Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.
Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.
Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :
Copyright © 1998-2025 Home Solutions
• CGU Site
• CGU Logiciel
• CGV
• Cookies
• Design by Home Solutions
Page générée le 09/01/2025 à 13:01:19 en 0.1973 sec
Steve Lumour gagnerait à être connu tant il nous fait rire aux éclats car il s'agit d'un humoriste comme son nom l'indique. Cet ouvrage est une biographie qui lui est consacré pour le meilleur et pour le rire. Ses sketches vont faire sensation non pas à l'Olympia mais au supermarché du coin. Vous aurez compris qu'il s'agit bien d'un looser qui cherche l'art de la winne. J'ai adoré ce côté attachant de la biographie de l'homme le moins connu de notre siècle qui sera tout de même honoré d'un fameux prix: le Bidor.
On va ainsi suivre son «épopée», de bides en bides, de spectacles miteux en interventions minables, en passant par des plateaux d'émissions TV régionales, jusqu'à la commercialisation du DVD de son spectacle... Bref, le parcours d'un humoriste au rabais.
C'est toujours la franche rigolade qui nous attend avec un enchaînement de gags parfaitement maîtrisé. Fabcaro n'a rien perdu de son talent pour une série qui se révèle assez prometteuse. C'est toujours aussi décalé et parfois ringard. Cette dérision fait tout le charme de l'ensemble. J'apprécie réellement.
On passe véritablement un agréable moment de lecture avec ce récit de science-fiction sur fond apocalyptique d'invasion extra-terrestre. C'est un genre Independance day que j'aime bien. Bon, c'est vrai que le film de Roland Emmerich symbolise à lui seul le cinéma pop-corn...
En l'occurrence, le récit est plutôt bien construit à partir d'une expérience scientifique qui tourne mal. Il y a tout ce qui faut dans le scénario pour ne pas s'ennuyer. Le rythme est efficace et le lecteur est tenu en haleine malgré toutes les grosses ficelles du genre. La parution se fera en deux tomes donc cela ne sera pas trop long. La série de Bec à savoir Prométhée aurait dû sans doute s'en inspirer ! La sobriété sera de mise. On retiendra surtout l'efficacité de ce thriller fantastique.
Indicible demeure une bonne surprise à découvrir pour son scénario, pour ses dessins sobres et pour son ambiance.
Ce carnet de mariage est tout simplement un journal personnel drôle et hilarant car il va nous remémorer ce qu'est l'organisation d'une telle cérémonie. Il y a les bons côtés assez sympas mais également les tracas de toutes les démarches à entreprendre pour réussir le plus beau jour de sa vie. Bref, beaucoup se reconnaîtront dans cette autobiographie sur le thème du mariage. C'est tellement vrai !
J'ai ri de bon coeur dès la seconde page ce qui est plutôt bon signe pour une bd qui m'a tout de suite mis de très bonne humeur. On va passera la demande en mariage au choix de la bague, à l'organisation de la cérémonie civile et religieuse, au choix de la salle et des invités, à l'enterrement de la vie de garçon jusqu'aux doutes avant le plongeon final.
L'auteur a un bon coup de crayon et a su traiter ce sujet avec humour, tendresse, sensibilité et subtilité. C'est une belle réussite à tous les niveaux. A lire surtout avant de sauter le pas. Pour les autres, cela sera la nostalgie avec des anecdotes qui rappelleront de beaux souvenirs.
Aventure, voyage et dépaysement seront au programme de cette série qui démarre sur les chapeaux de roues. Les auteurs qui débutent dans la bd sont deux frères. Ils signent là après trois ans de recherche graphique leur premier album. La série sera prévue en plusieurs cycles dont le premier fera trois tomes. Pour un coup d'essai, je trouve la prestation très réussie. Ils ont du talent.
Le cadre politique est légèrement uchronique puisqu'il s'agit d'un empire au XVIIème siècle situé dans le golfe du Bengale: le Macchawari. La civilisation décrite est passionnante pour ses détails dans les décors et le vestimentaire. Il sera également question non seulement de la destinée de deux jeunes marins français au milieu d'esclaves de nationalités différentes mais également de celle d'un empire qui sera pris dans la tourmente d'une guerre. Il y a cette dimension en plus qui fait toute la différence.
Cette bd mériterait d'être connue. Elle n'a malheureusement pas bénéficié d'une formidable publicité et pourtant... Bref, n'hésitez pas si vous tombez dessus car vous ne serez pas déçu.
L’enfant qui rêvait d’étoiles marque le parcours d’un chef cuisinier qui s’est vu décerner 3 étoiles au guide Michelin il y a peu. Il fait partie de la relève et de ce qu’on peut appeler la nouvelle cuisine. On va suivre son parcours de la plus tendre enfance avec sa grand-mère qui mitonnait de bons petits plats aux écoles de cuisine puis au passage dans les célèbres palaces hôteliers parisiens comme le Meurice. Il y aura également les rencontres et le voyage au Japon. A vrai dire, je ne connaissais pas Yannick Alleno.
Les 3 étoiles au guide Michelin vous propulsent dans le cercle très fermé des plus grands cuisiniers du monde. Autant dire que cette distinction n’est pas volée ou achetée. Il faut en baver pour parvenir à ce niveau. Et une fois atteint, on n’éprouve pas pour autant de la satisfaction tant il a fallu galérer. C’est le portrait d’un homme de la France qui gagne, un homme qui a travaillé dur pour y parvenir. Il est clair que cette philosophie de vie qui se base sur la compétition via les concours ne fera pas dans l’adhésion populaire et entrainera nécessairement de la vile jalousie. Le message ambiant de l’œuvre : repérer celui qui a le talent qui fera toute la différence parmi la multitude : c’est une culture de l’élite et de l’ambition. J’ai bien aimé cette franchise, cette façon de voir les choses ponctuée par des anecdotes assez croustillantes quant au milieu.
C’est vrai que je n’y connais rien à la cuisine car j’ai eu la chance dans ma vie d’être entourée par de très bonnes cuisinières. Pour autant, j’admire la gastronomie qui fait de notre pays l’un de ceux où l’on y mange le mieux au monde. L’un de mes dessins animés préférés est « Ratatouille » et il y est fait expressément référence en début de l’histoire comme un clin d’œil.
Récemment, j’avais lu En cuisine avec Alain Passard qui insistait lui aussi sur les produits du terroir ainsi que la créativité culinaire. J’ai nettement préféré « L'enfant qui rêvait d’étoiles » car il est beaucoup plus instructif sur ce qui gravite autour de la gastronomie. On sait qu’il faut avoir la passion de la cuisine pour réussir mais il y a d’autres choses qui peuvent faire la différence pour gravir les échelons. Et ces réponses nous seront servies sur un plat. Un brin trop lisse pour les uns, trop rustique pour les autres, difficile de s’y retrouver. La gourmandise est un vilain défaut. Cependant, ce n’est pas le pire.
Le train des orphelins est une bd qui attire l’attention sur le sort d’un programme d’insertion des orphelins au Etats-Unis des années 1852 à 1929. Je n’avais jamais entendu parler de cela. C’est fort bien documenté dans un dossier assez pratique à la fin du premier tome. La bd se contente d’inventer une histoire mais se basant sur des faits historiques véridiques. Et je dois bien avouer que c’est prenant.
Humainement, on se pose des questions. C’est clair qu’il y aura du pour et du contre. Fallait-il laisser ces enfants dans la rue livrés à la violence et à la prostitution ou bien essayer de les insérer dans des familles loin de New-York ? En voulant faire le bien, cette fondation caritative a parfois fait le mal. On est loin du train qui emmenait les juifs dans les camps de concentration et pourtant, cette œuvre semble présenter les choses de cette manière.
Bref, les auteurs vont vraiment mettre l’accent où cela fait mal. Je ne vais pas retenir ces mauvais côté d’une œuvre manifestement dirigée. Elle a eu au moins le mérite de sortir de l’ombre un phénomène de masse concernant le déplacement de 200.000 orphelins sur la période considérée.
C’est joliment dessiné dans un graphisme que j’affectionne particulièrement. La mise en scène est parfaitement réussie. L’émotion nous prend parfois. Bref, c’est une bonne série qui commence là. La suite sera à la hauteur de nos espérances. Un parcours sans-faute.
L'originalité de New-Dehli est de nous proposer un récit qui est totalement dénué de nos protagonistes habituels que nous avions l'occasion de voir de monde parallèle en monde parallèle. Le changement, c'est bien et c'est pour maintenant. Bon, on ne sait pas par quel moyen l'Inde a réussi à dominer le monde mais qu'importe. Par contre, cette idée d'expérience d'exploration dimensionnelle en pratiquant le yoga est très intéressante.
Visuellement, cette série qui commence est très bien dessinée avec une multitude de détails qui rappellent les fondements de la société hindoue. C'est très coloré. On va s'attacher à de nouveaux personnages qui vont être un peu plus développés pour notre plus grand plaisir. On insistera beaucoup plus sur le côté psychologique au détriment de l'action. Bref, cette nouvelle dimension apporte quelque chose de différent par rapport à la saga d'uchronie et cela retient forcément l'attention. Une mention spéciale pour la statue de la Liberté décoré façon bollywood...
Une série jeune, dynamique et dépoussiérée : que demander de plus ?
Il y a des bd dont je ne me pose pas la question sur la notation. En l'occurrence, Silas Corey mérite un 4 étoiles direct. J'ai lu le premier diptyque avec un certain plaisir. Cette bd possède toutes les qualités requises. Il y a un héros intéressant, une histoire passionnante, un dessin tout à fait correct et une intelligence de la mise en scène avec pas mal de trouvailles.
Fabien Nury possède un talent de scénariste hors du commun. Il nous le prouve une fois de plus avec Silas Corey dans un registre pourtant difficile. La première Guerre mondiale sert de toile de fond à cette nouvelle aventure. Il apporte une crédibilité à la thèse de Joseph Caillaux qui fut accusé d'intelligence avec l'ennemi ce qui profita à son adversaire Georges Clémenceau pour diriger le gouvernement et mener notre pays à la victoire.
Au final, nous avons là une excellente série à déguster sans modération.
L’auteur italien Paolo Cossi semble avoir un faible pour l’Arménie dont les habitants ont été les premiers chrétiens de l’histoire. Il est vrai que son fameux Medz Yeghern : Le grand mal avait marqué les consciences par sa pudeur et sa force. Le second essai à savoir 1432 n’était pas très réussi en raison d’un sujet plutôt limité.
Voilà qu’il revient sur l’un des mythes fondateurs les plus importants de l’histoire de l’humanité : l’arche de Noé a-t-elle existé et reste-t-il des vestiges sur le Mont Ararat ? Selon la Bible, après le déluge, l'Arche de Noé se serait posée sur le mont Ararat, l'un des sommets les plus élevés de l'actuelle Turquie, avec plus de 5 000 mètres d'altitude. L’enjeu est de taille car il s’agit de prouver la véracité d’un célèbre fait biblique. Il est vrai que cet essai a connu un véritable succès en Italie. Voilà qu’il est publié dans notre pays.
Cette histoire est inspirée de faits réels comme l’expédition initié par le tsar Nicolas II peu avant la révolution d’octobre ou encore le survol d’un avion de l’US Air Force en 1949 qui détecte une anomalie près du sommet de la montagne. Un jeune scientifique d’origine arménienne va tenter de percer le secret de cette montagne en recherchant les traces de l’arche au mépris du danger puisque l’armée turque qui occupe les lieux veille à l’intégrité de son territoire arraché au gré des évènements historiques. Il est vrai que cette région au cœur de l’Arménie historique a été au fil des siècles sous contrôle notamment romain, perse, byzantin, arabe, seldjoukide, ottoman et russe avant de tomber sous la domination turque. Ce mont reste un symbole national en Arménie.
L’auteur va en remettre une couche tout en finesse par rapport au grand mal. En même temps, il ne pouvait pas passer à côté même si ce n’est pas le sujet de ce récit. Le trait, toujours en noir et blanc, nous plonge au cœur des coutumes arméniennes. On en apprendra également un peu plus sur l’origine du peuple kurde. Au final, une belle histoire sur fond d’échange et de partage et de découvertes culturelles et culinaires.
On va suivre les aventures de plusieurs membres de la famille Fleury-Nadal évoqués dans les tomes du "Décalogue" en parcourant l'Histoire.
Le premier tome concerne la belle Ninon pendant la période de la seconde terreur marquant la Révolution Française. Motivés par leur soeur Ninon, les frères Nadal rivalisent pour sortir leur père des geôles révolutionnaires. C'est le début d'une saga familiale et d'une fresque historique palpitante.
Le second et troisième tome va concerner la génération suivante pendant la Révolution de 1830 à savoir le jeune Benjamin qui est le fils de Ninon. Ce dernier est hanté par le tableau d'une belle inconnue. Ses rêves vont le mener jusqu'en Egypte. Le cadre de ce nouveau récit est volontairement plus romantique. Le dessin est d'une beauté extraordinaire.
Le quatrième tome à savoir Anahide va directement concerner le génocide arménien qui aura des consonances jusqu'en 1987 dans ce récit poignant. C'est incontestablement l'album le plus réussi de cette petite collection. Le traitement a été réalisé avec beaucoup de justesse et de courage. J'ai littéralement adoré car il retranscrit à merveille les émotions. Il y a également un véritable message politique en ce qui concerne la question de la reconnaissance de ce génocide par la Turquie.
Le 5ème et le 6ème tome concerne Missak, le frère de Anahide. Il va avoir un parcours totalement différent de sa soeur en échappant au génocide arménien. Là encore, le diptyque est une réussite à tous les niveaux avec une intrigue passionnante. On découvre la société new-yorkaise du début de la prohibition et de la mafia. On retrouvera ce personnage emblématique dans le tome 5 du décalogue à savoir le Vengeur.
Cette nouvelle extension du Décalogue apporte des éléments de réponse en complément de la série originelle. Cependant, les épisodes des Fleury-Nadal peuvent tout à fait se lire et se comprendre indépendamment du cycle du Décalogue.
C'est vrai que la plupart des lecteurs vont avoir le sentiment que l'auteur exploite le filon de manière très commerciale. La qualité étant au rendez-vous, on pourra facilement pardonner.
Par ailleurs, c'est quand même assez rare qu'une série parallèle soit aussi bien faite. On suit avec grand plaisir ce récit si bien racontée par Giroud. Splendide, historique et romantique à souhait !
Note Dessin : 4.25/5 – Note Scénario : 4.25/5 – Note Globale : 4.25/5
J'ai rarement lu une oeuvre aussi instructive et subtile sur un sujet que nous avons oublié peu à peu. Durant les derniers mois de la Seconde Guerre Mondiale, les Japonais totalement acculés ont lancé des kamikazes sur les navires de guerre américains. Aujourd'hui, après les attentats du World Trade Center, le terme kamikaze a prit la consonance terroriste jusque dans la société japonaise. La honte et l'oubli prédominent. Pourtant, l'époque n'était pas la même...
Le récit a de quoi nous passionner : des petits-enfants qui n'ont connu que très récemment l'existence de ce grand-père veulent enquêter pour en savoir plus. Etait-ce un lâche ou un terroriste ? Etait-ce un héros comme tout le monde le prétend ? La découverte se fera au fil des témoignages que les petits-enfants vont rassembler près de 60 ans après la fin de la seconde guerre mondiale. Or, nous verrons après le premier tome que ces témoignages des vétérans diffèrent quelque peu.
La force de ce manga est de mettre en parallèle un jeune contemporain totalement désoeuvré avec son grand-père qui a vécu dans une époque plutôt difficile qu'on aurait du mal à imaginer. Bref, on va enfin découvrir la vérité au sujet de ces aviateurs au service de la marine impériale japonaise.
On est très loin des clichés habituels car ce grand-père sera plutôt un homme complexe, aux multiples facettes, bien loin de l'image que son petit-fils s'en faisait. Pour le lecteur, c'est l'occasion de revenir sur des aspects de la Seconde Guerre Mondiale comme la bataille du Pacifique. Bref, un manga à découvrir absolument car loin devant les autres.
Terra Australis est vraisemblablement la découverte de l'année. C'est un roman graphique absolument magnifique qui nous apprend qui étaient les tout premiers colons australiens. Bref, c'est le récit d'une odyssée humaine sur près de 24000 km à un moment où le monde basculait dans les révolutions.
On se rend compte que le travail du scénariste a été colossal. L'association avec un dessinateur méconnu a été payante. Le graphisme est soigné et le découpage est impeccable. On ressort de cette lecture avec le sentiment d'avoir un autre sentiment vis à vis de l'Australie qui a tant fait rêver.
C'est un album dense à lire avec trois parties distinctes assez bien équilibrées. Bref, c'est comme si on partait en voyage vers une destination inconnue. J'ai été subjugué par cette lecture après une ouverture magistrale.
Je ne me lasserais sans doute jamais de lire des témoignages de gens qui ont vécu dans notre pays sous l’Occupation. Chacun a une expérience différente à raconter. C’est la somme de ces expériences qui est retenue par l’Histoire. On avait suivi la vie du père de l’auteur lorsqu’il est devenu apprenti sur un chantier naval. J’ai appris récemment que mon arrière-grand-père avait également travaillé sur un grand chantier naval d’où ce récit avait une consonance particulière en ce qui me concerne.
Cette suite m’a paru bien meilleure que l’œuvre précédente. C’est sans doute lié au fait qu’il se passe des choses autrement plus dramatiques. J’ai aimé cette façon de raconter et d’amener les choses. Le trait du dessin m’est apparu assez agréable. Bref, la lecture a été un réel plaisir. Et puis, par le biais de ce récit, on apprend toujours des choses intéressantes qu’on ignorait jusqu’alors. Bref, l’histoire de notre pays est passionnante.
Il y a quelque chose d’indéfinissable que j’aime réellement chez cet auteur. Je ne suis pourtant pas un amateur de strip et il faut le faire pour m’arracher un sourire surtout en ces temps de crise. Mais là, cet auteur arrive non seulement à capter mon attention, mais à me divertir sur un genre qui n’est pas trop le mien. J’aime sans doute son autodérision.
Cependant, il n’y a pas que cela. Au travers de ces blagues, il y a souvent une critique à peine voilée du monde de l’édition et de ses injustices. On découvre également une autre vision de la bande dessinée à travers le regard que portent les auteurs sur les amateurs et autres acquéreurs. On ressent toute la galère que mène Fabcaro au travers de son métier parfois très ingrat. D’ailleurs, le titre « on n’est pas là pour réussir » en dit long.
En tout cas, il y a de la finesse et de l’intelligence dans le propos de cette œuvre jouant à fond la carte de l’autodérision comme pour faire passer un message. De la légèreté et de la profondeur : tout un dosage savamment orchestré. Bref, ce n’est que du bonheur à la lecture !
Cette série est une formidable réussite. J'ai rarement lu un comics aussi abouti. Il est réalisé à la perfection. Il y a un excellent dosage entre les divers personnages qui le composent. L'action est savamment orchestrée. Je ne m'attendais pas à cela. Pourtant, les premières pages arrivent déjà à retenir toute notre attention avec la mort brutale du père. On voit tout de suite la différence avec le reste des publications.
Bref, Locke and Key joue véritablement dans la cour des grands avec des auteurs pourtant inconnus. En recherchant bien, on découvre que le scénariste Joe Hill n'est autre que le fils de Stephen King, le maître de l'épouvante. Le talent peut alors se transmettre d'une génération à l'autre.
La maison de Keyhouse va nous faire vivre de palpitantes aventures où il faudra s'accrocher. Ce comics a tout pour devenir culte: un univers riche et horrifique, des personnages attachants, du rythme et un vrai scénario.
Bad Ass a la particularité d'être un comics à la française tout en respectant les lois du genre américain avec la panoplie des super héros costumés. Un adolescent mal dans sa peau se retrouve avec de supers pouvoirs. Le doute demeure sur l'acquisition de son pouvoir qui semble être lié à la chance. Les clins d'oeil sont légions avec Batman à commencer par Black Snake le justicier de la nuit qu'il faut appeler par un signal. Bref, c'est par moment assez jubilatoire.
Notre héros est un super vilain. Cela change la donne. L'humour est prédominant avec un regard complètement décalé sur les comics. Il y a un côté Kick Ass que j'ai franchement apprécié. C'est une parodie politiquement incorrecte mais c'est jouissif à souhait. Le ton est décalé et les dialogues sont savoureux. Il y a véritablement de l'audace. En conclusion, on passe un agréable moment de lecture.
Lé Zitata nous entraîne de la Guadeloupe à la Martinique où un jeune homme essaye de vivre son rêve: celui de devenir acteur de théâtre. Cependant, il ne sera guère soutenu par ses parents. Qu'importe, il s'enfuit loin de chez lui pour vivre une aventure hors du commun.
Il sera tout d'abord un sans-papier sur une île des Caraïbes qu'il connait à peine. J'ai beaucoup aimé ce personnage très attachant par son côté fantasque. Il se fait tout le temps avoir. Il est d'une naïveté parfois déconcertante. Mais on l'aime bien !
Cette lecture aux couleurs créoles a été une vraie bouffée d'oxygène pour nous montrer les DOM comme on ne l'avait jamais ressenti. Le rythme est soutenu et la lecture a été très divertissante. En conclusion, il y a quelque chose qui sort de l'ordinaire et cela demeure assez plaisant.
J'ai attendu que cette série soit rééditée par Delcourt pour acquérir le premier numéro, les éditions Robert Laffont qui produisaient ce titre ayant subitement arrêté la publication de bd. Bien m'en a pris car nous avons droit à un cahier de 8 pages offert avec un entretien et des croquis.
Ce bois des Vierges est tout simplement génial ! On ne présente plus le scénariste Jean Dufaux qui est parmi mes préférés. Le vrai coup d'éclat vient de Béatrice Tillier qui n'était connue que pour une seule série à savoir Fée et tendres Automates. Les lecteurs avaient déjà repéré un talent exceptionnel au niveau du dessin. Mais là, elle se surclasse véritablement dans un style ultra-réaliste. Un dessin stylé au service d'un bon scénario: c'est le duo gagnant !
Ce premier volet jette les bases d'une histoire intéressante dans un monde où les humains combattent des loups "humanisés" dans une époque ressemblant à la Renaissance. Nous ne sommes pas pour autant dans un conte animalier mais dans une véritable fresque guerrière.
J'aime les histoires qui se servent des animaux pour les faire ressembler à des humains. On peut également exploiter des thèmes sur la monstruosité de l'homme et non de l'animal. Bref, les auteurs se sont arrangés pour que cela soit crédible. La virtuosité vient sans doute de là.
Gageons que nous avons là l'une des meilleures réussites du genre. Si le niveau se maintient à cette hauteur, nul doute que cette série sera culte. Eh bien, c'est réussi ! Le second tome parvient à aller encore plus loin que le premier en intégrant tout un imaginaire sorti des contes ou devrais-je dire de nos pires cauchemars à l'image de ces dames harpies qui hantent le bois des Vierges. On arrive également à comprendre pourquoi l'héroïne Aube à une telle aversion pour ce qui est recouvert de poils. Il y a une véritable innovation dans le traitement de cette histoire, c'est ce qui est d'ailleurs remarquable. Et puis, chaque case est d'une rare beauté.
Le troisième tome vient mettre un terme à cette histoire qui aurait pu encore s'étirer. J'apprécie cependant que les bonnes choses aient une fin digne. La qualité sera toujours au rendez-vous avec des décors d'une luxuriance parfaite. Le personnage de Aube va encore évoluer pour nous réserver encore de bonnes surprises. Les passions seront au maximum.
En conclusion, j'avoue avoir succombé au charme de cet univers fantasmagorique original entre poils et peaux. C'est mâture dans le scénario et magnifique dans le dessin. Une grande oeuvre romantique et baroque par excellence.
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4.25/5
Cézembre est une île côtière située en baie de Saint-Malo. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle fut largement fortifiée par les Allemands et résista en août 1944 aux troupes américaines lors de la libération de Saint-Malo. Elle subit pendant plus de 3 semaines un bombardement intensif, tant aérien, maritime que terrestre, dont l'île garde encore les stigmates aujourd'hui. La ville ne sera pas non plus épargnée puisqu'elle sera détruire à 80%. C'est cette histoire ainsi que la résistance des habitants de Saint-Malo qui nous est contée.
J'avoue avoir beaucoup aimé le premier tome de ce diptyque qui renoue avec les belles histoires de la collection "Aire Libre". Il y a 70 pages qui vont nous faire vivre une véritable aventure au travers de la quête de personnages tantôt résistants, tantôt collaborateurs. On apprend beaucoup de choses sur ce passage un peu méconnu de la Seconde Guerre Mondiale.
J'ai également beaucoup apprécié ce dessin coloré où fourmillent les détails pour rendre les scènes réalistes. Le dessinateur de Golden City s'est lancé en solo dans un projet très abouti. On est réellement conquis par l'histoire de ces jeunes gens ainsi que par les décors bretons. Il a su donner à la ville de Saint-Malo un véritable premier rôle sans se perdre dans le classicisme du genre. Une réussite pour moi qui va au-delà de la moyenne.
Les paparazzi n'ont pas bonne réputation depuis la mort de Lady Di. Et pourtant, ils se définissent comme des journalistes à l'affut parce qu'ils ont la rage du scoop et le virus de l'actu. Derrière ces clichés vendus à prix d'or, et qui eurent un retentissement scandaleux parfois même dans le monde entier, se cachent souvent des anecdotes savoureuses et rocambolesques ! Bref, on va découvrir l'histoire vraie des photos qui ont secoué la Vème République.
Les deux célèbres reporters-photographes, à savoir Pascal Rostain et Bruno Mouron, semblent vouloir nous donner une autre image de cette profession comme pour la réhabiliter aux yeux du public avide de photos de Paris Match. Ce sont les auteurs de quelques unes des photos les plus étonnantes et détonnantes de ces dernières années: Cécilia et Richard Attias, Mazarine, la fille cachée de Mitterrand, Sarkozy et Anne Fulda, Poutine servant le thé à Bush, le mariage de Sarkozy et Carla Bruni, Chirac et Bernadette sous le soleil de l'Ile Maurice...
J'avoue que malgré cette propagande qui sert leur chapelle, j'ai bien aimé l'histoire de ces clichés. J'avoue avoir pris plaisir à découvrir les coulisses de ce métier parfois à risques entre planques et indics. Belle idée également que d’avoir inséré à la fin de chacune des histoires la photo en question.
En conclusion, Chasseurs de scoops nous permettra de poser un autre regard sur le milieu des paparazzis ou plus joliment dit des reporters photos.
C'est toujours un plaisir pour moi de découvrir les nouvelles oeuvres de mon auteur de bd d'humour préféré. Bref, ce titre ne déroge pas à la règle. Fabcaro transcrit un humour très fin que j'apprécie un peu comme ces comédies anglaises ou new-yorkaises.
Quand j'étais plus jeune, j'avais accroché sur le genre de série comme Dallas ou encore Santa Barbara. Je me rends compte avec le recul comme cela pouvait être stupide. L'auteur arrive à ridiculiser les enjeux purement matérialistes de ces familles qui se déchiraient pour notre plus grand plaisir. D'ailleurs, on ne voit jamais cette fameuse CX diesel, objet de tant de convoitises!
Juste un bémol pour dire que Brandon ressemble beaucoup trop à Bill et j'ai eu beaucoup de mal à savoir les distinguer. La surprise vient du fait que les auteurs font évoluer des personnages animaliers ce qui apporte une vraie touche moderne et comique.
Bref, ce titre m'a mis de bonne humeur pour la semaine.
Dans cette bande dessinée, Emmanuel Lepage nous conte la rotation du « Marion-Dufresne ». Il s’agit en fait d’un navire ravitailleur des bases scientifiques des terres australes, entre les îles de La Réunion, Tromelin, Amsterdam, Saint-Paul, Kerguelen et Crozet. Le Marion-Dufresne, affrété par l’Institut Paul-Emile Victor, est à la fois un paquebot, un pétrolier, un porte-conteneurs et un navire océanographique.
Les très beaux dessins d’Emmanuel Lepage mettent en valeur la beauté et l’étrangeté des paysages et surtout les relations humaines qui se nouent entre les participants au voyage, aux métiers très différents : marins, médecins, biologistes, mécaniciens, logisticiens, météorologistes, etc.
Je m’attendais à connaître un état de désolation mais c’est plutôt un enchantement que recèlent ces bouts d’îles au bout du monde qui paraissent encore préservés de l’activité humaine intensive. Visiblement, le genre documentaire va très bien à l’auteur dont j’ai lu récemment Un printemps à Tchernobyl. La démarche semble être la même : voyager pour comprendre et pour témoigner. Le message subliminal que l’œuvre véhicule : la préservation d’une nature intacte.
Entre carnet de voyage et bd, l’auteur nous fait découvrir l’histoire des lieux, des hommes et des espèces animales ou végétales vivant dans des conditions extrêmes. C’est un travail plus qu’honorable. Du dépaysement garanti avec une richesse du détail et des dessins. La fraîcheur australe va nous emporter…
J'ai bien aimé la fraîcheur et l'authenticité apportées par ces quatre gamins dans cette aventure très bien pensé. Que se passerait-il si on avait oublié quatre orphelins derrière les lignes ennemis durant la Première Guerre Mondiale ? Il s'agit de survivre au froid, à la faim et à la mort das un paysage de désolation marquée par la guerre et les obus qui tombent. Cela ne sera pas de tout repos avec un cinquième membre qui va s'ajouter à notre bande de joyeux lurons. C'est la touche féminine et fragile qu'on cherche à protéger.
Certains dialogues feront mouche. C'est drôle par moment malgré une consonance dramatique. On est déjà attaché aux personnages qui sont bien composés. Reste à suivre leur histoire qui ne fait que débuter. Ce premier tome est franchement réussi. Elle mérite d'être lue.
Lorsque j’ai commencé ma lecture de Fatman, j’ai été interloqué par la petite scène présentant une femme au bord de la crise de nerf prête à tuer son mari mais qui refreine ses ardeurs meurtrières. On enchaîne sur la personne de Fatman, un gros lard qui se vautre sur son fauteuil en regardant des séries tv débiles tout en se goinfrant de chips ce qui ne confère pas à la sympathie. En outre, il fallait deviner que cette scène se passe en Angleterre.
On va lourdement insister sur le périple de ce personnage qui s’envole un peu forcé aux States pour accomplir un nouveau contrat en rapport avec le thème de l’évasion. J’ai senti alors une certaine lourdeur qui conférait à l’ennui. Il ne se passe pas grand-chose. Les scènes sont entrecoupées avec celles de la femme qui visiblement veut faire la peau du monde entier.
Pour autant, arrivé à mi-parcours alors que le décor est largement planté, il y a tout un mécanisme qui se met en place pour nous délivrer une fin magistrale. Bref, je me suis mis à apprécier cette bd. Notre Fatman se fait même voler la vedette. Il y a une part d’inattendu dans une mécanique pourtant parfaitement huilée d’où l’intérêt.
Cette bd aborde un thème rarement connu: le sort des boxeurs durant la Seconde Guerre Mondiale qui ne plaisaient pas aux nazis. En effet, de nombreux champions ont terminé leur vie dans les camps de concentration. Il se trouve que dernièrement, j'ai lu Zigeuner qui traitait également du destin d'un célèbre boxer à savoir Johann Trollmann qui était d'origine Tzigane et qui fut abattu en 1943 par les nazis.
La première partie de l'ouvrage est sans doute la plus poignante avec le passage dans les camps de concentration où les matchs de boxe permettait de divertir les dignitaires. La seconde partie sur le sol américain paraîtra un peu plus fade malgré les matchs truqués par la mafia locale.
Une oeuvre historique de 180 pages qui sera documenté à la fin par un documentaire sur le sort des différents boxers dans les camps. Le présent roman s'intéresse au polonais Hertzko Haft et c'est un bel hommage qui est rendu par l'auteur de Castro. Visiblement, l'auteur arrive à nous émouvoir. Le dessin ressemble un peu de Wil Eisner.
En conclusion, une histoire poignante servie par un dessin à la hauteur.
Je pense que je suis définitivement réconcilié avec cet auteur que j'avais au départ assez mal jugé. Cette oeuvre traduit également ma pensée sur l'évolution de notre société ainsi que son mal endémique que les politiques tentent de cacher sous des artifices avec l'aide bienveillante des médias.
Il est vrai que Saison brune m'avait un peu échaudé. Cependant, j'avais apprécié le fait que l'auteur défendait sa thèse avec passion ce qui rencontrait un large succès auprès de son public acquis à la cause. Il en est de même en l'espèce mais cette fois-ci, c'est bien en accord avec mes idées.
Dol est un terme juridique qui signifie manoeuvre frauduleuse. Il va y avoir une démonstration plutôt pertinente de la manipulation des politiques avec certains thèmes comme l'insécurité. L'auteur s'appuie notamment sur des interviews de journalistes, d'avocats ou encore d'économistes ce qui crédibilise le propos.
Le constat sera celui de l'augmentation des inégalités et du fossé qui se creuse encore entre les favorisés et les plus démunis. Malheureusement depuis 2006, il y a une crise qui est passée par là et qui n'a rien arrangé aux choses. Il serait sans doute intéressant pour l'auteur d'aller plus loin comme proposer des solutions viables.
L'oeuvre est tiré d'un célèbre roman d'Albert Camus qui est considéré comme l'un des plus grands écrivain du XXème siècle. Je n'ai pas une grande connaissance de sa littérature. La bd me permet de pallier à cette carence. Bref, le support est bien choisi pour véhiculer son oeuvre.
C'est Jacques Ferrandez qui s'y colle une seconde fois après L'Hôte. J'aime beaucoup son dessin que j'ai déjà pu apprécier dans sa série consacrée à l'Algérie à savoir Carnets d'Orient qui relate la saga d'une famille de pieds-noirs des années 1830 à la fin des années 1950. Il y a surtout ces aquarelles lumineuses qui restituent ce paysage algérien écrasé par la chaleur. La scène de l'enterrement de la mère sera d'ailleurs assez caractéristique. La chaleur va d'ailleurs baigner toute l'histoire...
L'étranger nous permet de découvrir un homme plutôt insaisissable dont le regard extérieur n'attire pas forcément la sympathie. Il y a ce côté "je ne sais pas, cela m'est égal" qui revient à chaque fois. A un moment donné sa vie va basculer et plus rien ne pourra arrêter une machine judiciaire infernale. A la fin, on éprouve quelque chose pour lui que cela soit de la compassion ou de la pitié. Bref, j'ai aimé cette évolution de notre perception alors que le personnage ne change pas.
Au final, l'étranger est un drame sourd qui ne laissera pas indifférent. On cherche encore des réponses qu'on ne trouvera pas forcément sous l'aveuglement du soleil.
Cette bd est une vraie réussite qui mérite la plus grande attention de la part des lecteurs. On va suivre l'ascension d'un jeune boxeur d'origine tzigane qui va devenir un vrai champion mais on va lui enlever très rapidement son titre.
En effet, le pays où il vit est l'Allemagne qui devient nazie en 1933 lorsque Hitler accède à la chancellerie. Que de destins ont été tragiquement mis à mal par le racisme d'une idéologie malsaine et criminelle ! Un champion non d'origine aryenne n'était pas acceptable pour eux. Et s'il faut tricher pour y arriver, cela sera fait sans scrupule...
Je ne connaissais pas cette histoire qui mêle le sport à la politique. C'est une bonne idée que de l'avoir adaptée en bande dessinée afin d'illustrer le fait que les nazis se sont emparés de tous les aspects de la vie pour changer leur société. Bref, le sport n'a pas échappé à cette violence aveugle.
Par ailleurs, j'ai bien aimé le trait du dessin avec une belle mise en couleurs. Les planches sont magnifiques et les combats sont réellement bien retranscrits. Il y a également tout le charme qui se dégage de notre héros à travers sa liaison avec la belle Olga.
Zigeuner signifie tzigane en allemand. Ils ont été massacrés comme les juifs dans les camps de concentration. Juste en raison de la race. On attend par conséquent le second acte avec impatience. On sait que tout cela va mal finir comme une tragédie grecque. En tout cas, c'est un bel hommage qui est rendu à un homme très courageux qui porte ses racines sans se renier.
La lecture de ce récit sur les secrets de famille dans la campagne profonde a été fort divertissante avec un dessin que j’ai fort apprécié. L’originalité vient du fait que cela va se jouer sur deux plans : la génération passée et la génération future dans un même présent. Les flash-back ne seront pas très nombreux. J’avoue avoir quand même eu du mal à comprendre tous les rouages de cette histoire, là où Giraud réussit parfaitement dans la collection Secrets chez Dupuis.
Comme dit, il y a tous les ingrédients d’un bon polar à commencer par des lettres anonymes qui menacent la jeune génération. On se rendra compte que c’est plutôt les vieux qui nous pourrissent encore la vie. Dans un village clos, cela ne pardonne pas. Les terres agricoles ont souvent donné lieu à des passions dévastatrices. On n’échappera pas à la règle une fois encore. Rancœur, quand tu nous tiens…
Au final, on quitte ce roman avec un léger pincement au cœur car on aurait aimé que cela se termine autrement. Cependant, jusqu’à preuve du contraire, c’est toujours l’auteur qui est aux commandes. En l’occurrence, il s’agit d’une veille nouvelle que Didier Convart avait laissée dans sa cave et que Jean-Blaise Djian va adapter.
J’aime de toute façon les histoires qui cachent de terribles secrets de famille entre les silences profonds et malsains et les sous-entendus mystérieux. Le cadre est certes bucolique pour des vacances estivales mais cela fleure bon le purin. Bref, une saga campagnarde d’une violence morale à toute épreuve.
On embarque pour un grand voyage sur l'Océan Pacifique avec un fils de bonne famille qui se trouve enrôler par un sérieux coup du sort. J'ai bien aimé le déroulement de cette histoire adaptée du roman de Jack London (comme pour son fameux Croc-Blanc) et qui rappelle que la mer est dangereuse. Cependant, les hommes peuvent l'être encore davantage.
Il est vrai que la figure mythique de ce capitaine est fascinante de par sa stature et de sa vision des choses. Il fait peur en nous indiquant des vérités parfois cruelles (pourquoi tu as peur de mourir, si tu crois que l'on est immortel?). La culture peut côtoyer la pire des sauvageries. La mer jouera également un grand rôle étant plus qu'un simple élément de décors.
La confrontation entre deux hommes que tout semble séparer va être magistrale. Le graphisme est à couper le souffle. Bref, la lecture de cet album a été un réel plaisir.
Après Guerre et match, l'auteur revient sur son adolescence et son passage dans la ville de Mostar qui allait être rattrapée par la guerre frappant l'ex-Yougoslavie en plein coeur de l'Europe.
J'ai beaucoup aimé son récit qui retrace la vie d'un adolescent croate en Bosnie-Herzégovine où il va connaître une réelle amitié avec un gars d'origine serbe. La religion va pourtant finir par les séparer. Il y aura également l'amour à travers le personnage de Amra, la belle bosniaque.
Il y a beaucoup de sensibilité dans ce récit mais également ce qui nous permet de comprendre les origines du conflit. Il est également question de basket, un sport fédérateur. On se rend compte qu'il ne faudra pas grand chose que des discours nationalistes haineux pour séparer les gens et les entraîner dans une folie meurtrière.
J'ai beaucoup aimé l'architecture de cette belle ville de Mostar avec son célèbre pont. Il est dommage que la fin soit un peu triste mais elle est réaliste. C'est un album qui m'a vraiment plu. Second titre d'un artiste qui a beaucoup de talent.
J'ai toujours voulu en savoir plus sur les Khazars, un peuple mystérieux qui était déjà évoqué dans la bd Le Ciel au-dessus de Bruxelles et qui aurait totalement disparu. Ma curiosité historique a été enfin assouvie grâce à cette nouvelle série qui joue sur un parallèle entre le Xème siècle et de nos jours avec un certain brio.
En effet, Pierre Makyo maîtrise parfaitement le scénario. Par ailleurs, le dessin de Federico Nardo est réaliste et précis dans un style que j'aime. La colorisation est également réussie. Une mise en page efficace place ce premier tome sur les rails d'une belle réussite entre le thriller et le roman historique. Il faudra suivre le récit en espérant ne pas être déçu. En tout cas, c'est palpitant et riche en découverte.
C’est bien la première fois que je lis une bd qui traite de la condition féminine au Yémen. Il est vrai que les occidentaux n’ont pas une bonne vision objective des choses lorsqu’il s’agit d’évoquer le monde arabe. Il y a tout de suite plein de préjugés et de stéréotypes qui alimentent un peu plus la haine liée au fameux choc des civilisations.
Il est vrai que les auteurs occidentaux, Pedro Riera et son épouse Nacho Casanova, n’ont passé que huit mois dans ce pays. Etait-ce suffisant pour se faire une idée précise ? Ils mettent en scène une héroïne imaginaire mais se basant sur les différents témoignages recueillis et qui sont autant d’expériences vécues. Je dois bien avouer qu’ils ont réussi à faire la part des choses sans tomber dans le manichéisme ou la facilité.
Le statut de la femme au Yémen serait à comparer avec celui d’un animal domestique en France où l’on doit obéir aveuglément aux maîtres ? Il ne faut pas oublier que le droit de voter en France pour les femmes n’a été acquis qu’en 1946. Je vois encore de vieux couples où l’homme domine sur la femme reléguée aux tâches ménagères. Par ailleurs, le salaire des femmes est inférieur à 30% à celui des hommes pour le même poste dans la plupart de nos entreprises. Bref, on ne va pas faire la morale aux autres. Sans doute, ce pays pauvre a encore besoin d’évoluer pour surpasser cette ségrégation entre les hommes et les femmes.
C’est visiblement l’Arabie Saoudite qui a influencé les yéménites sous l’influence populaire d’une drogue à mâcher en ce qui concerne le port de la burqa et du niqab il y a une vingtaine d’années. Ceci n’est même pas lié à la religion du coran mais à une coutume qui s’est progressivement transformée en norme. Le fait de ne pas en porter entraîne le qu'en dira-t-on. Or l’image semble être la valeur primordiale dans cette société. Cela entache la liberté des femmes. Bref, il y a toute une logique qui est décortiquée et que je ne soupçonnais même pas. La discrimination et la violence envers les femmes est le lot quotidien sans compter le mariage forcé des fillettes et de leur consommation.
Pour autant, le fait de se dissimiler peut également procurer certains avantages qui seront également exploités dans cette bd. Bref, ce n’est pas une vision manichéenne mais qui tient compte du particularisme. Mon sentiment personnel est celui de l’espoir que les femmes (souvent plus intelligentes que les hommes abêtis par leur qat dont ils mâchent les feuilles) puissent se délivrer et acquérir à terme les mêmes droits. Le personnage d’Intisar montre une forme de résistance qui préfigure un mouvement de révolte sociale dans le futur. En yéménite, Intinsar veut dire victoire.
Voilà un jeune auteur qui ne m'a pas déçu avec des titres comme Neuf Mois ou encore 80 jours. J'aime bien son style d'écriture et ses dessins. Il innove également avec le concept d'édition participative. Les bdphiles internautes ont eu du flair car ce diptyque est véritablement de qualité.
Et puis, il y a surtout la manière de raconter une histoire avec une morale toujours sauve: le handicap et la superstition ne doivent pas nous arrêter pour réaliser nos projets de vie.
L'imagination de l'auteur semble sans limite avec des petits trucs qui font mouche comme l'enracinement de l'homme dans tous les sens du terme. L'onirisme se mélange avec humour et intelligence. Qui a dit qu'il fallait vivre chaque jour comme son dernier ?
Le sujet est grave. Je pense sincèrement que la BD peut également traiter de sujet difficile et donc moins "léger" que ce que l'on a l'habitude de lire généralement. En règle générale, la BD est faite pour divertir. Ici, on a l'impression que c'est pour expier un mauvais souvenir du passé qui a rongé son auteur subitement à l'âge adulte bien des années plus tard après les faits délictueux.
Le problème dans cette BD autobiographique c'est que l'on ressent non seulement un réel malaise dans la lecture mais on perçoit véritablement la haine de l'auteur comme un effet auto-destructeur sans espoir. Bien que je comprenne les sentiments de l'auteur et son regard acerbe sur le monde après un tel drame , je m'interroge sur cette démarche sans trop vouloir polémiquer. Après tout, cela regarde son intimité. Oui, mais nous "lecteurs"? Je crois qu'au delà du sujet abordé, c'est la trahison d'un ami qui nous émeut le plus. Ce sujet étant plus vaste, on peut se sentir concerné.
Une BD sans concession auquel il faut laisser le temps d'infuser ou une BD qui cherche à justifier son existence mais ne parvient qu'à prouver sa désuétude? Enfin, l'émotion peut-être recherchée n'a pas eu lieu (comme dans les oeuvres de Tanaguchi où je dois chercher à chaque fois un mouchoir). J'ai été un peu déçu car en lieu et place de l'émotion, j'ai éprouvé un certain malaise pas très salutaire. Pour autant, quelques années après, les scandales de pédophilie au sein de l'Eglise catholique vont mettre cet ouvrage au sein de l'actualité. Bref, on se rend compte que ce n'était pas si anodin.
Le dessin académique à tout crin ne me plaît guère (c'est général à tous ces dessinateurs de l'Ecole "simpliste" dans la lignée de Larcenet). Les traits sont également trop gras. Cependant, ils traduisent assez correctement l'ensemble du propos d'autant que je trouve le découpage assez réussi ce qui rend la lecture agréable.
"Pourquoi j'ai tué Pierre" est le récit autobiographique d'une manipulation, d'une enfance trahie et des conséquences d'un tel traumatisme racontées avec gravité et pudeur. Un ouvrage qui se veut choc! Un ouvrage que j'avais mal jugé. Sans doute me fallait 'il digérer et avoir un certain recul.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
J'ai trouvé cette bd absolument magnifique, à l'image de sa couverture. Je sais que l'utilisation de l'informatique en bande dessinée est très mal ressentie par les puristes du genre. Je pense qu'il faut vivre avec son temps et que le résultat lié à cette nouvelle technologie d'image de synthèse dépasse l'entendement.
Avec un peu de recul, on peut affirmer que cette bd a été largement mésestimée lors de sa sortie. On accepte mieux de nos jours ces techniques lorsqu'elles produisent un résultat de qualité ce qui est le cas. On a l'impression que les dragons sont en 3D ce qui les rend plus réalistes et effrayants. A l'heure où cette technologie est utilisée dans le cinéma, je me dis que ce diptyque avait un peu d'avance sur son temps. Six ans après la sortie du premier tome, on ne peut qu'applaudir et rétablir les faits.
Sur le fond, il s'agit d'une belle histoire d'amour sur le thème de l'acceptation de la mort. Lorsqu'un des amants meurt brutalement, sa compagne ne l'accepte pas. C'est déchirant par moment dans une ambiance romantique et gothique. Un conte simple, vibrant et bouleversant avec un superbe esthétisme.
Après La Belle Image qui conte le changement du visage d'un homme qui remet toute sa vie en question, l'auteur Cyril Bonin poursuit sur ce thème avec l'homme qui n'existait pas. En effet, en l'espèce, l'homme devient invisible aux yeux du monde. Pour l'originalité de l'oeuvre, il faudra repasser. Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié ce nouvel opus qui plonge également dans les vieux films de cinéma comme pour donner une nouvelle dimension.
L'homme est informaticien. Il ne réagit pas avec les sentiments mais avec les faits. Il est seul et travaille constamment avec la machine. C'est lui qui va disparaître comme pour nous faire comprendre de la vacuité de l'existence. A force de s'isoler pour se protéger des autres, il finit par disparaître. Il est condamné à hanter les lieux. Or, il va faire une rencontre qui va tout changer et mettre un peu de piment à sa vie. En réalité, c'est sa passion pour le cinéma qui va lui ouvrir certaines portes.
J'ai aimé cette fable sur l'identité humaine. Elle est très subtile d'autant que sa conclusion laisse place à l'espoir. Encore une fois, l'auteur arrive à nous subjuguer grâce à une incroyable lisibilité de son récit malgré une approche très intimiste et le peu de dialogue.
Un printemps à Tchernobyl n'est pas qu'un one-shot sympathique comme une de ses petites lectures sur un sujet badin. C'est beaucoup plus que cela car il nous ouvre les yeux sur les dangers des centrales nucléaires. Il nous éclaire également sur ce qui s'est passé à Tchernobyl le 26 avril 1986 ainsi que le courage du peuple ukrainien entre la peur et la résignation.
Jusqu'à encore récemment, je n'avais pas mesuré toutes les conséquences de cette catastrophe sans précédent. On nous avait dit que le nuage s'était arrêté à la frontière allemande. Je m'en souviens comme si c'était hier. On nous a honteusement menti. L'auteur Emmanuel Lepage nous délivre un documentaire tiré de sa propre expérience sur place lors d'un voyage en 2008. Il signe là une de ses oeuvres majeures.
J'ai apprécié la sincérité de son propos notamment lorsqu'il décrit les paysages où la nature semble vouloir reprendre le dessus. On découvre même un Lepage assez poltron avec son masque au visage et la peur invisible de se chopper des maladies incurables dans la fameuse zone interdite. Bref, c'est un portrait sans complaisance de la situation.
Les planches sont de toute beauté avec des techniques de dessin qui s'alternent harmonieusement. Les couleurs du carnage ont l'air si incandescente. On ressent de la beauté malgré le désastre écologique et le crépitement des becquerels. L'étrangeté des lieux doit résonner comme un avertissement aux futurs générations.
Le Prince de Machiavel est un monument de la littérature que j'ai beaucoup apprécié. On l'étudie jusqu'à Science Po dans le cours d'histoire des idées politiques que j'avais suivi en son temps. C'est une bonne idée que de l'avoir adapté en manga pour le rendre accessible aux plus jeunes.
Il s'agit ici de revivre la vie de Machiavel dans le contexte de l'époque où l'Italie était morcelée en différents états se faisant la guerre souvent à l'aide des forces étrangères comme les Français. Nicolas Machiavel, diplomate de la ville état de Florence va étudier les princes, rois et reines de nombreux pays. Il va forger petit à petit une théorie politique lorsqu'il écrira le Prince.
Le constat est qu'avant d'être admiré, un prince doit être redouté. On a surtout retenu de Machiavel que la fin justifie les moyens. Il lui est attaché une mauvaise image qui ne correspond pas à la réalité de ce qu'il a voulu faire passer comme message. Il faut suivre le parcours de Machiavel pour comprendre sa réflexion au-delà de toute hérésie intellectuelle.
Bien de ses idées sont encore d'actualité de nos jours. Ainsi, il a écrit : "Le peuple place ses espoirs en cette nouvelle présidence aux apparences trompeuses... Il sera rapidement trahi". Cela ne vous rappelle rien ?
Plus qu'une biographie, un état des lieux de l'Europe de la Renaissance où tout était encore à construire. Un but culturel largement atteint par ce manga chaudement recommandé.
Le Hir arrive à faire naître de l'émotion avec une histoire d'une simplicité absolue. On ne pourra pas dire que l'originalité sera présente. L'album sera d'ailleurs très vite lu en raison de nombreuses scènes contemplatives. Il s'agit bien d'une bd muette hormis la narration.
Cependant, j'ai beaucoup apprécié cette fable du clown reclus qui découvre la joie de vivre grâce à l'émergence d'une petite fille dans sa vie. Les choses vont singulièrement se compliquer à l'âge adulte. Les clowns m'ont toujours fait peur car derrière le visage d'un farceur peut se cacher d'autres réalités plus sombres pour peu qu'elles naissent du malheur et du désespoir.
C'est le premier album d'un auteur plein de promesse et d'espoir. Le 4 étoiles est décerné à titre d'encouragement car c'est mérité. Il faudra juste un peu plus complexifier les choses à l'avenir sous peine de ne pas assez contenter le lecteur.
Havre est une œuvre assez unique dans le genre apocalyptique. J'ai bien aimé l'entrée en scène entre la sorcière et le nécromancien qui essayent de survivre dans un monde réellement hostile. Il y a des choses qui m'ont un peu échappé au début de cette lecture. Cependant, la scénariste n'a pas voulu jouer toutes les cartes d'un coup. Elle insuffle à son récit la part de mystère pour tenir le lecteur en haleine car on ne sait pas ce qui s'est réellement passé avec le monde.
Le second volume est assez étonnant car il se concentre surtout sur le personnage assez gamin du pistolero qui se révèle être un homme au grand cœur malgré ce qu'il a fait subir à la sorcière. La psychologie sera de mise un peu au détriment de tout le reste. Cela élève d'un cran le récit mais il ne se passe pas grand chose. C'est vrai qu'on pense immédiatement à Walking Dead. Les personnages sont bourrés de zones d'ombre ce qui rend l'œuvre un peu plus complexe qu'à l'habituée. Cette intelligence du scénario ne sera pas pour me déplaire.
Le troisième tome apportera tout le lot des réponses qu'on attendait car les masques tomberont. Cela se termine d'ailleurs en crescendo.
Au final, on retiendra qu'il s'agit d'une série de qualité avec des dessins simples et épurés mais à la lisibilité agréable. Juste un dernier mot pour dire que j'aime bien le parti pris de se concentrer sur les rapports entre les personnages au lieu de multiplier les effets en se servant du fantastique. Pour autant, tout est une question d'équilibre. La scénariste a encore démontré tout son réel talent dans un genre où l'on ne l'attendait pas.
Voilà une bd québécoise bien surprenante à plus d'un titre. C'est un véritable récit fantastique comme je les aime. On va se faire mener en bateau par une belle sirène vivant dans un lac dans une partie froide et isolée du Québec au début du XXème siècle.
La fin de ce premier tome donne envie d'en savoir un peu plus sur la fameuse porte que garde la bête du lac. Il y a beaucoup d'originalité dans la mise en scène. Et pourtant, cela ne sautait pas tout de suite aux yeux. J'avoue avoir été bluffé. Voilà un conte qui mérite toute notre attention avec des dessins et des dialogues de qualité. Cela emprunte à la fois aux légendes celtiques et à celles des amérindiens.
On espère voir la suite car ce tome ne possède pas de numérotation. Et surtout, on espère que la suite sera du même niveau sinon plus... Il apparaît que la série a changé de nom suite à des ventes décevantes et que le vocabulaire a été adapté au public français avec des expressions moins québecoises.
Aliénor, la légende noire est le premier titre d’une série qui sera composée en 3 volumes dans une collection destinée à présenter les reines de sang qu’a connu la France au cours de son histoire. Avec Aliénor d’Aquitaine, on va remonter jusque dans les années 1140 soit en plein Moyen-Age, à une époque où les régions et autres duchés avaient encore une belle autonomie.
J’avoue bien volontiers avoir été conquis par cette collection après avoir lu Isabelle la Louve de France. Ici, le style est différent mais l’histoire n’en demeure pas moins passionnante. On entre véritablement dans les intrigues du pouvoir. On va nous présenter une femme qui aime le pouvoir et qui sera prêt à sacrifier la vie de ses sujets par orgueil. Je dois dire que je ne la plains pas quand je vois le roi Louis VII qui visiblement était mieux destiné à jouer au moinillon.
Certains des faits rapportés paraissent difficile à croire. Cependant, après vérification en lisant la biographie de cette reine hors norme, ils paraissent bien correspondre à la réalité. Elle a eu une très grande influence sur le roi en faisant ainsi son jouet. On retrouve des personnages ayant réellement existé comme par exemple le troubadour Marcabru qui est renvoyé de la cour pour avoir chanté son amour pour la reine. Il y a également l’abbé Suger qui est intervenu à Poitiers pour sauver les enfants pris en otage par le roi. On verra que cet abbé homme d’état a joué un grand rôle.
En conclusion, c’est une série qui met en évidence une grande reine peu connue du grand public. Et pourtant, n’est-ce pas elle qui donné naissance au fameux Richard Cœur de Lion ? Eh oui, après avoir épousé le roi de France, elle épousera le futur roi d’Angleterre ce qui ne manquera pas de mettre le feu aux poudres dans le conflit qui oppose les deux pays depuis 100 ans. Une lecture où l'on se régale.
Torture blanche n'est pas une bd dont le but est de nous émerveiller devant les images. Cela s'adresse à un public qui a le sens de la réflexion dans un support qui en est souvent dépourvu par sa nature même divertissante.
En effet, on est plongé au cœur même du conflit israélo-palestinien pour en essayer d'avoir une vue impartiale. On va suivre un petit groupe dont fait partie l'auteur dans une mission qui vise à manifester leur soutien pour la reconnaissance d'un droit du peuple palestinien (droit à la paix, à la sécurité, à l'autodétermination...).
Aujourd'hui, la Palestine est une terre de conflits et de déchirements alors qu'elle était à l'origine une terre biblique et sainte. Il n'y a pas de véritable frontière car elle est parsemée par des colonies israéliennes. La récente construction d'un mur de séparation accentue le fractionnement territorial de ce pays sans état où seule l'Autorité palestinienne peut exercer certains pouvoirs sur une population aux conditions de vie dégradées.
Entre soulèvements populaire (l'Intifada) et affrontements armés, le processus de paix peine à se poursuivre malgré une forte implication de la communauté internationale. Dans ce contexte, les Palestiniens tentent de leur côté de maintenir vivantes une culture et une identité nationale.
La création de l'état d'Israël, état du peuple juif, trouve son origine dans le projet d'établissement d'un foyer national juif en Palestine avancé dès le XIX ème siècle par le mouvement sioniste. C'est en 1948, au lendemain de la Shoah, dans un contexte d'extrême tension, que naît l'état d'Israël. Celui-ci, situé entre l'Égypte, la Syrie, le Liban, la Jordanie et les Territoires palestiniens, entretient, depuis sa création, des rapports conflictuels avec ses voisins. Il aura fallu plusieurs guerre pour que ce pays dont la démographie a été nourri par l'immigration, puisse exister entre des éléments de grande modernité et de conservatisme religieux.
L'ouvrage nous décrit un autre type de guerre. C'est une violence géographique par la construction de colonies, de murs et de routes de contournement qui barrent le paysage. C'est une agression moins spectaculaire, plus discrète et finalement plus perfide. Le but est d'isoler les palestiniens des petits îlots viables pour les forcer à partir à plus ou moins long terme. Ce blocus de villes et de villages affame une population confinée. Cette logique des colonies empêche toute possibilité d'un état binational. Et surtout, elle alimente le cycle de la violence.
J'ai été victime durant des années d'une certaine vue journalistique qui nous décrivait les palestiniens comme de vulgaires terroristes s'en prenant à des populations civiles innocentes. On avait juste oublié qu'il s'agissait d'une guerre entre un occupant et un territoire occupé. J'ai compris bien plus tard les subtilités de cette guerre où l'on pousse les gens dans leur pire retranchement pour justifier d'une infamie encore plus grande. Bien entendu, les deux camps ne sont pas en reste et on pourrait passer des heures à livrer des auto-critiques. Cependant, cet ouvrage nous fait juste comprendre l'essentiel pour ne pas le perdre de vue. Il s'agit de comprendre le mécanisme instrumentalisation par l'alimentation de la menace terroriste et sécuritaire que l'on crée de toute pièce par des dérives colonialistes.
Etre pour la paix et contre la colonisation, être pour la création de deux Etats qui œuvrent pour le bien de leur peuple respectif: est-ce mal ? Bref, juste le respect des droits de l'homme. Alors, oui, l'auteur a bien fait de nous apporter le témoignage de son livre pour nous ouvrir l'esprit. Ne pas se laisser influencer par les détails qui masquent la forêt. Il faut sauver le peuple palestinien de la violence. C'est à la communauté internationale de changer et d'agir afin que cessent les massacres quasi quotidien dans cette région du monde. Tout conflit finit par cesser. Espérons ne pas aboutir à la destruction totale d'un peuple par un autre car cela serait le pire des scénarios.
Quelle bonne idée d’adapter la vie de William Shakespeare en manga. Cela permet à de jeunes lecteurs de faire la connaissance du plus célèbre des dramaturges au monde. Le premier chapitre nous présente un jeune acteur qui est également l’auteur d’une pièce de théâtre à succès à savoir « Hamlet ». Cela fait scandale dans la société britannique puritaine à l’époque de la Renaissance. Les Autorités tentent même d’empêcher les représentations de cette pièce. Cependant, la reine Elisabeth qui assistait incognito semble beaucoup apprécier cette audace. Alors, il n’y a plus qu’à s’incliner et que Dieu sauve la Reine !
Par la suite, il va y avoir une véritable coupure car nous sommes plongés en plein Chinatown dans la ville anglaise de Liverpool avec un retour de plusieurs années en arrière. J’ai eu du mal à croire à l’implantation d’un tel quartier au XVIème siècle malgré l’essor de la marine marchande. De mémoire, les quartiers asiatiques ne sont apparus que vers la fin du XIXème siècle. Mais bon, accordons le bénéficie du doute. On fait la connaissance d’une jeune fille à savoir Li qui possède des dons de voyance. Pour son entourage, cela sera vécu comme une malédiction. Il faut dire que la sorcellerie n’est pas bien vue dans l’Angleterre puritaine.
Je suis très curieux de savoir comment les deux histoires vont se rejoindre par la suite. Il est vrai qu’on peut être déçu dans un premier temps par rapport à une approche un peu singulière. On entraperçoit à peine Shakespeare avant d’être embarqué dans l’histoire des premiers migrants chinois en Angleterre. Bref, tromperie sur la marchandise. Néanmoins, c’est vraiment bien écrit avec un scénario intéressant, un graphisme appliqué et des dialogues efficaces… A n'en pas douter, il s'agit d'une bonne série à découvrir même si Shakespeare a cruellement manqué dans ce premier tome.
Inlandsis a constitué pour moi une réelle surprise de lecture. C'est étonnamment bien écrit. Le début n'était guère très encourageant avec un graphisme auquel il faut s'habituer. Il est vrai que j'avais été plutôt déçu par les légendes des esquimaux que j'avais lues jusqu'à présent dans différentes oeuvres (Celle qui réchauffe l'hiver ou encore La Vierge froide et autres racontars).
Le récit commence au tout d"but du XXième siècle où l'homme n'a pas encore rejoint le pôle nord. l'explorateur Robert Peary souhaite faire une tentative. C'est sans compter les résistances locales ainsi que la colère des dieux. C'est là qu'intervient le fantastique avec la présence des dieux qui va être déterminante pour la suite de ce récit d'aventure. J'ai beaucoup aimé l'enchaînement entre les légendes et la réalité du moment. Curieusement, le mélange passe bien ce qui n'est pas toujours le cas, loin de là !
Inlandsis est une belle évocation de la conquête du pôle nord et des hommes de glace. On s'écarte de la vision de l'homme blanc pour s'intéresser à celle des esquimaux. Bref, nous avons là une très belle saga arctique.
J'ai adoré cette évocation de la vie romanesque d'Amélie Elie qui a été une des plus célèbres prostituées dans le milieu des malfrats de Paris au temps de la Belle Epoque et de sa légèreté. Elle va devenir la célèbre casque d'or : un trophée que souhaitent acquérir deux chefs de bandes mafieuses des quartiers malfamés de Paris. Elle était belle, libre et authentique ce qui rend d'emblée le personnage assez attachant.
Le coup de crayon sous l'angle réaliste est tout simplement magnifique. Les femmes sont belles et notamment notre héroïne avec sa chevelure dorée qui va faire des ravages. Il faudrait être aveugle pour ne pas le reconnaître. On est très vitre plongé dans le milieu de cette belle époque avec un déjeuner sur herbe ou encore les bals populaires au bord de Seine.
A noter que Simone Signoret a joué le rôle de casque d'or en 1951 dans un film de Jacques Becker ce qui l'a rendue célèbre par la suite. Bref, cette histoire après avoir séduit le cinéma est reprise dans la bande dessinée pour notre plus grand plaisir. Il s'agit d'une rivalité entre gangs où les caïds et proxénètes s’entretuaient pour une fille ou un bout de trottoir. Bref, le romantisme n'est pas loin à travers un destin hors du commun qu'on suivra avec le plus grand plaisir. La fille de Paname, c'est l'amour et la passion incarnées.
L'auteure Lucie Lomova consacre cette oeuvre à une histoire vraie, celle de l’amitié entre Alberto Vojtech Fric, botaniste et ethnographe originaire de Prague, et Tcherwuish, un Indien de la tribu Chamacoco, rencontré en 1908 sur les rives du fleuve Paraguay. Fric découvre alors une tribu décimée par un mal inconnu et décide de tout faire pour la sauver. Il prend alors un jeune indien de son âge sous son aile et le ramène en Europe à Prague.
Fric se lance alors dans une série de conférence dans son pays en présentant son jeune ami à la curiosité. Celui-ci est totalement déracinée dans une autre culture qu'il découvre. C'est un véritable choc de civilisation. Les choses ne seront pas toujours facile mais naît une véritable amitié. Il est dommage que celle-ci se termine avec le retour de l'indien au pays.
"Les sauvages" ne désigne pas simplement un indien de la jungle amazonienne déracinée mais également un explorateur botaniste et ethnographe totalement incompris dans son pays. Il va réunir à Prague l'une des plus riches collections de plantes exotiques et en devient un spécialiste reconnu. Cependant, par son refus du mensonge, de la dissimulation et du dilettantisme scientifique, il s'attira l'inimitié de nombreuses personnalités influentes dans les milieux scientifiques et politiques.
Il s'engagea en effet en faveur du droit des indiens et de la préservation de leur culture d'origine dans un contexte colonialiste peu propice à ce genre d'idées. Sa réputation d'aventurier turbulent perdura encore, propagée par ses concurrents jaloux. Cet ouvrage reconstitue son parcours. Il est devenu un sauvage à son tour car incompris par les siens.
Que dire également de Tcherwuish, le jeune indien qui n'a pas hésité à braver un long voyage jusqu'en Europe. C'est le récit d'un audacieux chasseur d'expériences libre par l'esprit mais aussi par ses actes (car bagarreur). Il y aura d'ailleurs des situations rocambolesques pleines de drôlerie que l'auteure s'amusera à nous décrire. Cela apporte un vent de fraîcheur à ce récit.
J'ai bien aimé cette oeuvre qui constitue pour moi une ode au droit à la différence. L'histoire ne s'arrêtera pas là car 100 ans après, les descendants de ces deux hommes vont se rencontrer quelque part dans un village d'Amérique du Sud. J'ai aimé cette tranche de vie de ces deux êtres que tout opposait et que tout a rapproché. une satire sociale et philosophique dont on tire forcément des leçons pour peu qu'on soit ouvert.
La révolution tunisienne est encore dans toute les mémoires puisqu'elle a commencé vers la mi-Décembre pour se terminer vers la Mi-Janvier. Ce récit reste une fiction qui s'inspire et gravite autour d'évènements et de personnages réels ayant participé à la révolution tunisienne qui allait devenir le point de départ de ce qu'on va appelé communément le Printemps arabe. Après Ben Ali, des dictateurs tel que Kadhafi ou Moubarak sont tombés. Il en manque encore un mais avec le temps, on pense qu'il va tomber. Il faut savoir que ces dictateurs ont réellement du sang entre les mains car les policiers n'hésitent pas à tirer sur le peuple et de ter des enfants, des bébés, des vieillards. Je ne pensais pas que cette révolution tunisienne avait été aussi dure. Les images ne nous seront pas épargnées.
Tout a commencé avec l'acte désespéré d'un jeune kid de la ville de Sidi Bouzid qui s'est immolé par le feu. Pour faire subsister sa mère et ses six frères, il vendait depuis plusieurs années des fruits et légumes dans la rue, avec sa petite charrette, sans autorisation, se mettant ainsi à la merci du harcèlement et du racket de la police et de l'administration ce qu'ils ne manqueront pas de faire en lui confisquant son matériel. Cette immolation allait déclencher à travers tout le pays une vague de protestation. Encore une fois, il y a ceux qui ont tout et ceux qui n'ont rien. Ceux qui ont tout possède une puissante police pour les protéger et matraquer le peuple.
Il est fait référence à cette fameuse scène où une ministre française des affaires étrangères anciennement à l'intérieur, venue passé des vacances dans une station balnéaire dans un pays en crise grave, propose le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier des forces de sécurité pour régler des situations sécuritaire. Le manque de clairvoyance de ce gouvernement a fait honte à notre pays. Bon, il s'est rattrapé par la suite en Libye. Cependant, l'auteur de cette bd n'a pas oublié et raconte en détail les faits.
La scène qui m'a le plus marqué est celle de la visite du président dans l'hôpital où était soigné celui qui s'était immolé par désespoir. Devant les caméras de TV et les médias, il a fait un beau discours plein de compassion. Le médecin-chef est tellement ému qu'il lui dira en aparté à la fin de sa visite qu'il fera tout pour le sauver. Réponse cinglante du président à vie: "qu'il crève !". On est quelque fois beaucoup trop naïf !
J'admire pour ma part le courage du peuple tunisien qui s'est soulevé contre l'injustice en prenant les armes. Il n'y a de toute façon que ce langage qui est possible face à des régimes de terreur et de privation de liberté. J'ai moi-même été dans ce pays alors que j'avais 18 ans et j'en ai gardé de précieux souvenirs avec des habitants très gentils. La question maintenant est de savoir si la révolution n'a pas été volée par des gens qui sont pareilles au fond. Bref, j'ai beaucoup aimé cette bd qui a le courage de montrer les choses telles qu'elles sont ou qu'elles auraient pu être avec toute la crédibilité qui soit. C'est une oeuvre à lire absolument ! Bravo à l'auteur !
J'aime bien ce genre d'histoire de destin croisé. On suit le parcours de deux hommes géographiquement assez éloignés l'un de l'autre. Jean Gadoix vit en Haute-Loire dans un petit village et va devenir paysan pour subvenir aux besoins de sa famille. Au Sénégal, on va suivre la vie de Ousmane, jeune noir qui part à la chasse. L'histoire commence en 1900 et va se poursuivre jusqu'à la première guerre mondiale où les tranchées du chemin des Dames seront malheureusement le lieu de leur rencontre.
Le premier tome conte l'enfance et l'adolescence de nos deux héros afin qu'on s'empreigne de leur environnement respectif. Le second tome est bien plus tragique. J'ai bien aimé le dessin assez expressif et détaillé du dessinateur.
Je conseille l'achat mais je tiens à préciser que les maniaques seront déçus car les maquettes de dos entre les deux tomes auront changé. Visiblement, certains Editeurs se foutent complètement de l'uniformité des collections même pour un diptyque ce qui témoigne de leur respect. Je mets un conseil d'achat car intrinsèquement, c'est une belle oeuvre de qualité.
Je ne voulais pas lire cette seconde saison de l'univers d'Uchronie, un peu par rage de savoir que l'épilogue n'en n'était pas un et que tout allait recommencer. Il est vrai que le thème des univers parallèles peut donner lieu à différentes déclinaisons qui seront pour le moins intéressantes. C'est l'Empire du milieu qui va donner le tempo à un nouveau monde oppressant.
Je dois bien avouer que c'est plutôt réussi et efficace. Corbeyran a réussi à gommer tous les défauts des précédentes séries de cet univers. On voit qu'il maîtrise de mieux en mieux son sujet. Ce premier tome est une réussite car il règle en tout cas le mystère de la double apparition du père de notre héros. Pour autant, d'autres questions vont se poser. Mais bon, j'ai eu l'impression de véritablement avancer dans l'histoire. Et puis, il y a cette histoire d'amour naissante concernant notre héros. Bref, le concept est amélioré et la donne est relancée.
Je poursuis la découverte de cette saison 2 des mondes d'Uchronie(s). Il s'agit de visiter la Russie des Tsars sous le règne de l'impératrice Katerine III. La Russie n'a pas sombré dans la Révolution communiste. Elle a survécu en s'appropriant les bienfaits de la fusion noire.
On voit tout de suite le lien direct avec New Beijing: Ludmilla Gontchareva qui a disparu de ce monde (et pour cause). On découvre également un nouveau personnage: le professeur Paskevitch. Celui-ci se révèle assez intéressant avec une psychologie propre qui le rend très crédible dans son histoire de trio amoureux.
Le rendu graphique me paraît moins réussi que sur New Beijing. Cependant, le dessin n'est pas franchement désagréable. Et puis, côté scénario, Corbeyran assure une belle histoire pleine de rebondissements. A la fin, on découvre un concept qui a l'air d'être une piste tout à fait intéressante. En conclusion, cela promet !
Le personnage de Julius planait littéralement sur l’œuvre originale qu’était « le Troisième testament ». Aussi, le fait de réaliser une anté-suite en prenant ce personnage paraissait opportun. Cette BD impressionne tout d'abord par sa virtuosité esthétique. Les planches de dessins sont d'une rare beauté et d’une finesse exquise. La colorisation semble également très réussie. On notera qu’Alex Alice qui supervise toujours le projet laisse sa place à un véritable disciple qui a tout le talent de son mentor d’où une revendication assumée ...
La scène d’ouverture est tout à fait époustouflante dans le fait de se donner dans une dimension presque cosmique. Pourtant, on sera totalement immergé dans cette société romaine. Par ailleurs, chaque personne semble posséder une véritable âme ce qui facilite le fait que le lecteur suit avec plaisir leur parcours et leur évolution au fil des épreuves qu’ils subiront. Le traitement demeure certes classique. Cependant, la mise en scène est d’une fabuleuse maîtrise aussi bien narrative que scénaristique.
Pour autant, on regrettera les fautes d’impression calligraphiques absolument impardonnables pour une série aussi médiatisée. C’est à croire qu’il n’y a aucune relecture démontrant ainsi un amateurisme qui n’a pas sa place à ce niveau. On pardonnera cependant… sans doute par charité chrétienne qui est justement ici de mise. On suivra donc avec attention la suite de cette fabuleuse saga qui nous réserve certainement de très bonnes surprises !
Après un premier tome qui joue sur la rivalité entre deux personnages charismatiques, on part pour une quête dans le second opus. Cela ressemble un peu à du Indiana Jones mais au temps de la Babylone antique. Le dessin sera splendide par moment avec un découpage totalement adapté. J'ai bien aimé cette aventure qui nous fait sortir du cadre de l'Empire romain et de la Judée. On retrouve parfaitement le lien avec Le Troisième Testament qui a marqué à tout jamais de son empreinte la bd historique et ésotérique.
Bref, cette suite m'a surpris dans la mesure où elle est totalement différente de la première partie en mettant un peu moins l'accent sur Julius et en accentuant le rôle de ce nouveau messie. A la fin de cette lecture, on n'a qu'une envie: découvrir la suite car le résultat est étonnant de maîtrise et de qualité.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
La couverture du marathon de Safia ne me donnait a priori pas d'envie à lire cette bd. Et pourtant, au ressortir de cette lecture, c'est une réelle bonne surprise. Je croyais que j'allais lire une oeuvre qui met l'accent sur une championne déjà connue dans le monde féminin des marathons. Il n'en est rien. D'ailleurs l'action commence le 20 mars 2013 soit dans notre futur pour se terminer en 2024. On pourrait se dire qu'il s'agit alors d'un récit de science-fiction mais cela ne sera pas le cas tant l'histoire est ancrée dans notre présent. Bref, l'horizon de ce marathon dépasse largement le cadre qu'on croyait fixé.
Sofia est une jeune fille d'origine maghrébine qui vit pauvrement dans une caravane avec sa famille. Elle aime courir mais son père reste attaché à de vieilles traditions obscurantistes où la place de la femme serait à la vaisselle. Le père travaille sur les chantiers de la construction d'un nouveau stade de France. La mère est femme de ménage dans les vestiaires de ce stade. J'ai apprécié le fait que certaines valeurs me parlaient véritablement comme la chasse au gaspillage. Et puis, et surtout, il ne s'agit pas d'une revanche sur la vie mais d'un défi pour faire évoluer une bonne cause.
On se rend compte également qu'à travers le sport, c'est une critique de la société tout entière. Le sport ne sera d'ailleurs pas épargné tant il y a eu des dérives commerciales notamment dans le football. Je ne suis d'ailleurs pas moi-même un adepte des matchs de foot où les hurlantes, le racisme, la débauche et la violence font honte aux sports. A cela, je me suis retrouvé dans le personnage du frère de Sofia. Il y a également une vraie réflexion sur la place des femmes dans le sport. Il faut dire qu'elles n'occupent pas une place privilégiée actuellement dans les hautes instances dirigeantes sportives. Bref, il y a encore beaucoup de boulot à réaliser !
20 ans ferme est l'un des meilleurs récits que j'ai pu lire pour expliquer le problème de l'incarcération. Il est clair que la société civile se désintéresse totalement de la question car elle a d'autres préoccupations. A travers l'histoire d'un détenu, on arrive à percevoir toute l'injustice d'un tel système qui brise totalement la personne. En effet, les prisonniers sont traités pire que des animaux et les exemples ne manqueront pas dans ce documentaire. Ils ne méritent pas un tel traitement malgré tout ce qu'ils ont pu faire. Et puis, on mélangera volontiers les tueurs et les voleurs car ce qui n'est absolument pas accepté c'est le révolté contre un système totalement injuste.
En l'espèce, nous avons un voleur qui a arraché des biens à des personnes qui en ont accumulé plus que de raison et qui ne cesse de s'enrichir car ils ont été élevé dans le culte de la possession. Plus ils en ont, plus il leur en faut. Un peu comme ceux qui partent en Belgique ou ailleurs pour ne pas payer l'impôt représentant la solidarité nationale. Bref, je n'ai absolument aucune compassion pour eux et j'en arrive même à comprendre les motivations d'un cambrioleur qui prend sans demander de permission. Attention, comprendre ne veut pas dire accepter. La misère sous toutes ses formes est à l'origine de tous les maux.
Il est vrai que de manière générale, la société repliée sur elle-même, est peu disposée à accorder plus de droits aux prisonniers en leur permettant simplement d'avoir une incarcération décente. J'en ai entendu qui pense qu'on transforme les prisons en Club Méditerranée ce qui est très loin d'être le cas. On rejette en bloc tous ceux qui sont en prison. Il n'y a aucune tolérance et même lorsqu'ils ont payé leurs dettes à la société.
Plus de douche, plus de parloir, plus de considération: c'est la revendication des prisonniers. N'est 'elle pas légitime ? Chaque être humain a droit à la dignité et à la propreté. C'est tellement évident. Face à ces revendications, la réponse est toujours la même: le refus aveugle. L'administration répond par la violence, la hargne, l'humiliation. Pour moi, cette déshumanisation est inacceptable. Il faut revoir le système de fond en comble. Espérons que cette bd apportera la conscience nécessaire. Mais au vu de ce que je vois, ce n'est pas gagné !
Je dois bien avouer aux futurs lecteurs que la couverture de cette nouvelle série est fort trompeuse et finalement peu appropriée. On ne se doute pas de ce que l'on va y trouver. Non, on ne sera manifestement pas à l'époque des indiens d'Amérique mais bien plongé dans les royaumes mésopotamiens des premières civilisations humaines.
Par ailleurs, si la couverture est franchement hideuse dans la rigidité de la posthure et la difformité des proportions, le graphisme de la bd est lui très réussi. J'ai apprécié au premier coup d'oeil les dessins de par leur précision et dans son style réaliste avec une belle mise en couleur. J'avoue ne pas bien comprendre cet antagonisme.
Runberg quitte le monde de la science-fiction (Orbital) pour nous offrir une aventure digne de Conan le Barbare. On est tout de suite happé dans cet univers où il est question d'alliance entre les peuples pour faire face à un puissant ennemi commun. Il y a également une part de magie avec la présence des derniers survivants de l'Atlantide. Le scénario aurait sans doute dû aller plus loin que de laisser entrevoir des choses dont on ignore les enjeux. Combats et rituels semblent alterner pour le plaisir des lecteurs. Une belle fresque en perspective.
Force est de reconnaître que cette série possède déjà des atouts indéniables. On va commencer par une couverture réellement magnifique qui ne sera pas trompeuse quant à la qualité du dessin. Et puis, il y aura un récit dont on ne perdra pas le fil.
On va faire la connaissance d'une reine peu connue ayant réellement existé dans une période trouble de l'Histoire de France. On va vivre avec elle les humiliations qu'elle subissait de son mari le roi d'Angleterre qui lui préférait ses serviteurs. Et surtout, on va se plonger au coeur du pouvoir et de ses manipulations. C'est un de ces destins hors norme qu'elle va connaître pour le meilleur et le pire. Une femme belle mais cruelle et manipulatrice ? A découvrir !
Il est vrai qu'on attendait pas Thierry Gloris sur un terrain aussi classique. L'académisme sera de mise afin de coller au plus près de la réalité historique. Il faut y voir la patte de l'épouse de l'auteur qui va apporter toutes ses compétences en la matière. Une fois n'est pas coutume.
Il fallait le faire et c'est chose faite: un guide retraçant les 53 années de vie politique ayant marqué la V ème République. Pour la plupart d'entre nous, nous avons toujours vécu sous les institutions de cette République qui a apporté la stabilité au paysage politique malgré quelques soubresauts (3 cohabitations par exemple). Je pense qu'il est important de se remémorer les faits marquants pour avoir une vue d'ensemble.
Il faut dire que l'auteur est devenu un as du genre après avoir publié "le petit livre du rock". Je dois bien avouer que l'exercice est plutôt réussi car on ne s'ennuie pas. Pour les connaisseurs de la vie politique française, on apprendra des choses au travers des anecdotes étonnantes toujours bien dosées et qui ne ménagent personne à droite comme à gauche. C'est croustillant à souhait et traité avec une délicieuse malice.
C'est un véritable travail d'historien et de journaliste que l'auteur a accompli pour décrire précisément chaque année de vie politique écoulée. On passe ainsi des années De Gaulle aux années Sarkosy. On se rend compte de tout le chemin parcouru par cette République qui reste debout. Pour combien de temps encore ? C'est là toute la question. Pompidou disait "si on atteint le cap des 500000 chômeurs, cela sera la révolution!". Et si c'était 5 millions ?
Bref, nous avons là un ouvrage indispensable car intelligent et précis.
Au nom du fils est un bel hymne à l’amour filial. Ainsi, un père de famille métallurgiste sur un chantier naval va tout quitter du jour au lendemain afin de partir à la recherche de son fils, un jeune globe-trotter parti en année sabbatique en Colombie. Ce dernier s’est malheureusement fait enlever par les FARC ou un de leurs groupes assimilés dans la jungle au milieu de ruines précolombiennes. Le constat de départ pris par ce père de famille est qu’il ne peut faire confiance aux politiques et autres diplomates pour résoudre cette crise.
Le sujet étant planté, on suit cette histoire simple avec intérêt car on va se placer uniquement du point de vue du père. Les interrogations ne manqueront pas. Qu’est-ce que son fils est allé faire aussi loin de chez lui dans un pays aussi peu sûr ? Bref, il y aura tout un cheminement logique pour tenter de comprendre les motivations ainsi que les évènements qui se sont enchaînés. Entre doute et questionnement, ce voyage intimiste aura une allure initiatique. En effet, le père est un homme simple qui ne sort jamais de chez lui. Il va connaître des situations et des endroits pour le moins exotiques.
J’ai bien aimé ce parti pris sans doute parce que je suis également père et qu’on a du mal à voir ses enfants partir et se fourrer dans des situations inextricables. La question est de savoir si le pouvoir de la volonté pourra triompher de tous les obstacles ? On suivra bien entendu ce périple poignant à la recherche du fils disparu. Et cette seconde partie ne décevra pas jusque dans son dénouement final sur la toute dernière planche. On n'y croyait plus !
On va assister à la déchéance d'un fils de riche, séduisant et à qui l'avenir promettait beaucoup de belles choses. L'argent ne fait pas nécessairement le bonheur. Renié par son père, notre héros va sombrer dans l'alcool, le sexe et la déchéance. En 10 ans, il ne sera plus que l'ombre de lui-même. Sur un mode résolument pessimiste, on va ressentir toutes ses souffrances même si on ne peut totalement les comprendre. Certains thèmes m'ont tout de même interpellé comme la question de savoir ce qu'est la normalité ou une forme de pensée unique qui tiendrait comme acquis la popularité d'idole déchue. Il est bon de se remettre en cause et de s'interroger sur notre condition humaine.
Graphiquement, c'est très beau sur ce papier glacé. Les décors arrive à nous impressionner avec des dessins façon encre de chine à tomber. C'est un travail impeccable qui traduit une certaine ambiance oppressante. Bref, c'est une autre manière d'appréhender la société qui nous entoure avec des apparitions semi-fantastiques dans les moments les plus cruciaux. On notera un sens de lecture à l'européenne afin de faciliter le confort.
Malgré quelques lourdeurs, cela se laisse lire avec une certaine fluidité. C'est bien entendu réserver à un public averti. Pour une fois qu'un manga n'est pas niais, on aurait tort de s'en priver. On sort véritablement des stéréotypes classiques. Le posséder est autre chose. A t-on envie de fleurter avec le désespoir, le suicide et la mort ? Pas nécessairement et surtout pas si on est en dépression. En tout cas, une lecture subversive qui invite à la réflexion.
C'est un émouvant témoignage bien documenté sur la catastrophe de Tchernobyl que nous avons là. J'ai peu lu sur le sujet notamment sur le support de la bande dessinée. Cette bd documentaire a le mérite de nous rappeler ce qui s'est passé en 1986.
Je déplore totalement le manque de sincérité de la part des autorités russes. La crise aurait pu être gérée autrement. On ne voulait sans doute pas gérer une panique à l'échelle mondiale ce que je peux comprendre. Cependant, j'ai été particulièrement choqué d'apprendre que les autorités russes ont dit aux enfants en partance qu'ils reverraient bientôt leurs animaux de compagnie. Le récit vous montrera ce qu'il advient d'eux en réalité...
J'ai aimé ces deux histoires d'une même famille en 3 parties qui se rejoignent dans un ultime lien à la fin. Il y a peu de mots mais des images qui transmettent suffisamment d'émotion sans tomber dans le pathos. Ce poids du silence est bien lourd de sens.
J'ai bien aimé voir la carte mondiale des réacteurs dans le monde. On y voyait que le Japon est le troisième pays à posséder le plus de réacteurs. La catastrophe récente de Fukushima est là pour nous rappeler que le pire est sans doute pour demain. Rappelons que la France est le second pays au monde avec 58 réacteurs. Cela laisse à réfléchir sans nécessairement prendre une position hâtive ou binaire. La réalité est quelques fois plus complexe.
J'attendais depuis longtemps une autre oeuvre de Craig Thompson. Il faut dire que Blankets - Manteau de neige fut l'une de mes toutes premières lectures dans le roman graphique. J'avais beaucoup apprécié son talent de conteur. Après des années d'attente, voici Habibi qui nous libre une histoire totalement différente même si l'amour reste le thème central.
Habibi est presque une révolution ultime: celle des sens, de la calligraphie qui épouse avec merveille le dessin au rythme d'un royaume imaginaire sorti des mille et une nuits. C'est le Moyen-Orient dans toute sa splendeur et sa décadence. On voit à l'horizon les problèmes de pollution qu'engendre une urbanisation à outrance. Il y a également le problème du traitement des eaux et de sa rareté.
On pouvait craindre l'enlisement au bout de 600 pages. Ce fut tout le contraire ! C'est un récit qui monte en puissance pour nous délivrer d'un message au-delà des religions. Une œuvre forte et encore une belle réussite qui donne ses lettres de noblesse à la bande dessinée. De belles trouvailles graphiques avec un trait sombre, nerveux et puissant. On atteint presque le chef d'oeuvre annoncé avec un message fort et une conclusion idéale.
Je découvre toujours un peu plus les facettes multiples du talent d’Osamu Tezuka à travers ses diverses œuvres. Après la lecture du naïf Métropolis qui marquait le début de sa carrière, j’ai plutôt été surpris par la qualité intrinsèque de ce titre qui traite de la condition humaine. Il est vrai que ces courtes nouvelles viennent d’être éditées en France alors qu’elles datent de la période 1969-1970 où l’auteur marquait un tournant pour se plonger dans des œuvres plus adultes.
Certaines de ces nouvelles ont été prenantes à lire. Elles laissent toujours une impression car les chutes sont fortes avec des effets de surprise comme je les aime. On se remémore facilement la lecture car on a passé un bon moment et cela appelle à une réflexion. Quelque fois, cela vire au fantastique et c’est plus ou moins énigmatique. Bref, il y a une véritable variété des thématiques à travers ces 16 récits.
Je dois avouer que c’est à ce jour mon recueil préféré de ce grand maître qui essayait alors un nouveau genre : le gekiga. J’aime ces ambiances un peu sombres. Même le trait généralement très rond me semble résolument plus mâture. Je n’ai pas été un grand fan de l’auteur mais je trouve que ce recueil de nouvelles est un titre de qualité. Fort heureusement, je n’ai pas éprouvé le sentiment qu’il y avait du bon et du moins bon car l’ensemble reste homogène.
Bref, chaque récit maintient son rang. L’auteur réussit à nous tenir en haleine jusqu’au bout. C’est honnêtement ce que j’ai lu de mieux et cela risque de plaire à un public plus large qu’habituellement.
J'ai bien aimé cette version des voyages d'Ulysse qui était l'un de mes héros préférés durant mon enfance. J'ai été passionné par la mythologie grecque et par l’œuvre d'Homère.
Cette version modernisée me semble bien fidèle au mythe entre le chant des sirènes et la malédiction du dieu Poséidon. Cela a été une lecture fort agréable. On ne voit pas le temps passer. C'est fort bien construit car cela laisse sortir toute la richesse de l’œuvre originale.
Ulysse plaira aux plus jeunes et aux moins jeunes malgré un trait de dessin assez naïf. C'est d'ailleurs à ce jour la seule adaptation en bd digne de ce nom.
Voilà une bd bien surprenante sur la quête d'identité d'une jeune fille qui se réveille sur un banc à Paris. Elle est devenue amnésique et n'aura de cesse que de retrouver la mémoire par tous les moyens. La conclusion de cette histoire est des plus réussies car on aura droit à un final auquel on ne s'attendait pas et qui mérite toute notre attention.
On est très vite happé par cette histoire car on ressent les émotions de l'héroïne qui ne parvient pas à se rappeler d'où elle vient et qui elle est. On avance avec elle dans ses recherches et ses errances au travers d'un parfum, d'un lieu ou d'un geste. Elle se découvre d'ailleurs totalement superficielle et ne se reconnaît pas dans ce personnage qui lui est désormais étranger. Cette thématique est passionnante car au-delà d'introduire une notion de double personnalité, les auteurs se servent de l'amnésie pour entamer une véritable réflexion sur l'identité.
Ce long roman graphique est bien écrit et c'est souvent agrémenté par de petites touches d'humour délicieuses malgré la situation tragique du personnage. Les auteurs nous font partager un agréable moment de lecture où l'on oublie tout et c'est bien le cas de le dire...
Cela faisait des années que je voulais lire le roi cyclope. Il m'a fallu beaucoup de persévérance pour tomber dessus. Il faut dire que j'aime le style tout en douceur et en nuance d'Isabelle Dethan. C'est d'ailleurs considéré par beaucoup de lecteurs comme son oeuvre phare. La pression était haute et la déception facile.
Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié cette histoire en trois volumes mais en deux temps. Il est vrai que tout repose sur la personnalité hors norme du Marquis. Du coup, les autres personnages apparaissent assez fades et conventionnels à commencer par notre valeureux prince dont la série porte le titre. Il aurait sans doute fallu supprimer un personnage féminin pour réaliser le fameux triangle amoureux. Cela aurait donner plus de piment à une sauce déjà bien relevée.
J'ai l'impression d'avoir tout lu et que rien ne me fait désormais plaisir. Dans ce contexte, ce vieux titre est une bonne surprise qui donne de l'espoir...
Il y a maintenant 2 ans et demi que j'avais commencé la série des Paul par le titre Paul en appartement. Je m'étais promis de revenir sur cette série sympathique qui traite des faits quotidiens. Par contre, j'ignorais l'ordre par lequel il fallait commencer car chaque volume traite une tranche de vie de ce personnage de l'enfance à l'âge adulte. J'ai donc laissé faire le hasard qui fait parfois bien les choses.
Paul à Québec m'a d'abord rappelé mon voyage au Québec et les bons souvenirs que j'ai vécu dans ce pays merveilleux. La seconde partie me renvoie à un souvenir plus sombre et plus actuel qu'est celui de perdre un être cher par le cancer. C'est sans doute ce mélange entre le ton léger et des situations plus difficiles qui donnent à cette série cette force hors du commun.
J'ai apprécié l'approche dans son ensemble qui a été traité avec finesse et sincérité. La maladie qui se déclare sournoisement par petites touches. La psychologie du personnage du beau-père qui nous laisse également découvrir une enfance pas très heureuse. Cependant, il y a toujours une touche d'humour et de tendresse qui fait que la pire des situations devient moins douloureuse.
Avis dédié à Patrick. R.I.P
Une aventure de science-fiction dans un univers à la Blade Runner ou du 5ème élément sur fond de télé-réalité en y mêlant également une touche de fantaisie avec Alice aux pays des merveilles. Bref, un cocktail assez étrange mais qui semble bien fonctionner en l'espèce. On s'attache assez facilement avec ce héros au physique ingrat mais si humain.
Le récit manque cependant un peu de dynamisme. Il ne se passera pas grand chose. On sent que c'est un tome introductif pour mettre en place un univers assez singulier. Pour autant, on sait que le plaisir de lecteur viendra par la suite car le scénariste sait transformer les moindres détails en révélation surprenante. En attendant, on pourra néanmoins admirer un beau graphisme détaillé afin de s'imprégner de cet atmosphère. Les habitants portent de curieux costumes qui sont autant de clin d'oeil à des oeuvres classiques comme Star War par exemple.
Au final, une bonne bd qui a du potentiel qu'il reste à développer. Ma note est par conséquent susceptible de changer. Et oui, je suis convaincu par le second tome. On gagne par conséquent un cran.
Une saga familiale au travers de la lutte de deux familles dans le milieu des grands cabinets d’avocat aux manières des "Maîtres de l’Orge". Un scénario béton et un dessin agréable, sobre et élégant. Une couverture accrocheuse. De la maîtrise également dans la narration. La lecture est très agréable. On suit avec plaisir cette enquête judiciaire bâtie sur un fond historique. Une réelle bonne histoire servie par une qualité de dialogues et une authenticité des personnages. Par ailleurs, le trait du dessinateur contribue à l’esprit de ce récit. Bref, un très bon cocktail !
Je me rappelle que mon vendeur de bd habituel le proposait très souvent aux clients hésitants à la recherche d’un bon scénario. Pour ma part, je ne me suis pas laissé prier. Les deux premiers tomes ont été publié assez rapidement puis plus rien. On attend un troisième tome qui est à chaque fois repoussé. C’est dommage car on avait bien l’histoire en tête puis cela s’estompe petit à petit. J'ai appris plus tard que le retard de cette publication était lié à l'état de santé du dessinateur. Après coup, on se dit qu'on a réagit un peu égoïstement...
Le tome 4 vient clore une excellente série initiée par Malka et Gillion. Ce dernier est malheureusement décédé à l’âge de 85 ans après de bons et loyaux services dans le monde de la bande dessinée. Personnellement, j’appréciais beaucoup son graphisme. Le remplacement s’est fait au profit d’un système photoshop sur certaines vignettes à l’image des romans- photos. Je dois dire que je ne suis pas vraiment satisfait du résultat que je juge trop artificiel et dénaturé. Je sais que c’est actuellement la grande mode. Cependant, cela me dérangerait moins sur une nouvelle série qui choisit d’emblée ce procédé de facilité. Ce dernier tome est d’ailleurs dédié à Paul Gillion qui se retournerait peut-être dans sa tombe, lui qui avait le talent du dessin bien fait.
Concernant le fond, je suis d’accord qu’il fallait terminer l’histoire de cette saga familiale. Sur un plan historique, après les horreurs de la seconde guerre mondiale commises par les nazis sur les populations juives, on va avoir droit à celles des victimes du maccarthysme. C’est intéressant mais il était temps véritablement de clôre le chapitre.
Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.25/5
Une série qui a pour personnage principal un véritable pionnier de la chirurgie moderne ayant existé à savoir le médecin du roi Ambroise Paré qui était à la fois humaniste et anti-conformiste. Le récit se déroule en 1565 au temps de la Renaissance dans une époque où de nouvelles disciplines émergent (anatomie, biologie, chirurgie...) malgré l'hostilité des facultés de médecine de l'époque encore tributaires d'un savoir ancestral. L’intrigue se base sur les découvertes liées au corps humain : c’est assez «original » dans le concept même si on a parfois du mal à suivre.
Entraîné dans un complot visant à exterminer une ancienne confrérie de médecin, Ambroise paré est amené à reconsidérer ses convictions les plus profondes sur la nature du corps humain et les méthodes médicales. En enquêtant sur la mort de plusieurs anatomistes réputés, il va croiser d'inquiétantes créatures qu'il n'imaginait même pas et découvre que certaines recherches sont étouffées par le pouvoir et l'Eglise.
Le thème du complot et des monstres est « encore » utilisé ; ce qui m’a laissé quelque peu dubitatif dans un premier temps face aux critiques élogieuses de cette série. A suivre pour son originalité.
Et justement, cette suite ne m'a pas laissé indifférent! Certaines planches de ce second tome sont tout bonnement magnifiques et on ne peut que le constater. L'intrigue se précise laissant apercevoir une grande richesse du scénario: le corps humain comme enjeu entre les scientifiques et l'Eglise.
Le problème de cette série est justement cette sérieuse complexité du scénario. Il faut bien suivre chaque étape pour comprendre les enjeux de cette histoire qui se dessine à travers les alliances des uns avec les autres. Je peux comprendre que cela donne mal à la tête. Je viens de lire le 4ème et dernier tome qui apporte toutes les réponses sur l’identité de la Licorne mais on ne comprend plus très bien si les méchants présentés (en gros l’alliance vampire et Eglise) avaient de bonnes ou de mauvaises raisons. J’avoue que ce n’est pas très clair dans mon esprit. Une relecture de l’ensemble s’imposera. Quoiqu’il en soit, c’est assez original pour retenir l’attention.
Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4/5
J’avoue avoir accepté assez difficilement l’idée d’une suite au Pouvoir des innocents. Cependant, étant assez ouvert par principe et surtout ayant eu la garantie directe que c’était bien voulu dès le départ, je me suis plongé dans cette lecture avec enthousiasme mais non sans un certain esprit critique qui me caractérise.
L’originalité est la sortie presque simultanée de deux séries parallèles, l’une se situant après l’attentat dont on attribue à tort la responsabilité à Joshua et l’autre se situant 10 ans après. Alors que Jessica paraît assez âgée et fatiguée dans la série mère, on la voit mal rempiler au gouvernement des Etats-Unis bien des années après ! Mais bon, passons !
Ce qui tue un peu l’intrigue, c’est le fait de savoir d’emblée que Joshua ne sortira pas de sa prison alors que c’est, je crois, tout l’enjeu de la seconde saison. N’aurait-il pas été plus judicieux de terminer tranquillement la seconde saison avant d’entamer la troisième ? Cette question mérite d’être posée.
Sur le fond, les enfants de Jessica nous présentent une Amérique bien étrange qui ne correspond pas à celle que nous connaissons en 2007. Là encore, il aurait été judicieux de mettre une date plus éloignée dans le futur mais cela aurait posé l’épineux problème de l’âge de Jessica. On devine tout doucement que ce personnage dont les desseins sont parfaitement louables doit cacher une face bien plus sombre.
Le seul gros reproche que je ferai, c’est que j’ai constaté que l’action avance assez doucement dans cette troisième saison comme pour mieux installer une nouvelle intrigue. C’est intéressant car on se tourne vers le personnage d’Amy dont la psychologie est assez fragile. Cela promet !
Pour le reste, je me répète un peu : le scénario est diablement efficace avec une absence de temps mort et le dessin est correct. Le tout forme une série qu’on suivra avec plaisir ne serait-ce que pour la vision d’un nouvel aspect social et économique avec une autre alternative au capitalisme sauvage.
Cette bd nous livre la vie secrète de Marine Le Pen qui actuellement préside un parti d’extrême droite qui a le vent en poupe. La démarche est un peu la même que celle de La Face karchée de Sarkozy parue un peu avant l’élection présidentielle de 2007. La parution des révélations n’avait pas empêché ce personnage contreversé de remporter haut la main l’élection présidentielle. Bref, ce n’est pas parce qu’on va connaître les sombres recoins d’un personnage politique que cela va influer sur l’opinion et finalement le vote de la population. Il y a désormais tellement de paramètres qui entrent en ligne de compte.
J’avoue avoir trouvé assez passionnante cette lecture qui apprend bien des choses sur cette dynastie de politiciens et des gens qui tournent autour pour les servir. J’ajoute à toutes fins utiles que je ne suis pas vraiment le lecteur visé dans cette démarche de découverte d’un personnage pour infléchir mes opinions. L’œuvre se veut objective mais on sent bien le parti pris avec une fin tout à fait risible. Ce n’est pas très difficile quand on voit les idées ou même les faits qui conduisent à avoir une opinion. On découvre sous une tout autre dimension une fille à papa aussi colérique que son père avec un côté fort manipulatrice. Difficile de faire pire portrait!
La bd semble occulter le principal à savoir la réussite de cette politicienne hors pair qui arrive à séduire au-delà des frontières de son parti. Il aurait été intéressant de voir les causes, c'est-à-dire ce qui amène une population en souffrance à un vote purement contestataire et nationaliste. Cependant, c’est tout de même assez intéressant de voir la vie privée autrement dit la vie secrète de cette femme qui va marquer durablement le paysage politique. Cela permet de la situer dans un contexte et de comprendre les mécanismes de cette machine politique. J’ai compris qu’on va encore en entendre parler au moins pour 30 ans! La relève semble d'ailleurs assurée dans la même famille avec la nièce.
Le droit chemin est une de ces bd qui s'apprécie au fil de la lecture tel de délicieux mets qui allèchent nos papilles. Après un démarrage introductif certes un peu lent, on va s'attarder sur les péripéties nocturnes de 4 gamins pupilles de la nation dans un lycée agricole dans la campagne française de l'entre-deux-guerre. La discipline est de rigueur et le goût de la transgression des règles ne manque pas à l'appel. L'insouciance de la jeunesse et les frasques vont donner le ton à ce récit qui ne manquera pas de rythme.
En effet, les personnages ont du caractère et notamment les deux protagonistes principaux Jeanne et Jules. Bref, on va apprécier des situations plutôt cocasses. Entre un surveillant d'internat défiguré par la première guerre et une aviatrice aux moeurs légères sans compter sur une comtesse féministe et artiste de nu, il y a une belle brochette psychologiquement intéressante.
Le scénariste Wilfrid Lupano qui nous avait gratifié d'un excellent Alim le tanneur, maîtrise totalement son histoire qui prend de l'ampleur au vu des évènements du monde extérieur. Il réussit dans le second tome à donner une certaine épaisseur après un premier chapitre plutôt léger. Par ailleurs, le dessin nous donne une vue assez dynamique de l'ensemble avec des cadrages plutôt réussis. La colorisation est également de qualité.
Au final, c'est une série sympathique à l'image d'une jeunesse turbulente dans une campagne insouciante avec un portrait assez fin de cette époque révolue. Une comédie sociale prometteuse ! Le droit chemin semble prendre la bonne route !
Les brigades du temps reprennent un concept largement répandu dans les différentes séries de bd actuelle. Le voyage dans le temps et les uchronies sont actuellement à la mode et très en vogue. La série Voyageur vient de s’achever en remettant le thème des visiteurs du futur au goût du jour. Il y a également la série de Corbeyran sur les Uchronies (New Byzance, New-York et New-Harlem) qui nous montre qu’il y a différentes variables possibles d’un même monde selon la direction prise par les événements.
Certes, l’idée n’est pas très originale mais cette série est arrivée à développer de manière très amusante le concept. Ce tome n’est qu’introductif pour nous expliquer le mécanisme bien huilé de cet univers particulier organisé autour d’une brigade spéciale. En gros, il s’agit dans le futur d’assurer la sécurité du passé. Or, comme disait H.G. Wells, qui maîtrise le passé contrôle le futur.
Kris est un auteur que j’aime bien pour ses œuvres de qualité (Un homme est mort ou encore plus récemment Un sac de billes). Il aime l’Histoire et cela se ressent, ce qui n’est pas pour me déplaire. Il arrive à nous surprendre dans un registre dans lequel on ne l’attendait pas. Le récit paraît assez déjanté par moments ce qui agrémente la lecture. Je me suis posé la question de ce que cela aurait pu donner si traité de manière plus sérieuse (une uchronie de plus). On notera toutefois un bon travail de documentation (comme d’habitude dirais-je).
Maintenant, je ne suis pas certain que si Christophe Colomb avait succombé sur la plage en 1492, il n’y aurait plus eu de nouveaux voyages vers le Nouveau Monde et que l’Europe et le Moyen-Orient seraient restés dans le Moyen-âge. Les découvertes de nouvelles inventions n’auraient pas empêché l’évolution. Je suis également interloqué par la fin de ce premier tome qui reprend l’idée même de la série Luxley de Mangin. Il est dommage également que le style du dessin soit un peu vieillot pour rappeler les séries d’antan du genre Valérian. Les couleurs flashy n’arrangent pas vraiment les choses.
Au rayon des bonnes choses, le fait de ne pas montrer tout de suite les méchants de l’histoire à savoir les manipulateurs réserve encore bien des surprises pour la suite. On a envie de continuer l’aventure car c’est efficace et distrayant. La teneur de l’ensemble constitue en tout cas un cocktail de bonne qualité.
Sans doute parce que j’ai connu ce genre de situation à un moindre degré étant plus jeune, j’ai été particulièrement touché par ce témoignage d’une jeune diplômée qui s’essaye pour entrer dans un monde du travail peu accueillant. C’est une situation difficile que d’essayer de décrocher un job lorsqu'on est un jeune diplômé. Quand on a travaillé dur pour obtenir son diplôme et qu’on arrive sur un marché de l’emploi atone, on perçoit comme une sanction imméritée le fait de ne pas pouvoir travailler et de vivre décemment. La précarité devient d’ailleurs la norme chez les jeunes diplômés qui doivent enchainer les stages et dans le meilleur des cas des contrats à durée déterminée.
Cette bd va traiter ce problème de société généralement peu évoqué sur le ton de l’humour. C’est drôle mais on ressent tout de même comme un malaise sur ce qui ne va pas dans le monde du travail. Le taux de chômage des jeunes en France est toujours deux fois supérieur au taux de chômage de l'ensemble de la population. Alors, quand on trouve un stage, c’est le panama ! Pour rappel, un stagiaire est payé dans les environs de 436,05€ en 2012. Ce qui est inacceptable, c’est le fait pour les entreprises de les exploiter sans vergogne au regard de cette gratification misérable qui ne permet pas de payer son loyer.
Ainsi, dans le cas évoqué par l’auteur, il s’agit de travailler par exemple 45 heures sur 3 jours, de rentrer chez soi après minuit quand il n’y a plus de transport en commun, de prendre un taxi que l’employeur ne payera pas, de travailler les dimanches quand il y a un coup de bourre ce qui arrive souvent. C’est vrai qu’il faut avoir le cran d’accepter de donner sans compter sans recevoir en échange (ou si : l’espoir de décrocher le job). La logique financière de ces entreprises est différente de celle du jeune qui pense que le mérite va finir par payer. C’est bien souvent un leurre. On se fout totalement de vos sacrifices sur votre vie privée. Il faut donner sans compter, c’est cela l’esprit d’entreprise !
Les contrats d’avenir qui vont être mise en place par le gouvernement concernent des jeunes qui ont décroché au niveau de leurs études. Pour éviter que ces jeunes issus de quartiers défavorisés ne basculent dans la délinquance, on va leur proposer des contrats de travail pour une durée de 3 ans. C’est très bien sur le principe mais j’ai tout de même une pensée pour ceux qui ont galéré dur pour obtenir leur diplôme et qui vont se retrouver dans la pauvreté faute d’emploi. A ces jeunes là, on ne leur propose pas grand chose car on sait que ce sont de bons citoyens qui ne verseront pas dans la violence. C’est vrai que la plupart d’entre eux quoi sont diplômés trouveront plus facilement du boulot mais dans quelles conditions ? Le déclassement professionnel va concerner un tiers d’entre eux.
Oui, cette bd semble utile pour comprendre ce phénomène et se poser des questions sur l’exploitation par les entreprises de cette précarité. C’est une véritable honte mais qui est masquée par des valeurs de type « travailler plus pour gagner plus » ou encore qu’il ne faut pas vivre de l’assistanat. C’est effectivement digne de travailler mais encore faut ‘il qu’il y ait du travail pour tout un chacun. Ces stages à répétition montrent que les entreprises se font de l’argent en exploitant davantage les personnes alors qu’il pourrait y avoir des contrats à durée indéterminée sur ce type de poste car l’activité est en réalité durable et stable. Quant à moi, il peut-être temps que je change d’activité car on n’a pas toujours le bon rôle dans cette comédie humaine plutôt douteuse. En tout cas, je souhaite que l’auteur ait pu trouver ce qu’elle recherche et qui devrait être un droit.
Suicide Island est l’une de ces séries comme Ikigami - Préavis de mort qui nous font découvrir une vision très noire et déprimante de la société japonaise d’un futur proche. On suit toujours un même mode opératoire : une analyse des possibles. L’impossibilité d’une île aurait pu être un autre titre choisi.
Le Japon se place en tête des pays avec le plus fort taux de suicidés au monde. Près de 30.000 personnes par an choisissent leur mort volontairement. C’est triste d’en arriver là car il s’agit de milliers d’hommes et de femmes qui décident d’en finir avec la vie.
Les commentateurs diront que ce sont les effets ravageurs d’une société devenue très rigide et qui a perdu progressivement les valeurs traditionnelles du passé. Les nouvelles générations sont totalement désorientées. Le manga en question traite surtout du suicide chez les jeunes ce qui est généralement un sujet tabou car cela renvoit à notre propre désaveu de ne pas avoir su bâtir une société suffisamment solidaire. Et qu’on ne vienne pas nous dire que c’est un problème typiquement asiatique. Le monde occidental n’est pas en reste. A l’heure où des politiques affirment que les civilisations ne se valent pas, il faut rétablir le sens de la vérité !
Suicide Island présente les choses d’une manière très choquante certainement pour marquer les esprits. La société japonaise expérimente un programme d’un nouveau genre : il s’agit de mettre tous les récidivistes sur une île déserte où ils sont abandonnés à leur sort comme une sorte de purgatoire. Par ailleurs, on efface toute trace de leur existence dans les documents officiels. On leur dénie le droit d’avoir existé car ils ont bafoué la valeur suprême qu’est la vie en choisissant d’y mettre un terme. Bref, on inflige une punition d’ordre légal. C’est le retour à la peine infligée aux suicidés comme cela existait autrefois au Moyen-âge où l’on les pendait pour les bannir à tout jamais.
La comparaison de cette nouvelle série avec Ikigami - Préavis de mort est évidente. En effet, dans cette dernière, il s’agissait d’infliger un vaccin de la mort sur 1.000 naissances afin de créer une prise de conscience sur la valeur de la vie. Là encore, c’est la société qui prend l’initiative. Ce qui est monstrueux, c’est qu’elle dénie le droit d’exister à celui qui soi-disant ne respecte pas sa vie. On ne regarde pas les raisons qui ont poussé ces êtres à commettre l’acte du désespoir. Une évacuation des problèmes bien pratique alors qu’il s’agirait de rendre la société bien meilleure pour éviter cette somme de drames humains qui touchent généralement les plus faibles.
Il y a un côté « Lost » dans ce manga car tous ces jeunes se trouvent sur une île bien mystérieuse. Il va falloir tenter de survivre, ce qui paraît un paradoxe. On va les priver de leur mort en les condamnant à vivre. Bref, c’est une série qui pose des questions très intéressantes et qui aborde le problème d’une manière fort originale. Il est dommage de voir tout le côté naïf ressurgir comme l’attirance du héros envers une belle suicidée comme une sorte de réponse à une sortie de crise dans l’amour. Trop beau pour être vrai. En tout cas, le lecteur réfléchira face à ses propres peurs à comment il aurait réagi dans une même mise en situation.
En conclusion, l’impression laissée sera globalement positive car le concept de base est très intéressant. On jugera par la suite car cette série a du potentiel car l’œuvre peut être plus complexe qu’il n’y paraît. Il faut juste pousser plus loin l’analyse psychologique des différents personnages. On attend par conséquent une montée en puissance.
Comment définir "Weëna" ? On pourrait la définir comme une histoire d'heroic fantasy teintée de fantastique et d'ésotérisme dans un genre finalement assez proche du fameux Seigneur des Anneaux. Bref, de l'heroic fantasy pure avec son lot de décors sauvages et féeriques, de créatures fabuleuses et de conquérants sauvages ! Ces albums mêlent des scènes d'action spectaculaires comme sait si bien les imaginer Corbeyran.
Au fil du récit, on se laisse drôlement prendre par le rythme et les rebondissements. Le tome 3 est particulièrement réussi car nous avons enfin droit à des explications sur le passé de ce monde empreint de malédictions et de sorcellerie. Il y a comme un souffle épique et authentique qui habite Weëna. C'est également une série qui semble se bonifier au fil des tomes et qui semble acquérir une certaine profondeur notamment dans le tome 5. J’utilise le verbe sembler car c’est en réalité à double tranchant. On découvre notamment que le méchant de service n’est pas au fond aussi vil que cela. Cependant, peut-on naïvement pardonner toutes les horreurs commises ? Et puis, cela sonne faux après tout ce qui s’est passé. On sait que ce ne fut pas l’intention de départ de l’auteur qui a évolué.
Chapeau bas également pour le dessin réaliste très efficace de Picard qui sert à merveille le scénario. D’une planche à l’autre, les tons chauds et froids se succèdent, ce qui donne un rythme au récit plutôt agréable. On sent la finesse et la sensibilité du dessin qui se transmet aux personnages. Les détails des costumes sont remarquables.
Bien sûr, cela manque un peu d'originalité car j'ai déjà lu maintes fois la même trame. Nous avons une belle héroïne qui est promise à un destin qu’elle ne maîtrise pas et qui sera emportée par les évènements. Cela demeure néanmoins efficace et plaisant.
Le 8ème tome vient clore cette série en laissant une porte ouverte sur une saison 2. Je m’arrêterai là question achat. D’ailleurs, Delcourt a annulé le projet d’une suite, ce qui en dit long. Il restera le mystère Noor qui nous sera sans doute expliqué par un diptyque.
J’ai finalement trois gros reproches à formuler : la série est beaucoup trop longue, il y a un côté trop fleur bleue et la fin n’est guère satisfaisante. Pour autant, on ne peut être que subjugué par la beauté du graphisme qui masque en fait un scénario un peu mièvre.
Note Dessin: 4.25/5 - Note Scénario: 3.25/5 - Note Globale: 3.75/5
Je trouve que ce récit est particulièrement bien construit et en trois temps comme une redoutable mécanique dans la mise en place du scénario. On suit tout d’abord le destin d’un commandant de navire marchand qui va malheureusement croiser la route d’un pirate. Puis, il y aura le temps du propriétaire de la plantation où sont acheminés les esclaves africains.
Bref, à travers le portrait de 3 négriers, on va suivre en parallèle la route du fils d’un roi de tribu africaine. Il va se révéler petit à petit et notamment dans la dernière partie de l’histoire. Il faut dire qu’au début, on se pose des questions sur l’absence du personnage qui porte le nom de cette bd. Encore une fois, Fabien Nury se révèle être un excellent scénariste.
Le thème est celui de la traite des esclaves d’origine africaines et de leurs affreuses conditions de vie. On arrive à cerner les enjeux politiques et commerciaux ainsi que l’état d’esprit des colonisateurs. C’est assez bien retranscrit dans le contexte historique de l’époque. J’ai bien aimé celui qui se qualifiait d’esclavagiste humaniste. Il est vrai qu’il peut y avoir bien pire mais quand même…
J’ai sans doute un peu regretté la froideur d’Atar qui est bien plus inspiré par la haine que par l’amour. Dans le registre de la vengeance, il va aller très loin ce qui procure un certain malaise au vu des sacrifices accomplis. On ne le comprend pas. La fin est également bien inspirée et fait le lien avec le prologue. C’est une œuvre originale dont la seule faiblesse est sans doute le trait graphique.
Note Dessin: 3.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4/5
Le débat sur l’euthanasie n’est actuellement toujours pas clos. A ce jour, tout proche peut être poursuivi comme un criminel lorsqu’il provoque le décès d’un parent atteint d’une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales et physiques intolérables. Il est vrai qu’avec l’intensification des moyens médicaux modernes, les médecins pratiquent un véritable acharnement thérapeutique afin de maintenir en vie leur patient. L’Eglise a également pris une position assez ferme et non équivoque : c’est à Dieu de décider de votre sort.
L’ensemble de ces éléments seront repris dans cette oeuvre avec la position non tranchée du médecin ou encore celle du prêtre reprenant les arguments du Vatican. On ne pourra que constater l’hypocrisie de la médecine qui ferme les yeux sur les actes des proches. On se dit que la loi très rigoureuse est vraiment inadaptée car elle ne suit pas l’évolution des mœurs et de notre époque.
Le sujet bien que contemporain a été rarement abordé dans une bande dessinée. C’est une bonne chose d’autant que cela amène à une réflexion assez profonde. On sera sans doute confronté à ce problème un jour dans notre vie qui défile vite. Et puis, le traitement est assez fin pour ne pas sombrer dans le pathologique. A découvrir et à méditer !
Je dois bien avouer que c'est une lecture qui a commencé plutôt de manière assez difficile. Le langage est soutenu et on entre directement dans la lecture de cette œuvre d'Oscar Wilde que je ne connaissais pas non plus. Il paraît que c'est l'unique roman de toute sa carrière. Bref, il m'a fallu parcourir une bonne partie de cette bd avant de pouvoir l'apprécier pleinement. Ce n'était pas une lecture qui était acquise d'emblée. Et c'est certainement cela qui en fait tout son charme car j'ai été finalement très convaincu.
Les thèmes traités sont ceux de l'art, de l'esthétique, de la beauté, de la jeunesse et également de la noirceur de l'âme humaine. Les questions qui se posent peuvent nous toucher comme celle de perdre sa jeunesse et sa beauté. Que ne ferions nous pas pour les conserver ? L'œuvre va plus loin car le fantastique rentre en scène. Il y a alors une étrange relation entre un tableau d'un portrait qui se met à vieillir et le personnage de Dorian Gray, un genre de dandy irlandais d'une très grande beauté.
Le dessin est réellement exquis dans un style faisant un peu art déco. Les couleurs flamboyantes m'ont également agréablement surpris. Même sur la forme, on ne peut qu'admirer de belles planches. Sur le fond, il y a une réelle reconstitution de l'ambiance de ce Londres de l'époque victorienne. Il faut juste savoir que l'histoire a été un peu modifiée par rapport à la version d'origine que j'ai parcourue par la suite par curiosité. Eh oui, cette bd donne envie de parcourir l'œuvre d'un auteur légèrement en avance sur son temps et qui avait tout compris à la psychologie de l'être humain. Un conseil d'Oscar Wilde : la meilleure façon de résister à la tentation est peut-être d'y céder...
Voici enfin une biographie qui sort pour une fois des sentiers battus. En effet, on découvre l'histoire du premier tour du monde en 1521 par le navigateur Magellan. L'originalité provient du fait que ce n'est pas tant l'aventure qui est mise en avant mais la paternité de la découverte avec les complots que cela comporte.
J'ai bien aimé également le fait que l'auteur s'implique et prenne des risques pour nous démontrer une thèse qui finalement paraît assez crédible. On va plus loin que le simple documentaire qui est assez ennuyeux car on connaît généralement les faits. Une vraie bd historique mais avec ce petit plus qui fait toute la différence.
Comble du bonheur, les images sont très belles avec des décors somptueux. Bref, on se régale d'autant que le récit est assez fluide, ce qui facilite la lecture. C'est mon premier titre de la collection Explora que j'ai bien envie de découvrir.
Enfin une vraie bd enthousiasmante ! Une première lecture qui révèle un sans faute aussi bien sur le fond que sur la forme.
En effet, on est embarqué dans une histoire de magie avec la mystérieuse disparition d'un garçon dans un coffre lors d'un tour de magie qui tourne mal. On sent que le fantastique va avoir une part à jouer. Cela me rappelle d'ailleurs un excellent film de Christopher Nolan qui avait pour sujet les magiciens: Le prestige. Bref, c'est le genre d'ambiance que j'aime bien. Le sujet a d'ailleurs été peu traité dans le monde de la bande dessinée.
L'intrigue s'avère passionnante dans un décors d'une beauté extraordinaire. On a qu'une envie à la fin du premier tome: découvrir la suite. C'est un pari tout à fait réussi pour le duo Corbeyran et Chabbert qui avait déjà fait parler de lui pour Uchronie[s] - New Byzance.
J’avais beaucoup aimé Le Pouvoir des innocents qui fut d’ailleurs une série que j’ai acquise au tout début pour constituer une collection de bande dessinée. Il faut dire que cette bd figurait dans les classements des meilleurs polars sur les sites consacrés au 9ème art. Bref, cela a été une de mes premières bd réellement adultes.
Une question se pose : la nécessité d’une suite était ‘elle franchement indispensable ? De mémoire, la série d’origine n’appelait pas vraiment à une continuation surtout au vu de la fin assez explosive. J’ai l’impression que l’auteur répond à une demande typiquement commerciale commandé par un éditeur. Et puis, même si c’était le cas, qu’importe si le produit répond à toutes les exigences de qualité !
Or, même des années après, on se replonge dans le bain de l’histoire de ce complot à visée politique. C’est bien écrit, bien agencé et ma foi, assez bien dessiné. Le talent est manifestement présent pour nous tenir en haleine. Je n’ai pas encore lu Les Enfants de Jessica qui marque le début d’une troisième période avant même que la seconde soit terminée. Là encore, quelque chose peut chiffonner et encore une fois, personnellement je n’ai rien contre une logique commerciale.
De toute façon, on dira que les lecteurs étaient en attente de savoir ce qu’il advient de l’innocent accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Il aurait fallu sans doute le faire plus tôt pour croire en la sincérité d’une telle démarche. Je dois bien avouer que le pari est plutôt réussi. La couverture par contre n’est pas très attirante. Ce titre m’a d’ailleurs totalement échappé lors de sa sortie. Voilà une séance de rattrapage assez salutaire.
J’ai été au départ assez sceptique sur le mélange science fiction et heroic fantasy mais le résultat semble très convaincant. J’ai accroché notamment au scénario d’Arleston qui a un vrai talent de conteur.
Tout semble reposer sur une mécanique complexe. En effet, nous avons une grande intrigue mystérieuse. L'auteur met en place dans les pages de ces premiers tomes des éléments qui ne pourront être révélés que plus tard. On sent que tout est calculé pour arriver à un résultat que nous espérons surprenant à la fin.
Le dessin notamment des héroïnes n’est pas vilain. L’humour est moins lourd que dans Lanfeust Des Etoiles. L'aspect grande aventure est cependant conservé mais avec beaucoup plus de suspense de fond.
Certains personnages comme Tao ou Dhokas ont évolué physiquement au cours de la série. Je dois avouer que ce changement m'a un peu perturbé. C'est comme si le dessinateur n'avait pas eu une idée bien précise au départ de ce qu'il voulait donner comme aspect à ces personnages pour se rattraper après! Cependant, ceci n'est qu'un détail qui ne gâche en rien les qualités de cette série haletante.
Action, aventure et humour : tout est réellement bien dosé pour un bon moment de détente. J'ai relu l'intégralité de la série d'une seule traite après les 9 tomes qui se sont succédés. J'avoue avoir beaucoup plus apprécié cette série car certains épisodes révèlent toute leur importance. Il y a des détails qui ne trompent pas. Finalement, faut-il attendre l'achèvement d'une série pour pouvoir l'aimer pleinement ? La question est posée.
Par ailleurs et par souci de transparence, j'indique que l'achat est conseillé jusqu'au tome 9. La nouvelle saison n'est absolument pas indispensable.
Note Dessin : 3.75/5 – Note Scénario : 3.75/5 – Note Globale : 3.75/5
J’ai l’impression d’être un inconditionnel du travail qu’effectue Valérie Mangin depuis que j’ai découvert « Le Fléau des Dieux ». C’est vrai qu’elle est excellente et qu’elle possède un talent rare de scénariste. Elle arrive à imaginer des histoires uchroniques très intéressantes. C’est certainement la meilleure à ce jour dans ce genre plébiscité actuellement. J’avais également beaucoup apprécié « Le dernier Troyen ». Cela a été un véritable plaisir de la retrouver.
Néanmoins, tout n’est pas parfait dans ce dispositif mis en place par l’auteur. Il y a quelques fois des failles en raison des choix opérés qui ne sont pas toujours les meilleurs. Moi également, je rejoins le concert de lamentations concernant cette excellente première couverture du 1er tome qui a disparu pour laisser la place à une beaucoup moins convaincante eu égard au titre de l’album.
J’avais peur également au début quand j’ai vu apparaître les personnages de Robin des bois, du Prince Jean et du Shérif de Nottingham mêlés au milieu d’une invasion de guerriers Mayas (décidément : il y a des Mayas partout en ce moment !). Je me suis dit que cela n'allait pas le faire tant ces personnages sont ancrés dans la mémoire collective. Il faut alors se débarrasser de tout ce qu’on connait pour laisser place à l’imaginaire d’une autre voie choisie pour raconter leurs destins.
Par contre, le fait qu’il y ait un véritable combat psychologique entre Luxley et le gouverneur inca à savoir l’Apu de Paris qui semble s’éterniser ne m’a pas dérangé au contraire. Il est vrai que le second tome prend une direction totalement différente et cela fait progresser l’histoire tout en la renouvelant. Je regrette par contre qu’on n’ait pas assisté à cette invasion des troupes de la coalition maya-inca-aztèques. C’est expédié en deux trois mouvements là où le lecteur aurait apprécié connaitre les détails.
Le 4ème tome nous emmène dans le monde de Saladin en extrême-orient. Le dernier tome va nous plonger au coeur de l'empire aztèque. La fin de ce périple est particulièrement réussi avec des effets et des trouvailles particulièrement audacieuses.
Oui, tout n’est pas parfait mais cela demeure franchement excellent ! L’originalité est de mise et on passe un agréable moment de lecture. Je conseille également l’achat car le travail opéré par le dessinateur est tout à fait honnête. C’est bien d’avoir dans sa collection quelque chose à la fois de différent mais de grande qualité.
C'est le genre de série que j'aime bien car le scénario semble parfaitement ficelé. Il y a une inter-connexion évidente entre les différents personnages composant ce thriller médico-financier. J'ai lu les 3 premiers tomes d'une traite pour avoir une vue d'ensemble. Cela se recoupe effectivement jusque dans les moindres détails.
A ce stade, on n'arrive pas encore à discerner tous les enjeux à partir de ces expériences humaines. L'idée est toutefois très intéressante. Il y a du rythme et de l'action. On ne s'ennuie pas et on prend du plaisir. Il est vrai que j'aime plutôt bien les albums où l'on voit les actions avec différents points de vue. C'est aussi une ouverture d'esprit...
J'ai enfin lu les 3 derniers tomes d'une seule traite également. C'est franchement bien fait. Cependant, on se demande où l'on va et à quoi cela rime. Il manque le dénouement de chacune de ces histoires. J'apprends qu'il y aura un septième tome puis une saison 2. Bref, cela ne terminera donc jamais. Je doute que la qualité soit encore au rendez-vous. Néanmoins, je me garderai bien de jugement hâtif. Wait and see...
Olivier Grenson signe là un bon diptyque dans une collection digne de ce nom. Le thème est celui des secrets de famille bien enfouis où un jeune homme va partir en quête de retrouver son grand-père ayant combattu pendant la guerre de Corée. Le scénario est simple mais d'une redoutable efficacité car on se laisse envahir par de somptueuses images qui nous mettent dans l'ambiance. Le graphisme est véritablement raffiné.
La douceur de l'enfer, c'est un peu comme un paradis diabolique. On ne sait pas ce qui se cache derrière un héros ou un homme au-dessus de tout soupçon. Il suffit parfois de gratter pour découvrir la vérité. L'auteur va prendre son temps pour nous distiller une de ces belles histoires sur fond de tragédie liée à une guerre oubliée et à la séparation d'un même peuple. C'est une plaie encore vive qui va s'ouvrir pour cette famille américaine. Une vie, un passé et des certitudes seront ébranlées...
Je vous invite par conséquent à découvrir cette bd captivante car le résultat est étonnant de maîtrise.
Avis portant sur la série:
Sillage est un convoi de vaisseaux spatiaux qui parcourt l'univers à la recherche perpétuelle de nouvelles planètes habitables et de nouvelles races. Un jour, le convoi croise la route d'une jeune fille d'une race jusque là inconnue: les humains! L'aventure commence...
L’idée d’être la seule humaine recueillie par un convoi de vaisseaux spatiaux extra-terrestres est bien exploitée. J’ai adhéré assez rapidement. Nävis possède également un pouvoir exceptionnel: son cerveau est impénétrable à toute forme de télépathie. Les dirigeants de sillage lui proposent de devenir alors agent spécial de la Constituante. Des missions délicates lui sont confiées. Cependant, Nävis éprouve le désir de retrouver un jour des représentants de l'espèce humaine. Au fil des albums, elle va gagner en maturité en affrontant des adversaires de plus en plus puissants. Ce n'est pas une héroïne sans peur et sans reproche. Elle va d'ailleurs commettre de graves erreurs. C'est ce qui la rend si attachante, si humaine!
Le dessin et les couleurs sont sans reproches. Chaque album nous fait découvrir une civilisation différente et nous entraîne dans des décors différents (plusieurs planètes avec variété de peuples et cultures…). Il y a d'ailleurs une grande maîtrise du scénario avec divers sujets abordés tout en gardant un fil conducteur, au travers de l’héroïne, la jeune Nävis, à laquelle on s’attache très vite.
De plus, il y a une critique déguisée dans chaque album avec des thèmes d'actualité très variées: la lutte contre le racisme, le danger du monde technologique, les explications du terrorisme, la lutte contre la drogue, la nature « humaine », la colonisation, la guerre, l’esclavagisme, la parité homme-femme… C’est agréable quand une BD est non seulement divertissante et qu’elle laisse également la place à la réflexion sur certains sujets de société.
Par ailleurs, cette série est devenu en 10 ans le fleuron de la bande-dessinée de science-fiction avec plus d'un million d'exemplaires vendus : ce n'est pas rien! Bref, nous avons là un véritable must! :) Le tome 10 de Sillage vient de recevoir pour la seconde fois, à Angoulême en 2008, le Prix Essentiel Jeunesse (prix décerné par les lecteurs âgés de 10 à 14 ans). Cette série est traduite en 14 langues. Le succès ne se dément pas de tome en tome.
Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4/5
Un sac de billes, c’est d’abord un récit autobiographique qui a connu un vif succès en librairie à travers le monde. C’est également l’histoire de deux frères d’origine juive qui doivent fuir à travers la France de 1941 alors occupée par l’armée allemande. Kris et Bailly après leur « coupure irlandaise » réussissent parfaitement leur adaptation du roman de Joseph Joffo en donnant un équilibre à une série qui oscille entre plaisir, émotion et réflexion.
Le port obligatoire de l’étoile jaune sera le déclencheur de cette fuite car les parents des deux garçons craignent le pire. L’Histoire leur donnera malheureusement raison. L’Etat du Maréchal Pétain a depuis longtemps bafoué les trois principes de la République : liberté, égalité, fraternité.
On va suivre dans cette première partie le périple de ces deux gamins qui ne peuvent plus aller à l’Ecole. Il faut fuir pour ne pas tomber entre les mains de la Gestapo. Ils vont franchir la ligne de démarcation sans papier pour se mettre à l’abri.
Les dialogues sont authentiques et pour cette raison aussi intéressants. Il y a un véritable plaisir de lecture lié à cette addition entre sensibilité et humour subtil dans le récit. En effet, malgré l’extrême dureté du propos, on ressent également une sorte de légèreté sous-jacente, presque une bonne humeur. Ce n’est pas déroutant. C’est juste touchant !
Il est clair qu’une telle œuvre ne peut qu’interpeller le lecteur. Comment la haine peut-elle amener à discréditer une catégorie de population en y incluant également des enfants ? On pourrait penser que l’on a appris de l’histoire mais celle-ci recommence invariablement. Les informations politiques actuelles ne semblent pas donner bon espoir.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Je ne connaissais pas cet auteur. C'est donc plutôt une bonne surprise que de découvrir une oeuvre aussi aboutie. On espère que cela ne sera qu'un commencement.
J'aime les uchronies lorsqu'elles reflètent ce qui aurait pu réellement arriver. Par ailleurs, j'apprécie beaucoup les histoires où les personnages sont des animaux à la manière de Blacksad. On a véritablement droit à des planches en couleur totalement sublimes.
Le scénario est parfaitement équilibré avec de belles scènes d'action. Il y a une reconstitution minutieuse du Paris de la belle époque avec ses merveilleux tableaux. Il est dommage que la couverture soit si terne et ne reflète en rien la qualité de l'oeuvre. Bonne trouvaille que les attentats terroristes avec une espèce de point zéro comme aux USA avec le World Trade Center. Il y a également beaucoup de clins d'oeil intéressants. Milou de Tintin va jouer par exemple un rôle dans ce thriller steampunk. On peut également croiser Bécassine...
Il y a de l'imagination, de l'innovation et beaucoup de qualités. C'est véritablement audacieux.
J'ai profité de la récente intégrale pour dévorer d'un coup les 5 tomes composant deux saisons distinctes. Je dois dire que j'ai plutôt bien aimé cette lecture. On arrive tout de suite à sympathiser avec Oshii Feal qui doit faire équipe avec un flic dans une émission de téléréality.
J'ai trouvé que le dessin varie beaucoup d'un tome à l'autre au point de se demander s'il s'agit du même dessinateur. Ainsi , le personnage du propriétaire de Médiacop voit son visage complètement transformé à chaque fois. J'avoue que j'aurais aimé qu'on reste dans la même ligne graphique que le premier tome. C'est le seul gros reproche que j'ai à formuler à propos de cette bd.
Autrement, ce n'est que du bonheur pour reprendre la formule de l'émission qui a marqué à tout jamais l'ère de la TV réalité. Il y a à la fois une réflexion sur la robotique dans le genre des nouvelles de Asimov ainsi que sur le concept même des émissions faites pour divertir le grand public.
Le dernier tome est d'ailleurs un chef d'oeuvre du genre avec un pari tout à fait osé. On se rend compte que l'on sort véritablement de la bd de divertissement pur pour une critique sans appel d'une société manipulée. Bref, une réussite et certainement le meilleur scénario de Morvan.
Il fallait sans doute le faire et c'était un pari sans doute difficile : comment mettre en scène les derniers moments d'un célèbre humoriste atteint d'un cancer incurable ? Devant l'inéluctable, chacun réagit différemment et les rapports avec les autres s'en trouvent totalement modifiés. On se rend compte des choses qu'on n'a pas faites, des choses qu'on aurait aimé encore faire et qu'on repousse toujours au lendemain. Puis un jour, arrive la terrible nouvelle et cela ne nous laisse que peu de temps.
Le personnage de Brice est réellement touchant car plus vrai que nature. Il est certes narcissique mais c'est également un séducteur qui trouve toujours le bon mot pour épater son entourage. Cette oeuvre est une sorte de one man show d'un genre particulier qui nous laissera un goût de mélancolie. En même temps, c'est également une leçon de vie. Les auteurs ont sû allier un sujet difficile et douloureux à un ton humoristique d'une grande finesse. Oui, il fallait le faire !
A vrai dire, je suis un peu dubitatif face à toutes ces nouvelles saisons qui apparaissent pour exploiter le filon commercial de séries à succès. D’autres diront que c’est pour satisfaire l’appétit insatiable des lecteurs. Tout est finalement qu’une question de point de vue.
Cette pseudo-suite n’est pourtant pas mauvaise en soi. J’avais quelques craintes que l’enchaînement avec la période égyptienne ne se déroule pas correctement. Fort heureusement, l’auteur a introduit une grosse ficelle scénaristique qui fait le lien puisque 1500 ans séparent ces deux saisons.
Nous avons l’effet de surprise en moins. Les dialogues plutôt modernes ne correspondent pas du tout au vocabulaire employé ce qui souligne un caractère comique car au fond, on se dit que rien n’a changé. Je dois avouer que le procédé commence à être un peu usé à force d’en abuser. Il n’y a plus de nouvelles trouvailles qui faisaient le charme de la première trilogie.
Par contre, il y a une dimension dramatique qui est prise en compte et qui ne sera pas traitée à la légère mis à part le décès de la vieille tante dans le premier volet. On ressent toute la souffrance du peuple juif sous le joug des égyptiens bâtisseurs de pyramides. On suivra particulièrement le destin d’une femme qui croisera celui d’un riche propriétaire.
On passe encore un très bon moment de lecture et de détente. Les 4 étoiles sont alors franchement méritées.
Quand je me plonge dans une bd dont le titre est un personnage célèbre, j’appréhende un peu. Très souvent, c’est traité de la manière la plus académique qui soit. L’originalité ici présente est d’aborder qu’une partie de la vie du peintre Gauguin lorsqu’il a entrepris de faire un voyage à Tahiti pour y retrouver l’inspiration. On se souvient tous de ces célèbres oranges ainsi que des tahitiennes dans des tableaux restés célèbres.
Finalement, on aura surtout une vision d’une île pas aussi paradisiaque que cela en cette fin de XIXème siècle. Il y a si peu de bd qui traite de Tahiti et de sa culture locale que celle-ci ne pouvait que m’intéresser. On ne saura finalement que peu de chose sur la vie de l’artiste. On sait tout juste qu’il a abandonné sa femme et ses cinq enfants à Copenhague pour pouvoir vivre de sa passion à savoir la peinture.
Par ailleurs, nous suivons les aventures de Gauguin à Tahiti dans une véritable intrigue policière. Ainsi, il réussit à déjouer une sombre machination organisé par un fils de riche australien. On s’éloigne considérablement de la vision officielle du peintre. Cela agrémente la bd au détriment de la réalité. Cependant, il y a quand même un respect de l’état d’esprit.
Il est dommage également de ne pas voir plus souvent les tableaux du peintre surtout lorsque l’on sait que Tahiti a exercé une grande influence sur sa peinture notamment l’expressivité des couleurs vives et l’utilisation de formes pleines et volumineuses. Une bd sur un peintre célèbre sans voir les fameux tableaux…
C’est un personnage tout de même très intéressant car qui a voulu fuir la civilisation occidentale et tout ce qui est artificiel et conventionnel. Il va essayer de comprendre et de défendre la culture polynésienne. Pour autant, on se rendra compte qu’il ne sera pas fort apprécié par les habitants qui pensent qu’il s’est servi de cela pour briller de par le monde. Bref, il ne connaîtra pas la reconnaissance mais la déchéance liée à l’alcool et la maladie. A découvrir pour une bd non conventionnelle sur un personnage intriguant.
Cet Hamlet 1977 constitue en effet une très bonne surprise pour moi. La couverture ne paye pas de mine et l'univers graphique n'est pas celui que j'apprécie le plus. Et pourtant, la qualité du dialogue de cette adaptation de l'oeuvre maîtresse de William Shakespeare va nous sauter à la figure. Décidément, cette collection KSTR de Casterman est pleine de ressources !
Il y a surtout une bonne idée à la base que celle de s'introduire dans le milieu des parrains de la mafia américaine où la vengeance fait toujours recette. Ce drame est l'un des plus beaux qui soit. Le trait en noir et blanc va à merveille dans cette ambiance rétro. L'exercice de style est réussi et ce n'était sans doute pas facile avec l'écueil de dénaturer le mythe.
On ne s'ennuiera pas une seconde en regardant une pièce de théâtre d'un nouveau genre car associée à la bd. C'est captivant à souhait. A découvrir !
Rien que le titre me faisait peur. C’est une bd que je n’avais franchement pas envie d’aborder car elle me paraissait un peu inaccessible car hautement intellectuel. Il y a un florilège d’avis très positifs qui ont accentué le phénomène. Cependant, il existe des œuvres qui sont indispensables à la lecture comme en témoigne le grand prix obtenu à Angoulême cette année. C’est une bd phénomène qui apporte quelque chose de nouveau dans le paysage. Bref, un passage obligé.
Mes craintes n’étaient pas justifiées car la lecture s’est révélée facile et assez fluide. J’ai réussi à comprendre la portée philosophique tout en admirant une mise en page très imaginative et qui joue avec les formes et l’espace. On se rend compte que de petits détails et des sujets de conversations assez anodines peuvent prendre toute leur importance et notamment à la fin de ce récit. Bref, c’est du réfléchi.
C’est vrai qu’à force de magnifier les choses, on peut s’attendre à de l’exceptionnel. Or, cela ne sera pas le cas avec ce titre. Même l’émotion aura du mal à passer avec un personnage aussi froid et hautain que notre héros. On ne joue pas dans ce domaine mais dans une sorte d’étape supérieure ce qui repousse les limites. Bref, cela reste un excellent roman graphique à découvrir.
Tout conflit armé quelqu'il soit est à proscrire. Il faudrait toujours trouver des solutions pacifistes pour le bien commun des peuples. Au-delà de ce constat bienveillant et presque utopiste, je dois bien admettre que les médias nous ont toujours donné que le seul point de vue des israéliens dont le peuple avait subi les pires exactions pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il y a toujours eu une espèce de sympathie liée à la compassion ce qui nous faisait fermer les yeux. Pour autant, ce conflit est l'un des plus compliqué et des plus insolubles qui puissent exister puisque la même terre est revendiquée par deux peuples que tout oppose. L'Occident avait clairement choisi son camp et ce, depuis le début.
C'est vrai que depuis la seconde Intifada, je m'étais posé de légitimes questions en voyant les destructions de maisons mené par un gouvernement belliqueux et irresponsable. Et s'ils avaient tort ? Bref, le doute s'est installé. On appelait toujours dans les médias les palestiniens de vulgaires terroristes qui se faisaient sauter par désespoir de cause dans les rues de Tel-Aviv. En lisant cette oeuvre, nous avons un autre point de vue qui m'a d'ailleurs convaincu personnellement. On n'a pas assez parler des exactions israéliennes comme celle de novembre 1956. Il est vrai que l'auteur fait un parallèle intéressant entre le passé et le présent sur la situation qui n'a finalement guère évolué dans la bande de Gaza.
Comme beaucoup d'entre nous, j'ignorais ce qui s'était passé. Ces exécutions sommaires de centaines de civils est consternante. Il n'y a aucune justification pour ces meurtres commis de sang froid devant des familles apeurées. C'est vrai qu'Israel, sous prétexte de défendre sa souveraineté nationale, applique la loi du talion. C'est franchement indigne d'une démocratie responsable. En tout cas, je ne partage pas ces valeurs. J'espère qu'un beau jour, il y aura un gouvernant assez visionnaire pour démanteler les colonies et laisser vivre tranquillement un peuple totalement opprimé. J'espère que viendra également le temps de la vérité et du pardon et qu'on pourra tourner la page de ce conflit qui n'a que trop duré.
On a reproché à l'auteur son manque de partialité. Cela me fait bien rire quand je vois que les médias ont clairement été d'un côté pendant des années et qu'ils se contentent désormais d'une simple neutralité. C'était extrêmement courageux de la part de Joe Sacco. Par ailleurs, il a mené un travail d'enquête journalistique basé sur une multitude de témoignages qu'il a trié sans compter les archives historiques sur lesquels il s'appuie. C'est l'une des oeuvres les plus marquantes et les plus instructives dans la démarche que j'ai pu lire. Ce n'est pas une réécriture de l'Histoire mais il rétablit de simples vérités au-delà de tout manichéisme.
Je crois que pour moi le nom de Dillies sera toujours associé à de la pure tendresse. Quand on lit une de ses oeuvres, on revient en arrière et on découvre la pure innocence dans un monde baigné de douceur. Abélard est encore un de ces personnages animaliers totalement naïf qui va découvrir le monde, l'amour mais également la cruauté et la méchanceté des hommes.
Il est un peu dommage que ce premier tome donne le ton de ce que va être la suite. On sait que la mort plâne sur ce personnage depuis l'épisode de la voyante tzigane. On retrouve une ambiance unique en son genre et que j'aime réellement. Il y a une espèce de poésie de l'âme qui nous transporte très loin.
Le second tome est d'ailleurs beaucoup plus noir. Notre petit poussin va connaître le désenchantement. Il faudra en tirer une leçon qui ne sera d'ailleurs pas aussi lisible que cela. La tristesse sera malheureusement au rendez-vous. Cependant, la douceur du dessin sera là pour nous consoler. Un dyptique émouvant et intelligent à découvrir !
Noir métal, c'est l'histoire sous forme d'un documentaire social de la fermeture sauvage de l'usine Métaleurop en 2003 qui fut l'objet d'une forte médiatisation. C'est près de 830 salariés qui ont été licenciés sans ménagement du jour au lendemain pour satisfaire un groupe d'actionnaires suisses composé de riches retraités pratiquant le golf. Glencore a en effet son siège en pays helvétique ce qui est fort pratique pour assurer le secret bancaire et abriter ainsi de mystérieuses compagnies avec des oligarques russes qui ne font pas dans la dentelle.
Il n'y a pas eu de continuation de l'activité ni de reprise par une société tiers. Il faut dire que depuis les années 80, la sidérurgie était en crise dans toute l'Europe. Et si on ajoute le problème de pollution et les nombreux cas de saturnisme autour de l'usine, c'était quasiment inévitable.
Nous avons certes le point de vue des ouvriers qui ont sacrifié leur vie et celui des syndicalistes qui les défendent. C'est un parti pris par les deux auteurs qui y mettent toute leur bonne volonté. En face, ils ont déjà tous les pouvoirs : l'argent, le contrôle des médias et des officines chargées de contrôler la pollution et la santé. Leur accorder la parole ne ferait que grossir le lot de leurs mensonges éhontés. Pour l'argent, certains sont manifestement prêts à tout.
Je suis particulièrement satisfait de voir qu'il y a une espèce de solidarité pour ne pas les oublier car la plupart galèrent encore à trouver un emploi, en tout cas pour ceux qui ne se sont pas suicidés. Les politiques n'ont absolument rien fait. Cela me fait penser à cette scène dans ce film récent où un candidat à une élection d'importance nationale va dans une usine pour soi-disant soutenir les ouvriers. Ce n'est que pour son image. Il est évident qu'il ne changera jamais sa situation contre la leur ! N'oublions pas que nous sommes dans un pays où l'égalité est une valeur fondamentale de la République.
Ce qui me désole, c'est qu'il y en a encore qui soutiennent les forts et les puissants alors qu'eux-mêmes ne sont pas au même niveau (ou peut-être qu'ils n'ont jamais eux-mêmes connu la misère). Qu'espèrent-ils sous cette apparence d'ouverture à un soi disant dialogue contradictoire ? Avoir peut-être un bout de pouvoir ? C'est pathétique !
Métal noir, c'est une véritable tragédie en plomb majeur. C'est le symbole d'un capitalisme sauvage et implacable qui s'attaque à l'humain en réduisant une région à néant. C'est clair que pour certains, il vaut mieux être du côté du plus fort. Il y a, à mon sens, un devoir de mémoire pour comprendre la mort, la rage et la révolte de cette communauté victime. Après cela, il faut penser à la reconversion du site et à l'avenir. Or, les auteurs n'évoquent que le passé douloureux comme s'il n'y avait plus aucun espoir. Cela reste une belle bd qui apporte des témoignages bouleversants avec un petit côté Germinal. Une bd que je recommande chaudement pour essayer de comprendre...
J'ai toujours été très critique envers Blutch jusqu'à présent. Le Petit Christian ne m'avait guère convaincu. Pour autant, cela foisonnait d'idées intéressantes. Peplum m'avait même surpris assez positivement. Il faut reconnaître qu'il y a véritablement de l'originalité et de l'inventivité dans son oeuvre.
Blotch m'a littéralement convaincu. J'avais des craintes car Fluide glacial n'a jamais été parmi mes lectures préférées contrairement à la majorité des lecteurs. Et puis, je faisais un petit blocage sur le graphisme de l'auteur.
Pourtant, je suis parvenu à apprécier véritablement un trait qui parvient à donner de l'expressivité à ses personnages. Les dialogues sont exquis avec un personnage central qu'on adore détester. Le dessin se marie à merveille avec l'ambiance d'un Paris des années 30. C'est un album de qualité qui évoque les bd populaires d'antan. Je reconnais enfin à cet auteur un immense talent.