants du XXe siècle. C'est dire ! Il a réinventé le cinéma en lui donnant une autre dimension.

    Parfois, une BD peut vous apporter des informations assez utiles pour comprendre le cinéma qui forme un grand pan de la culture mondiale. Un mot sur le dessin pour dire qu'il est superbe avec une bonne utilisation de la couleur à très bon escient. C'est un album assez captivant que voilà avec une âme et une direction très intéressante à savoir la construction d'un monstre pour un pays tel que l'Allemagne.

    Erik67 Le 25/01/2023 à 07:32:38

    Le livre le plus vendu en 2022 est une BD à savoir « Le monde sans fin » de Blain et Jancovici entre miracle énergétique et dérive climatique. Beaucoup d'auteurs vont s'engouffrer dans cette nouvelle manne pour nous proposer leur vision des choses afin de sortir du marasme actuel et de la crise énergétique qui menace nos foyers.

    Voici donc le mirage de la croissance verte et non le miracle. Certains y croiront fermement quand d'autres fustigeront ces idées qui peuvent mener tout un pays au désastre en témoignerait la gestion calamiteuse des grandes villes françaises où les partis écologiques ont pris la majorité. Moi, je dis qu'il faut écouter ce qu'ils ont à dire pour essayer de nous en sortir. Il ne s'agit pas forcément d'y souscrire aveuglément. C'est un sujet brûlant et c'est bien le cas de le dire !

    Certes, il y a le constat de la peur à savoir la destruction de la nature, le réchauffement climatique, la crise économique avec ses laisser pour compte. Visiblement, l'auteur nous fait la démonstration de manière assez amusée qu'on ne pourrait tout simplement pas combiner développement économique et la préservation de l'environnement car c'est antagoniste. A moins d'accepter la décroissance !

    Ecologie et croissance ne fonctionne généralement pas ensemble. Faut-il revenir à l'âge de pierre en évitant de consommer trop ? Faut-il baisser drastiquement la population mondiale en employant les grands moyens ? Ou, au contraire, faut-il chercher la croissance avec les dents ? Bref, une multiplication de questions et de décisions difficiles à prendre tant c'est complexe.

    Si on pouvait rouler en voiture avec du jus de carotte, cela serait certes le top mais ce n'est pas très réaliste. Les énergies renouvelables sont sans doute l'avenir car elles ne polluent pas. Cependant, cela coûte très cher pour un résultat concret encore incertain sur une très grande échelle. Bref, c'est comme un mirage quand il faudrait un miracle.

    On comprend que si les efforts individuels sont louables, ils ne seront pas suffisants pour lutter contre le réchauffement climatique. En effet, l'essentiel de la réduction de nos émissions dépendra de la capacité du système à se réformer à l'échelle mondiale ce qui n'est absolument pas gagné avec des pays comme la Chine ou les Etats-Unis.

    L'auteur donne une vision assez pessimiste du monde de demain avec l'épuisement de nos ressources et il n'a sans doute pas tort au vu des constats actuels. J'ai bien aimé la sincérité de sa démarche en nous présentant une vision qui n'est finalement pas si éloignée de Blain et Jancovici qui furent d'ailleurs très critiqué.

    Sinon, cela ne se lit pas aussi agréablement que cela car il faut prendre des poses pour bien comprendre chaque idée, chaque concept. C'est comme si on faisait un devoir de mathématique. Bref, ce n'est pas de la lecture divertissement malgré une bonne dose d'humour dans les situations décrites. Mais bon, le sujet étant grave, on peut le comprendre.

    Un mot sur le graphisme pour dire qu'il parait assez simpliste au premier regard. Cependant, j'avoue avoir bien aimé ce trait qui confère une réelle dynamique à l'ensemble avec également une bonne utilisation des couleurs.

    Au final, c'est une BD documentaire assez sérieux et complet sur la problématique de l’écologie. Evidemment, c'est à lire pour bien comprendre tous les enjeux et surtout que les solutions ne sont pas simples.

    Erik67 Le 24/01/2023 à 07:24:35

    L'auteure taïwanaise (pour ne pas dire chinoise) Wu Yushi décrit dans la préface que c'est un rêve pour elle de partager son œuvre avec le public français et qu'elle aimerait bien avoir notre avis en retour mais par télépathie. J'ai essayé mais je n'y suis pas arrivé. Je préfère écrire alors le présent avis.

    Nous avons une jeune fille de 17 ans sur le point de se suicider mais qui rencontre une sirène avec qui elle va passer un marché. La sirène l'aidera à mourir paisiblement si notre héroïne parvient à la mettre en contact avec la personne qu'elle aime. Il faut savoir qu'en France, aider au suicide, est un véritable crime assorti d'une peine d'emprisonnement. Je ne crois pas que ce marché soit si judicieux.

    Par la suite, on va vite s'apercevoir que la sirène se transforme en homme. Les sirènes ne sont plus ce qu'elles étaient par le passé ! Bienvenue dans une nouvelle époque !

    La déception vient vite rompre ce récit qui se dirige vers des amourettes de lycéennes sans aucune profondeur d'esprit. Pourtant, les thèmes sont le suicide, le harcèlement scolaire, la solitude, le passage à l'âge adulte. Bref, que du sérieux mais c'est traité de façon si légère.

    Les scènes s'enchaînent sans véritable force ou lien dans un découpage assez mauvais. Même le graphisme ne me semble pas raffiné. C'est d'une grande platitude sans aucune surprise de taille. Rien pour nous faire vibrer.

    Pour autant, la moralité de tout cela est de survivre à ses peines et à ses malheurs car un jour ou l'autre, le bonheur peut finir par arriver. C'est beau dans le message pour la jeunesse qui est clairement le public visé. Mais qu'est-ce que je fais là ? La couverture sans doute mais elle vendait du rêve !

    Je suis allé jusqu'au bout de l'album mais j'ai été content de pouvoir enfin le refermer.

    Erik67 Le 23/01/2023 à 07:25:22

    Le chant du temps inversé est un très beau titre. En fait, il s'agit d'une boutique geek dans laquelle travaille une adolescente extravertie à savoir Pandora (également nom d'une célèbre planète où vivent des Na'vi). Elle va faire la rencontre du timide Paul.

    J'ai bien aimé cette romance sentimentale qui dégage vraiment au final quelque chose de très intéressant et de touchant à la fois. C'est véritablement connecté avec notre monde très diversifié. Et puis, il y a ce personnage féminin à la très forte personnalité mais qui cache également ses faiblesses et sa tristesse de la perte d'un être cher.

    A noter qu'il s'agit de l'une des premières œuvres de l'auteur Galaad qu'il faudra suivre à l'avenir. Il fait partie de cette tendance de nouveaux qui arrivent avec des idées modernes et qui apportent une certaine fraîcheur qui fait du bien pour le renouvellement. A noter qu'il est un dessinateur corse recensé dans le monde des comics américains. Il s'éloigne du monde des dragons et de la fantasy pour un roman graphique à l'érotisme tendre entre amitié et amour.

    L'univers graphique est clairement entre le comics et le manga dont l'auteur s'inspire incontestablement. J'aime vraiment cette encrage dans notre réalité pour mieux comprendre le monde. Certes, on pourra dire que cela se rapproche du style d'un certain Bastien Vivès mais ce n'est pas forcément une insulte car ce dernier a également ses adeptes.

    Au final, j'ai beaucoup aimé cette tranche de vie certes fugace mais très agréable.

    Erik67 Le 22/01/2023 à 09:33:22

    Je ne connaissais pas du tout Joseph Kessel qui était un grand romancier français, membre de l'académie française. Engagé volontaire comme aviateur pendant la Première Guerre Mondiale, il tire de cette expérience humaine son premier grand succès littéraire à savoir « L'Équipage » qu'il a publié à seulement 25 ans.

    C’était un globe-trotter, un voyageur infatigable qui fit plusieurs fois le tour du monde. Le Lion a été écrit en 1958 au retour de l'un de ses séjours au Kenya : l'administrateur d'une réserve naturelle lui a raconté que sa fille avait élevé un lion qui était devenu son ami.

    Cette BD va débuter par un épisode peu connu de sa vie lorsqu'il avait 20 ans en 1918 et qu'il est à l'autre bout du monde en Sibérie à Vladivostok. On va le suivre également en Afrique dans des aventures qui vont forger petit à petit sa légende de journaliste à aviateur, de soldat à écrivain. Bref, c'est organisé en petit chapitre sur des séjours différents à des moments importants de sa vie.

    On en retire que c'est bien une vie hors du commun des mortels et que les voyages forment la jeunesse et parfois de grands écrivains. Aujourd'hui, des établissements scolaires portent son nom ainsi que de nombreuses rues. Cette BD m'a permis à titre personnel de combler une grosse lacune en littérature.

    Le dessin est assez agréable rendant la lecture plus facile malgré un côté assez austère dans la colorisation. Cependant, il m'a manqué un petit quelque chose pour s’élever davantage et me faire réellement vibrer. Cela reste tout de même une biographie bien documentée.

    Erik67 Le 21/01/2023 à 09:47:35
    Les reflets du monde - Tome 1 - En lutte

    Fabien Toulmé est actuellement un auteur que j'apprécie suivre tant ses œuvres antérieures m'ont marqué : « Ce n'est pas toi que j'attendais », « Les deux vies de Baudouin » ou encore « L'odyssée d'Hakim ». Il arrive à nous sensibiliser sur différents sujets de société à travers des histoires réellement passionnantes.

    En l’occurrence, on va partir à la découverte du monde à travers trois combats portés par des citoyennes. Il s'agit de décrypter trois résistances populaires des plus remarquables : une lutte citoyenne au Liban, le combat d'une favela brésilienne contre un projet immobilier et l'engagement d'une militante féministe au Bénin. Notons que les femmes tiendront un rôle central puisque c'est elles qui mèneront la lutte.

    J'ai toujours eu de l'admiration pour les gens qui essayent de faire changer les choses de manière pacifiste et positive pour le plus grand bien de l'humanité. Il s'agit de lutter pour la justice sociale et contre les inégalités. Il est vrai que c'est plus difficile dans des pays qui ne connaissent pas la démocratie et qui répriment toute opposition. La mobilisation a souvent un coût.

    On commence par le Liban, ce pays qui fut autrefois un protectorat français et qui est devenu indépendant depuis 1943 le laissant en proie à des rivalités internes très fortes entre les factions chrétiennes et les musulmans. L'instauration d'une taxe sur whatsapp pour renflouer les caisses de l'Etat a mis le feu aux poudres comme ce fut d'ailleurs le cas en France avec les gilets jaunes et la taxe sur le carburant. C'est l'accumulation de toutes les frustrations pour le peuple qui fait que cela éclate.

    Oui, partout dans le monde, les pauvres gens en ont marre de payer pour une classe politique grassement payée et qui profite allègrement du système. A noter le mémorable discours méprisant du président Michel Aoun qui a mis de l'huile sur le feu.

    Malheureusement, le mouvement de la Thawra s'est essoufflé laissant place à la résignation et le pays a été plongé dans une grave crise économique sans précédent où manger devient un luxe. Cependant, même en cas d'échec, cela fait bouger les lignes même assez subtilement et surtout, cela laisse des traces à plus ou moins long terme.

    On continue par le Brésil des favelas à l'occasion d'un programme de réhabilitation d'un centre-ville où il faut expulser des gens d'une communauté. Le processus de gentrification qui permet une amélioration des conditions de vie se fait souvent au détriment des plus pauvres. Derrière les beaux discours politiques se cachent une autre réalité pas très reluisante. Il y a un combat de femmes qui ont une vision plus collective des choses loin des intérêts individuels. Elles proposent une autre alternative moins destructrice et plus respectueuse de l'environnement local. Le projet est pour l'instant suspendu à un recours juridique.

    Enfin, le troisième voyage mène notre auteur en Afrique et plus précisément au Bénin, un pays qui arrive en 158ème position sur 189 dans le dernier classement des inégalités hommes-femmes établi par les Nations-Unis. Il y a une véritable problématique des grossesses précoces qui poussent les jeunes filles à quitter l'école très jeune et qui sont par conséquent un frein à leur autonomisation.

    Il faut dire que les garçons sont éduqués à être des chefs et à faire ce qu'ils veulent des femmes une fois mariés. C'est donc par l'éducation à l'école que se fait la lutte à coup de sensibilisation pour changer la mentalité de la société béninoise axée sur la tradition africaine. Il s'agit d'évoluer et non d'effacer la culture béninoise. Le droit des femmes gagne tout doucement du terrain et c'est encourageant.

    En conclusion, je dirai que l'auteur a du talent, c'est incontestable car il arrive avec des mots simples à nous faire comprendre des situations plutôt complexes qui échapperaient à la compréhension populaire. Cela apporte des éclaircissements plutôt notables. Pn voit également qu'il ne juge pas et qu'il essaye de rester neutre même s'il est parfois admiratif de ces femmes qui combattent pour des causes justes.

    J'aime beaucoup le dessin qui fait dans la lisibilité et qui me semble être très réussi techniquement. Il est très agréable à regarder dans une ligne claire semi-réaliste. A noter une narration toujours aussi fluide qui concourt à cette nouvelle réussite.

    C'est encore le genre de BD profondément humaine à mettre entre toutes les mains.

    Erik67 Le 20/01/2023 à 07:42:36

    Pour une fois, je peux dire que je connaissais cette histoire à savoir celle de l'évadé le plus célèbre d'Amérique. Il fallait le faire pour s'extirper d'Alcatraz où plus d'une trentaine d'évasion avait échoué rendant celle-ci quasi-impossible du fait de sa situation géographique en plein courant marin.

    On se souvient également qu'un certain Clint Eastwood avait repris le rôle de Frank Lee Morris dans l'évadé d'Alcatraz. On retrouvera d'ailleurs cet épisode assez savoureux dans la BD dans une excellente mise en perspective.

    Frank Lee et ses complices sont présumés morts noyés mais ils n'ont jamais été retrouvés ce qui a donné lieu à bon nombres d'hypothèses spéculatives. En effet, les trois hommes étaient des criminels multirécidivistes et étrangement ils n'ont plus jamais été arrêtés. C'est dingue de mettre un terme comme cela à une carrière de bandit.

    On disait de cet endroit qu’il était le plus sûr du pays. Pourtant, en 1962, trois compères sont parvenus à le faire déjouer. Cela va même provoquer la fermeture ce cet établissement pénitencier de légende qui avait accueilli en son sein un certain Al Capone. Bon, c'est devenu l'une des attractions les plus populaire de San Francisco. Sans regret !

    Bref, cela reste un mystère toujours non élucidé qui donne lieu à une nouvelle version dans cette BD qui envisage l'après-Alcatraz. En effet, on part du postulat que les fugitifs auraient pu très bien survivre sans être avalé par l'océan, qu'ils auraient pu rejoindre la rive.

    J'ai beaucoup aimé la direction prise par cette BD qui va ne s'intéresser qu'à un seul des évadés à savoir Frank Lee qui fut le cerveau présumé de cette évasion spectaculaire. Il est question d'un village situé non loin de San Francisco à savoir Bolinas dont les habitants enlèvent les panneaux d'indication pour être tranquille.

    La maxime de cette oasis de paix est « pour vivre heureux, vivons cachés ». Qui irait chercher l'évadé le plus célèbre du pays dans un lieu aussi proche à vol d'oiseau de la prison d'Acaltraz ? C'est une excellente hypothèse qui m'a paru assez crédible bien que le récit soit fort romancé.

    Et puis, les auteurs font le portrait d'un homme qui se reconstruit après le drame de ces emprisonnements successifs qui auront duré tout de même 17 ans pour à la base un vol avec une fausse arme. Il faut dire que Frank Lee avait déjà effectué 4 tentatives d'évasion dans divers pénitenciers avant de se retrouver à Alcatraz.

    Un mot sur le graphisme pour dire qu'il est dynamique et détaillé avec un trait acéré et une bonne utilisation des couleurs assez variées. J'ai bien aimé également la mise en page qui rend la lecture agréable.

    On suivra avec un grand plaisir la légende Frank Lee qui ne désire qu'une seule chose à savoir se faire oublier. A noter un véritable documentaire en fin d'album qui donne des précisions assez utiles pour bien comprendre le contexte.

    Pour ma part, j'ai été séduit par ce récit sur un mode polar. Très agréable à lire et plutôt captivant, voilà une BD que je conseillerai.

    Erik67 Le 19/01/2023 à 07:41:48

    C'est le genre de récit autobiographique qui fait figure surtout de pansement pour son auteur Glenn Head. En effet, ce dernier raconte l'expérience de sa vie d'enfance dans un pensionnat où il fut abusé sexuellement au début des années 70 à savoir le fameux manoir de Chartwell. C'est une véritable thérapie dont il s'agit avec des blessures dont on ne peut guérir totalement mais il faut apprendre à vivre avec.

    Une question légitime peut se poser. Avons-nous, en qualité de public, la volonté et le courage de partager ces moments de vie désagréables avec l'intimité d'un auteur ? La BD n'est pas que distraction. Elle peut emprunter d'autres voix...

    Il est vrai qu'avec un tel titre, on peut penser qu'on lit une histoire féerique ou même horrifique se passant dans un manoir. La couverture assez enfantine est assez trompeuse sur l'objet et le sujet.

    Bref, il s'agit d'être tout simplement en phase avant d'entamer cette lecture qui ne fera pas dans le réconfort. L'auteur est passé par des milieux assez glauques avant de terminer ce récit bouleversant.

    Le manoir de Chartwell est un pensionnat pour garçons situé dans le New Jersey dirigé par un expatrié anglais voulant faire régner la discipline par une bonne fessée et un soi-disant code de l'honneur. Bref, il n'y a pas que les prêtres qui sont des pédophiles. On découvrira toute l'horreur d'un tel système scolaire.

    Evidemment, on ne peut que compatir pour ce que ces jeunes garçons ont subi de la part d'un adulte obscène et pervers. Le récit est sur un mode authentique et sincère. La crudité de certaines situations peut choquer surtout à l'heure où il y a une véritable chasse aux sorcières contre certains auteurs comme Bastien Vivès par exemple.

    L'absence de dialogue concret entre la victime et ses parents qui auraient permis de débloquer la situation est absolument manifeste. Certes, cela se produira une fois que les faits seront passés mais la réponse de la mère ainsi que du père ne sera pas adéquate, bien au contraire. Comment peut-on fermer les yeux sur son passé et avancer comme si de rien n'était ? Faire avec ne suffit pas !

    J'ai trouvé ce comics underground parfois un peu trop long surtout dans sa seconde partie. Pour autant, c'est une lecture qui constitue un témoignage poignant d'un phénomène de société hélas trop courant.

    On en retire que beaucoup de vies peuvent être gâchées pour avoir subi de telles choses immondes lors de sa jeunesse et qu'il convient d'être particulièrement prudent afin de protéger les siens de tous ces prédateurs sexuels.

    Erik67 Le 18/01/2023 à 07:42:16
    Harlem (Mikaël) - Tome 1 - Harlem 1/2

    Je retrouve l'auteur Mikaël de nouveau à New-York après son fameux « Giant » sur un homme qui construit des gratte-ciel. Là, on va s’intéresser plus particulièrement au quartier noir de Harlem.

    Encore une fois, c'est le rythme qui fait défaut. Il y a parfois des moments où les cases de dialogues sont surchargées puis deux trois pages assez contemplatives. Il manque une espèce d'équilibre en évitant par exemple les bavardages inutiles.

    Un bon point pour le dessin qui est tout à fait magnifique car il souligne parfaitement l'atmosphère de la Grande Dépression des années 30 aux Etats-Unis avec une colorisation très sombre.

    On découvre le portrait d'une femme noire à savoir Queenie, d'origine française, qui va faire marcher le business dans ce quartier pauvre sur une activité de loterie illégale qui ne faisait pas concurrence à la drogue ou à l'alcool. Elle sera en lutte contre un mafieux hollandais Dutch Schultz qui tente de conquérir son territoire et à prendre le contrôle de la loterie qu'il avait auparavant totalement ignoré. Stéphanie St Clair, de son vrai nom, a bâti un véritable empire criminel qui règne sur Harlem tout en protégeant ses habitants des exactions des policiers et en leur fournissant du travail à une époque de grande crise.

    Le véritable exploit de cette femme cultivée et déterminée est d'avoir occupé un terrain qui était véritablement réservé qu'aux hommes blancs. Pour une femme de couleur, c'est un véritable exploit car elle est l'exception à la règle !

    Visiblement, cela ne serait pas la première biographie sur cette femme d'exception car un titre est déjà paru en août 2021 à savoir «Queenie, la marraine de Harlem ». Ce présent titre est sorti quelques mois plus tard en Janvier 2022. On peut dire qu'il y a de la concurrence. Queenie, la marraine de Harlem

    Au final, c'est un bel album qui met en valeur le New-York des années 30 avec une belle reconstitution du cadre social. En effet, le quartier de Harlem fut le principal foyer de la culture afro-américaine. Cela va même devenir l'un des centres de la lutte pour des droits civiques.

    La BD se concentre sur la lutte de pouvoir. St. Clair et son homme de main et amant, Ellsworth Johnson refusèrent de se laisser faire par Schultz. Elle se plaignit aux autorités locales qui la firent arrêter. Elle répliqua en publiant un article dans le journal accusant des officiers de la police de corruption.

    Par la suite, la commission Seabury démit plus d'une douzaine d'officiers. La guerre des territoires continuait et l'amant dû se rapprocher d'un mafieux italo-américain Lucky Luciano pour régler le problème Schultz. Cela se terminera dans un bang de sang avec le fameux télégramme « on récolte ce qu'on a semé » qui fit les gros titres à travers le pays.

    J'ai eu également plaisir de découvrir l'histoire vraie de Stéphanie St Clair qui est parti de la misère pour construire un rêve américain mais sur fond de gangstérisme. Suite et fin dans le second tome.

    Erik67 Le 17/01/2023 à 07:22:12

    On ne peut pas dire que cette BD est en avance sur son temps. Beaucoup de lecteur n'ont en effet pas connu André Malraux qui fut le Ministre de la Culture du Général de Gaulle lors du début de la Vème République. C'était un écrivain, un aventurier, un homme politique anti-fasciste et un intellectuel français.

    On découvre les travers de ce ministre assez fantasque ce qui donne lieu à un épisode des plus truculents à savoir le prêt du tableau le plus célèbre au monde qui va traverser l'Atlantique sur le paquebot France. Le Ministre de la culture va assister personnellement à ce transfert ce qui donne lieu à des situations plutôt cocasses. On est sur un mode clairement loufoque.

    On assistera également en toile de fond à la critique à peine voilée de cette personnalité publique et mondaine qui donne lieu aujourd'hui à des noms de rues, d'avenues et de médiathèque à travers tout le pays comme pour lui témoigner un hommage à son apport considérable à la culture. Il fut par exemple un résistant de la dernière heure mais qui cacha bien ce fait pour montrer qu'il l'a fait au début de ce conflit en 1940.

    J'ai trouvé l'ensemble de cette comédie burlesque et vintage assez sympathique mais sans le réel plus qui aurait fait la différence. Pour autant, cela nous permet d'avoir un regard plutôt amusé sur ce grand homme qu'était André Malraux dont les cendres reposent au Panthéon.

    Erik67 Le 16/01/2023 à 07:28:08

    Non mais vous l'entendez celui-là ! Al Capone se définit comme un honnête entrepreneur ayant offert des milliers de postes à des gens pauvres d’origine italienne des quartiers de Brooklyn et de Chicago dont il faisait originellement partie. On aurait presque envie de le plaindre si ce n'était pas l'un des plus grands malfrats du XXème siècle.

    Il est quand même soupçonné du meurtre d'une quarantaine de personnes et commandité plusieurs centaines d'autres. Nous avons droit à son témoignage en direct auprès de sa pauvre et vieille Mamma derrière les barreaux de la prison d'Alcatraz. Evidemment, le témoignage est purement subjectif. Cependant, on se rend compte que la vérité n'était pas forcément toute rose concernant les forces de l'ordre qui l'ont traqué.

    J'ai beaucoup aimé ce graphisme très coloré et en rondeur qui donne envie de lire cette biographie dont la démarche est tout à fait audacieuse. C'est vrai qu'il y a le mythe mais également l'homme qui est derrière et que l'on découvre sous un jour nouveau.

    Au final, voilà une lecture qui ne laissera pas indifférent. Les histoires de gangster et autres malfrats n'ont pourtant pas ma faveur. Cette œuvre fait figure d'exception tant c'est bien réalisé sur le mode de la confession entre mensonges et réalité.

    Erik67 Le 15/01/2023 à 09:09:16

    Les recettes de famille ne sont pas toujours les meilleurs dans le sens éthique du terme. C'est ce que nous apprendra cette BD au final.

    Il faut dire que tout commence par un héritage presque inespéré qui provoque un changement de vie pour deux jeunes hommes radicalement différents qui vivent au fin fond de la campagne écossaise. Il s'agit de quitter le joug de la mère qui vit en autarcie dans la méfiance du monde afin de pouvoir s'affranchir et prouver ce dont on est capable.

    Les deux frères Rowan et Tulip vont s'associer pour le meilleur et pour le pire. L'un se rêve d'être un grand restaurateur londonien décrochant les étoiles et faisant du business quand l'autre exploite la terre afin de fournir l'affaire en produits bio. Tout va bien fonctionner pendant un certain temps mais l'ambition démesurée de l'un des frères va entraîner le drame et la chute.

    J'aime bien ce genre de BD où le héros n'est pas celui que l'on croit. Il y a toute une évolution assez intéressante à suivre d'autant que cette histoire ne manque pas de piquant.

    J'ai bien aimé le style graphique dont les couleurs vives et expressives ont donné un peu de tonus à l'ensemble. Cela se laisse lire assez facilement malgré le nombre impressionnant de pages. On ne s'ennuie pas au cours de cette dégustation à base de champignons.

    Voilà un véritable polar gourmand qui fait dans l'exquis. C'est un très bon plat à consommer sans modération.

    Erik67 Le 14/01/2023 à 09:26:04

    Qui ne connaît pas la célèbre Agatha Christie ? C'est une romancière qui est devenue la reine du roman policier. Ses livres se sont d'ailleurs vendus à plus de 2 milliards d’exemplaires, ce qui fait d'elle, le deuxième auteur le plus vendu au monde après William Shakespeare, c'est dire ! Elle a vécu 85 ans et plus précisément de 1890 en pleine époque victorienne à 1976 et elle a écrit près de 66 romans, n'arrêtant jamais de travailler.

    Pour autant, que connaît-on véritablement de la femme derrière l'écrivain ? Pas grand- chose à vrai dire. Cette BD constitue sa véritable biographie au-delà de ses romans.

    Cela commence d'ailleurs par l'enfance où tout un long chapitre lui est consacré. On se rend compte qu'elle naquit dans un milieu assez privilégié et que cela lui a sans doute permis de donner libre court à son imagination. On parle toutefois d'une enfant gâtée qui n'a pas voulu grandir. On peut y voir également une enfant espiègle.

    On se souvient surtout qu'en 1926, elle a mis en scène sa propre disparition ce qui lui valut un immense coup de publicité avec une presse acharnée. Pour autant, cela faisait suite à la disparition de mère et à l’infidélité de son mari. Son premier mariage est en effet un échec. Elle se remariera en toute discrétion avec un homme beaucoup plus jeune en 1930, loin du regard des médias.

    On peut dire qu'Agatha Christie a rénové le roman policier en fabriquant des intrigues complexes dans lesquelles le coupable n'est démasqué qu'au terme d'une enquête fournissant toujours une fin des plus originale.

    Au cours de notre lecture, on verra petit à petit des indices qui ont construit tout l'imaginaire et l’œuvre d'Agatha Christie par exemple à travers ce personnage de fiction Hercule Poirot mais également ses différents voyages au Moyen-Orient qui ont servi de cadre géographique à ses plus grandes œuvres comme « Mort sur le Nil » ou encore « le crime de l'Orient Express ».

    Je n'ai pas trop aimé la couverture qui ne reflète pas vraiment cette BD. Pour autant, j'ai apprécié l'originalité de la mise en scène de sa vie sans trop tomber dans la romance. On se rendra compte que tout est dans l'évasion.

    En effet, Agatha Christie est parvenue, à travers toute sa vie et aujourd’hui encore, à divertir bon nombre de personnes autour d’œuvres plus captivantes les unes que les autres et c'est bien là l'essentiel !

    Erik67 Le 13/01/2023 à 07:40:20

    Joris Mertens m'avait déjà très agréablement surpris sur le titre « Béatrice » paru également aux éditions « rue de Sèvres ». Il s'agit d'un photographe belge reconverti dans la bande dessinée ce qui est une très bonne idée.

    Il continue dans un hommage à une Bruxelles disparue qui ravive des souvenirs nostalgiques des années 70. Que dire de la toute première double page qui est simplement magistral tant cela en jette. On commence très fort en atteignant une perfection graphique presque inégalé. Qu'est-ce que j'adore l'élégance de ce dessin qui met notre capitale en valeur ! C'est un vrai régal de lecture !

    La particularité est que la narration n'est point muette cette fois-ci et la magie opère toujours car l'auteur a su installer une certaine ambiance. Il est vrai que ces couleurs chaudes dominées par le rouge donnent le plus bel aspect à cet album malgré un temps souvent pluvieux, humide et gris.

    Le thème est celui de la chance, de l’inattendu qui peut changer complètement la vie d'un homme, un simple livreur de blanchisserie, ce qui ne veut pas dire que les véritables ennuies ne vont pas commencer. L'originalité ne sera pas de mise mais c'est suffisamment prenant pour nous embarquer. Dommage que la fin soit si expéditive et que le personnage principal assez sympathique aurait une petite ressemblance avec un certain Eric Zemmour...

    Au final, un album magnifique et de très bonne facture mais c'est véritablement la mise en image qui contribue à procurer tout le charme. Bon, je vous recommande ce nettoyage à sec mais choisissez bien votre blanchisserie auparavant.

    Erik67 Le 12/01/2023 à 07:50:24
    In these words - Tome 1 - Tome 1

    Voici une lecture de manga des plus malsaines et perverses qu'il m'ait été donné de découvrir. Parfois, on prend un titre au hasard au gré d'une couverture aguicheuse sans savoir ce que cela renferme au juste.

    Attention, ce titre est réservé à un public très averti et n'est pas réservé à la ménagère de moins de 50 ans ou dans notre cas, au lectorat de vieilles BD franco-belge à l'humour potache ou au manga de bastonnade. On est véritablement à l'antipode absolu. Je préfère avertir sans vouloir porter de jugement car il faut de tout pour faire un monde.

    Il s'agit pour un médecin, profileur de la police de Tokyo, de collaborer avec les autorités afin de faire parler un tueur en série qui démembre les victimes avant de les faire atrocement souffrir. Les deux principaux personnages ont une véritable profondeur psychologique qui peut parfois surprendre avec une mention spéciale pour le méchant de service.

    J'aurais dû être dégoutté mais ce n'est pas le cas car on explore des territoires interdits qui nous plonge dans le désir mais surtout dans la mise à nu de l'âme humaine. Evidemment, les ligues de moralistes vont hurler sur le mur des lamentations face à ces pratiques sado-masochistes d'une grande perversité mais d'un érotisme brûlant. Mais bon, c'est leur choix.

    Ma démarche d'ouverture a toujours été de découvrir toutes les facettes de la bande dessinée quelques soit le sujet, le support, les auteurs, les origines géographiques en ne portant aucun jugement ou interdiction.

    Non seulement le dessin est remarquable avec des traits d'une magnifique précision, mais l'intrigue qui nous glace le sang nous tient en haleine jusqu'à la dernière page où l'on en réclame encore.

    On a l'impression d'un duel angoissant digne du « silence des agneaux » entre un psychiatre et un criminel de la pire espèce mais dans un autre genre où l'on navigue entre les rêves et la réalité.

    Bref, nous avons là un véritable thriller psychologique et érotique d'un nouveau genre, sombre mais captivant.

    Erik67 Le 11/01/2023 à 07:30:50
    Dice - Tome 1 - Tome 1

    Est-ce que les losers ont droit à une seconde chance ? C'est un peu le thème de Dice qui nous propose un jeu qui peut changer votre vie.

    La vie nous est présenté comme une partie de dé. Si on fait un 6 au lancer, on aura la chance de naître dans une famille riche qui nous évitera bien les déboires de la misère. Certes, l'argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue parfois fortement.

    Le principe serait l'amélioration de ses aptitudes à condition de réaliser une mission banale au départ mais qui sera de plus en plus compliquée au fur et à mesure de la progression.

    On peut assez vite comprendre notre jeune héros lycéen qui est assez maltraité dans ce milieu qui peut se révéler assez hostile. Le thème du harcèlement scolaire est récurrent même si ce n'est pas le principal de cette intrigue. C'est plutôt un contexte qui va favoriser le passage à l'acte dans quelque chose d'assez incroyable.

    Pour une fois, il ne s'agit pas d'un survival game des plus extrêmes mais d'autres sortes de quête pour l'affirmation de soi en utilisant son intelligence. En cela, c'est assez original dans le concept.

    Ce manga possède une petite particularité : il se lit dans le sens à l'européenne ce qui gâche un peu le plaisir de faire autrement pour changer. En réalité, il s'agit d'un manhwa coréen du sud. Le petit plus est sans doute la colorisation qui égaye le tout.

    A relever également un graphisme assez numérique qui ne fait pas dans la grâce du mouvement mais qui demeure correct à la lecture.

    Oui, malgré quelques défauts, ce titre sur nos aptitudes fonctionne à plein régime.

    Erik67 Le 10/01/2023 à 07:22:11
    Les futurs de Liu Cixin - Tome 8 - Brouillage intégral

    J'avoue que, pour des raisons patriotiques et idéologiques, cette lecture m'a laissé un goût très amer. On nous présente l'OTAN qui envahit la Russie redevenue communiste mais qui a sombré dans une guerre civile. Les héros sont de braves militaires russes qui défendent leur dictature contre l'envahisseur à la fois français et américain après avoir dû abandonner Berlin-Est lors de la chute du mur quelques années plus tôt.

    La récente histoire du monde montre que c'est bien la Russie autocratique qui a envahi un Etat démocratique à savoir l’Ukraine et que l'OTAN s'est abstenue de les combattre sur leur terrain en faisant preuve d'une rare retenue. J'ai du mal à me faire à l'idée que nous sommes présentés comme les méchants même si nos démocraties ne sont pas exemptes de reproches. Mais bon, à l'échelle de comparaison, il n'y a pas photo ! J'ai trouvé cet inversement des rôles plutôt haïssables. Je le dis sans ménagement.

    L'auteur Liu Cixin est chinois et je peux comprendre leur penchant pour l'allié russe d'autant qu'ils ont peur d'être à leur tour menacé par les forces de l'OTAN. Il va falloir preuve de beaucoup d'indulgence pour se plonger dans cette lecture.

    Ceci dit, on va comprendre que le thème principal est le brouillage intégral des systèmes électronique de l'ennemi afin de le désorienter sur le terrain et reprendre l'avantage. Les moyens terrestres ne suffisant plus, notre général va alors avoir droit à l'aide de son fils pacifiste qui va lui donner un petit coup de main en se servant du soleil pour créer une perturbation électromagnétique touchant le globe terrestre. Il est question de bloquer les communications radio par ondes courtes et aboutir au fameux brouillage intégral.

    Tout le récit est construit autour de cela avec une dimension humaine entre un père et son fils qui ne se comprennent pas pour des raisons idéologiques. A la fin, tout va se rejoindre dans un sacrifice final qui ne m'a d'ailleurs pas marqué. Certes, cela ne va pas arrêter le cours de la guerre.

    On remarquera que notre auteur chinois va offrir une sortie dite honorable à La France qui va abandonner son allié américain sur le champ de bataille pour ne point sombrer car elle ne peut se le permettre. C'est l'explication donnée. J'avoue également que je préférerai mourir au combat que d'être considéré comme un lâche mais ceci est une autre histoire.

    Comme dit, il va falloir vous accrocher. A l'heure où il y a une enquête judiciaire sur les œuvres de Bastien Vivès, gageons que celle-ci échappe également à la censure car il y aurait de quoi faire au niveau de la défense nationale et des intérêts de notre pays.

    Erik67 Le 09/01/2023 à 07:25:36

    Raqqa n'est pas une destination de rêve. Pourtant, il a fallu y aller pour y déloger l'un des pires régimes de la planète d'une cruauté sans pareille. C'est toute l'aventure guerrière d'un combattant français qui s'est engagé de manière volontaire pour suivre son idéologie et pour donner à sa vie un sens afin de se dépasser.

    J'avoue avoir beaucoup d'admiration pour l'auteur André Hébert qui a beaucoup de courage car il a mis sa vie en danger au service d'une cause, celle du peuple kurde qui s'est battu contre Daesch avant d'être lâchement abandonné à son triste sort par la coalition des alliés américains.

    J'ai découvert ce qu'était le Rojava dont je n'avais jamais entendu le nom. Les Kurdes ont établi une force démocratique syrienne après une révolution dans cette partie du Kurdistan. Les armées syriennes et irakienne ont été défait par Daesch mais les kurdes ont résisté au Rojava et on se souvient de la résistance héroïque à Kobané.

    Les occidentaux se sont réveillés un peu tard quand ils ont compris la menace que représentait ces djihadistes. Il a fallu en effet que des humanitaires occidentaux soient exécutés par décapitation pour comprendre qui étaient ces hommes du Califat sans compter sur l'odieux attentats du Bataclan ayant endeuillé notre paisible pays.

    Les kurdes sont différents des autres peuples de la région car ils se battent pour un modèle révolutionnaire basé sur une démocratie directe, sur la place de la femme à égalité et sur la laïcité. Bref, des valeurs qui ne sont pas si éloignés des nôtres en Occident ! Il serait sans doute temps de soutenir la cause kurde face à un Etat qui tente de les discréditer en terroriste alors qu'ils ont prouvé dans les faits qu'ils sont tout le contraire.

    J'ai beaucoup aimé alors que je ne suis pas un adepte des récits de guerre. Il y a une narration assez subversive qui parvient à nous convaincre en donnant des arguments pertinents. On se rend compte que les choses sont plus complexes qu'il n'y paraît et l'auteur ne cachera rien.

    J'ai été conquis lors de ma lecture par son personnage humain, sa façon de mettre en scène et de raconter. Cet ouvrage m’a impressionné par sa densité psychologique également.

    J'ai été également assez peiné par le retour au pays qui ne se fait pas dans la gloire car les autorités y voient une menace illusoire. Il est vrai que d'autres français ont également rejoint les rangs de l'ennemi démoniaque. Il fallait faire le travail et aller jusqu'à Raqqa sur le terrain. Certes, les bombardements ont aidé mais pas toujours.

    Bref, nous avons au final un témoignage assez recommandable pour avoir une autre vision des choses de ce qui s'est passé avec Daesch au Rojana. On va en apprendre un peu plus sur la réalité géo politique de cette partie du monde. C'est un album à lire si on veut comprendre ou apprendre sur ce conflit pas si lointain.

    Erik67 Le 08/01/2023 à 09:14:10

    Il est clair que si on massacre tous les oiseaux d'un pays, il y a une prolifération d'insectes. C'est ce qui est arrivé dans ce conte se situant dans un pays d'Asie centrale à une époque un peu plus reculé. C'est une reine qui va faire le bonheur de tous les insectes.

    Il faut dire qu'elle ne se remet toujours pas du décès de son fils, héritier du trône, qui va mourir par la faute soi-disant d'un oiseau. Il s'agit en fait d'un horrible accident impliquant certes un oiseau qui tentait de fuir sa cage dorée.

    Le thème central de ce conte est la gestion du chagrin et de la perte que cause la perte d'un être cher. Parfois, on se venge sur des choses ou sur des animaux innocents. Les oiseaux vont payer un lourd tribut. C'est assez classique mais c'est joliment mis en image.

    J'ai beaucoup aimé le graphisme qui nous plonge dans ces univers du Moyen-Orient mais également entre la Chine et l'Inde. Les personnages sont d'une grâce absolue. On notera une utilisation des couleurs à bon escient. C'est tout à fait remarquable sur la forme. Il faut dire que Paul Salomone est réellement un dessinateur hors pair.

    Quant au scénariste, Benoît Zidrou, son nom est déjà en soi synonyme de qualité. C'est vrai que le titre est intriguant et ne reflète pas vraiment le contenu de ce récit qui se concentre plus sur les oiseaux que sur les insectes. Et puis, la dimension écologique est totalement absente. C'est plutôt axé sur des blessures morales intimes.

    Au final je n’ai pas été déçu par cette fable émouvante mais parfois cruelle. Bien au contraire, je dirais même que j’ai été conquis !

    Erik67 Le 07/01/2023 à 09:43:56

    Je n'ai pas été convaincu par ma lecture de cette BD d'origine chinoise. Cela raconte l'histoire d'une famille pauvre qui s’enrichit dans un village. J'aime bien généralement les récits d'ascension sociale car cela donne de l'espoir et parfois de la motivation à chacun dans un monde difficile qui ne fait généralement pas de cadeau.

    Pour autant, j'ai été abasourdi par la pauvreté de ce graphisme en noir et blanc qui reste presque à l'état brouillon dans une forme d'esquisse non aboutie. Je n'ai point perçu de grâce dans les traits.

    Et puis, il y a ces dialogues vraiment insipides et naïfs qui n'apportent rien à l'ensemble. Certes, on peut faire l'éloge de la simplicité et de la sobriété mais il y a quand même des limites au minimalisme.

    Certes, la fortune peut chambouler les habitudes d'une famille pauvre. Il y a des joies mais également des peines car le changement n'est jamais facile et il faut s'adapter surtout pour la mère de famille, paysanne dans l'âme qui se comporte en radine.

    Par ailleurs, on suit toutes ces transformations dans le regard d'une petite fille de 5 ans. Cela ne m'a guère attendri pour autant car il me manque l'essentiel à savoir un peu de piment ou de sel dans l'histoire.

    Pour le coup, je préfère passer mon tour. A noter qu'il s'agit de la première bande dessinée de l'auteure Minna Yu, ceci expliquant peut-être cela.

    Erik67 Le 06/01/2023 à 07:34:17

    Je ne connaissais pas l'affaire Markovic qui a failli faire vaciller la 5ème République au moment du passage du Général de Gaulle, affaibli par la crise de mai 1968, et le premier Ministre Georges Pompidou qui allait lui succéder à la fonction suprême.

    Il est question d'un yougoslave qui travaillait pour le célèbre acteur narcissique Alain Delon dont le corps sera retrouvé dans une décharge publique. Bref, une sordide historie criminelle qui va remonter à des fins politiques afin de déstabiliser Georges Pompidou.

    C'est fou ce que la manipulation peut avoir comme résultat néfaste pour salir un homme politique, ancien Premier Ministre et destiné aux plus hautes fonctions de l'Etat. Cela a quand même bien failli réussir grâce à l'aide des médias. On se dit également que le sieur Alain Delon n'avait vraiment pas de bonnes fréquentations même si par la suite, il l'a plutôt regretté.

    Par ailleurs, il est vrai que je ne savais pas que les relations entre le Général de Gaulle et Georges Pompidou s'étaient dégradés à ce point en 1969. Dans ceux qui ont condamné la calomnie avec la plus grande véhémence, on retrouve un certain Jacques Chirac mais également François Mitterrand pourtant dans l'opposition. C'est intéressant de voir le rôle que chacun a joué car à côté des soutiens, il y a eu également les lâcheurs notamment le Premier Ministre en poste Couve de Murville.

    J'ai trouvé cette BD suffisamment bien construite et assez équilibré pour ne pas se perdre dans les détails de cette enquête. A noter également un dessin assez lisible qui contribue à la clarté et à la fluidité de ce récit. Honnêtement, c'est plutôt du bon travail !

    Erik67 Le 05/01/2023 à 07:43:48

    Pitcairn est surnommé souvent l'île des révoltés du Bounty. Il est vrai que ce sont les descendants des mutins qui ont peuplé cette île devenue une dépendance de la couronne britannique dans l'océan Pacifique. Une cinquantaine d'habitants y vivent encore. C'est le territoire politiquement autonome le moins peuplé au monde.

    Ce second tome aborde enfin l'île en question qui doit servir de refuge à des hommes en fuite qui ont commis le crime de mutinerie. On découvre la géographie des lieux qui rendent la pêche dangereuse par l'absence de lagon avec des falaises et des rochers.

    Comme à chaque fois, l'homme s'invente des ennemis et des ennuis alors qu'il pourrait tout simplement vivre en paix dans la joie et l'harmonie. Ces rescapés vont s'entre-déchirés comme jamais. En effet, il y a trop d'hommes pour pas assez de femmes ce qui entraînent des jalousies et bien des convoitises. On prend d'abord aux tahitiens restés fidèles aux mutins pour préserver la paix de l'ensemble.

    On sait que Christian Flechter va mourir à seulement 28 ans aux îles Pitcairn en 1793 après avoir voulu sauver les siens. La moralité, c'est que quand on trahit un pays, on peut également trahir ses amis et finalement tout perdre.

    Ce second tome est bien triste dans le déroulement des faits après tant d'espoir lié à la découverte de ce bout de terre non hostile. L'homme est son propre ennemi.

    Erik67 Le 04/01/2023 à 07:27:47

    Il faut savoir qu'actuellement Pitcairn est habitée par une population d'à peine une cinquantaine d'habitants appartenant à neuf familles, ce qui en fait l'entité politique la moins peuplée du monde ! La grande majorité des habitants descendent des neuf mutins du HMS Bounty et de leurs femmes tahitiennes.

    Visiblement, les mutins se sont réfugiés sur cette île déserte après un long voyage entre différentes îles afin d'échapper à la justice du roi Georges. Il ne restait plus qu'un homme à la fin car ils se sont tous entre-tués, certainement pour des femmes qui sont d'ailleurs réduites au rang d'esclaves sexuelles.

    Cette BD nous retrace les événements qui ont conduit à cette tragédie humaine. Ce n'est d'ailleurs qu'en 1808, lorsqu'un baleinier américain y fait escale, que le destin des révoltés de 1789 finit par être découvert. Et cela ne sera pas du beau !

    En effet, ce que l'on sait de manière officielle, c'est qu'en 1789, Christian Flechter est l'officier en second de la Bounty et dirige la mutinerie contre le commandant du bateau William Bligh. Il part d'abord pour Tahiti avec onze mutins en quête de liberté et de paix. Ne voulant pas être arrêté par la Royal Navy britannique, il part avec huit mutins, six hommes tahitiens, onze tahitiennes et un bébé, aux îles Pitcairn inhabitée, où il meurt.

    Il est dommage que cette BD ne raconte pas ce qui a conduit à la mutinerie mais on peut toujours se rabattre sur le célèbre film qui a lancé la carrière d'un certain Mel Gibson. On a l'impression d'avoir un gros bout qui manque quand on commence la lecture de ce récit.

    Visiblement, les auteurs veulent plutôt se situer dans les événements qui se sont produits par la suite notamment l'installation sur l'île de Pitcairn qui était soi-disant la terre promise. Or, le paradis peut très vite se transformer en enfer.

    Ce tome est resté quand même un peu fade par rapport au récit et à la psychologie des personnages à peine explorée en surface. C'est certes intéressant mais il manque ce supplément d'âme de la grande aventure.

    Au final, c'est un tome introductif qui pose les bases avec cette montée en tension entre les mutins en quête de liberté. Les exactions avec les populations des îles ne seront pas cachées non plus. A découvrir car il s'agit quand même d'une histoire vraie dont les descendants vivent encore et peuplent Pitcairn sous mandat britannique.

    Erik67 Le 03/01/2023 à 07:27:52

    Je n'ai pas été séduit plus que cela par cette histoire de balayeur qui se lie d'amitié avec un petit garçon qui ne l'oubliera jamais malgré le drame. Lucien souffre de déficience mental ce qui en fait une cible privilégiée de la méchanceté des gens. Alors, lorsqu'il découvre l'amitié, malgré toute la noirceur d'âme dont il peut souffrir, c'est un rayon de soleil qui le rend heureux.

    Généralement, ce genre de récit ne me laisse pas indifférent mais cela est parti dans une sombre machination dont on perd petit à petit un peu la direction après une excellente première partie.

    Un peu plus de simplicité n'aurait pas fait de mal. Pour autant, le graphisme en noir et blanc est plutôt sobre et me rappelle celui de Larcenet sur une œuvre comme « Blast » sans toutefois l'égaler.

    Je n'ai pas trop aimé sans doute ce balancement entre le naïf et le côté sombre du personnage. Cela m'a plutôt déstabilisé en qualité de lecteur. Bref, ce n'est pas ce que je préfère même si le final laisse place à l'indulgence.

    C'est une BD qui peut trouver son lectorat sans aucun doute car elle bénéficie de qualités indéniables. Mais bon, les goûts et les couleurs peuvent mener à des appréciations différentes sur le fait d'aimer ou pas.

    Erik67 Le 02/01/2023 à 07:40:35

    Voici quatre récits qui nous décrit le quotidien de prisonniers et ce n'est pas aussi rose que le citoyen lambda pourrait le croire. La prison est loin d'être un hôtel luxueux payé au frais de l'Etat et de la communauté. Les gens qui sont enfermés souffrent véritablement et certains en meurent.

    Je sais que beaucoup n'ont aucune pitié, aucune compassion vis à vis de ces prisonniers parce qu'ils ont commis des infractions parfois graves, des crimes et des délits. Certains ont roulé avec leur véhicule sous alcoolémie en récidive. Il y a en effet des infractions routières, parfois économiques ou fiscales.

    Une simple gifle unique peut également conduire à 4 mois de prison. Un père ayant tué son enfant souffrant d'une maladie orpheline générant des douleurs effroyables peut se retrouver en détention. Tous les prisonniers sont alors mélangés. On peut côtoyer des violeurs de la pire espèce. Il faut savoir qu'une personne sur 1000 est actuellement dans un centre d'établissement pénitentiaire ce qui peut traduire que notre société va mal.

    On apprendra surtout qu'un quart de la population carcérale souffrent de troubles psychiatriques. Est-ce que la prison est la bonne solution adéquate plutôt qu'un hôpital psychiatrique ? Quand on songe également à la surpopulation carcérale, il y a de quoi se poser des questions.

    La privation de liberté s'accompagne assez souvent de la privation de soin. Il ne fait pas bon être malade en prison. Le nombre de suicide est également particulièrement élevé. La prison est un lieu violent et fortement pathogènes à bien des égards ! Anxiolytiques et anti-dépresseurs sont fournis allègrement afin de maintenir la paix sociale.

    Les surveillants ne seront pas oubliés car il souffre également de la violence des détenus mais également du sous-effectif de la fonction publique ce qui rend leurs tâches encore plus difficiles pour un salaire d'ailleurs peu élevé. J'ai bien aimé l'histoire d'amour d'Audrey qui s'est faite licenciée suite à une dénonciation car il ne faut pas avoir de lien étroit avec les détenus.

    Il s'agit juste dans cette œuvre très sombre de prendre conscience de ce qu'est réellement la prison, une ogresse qui avale tout cru et qui recrache entre haine, folie et violence. Je n'ai jamais été trop convaincu qu'il s'agit d'une solution pour réhabiliter les détenus dans la société. Cela peut produire assez souvent tout l'effet inverse.

    Erik67 Le 01/01/2023 à 09:41:38

    Vent debout est le nom d'un petit bateau dont le propriétaire, amoureux de la mer, parcours le globe avec sa compagne. C'est une ode à la liberté pour échapper à un monde quotidien assez morne. Il est vrai que certains paysages près des côtés sont absolument extraordinaires.

    Si seulement, il n'existait pas de pirates musulmans ou appartenant à une organisation islamiste pour venir mettre fin de manière totalement violente à ce doux rêve ! Oui, on peut être rattrapé par la dure réalité, en l’occurrence des hommes qui enlèvent des occidentaux en les dépouillant et surtout en réclamant des rançons au gouvernement pour les rendre en vie au lieu de les décapiter.

    Dans la construction de cette BD, il y a une seconde histoire qui se superpose, celle de ce couple qui part en Indonésie avec ses enfants et qui découvre par le biais d'un vieil homme le premier récit. J'avoue que cette seconde histoire est de trop et peu intéressante. C'est comme un remplissage inutile même s'il y a des moments assez sympathiques. Je préfère le dire honnêtement.

    Pour autant, on peut prendre plaisir à lire ce récit d'aventure moderne par ces derniers terriens qui veulent se couper du monde pour vivre pleinement leur passion. La nouvelle génération va grandement s'en inspirer, c'est certain.

    A noter également que les auteurs se sont inspirés d'une histoire vraie à savoir les voyages de Sabine Merz et Jurgen Kantner, navigateurs assassinés par l'Etat islamique en 2017 au large de Sarawak. On ne le répétera jamais assez : ce sont des ennemis de la liberté et de notre mode de vie démocratique. Ils ne doivent jamais passer. En aucun cas ! Nous ne souhaitons, par exemple, pas vivre l'expérience féminine de l'Afghanistan.

    Au final, c'est une BD qui pousse à la réflexion surtout quand on pratique du tourisme ou passion à savoir la voile à travers le monde. Voyager n'est parfois pas une partie de plaisir !

    Erik67 Le 31/12/2022 à 10:08:50
    Les futurs de Liu Cixin - Tome 6 - Proies et prédateurs

    Dans la nature, il y a la proie et le prédateur, le gibier et le chasseur, le winner et le looser. Au niveau cosmique, c'est également vrai entre les humains et une race supérieur d'extra-terrestres dévoreurs de monde.

    J'ai trouvé le dessin un peu moins bon que dans les autres opus de la série. Je tiens à le souligner afin d'être parfaitement honnête avec le lectorat sensible à la qualité graphique. Cependant, on ne peut pas dire que c'est mauvais non plus. Je pense que cela pêche dans la précision du trait.

    J'ai également pensé que le récit prenait un caractère plutôt naïf avec cette présentation assez grotesque du reptile extra-terrestre qui se permet de goûter un responsable des autorités devant un parterre de militaires sur-armés qui assistent à la scène sans tirer le moindre coup de feu.

    Il y a néanmoins de bonnes idées qui sont exploitées même si les explications paraissent impossibles à se réaliser dans la réalité. On trouvera d'ailleurs le même genre de trouvailles dans « la terre vagabonde » qui a inauguré cette collection sur les futurs de Liu Cixin. Et puis, cette histoire de dinosaures intelligents revenant au bercail est assez incroyable.

    Le manque de crédibilité affecte un peu ce récit qui demeure assez moyen dans l'ensemble. Pour autant, cela se laisse lire toujours aussi agréablement car il y a des éléments assez intéressants. C'est au final le moins bon de cette collection.

    Erik67 Le 30/12/2022 à 10:12:04
    Les futurs de Liu Cixin - Tome 5 - La perfection du cercle

    Le sujet est passionnant pour un mathématicien car le cercle est une forme abstraite qui est parfaite et qui permet surtout de modéliser de nombreux phénomènes. J'ai adoré cette lecture moi qui déteste pourtant les maths et les chiffres.

    Il faut dire que l'auteur Liu Cixin est un scientifique. Avant de devenir le célèbre écrivain chinois de science-fiction, il travaillait à la centrale électrique de Yangquan en tant qu’ingénieur. Bref, il sait de quoi il parle.

    C'est intéressant d'avoir plongé ce récit dans la Chine des empereurs et notamment celle de la dynastie des Qin qui a essayé d'unifier l'ensemble des peuples des différents royaumes d'alors. On est assez loin de l'univers des vaisseaux spatiaux.

    Il s'agit pourtant de résoudre une énigme concernant le langage du ciel et aller au-delà de la superstition. L'enjeu est de poser les bases de la science à travers les mathématiques en se servant de la figure géométrique du cercle avec le chiffre Pi (3,14...) qui se répète à l'infini. L'objectif final est de percer le plus profond des mystères de l'univers.

    Si pour le savant Jink Ke, il s'agit de faire progresser la science et faire entrer l'humanité dans une nouvelle ère, l'empereur Ying Zheng voyait plutôt le bénéfice de l'immortalité pour asseoir son pouvoir. Il n'était pourtant pas au départ animé par de mauvaises intentions voulant mettre fin à la misère et à la guerre. Il sentait qu'il allait être l'élu choisi par les dieux. Cependant, les circonstances vont en décider autrement et conduire au drame.

    Dans cette collection se sont succédé de grands noms de la bande dessinée comme Christophe Bec, Valérie Mangin, Thierry Robin ou encore Sylvain Runberg. Pour une fois, c'est un illustre inconnu Xavier Besse qui s'y colle tant au niveau du scénario adapté que du dessin. Je trouve qu'il a vraiment bien réussi à maîtriser le sujet d'autant que c'était pas évident.

    La conclusion est assez grandiose également. Ce récit mérite vraiment une lecture pour peu que l'on soit intéressé par ce sujet de l'équation mathématique qui a également une dimension philosophique. Je suis époustouflé par ce qui constitue l'un des meilleurs de la collection des futurs de Liu Cixin.

    Erik67 Le 29/12/2022 à 09:47:58

    « Ils sont sont là, dans les campagnes, les villes, sur les réseaux sociaux, les envahisseurs ». Bref, ils sont partout. Ces mots là d'une candidate à l'élection présidentielle raisonnent encore.

    Les auteurs visent délibérément ce qu'ils appellent la facho-sphère qui se nourrir d'antisémitisme mais également de négationniste. Il y a ceux qui croient que la terre est plate, que les américains ne sont pas allés sur la Lune et que les attentats du 11 septembre 2001 ont été provoqué par les services secrets pour lancer la guerre contre l'Irak et l'Afghanistan.

    On va suivre une jeune journaliste (que la complosphère surnomme journalope) dont le frère semble être attiré part ces thèses extrêmes. Elle va alors se faire aider par un spécialiste de l'extrême droite et qui était un ancien grand reporter pour le retrouver avant qu'il ne commette des attentats irréparables.

    On va croiser des figures réelles dont les noms ont été modifié afin d'éviter des procès en diffamation (je pense à Jean-Marie Le Pen ou encore l'humoriste Dieudonné). Tout sonne assez juste et c'est ce qui est sans doute le plus effrayant.

    Evidemment, ce genre de BD qui dénonce un phénomène très actuel est utile et nécessaire. On se dit qu'on ne croira jamais à de telles sornettes quand on est intelligent. J'avoue qu'une collègue m'a fait voir une vidéo qui dénonçait violemment les vaccins ainsi que l'industrie pharmaceutique piloté par Bill Gates durant la crise sanitaire et cela paraissait tellement crédible. Bref, n'importe qui pourrait y succomber si on n'y prend pas garde.

    De telles bêtises peuvent même fausser le résultat d'une élection présidentielle. La pauvre Hillary Clinton en sait quelque que chose. On remarquera que c'est toujours les mêmes qui utilisent ces moyens pour tout d'abord se présenter en pauvres victimes du système qui les rejettent avec l'aide des médias pour ensuite acquérir le pouvoir et mener une politique conduisant à la haine de l'étranger.

    Cette BD démonte les mécanismes en nous les expliquant de manière assez ludique. A noter qu'il ne s'agit pas d'une BD documentaire mais d'une vraie intrigue ce qui renforce encore plus l'aspect pédagogique en nous montrant du concret.

    Certes, cette plongée dans les milieux complotistes et d'extrême droite est glaçante. C'est cependant nécessaire pour bien comprendre les enjeux et déjouer les pièges car c'est notre démocratie qui est sans doute en jeu sur le long terme.

    Erik67 Le 28/12/2022 à 09:53:52

    Bienvenue à Oulan-Bator ! Qu'est ce que cette ville ? La capitale de la Mongolie. Il faut dire que ce n'est pas une destination très touristique. Et pourtant, cette ville regorge d'histoire intimement liée à la religion bouddhiste.

    Un jeune voyageur amnésique se retrouve perdu dans un monastère en Mongolie non loin de la frontière russe alors qu'il allait à New-Delhi en Indes aux dernières nouvelles. C'est assez étrange comme récit qui se veut sur un mode initiatique. Il s'agit de se poser les bonnes questions afin d'aller de l'avant !

    Le graphisme parait assez naïf ce qui tranche avec le propos qui demeure philosophique. On va nager dans des images qui alterne le rêve et la réalité. Les songes sont toujours porteurs d'un message.

    Il est question d'une communauté de moines ayant atteint le plus haut niveau de spiritualité et qui serait le réceptacle de la pensée des plus grands maîtres constituant la plus grande bibliothèque des richesses du savoir de l'humanité. Rien que cela !

    Au final, j'ai trouvé l'ensemble plutôt confus sans véritable intrigue ou fil conducteur. On peut facilement se perdre également en route ou tout simplement s'ennuyer ferme. C'est dommage car il y avait sans doute matière à découvrir un pays comme la Mongolie qui est plutôt rare sur le support de la bande dessinée.

    Erik67 Le 27/12/2022 à 08:54:21
    Alamänder - Tome 1 - Mystère à la Tour de l'Horloge

    J'en ai un peu marre de ces mondes recopiés à la Arleston qui essayent pourtant d'innover mais sans atteindre les sommets du début. Le genre fantasy rigolard est désormais dépassé mais il y a encore des auteurs qui insistent dans cette voie. Il n'y a vraiment aucun renouvellement qui ferait qu'on prendrait du plaisir à la lecture.

    Certes, je jette un pavé dans la marre sans doute à cause d'un trop plein. Dans cette œuvre, on oscille entre la dérision et les scènes d'une violence sans nom sans qu'il y ait la moindre transition. Même l'intrigue pourtant teinté de magie me paraît assez fade.

    Que dire également de ce dessin très géométrique et calculé sur ordinateur qui me parait froid et impersonnel ? Je n'ai trouvé aucune grâce. Les couleurs m'ont paru inadaptées voire assez laides. Je n'insisterai pas plus.

    Ni convaincu, ni enthousiasmé par cette série. C'est un banal divertissement de plus. C'est une série qui ne me laissera pas un souvenir impérissable et que je vais arrêter avec le premier tome. Cela ne me donne pas du tout envie de connaître la suite, c'est dire !

    Erik67 Le 26/12/2022 à 08:15:51

    Ce roman graphique évoque un passage très important dans la vie de Robert Louis Stevenson. En effet, en 1870, il n'a que 20 ans et il est étudiant à l'université d'Edimbourg en Ecosse. Il cherche encore sa destinée et se heurte à ses parents.

    Son père le destine à être ingénieur pour construire des phares comme son père l'était avant lui afin de perpétuer la tradition familiale. Il s'agit de sauver des vies humaines contre le déchaînement de la mer. Son père l'envoie sur une île perdue qui est la base arrière de la construction d'un nouveau phare afin de l'extirper d'une vie un peu bohème.

    Cependant, le jeune Robert Louis va comprendre que sa destinée est d'écouter son cœur pour devenir écrivain. On sait qu'il finira par être l'un des plus grands romanciers du XIXème siècle avec des œuvres comme « L'île aux trésor » ou encore « L'étrange cas du Dr Jekyll et Mister Hyde ».

    On va suivre une étrange aventure au détour d'un rêve presque éveillée qui va évoquer une Ecosse bien mystérieuse fait de naufrageurs et qui va surtout l'influencer pour le futur de ses œuvres.

    C'est, en tous les cas, un très bel hommage très originale qui est rendu à ce célèbre écrivain. On va naviguer entre l'aventure et la poésie de l'âme sur une mer bien agitée avec pour cadre de fond le phare de Dhu Heartach sur une roche noire assiégée par la houle.

    J'ai beaucoup aimé le dessin qui est vraiment superbe avec ses couleurs directes. Il retranscrit toute la puissance de la mer ainsi qu'une atmosphère fait de rêves étranges en entrant dans l'imaginaire de l'auteur.

    Bref, ce récit onirique est sans doute à découvrir pour ceux qui veulent découvrir cet auteur dans une sorte d'intimité liée à sa jeunesse écossaise.

    Erik67 Le 25/12/2022 à 09:04:48

    On fait la connaissance de Mattéo Ricci qui était un prêtre jésuite italien et missionnaire en Chine impériale au XVI ème siècle. Il est l'un des rares occidentaux à avoir pu pénétrer dans la cité impériale interdite.

    Il a surtout étudié la langue et la culture chinoise en acceptant leurs règles et en ne cherchant surtout pas à imposer sa religion au grand dam de l'Inquisition. C'est ce dialogue très fructueux avec des hommes de culture qui nous est conté dans cette BD nous montrant un point de vue tout à fait passionnant.

    Certes, il ne cherche pas à convertir avec la force mais avec pacifisme en faisant preuve d'une plus grande habileté comme par exemple convaincre les élites du pays qui par la suite rallierait la population au christianisme. S'il tolère les autres religions, il les considère tout de même comme des superstitions bien qu'il fut très attiré par le confusionnisme et sa pensée.

    Les complots, les intrigues de palais, les jalousies et les violences sont autant d'obstacles qui se dressent sur son chemin pour rencontrer l'Empereur de Chine. A force de patience et de ruse, il va parvenir à se rapprocher de la cour impériale.

    Il va en effet offrir à l'empereur notamment deux horloges qui est d'ailleurs à l'origine de l'essor de l'horlogerie moderne en Chine au début de la dynastie Qing. Mattéo Ricci devient ainsi le premier missionnaire chrétien des temps modernes, et premier Occidental, à avoir été aussi proche de la Chine de l'empereur Wanli (13ème empereur de la fameuse dynastie des Ming resté célèbre pour leurs vases).

    Pour ma part, je retiens surtout l'ouverture aux valeurs chinoises et la tolérance à leur égard. Ce personnage emprunt d'humanisme a révélé une profonde admiration pour la culture chinoise qui constitue tout de même l'une des plus grandes civilisations au monde avant de sombrer malheureusement dans le communisme et le totalitarisme qui sont de pairs.

    Je ne peux qu'être favorable pour toutes ces valeurs véhiculées par ce personnage surtout dans le contexte politique d'aujourd'hui. On aurait beaucoup à apprendre. Cette BD y contribue également à sa façon. C'est une BD assez récente mais qui est un peu passée inaperçue malgré son illustre auteur à savoir Jean Dufaux.

    Erik67 Le 24/12/2022 à 09:06:31
    Tuskegee Ghost - Tome 1 - Tome 1

    J'ai bien aimé ce récit mettant en scène l'un des premiers pilotes noirs américain de guerre durant la Seconde Guerre Mondiale. Il s'agissait de voler avec des avions de troisième zone pour aller bombarder les positions ennemis en Italie et aller jusqu'à Berlin.

    Pour autant, la guerre n'est pas une partie de plaisir et notre héros y est revenu complètement meurtri. Il semble être rattrapé par son passé bien des années après alors que son fils a quitté le giron familial pour abandonner des études à l'université et se plonger pour un brevet de pilote ce qui réanime de douloureux traumatismes chez le père.

    J'ai bien aimé le graphisme de type réaliste qui colle très bien à l'époque des années 40, 50 puis 60. Les cadrages aériens sont de toute beauté ce qui rend agréable la lecture. On remarquera au passage pour les connaisseurs que le style graphique de l'auteur a totalement évolué en passant de la ligne claire à un dessin informatisé aux couleurs pastels.

    A noter également une narration pas pesante et vraiment fluide et dynamique. On notera également une psychologie du personnage principal assez creusé ce qui donne de la consistance et procure de l'authenticité au récit.

    C'est de la BD d'aviation qui se base sur des faits réels même si l'aventure est romancée par la suite dans un contexte de racisme ambiant aux Etats-Unis. Les héros de guerre qui ont défendu leur patrie n'ont droit qu'à du mépris voir de la jalousie chez le redneck basique des Etats du Sud et notamment l'Alabama où sévit le fameux Ku Klux Klan.

    Oui, on peut dire que j’ai vraiment apprécié cette entrée en matière des Tuskegee Airmen. Suite et fin dans le second tome.

    Erik67 Le 23/12/2022 à 09:56:24

    Encore une BD sur le Freak Show qui n'a pas qu'inspiré le cinéma avec des films comme « The greatest showman » qui a décrit la biographie de Phineas Taylor Barnum qui était un entrepreneur de spectacles américain. Ce dernier a fondé un cirque où il montrait l'étrangeté et la curiosité à grand renfort de publicité.

    Il y avait l'homme chien, une femme à barbe, des soeurs siamoises mais également Schlitzie surnommé Zip, la tête d'épingle qui fait l'objet de cette BD. En réalité, toutes ces personnes constituant des phénomènes de foire souffraient d'handicap mental et physique.

    Pour autant, nous savons maintenant que ces personnes pourtant exploitées ont été plutôt bien traitées et constituait une véritable famille qui se serrait les coudes en cas de difficultés. Ils étaient des exclus de la société à cause de leurs malformations physiques. Il est vrai que les exhiber a quelque chose de choquant moralement.

    Schlitzie a même fait du cinéma (The sideshow en 1928, Freaks en 1932) avant de faire de brèves apparitions cinématographiques. Il a surtout fait des tournées à travers le monde en changeant parfois de protecteur. Il est mort à l'âge de 70 ans des suites d'une pneumonie. Il a été enterré anonymement avant qu'une association de fans organise en 2007 une collecte pour faire poser une plaque gravée sur sa tombe.

    Ce comics underground de Bill Griffith lui rend un véritable hommage en le réhabilitant. La lecture a d'ailleurs été assez agréable grâce à une narration bien dosée. L'auteur respecte une certaine objectivité qui est tout à fait louable.

    Un dessin assez rétro en noir et blanc vient marquer une touche finale qui s'intègre bien sur ce type de récit.

    C'est un titre à découvrir pour la petite histoire qui se cache derrière le phénomène de foire.

    Erik67 Le 22/12/2022 à 07:34:35

    Est-ce que tout va bien ? On pose souvent cette question à des personnes que l'on sent en souffrance.

    Souvent, on croise dans la vie des personnes qui sont de vrais peaux de vaches occupant des postes à responsabilité dans les entreprises par exemple. On s'aperçoit qu'ils sont comme cela à cause de leur triste vie personnelle.

    C'est d'ailleurs le cas de cette enseignante stricte et exigeante qui éprouve un plaisir sadique à réprimander. En dehors de la salle de classe où elle exerce son pouvoir de domination, c'est une femme triste et seule.

    J'espère que les enseignants ne feront pas grève contre cette BD. Je me rappelle d'un film en 1998 avec l'excellente actrice Helen Mirren qui jouait le rôle d'une professeur sadique à savoir « Mrs. Tingle » et qui avait été boycotté par toute la profession à l'époque à coup de publicité négative. Pour autant, les méchantes prof., cela existe et je peux dire que nous en avons tous connu !

    Au début de cette lecture, on n'a aucune sympathie pour Luisa mais au fur et à mesure, on se rend compte de toute sa détresse qu'elle évacue d'une manière non professionnelle. Evidemment, cela va conduire à un drame innommable. Bref, le genre de BD qu'il ne faut pas lire si cela ne va pas bien.

    Sur la forme, j'ai beaucoup aimé cette mise en scène qui fait que l'on campe très vite dans la psychologie du personnage principal. Et puis, il y a ce choix de couleur violacée qui fait que c'est très prenant.

    Parfois, il vaut mieux ne pas poser la question si tout va bien. C'est préférable dans certains cas. Notre société va mal dans son ensemble et c'est un malaise de plus. Cette BD d'une noirceur totale est une illustration de plus à travers une tragédie sans nom.

    Erik67 Le 21/12/2022 à 07:58:50

    Je n'ai jamais trop aimé les va-t'en guerre car ils sont généralement persuadés que la résolution de leurs problèmes se passe par l'anéantissement de l'autre pays. Ils croient également qu'ils sont les plus forts et que la guerre se terminera très vite.

    C'était d'ailleurs l'ambiance générale au début de la Première Guerre Mondiale où les exclamations de joie ont vite laissé place au chagrin et au deuil. Cette guerre a véritablement meurtri notre pays au point de perdre assez facilement au début de la Seconde Guerre Mondiale tant la volonté de se battre avait disparu avec toute une génération.

    Ce titre va explorer les tréfonds de l'âme humaine durant cette période particulière mais sur un monde plutôt assez comique et rocambolesque qui colle assez mal aux propos. Je n'ai pas aimé cette fantaisie surréaliste qui débouche pourtant sur un drame meurtrier.

    Par ailleurs, au niveau du graphisme, les visages sont assez anguleux. Je n'ai jamais aimé ce style qui déforme la réalité comme pour se donner un genre.

    Pour autant, ce titre peut apporter satisfaction à des lecteurs qui apprécieront le mode décalé et burlesque.

    Erik67 Le 20/12/2022 à 07:30:11

    Perdu à Sousbrouillard ? Oui, que peut-on espérer d'un pareil désert au milieu de nulle part ? Telle est la question de cette comédie dramatique qui fonctionne comme des tiroirs contenant plein d'histoires comme le mystère de ce couple noyé dans le lac local ou bien cette tante mourante qui tend dans un dernier geste le message indiquant ce lieu sans autre forme d'explication.

    La question est de savoir si un petit crime de rien du tout pourrait être effacé par toutes les bonnes choses qu'il entraînerait ? Il ne s'agit pas de meurtre mais de faux tableaux afin de sauver l'âme de tout un village en perdition.

    Le thème principal est que tout le monde a une histoire à raconter. Et puis, il y a également le devoir de mémoire même si certains secrets de famille sont à cacher. Il est vrai qu'une ville toujours plongé dans le brouillard est le lieu idéal. Notre héroïne est là pour sauver les choses de l'oubli.

    Erik67 Le 19/12/2022 à 07:42:27

    Certaines figures féminines ont marqué l'histoire quand d'autres sont tombées totalement dans l'oubli malgré leur apport à l'humanité. C'est le cas de cette fameuse Ada Lovelace dont nous allons découvrir sa biographie. Son nom m'était d'ailleurs totalement inconnu avant que la médiathèque de ma ville propose notamment de s'appeler ainsi.

    Ce titre fait partie d'une petite encyclopédie destinée à la jeunesse pour faire découvrir la vie et les origines des hommes et des femmes qui ont contribué aux développements scientifiques les plus importants de l'histoire de l'humanité. Rien que cela.

    Ada Lovelace était une mathématicienne qui a conçu une formule que beaucoup considèrent comme le premier programme informatique de l'Histoire. Elle a vécu pourtant au XIXème siècle. Elle est née quand l'empire de Napoléon s'est écroulé c'est à dire en 1815. Bref, elle est pour beaucoup la véritable fée des chiffres !

    En réalité, c'est surtout de Charles Babbage dont il s'agit puisqu'il est l'inventeur de la machine analytique. Ada va perfectionner cette invention en comprenant d'ailleurs tout son potentiel. Elle a conçu le premier programme destiné à être exécuté par une machine ce qui fait d'elle la première programmatrice du monde. C'est assez incroyable pour une comtesse qui est d'ailleurs la fille du célèbre poète Lord Byron. Cela se passe également en 1843 soit un siècle avant Alan Turing et sa machine Enigma.

    Elle mourut à l'âge de 36 ans d'un cancer de l'utérus. Tombée dans l'oubli, Ada Lovelace et ses travaux furent exhumés avec l'avènement de l'informatique.

    Cette BD au format à l'italienne et au graphisme assez enfantin nous laisse un peu sur notre faim au moment où Ada allait véritablement percer. Je ne suis pas certain non plus que la jeunesse puisse appréhender correctement les concepts décrits. Mais bon, c'est déjà mieux que rien. Cela se lit agréablement et il y a tout un descriptif pour aller plus loin en fin d'album où l'on fait connaissance avec les principaux scientifiques de l'époque.

    Erik67 Le 18/12/2022 à 09:21:13

    La Seconde Guerre Mondiale n'a pas été gagné que sur le terrain avec des soldats prêts à mourir pour leur patrie respective. Cela s'est joué au niveau des services secrets et notamment dans la résolution des messages codés de l'ennemi qui avait inventé une machine diabolique à savoir Enigma.

    Le sujet a maintes fois été exploité ces dernières années pour réhabiliter un personnage comme Alan Turing devenu le père de l'informatique moderne. On apprendra cependant que les polonais avaient également beaucoup travaillé sur le sujet sans parvenir à la résolution.

    Bref, ceux qui ont cassé Enigma ont permis la victoire des alliés sur les nazis. Ce n'est pas rien. C'est tout le cheminement qui nous ait conté dans cette BD dont l'un des scénaristes n'est autre que le neveu de ce fameux mathématicien Alan Turing.

    A noter que la préface est signée par le Directeur Général de la Sécurité extérieure (DGSE) qui en profite pour faire la promotion de ce service d'état qui nous assure une protection contre les terroristes par exemple. Il y aurait actuellement 7000 personnes qui travaillent pour la DGSE qui a beaucoup de pain sur la planche.

    Pour en revenir à la BD, je l'ai trouvé intéressante mais cela ne m'a pas apporté la réponse à la question de savoir comment précisément a été cassé ce code. Il nous manque un bout de raisonnement noyé dans des considérations géopolitiques et historiques.

    C'est un peu dommage car oui, Alan Turing a trouvé et a cassé Enigma mais comment au juste ? Une autre BD intitulée « Le cas Alan Turing » donne plus de réponse et me semble alors un peu plus réussie dans le concept même si celle-ci se défend plutôt bien.

    Erik67 Le 17/12/2022 à 09:03:49

    C'est une enquête bien nébuleuse qui a donné à Conan Doyle l'envie d'écrire des romans policiers avec le célèbre détective Sherlock Holmes. Nous voici dans le dossier Thanatos, du nom du Dieu de la mort qui plane sur ce récit. Le célèbre auteur sera de la partie pour ce polar bien étrange.

    Le cadre est celui d'Edimbourg en 1877 en Ecosse mais dans ses quartiers plutôt glauques.

    Il est question de spiritisme pratiqué par des vieux fortunés qui n'ont pas été tendres avec leurs épouses respectives. On leur soutire de l'argent pour le bien d'une association qui vient en aide aux victimes de ces violences conjugales. C'est un peu comme « dénonce ton porc » mais avant l'heure. Le sujet reste évidemment d'actualité.

    Tout part sur le fait de prouver que le spiritisme n'est qu'une vaste fumisterie. Cela sera bien le cas mais pas de la manière que l'on pense. On va véritablement descendre dans les bas-fonds de l'âme humaine dans une atmosphère assez inquiétante. La fin est un peu surprenante mais cela se tient. Oui, tout s’enchaîne avec logique et fluidité.

    J'ai trouvé que le dessin était assez particulier avec ses couleurs plutôt criardes. La couverture n'est pas très convaincante non plus. Pour autant, cela se laisse lire malgré ces quelques difficultés. Du bon boulot avec une bonne impression au final.

    Erik67 Le 16/12/2022 à 08:24:29

    L'auteur a eu beaucoup de mal à trouver un éditeur pour cette BD. Il l'indique dans la préface. Il est vrai que c'est actuellement très difficile pour des auteurs de se faire publier et de conquérir le marché. La spécificité de cette oeuvre est qu'il s'agit d'une BD marocaine qui explore la cité des Oudayas.

    Mon approche était d'abord assez ouverte et bienveillante. Cependant, à la lecture, mon verdict est pourtant sans appel : dessin brouillon et scénario mal maîtrisé. On est noyé sous un flot de dialogues et du coup, on n'entre pas du tout dans ce récit qui aurait sans doute pu être intéressant. Cela manque totalement de dynamisme que ce soit dans le trait ou dans cette intrigue policière.

    Bref, c'est une déception de plus. Comme dit, les auteurs qui s'essayent à la BD ne sont pas tous forcément doués. Il s'agit alors de passer à autre chose.

    Erik67 Le 16/12/2022 à 08:20:36

    Le métier de reporter n'est sans doute pas le boulot le plus facile au monde. On peut mourir quand on informe bien les gens. C'est ce qui est malheureusement arrivé à l'un des plus grands reporters français à savoir Albert Londres dans les années 30. Voici une BD qui lui rend hommage tout en nous présentant les enjeux géopolitiques du moment ce que j'ai bien apprécié.

    Depuis 1914, ce reporter d'exception a couvert les principaux événements de ce début de siècle un peu agité. Il a été par exemple le premier français au cœur de la Russie des soviets. C'est surtout son article sur le bagne de Cayenne qui a eu le plus d'impact puisque cela a abouti à sa fermeture. Il a également dénoncé le traitement indigne des malades dans les hôpitaux psychiatriques. Par ailleurs, il est devenu également un spécialiste de la Chine.

    C'est justement en Chine que le conduit sa dernière enquête en décembre 1931 qui va lui révéler un des plus grand scandale de toute la République. En effet, des politiciens corrompus ainsi que des hauts militaires se servent du trafic d’opium pour livrer des armes aux factions communistes qui luttent contre le Général Tchang Kaï-Check qui a déjà fort à faire avec l'occupant japonais. On connaît son destin puisqu'il sera contraint de s'exiler à Taïwan qui bénéficie encore aujourd'hui d'un statut très particulier.

    Cette BD nous retrace les derniers moments de ce reporter qui va payer sa découverte du scandale au prix de sa vie, assassiné dans des conditions assez mystérieuses qui donnent lieu à toutes les interprétations possibles d'où cette version un peu romancée. Sa disparition en mer lors d'un retour en Chine a, en effet, beaucoup interrogé. Les écrits de son reportage brûlent également dans l'incendie du navire provoqué par un sabotage.

    Il faut savoir qu'Albert Londres a donné son nom au prix récompensant chaque année en France un reportage de qualité et qui reste une véritable référence dans le journalisme d'investigation. J'ai bien aimé cette BD qui lui rend vraiment hommage et qui inspire des vocations à travers le monde pour que la vérité soit découverte même au dépend des puissants.

    Erik67 Le 15/12/2022 à 08:01:02
    After - Tome 1 - Volume 1

    J'adore véritablement les histoires de couple, la romance de manière plus générale. D'autres préfèrent les récits d'action ou guerrier. Moi, je dis chacun son truc. A noter que mon épouse qui ne lis jamais de BD s'est carrément précipitée sur cet ouvrage une fois que j'avais fini de le lire, c'est dire !

    Evidemment, je suis un adapte, fan des films de lovers. Je connais bien « After » pour les avoir toute la collection en DVD. Je sais que le succès a été mitigé car galvaudé après la sortie du deuxième chapitre. Malgré les critiques négatives inhérente au genre, j'ai vraiment aimé grâce sans doute à l'alchimie entre Tessa et Hardin, deux personnages que tout semble pourtant opposés au premier abord.

    J'étais curieux de découvrir la version BD de ces romans qui ont été adapté en film. A noter qu'il y a quand même plus de 12 millions de livres qui se sont écoulés à travers le monde. C'est un phénomène littéraire qui a touché toute une génération depuis 2014.

    Certes, c'est une histoire d'amour entre deux adolescents qui nous refait vivre votre jeunesse et nos premiers frissons. Bref, c'est un teen movie romantique mignon qui ne manque pas de consistance entre tension et passion.

    La relation amoureuse qui unit nos deux protagonistes principaux gagne petit à petit en épaisseur et elle va être assez attachante en dépit de son aspect conventionnel et prévisible. Puissance érotique et sincérité émotionnelle ne font aucun doute.

    Cela aborde également avec justesse et sans pédagogie moralisatrice certains thèmes comme la contraception, la sexualité, l'écoute dans un couple. On se laisse aisément porter d'autant que la mise en page et le graphisme sont assez avenants. Oui, j'ai été assez surpris par la qualité du dessin réaliste de Pablo Andrès qui magnifie totalement les personnages en leur apportant même de la sensualité.

    Pour moi, c'est loin d'être nul même si cela ne sera pas un chef d’œuvre du genre gentil et sage. Les fans de lovers apprécieront sans nul doute.

    Erik67 Le 14/12/2022 à 07:42:42

    Qui n'a jamais rêvé de défier la mort elle-même ? C'est tout le mythe qui a donné naissance par exemple à Frankenstein ? Sisyphe et Asclépios ont ce point commun d'avoir utilisé la ruse pour permettre de faire revenir les morts à la vie.

    Il est clair que cela ne plaît pas trop à Hadès le maître des enfers qui voit se vider un peu plus son royaume. Et cela ne convient pas du tout à Arès, le dieu de la guerre, car si sur les champs de bataille, il n'y a que des vivants, à quoi bon faire la guerre ? Bref, cela menace l'équilibre même du cosmos et les lois sacrées. Zeus est obligé d'intervenir pour faire cesser cette situation contre-nature.

    On verra dans cette ouvrage les déboires que connaissent les hommes qui osent défier l'ordre divin. On ne joue pas avec la vie et la mort. C'est un pêché dicté par l’orgueil et la démesure.

    Encore aujourd'hui, nos sociétés tentent de juguler la mort. Il n'y a qu'à voir les mesures qui ont été mises en place lors de l'épidémie récente du COVID. On n'accepte pas cette idée de mort qu'on tente de repousser.

    Asclépios est le père fondateur de la médecine. Il va être foudroyé par Zeus alors qu'il voulait sauver le plus d'hommes possibles. Sisyphe est par contre radicalement différent dans sa démarche car il compte que se sauver lui-même comme un égoïste. L'un connaîtra une sorte de rédemption quand l'autre sera condamné au supplice éternel en vivant un éternel recommencement.

    Bref, cette lecture dévoile un mythe qui a encore une actualité de nos jours. C'est assez intéressant pour mener ce type de réflexion.

    Erik67 Le 13/12/2022 à 07:29:09
    Lore Olympus - Tome 1 - Volume 1

    Voici le mythe d'Hadès et de Perséphone qui est revu et corrigé par Rachel Smythe (auteure de Nouvelle-Zélande) pour le moderniser à une sauce assez piquante voir indigeste pour certains lecteurs. C'est clair que je ne peux leur donner tort à savoir que cela fait un peu émission de télé réalité sur les sœurs Kardashian voulant sortir en boîte pour se trouver un mec le temps d'une soirée.

    Bon, il n'y a pas de mal que de vouloir s'amuser un peu. Pour autant, l'auteure nous prévient qu'il y aura de la maltraitance physique et psychologique avec relation toxique à l'appui. Je dois dire que je m'attendais à pire.

    Oui, les temps changent et il faut s'adapter ou crever. Il y a le choix de l'isolation également mais bon, ce n'est jamais très bon. Je me dis que si un nouveau public peut découvrir l'un des plus grands mythes de la Grèce antique de cette manière assez ludique, pourquoi pas après tout ?

    Il est vrai que l'engouement autour de cette BD paraît assez formidable et sans doute disproportionné. Il y a mieux sur le marché mais le mieux n'est-il pas l'ennemi du bien ?

    Il faut voir cette œuvre comme un nouveau parti pris, une réécriture pour la faire ancrer dans notre époque actuelle où les filles branchées communiquent avec leurs portables. Moi, j'ai trouvé qu'il y avait une certaine fraîcheur qui se dégageait de cette œuvre qui finalement devient intemporelle.

    Nous avons une mère Démeter qui fait tout pour que sa fille la belle Perséphone soit protégée de la tentation. Mais le temps d'une soirée glamour, elle va tomber amoureuse d'un bad boy qui est quand même le maître des enfers. Il l'enlève et entame une relation de gré ou de force.

    Sur le plan graphique, il y a de belles trouvailles avec les couleurs rattachées aux différents dieux de l'Olympe qu'on va croiser en boîte de nuit ou en train de faire du shopping.

    Au final, on peut se laisser convaincre par Lore Olympus. Dans tous les cas, cela ne laissera pas indifférent.

    Erik67 Le 12/12/2022 à 07:36:38

    Les vieux fourneaux inspirent des auteurs qui cette fois-ci imaginent des mamies braqueuses atteintes de la maladie d’Alzheimer faisant également des parties de GTA en maison de retraite. Plus c'est fun, mieux c'est ! Oui, sur le papier.

    Je n’aime pas trop quand les histoires partent dans des délires. On peut trouver cela amusant mais ce n'est pas trop mon genre d'humour. On sent également que c'est appuyé à la manière de provoquer absolument la bonne humeur. Cela me fait penser à ces émissions américaines où il y a un individu qui brandit une pancarte ordonnant au public de rire aux éclats.

    Pour autant, j'ai plutôt été attentif à cette fille qui travaille dans la police comme inspectrice et qui essaye d'aider sa vieille mère qui est malade. Il y a quelque chose d'assez touchant. On voit qu'il y a un problème de communication lié à des vies différentes et surtout à l'âge.

    C'est une comédie policière qui se termine bien mais qui s'est révélé pour moi sans grande surprise tant le genre est maintes fois exploités.

    Erik67 Le 11/12/2022 à 09:56:07

    Catherine Meurisse frappe assez fort avec les grands espaces. C'est le retour à l'enfance mais surtout à la campagne où il existe un autre art de vivre. Elle retourne dans le Poitou au milieu des années 80, une région où elle y rencontrera également sa dinde au détour d'un discours politique assez basique.

    J'ai bien aimé car ce n'est pas exempt de critiques constructives également vis à vis de la campagne qui se compare à la ville avec ses avantages et des défauts. Et puis et surtout, il y a l'intensivité de l'agriculture qui a changé le visage de nos campagnes avec ses nouvelles méthodes de production et ses pesticides.

    Il y a un doux parfum de nostalgie qui se dégage d'une telle œuvre qui prône un peu le retour aux sources. L'humour est également omniprésente avec cette touche de légèreté. Pour autant, j'ai trouvé qu'il y a une véritable profondeur de la pensée avec une rare intelligence dans les propos. J'ai véritablement été séduit par cet album et pourtant, ce n'est pas mon genre de prédilection.

    Un mot sur le dessin pour dire qu'il est clair et lumineux mais également dynamique et assez expressif. On prend plaisir à la lecture. De belles couleurs égayent le tout.

    Bref, au final, nous voilà avec une BD autobiographique drôle et sensible mais surtout assez sympathique qui pourrait très bien s'offrir comme un beau cadeau de Noël. Avis aux amateurs !

    Erik67 Le 10/12/2022 à 09:28:56

    Il est rare de voir une BD sur la Corse en explorant véritablement les caractéristiques et surtout l'histoire de cette île.

    J'ai été tout d'abord conquis par le dessin en aquarelle qui est absolument magnifique. Les décors seront de toute beauté comme l'île d'ailleurs. C'est assez sidérant de voir une telle maîtrise dans le graphisme pour un jeune auteur. J'ai été plus que conquis.

    Sur le fond, on va suivre un chineur d'antiquité parisien qui va partir dans une mystérieuse chasse aux trésors à partir d'une photo qu'il va trouver dans un objet rare. Cela va le mener jusqu'à un navire qui a sombré à la fin de la première Guerre Mondiale dont un personnage transportait un mystérieux héritage napoléonien. Il ne faut pas oublier que l'Empereur des français était corse d'origine.

    J'ai trouvé que l'intrigue était très bien menée jusqu'au bout avec un épilogue assez extraordinaire. La construction de l'album est efficace. Cela a été un véritable plaisir de lecture même si certains passages étaient un peu lourd comme la manipulation de certains personnages sur notre héros pour l'amener là où ils veulent.

    On notera un formidable travail de documentation sur le contexte historique qui apporte véritablement une touche de crédibilité appréciable. Je pense notamment à la fameuse République de Corse (1755-1743) et à au général Pascal Paoli.

    Il y a une véritable osmose entre le scénario et le dessin qui est tout à fait indéniable. Les amoureux de la Corse vont adorer. Les autres aussi. Lecture largement recommandée !

    Erik67 Le 09/12/2022 à 07:34:53

    C'est un ouvrage assez intéressant qui présente l'une des théories les plus controversées et pourtant qui explique presque tout à savoir celle de l'évolution des espèces par Darwin.

    C'est un metteur en scène de théâtre qui va nous la présenter de manière assez ludique et amusante. On peut dire que sur la forme, c'est assez inventif et original. Il faut savoir que cette théorie n'a que 150 ans !

    On ne tombe pas dans la didactique ennuyeuse et soporifique de certaines BD traitant de sujets scientifiques. Rien que pour cela, la lecture sera des plus faciles pour le plus grand nombre.

    J'ai beaucoup aimé car cela n'explique pas que le passé en mettant fin au conte de fée décrit dans la Bible sur la création du monde. Et dire que beaucoup de gens ont terminé sur un bûcher pour faire avancer la connaissance scientifique ! L'australopithèque n'est donc point une création divine, n'en déplaise à certains.

    Oui, cela parle également de l'avenir avec cette notion d'homme augmenté qui sera presque parfait et qui pourra vivre bien plus longtemps. Certains milliardaires dirigeants des GAFA ont lancé d'ailleurs des programmes de recherche à ce sujet. Un des objectifs affichés est de mettre fin à la mort en résistant aux microbes et aux maladies et en se régénérant afin d'éviter le vieillissement et tout cela, grâce à des nano-robots injectés dans nos artères. Bref, tout un vaste programme pour aller plus vite et plus loin !

    Il est question d'eugénisme et de transhumanisme avec les questions morales qui sont attachées à ces évolutions sans doute pas souhaitées par le plus grand nombre qui considère que la mort fait partie de la vie. Moi, je dis « à chacun ses convictions ! » sans être totalement fermé.

    Nier le déterminisme génétique, c'est prétendre qu'on peut transformer un âne en cheval de course. C'est en tous les cas ce qu'affirme un riche industriel qui sème le doute dans cet ouvrage.

    Bref, c'est un titre à découvrir pour les questions qu'ils soulèvent comme par exemple la sélection sexuelle. C'est en tous les cas un ouvrage très bien réalisé.

    Erik67 Le 08/12/2022 à 07:56:41

    Après Tirésias, la Gloire d'Héra, Pygmalion et la vierge d'ivoire, voilà que Serge Le Tendre s'attaque au mythe du Minotaure en nous livrant une autre version qui est tout à fait intéressante.

    Il va réhabiliter le Mystérieux Minotaure qui n'est pas la bête cruelle et sanguinaire que l'on croit. Cela serait plutôt un être mi-humain, mi-taureau qui a beaucoup souffert de la cruauté des hommes. Il y aura également le personnage incontournable de Dédale qui a construit le labyrinthe sur ordre de Minos, roi de Crête.

    Le scénario de Serge Le tendre bien qu'un peu alambiqué car fidèle aux textes d'origine tient la route pour nous faire part de sa démonstration éblouissante d'une des plus grandes légendes de la mythologie grecque à savoir comment Thésée a vaincu la bête et a retrouvé son chemin grâce au fameux fil d'Ariane.

    On ne peut que souligner le beau travail réalisé tant au niveau du scénario de cette tragédie que du dessin qui nous livre des pages de toute beauté sublimé également par des couleurs chaudes. C'est impeccable sur toute la ligne. Bref, un travail d'équipe qui se complète parfaitement pour notre plus grand plaisir.

    Cette BD est à découvrir car c'est bien une réappropriation formidable d'un mythe antique assez passionnant. Les amateurs de récits mythologiques adoreront avoir une autre version plus moderne et moins académique que ceux exploités dans la collection « La sagesse des mythes ». La diversité culturelle fait parfois du bien.

    Erik67 Le 07/12/2022 à 07:31:32
    Les songes du roi Griffu - Tome 1 - Le fils de l'hiver

    Je ne m'attendais pas à une telle qualité d'écriture dans le scénario. Il faut dire que la couverture ne m'avait guère convaincu. Comme quoi, il faut lire et tout lire pour pouvoir finalement apprécier à sa juste valeur avec du recul.

    C'est vraiment un récit très bien mené qui fait preuve d'une certaine créativité et d'une inventivité qui laisse pantois. Je suis véritablement très agréablement surpris par une telle qualité. Il faut également dire que c'est une première pour l'auteur Cyrielle Blaire. On ne peut être qu'admiratif par un tel travail.

    J'avais sans doute trop peur du côté enfantin d'un tel graphisme mais c'est résolument mâture. Il y a ce qu'il faut d'aventure avec un zeste de magie ainsi que la personnalité de notre jeune héros voulant réparer sa faute de jeunesse vis à vis de sa sœur. On ne va pas du tout s'ennuyer avec une telle lecture tant il y aura des péripéties bien calculées entre rêves et réalité.

    J'ai indéniablement envie de connaître la suite ce qui n'est pas toujours le cas. On va surveiller cela de près ! De la très bonne héroïc fantasy surtout pour les amateurs du genre !

    Erik67 Le 06/12/2022 à 08:26:18

    On va suivre un cartographe qui découvre les contours du Nouveau monde à l'époque du roi Louis XV. Il s'agit de Monsieur de la Condamine, un homme de science un peu poudré.

    L'horizon n'est plus un au-delà sans cesse repoussé mais un objet d'étude dont il pourra mesurer l'exacte courbure. Bref, un homme de science pour qui le monde n'est qu'une vaste équation. Il collectionne les échantillons qu'il va ramener en France suite à cette expédition où sont rassemblés parmi les plus grands scientifiques avec leurs égos totalement démesurés.

    J'ai bien aimé certaines réflexions notamment lors d'une corrida que les espagnols ont importé au Pérou. Qu'y a t'il de plus sauvage que la mise en scène de la sauvagerie ? Telle est la question qui est posée par un des protagonistes. On se pose encore cette question de nos jours à l'heure où un projet de loi souhaite interdire la corrida.

    D'autres réparties ont également attiré mon attention comme celle de savoir si la science mérite qu'on se tue pour elle ? Certains en sont véritablement persuadés. Il faut dire que la jungle et ces pays sous domination espagnole sont plutôt hostiles. Beaucoup vont terminer dans un asile à moins d'être achevé avant par les fièvres tropicales.

    La fin est un peu triste car il y a toute une œuvre assez considérable qui a été recueilli en matière de botanique mais il n'en resta pas grand chose faute de transmission de ce savoir. Cependant, on se rend compte que là n'était pas l'essentiel.

    A noter un graphisme pour le moins très spécial assez baroque avec des traits plutôt gras. C'est dessiné sur du grand format avec de grandes cases ce qui apporte du cachet. Il y a par contre une belle utilisation de la couleur qui rend la jungle assez luxuriante.

    Pour autant, je n'ai pas été trop captivé par cette histoire sur fond de concurrence scientifique et d'oiseaux exotiques qui discutent philosophiquement mais il reste une ambiance assez bien retranscrite dans la moiteur de la jungle. Bon, au moins, on aura appris que la Terre n'est pas d'une rondeur parfaite.

    Erik67 Le 05/12/2022 à 07:46:59
    Lumière - Tome 1 - Le voyage de Svetlana

    J'ai beaucoup aimé la partie graphique qui révèle de magnifiques planches qui font presque rêver. On est tout de suite embarqué dans une aventure se situant dans le Paris du jeune roi Louis XVI qui vient d'accéder au trône de France après le règne de l'impopulaire Louis XV. On sait malheureusement que 15 ans plus tard, sa tête sera tranchée au gré de la révolution...

    On va surtout suivre les aventures d'une jeune aristocrate Svetlana (ce qui signifie Lumière d'où le titre) qui a été adoptée en Russie par ses parents. Sa mère adoptive est morte voilà des années et elle vit seule avec son père lorsqu'elle découvre petit à petit ses origines.

    Il lui vient l'envie de tout quitter pour rejoindre la Russie de la tsarine Catherine II avec une lettre de recommandation de Denis Diderot, le célèbre encyclopédiste du siècle des Lumières. Bon, son père ainsi que le cocher ami de la famille paieront assez cher ce petit caprice alors que rien ne prouve que les vrais parents soient encore vivants.

    J'ai été un peu troublé par un personnage au trait et à la chevelure féminine s'appelant Aliocha. En réalité, il s'agit d'un jeune homme orphelin vivant dans les bois et également prêt à tout plaquer pour suivre une jeune et belle inconnue. Bref, il y aura pas mal d'incohérences de ce type pour aller dans le sens de ce récit aux multiples péripéties. Il est vrai que je n'aime pas trop quand cela ne paraît pas naturel.

    Mais bon, on pardonnera aisément car cela se lit très bien et comme dit, rien que le dessin vaut le coup d’œil. J'ai oublié de vous dire pour vous convaincre que c’est tiré d'un roman de Carole Trébor à qui on doit également la fameuse série U4 qui a récemment cartonné.

    Il y a chez l'héroïne une certaine fraîcheur et insouciance de la jeunesse qu'on ne peut qu'être subjugué. Et puis, il y a le thème du siècle des Lumières qui apporte son lot de nouveautés scientifiques et philosophiques qui va mener droit à la révolution. Mais il y a également cette dualité avec les vieilles croyances ancestrales qui apporte son lot de magie à travers les rêves. C'est envoûtant et mystique à la fois !

    Erik67 Le 04/12/2022 à 08:20:28

    Ce titre joue sur un quiproquo qui est en réalité un jeu de mots. En effet, on ne va pas solliciter l'avis des autres mais bien voir la vie des autres.

    On va notamment intéresser à un trentenaire solitaire à savoir Jules qui semble bien gagné sa vie et Charlie un adolescent taciturne qu'on lui met de force entre les mains. Il est vrai que cela va être très compliqué à gérer surtout au début mais progressivement, une relation amicale se forme.

    Je n'ai pas trop aimé les réactions complètement loufoques de Jules qui en se libérant d'une espèce de carcan dans lequel il semblait enfermer va faire du n'importe quoi pour plaire à Charlie afin de gagner sa confiance. Je pense notamment au fait qu'il demande le remboursement de son PC cassé à une de ses amies l'accusant de ce forfait. Que dire encore lorsqu'il vole à un petite gamin sa trottinette sous prétexte qu'il a fait un chèque généreux à sa mère ?

    Bref, je dois bien avouer que je n'ai pas trop apprécié cette chronique. Cependant, tout n'est pas à jeter car il y a derrière une véritable interrogation sur le mode de communication à avoir entre les individus. On est souvent attiré par son contraire et c'est intéressant de voir comment on peut faire pour s'entendre.

    Bref, un titre sur le mode de la chronique douce à découvrir pour se faire une idée soi-même. Certes, on ne choisit pas sa famille mais on peut choisir ses amis !

    Erik67 Le 03/12/2022 à 08:56:38
    Les futurs de Liu Cixin - Tome 3 - Les trois lois du monde

    On dit parfois que les enseignants sont des bougies qui se consument à petit feu pour éclairer les autres. Cette BD nous transmet le message qu'il faut enseigner à tous les enfants pour qu'ils puissent avoir un avenir, que la transmission du savoir est fondamentale.

    Bref, c'est un bel hommage à tous les professeurs du monde entier pour le travail qu'ils accomplissent car cela a un sens. En effet, le savoir des enfants va permettre de sauver l'humanité d'une extinction de masse qu'allait provoquer une race d'extraterrestres supérieurs voulant une espèce de cordon de sécurité dans la galaxie anéantissant plusieurs milliers d'étoiles dont le soleil.

    J'ai adoré la mise en scène qui nous montrent deux histoires complètement séparées qui vont se rejoindre malgré tout vers la fin. Progressivement, on va comprendre les enjeux qui seront de taille. Bref, l'auteur n'abat pas toutes ces cartes tout de suite ce qui peut paraître laborieux mais c'est tout simplement astucieux.

    Le dessin est absolument extraordinaire que cela soit dans la campagne rurale chinoise ou bien dans l'espace avec des batailles intergalactiques titanesques.

    Au final, un titre assez intéressant de cette collection qui nous montre que la Terre n'est qu'un minuscule grain de sable dans une voie lactée et surtout un univers sans limite.

    Erik67 Le 02/12/2022 à 08:21:11
    Les futurs de Liu Cixin - Tome 2 - Pour que respire le désert

    C'est génial car il suffit juste de créer des bulles de savon géantes pour sauver le monde de la sécheresse. On pourra construire des villes comme Las Vegas en plein désert et ne manquer jamais d'eau grâce à cette formidable invention. Il fallait y penser !

    Encore une fois, c'est l’œuvre de Liu Cixin qui après avoir fait voyager notre planète la Terre dans la galaxie nous concocte une nouvelle idée savamment mise en œuvre pour que respire le désert.

    Bon, il va falloir s'accrocher à ce synopsis assez incroyable qui reflète une certaine candeur d'esprit. L'intention est louable puisqu'il s'agit de lutter contre la désertification. Il faut dire que certains pays comme la Chine veulent contrer les effets du climat en jouant avec la météo.

    Derrière cela, il y a également le thème que les choses futiles peuvent finalement se révéler très utile pour l'humanité et qu'il ne faut rien négliger surtout dans les nouvelles générations car on a toujours à apprendre.

    Pour moi, c'est de la bonne science-fiction un peu différente où une jeune fille va sauver une mégalopole à force de croire en ses rêves et de persévérer. Cela traduit de belles valeurs même si cela paraît utopiste. On ne verra plus les bulles de savon de la même façon à l'avenir !

    Erik67 Le 01/12/2022 à 07:44:44
    Les futurs de Liu Cixin - Tome 1 - La Terre vagabonde

    Je découvre enfin le premier des adaptations des nouvelles de Liu Cixin en BD. Je dois dire que j'ai plutôt été très agréablement surpris. Il est vrai que je n'avais pas commencé dans l'ordre. Nourrir l'humanité ne dévoilait qu'une facette de l'immense talent de l'auteur chinois.

    Pour ceux qui aiment la science-fiction, c'est une vraie mine d'or. Cela m'a véritablement donné envie de découvrir l'ensemble de son œuvre. Il est vrai que la terre vagabonde a fait l'objet d'une adaptation cinématographique en Chine ayant battu tous les records bien que je n'en n'avais pas entendu parler.

    Certes, l'idée d'une planète qu'on pourrait manœuvrer à travers l'espace à la manière d'un vaisseau spatial semble totalement impossible même en ayant la technologie la plus avancée. Il y a clairement un problème de cohérence scientifique. Un astéroïde qui a frappé jadis la terre et a tué tous les dinosaures n'a pas bougé la terre de son orbite d'un seul iota. Alors, vous imaginez si on pouvait emmener la Terre dans la constellation du Centaure à 4,24 millions d'années lumières dans un voyage censé durer 2500 ans !

    Mais qu'importe car on se laisse embarquer dans un voyage qui dépasse l'imagination même si cela ne sera pas de tout repos pour nos compatriotes humains survivants. L'histoire en elle-même semble cohérente et captive vraiment grâce au talent de l'auteur qui nous perd dans des considérations pseudo-scientifiques. Il y a plein de bonnes idées qui apparaissent comme novatrices.

    Il y a des inondations suite à des tsunamis géants, des passages où il gèle et d'autres où il fait trop chaud, des irruptions volcaniques. Cela semble être un condensé de toutes les catastrophes. Il est vrai que les deux personnages principaux paraissent assez insipides face à un tel déploiement de force.

    A noter qu'il y a des images visuellement magnifiques parfois étalées sur plusieurs pages qu'il nous faut déplier. Les moyens ont été mis par l'éditeur pour nous proposer un écrin de qualité. J'adore également la couverture qui paraît assez intrigante. Que dire également de la mise en scène qui est vraiment intéressante.

    Au final, c'est un titre assez extraordinaire qui a su attirer mon attention. Quoiqu'il en soit j'ai passé un très bon moment en voyageant avec ma planète.

    Erik67 Le 30/11/2022 à 07:23:31

    J'ai beaucoup aimé ce scénario de Didier tronchet à partir du roman de Jean-Paul Dubois sur la vie d'un trentenaire viré de sa propre entreprise par son épouse. Oui, parfois les femmes peuvent faire cela ! C'est ce qu'on appelle le girl power !

    C'est clair que dans ces conditions, la vie lui fait peur à notre gentil bonhomme un peu désinvolte. On remontera à son enfance marquée par un drame tragique concernant l'un de ses parents. Il y aura également sept années d'errance dans la vingtaine après l'abandon de la fac.

    Il y en effet une sorte de folie douce insufflée aux personnages notamment la figure du père qui va tenter de construire une entreprise à partir de ses idées pas si folles que cela.

    J'ai très vite accroché à ce récit car il y a de la consistance dans les personnages et on a envie de savoir ce qu'ils vont vivre. Il y a des BD où cela le fait et d'autres où il faut ramer pour atteindre ce résultat. Je ne peux que souligner le talent de l'auteur qui a de la bouteille.

    Par ailleurs, un mot sur le dessin pour dire qu'il colle parfaitement à ce type de récit. Il est clair et efficace. Le graphisme est simpliste sans fioriture avec des décors très dépouillés. A noter également que les personnages sont assez expressifs. Bref, c'est lisible et cela rend la lecture très agréable.

    Au final, c’est une histoire qui se laisse lire facilement et qui est très bien menée. On en redemande. Et puis, la vie ne doit pas faire peur bien au contraire.

    Erik67 Le 29/11/2022 à 08:04:50

    Je n'ai pas trop aimé cette biographie de la diva afro-américaine Billie Holiday en raison d'un graphisme en noir et blanc qui m'a paru bien fade et d'un texte inutilement composé d'envolées lyrique sur fond de bastonnades dans des endroits mal famés et peu reluisants.

    L'auteur a insisté sur les mauvais côtés de la vie de Billie Holiday qui n'a pas eu de chances avec les hommes la maltraitant et profitant d'elle pour sa richesse durement gagnée à la force de sa voix. Le racisme sera fortement évoqué tout comme la violence conjugale et la drogue.

    Au final, je n'ai pas retenu grand-chose mise à part une mort peu glorieuse dans un hôpital suite à une overdose entourée de deux policiers blancs qui ne l'avaient pas reconnu.

    Oui, l'ensemble de cette lecture m'a paru bien glauque pour être un véritable hommage à une artiste hors du commun qui a marqué le jazz et la musique dans son ensemble. Si on rajoute un langage assez grossier dans les dialogues, on frise le pompon !

    Il ne faudrait sans doute pas tomber dans le piège qui consiste à automatiquement surnoter une BD si elle porte sur une célébrité ayant toutes les qualités intrinsèques du monde dans son domaine. Les auteurs s'emparent souvent de sujets vendeurs. Non, il faut dissocier la BD et son traitement de son sujet aussi important soit-il. En l’occurrence, on ne peut crier au chef d’œuvre, loin s'en faut.

    En effet, les faits marquants de sa prodigieuse carrière sont malheureusement occultées. Par ailleurs, il y a des transitions assez anarchiques qui font qu'on va se perdre dans les méandres de ce récit. La mise en scène n'est pas des plus réussies et des plus lisibles.

    Moi, je passe mon tour sur cet ouvrage en espérant avoir un jour l'occasion d'en lire un autre plus conciliant sur la vie de cette artiste extraordinaire qui inspire encore de nos jours.

    Erik67 Le 28/11/2022 à 07:45:45
    Mister Mammoth - Tome 1 - Tome 1/2

    J'ai bien aimé ce détective au visage complètement fracturé mais qui dégage une certaine puissance de par sa grande corpulence. Il est le meilleur de sa catégorie et va se mettre le temps d'une enquête au service d'un riche industriel qui a bien des secrets à cacher. Le cadre est celui du New York des années 70.

    La philosophie de ce détective taciturne est d'accepter les affaires les plus difficiles afin de ne pas s'ennuyer car cela le pousse vers l'excellence. Vers la fin, on se rend compte qu'il y a toute une histoire également cachée autour de ce personnage décidément très énigmatique.

    Jean-Denis Pendanx est vraiment très à l'aise au dessin. C'est à la fois dynamique et détaillé à souhait. J'ai bien aimé la mise en page également qui fait très cinématographique. C'est assez facile d'accès. Il y a également un côté couleur délavé qui donne un certain cachet à l'ensemble.

    J'ai bien aimé cette association presque improbable entre un scénariste américain de renom et un auteur français qui a fait ses preuves.

    Bref, c'est le genre de polar que j'aime bien car pas trop alambiqué inutilement. A suivre dans le second et dernier tome qui va nous apporter toutes les réponses. En trois mots : classique mais efficace.

    Erik67 Le 27/11/2022 à 09:39:48

    Voici un roman graphique destiné à la jeunesse plutôt original dans son approche. Il serait strictement interdit dans la plupart des pays du globe réactionnaire et autoritaire à commencer par la Russie de Poutine qui a prévu une infraction dans son code pénal pour ce type d'ouvrage.

    En effet, si cela parle d'amour et d'amitié, cela n'exclut pas la relation lesbienne entre ses deux héroïnes sur fond de conte enfantin tout droit sortie de la petite sirène version gay. 

    Sur le fond, je ne peux qu'être en adéquation avec les valeurs véhiculées comme le respect de toutes les différences mais également le respect de la nature avec une dimension écologique afin de préserver les océans de toute pollution humaine.

    Curieusement, sur la forme, j'ai également adhéré à ce dessin moderne presque enfantin mais qui a son charme. J'aime bien quand le trait est dynamique tout en conservant une certaine rondeur et du panache avec des couleurs.

    Bref, on n'oubliera pas de sitôt cette fille de la mer qui revient tous les sept ans et qui se transforme de phoque en jeune belle adolescente. Cette amphibie de l'animal qui peut à la fois vivre dans la mer et sur la terre est constitutif de ces êtres humains qui peuvent à la fois aimer les femmes et les hommes.

    C'est plutôt bien vu de la part des auteurs qui apportent là un beau message envers un public jeune qui deviendra sans doute tolérant plus tard. C'est en tous les cas le souhait.

    Erik67 Le 26/11/2022 à 08:54:25

    Je dois bien avouer après lecture que ce titre m'a assez agréablement surpris. C'est assez original comme récit de science-fiction. Cela se passe sur une planète lointaine où vit un peuple humanoïdes peu avancé technologiquement.

    Le graphisme d'Olivier Roman est pourtant assez épuré mais il épouse à merveille une typologie des lieux assez extraordinaire. Je suis bluffé par le dessin ainsi que par cette colorisation qui donne une tonalité particulière. Bref, cela ne manque pas de charme !

    On est tout de suite dans cet univers assez étrange où une des deux lunes a disparu en même temps que la mer. Deux jeunes frères partent à l’aventure afin d'élucider le mystère de la disparition de la mer qui fait vivre la population locale.

    A la fin de ce récit assez bien mené, on se dit que c'est dommage que cela ne soit qu'un one-shot et non le début d'une série qui aurait dû être assez passionnante à découvrir tant il y a des éléments qui restent d'ailleurs sans réponse. C'est comme si on avait une ébauche et qu'on ne poursuit pas plus en avant.

    Sur le fond comme sur la forme (grand écrin), cette BD recueille de grande qualités. Une note à 4 étoiles me paraît tout à fait justifiée.