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Watchmen devait être l’oeuvre unique n’appelant à aucune suite. Cependant, près de 30 ans après, voici before Watchmen qui est par définition une préquelle. C’est un phénomène à la mode depuis Star War ou plus récemment le Seigneur des anneaux. Le but n’était certainement pas d’égaler le cultissimme Watchmen mais de nous proposer de découvrir les secrets des Gardiens à travers les débuts des Minutemen, puis de ceux du Comédien, du Hibou ou encore du Spectre Soyeux…
J’ai été très agréablement surpris de découvrir l’envers du décor de ces Minutemen qui faisait figure de justiciers masqués dans les années 40 précédant les fameux Watchmen. On retrouve des personnages secondaires de l’œuvre originale mais également des nouveaux qui sont habilement exploités. L’esprit général de la série-mère est respecté. Bon point par conséquent.
Ce groupe réunit 8 membres d'abord apparus de façon isolée:
- Captain Metropolis (Nelson Gardner, formé chez les Marines et qui est l’initiateur de ce projet)
- le Juge Masqué (historiquement le premier justicier en costume).
- la Silhouette (la sulfureuse Ursula Zandt)
- le Spectre Soyeux (Sally Juspeczyk, plus connue sous le nom de Sally Jupiter, une starlette devenue redresseuse de torts)
- le Comédien (Edward Morgan Blake, le cadet de la bande)
- le Hibou (Hollis Mason, qui publiera ensuite ses Mémoires, dont on retrouve des extraits dans le roman graphique)
- l’homme-insecte (Byron Lewis qui sombrera plus tard dans l’alcoolisme et la dépression)
- Dollar Bill (un athlète vedette de l'université du Kansas employé comme super-héros maison par une banque nationale).
C’est une bonne idée également que de partir du livre de Hollis Mason (alias le Hibou I) pour exploiter un récit qui se tient. Sous le masque décrit par conséquent les conflits au sein de ce groupe soi-disant uni. Nous allons avoir droit à de réelles révélations ! Il y aura quelques passages difficiles notamment concernant les enfants victimes d’atrocités sans nom de la part d’un super-héros pédophile. On découvre également les exploits fabriqués afin de construire la légende de ces super-héros. En fait, ce sont des personnes qui courent après la notoriété et l’argent hormis quelques exceptions comme la silhouette ou l’homme-insecte.
Before Watchmen n’apportera finalement pas grand-chose à l’œuvre originale et unique que constitue le monumental Watchmen. Cependant, c’est une lecture qui peut emmener les lecteurs à découvrir l’œuvre qui a révolutionné le regard sur les super héros. Bref, c’est un titre d’une rare maîtrise servi par un dessin de qualité.
Il faut dire que Minutemen montre la guerre des égo entre ces justiciers et que ce juge masqué avait une relation sadomasochiste avec le capitaine Métropolis. Sans compter que Bill Dollar était homophobe. On découvre véritablement la face cachée de ces personnages qui étaient assez secondaires dans l’œuvre phare. C’est intéressant que d’avoir cette approche sur les aspects sombres entre dépression, alcoolisme, sexualité et superficialité. Bref, un super-héros n’est pas forcément quelqu’un de bon.
J’ai été assez surpris du contraste entre un dessin assez cartoon et une œuvre plutôt sombre. Cependant, j’ai franchement bien aimé cette disposition qui est certes déstabilisante mais avec un charme fou.
Au final, Minutemen se révèle passionnant à souhait. C’est un premier titre qui augure que du meilleur pour la suite n’en déplaise à Alan Moore qui s’est désolidarisé de ce projet. En ce qui me concerne, il faut posséder la collection entière pour ceux qui ont réellement aimé Watchmen. Je retiens surtout un projet ambitieux allant plus loin que de combler les trous.
Note Dessin: 4.25/5 – Note Scénario: 4.25/5 – Note Globale: 4.25/5
Second volet de Before Watchmen, Compagnon regroupe en fait trois nouvelles bien distinctes et assez différentes.
La première est l’évocation de la vie du super-héros plutôt discret des Minutemen à savoir Bill Dollar. Ce dernier est un homme à la recherche de la gloire et qui va échouer pour se déguiser en mascotte d’une banque. Il devient un comédien car il tourne des clips vantant la protection de la banque contre les malfrats. C’est lui le défenseur des petits épargnants. C’est intéressant d’avoir un éclairage nouveau sur ce personnage qui ne joue aucun rôle dans Watchmen et que l’on aperçoit dans Minutemen sous un angle pas très favorable à savoir homophobe et intéressé comme une sorte de Nabila des temps moderne. Son portrait sera beaucoup plus nuancé. Sa fin tragique sera un peu différente de celle qui avait été montré dans Minutemen car il va tomber sous les coups de l’adversaire. Bref, en réalité, c’est l’histoire d’un gars sympa qui va accepter de se vendre et qui va payer le prix fort.
Le second récit va se concentrer sur un adversaire légendaire des Minutemen et par la suite des Watchmen à savoir le fameux Morloch tel un magicien du mal. Dans l’œuvre originale, on sait qu’il joue un rôle dans le fameux plan machiavélique de celui qui tire toutes les ficelles. On découvre là encore un gars qui n’était pas aussi méchant que cela mais dont les évènements l’ont poussé à le devenir pour finalement connaître une sorte de rédemption dans le repentir. On voit que les brimades et humiliations subies par ses camarades de classe à l’école ont eu une influence psychologique déterminante. Bref, cette évocation en deux chapitres permet de remplir un trou laissé dans l’œuvre originale. Aussi, il faut avoir impérativement l’avoir lu avant de s’attaquer à cette nouvelle afin d’en tenir les enjeux et les aboutissants.
La malédiction du corsaire sanglant fait écho à l’histoire de ce pirate raconté dans l’œuvre originale comme une espèce de mise en abyme. Cela traduisait une espèce d’allégorie sur le fait que le monde courrait à sa perte. On nous présente cela comme une métaphore de la série mais le lien ne sera pas chose aisée à réaliser. Du coup, ce récit fait tâche dans l’univers de Watchmen puisqu’il s’agit de découvrir l’univers des corsaires. Certes, la lecture sera fort plaisante mais cela n’apportera pas grand-chose. Je l’ai pris pour un interlude assez plaisant d’autant que le graphisme est magnifique.
Au final, j’ai bien aimé ce volet même s’il n’est pas le meilleur de la série.
Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 3.5/5 – Note Globale : 3.75/5
Le concept de Before Watchmen commence véritablement avec ce troisième tome de la série. Il s’agit de se concentrer sur le passé d’un des personnages de l’histoire originale. Or, l’un des personnages les plus charismatiques est bien Rorschach qui emploie des méthodes violentes et radicales pour lutter contre le crime dans un genre nettoyage au karcher. Cet opus était très attendu par les fans. Or, globalement, il s’est révélé un peu décevant car il méritait mieux.
Il faut se souvenir que lorsqu’il meurt dans Watchmen, Rorschach balance cette phrase : pas de compromis ! C’est un personnage fascinant car il est lucide sur le monde (un peu comme le comédien mais dans un genre la vie est une farce). La narration use de la première personne comme dans son fameux journal de l’œuvre mère. Bref, le cahier des charges semble être respecté.
Pour autant, il est vrai qu’on en attendait plus de ce personnage stupéfiant. L’enquête dans le milieu du crime est certes intéressante et nous montre un personnage jouant au vrai justicier. On n’en saura pas plus sur son passé car tout avait été expliqué dans Watchmen. Bref, on le voit en loup solitaire de la grosse pomme dans une ambiance très seventies qui rappelle la fièvre du samedi soir.
Le dessin de Lee Bermajo est toujours un must pour les yeux. Rien de tel que de se soigner d’une belle conjonctivite. Le travail graphique est réellement excellent. C’est le gros point positif de cet opus.
Au final, c’est bien mais cela aurait pu être excellent. J’accorde tout de même les 4 étoiles en raison de la note globale (dessin + scénario).
Note Dessin : 4,5/5 – Note Scénario : 3/5 – Note globale : 3.75
Dans ce 4ème tome de la série Before Watchmen, on découvre la vie de Laurie Jupiter, la fille du premier spectre soyeux. Pendant la période du flower power, elle affronte un trafiquant de drogue sur fond de révolte avec sa mère qui souhaite lui imposer une certaine conduite. Voilà pour le cadre qui traduit une belle mise en lumière.
J’ai bien aimé son personnage à ce moment précis de sa vie où elle était encore belle, fraîche et marrante. Il faut dire que son personnage a beaucoup évolué pour finir aigri et blasé au bras d’un surhomme bleuté qui n’éprouve aucune émotion. En l’espèce, elle va s’enfuir avec un certain Greg, beau jeune homme et ils sont pris en stop par un couple sympa de hippies. C’est l’aventure dans toute son insouciance !
Graphiquement, c’est très beau avec une mention spéciale pour l’utilisation des couleurs qui va bien avec l’ambiance hippies. Scénaristiquement, ce n’est pas totalement convaincant pour diverses raisons. Cependant, on va réellement s’attacher aux personnages et c’est surtout leur interconnexion qui sera intéressante notamment la mère possessive, le comédien détestable et le premier hibou insipide. Je regrette également ce qu’il advient de la relation entre Laurie et Greg. Je trouve que ce dernier aurait pu se battre et ne pas renoncer aussi facilement. Ce personnage pourtant intéressant n’est-il qu’un faire-valoir ?
Un des meilleurs passages sera celui où le comédien intervient furtivement dans l’ombre pour orienter la direction de la vie de Laurie. On sait depuis Watchmen le lien qui les unit. On saura également comme une espèce de clin d’œil d’où vient le smiley des Watchmen qui sera par la suite tâché de sang.
On sait qu’il y a de fortes disparités dans cette nouvelle série « Before » car les plus attendus ont déçus (le comédien, Rohrschach) et les moins attendus (Dr Manhattan, Ozymandias) ont donné lieu à de belles réussites. Celle-ci est dans la juste moyenne. La lecture a été assez agréable dans un genre assez teenager-movie sur fond de power girl. C’est également assez cohérent dans sa construction. Bref, c’est plaisant et frais. Loin de la noirceur et de la profondeur de l’œuvre originelle ? Pas tant que cela.
Pour ma part, j’ai bien aimé malgré les différentes critiques qu’on pourrait faire car cette atmosphère est originale. Le thème est celui du passage à l’âge adulte avec ce gout immodéré de recherche de la liberté absolue. On connaît le résultat!
Note Dessin: 4.25/5 – Note Scénario: 4.25/5 – Note Globale : 4.25/5
Voici le 5ème opus de la série : Ozymandias alias l’homme le plus intelligent du monde. Ce personnage est le pivot de Watchmen bien qu’il n’apparait que très peu au début avec une vraie fausse piste pour le dédouaner. On va le retrouver dans un volume assez dense qui partira de son enfance à la mise en place de son plan. La dernière case est un enchainement direct avec l’œuvre-mère. Pas de doute : c’est un vrai préquel.
La moralité de ce personnage pourra se situer dans l’adage comme quoi la fin justifie les moyens. Je n’ai pas aimé ce personnage qui se débarrasse de ses proches afin d’accomplir méticuleusement son plan machiavélique. Je pense qu’il aurait pu faire l’impasse sur certains meurtres non justifiées sinon par une certaine forme de paranoïa. A noter qu’il n’est jamais présenté comme un monstre mais comme un stratège à la manière de son idole à savoir Alexandre le Grand.
Un débat a eu lieu à propos de ce personnage : est-il réellement gay ? Il est vrai que la sexualité des super-héros est toujours un sujet fascinant à moins d’être un peu refoulé. Certes, Ozy (pour les intimes) vend des figurines à son image de même que des parfums. D’ailleurs, le comédien le traite comme tel. Par ailleurs, il y aura un passage pour le moins équivoque où il s’initie au haschich et à d’autres choses. Mais qu’importe ses goûts en la matière car il est beau, intelligent et fort. Plein de qualité mais également des défauts.
On ne s’ennuiera pas en suivant le parcours de ce super-héros pas comme les autres. C’est d’abord un enfant prodigue qui refusera la facilité pour être un véritable self made men. Il emploiera à utiliser son argent avec des motivations fort convaincantes. Bref, cet opus a réussi son pari que de rendre ce personnage assez passionnant. On est loin de l’éphèbe arrogant et antipathique du film de Zack Snyder. Certes, il finira seul avec un animal de compagnie Bubastis : un mélange génétique de lynx et de puma avec d’immenses oreilles.
De l’avis un peu général, c’est l’un des opus les mieux réussi de la saga Before Watchmen. Il y a une réelle maîtrise du récit . Personnellement, j’ai un petit faible pour Minutemen et le Spectre soyeux. Cependant, j’admets que c’est du bon travail aussi bien au niveau du dessin très fluide que du scénario très intéressant.
Note Dessin: 4/5 – Note Scénario: 4/5 – Note Globale: 4/5
N° 6 de la série des Before, on sait que le Hibou est un super-héros les plus attachants car très gentil avec un bon fond. Son histoire d’amour avec Laurie avait ému le public autant que son engagement progressif en sortant de sa retraite. L’autre particularité est qu’ils sont deux personnes à avoir enfilé ce costume à savoir Hollis Mason (des Minutemen) et son successeur Daniel Dreinberg. En l’occurrence, on va surtout s’intéresser au second hibou.
Je peux dire que c’est l’un des titres les plus réussi de la saga Before Watchmen car on découvre un peu mieux ce personnage qui était apparu un peu fade et assez complexé dans l’œuvre originale. J’ai beaucoup aimé sa relation amicale avec Rorschach qui s’associe avec ce dernier ayant pour point commun une enfance malheureuse. Il y a également sa relation sentimentale avec une femme de la nuit surnommé la dame du crépuscule ou la reine du vice. Elle le mènera au doigt et à la braguette.
On retrouve pour la quatrième fois la même scène concernant la réunion provoquée par le capitaine Métropolis qui voulait former le groupe des vigilants. On sait que cela sera une tentative avortée du fait de la violente réaction du Comédien. Cela commence à faire réellement répétition.
Je regrette également le fait qu’il y a une absence totale de volatiles ou de quelque chose qui rappellerait l’ornithologie. Ce n’est qu’un petit détail mais cela aurait apporter de la crédibilité dans la cohérence de l’œuvre. A noter que Laurie Jupiter possède bien un oiseau en cage dans sa chambre. Je chipote bien sûr.
On a également assez reproché à ce titre de faire la part trop belle au personnage de Rorschach qui joue d’ailleurs un meilleur rôle que dans son propre one shot. C’est dire ! Il y a du vrai mais il faut le voir comme une imbrication dans la mesure où ces deux personnages vont souvent collaborer ensemble. Dans Watchmen, le Hibou n’hésitera pas à faire sortir de prison son compagnon. D’où il fallait bien expliquer les prémices de cette relation.
Outre ces défauts, ce tome a énormément de qualité à commencer par une excellente toile de fond qui rappelle le bouleversement politique et social des années 60 et 70. Puis, il y a surtout ce traumatisme lié à l’enfance et à la violence sexuelle du père envers la mère. On arrivera mieux à cerner ce personnage qui semble si enfermé. On verra également l’origine du désaccord entre le Hibou et Rorschach qui n’ont pas les mêmes méthodes pour venir à bout du crime.
J’ai également trouvé les dessins assez agréables avec une prestation assez correcte et une colorisation adaptée. Bref, nous avons là le plus humain de ces super-héros et pour notre plus grand plaisir.
Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4,5/5 – Note Globale : 4.25/5
Dernier tome de la série, on va terminer véritablement en apothéose sur une note assez positive puisque ce volet est plutôt réussi de l’avis général.
Le personnage du Dr Manhattan est l’un des plus intéressants malgré sa froideur. Jon Osterman, fils d’horloger, est devenu un scientifique spécialisé dans le domaine du nucléaire. Mais un accident dans une chambre d’essai de canon à particules l’a métamorphosé à jamais. Devenu le Dr Manhattan, il est désormais l’égal d’un dieu ce qui le rend dangereux dans l’équilibre des forces entre les deux superbes-puissances USA et URSS.
J’ai bien aimé ce tome car il est basé sur une construction assez audacieuse avec des trouvailles plutôt extraordinaire. Cela étonne. Le personnage est très bien cerné. Certes, il y a les délires de physiques quantiques mais cela s’insère assez bien.
Au final, chacune des séries de Before Watchmen a été plaisante à lire car cela a apporté son lot de mystère et d’intrigue sans compter une lecture assez plaisante. Je pense qu’il ne faut pas faire l’impasse sur l’uin de ces titres et acquérir toute la collection. D’ailleurs, l’ensemble des dos de la bd forme une espèce de fresque intitulée Before Watchmen du plus bel effet dans une bibliothèque.
Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4,5/5 – Note Globale : 4.25/5
J'ai lu il n'y a pas si longtemps la biographie consacré à Gavrilo Princip dont les deux balles allaient tuer 10 millions de personnes. En l'occurence, nous passons du côté du point de vue du successeur attitré de l'empereur François-Joseph. On se rend compte que François-Ferdinand n'était point aimé de l'empereur et qu'il n'était finalement qu'un rouage, qu'un prétexte pour livrer une guerre nationaliste sans merci.
J'ai bien apprécié ce portrait sans concession qui le montre comme un bon père de famille et mari aimant mais également comme un sale raciste. Des qualités mais également de gros défauts. Il est clair que le destin n'a pas voulu qu'il monte sur le trône afin de perpétuer la tradition des Habsbourg. On va revivre cette tragédie dans les moindres détails.
Grâce à ce one-shot, on arrive à mieux comprendre les rouages qui ont amené à la Première Guerre Mondiale. Le cahier final est plutôt bien réalisé pour comprendre les enjeux. J'ai d'ailleurs commencé à le lire avant d'entamer ma lecture. Bref, les amateurs d'Histoire aimeront.
La Mondaine est un diptyque qui peut retenir l'attention par bien des égards entre sexe et collaboration. On va suivre l'évolution d'une brigade de bonnes moeurs dans le Paris de 1937 à 1944. Le regard principal sera celui d'une jeune inspecteur Aimé Louzeau qui intègre cette institution.
De la frivolité des années 30 à la dure réalité de l'Occupation nazie, on ne va pas s'ennuyer au travers la galerie de personnages. On constatera également que le destin peut frapper cruellement les personnages. La rafle du Vel' d'Hiv ne sera pas qu'évoquée. La candeur laissera sa place au tragique ce qui pourra apparaître comme assez déconcertant pour le lecteur.
Une institution particulière dans une époque trouble: c'est un roman graphique plutôt rare. Les sujets comme la folie, les perversions, le poids de la religion, le rôle de la police durant l'Occupation ont été abordé tout en finesse. Au final, les affaires de moeurs ne seront plus qu'une évocation ou un décors pour laisser la place à la psychologie du personnage principal et de son rapport au monde. Cela sera assez pertinent car crédible.
La Mondaine est à découvrir pour ceux qui aime le style de Zidrou.
Une bd ayant pour thème principal le tatouage, il fallait le faire ! Il est vrai que le tatouage est devenu au fil des années un art en vogue. Quand les corps se racontent, cela fait de belles histoires à découvrir pour peu que le souvenir soit heureux. Pour autant, il ne faut pas oublier que le tatouage a longtemps été associé aux mauvais garçons. En l’occurrence, il avait un succès fou dans les prisons et notamment dans les goulags perdus au fin fond de la Sibérie de la sinistre ère stalinienne. Hier marginal, et aujourd’hui phénomène de société : va comprendre !
Le tatouage marque le plus souvent des souvenirs heureux ou malheureux, une décision prise, le franchissement d'une étape à l’image de notre héros petit garçon Pavel pris dans la tourmente de la tempête du destin. En vérité, le tatouage dans les goulags devient un art de l'ombre, symbole d'une exclusion assumée.
C’est intéressant de voir l’évolution de Pavel du goulag à Manhattan où il exercera ses compétences pour aider les autorités à débusquer les tueurs en série. Une sorte de Mentaliste mais avec le crayon qui dessine l’âme des gens. Certes, l’histoire est cruelle mais elle est salvatrice. François Boucq et Jérôme Charyn se sont véritablement surpassés pour nous livrer une œuvre magnifique en tout point. Cela sent l’encre, la sueur et le sang avec une furieuse envie de se faire tatouer.
Note Dessin : 4,5/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4.25/5
Je me suis toujours un peu méfié des récits qui réhabilitent de méchantes figures de l’Histoire. C’est un peu comme si on tentait de redonner une version plus positive de l’action d’Hitler ou de Staline. Pour autant, les historiens actuels s’accordent à dire que le roi Charles IX a été totalement manipulé par sa mère éprise de pouvoir à savoir la fameuse Catherine de Médicis.
En effet, Charles IX n’avait qu’une dizaine d’année lorsqu’il est devenu roi. Il est mort sans doute empoisonné par sa mère à l’âge de 23 ans. Il restera comme celui qui a ordonné le massacre de la Saint-Barthélemy et qui a sombré par la suite dans la folie. La bd nous montre comment il a dû lâcher prise face à ses conseillers et la reine-mère pour prendre la plus terrible des décisions à savoir la mort de milliers d’innocents. Les arguments employés étaient fallacieux. Charles IX n’était pas fait pour devenir roi. Un autre n’aurait pas succombé aussi facilement. Il n’a été qu’un jouet alors qu’il était le roi de France. Certains ne sont pas faits pour diriger le pays et on le paye tôt ou tard…
J’ai beaucoup apprécié le traitement de cette bd historique pas comme les autres. Il y a un brin d’originalité dans la mise en scène. Visuellement, c’est très fort comme cette page noire pour signifier les événements de la Saint-Barthélemy. Les couleurs sont expressives notamment le rouge sang. Elles vont d’ailleurs accompagner l’intensité dramatique du récit.
Cette chronique historique d’un roi pas comme les autres restera dans les annales. On sait que l’auteur se penche déjà sur la suite à savoir le frère du roi Henri III qui va lui succéder. Or, ce Valois est également très spécial comme on peut déjà le voir. On verra également Henri de Navarre future Henri IV. En conclusion, un ouvrage parfaitement réalisé et qui apporte un nouvel éclairage.
Note Dessin : 4.25/5 – Note Scénario : 4.75/5 – Note Globale : 4.5/5
Après nous avoir concocté La Mort de Staline, Fabien Nury et Thierry Robin abordent celle d'un membre de la famille Romanov à savoir le grand-duc Sergueï Alexandrovitch, gouverneur général de Moscou. Ce dernier a malencontreusement assassiné 47 personnes, dont des femmes et des enfants, le 17 septembre 1904 qui s'étaient révoltées contre la misère. Autant dire que ses jours étaient comptés car les anarchistes en ont fait la cible n°1.
Le premier tome se concentrera sur le point de vue de cet aristocrate russe. Le second sera celui du terroriste ayant réussi la mission au cri de "mort au Tsar". C'est une bonne idée que ce portrait dressé car on vit dans la psychologie du personnage en découvrant sa famille et ses proches. On sent du remords et un esprit torturé de quelqu'un qui sait qu'il va mourir. Bref, on le trouverait presque sympathique malgré un geste ou une maladresse inexcusable.
Cet album n'aborde pas la révolution de 1917 mais nous sentons déjà les prémisses. J'aime beaucoup le style de ces deux auteurs. Ce duo de choc nous fait vivre un pan de l'histoire de la Russie des Tsars.
J'ai bien aimé ce roman graphique car il aborde certains points qui ne m'ont pas laissé indifférent. Nous avons une trentenaire Lisa qui aborde assez difficilement le monde du travail. Elle a eu pourtant un bac+4 mais elle végète dans des petits boulots qu'elle enchaîne. Le gros point fort est son couple avec un homme assez extraordinaire car il la soutient réellement.
J'ai également été frappé du même syndrome que Liz à savoir faire rapidement et bien son travail puis s'ennuyer ferme. Ce faisant, par rapport aux autres collègues, se crée une différentiation car ils mettent 8 heures à faire un travail qu'on peut faire en 2. Du coup, on peut être entraîné également par une responsable qui te fournira du travail pour 4. C'est difficile de jouer la lenteur pour leur faire plaisir. Un peu de dynamisme, que diable ! Je te les fouetterais !
J'ai également connu les collègues très à cheval sur les horaires quand cela les arrange. Ou ceux qui n'expriment aucune personnalité pour se protéger et ne pas se révéler t'obligeant à le faire sans cesse pour masquer le vide de l'absence de dialogue. Bref, j'ai eu l'impression d'être en phase à ce que pouvait exprimer notre héroïne anticonformiste dans des situations de la vie de tous les jours mais pas forcément abordées dans les bandes dessinées sous cet angle.
J'ai juste un peu regretté la fin qui tombe alors qu'on attendait certainement plus. Est-ce que Liz va rester dans ce travail qui ne la satisfait pas pleinement ? J'aurais aimé le savoir. Quant au thème central, le passage à l'âge adulte, je dirais qu'il vaut mieux garder quelque fois son âme d'enfant et avoir un peu d'excentricité dans une vie qui ne fait pas de cadeau.
Le vent des cimes est l'une de ces belles histoires d'amour tragique qui marquent à tout jamais comme un vieux film romantique du genre Out of Africa. Cela se passe dans les Andes à l'époque des pionniers de l'aéropostale.
Jack vit de sa passion: le métier d'aviateur pour acheminer le courrier postal à l'autre bout du monde. En même temps, il est amoureux d'une belle voltigeuse aérienne à savoir Rachel. Ils doivent se marier mais le destin en décidera autrement.
J'ai littéralement dévoré cet ouvrage de 181 pages. Il y a une fluidité extraordinaire comme un avion qui glisse à travers les nuages. C'est inspiré d'un fait réel qui est arrivé au pilote Henri Guillaumet en 1930 où il s'écrase contre une montagne andine. Cependant, le développement sera un peu romancé et sera différent du dénouement que les passionnés d'aviation connaissent.
C'est une oeuvre magnifique que voilà et joliment dessinée. J'ai surtout aimé la belle histoire d'amour. Les autres pourront toujours admirer le courage de ces pionniers de l'aviation civile.
J’ai beaucoup aimé cet ouvrage sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Il s’agit d’une expérience vécue par les auteurs Sébastien Marnier et de sa compagne Elise Griffon qui a d’ailleurs été à l’Ecole de Charlie Hebdo en ce qui concerne le dessin. C’est traité de manière humoristique afin de faire passer la pilule plutôt amère.
Dans le contexte économique difficile que nous connaissons, les diplômés (c’est-à-dire les bac+5) n’ont pas forcément d’emploi dans leurs branches. Ils sont obligés d’accepter des petits boulots pour survivre. C’est alors que commence les galères car ces boulots de substitution ne sont guère enviables entre se déguiser en bouteille d’orangina ou être secrétaire d’une directrice en mode hystérique ou pire encore en faisant le téléphone rose. Les patrons sont véritablement odieux et les clients insupportables. Les machines peuvent vous écraser les doigts. Bref, tout cela pour un salaire net de misère.
Je dois être sensible car j’ai connu moi-même tout cela avant d’être enfin cadre. Je m’en suis sorti mais pour combien d’échecs dans la société en générale ? Il faut bien comprendre que lorsqu’on choisit la voie de l’université, il faut choisir en fonction des disponibilités sur le marché. Ainsi un bac + 5 en droit général vaudra plus pour un employeur qu’un bac + 5 en cinéma même avec une thèse sur David Lynch. Et puis, il est vrai que la moustache à la Charlie Chaplin pour l'auteur, cela ne le fait pas !
Je trouve courageux la démarche de ces auteurs qui ont accepté ces petits boulots de misère. Il ne faut pas oublier qu’à côté de cela, il y a une grande masse de gens qui ne veulent pas travailler en acceptant ce type d’emploi. J’ai d’ailleurs connu ce qu’on pourrait aisément nommé un parasite sans diplôme qui refusait systématiquement du boulot après 6+ ans de chômage car il voulait absolument devenir fonctionnaire sans passer de concours bien sûr. Et vous savez quoi ? Cela a bien fonctionné à force car l’année dernière, il a décroché un super poste à l’université. Depuis qu’il a obtenu sa titularisation, il est en arrêt de travail très fréquemment et inutile de préciser que ce n’est pas une flèche dans son travail. C’est cette double France qui est actuellement à l’œuvre. Les gens en ont réellement marre.
Après 10 ans de travail précaire, ces auteurs ont également pu s’en sortir. Je suis très heureux pour eux. Quelque chose ne tourne plus rond dans cette société qui produit de plus en plus d’inégalités. Le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépassera en 2016 celui des 99% restants. Il est clair que tout est un problème économique à la base. Il s’agit de donner du travail à des millions de gens avec un salaire net correct afin d’éviter les dérives comme par exemple des attentats sanglants. Ce n’est malheureusement que le début !
Lorsque j’aborde le comics dans le genre polar, c’est toujours avec un peu d’appréhension. Je sais en lisant les quelques premières pages si cela va me plaire ou pas. Lorsque je m’ennuie, je perds mon intérêt pour l’œuvre. Quelques fois, l’auteur nous assène beaucoup trop d’informations d’un coup ce qui est lourd à digérer pour la suite. J’ai appris à me méfier des scénarios à la Garth Ennis.
En l’occurrence, on entre tout de suite dans le vif du sujet. Il faut un peu s’accrocher au début pour ne pas perdre le fil. Cependant, par la suite, c’est un peu l’apothéose progressive. Bref, je suis passé de l’interrogation et des doutes à une certaine admiration pour la qualité d’écriture de ce scénario. Que dire également de ces magnifiques planches. Les personnages sont très bien dessinés. Ils sont réalistes avec un trait impeccable. On pourrait les rencontrer au bureau.
J’avoue avoir été séduit par l’intelligence du propos. Nous avons quatre personnes faisant partie des forces de l’ordre et qui appliquent une justice expéditive en justifiant leurs actes. Après la dream team, nous avons la red team mais dans un autre genre. Visiblement, ils vont se faire doubler et cela se terminera assez mal. Je ne suis pas arrivé à comprendre parfaitement leurs motivations.
En conclusion, un excellent polar très efficace avec un dessinateur hors-pair à suivre.
Il est des auteurs que je ne connais pas et que je suis toujours heureux de découvrir. Nicolas Wild en fait partie. Ce n'est pas seulement par le fait qu'il soit un ancien élève du célèbre atelier d’illustration des Arts Déco de Strasbourg et qu'il soit originaire de la même région. Ce fils de pasteur a beaucoup voyagé et notamment au Moyen-Orient avec une expérience des plus intéressantes.
J'ai bien aimé son style qui me rappelle celui de Guy Delisle mais en mieux car il amène les choses de manière plus subtiles sans aucun jugement dans une espèce de neutralité qui nous laisse maître de penser. En tout cas, ce fut le cas avec cette oeuvre qui me fait découvrir une religion que je ne connaissais absolument pas.
L'extrait du cylindre de Cyrus en 539 avant Jésus-Christ indique: "J'ai accordé à tous les hommes la liberté d'adorer leurs propres dieux et ordonné que personne n'ait le droit de les maltraiter pour cela. j'ai ordonné qu'aucune maison ne soit détruite. j'ai garanti la paix, la tranquillité à tous les hommes. J'ai reconnu le droit à chacun de vivre en paix dans le pays de son choix...".
Bref, quand je lis cela, je ne peux m'empêcher de penser à tout ce qui se passe dans le monde au nom des religions, à tous ceux qui en meurent entre les maisons rasées sur la bande de Gaza ou les journalistes de Charlie Hebdo qui tombent à coup de kalachnikov etc... Voilà une religion très pacifiste qui apporte la joie et le bonheur. Voilà une religion d'amour et de paix. Et pas que dans les mots ! Bon, en même temps, laisser les morts de faire dévorer par les vautours, c'est space !
Il me tarde de découvrir le fameux Kaboul Disco du même auteur car c'est l'oeuvre qui l'a fait découvrir du grand public.
Le mur de Berlin a rarement été évoqué dans la bande dessinée de manière aussi détaillée. On voit véritablement la configuration des lieux afin de comprendre la construction de ce tunnel reliant les deux Allemagne afin de permettre une évasion de famille. Il faut dire qu’il ne fait pas bon vivre dans la RDA de 1964. Le rêve communiste a bien vite déchanté face à la réussite du capitalisme. C’est clair que ce dernier système n’est pas parfait car il génère également de la pauvreté mais dans une moindre mesure par rapport à l’autre.
J’ai bien aimé cette histoire où un frère vivant à Berlin Ouest essaye de faire passer sa sœur qui semble dépérir à l’Est. Or, il va falloir convaincre le père, un coco de la première heure qui croit fermement à son système face à l’Occident. Et puis, et surtout, il va falloir creuser un tunnel de 145 mètres de long après les cours à l’université sans attirer l’attention de la Stasi et de ses agents infiltrés. C’est inspiré de faits réels. Le récit est suffisamment crédible. Les problèmes techniques rencontrés seront abordés.
On pourra le cas échéant regretter que le récit soit trop linéaire en manquant un peu d’imagination. Cependant, cette simplicité réussit plutôt à cette œuvre qui gagne en densité. Pour moi, c’est l’un des meilleurs titres de la collection depuis Fatman.
J'ai rarement lu une oeuvre aussi maîtrisée sur le thème de l'ambiance horrifique. Oui, ces petites histoires qui s'enchaînent sont horribles à plus d'un titre. Rien ne sera épargné aux lecteurs malgré un dessin bon enfant. La peur s'installe progressivement mais laisse place à la fin à un brin d'humour. Il suffit de lire une BD pour voir comment se déroule les instants d'après sa propre mort. Bref, il va falloir du courage.
J'ai apprécié ces récits en apparence déconnectés les uns des autres mais qui sont en réalité reliés depuis le début dans une belle mise en abyme. Cette BD reprend tous les codes du genre pour nous offrir une aventure plus que divertissante, presque jouissive. Bref, j'aime me faire surprendre. Cette oeuvre a répondu à toutes les attentes d'un public en quête non seulement d'originalité mais surtout de maîtrise.
Avis portant sur la série:
J’ai littéralement adoré les aventures de cette héroïne dans un monde encore plus « adulte » et encore plus intéressant que les mondes imaginés par Léo dans Aldébaran. Je trouve enfin un personnage féminin qui a une vraie consistance et du caractère! Sur le plan de la maturité, c'est quand même un cran au-dessus. Pour autant, on n'a pas vraiment le même plaisir de lecture. Cela s'explique par la complexité de l'univers mis en place par l'auteur. Il y a une véritable réflexion sur la façon dont sont liés les choses. J'aime également toutes les trouvailles qui sortent de l'ordinaire.
Il est un peu dommage que le tome 3 se situe chez un autre éditeur que celui chez lequel il a commencé, à savoir Casterman, et que l’album soit beaucoup plus court. Toutefois, je remarque qu’a été conservé le même format ce qui est déjà pas mal et en même temps une forme de respect pour les collectionneurs. Lorsque j'ai appris que le tome 5 sortira chez un 3ème éditeur à savoir 12 bis après Casterman et Vent d'Ouest, là je me dis qu'il y a une limite qui a été franchie. Cependant, on peut analyser cela de différentes manières. Par exemple comme voilà un auteur qui s'affranchit du poids de ses maisons pour conserver une part d'indépendance protégeant sa liberté de créativité. Pour autant, ce n'est pas forcément au goût des collectionneurs cartésiens qui aiment l'uniformité. Cela sera d'ailleurs la première fois que j'aurais une série qui s'étale sur 3 maisons d'édition. L'overdose n'est jamais profitable. Tout dépend du point de vue et de l'importance qu'on y attache.
Le dessin est vraiment exquis et met bien en valeur les anatomies des différents personnages en plus d’avoir des décors réellement extraordinaires. La lecture est un peu fastidieuse au début de cette saga mais on s’immerge petit à petit dans ce monde qui a ses propres codes. Il faut un peu s'accrocher et le plaisir vient après. Cette BD a tout de même beaucoup de potentiel! Cela m’a permit de découvrir un auteur dont le style est totalement atypique et qui a beaucoup de talent. Je me suis jeté dans l’achat de la totalité de ces œuvres sans exception. Je dois avouer que cette série est ma préférée dans ce qu’il a réalisé.
Dans le détail, voilà ce que cela donne:
La sOurce et la sOnde:
Ce premier tome est un pur bonheur de découverte d'un monde extrêmement bien détaillée jusque dans sa géographie, dans sa faune et dans sa flore. On fait la connaissance de deux personnages féminins qui ont du caractère et de la trempe ce qui les rend intéressant. Il est dommage que le décollage se fasse tellement attendre dans les deux sens du terme mais je crois que c'était sans doute bien nécessaire. On sent bien que c'est un tome d'introduction à un univers encore plus vaste. Il va falloir s'accrocher mais le plaisir viendra par la suite. Bref, une pure réussite que ce monde détaillé avec finesse!
Six saisons sur Ilo:
Le second volume sera celui placé sous le signe de l'aventure dans une nouvelle contrée sauvage. Il clôt un premier cycle placé sous le sceau de la conspiration par une sorte de secte qui souhaite étendre son pouvoir. Nous aurons enfin les réponses sur la pandémie qui sévit dans le monde d'Olh. Nous aurons également droit à des rebondissements et des retournements de situation assez inattendues. Même le personnage de Cyann semble évoluer du passage de l'adolescence à l'âge adulte et celui de la maturité intellectuelle. Bref, c'est le temps de la métamorphose. La fin du cycle ouvre de nouvelles pistes pour notre héroïne promise à un voyage intergalactique encore plus vaste.
Aieia d'Aldaal:
Il aura fallu 7 ans d'attente. Le résultat est étonnant de maîtrise surtout au niveau de la couleur. Il y a un réel progrès avec une ambiance graphique nouvelle. Le trait de Bourgeon se bonifie au fil des tomes. On remarquera également l'émergence d'un autre personnage féminin qui volera un peu la vedette à notre Cyann. Nacara est presque totalement oubliée. Les dialogues seront de hautes volées et parfois cinglants de vérité et d'humour. On se situe là encore sur une autre planète qui connait également une caractéristique particulière. C'est une nouvelle aventure à part entière élaborée et intelligente qu'on va découvrir avec toujours autant de bonheur.
Les Couleurs de Marcade:
Paradoxalement, c'était l'un de mes tomes préférés de par la richesse de son scénario et par l'inventivité. Pourtant après relecture, il a été surclassé par d'autres tomes. Il faut dire que chaque relecture nous offre la possibilité de percevoir des détails supplémentaires ce qui bonifie d'autant la série tout entière. Aïeïa nous manque un peu. Marcade, c'est le reflet futuriste des travers de nos sociétés actuelles, de la lutte pour le Pouvoir, de l'asservissement d’un peuple, de la société de consommation, de l'endoctrinement, de la censure et de la violation de la vie privée, du mercantilisme à outrance…
Les Couloirs de l'Entretemps:
Encore 5 ans d'attente ! Visiblement, notre héroïne est ballottée de monde hostile en monde hostile. On joue également sur l'espace-temps. Il va falloir s'accrocher pour comprendre le mécanisme de tout ce fatras temporel. Cependant, le charme de la saga demeure intact. On sent toutefois que c'est bientôt la fin.
Les Aubes douces d'Aldalarann:
Le cycle de Cyann est enfin terminé. C’est la première fois que j’ai une série de 6 tomes dans 4 collections différentes. L’auteur termine finalement chez Delcourt. Tout cela pour ça aurait-on envie de dire. C’est la fin du voyage interstellaire pour notre héroïne enfin mâture et qui va gouter au charme écolo de la planète Aldalarann. Avec le recul, on se dit que cette série est un peu à part grâce à ses dialogues philosopho-cosmique dans une planitude morne qui peut sans doute conférer à l’ennui pour un jeune lecteur pour peu qu’il ne soit pas déjà vieux jeu bien entendu. On aura droit à une fin convenable mais qui ne répond pas tout à fait aux attentes de cette saga de science-fiction complexe.
Note Dessin : 3.75/5 – Note Scénario : 4.25/5 – Note Globale : 4/5
Avis portant sur la série:
Magasin Général n'est qu'une chronique des habitants d’un village québécois dans l’entre-deux-guerres et il faut le prendre comme tel. C'est signé de l'un des grands maîtres de la bande dessinée à savoir Loisel. Le dessin est d'une qualité absolument indéniable pour les yeux qui raviront tous les amateurs.
Le premier tome n'est qu'introductif en nous présentant les habitants d'un village perdu et d'une jeune veuve. Le récit n'est pas particulièrement passionnant. Cela demeure néanmoins sympathique car il faut prendre cette BD comme elle est : une chronique rurale simple sans chercher un scénario plus élaboré, ni une aventure extraordinaire multipliant les rebondissements les plus divers. Ceci explique que cette bd rencontre également des détracteurs qui ne partagent pas l'enthousiasme de la majorité.
Par ailleurs, il faudra s'habituer à la V.O. c'est à dire un mélange québecois-français qui peut paraître lourd à digérer.
Le deuxième volume relève nettement mon impression première car la magie a enfin opéré. On fait la connaissance du personnage sympathique de Serge. L'arrivée de cet étranger est le signe qui se passe enfin quelquechose dans ce village perdu qu'est Notre-Dame-de-Lacs : la transformation du magasin de Marie en restaurant pour fins gourmets. On prend goût dans tous les sens du terme.
Le troisième chapitre relève encore le niveau cette fois sur le plan dramatique dans les relations tumultueuses entre Marie et Serge puis entre ce dernier et les hommes qui reviennent de la forêt. J'ai ressenti beaucoup d'émotions.
Le quatrième opus nous permet de découvrir un peu plus les personnages de Marie et de Serge dans une espèce d'intimité qui leur est propre. Après les révélations viennent le temps des confessions. La magie semble toutefois se rompre légèrement avec en opposition une Marie chialeuse et un Serge vexant mais s'affirmant. Peut-être fallait 'il un point de rupture afin de faire évoluer les personnages plus vrais que nature. La lecture est toujours aussi agréable mais on commence à attendre le dénouement de ce drame campagnard.
La cinquième partie est un peu plus surprenante car il marque une véritable rupture. Marie va délaisser son village natal pour partir à la découverte de Montréal. On avait envie que cette frêle femme super gentille puisse avoir enfin la vie qu'elle mérite. Il est dommage cependant de ne pas suivre son point de vue dans cette découverte du monde. On a l'impression qu'elle a passé le flambeau avec Serge et que l'action reste concentrée dans ce village. C'est un peu dommage car cela aurait pu servir le thème de l'opposition entre modernisme de la ville et traditionalisme d'un village.
Au sixième livre, on commence à se dire qu'il serait peut-être temps que cette histoire se termine enfin. Cela aurait pu être le cas avec le retour de Marie dans son village natale et des relations avec les habitants qui commencent à se calmer. On s'aperçoit que les villageois peuvent également s'unir pour le bien de la communauté ou pour sauver un des leurs qui en a besoin ce qui relance l'histoire. Je dois également avouer que si on est bien immerger dans un autre monde avec un brin de nostalgie, les dialogues sont tout de même difficiles à comprendre et cela agace forcément un peu.
Le septième recueil est celui de la lassitude. On apprend un fait important à la toute dernière case. Le reste ne sera que prétexte à danser le charleston et faire la fête au village. C'est sympathique mais cela tire véritablement en longueur. On aurait aimé que cela se cantonne au projet initial qui prévoyait la parution de 3 tomes. C'est une bd d'atmosphère. Une fois qu'on a compris cela et que l'on a accepté qu'il ne se passe rien, on peut savourer. Cependant, la multiplication des tomes ne fait pas bon ménage avec ce concept.
Le huitième fragment intitulé brièvement « les femmes » (après « les hommes » ce qui n’est guère une marque de politesse dans l’ordre de passage) fait un peu retomber la pression du charleston et de la folle échappée de ce village. On suit notre héroïne Marie dans une longue attente avant la délivrance. Cela sera également pour le curé de prendre du recul avant de fixer de nouvelles règles compatibles avec ses aspirations personnelles. Les trois commères du village seront également frappées d’une frénésie à l’utilisation d’un marteau et des clous. Encore une fois, le temps passe au rythme des saisons et il ne se passe rien. Comme dit, une bd d’ambiance, c’est bien sur deux ou trois volumes. Après, on frise l’indigestion. Cela ne se justifie plus. Il serait temps pour l’auteur de passer sur un autre projet. Avec Peter Pan, il nous avait habitués au meilleur. Ce n’est plus vraiment le cas.
La dernière mouture de Magasin Général est plus volumineuse qu’à l’accoutumée. On va terminer ce récit dans la joie et la bonne humeur. C’est la délivrance pour Marie qui va bientôt accouché au milieu de cette communauté. L’heure est à l’émancipation pour bon nombre de personnages. Le lecteur aura le sentiment de quitter les lieux de ce village plein de vie. On aura droit à des cartes postales et des photos à la fin de l’ouvrage comme pour rappeler le temps qui passe. C’est avec un pincement au cœur qu’on tournera la dernière page de cette fresque. De l’humanité, de l’humour et de la fantaisie pour une série qui est unique dans le monde de la bd.
En conclusion: cela reste de bonne BD, le dessin étant incontestablement le point fort avec de subtils cadrages et un concept véritablement novateur où l'on sent que les auteurs ont pris du plaisir. On lit cette chronique d'une mini-société surtout pour ressentir beaucoup d'humanité et revenir vers des choses plus simples et sans doute plus authentiques.
Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 3.5/5 – Note Globale : 4/5
Les épées de verre reflètent parfaitement le type d'histoire d'héroïc fantasy que j'aime bien lire. La particularité qui fait que cette série semble sortir du lot malgré un scénario assez banal est la qualité du dessin qui verse dans l'élégance. C'est purement époustouflant notamment au niveau des couleurs qui donnent de la profondeur aux décors et mettent en avant les personnages. Par exemple, nous savons que le visage est la partie la plus expressive du corps humain. La réussite de tout personnage se mesure à l'habileté déployée par la dessinatrice pour rendre le visage vivant. Or, en l'espèce, c'est un succès incontestable.
La puissance d'inspiration, le dessin dynamique et la fluidité de la mise en cases contribuent fortement à la réussite de cette série déjà très remarquée par les vrais bdphiles. Celle-ci semble apporter un souffle nouveau par son graphisme somptueux et ses cadrages audacieux. On espère juste que le scénario restera cohérent et montera peut-être d'un cran au prochain tome. Il y a des choses si prévisibles qui se profilent à l'horizon. Gageons que l'auteur nous réserve quelques surprises.
Le second tome confirme la bonne impression laissée dans le premier chapitre. On regrettera simplement un écart de parution de près de 2 ans ce qui est actuellement énorme pour suivre une histoire. Le récit se concentre autour d’une ville au pied d’un gigantesque marais. Il y a un changement complet d’ambiance après la forêt. Il est dommage que le méchant soit réellement très vilain alors qu’il a été jadis le meilleur ami du gentil de l’histoire. Ce n’est guère crédible. Un peu moins de manichéisme aurait été souhaitable. Cela aurait donné une certaine épaisseur au personnage. Pour le reste, il n’y a pas une réelle avancée de l’histoire mais cela demeure assez passionnant pour continuer l’aventure.
Le troisième tome ne tient pas toutes ses promesses quant à l'affrontement concernant notre héroïne avec celui qui a tué son père. A la fin de cet avant-dernier tome, on se retrouve avec deux épées sur quatre et le monde qui reste à sauver. Bref, on attend de voir ce que va donner le final. L'univers créé reste toujours d'une beauté époustouflante et le plaisir est toujours présent.
Le dernier tome nous entraîne dans un autre univers proche de la forêt ainsi que celui du monde des glaces. Il restait deux épées à trouver. L'histoire s'accélère. On voit apparaître le rival de Miklos dans les derniers rebondissements. Le visuel reste toujours de toute beauté avec des planches époustouflantes. Une mention spéciale également pour les couleurs. Le final sera un peu surprenant mais dans le bon sens du terme car c'est la hauteur de nos attentes. J'ai véritablement aimé cette saga d'héroïc fantasy.
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 3.5/5 - Note Globale: 4/5
J'ai découvert assez récemment ce quartier de Paris qu'est Montmartre. Je dois bien avouer que c'est devenu à sa découverte mon lieu préféré dans la capitale. Certes, il y a le côté assez touristique des lieux mais il y a également une âme. Cette colline désormais recouverte de bâtiments est le point culminant de Paris avec ses 130 mètres. Que dire également de ces nombreux artistes, peintres ou poètes qui y ont trouvé beaucoup d'inspiration ?
On va se replonger en arrière et plus précisément en 1905 à une époque où ce n'était qu'une sorte de village au milieu des champs où s'entassait une population fragile chassée de la capitale. Difficile de croire que Paris a connu également des bidonvilles. Et pourtant...
J'ai bien aimé cette ballade bucolique dans le passé où l'on croise un certain Poulbot, illustrateur et peintre, qui défendait jadis des enfants des rues. Le dessin de Prugne avec ses couleurs douces est toujours aussi magique. J'ai retrouvé tout le charme de Paris, un peu comme ce qu'avait apporté le film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain.
Ce monde a malheureusement disparu et on ne peut que le regretter à la fin de l'ouvrage. C'est comme cette jeunesse qui va être sacrifiée sur l'autel de la Première Guerre Mondiale. La nostalgie de l'enfance mais également d'un des plus beaux quartiers de Paris.
Je suis tombé par hasard sur les deux tomes composant l'édition de luxe de Gung Ho. A vrai dire, je n'ai jamais lu une bd sur un support aussi grandiose. J'avais l'impression de tenir en main une bd géante. Et je dois bien avouer que je n'ai pas été déçu par ma lecture.
Je me rajoute en effet au concert de louange qui est fait pour cette oeuvre. Il faut dire que c'est amplement mérité. Le dessin est véritablement à couper le souffle surtout avec ce grand format. La qualité de l'écriture est irréprochable avec une mise en tension progressive.
La première surprise est de constater que la plaie blanche qui a décimé presque toute l'humanité n'est pas ce que l'on croît. La seconde est de constater que le héros n'est pas le frère que l'on croît. Bref, rien n'est inscrit à l'avance dans ce monde post-apocalyptique. On notera également un gros travail pour décrire la topographie ainsi que les lieux géographique du récit.
On suivra avec un immense plaisir le devenir de cette colonie n°16. Voilà ce que j'appelle la bd moderne. Voilà ce que j'aime !
Voilà un conte de fée qui n'en n'est pas vraiment un même s'il se présente comme tel. Le dessin est magnifique à contempler. Olivier Ledroit nous offre le meilleur de son art. On entre directement dans ce royaume elfique de toute beauté. On contemple chaque planche religieusement.
On pourra également y croiser les trois petits cochons mais ils ne sont pas vraiment sympas. La petite souris verte n'aura pas non plus la même raisonance. Il y a des notes d'humour que j'aime bien et qui agrémente le tout. Le style est plutôt baroque gothique. On croise également du steampunk. Bref, le genre conte elfique est revisité entre classicisme et modernité.
Le tirailleur serait la bande dessinée idéale pour ceux qui sont un peu racistes au point de penser que les aides sociales partent à leur dépend pour certaines catégories de population stigmatisées. Ils ont oublié que certaines personnes ont été enrôlées de force pour sauver la mère patrie. Lorsqu’on voit ce qu’ils ont eu en retour, j’éprouve de la honte pour mon pays.
Par ailleurs, c’est une histoire vraie et il y a lieu de penser qu’elle concerne des milliers d’individus provenant des anciennes colonies et qui ont connu le même sort. Bref, cette bd apporte un éclairage différent par rapport à un problème bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Par rapport à la bd, le ton sonne juste. Il y a de la retenue. Bref, l’humanisme transparaît. Il n’y a pas de fausses notes. Cela donne une certaine crédibilité au récit. Le difficile exercice est réussi.
L'hérétique n'est pas une histoire de religion, le titre est trompeur. Non, il s'agit du nom de la petite embarcation du Dr Alain Bombard qui a mené une expérience en Méditerranée puis dans l'océan Atlantique qui aurait pu lui couter la vie. Il s'agissait de devenir un naufragé volontaire et d'étudier les conditions de survie d'un homme en mer.
Il faut dire que ce genre de récit me plaît. A l'époque, Alain Bombard avait prouvé qu'il est possible de survivre pendant 65 jours. Au début de cette année 2014 soit 64 ans après cette aventure, on a appris qu'un naufragé avait dérivé pendant 13 mois dans l'océan Pacifique parcourant plus de 12.500 km entre le Mexique et les îles Marshall. Là encore, les spécialistes avaient crié à la supercherie. Et pourtant, le récit de cette odyssée a été corroboré par les experts.
Pour en revenir au témoignage du Dr Bombard, il est complet et ne cache rien de la vérité. J'ai trouvé une justesse de ton qui accrédite l'authenticité du récit. Bravo à ce jeune auteur qui a réussi pour sa première oeuvre à nous faire partager l'expérience de cet homme épris d'aventures et d'océan !
Les larmes du seigneur afghan est une BD sur l’Afghanistan, ce pays qui connait des troubles depuis plus d’une décennie. Après le 11 septembre 2001, il y a eu une riposte américaine qui a chassé les talibans et qui a détruit le commanditaire de cet affreux attentat.
Cependant, cette BD va plus loin. Elle apporte un autre regard sur les conséquences de l’intervention américaine. L’OTAN est restée près de 10 ans dans ce pays. Une journaliste qui connait bien la région est sous la protection d’un vieux sage qui a combattu les russes, puis les talibans. Cependant, même dans sa propre famille, l’idéologie de ce mouvement religieux a gagné du terrain. Ils reviennent plus forts que jamais. Il s’agira de comprendre les causes de cet affreux mécanisme.
On s’aperçoit finalement que les forces occidentales auraient mieux fait de rester chez soi sans se mêler des affaires internes de ce pays en proie à la guerre civile. Les bavures comme dans toutes les guerres sont légions. Elles ont contribué à l’augmentation des rancœurs contre l’Occident. Ce retour en arrière a des conséquences certaines sur la place de la femme dans la société afghane sans vouloir créer de polémique.
Le regard de l’auteure est celui d’une journaliste qui nous livre des faits ainsi qu’une interprétation. C’est du bon travail puisque cela se situe jusqu’au moment où j’écris ces lignes. C’est d’actualité la plus fraîche. On va comprendre les larmes de ce seigneur afghan.
Tripoli est une de ces bd qui m’a le plus marqué dans le sens qu’elle m’apprend véritablement un aspect de l’Histoire américaine totalement méconnue. Jefferson est alors le premier président de la jeune nation américaine. Les navires qui sont de passage dans la Méditerranée doivent alors verser un tribut contre protection à des gouverneurs véreux mis en place par les sultans.
En 1801, l’Etat barbaresque et pirate de Tripoli est dirigé par un homme qui n’a pas hésité à assassiner son frère pour prendre le pouvoir et contraindre l’ainé en exil. Il en veut toujours plus avec un zest de fanatisme et d’intolérance. Il n’a que faire du traité de paix signé avec les Etats-Unis. Il n’hésite pas à attaquer l’un de leur navire de guerre et emprisonner les 200 marines pour les réduire en esclavage.
J’avoue avoir été bluffé par le style de cet auteur qui a su mener jusqu’au bout sa réflexion sur ce qui a influencé la diplomatie américaine. Tout est bien savamment dosé. Le récit a été passionnant de bout en bout et les personnages assez charismatiques. Rien à réduire concernant un décor dépaysant.
On ressort incontestablement de cette lecture avec un autre regard car la fin est plutôt marquante. On se dit également que Tripoli est une cité qui a plutôt bien réussit aux différents dictateurs qui se sont succédés. Entre trahison, piraterie, esclavage et guerre, les faits marquants ne manquent pas dans cette histoire militaire américaine. Il est plus qu'intéressant de découvrir le premier fait d’armes des Etats-Unis en dehors de leur territoire. Cela ne sera guère glorieux malgré la victoire. Qui a dit malheur aux vaincus ?
Voici une série originale que l’on peut qualifier de « steampunk » : c’est un mélange de genre de science-fiction et de passé style révolution industrielle. J’ai beaucoup apprécié le dessin des frères Moreno qui est vraiment magnifique avec un sens du détail jusque dans ses cadrages. Vous avez vu le métal des bâtiments et le drapé des costumes ? Sublime tout simplement !
Le scénario de Corbeyran (connu pour être l’auteur de l’univers des Stryges) se ralentit un peu au troisième tome mais la série n’est pas encore achevée car elle comptera 6 tomes. On est parfois surpris par la tournure que prennent les évènements. J’ai été touché par l’histoire de ces frères jumeaux séparés par une opération chirurgicale ayant mal tournée. On éprouve même de la sympathie pour Nyx le héros, un tueur à gage au passé trouble.
Par ailleurs, le monde décrit est sombre et pessimiste : j’aime ces ambiances un peu particulières car on ressent des choses d’autant que la psychologie des personnages est captivante. Je trouve néanmoins que le rythme de parution est plutôt très lent. C’est un peu dommage. Cela semble nuire à l’image de cette série dans un secteur assez concurrencé.
C’était pourtant une bd qui avait marqué les lecteurs à sa sortie et qui avait connu rapidement un certain succès. Un scénariste de génie avec des dessinateurs de talent pour une œuvre hors du commun ! Alors qu'il a fallu attendre près de 3 ans et demi entre le troisième et le quatrième tome, je me suis rendu compte que ce dernier n'était pas exempt de défaut au niveau de la qualité. Ainsi, page 13, dans une des cases, on peut lire: "tu trouvais le vie impitoyable!": chercher l'erreur!!! C'est franchement scandaleux de faire de commettre de telle énormité comme s'il n'y avait pas de relecture avant l'impression des planches ! Voilà, j'ai poussé mon coup de gueulante. Cela ne change rien à mon appréciation globale.
Un lecteur avisé remarquera que la première image commence toujours de la même manière avec le texte : monstrueux. Ce n’est qu’à la relecture de la série tout entière que j’ai pu faire attention à ce genre de détail. On s’apercevra également que le scénario est parfaitement maîtrisé et ce depuis le début.
Une fausse note cependant : les couvertures font référence à chaque fois à un personnage féminin à l’exception du premier tome malgré le titre. Cela gâche un peu la cohérence d’une mécanique qui se voulait parfaitement huilée. Encore une fois, on pardonnera car l’ensemble demeure d’une grande qualité.
Il aura fallu 14 ans aux auteurs pour terminer cette histoire. Le lecteur a dû faire preuve d'une grande patience. Ce dernier tome va révéler une surprise de taille. La fin sera tout simplement grandiose même si elle ne répondra pas forcément à nos désirs. Cependant, c'est surtout au niveau graphique et de la mise en page que cela relève d'une espèce de magie composé de talent. Il y a des planches qui sont simplement à couper le souffle. Bref, cela valait sans doute la peine d'attendre pour atteindre cette qualité.
Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 3.5/5 – Note Globale : 4/5
Du même auteur que Moi, 20 ans, diplômée, motivée... Exploitée ! que j'avais déjà bien aimé. On reste dans la même veine avec génération mal logée. Il est vrai que le problème du logement est devenu au fil des années de plus en plus insoluble. Les loyers notamment dans les grandes villes ont beaucoup augmenté sans suivre la courbe de l'inflation.
Lorsqu'il s'agit d'étudiant sans un sou, c'est plus que délicat. Et pourtant, il faut bien faire des études afin de décrocher un emploi. On se rend compte que le logement constitue un frein bien réel. On apprendra que seulement un étudiant sur 15 décroche son logement via le CROUS sans compter leur politique d'octroie assez aberrante. Pour les autres, c'est la galère qui commence à moins d'être un fils à bobo.
L'auteur a le mérite de poser le problème et de montrer par différents aspects la dure réalité à savoir un monde sans pitié pour les jeunes. De la chambre de 6 mètres carrés (bien agencé!) à 520€ par mois à la proposition totalement indécente, il y a la colocation avec ses avantages et des inconvénients. Les agences en prennent également pour leur grade et à juste titre.
Cependant, j'ai beaucoup aimé l'humour par lequel cette oeuvre est traitée par le biais d'une héroïne bien marrante. Le dessin est dynamique et les personnages sont expressifs. On ne s'ennuie pas une seconde.
En conclusion, une bd moderne qui parle d'un vrai problème de société qu'il faudrait résoudre prioritairement.
Le titre induit certainement en erreur même s'il s'agit de football. Je dois avouer que j'ai bien aimé le style de cette bd qui a un parfum d'inachevé. On suit une tranche de vie d'un jeune morveux prétentieux un peu rebelle qui joue dans la provocation. Cependant, il est connu que ceux qui ont du talent cède facilement à ces défauts. Au moins, la psychologie du personnage de Jon est bien détaillée. Il n'y a rien de pire pour moi que la fadeur car très vite guette l'ennui.
Les auteurs n'ont pas cédés à la facilité et aux clichés qui sont nombreux généralement dans ce style de récit décrivant le quotidien de notre jeunesse. Il y a quelque chose d'unique dans cette bd qui flirte parfois avec le fantastique au moment où l'on s'y attend le moins. Par ailleurs, il y a véritablement du magnétisme dans l'air et cela accroche. Je regrette également qu'il n'y ait pas de deuxième tome qui nous aurait montré l'évolution du personnage.
Au final, aussi bien le dessin que le scénario m'ont séduit sur le thème central de la difficulté du passage à l'âge adulte.
Ce n’est pas la première fois que je lis en bd une biographie consacrée à un homme qui a tué un personnage public important. Il y a eu l’assassin de Jaurès qui n’a pas vraiment marqué car c’était un crétin qui a d’ailleurs bénéficié d’un acquittement de circonstance. Cependant, en l’occurrence, il s’agit d’un assassin qui par son acte allait entrainer le monde dans l’abime de la Première Guerre Mondiale faisant au total près de 18 millions de morts.
Je n’avais jamais retenu son nom jusqu’ici. Je savais que c’était un gars d’origine serbe qui a attenté à la vie de l’archiduc d’Autriche François-Ferdinand et de son épouse qui était en visite à Sarajevo durant ce mois d’Aout 1914. En fait, l’Empire autrichien s’est servi de cet assassinat comme d’un prétexte pour déclencher les hostilités car la Serbie n’avait pas d’intérêt à le commettre. Par le jeu des alliances, de nombreuses nations sont entrés en conflit dont la France face à l’Allemagne. Bref, il était intéressant de voir par là où tout a commencé.
J’ai bien aimé ce récit car il explique les mécanismes qui ont conduit à l’acte. J’avais bien entendu parlé de la poudrière des Balkans mais sans véritablement savoir quels étaient les enjeux pour toutes ces nations slaves divisés entre plusieurs pays. L’Empire ottoman avait occupé la région pendant 500 ans et c’était le début de leur déclin et de leur retrait. Dans ce contexte, tout devenait possible pour la création de la Yougoslavie c’est à dire une unification des jeunes états slaves.
On pourra également apprécier le portrait qui nous est dressé des différents protagonistes. On s’aperçoit que l’archiduc n’était pas un homme aussi mauvais que cela. Idem pour son épouse. Par contre, l’Empereur était détestable. Ce n’est pas pour rien que son fils s’était suicidé à Mayerling en compagnie de son amour impossible. En ce qui concerne Gavrilo Princip, c’était un jeune âgé de moins de 20 ans qui avait l’amour de son pays et était prêt à se sacrifier pour la bonne cause. Bon, cet acte terroriste a entraîné la disparition du quart de son peuple dans cette grande guerre…
En conclusion, les amateurs d’Histoire vont apprécier cette œuvre car elle est instructive et non partiale.
J’ai lu il y a quelques temps la biographie de celui qui avait été qualifié de 5ème Beatle : non pas Stuart Sutcliffe, ni Pete Best mais le producteur Brian Epstein (Le cinquième Beatles (l'histoire de Brian Epstein)). Oui, un bon nombre de personnes pouvaient réclamer ce titre. Mais qui se souvient de celui qui a découvert le Groupe avant son succès mondial ? Il s’agit d’Allan Williams, leur premier manager. C’est toute son histoire qui est fort méconnue. Après lecture, j’avoue avoir un autre regard sur ce groupe mythique.
On découvre que c’est ce gars qui possédait des clubs à Liverpool qui va se décarcasser pour promouvoir ce groupe. On découvre également des débuts calamiteux avec un Stuart plus passionné par la peinture que par la basse. Fort heureusement, le groupe va progresser. Il y a aura toujours ce problème de batteur qui fait défaut et où cela se succède à ce poste. C’est également cet agent du groupe qui les fera jouer à Hambourg (en Allemagne) dans des établissements plutôt situés dans les quartiers chauds.
Malheureusement, après avoir tout supporté (et notamment un John Lennon insupportable), voilà que le groupe l’abandonne aux prémices de la gloire. On connait la suite avec Brian Epstein qui prendra le relais. On se dit que ce pauvre homme avait du flair et a contribué à construire le groupe mais qu’il n’a pas récolté les bénéfices. La manière dont s’est passée son éviction ne m’a pas trop plu. Il faut dire que par la suite Peter Best, le membre le plus populaire du groupe, subira le même sort. C’est la dure loi du show business.
Aujourd’hui, plus personne ne fait mention de son nom en sa qualité de premier manager des Beatles. Ils l’ont rayé de leur biographie. En effet, le rôle d’Allan Williams s’est, au cours de cette courte période, surtout limité à celui d’un intermédiaire ou d’un simple agent chargé d’engager occasionnellement les Beatles pour quelques concerts, à commencer pour son propre établissement, le Jacaranda. Et même s’il prélevait une commission sur les opérations qu’il réalisait, il n’a jamais été pour les Beatles un véritable manager au sens où Brian Epstein le fut par la suite.
On sent de la rancoeur et on peut le comprendre même si cela reste sa vision des choses. Cette bd lui rend un hommage et nous montre les véritable dessous de ce groupe mythique. Les Beatles restent encore à ce jour le groupe ayant vendu le plus d’album dans le monde.
Corbeyran poursuit son exploration des séries sur le vin. Il prend l'adaptation d'un roman à succès qui est également devenu un feuilleton télévisé avec Pierre Arditi dans le rôle principal. C'est un récit policier dans la plus pure tradition avec le vin en toile de fond. Il met en scène un oenologue de renom dans la région bordelaise.
Une intrigue bien ficelée pour un premier tome qui est plutôt efficace. Si le vin est une énigme, la solution se trouve au fond du verre. La série sera composée d'histoires one-shot avec une nouvelle enquête à chaque fois. On passe un bon moment de lecture. Cela fera le bonheur des amateurs de vins mais pas que. Petit joueur, passez votre chemin !
Encore une excellente idée de mon scénariste fétiche Alcante. Il s'agit de décortiquer certains événements historiques et de voir ce qui se cache derrière. Faut-il voir des complots partout et sombrer dans une espèce de paranoïa collective ? Certes pas, mais il ne faut pas croire ce que disent les journalistes qui influent la pensée de masse jusqu'aux historiens qui peuvent aisément réécrire l'histoire.
Oui, je fais sans doute partie de ceux qui ont crû qu'il y avait des armes de destruction massive en Irak. La prospérité est-elle au bout de la rue comme l'annonçait fièrement le président Hoover alors que le krach de 1929 allait précipiter des millions de personnes dans la misère ? Tout va bien, restez dans vos cabines, on gère la situation disait récemment ce commandant sud-coréen à de jeunes passagers promis à une mort certaine pendant qu'il fuyait avec son équipage. Non, il ne faut pas se contenter de ce qu'on nous dit...
Voilà qu'on me propose une thèse inédite sur le krach de 1929 provoqué par les nazis. A la lecture, c'est franchement crédible et plutôt astucieux. Après, c'est peut-être faux surtout lorsque l'on sait que ce parti n'avait fait que 2% des voix en 1928. C'est facile de désigner le gros méchant. Mais bon, l'exercice est de démontrer qu'il y a sans doute plusieurs causes possibles. On sait que c'est ce krach qui a précipité l'ascension d'Hitler au pouvoir en 1933. Il en a été le principal bénéficiaire.
Le divertissement est assuré grâce au talent de Gihef qui maîtrise à la perfection les découpages pour rendre la lecture agréable. Bref, c'est à lire pour avoir droit à une autre perspective de ce qu'on pourrait nous cacher.
J'ai franchement bien aimé ces petites histoires où les personnages sont parfois interconnectés. Le récit concernant Benoît m'a particulièrement interloqué. J'aurais aimé avoir une suite à ce récit comme à d'autres d'ailleurs qui se finissent un peu en nous laissant sur notre faim. Qui a par exemple envoyé le colis de noisettes ? A un moment donné, on ne sait plus qui est amoureux de qui. Il y a une pléiade de personnages dont certains sont assez intéressants.
Le style de graphisme est très doux. Il y a de la grâce dans les traits. J'ai bien aimé ce style de manga à la française. Les thèmes évoqués tournent autour de l'amour qui semble être un sujet passionnant donnant lieu à diverses interprétations. Bref, cette lecture a été un grand bol d'air frais qui fait la différence.
Oui, c'est de la bonne fantasy dans un genre space-opéra. On accroche tout de suite avec les personnages principaux, un couple du genre Roméo et Juliette tentant d'échapper à la guerre interstellaire et protéger leur bébé.
On accroche également avec un univers un peu kitch mais bourré de bonnes trouvailles. La lecture s'est révélée fort agréable avec une narration fluide et non pesante.
A la fin de chaque tome, on n'a envie que de connaître la suite. Même les méchants du récit sont intéressants. Il y a également des scènes particulièrement osées qui indiquent que la lecture est réservée un public averti. De l'humour également pour assurer un bon dosage.
Bref, il y a de la maturité dans cette saga que l'on suivra avec le plus grand plaisir. Génial et envoûtant !
J'ai bien aimé cet épisode de la guerre opposant Rome et Carthage au IIIème siècle avant Jésus Christ pour la domination du bassin méditerranéen. On sait qu'il y a eu trois guerres puniques pour la suprématie. La première sera gagnée par Rome. Près de 48 ans plus tard, Carthage va prendre sa revanche pour infliger une défaite à la République. L'enjeu va se situer autour de la ville de Syracuse qui était une ancienne colonie grecque sous protection romaine. L'intrigue va se concentrer sur le siège de cette ville qui n'avait rien à envier à Rome.
On va se concentrer sur deux personnages qui vont avoir un destin assez mouvementé. On croisera également le grand Archimède qui a mis au point des armes redoutables pour défendre la ville. Il est étonnant de voir le génie de ce mathématicien d'autant que c'est basé sur des faits réels. J'ai été plusieurs fois estomaqué par ses inventions.
Ce manga s'est révélé assez passionnant. A la fin, on regrette que cela ne soit pas une série qui aurait pu nous en dire plus sur le célèbre Hannibal. Le fond ainsi que la forme sont au rendez-vous pour que le lecteur ne soit pas déçu par ce récit historique et militaire.
Le Che Guevara est devenu au fil du temps une figure emblématique. Il est à la fois un héros romantique et un combattant révolutionnaire. Cet ouvrage lui rend un bel hommage. En effet, il est présenté comme un saint que la CIA a fait abattre comme un chien au beau milieu d’un village bolivien. Je doute que cela puisse correspondre à la réalité. On observera également que le service de soins de Cuba est magnifié. Bref, à bas le capitalisme sauvage et le pays phare qui véhicule ces valeurs ! Bon, très peu pour moi; cependant je respecte cette vision des choses.
Il y a bien entendu une autre réalité derrière la gueule d'ange et le beret étoilé. Ceux qui l'ont connu aux premières heures de sa fulgurante carrière portent, en tout cas, un autre regard sur le «guérillero romantique». Anciens compagnons d'armes ou victimes, ils brossent le portrait d'un être froid, brutal et autoritaire. Et aux mains tachées du sang de nombreux innocents. Bref, vous me verrez jamais porté son T-shirt !
On va se concentrer sur le destin de l’homme qui a abattu le combattant communiste. On évitera les clichés en le présentant comme l’idiot du village qui va devenir paranoïaque. L’auteur s’est servi d’une anecdote assez révélatrice de celui qui a combattu le système cubain pour ensuite bénéficier de ses bienfaits. Il reconnaît néanmoins que l’information est invérifiable. Bon, ce n’est qu’une hypothèse qui a fait l’objet d’une bd.
Au final, c'est sans doute l'un des titres les plus réussis de cette saga consacrée à l'homme de l'année. J'ai surtout aimé le fait que les auteurs s'attache à l'humain et non au mythe. L'angle était inattendu ce qui rend cet album très intéressant.
Harpignies était un célèbre peintre du XIXème siècle connu pour ses représentations de la nature. Il aimait peindre les arbres et les paysages. Son nom est tombé dans l’oubli car il y a eu une succession de vagues et de courants plus modernistes qui ont entériné cette manière de peindre. Pour autant, il a connu le succès de son vivant en étant de multiples fois décoré par la IIIème République. C’est tout l’itinéraire d’un artiste oublié !
Son descendant est un jeune adulte qui se trouve être l’un des deux auteurs. Sa famille a dû vendre aux enchères l’un des derniers tableaux qu’elle possédait pour des raisons de moyens. A partir de ce fait, les auteurs ont élaboré une histoire qui n’a plus rien d’autobiographique à moins que. Il s’agissait de faire le lien entre deux êtres qu’une centaine d’années séparent et qui ont pour goût commun à la fois la musique et la peinture.
J’ai bien aimé l’originalité de ce récit fantasmé qui nous fait alors sortir de l’ombre un honnête peintre. Son successeur ne sera pas si honnête que cela s’il n’était pas tombé sous le charme venimeux d’une belle jeune femme aux accents vénaux pour devenir un vulgaire faussaire. Outre ce faux pas, ce couple va pouvoir s’en sortir grâce à la créativité musicale.
Le trait du dessin m’a littéralement séduit malgré son classicisme style Hergé. C’est assez bizarre moi qui suis un adorateur du trait réaliste. On arrive à ressentir les émotions des personnages. Il y a comme quelque chose d’assez sensuel. Bref, on est tout de suite captivé par une histoire vivante et sensible sur le croisement de deux destins.
J’ai lu ce récit de science-fiction sans a priori malgré une couverture peu engageante. Je dois bien avouer que cela m’a bien plu. L’auteure est pourtant une novice en la matière. J’ai envie de lui dire qu’elle a franchement réussi son pari tant au niveau de la forme que sur le fond : en un mot « bravo ! ». Voici une histoire originale qui m’a littéralement séduit.
L’avenir de la planète est plutôt bien pensé car il est clair que l’accroissement de la population mêlée à l’épuisement des ressources naturelles et l’impossibilité de rejoindre d’autres planètes beaucoup trop éloignées vont conduire à une situation catastrophique.
Paradoxalement, alors que les plantes et les animaux ont disparu de la surface de la planète, l’Amazonie a été préservée grâce à un accident nucléaire. C’est dans ce contexte qu’on va se plonger dans ce récit passionnant. 124 pages de pur bonheur dans un monde post-apocalyptique d’un genre nouveau.
Je n’ai qu’un seul souhait : retrouver les aventures de cette femme mi-sauvage. J’espère qu’un jour une suite sera envisagée. C’est un excellent divertissement mais qui appelle également à une réflexion écologique sur l’avenir de la planète. Bref, une belle découverte !
Il est vrai que le dessin de ce manga est magnifique. Les personnages sont saisissants de réalisme notamment dans leur expression. C’est un style graphique que j’affectionne dans le manga. Cela élève tout de suite le niveau. La lecture devient un plaisir.
Sur le fond, ces trois nouvelles connaîtront un dénouement à chaque fois tragique bien que les thèmes retenus seront toujours positifs. Il est question surtout de la rivalité entre le Japon et les USA et même de la guerre entre ces deux nations que tout va opposer. Cela nous donnera un point de vue assez intéressant pour reconnaître que les jaunes n’étaient pas tous des pourris dans l’âme. Il y a même une humanité qui est saisissante même si parfois, on ne comprend pas leurs choix. Dans la même situation, j’ai eu l’impression que j’aurais agi différemment. Mais bon. Le destin peut briser des personnes à tout jamais.
Au final, une œuvre terrible et émouvante pour découvrir l’histoire mouvementée de l’Empire du soleil levant.
Après les Elfes décliné en plusieurs volumes indépendants, l'éditeur Soleil réitère avec Oracle qui va nous conter 5 récits mythologiques dans l'univers de la Grèce antique. On commence très fort par la pythie pour une histoire aux multiples rebondissements. Le dessin est soigné ainsi que l'écriture du scénario. C'est du haut de gamme.
Olivier Peru est un scénariste au sommet de son art. Il maîtrise parfaitement toutes les ficelles qui nous font passer un agréable moment de lecture. Je dois bien avouer que j'ai été bluffé et cela me plaît. Manipulations et duperies seront les maîtres-mots de dieux voulant en découdre avec les êtres humains afin de mieux asseoir leur pouvoir. Tout cela va se terminer en tragédie grecque et nous le savons...
Côté graphique, on est également beaucoup gâté car c'est époustouflant de beauté. L'éditeur Soleil a franchement augmenté la qualité au cours de ces dernières années. Force est de le constater. La présentation est parfaite. Rien à redire.
Bref, nous avons là une histoire captivante pour une série qui débute sur les chapeaux de roues. Le futur n'est-il que vengeance ?
J'ai eu l'impression de revivre un scénario proche de la série précédente de l'auteur à savoir Une nuit à Rome. On a un homme qui s'approche de la quarantaine et qui risque de foutre toute sa belle vie de famille en l'air parce qu'il trompe honteusement sa femme. Encore une fois, on nous présente un gars bien sympathique sous tout rapport comme pour mieux faire passer son immoralité. Le pire, c'est qu'on l'accepte comme si c'était normal ou moral. Bref, c'est un véritable salaud qui trahit ce qu'il a de plus cher. Le côté bobo semble être un peu gommé mais on ne trompera pas les véritables connaisseurs de la vie sociale actuelle.
J'ai tout de même été séduit par ce titre en raison d'une écriture parfaitement maîtrisée. Et puis, il y a surtout le thème de l'amitié qui a certes déjà été exploité dans L'Invitation ou encore récemment dans Une petite tentation. Les variations sont assez différentes et elles m'intéressent au plus haut point sans doute car j'ai également perdu un jour mon meilleur ami. Il est toujours question de la perte après avoir passé de bons moments ensemble fait de complicité. Il y a juste les issues qui diffèrent: perte par désintérêt, décès etc...
Malgré une critique dure et plutôt acerbe, je mets 4 étoiles. Je reconnais le talent et la maturité. Je dois bien avouer que cela m'a touché quelque part pour des raisons personnelles. Pour le reste, c'est une belle chronique sur les adultes dans la crise de la quarantaine en proie au doute. Bref, c'est mieux qu'une thérapie.
J'ai franchement bien aimé la lecture de cette nouvelle série contant les aventures d'un certain François Villon, un poète né le jour de l'assassinat de Jeanne d'Arc sur son bûcher. Il n'aura même pas vécu trente années mais c'est toute une époque qui est évoquée. On voit que l'insouciance de ce jeune garçon entraînera bien de fâcheuses conséquences. Son père a été pendu et sa mère enterrée vivante pour un vol qu'elle n'a pas commis. Et pourtant, malgré ces épreuves, il va défier avec verve le pouvoir en place et sa justice implacable.
Cette bd ne payait pas de mine au niveau du graphisme. Le langage de la vieille France pouvait me rebuter ainsi qu'une certaine vulgarité d'un langage populaire. Et pourtant, il s'est passé quelque chose d'unique qui fait qu'on apprécie. Sans doute une mise en scène bien orchestrée. J'ai passé un réel bon moment de lecture avec ce truculent poète mauvais garçon.
Pour découvrir un Verlaine avant l'heure, cette bd sera faite pour vous.
Voilà mon genre de bd: une histoire simple avec une mise en scène efficace et qui joue sur la variation des sentiments humains partant de l'amour à la haine. La vengeance n'est sans doute pas la solution lorsqu'on souffre à cause d'une personne qu'on aime et qui nous trahit. On verra que la bd peut parfois donner des idées un peu morbides. Bref, les auteurs ont su à la perfection restituer un thriller qui se tient sur le thème du couple. On espère juste qu'il y aura une suite. La fin est assez ouverte pour le permettre. Derrière le sourire d'un boucher peut se cacher bien des choses...
C'est un diptyque qui m'avait totalement échappé depuis bien des années et que je voulais découvrir. Je connais bien les oeuvres de Mangin pour les apprécier de façon générale. Certes, j'appréhendais un peu dans la mesure où ce titre constituait l'une des premières séries si on excepte Le Fléau des Dieux ou encore Le dernier Troyen. Le résultat est pourtant sans appel: j'ai littéralement adoré.
Le dessin de Griffo cadre à merveille avec ce récit sur fond de révolution française. Il s'agit d'un acte de vengeance savamment orchestré. Petit miracle va changer progressivement en passant du bien vers le mal, un peu comme dans Monsieur Noir. Le siècle des lumières va nous faire découvrir également sa face sombre à travers la terreur et sa célèbre guillotine.
Nous avons une scénariste hors pair qui maîtrise les rouages de la grande histoire pour nous livrer une interprétation personnelle plus qu'originale. C'est une véritable réussite à tous les niveaux. C'est une lecture comme je les aime avec ce côté résolument moderne qui dépoussière les bds de papa. Bref, c'est une oeuvre à en perdre la tête.
Cette histoire de découverte d'un temple maléfique en Himalaya par un archéologue est pour le moins passionnante. Nous allons de surprise en surprise puisque notre découvreur Jack Stanton est alors projeté dans un monde parallèle avec un mystérieux tatouage sur sa poitrine.
On sent l'influence de Sanctuaire sur cette oeuvre ce qui n'est pas pour me déplaire avec une ambiance oppressante et le réveil de créatures démoniaques. Par ailleurs, le dessinateur Mathieu Lauffray assure avec un dessin et un style hors du commun. Tant d'expression et de relief dans les visages! Des décors sublimes notamment celle de New-York en ruine habitée par des créatures cauchemardesques! Un si caractéristique langage graphique que nous retrouverons d'ailleurs avec bonheur dans Long John Silver. Oui, nous avons là un dessinateur hors pair! Il se débrouille d'ailleurs pas si mal en reprenant seul la direction de l'oeuvre à partir du tome 2.
Géniale idée également cette association d'être le prophète non seulement de la destruction passée mais également celui du renouveau. Dans le registre "apocalyptique", c'est ce que j'ai lu de meilleur ! Un dénouement dans le tome 4 très attendu !
Il aura fallu bien des années avant d’aboutir à la conclusion (pour rappel : 9 ans !). Je l’étais promis que j’achèterais la série qu’une fois que celle-ci soit terminée. J’ai subi trop de déconvenue ces dernières années dont celle avec la série Adamson que je n’ai toujours pas digéré d’où mon excessive prudence. J’ai par conséquent acquis les 4 volumes réédités pour l’occasion chez le nouvel éditeur Soleil. J’ai juste regretté le remplacement de certaines couvertures que j’aimais bien.
Pour le reste, j’ai apprécié ce final en relisant l’ensemble d’une seule traite. Je n’ai pas senti de rupture graphique ou bien au niveau de l’intrigue. L’auteur est décidément au sommet de sa forme à tous les points de vue. Cela reste une suite cohérente avec le reste malgré le décalage temporel. C’est de la bonne science-fiction sur le thème de la fin du monde. Il est clair que la pirouette finale ne plaira pas à tous les lecteurs sans doute à cause de sa facilité. Cependant, c’est un choix qu’il faut respecter. J’ai passé un agréable moment de lecture et c’est bien là l’essentiel.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Zidrou est typiquement l'auteur qui suscite actuellement mon intérêt. Ses scénarios sont particulièrement soignés et me parlent. Je découvre une Venise chargée d'histoire au-delà de la carte postale touristique. C'est parfois cruel mais cela demeure réaliste jusque dans les moindres détails. On sent une grande recherche historique derrière cette oeuvre.
Le destin de Marina, la fille mal-aimée du Doge, est passionnant à suivre. Il est lié à la prédiction de la disparition de la Sérénissime d'où un double récit temporel. On ne comprend pas encore tous les liens mais je sais que cela va venir.
Je découvre que cette oeuvre est mal jugée et particulièrement sous-estimé à tort. Certes, elle semble dénuée d'espoir car c'est parfois très dur. Les souffrances, les tortures, les actes de vilenies: rien ne sera épargné aux lecteurs dans cette descente aux enfers sur fond maritime. Cependant, j'ai été transporté dans la grande aventure sur fond historique entre le sultanat turque et ses relations avec la puissante cité marchande.
Les paysages de Venise sont sublimes. Au dessin , Mattéo assure incontestablement pour nous livrer un travail plus qu'honorable. Bref, l'association de ces deux auteurs fonctionnent à merveille pour notre plus grand plaisir. Marina est l'une de ses séries à découvrir...
C'est un bel hommage qui est rendu là au manager du plus grand groupe de rock de tous les temps. Les Beatles ne font pas partie de ma génération mais de celle de mes parents. Je ne connaissais pas l'histoire de Brian Epstein qui est mort très jeune (32 ans) après avoir réussi un exploit en les mettant sur la voie du succès planétaire. Le rôle des managers dans le succès d'un groupe est beaucoup plus important qu'on ne le pense. Cela passe également par le vestimentaire.
J'ai bien aimé le dessin ainsi que le découpage avec une audace de mise en scène lors de certains passages (je pense notamment à l'entrevue mémorable avec le manager d'Elvis Presley à savoir le colonel Parker). Il y aura des moments encore plus durs comme celui d'affronter l'antisémitisme ou l'homophobie. Malheureusement, les médicaments auront raison de ce visionnaire qui a certes commis quelques erreurs. Les Beatles, aussi talentueux soient-ils, ont toujours reconnu qu'ils n'auraient certainement pas été ce qu'ils furent sans Epstein. Voilà pourquoi il est qualifié comme le 5ème Beatles.
Un homme parle à son psychologue. On apprend qu’il suit une thérapie depuis une dizaine d’années sans doute liée à une dépression. Il décide de mettre fin brusquement à cette démarche ce qui ne plaît pas trop à son psy qui va perdre ainsi une source de revenus rentables. A partir de ce moment- là, on va entrer dans tout autre processus. La question est de savoir si ce patient va s’en sortir ?
L’homme en question paraît ce qu’il y a de plus normal. Cependant, il souffre de son contact avec les autres dans un monde où la rentabilité fait foi. Il expose des remarques qui font mouche. Il remarque que les conversations avec les autres ont souvent pour but de flatter leur égo ou bien pour masquer un blanc ce qui est pire encore.
On apprend que c’est un misanthrope. Il déteste le genre humain sous toutes ces formes. Il aime la solitude et évite tout contact avec autrui. Il va finir sur une île isolée du reste du monde. Va-t-il alors trouver ce qu’il recherche ?
La fin de ce récit nous dévoilera une réalité bien cruelle et qui touche bon nombres d’individus. J’avoue avoir été touché par cette bd dont la construction est d’une rare intelligence. L’auteur savait où il allait nous emmener. C’est du plus bel effet. Sur le fond, cela mérite une réflexion. Sur la forme, le dessin en carte à gratter est une merveille de précision. C’est une satire acerbe de notre société de consommation.
Cette BD est effectivement assez émouvante dans la mesure où elle montre une vieille dame qui s’occupe de son fils handicapé par un accident de la circulation. On oublie souvent les ravages causés par les accidents de la route. Fort heureusement, le nombre de morts a fortement diminué au cours de ces dernières années à coup de matraquage de sérial radars encore que le lien de causalité serait à prouver...
Le lecteur voit le quotidien sous forme de chronique de cette relation particulière entre une mère aimante et son enfant. On se pose la question de savoir ce qui se passera quand la vieille dame ne sera bientôt plus là. Il faut dire que la sœur ne veut pas s’en encombrer et on peut aisément la comprendre malgré une certaine forme d’égoïsme caractérisant notre société occidentale. On laisse souvent sur le bord de la route les plus démunis en fustigeant le fait qu’on n’est pas responsable de toute la misère du monde. Oui, mais la famille ?
Bref, cette BD pousse à la réflexion. Elle est absolument bien traitée, bien dosée sans tomber dans un excès de sentimentalisme qui aurait jeté l’opprobre dessus. Les auteurs ont su viser juste. Les 4 étoiles sont amplement méritées.
Zidrou est l'auteur qui m'intrigue le plus en ce moment. Je viens de lire Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait... et cela m'a intrigué au point de vouloir en savoir plus. Je m'aperçois que dans l'ensemble, j'aime plutôt la plupart de ses oeuvres.
Avec "Tueurs de mamans", nous somme plus proches d'un univers graphique de Seuls. Ce thriller adolescent est plutôt réussi. Nous avons quatre pimbêches qui rêvent de réprimander leurs mères qui ne jouent que leurs rôles. C'est vrai qu'en tant que parent, on aura une autre lecture des événements. Cela pourra paraître choquant par moment.
J’ai été littéralement happé par ma lecture de ces deux premiers tomes formant un diptyque. On attend la suite avec impatience. Les parents que nous sommes ne verront plus leurs filles de la même façon. Heureusement que je n'ai eu que des garçons !
Zidrou a le don d'émouvoir de par ses histoires réellement touchantes. Celle-ci est triste mais il y a toujours l'espoir derrière ces drames qui touchent une belle jeune femme. Les secrets de famille peuvent être parfois terribles. En l'espèce, c'est un deuil ayant touché une famille avant la naissance d'une petite fille.
J'aime l'aspect moderne de ces récits profondément adultes et qui tournent la page sur la naïveté des récits d'antan. Ce one-shot m'a littéralement bouleversé notamment à la fin où on ne peut retenir ses larmes. Quand une bd arrive à m'émouvoir, c'est qu'elle a atteint son but. Bref, voilà un auteur qui se démarque depuis quelques années et qui arrive à produire des oeuvres d'une rare maturité.
La ligne droite est une ligne qui nous est imposé par les codes de la société moralisatrice ainsi que par la religion. Il ne faut pas s’écarter du droit chemin ou sinon gare. En l’occurrence, un jeune adolescent un peu rebelle car totalement embrigadé par une mère l’ayant enfermé dans une prison catho se découvre et passe de l’autre bord avec un camarade de classe. Il est question également des apparences et du regard que portent les gens. Notre jeune adolescent va découvrir que la société n’est pas très franche et qu’elle impose des choix à ceux qui se soumettent. La fin est assez emblématique de cette hypocrisie qui finira par le consumer totalement jusqu’à l’immersion.
Je ne connaissais pas ses deux auteurs mari et femme. Ils nous délivrent un one-shot bouleversant et brutal dans un format à l’italienne et avec une ligne de dessin plutôt classique. La modernité ne sera pas dans la forme mais dans le propos et dans le message délivré. J’avoue avoir été décontenancé par ce graphisme rigide et figé. Cependant, par la suite, j’ai littéralement été happé par l’intelligence du récit ainsi que la façon d’aborder une thématique plutôt difficile. C’est sombre mais c’est réaliste. Une bd qui invite également à la réflexion notamment des plus jeunes. En tout cas, une belle réussite.
Victor Hugo, c’est un poète romantique baignant dès l’aube dans ses contemplations. C’est également l’un des plus grands écrivains de la littérature classique avec ses misérables. Cependant, c’est également un homme politique qui s’est opposé à Napoléon le petit, ce qui l’a conduit à l’exil dans l’île anglo-normande de Jersey.
Ce récit va se concentrer sur cette période 1852-1853 où nous découvrons un père encore meurtri par l’accident tragique qui a couté la vie à sa fille âgée de 19 ans seulement et ce 10 ans auparavant. Après une séance de spiritisme, il va devoir retourner sur le continent pour enquêter et connaître enfin la vérité sur cet accident fluvial. Cela sera à ses risques et périls avec un Vidocq à ses trousses qui est à la solde de l’usurpateur. Hugo va être amené dans la capitale façonnée par Haussmann où il va faire la connaissance d’un certain Gavroche et d’autres gens peu fréquentables.
L’auteur a réussi un pari audacieux. Il a réussi à bâtir une fiction à partir d’éléments réels et qui donne un aspect méconnu de l’histoire personnelle de cet écrivain de génie. En effet, à travers cette expérience, il trouvera une grande source d’inspiration pour ses futures œuvres qui vont marquer à tout jamais la littérature au point d’être encore aujourd’hui enseignées. Nous découvrirons également l'histoire de John Charles Tapner, dont s'inspirera Victor Hugo pour son pamphlet « le dernier jour d'un condamné à mort ». Ce fervent abolitionniste n’obtiendra satisfaction qu’en 1981 sur cette question sociétale.
J’ai également beaucoup aimé le dossier présentant la documentation à la fin, ce qui apporte une caution supplémentaire sur ce travail bien réalisé. Le format est un peu plus grand qu’à l’accoutumée, ce qui met en valeur de magnifiques planches. Les Editions Maghen sont passées maîtres dans l’art de bien présenter les bds qu’elles diffusent.
Bref, une belle énigme judiciaire qui se règle sur fond de diplomatie avec une dose de paranormal. Un bon dosage qui nous fera passer un excellent moment de lecture. Un hommage pour une fois intéressant car vu sous un angle plutôt original.
Je l'avoue. Je ne connais pas vraiment bien l'univers de Stephan Wul. Lorsque j'étais plus jeune, je lisais surtout la collection "Les conquérants de l'impossible" de Philippe Ebly dans la collection bibliothèque verte. C'était également un univers de science-fiction d'anticipation, sans doute dans un autre genre. Bon, j'ai tout de même vu la planète sauvage en dessin animé.
C'est donc avec un grand plaisir que j'ai suivi le récit de cet enfant noir qui tente de survivre dans une tribu tout à fait hostile. On découvre un monde apocalyptique plusieurs siècles après une catastrophe écologique. Il est dommage que l'ouverture ne soit pas située dans le temps pour se donner un repère. On se demande quelles sont les créatures sous-marines appelées "nos amis" qui doivent s'occuper des déchets nucléaires. Et qu'est-ce qu'a pu faire notre espèce pour courir à sa perte ? Bref, autant de questions qui se posent au lecteur.
Vatine a un incontestable savoir-faire pour la mise en image de ce roman. C'est une très bonne adaptation avec une maîtrise également narrative. Cela donne réellement envie de connaître la suite. Et puis, dès que j'aurais l'occasion, je lirai également Oms en série.
Le second tome nous entraîne justement dans cette ville de Niourk, plus communément connue sous le nom de New-York. On devine à la vue des bâtiments en ruine qu'un cataclysme d'une grande ampleur a balayé la planète il y a de cela plusieurs siècles. Les hommes payent très cher le lourd tribu laissé par leurs aînés. Les décors post-apocalyptiques sont tout bonnement magnifiques. On perçoit une évolution en passant de décors préhistorique vers celui de vestige de notre civilisation.
Bref, l'histoire est toujours aussi prenante. Nous avons un Vatine au meilleur de sa forme. C'est du bon ouvrage avec un rythme toujours aussi soutenu. On suivra avec plaisir cette aventure d'anticipation sur fond écologiste.
Après Sept jours pour une éternité..., Marc Levy nous livre en bd une histoire plus intime puisqu'elle concerne le passé de son propre père qui a fait partie de la 35ème brigade à savoir des résistants pour la plupart étrangers afin de libérer la France de l'occupant nazi. Oui, on est tous l'étranger de quelqu'un. Et pourtant...
Marc Levy (auteur francophone le plus vendu au monde) adapte son 7ème roman paru en 2007 de manière assez poignante. On apprend ainsi que son père encore enfant a été un résistant de la première heure et qu'il n'a pas hésité à prendre les armes. La cause s'est révélée juste malgré le fait qu'ils étaient surnommés des terroristes dans un état militairement occupé.
Les auteurs nous présentent un portrait de la France de cette époque et de la résistance loin des clichés manichéens. Tous les Allemands n'étaient pas des monstres et parmi les français, il y en a eu des lâches et des crapuleux qui ont pourtant été décorés ou promus à la fin de la guerre (notamment le personnel de l'administration pénitentiaire).
C'est un bel hommage qui est rendu par les auteurs pour montrer que des gens se sont battus et ont été tués afin que nous puissions aujourd'hui exprimer des idées dans un monde libre. Bientôt et on espère le plus tard possible mais inévitablement, on connaîtra encore de sombres périodes où la liberté sera mise à mal. Aurons-nous alors le courage ainsi que le comportement exemplaire de ces jeunes résistants ? A méditer.
En tout cas, cette bd est prenante et se lit facilement. Le talent des auteurs est manifeste. Certes, le sujet a maintes fois été évoqué notamment sur le format de la bande dessinée. Cependant, en l'occurrence, cela tient le lecteur en haleine jusqu'à la toute dernière page.
J'ai beaucoup aimé ce passage narratif: "C’est l’histoire d’un curé qui sacrifie ses tickets de rationnement, se prive pour sauver un arabe, d’un arabe qui sauve un juif en lui donnant une raison d’espérer, d’un juif qui tient l’arabe entre ses bras tandis qu’il va mourir. C’est l’histoire du monde des hommes avec des moments de merveilles insoupçonnées". Que dire de plus après cela ?
Il a fallu attendre 5 ans pour voir la suite de ce projet titanesque alors que le premier tome a été un succès global. J'ai à nouveau pris plaisir à découvrir le début de l'histoire de l'humanité.
Il y a une succession d'images impressionnantes sur 347 pages. L'incursion d'images qui emmène le lecteur à d'autres niveaux comme des ascenseurs m'a paru trop prolifique. C'était un clin d'oeil dans le premier volume mais c'est devenu la marque de fabrique dans le second.
L'effet est qu'on a du mal à suivre l'histoire de ces premiers humains. Par ailleurs, la disparition de l'homme de Néandertal n'est pas vraiment trop expliqué. Bon, il faut dire que l'auteur a voulu soigneusement éviter tout débat entre les différents points de vue des scientifiques et des historiens.
Il y a encore une part trop importante par rapport aux images religieuses. On sent que la naissance du Christ va faire l'objet d'un grand chapitre car cela a marqué l'histoire des hommes sur la planète. Cependant, ce faisant, il y aura alors un parti pris pour une religion plutôt qu'une autre.
En tout cas, c'est une belle odyssée sur les grandes civilisations humaines très bien mise en image.
Quand on voit l'épaisseur de cette bande dessinée, on prend un peu peur en se disant que cela a l'aspect d'un livre encyclopédique ou pire encore d'un manuel scolaire de physique ou de biologie !!! Je comprends alors la terreur qui peut s'emparer d'un éventuel lecteur. Les critiques étant dithyrambiques, on n'hésite pas à l'emprunter pour voir si celles-ci sont pleinement justifiées. C'est sans doute mon côté voyeur...
Le début est certes un peu hard pour le commun des mortels n'ayant pas quelques notions de chimie ou de physique quantique. Cela devient de plus en plus intéressant au fur et à mesure quand il n'est plus question de quarkz, de protons et de neutrons. C'est vrai que l'imagerie est complétée par des clins d'oeil amusant envoyant à l'ère moderne. On voit que l'auteur a voulu éviter un ensemble purement scientifique.
J'admets que la réussite de cet ouvrage est totale. L'auteur a le grand mérite d'avoir traité l'origine de l'univers, l'origine de la terre et son évolution ce qui ne devait pas être facile. On s'aperçoit que tout n'est que lutte entre espèces suivie de catastrophes planétaires. La vie a eu beaucoup de mal à s'imposer. C'est presque un miracle qui ne pourra peut-être jamais se produire nulle part ailleurs dans l'univers : d'ailleurs, j'en suis intimement persuadé même si ce n'est pas l'avis de la majorité.
Par ailleurs, je préfère nettement ce livre qui explique la naissance de la vie sur terre à La Bible en bd que j'ai lue la semaine dernière. Je ne sais pas pourquoi. ;) Que dire de plus ? Oui, cet ouvrage devrait incontestablement figurer dans les immanquables.
C'est clairement le genre de bd et d'histoire initiatique que j'aime bien. Il ne sera pas directement question du tsunami mais d'un jeune homme de 24 ans qui recherche sa soeur disparue en Indonésie neuf ans plus tôt alors qu'elle aidait les victimes de la catastrophe.
J'ai repéré des planches magnifiques avec des décors superbes. Beau dessin et couleur superbe décrivent une nature luxuriante mais parfois imprévisible. On voit d'ailleurs encore les stigmates de ce terrible drame qui a coûté la vie à tant d'êtres humains.
Les auteurs ont évité la sensiblerie et tout misérabilisme ainsi que tous les clichés du genre. Je m'attendais à autre chose et j'ai plutôt été agréablement surpris par le sens de cette histoire plutôt captivante. L'incursion du fantastique sans crier gare ne m'a pas paru incongrue. C'est un récit plutôt riche. En conclusion, un très beau one-shot qui mérite votre attention.
Motherfucker est le prolongement de la lutte du peuple noir pour ses droits civiques et ses libertés dans les années 60. C'est un thème que j'aime beaucoup et qui était déjà exploité dans le film Le Majordome. Le mouvement des Blacks Panthers est présenté sous son meilleur jour. On sait que la réalité était un peu plus complexe. Qu'importe car le message contre la ségrégation raciale semble être passé.
J'avoue ne pas comprendre l'absence de négociation pacifique. C'est ce qui entraîne les troubles ou les guerres à travers le monde. Les populations quelles que soient leurs origines ne devraient jamais subir exclusion et racisme. Le peuple noir a beaucoup souffert. Ce diptyque rend hommage à ce combat juste. Obama n'a pas été élu pour rien.
J'ai véritablement accroché à Saint-Kilda au point de faire également des recherches sur cette île mystérieuse au large de l'Ecosse dont les habitants vivaient totalement coupés du monde. Bref, une telle communauté pouvait exister à 64 kilomètres des côtes : pas besoin de se retrouver au milieu de l'Océan Pacifique. Cette insularité est principalement due aux difficultés d'abordage avec les falaises les plus hautes du Royaume-Uni.
La bd retranscrit très bien le mode de vie autarcique de ses habitants qui n'étaient pas à l'abri de la main-mise de l'Eglise. Là où il ya des brebis égarées, il y a toujours un sermoneur qui joue au gardien. Cependant, entre les croyances et les superstitions, un jeune docteur en biologie va devoir évoluer sur cette île où il ne pousse aucun arbre.
On devine le combat entre la religion et la science au travers de cet étudiant partisan des théories de Darwin. C'est également un affrontement entre le père industriel conformiste et le fils naturaliste aux idées nouvelles et révolutionnaires. La rencontre avec les autochtones vivant dans une ignorance totale du monde extérieur va tout changer...
On attend le second tome avec impatience d'autant que la fin entretient un grand suspense. Saint Kilda est une véritable bonne surprise avec un scénario bien ficelé et des dessins qui mettent en valeur cette île écossaise atypique.
Malgré un scénario plutôt convenu, ce second tome va clore cette belle histoire. J'ai trouvé le soi-disant pasteur Jacob beaucoup trop caricatural dans un thème où la religion asservit les pauvres gens d'esprit qui sont isolés du reste du monde. Ainsi, la civilisation réussira t'elle à pervertir les âmes de ces kildiens ?
Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé l'utilisation de la couleur direct qui donne une ambiance assez particulière à cette île inhospitalière au climat humide et venteux. J'ai remarqué que la topologie des lieux ainsi que les maisons sont parfaitement respectés. Il y a eu un très gros travail de recherche de la part de l'auteur qui a réussi le pari.
Le scénario de Valentine Pitié est hautement improbable et un peu maladroit. On commence avec un prologue se situant dans un petit hameau du Val de Marne où ont lieu les premiers essais de ce qui allait devenir un avion. Cette scène met en scène deux frères dont l'un plutôt casse-cou.
Puis, direction brutale le grand Nord à savoir le Yukon où une espèce d'Oncle Picsou souhaite retrouver la saveur de ce qui a fait sa fortune dans une mine du Klondyke. Pour cela, il n'y a rien de mieux qu'emmener une famille de bourgeoise c'est à dire la mère et la fille, la fameuse Valentine Pitié. Quelle idée dans ces contrées où il fait aisément - 40 degrés Celcius !
Il n'y aura plus de suite à ce prologue dans le Val de Marne si bien qu'on se demande où est le lien bien qu'on sache pertinemment qu'il se fera plus tard. Ce prologue apparaît inutile dans ce contexte. Les parents de Valentine Pitié sont quant à eux bêtement tués alors qu'on avait à peine fait connaissance et qu'ils s'avéraient plutôt intéressants. Il va s'en suivre une histoire classique entre la belle et un gentil Inuit qui lui fait découvrir toute la culture de ce peuple arctique. La fin de ce premier chapitre sera néanmoins assez surprenante.
La partie la plus intéressante se situe vraissemblablement dans les échanges entre notre héroïne et ce chasseur Inuit ayant plusieurs épouses à son actif. La rudesse de cette vie est ponctuée par les chasses et les "rires" qui sont d'un genre plutôt particulier. A ne pas mettre dans les mains des enfants malgré un dessin enfantin ! L'ensemble est plutôt pas mal. On suivra cette aventure avec un certain intérêt !
J’avais bien aimé le premier volume sur le monde des Inuits. Le second nous entraîne dans celui des premiers aviateurs. C’est presque irréel de passer du Yukon à celui de la vie bourgeoise parisienne. Ce passage à la civilisation était pourtant déjà introduit au prologue du premier tome. Notre héroïne va encore vivre des malheurs qui paraissent tous improbables. On va avoir droit à une réponse à la fin et celle-ci sera fort surprenante. Tout est sucré presque naïf mais en réalité c’est bien noir. On éprouve effectivement de la pitié pour cette Valentine.
Au final, c’est une aventure romanesque plutôt bouleversante sur fond d’émancipation de la femme au début du XXème siècle. Je rehausse la note à 4 étoiles car du dessin au scénario, c’est plus que satisfaisant. Le destin pour le meilleur et pour le pire.
Au cours d’une interview accordée à Bernard Pivot dans un numéro d’Apostrophes daté de 1974, on avait demandé à Hergé quel était son album de Tintin préféré. Il a répondu : « Tintin au Tibet, simplement, c’est une histoire d’amou… d’amitié ». Voilà un lapsus bien révélateur qui a conduit notre auteur Laurent Colonnier à raconter la relation particulière entre Hergé et Tchang. C’est la thèse développée dans cette œuvre polémique.
Quand j’ai commencé ma lecture, je ne savais pas où je mettais les pieds. Je voyais un personnage qui ressemblait à la Castafiore dans le Bruxelles de 1934, puis un grand professeur à la tête de Tournesol. J’ai compris au fil de ma lecture que le fameux Georges était le célèbre Hergé. Tintin a été la grande bande dessinée qui a marqué toute mon enfance. Je la préférais aux Astérix, c’est dire ! Bon, avec cette biographie, inutile de dire que je tombe un peu de haut. Pourtant, plus rien ne devrait m'étonner.
On ne sait pas si c’est vrai ou si c’est faux mais qu’importe ! Pour autant, on découvre chaque jour que des gens célèbres ont vécu toutes sortes d’expériences. Je pense à Alexandre le Grand, James Dean ou encore récemment J. Edgar Hoover. Plus près de nous : le chanteur Mika. Bref, j’ai l’impression que c’est un phénomène de mode. Il n’y a plus de honte à le cacher.
Finalement, j’ai bien aimé ce biopic avec ce parfum un peu scandaleux car on connaissait tous la droiture d’Hergé. Comme quoi. Bon, il ne faut pas exagérer car il n’y aura aucune scène osée. C’est une œuvre bien singulière qui semble crédible à tout égard. J’ai surtout retenu l’inspiration qu’a eue Hergé au fil des gens croisés. Plus encore, c’est le but de cette rencontre organisée par un abbé qui s’inquiétait de voir Hergé truffer sa prochaine aventure, déjà annoncée, de clichés rétrogrades et colonialistes sur la Chine. Pour souligner l'importance de cette rencontre, Hergé crée dans Le Lotus Bleu un nouveau personnage, Tchang, auquel il donne le nom de son ami, ce qu'il n'avait jamais fait et ne refera jamais.
On verra Tintin pleurer au départ de Tchang tout comme à la fin de cette BD comme pour souligner la correspondance entre les deux œuvres. Dans la vraie vie, les retrouvailles n’eurent lieu qu’en 1981 peu de temps avant la mort d’Hergé. Ce dernier est cependant déçu car il retrouve un septuagénaire fatigué et bougon ne parlant plus très bien le français en lieu et place d’un jeune étudiant chinois de talent qui l’avait fortement influencé pour la suite de son œuvre.
A noter que presque tous les éditeurs ont refusé de publier cet album. Certains se sont offusqués de s’attaquer aussi impunément à un mythe commercialement vendeur. Je trouve la démarche de l’auteur assez courageuse quand d’autres n'y verront que de la calomnie. Tintin est-il asexué ? Les femmes n’ont pas leur place dans l’œuvre disait Hergé. Certes. Cependant, on comprend mieux pourquoi. Ce n’est nullement un jugement de valeur mais juste une manière de comprendre certaines choses qui paraissaient bizarres car non dites.
Au final, une BD qui contrairement à ce qu’on pourrait penser rend un bel hommage à Hergé.
Les planches de dessins sont absolument magnifiques. Les décors et les personnages sont bien dessinés. Il y a une grande richesse dans les traits et les couleurs ocre et bleutés. Chaque planche est digne d’un vrai tableau de maître tourmenté et coloré.
L’ambiance dégagée est très singulière. On est très vite captivé malgré la complexité du scénario et du héros central de cette histoire, médecin de profession. L’histoire est pleine d’intelligence, de fantastique et de mystère. C’est au lecteur de reconstituer le puzzle. Parfois, c’est déroutant.
Cependant, le plaisir de cette BD reste intact telle une ballade instructive et argumentée dans les méandres de l'inspiration et de l'imaginaire. Il y a un véritable style de narration directement inspiré par la littérature et notamment par les œuvres d’Edgar Poe entre folie et magie.
Huit albums sont prévus pour raconter la vie d'Algernon Woodcock, un drôle de petit bonhomme avec un énorme chapeau qui abandonne progressivement son éducation cartésienne pour se plonger dans le monde de l’étrange. Nous le suivrons avec plaisir !
Néanmoins, arrivé au 6ème album, cela semble bloquer alors que la qualité était irréprochable. Le 7ème album ne verra probablement pas le jour ce qui est handicapant pour terminer l'intrigue commencée dans le volet précédent. Il s'agirait cette fois-ci d'une mésentente entre les auteurs. Il m'arrive de plus en plus de penser qu'il faudrait acheter les séries totalement terminées pour éviter ce type de désagrément. Entre les affres de la création, le niveau des ventes et les rapports avec les maisons d'édition, cela devient un parcours du combattant. On ne peut que regretter car c'est bien le lecteur acheteur qui en payera le prix.
Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4/5
Ce titre faisait partie de la sélection 2014 des bd que je devais lire dans le cadre de leur notation pour le prix de l'association des comités d'entreprise de ma région. la bibliothécaire m'a prévenu que la plupart des bd n'étaient guère joyeuses. J'ai compris que je ne devais surtout pas être dépressif avant d'entamer la lecture.
Melvile est une histoire bien triste qui est arrivée à un homme qui a trompé son épouse enceinte de leur premier enfant. On voit ce qui arrive à ceux qui bafouent la fidélité érigée en valeur absolue d'une société américaine bien puritaine. J'ai surtout apprécié l'ambiance de cette ville perdue dans une immense forêt.
Bon, le coup de l'écrivain en panne d'inspiration, je connais et j'ai heureusement passé outre. Pour le reste, on ne lâche pas une seconde ce récit prenant. Il y aura des révélations bien fracassantes qui prennent au coeur.
Par ailleurs, et pour ne rien gâcher, le graphisme est somptueux avec un décor plus que soigné. Nous avons une oeuvre mûrement réfléchie et bien réalisée par un auteur qui promet.
Cette nouvelle édition est une merveille aussi bien sur la forme que sur le fond. Il aurait été dommage que cette série débutée en 2005 soit abandonnée à son funeste sort. Le lecteur est véritablement emporté par cette histoire où la psychologie joue le rôle maîtresse. Notre héros est un psycho-investigateur qui aide la police comme le fait le célèbre mentaliste sur la première chaîne.
La réussite est surtout scénaristique car toutes ces enquêtes ont un fil conducteur. Certes, les personnages peuvent apparaître comme stéréotypées mais on s'incline devant une telle maîtrise de l'intrigue. La couverture découpée en puzzle est magnifique. Elle symbolise l'entrée dans la conscience d'une personne disparue. Je suis époustouflé par une telle qualité. Que dire également du final qui se termine en apothéose? Bref, cette lecture dans une plongée de l'esprit vaut réellement le coup.
De toutes les œuvres littéraires que j’avais étudiées en son temps à l’Ecole, j’avais surtout retenu la nouvelle fantastique de Guy de Maupassant. Le Horla, c’est d’abord un journal intime d’un homme qui va rapporter ses peurs et ses angoisses face à un mal qui le ronge de l’intérieur. On pouvait percevoir plusieurs lectures possibles : la maladie ? la folie ? ou bien une possession démoniaque ? Il est vrai que le Horla est représenté par un être invisible, ce qui laisse libre cours à l’interprétation.
Pourtant, notre auteur Guillaume Sorel a choisi la voie de l'irrationnel à savoir celle de l’esprit dans sa cohabitation avec un être surnaturel. On observera également une grande part laissée à son animal favori : le chat qui joue déjà un grand rôle dans sa série Algernon Woodcock ou plus récemment dans Hotel Particulier. Ce félin n’a-t-il pas la réputation de ressentir les choses avant les hommes ? Il a senti la présence du Horla bien avant son maître et a pu par conséquent se mettre à l’abri en fuyant.
J’ai bien aimé cette adaptation en bande dessinée de ce que je considère comme le chef d’œuvre de Maupassant car ce titre allait préfigurer le genre de la science-fiction et du fantastique. On va éprouver toute la solitude du personnage principal, on va suivre ses angoisses jusqu’à son basculement dans une espèce de folie qui le ravage de l’intérieur. De la quiétude, on va passer à l’inquiétude. Du raisonnement logique, on va sombrer dans l’ésotérisme.
Que dire de cette bd ? Le dessin est tout d’abord une pure merveille. L’auteur est parvenu au sommet de son art. C’est franchement de belles planches à admirer. Je me souviens notamment de l’arrivée royale de ce navire brésilien dans la rade normande. J’ai été littéralement subjugué par le trait ainsi que par les couleurs harmonieuses. La lecture me fut très agréable.
Cette réflexion sur l’irrationnel peut sans doute nous amener à une réponse qui ne sera sans doute pas parfaite. Au-delà de toute pensée torturée, c’est l’œuvre qui nous emporte avec cette atmosphère qui s’alourdit et cette tension croissante jusqu’au final effroyable. On n’oubliera pas de sitôt cette adaptation réussie.
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4.25/5
Je vais relever un peu la note de cette oeuvre qui vient de remporter un prix (celui du public) lors du festival d'Angoulême 2014. Autant Come Prima ne m'avait guère convaincu, autant j'ai été séduit par cette oeuvre très originale tirée d'une histoire vraie.
C'est l'histoire d'un couple hors du commun lors de la Première Guerre Mondiale et les années folles qui ont suivi. La psychologie sera de mise pour une interprétation hors pair. Il est question du respect des normes et surtout de leur transgression. Sexe, amour, jalousie, passion: un cocktail vraiment explosif. Même la mise en scène via l'enchaînement des cases est singulière. Il y a également un glissement progressif de Paul. Bref, tout semble parfaitement dosé.
Pour moi, c'est cette oeuvre qui aurait dû remporter le grand prix. Il n'y a pas photo. Mais bon, ce n'est déjà pas si mal. Et puis, les planches sont simplement magnifiques. La confusion des genres et le traumatisme de la guerre portent cette bd à un très haut niveau. En tout cas, c'est d'une rare intelligence.
J'ai passé un agréable moment de lecture dans ce que je croyais être une bd typiquement humoristique. Il faut dire que la couverture ainsi que le personnage de Tarzan prêtent plutôt à sourire. Et pourtant, cela va plus loin et tout en subtilité.
Nous allons avoir droit à une évocation de la vie de l'acteur Johnny Weissmuller qui a donné naissance au mythe mais avec un mélange des genres entre réalité et fiction. C'est assez bien orchestré avec de bonnes trouvailles. Le dessin est impeccable. On en redemande pour la suite qui clôturera ce diptyque.
En conclusion, une biographie imaginaire qui a du punch, de l'humour mais également de l'émotion.
Jade nous conte le parcours d'un occidental dans le Tibet lors de l'invasion chinoise en 1959. L'action démarre très fort, un peu comme si on avait loupé le début d'un film. On ne saura rien sur la relation entre Harry et Pema, comment ils se sont rencontrés etc...
Il y a un peu un côté Indiana Jones mais sans le côté fantastique. Par contre, Harry n'est pas un sentimental avec les armes car il n'hésite pas à tuer de sang froid. On est finalement très vite happé par cette bd grâce à son découpage plutôt dynamique.
J'ai bien aimé cette exploration de la culture tibétaine. Il y aura également une grosse part au fantasme des occidentaux de voir de la magie à ce qui est loin et qu'ils ne connaissent pas. Jade sera tout un symbole.
A noter également un dossier de notes de 8 pages de l'auteur en fin de volume qui sera très intéressant pour nous exposer le problème des relations entre la Chine et le Tibet. Dommage que le format d'édition soit si petit car ce n'est pas judicieux ainsi qu'une bonne mise en valeur.
C'est un bon one-shot à découvrir. Le dynamisme du jeune auteur (24 ans) nous emporte vers l'aventure. J'ai franchement senti de grandes potentialités et donc un grand talent. Jade est l'une de ses premières bd et c'est déjà impressionnant de maturité. Il a été lauréat jeune talent en 2008 à Angoulême. J'espère qu'il percera.
C'est un thriller ado qui commence à la manière de Death Note avec des règles bien précises qui entraînent la mort de ceux qui ne les respectent pas. L'introduction est plutôt moyenne et peu avenante mais plus le récit avance, plus la tension monte et on est finalement en plein dedans.
En effet, à la fin de chaque tome, on n'a qu'une envie: connaître la suite avec impatience. C'est vrai que la technique n'est pas nouvelle pour susciter le suspense. Cependant, l'efficacité sera de mise car tout est conçu pour tenir le lecteur en haleine. Bref, le pari est réussi à ce niveau.
Par ailleurs, et pour ne rien gâcher, le trait paraît plutôt avenant en étant fin. Le découpage et la mise en scène sont parfaitement équilibrés. Sur la forme, c'est convenable car le dessin ne s'embarrasse pas des détails pour aller à l'essentiel. Il y a un très fort rythme de la narration.
Au niveau des incohérences du scénario, on se rend compte que les morts s'accumulent et que la police semble absente. Le monde des adultes est totalement écarté. On a l'impression de plonger dans un délire d'adolescent avec l'introduction d'une dose de fantastique.
En conclusion, on passe un agréable moment de lecture assez addictive. A qui le tour ? A noter qu'après 5 tomes, une seconde saison serait en cours en prenant les mêmes bases scénaristiques que la première.
Elle s'appelle Anna. C'est une jeune et jolie métisse né d'un père blanc et d'une mère noire qui ont disparu à sa naissance. Elle sert dans le bar de sa tante dans le quartier d'Harlem en pleine ébullition.
Nous sommes au beau milieu des années 20. C'est l'heure de la prohibition mais également celui du rythme endiablé du jazz. On s'amuse beaucoup derrière toutes les interdictions morales. Cependant, au détour d'un article de journal, de vieux souvenirs vont ressurgir. En effet, il se cache un lourd secret de famille. Quand il sera révélé, rien ne sera plus pareil.
Le scénario est certes classique mais encore une fois, Joël Callède sait le mettre en perspective. C'est du grand art et une véritable réussite. Au-delà de l'histoire, on voit le malaise d'une personne qui est le fruit de deux communautés que tout oppose dans une époque résolument raciste.
Anna va donc à la recherche de ses origines. C'est d'ailleurs couplé avec celle d'une expédition qui tente de retrouver les traces où l'homme est né. Tout va nous ramener au berceau de l'humanité c'est à dire l'Afrique. Nous avons tous la même origine...
Avec un dessin raffiné et élégant, ce premier tome introductif met en place une aventure passionnante et romantique que l'on suivra avec plaisir.
Le second tome nous entraîne sur la terre africaine après un voyage en paquebot de luxe. On découvre de belles images de la savane africaine qui ressemble à des clichés de cartes postales. Les couleurs sont chaudes. C’est un émerveillement pour les yeux. En même temps, le récit évolue et on assiste à des amours marqué par la passion entre rapprochement et séparation.
On voit également l’émergence d’un personnage ayant réellement existé à savoir Karen Blixen qui ressemble trait pour trait à une certaine Meryl Streep qui avait joué le rôle au cinéma pour Out of Africa. Ce film fait partie de mes préférés. J’ai d’ailleurs retrouvé dans ce second tome tout le parfum de ce film mythique.
Cependant, cela va plus loin car il est question de recherches archéologiques sur l’origine de l’humanité. Il faut dire qu’à l’époque, on situait cette origine en Asie. L’appel des origines n’est pas seulement la recherche du père mais bien de celui de la race humaine. En tout cas, j’ai apprécié cette nouvelle mise en perspective.
Au final, c'est une très belle série où l'on retrouve un souffle romantique qui fait défaut actuellement. Nous aurons d'ailleurs droit à une fin grandiose...
On va suivre la destinée d’un jeune homme de 21 ans, étudiant en beaux-art, souffrant de tuberculose dans la France de 1904. Il accepte de se faire soigner dans un établissement perdu dans les montagnes de l’Aveyron : bienvenue dans le sanatorium de Royal Aubrac ! Bon, il faut dire qu’une odeur de mort rôde dans les couloirs avec ses courants d’air frais qui glacent le sang. Cela ne sera pas une sinécure pour notre héros. A moins que…
Christophe Bec semble s’intéresser à ces hospices d’un genre particulier depuis son fameux Pandemonium où le lecteur avait littéralement basculé dans l’horreur sur fond de vérité historique. Il est clair que la tuberculose est une grave maladie dont peu en réchappent vivants car la façon de vaincre l’infection demeure un mystère pour les médecins. Or, ce récit va se différencier totalement de sa précédente œuvre car c’est plutôt intimiste et même romanesque. L’auteur a réussi à nous surprendre grâce à ce virage loin de l’horreur et du fantastique.
En effet, notre jeune homme va rencontrer l’amour en la présence d’une belle jeune fille, malade également. Il va rencontrer des gens étonnants et ce passage à Royal Aubrac va être pour lui une formidable expérience humaine. On va suivre avec beaucoup d’émotion le combat que mène ce jeune homme contre la maladie. Il faut dire que cet établissement réservé aux classes aisées avait des idées révolutionnaires concernant les traitements dont certains aboutissaient à une rémission de la maladie.
Concernant le dessin, le graphisme est plutôt d’un trait élégant avec de beaux paysages en perspective et une certaine finesse des personnages. Cette oeuvre crédible est réellement passionnante avec pour cadre une ambiance feutrée plutôt froide et blafarde. C’est un récit intense qui apporte une certaine humanité dans un lieu peu enclin à la joie. Une belle leçon de vie en somme ! Royal Aubrac va marquer les esprits.
Le second tome qui clos ce diptyque est marqué par une forte émotion avec la disparition de plusieurs personnages atteint de tuberculose qu’on avait appris à connaître. Il faut dire que notre héros baignait dans un univers pas franchement très joyeux. Pour contrebalancer ce côté sombre et pessimiste, il y aura également des moments de joie et de relâchement comme cette virée nocturne en ville.
En conclusion, c’est une œuvre sur la maladie et sur le fait que l’on doit profiter de chaque instant de vie, se concentrer sur le fait que cela pourrait être le dernier et qu’il faut le vivre pleinement. Bref, une belle leçon de vie. Pourtant, Je n’ai pas l’impression cependant que notre malheureux survivant va en profiter par la suite malgré une reconnaissance artistique tardive. Il y a beaucoup de nostalgie surtout à la fin.
Bec nous a surpris par une bd résolument humaniste loin de ces séries à action retentissante. Il y a un remarquable talent d’écriture qu’il faut reconnaître. Bravo !
J'avais déjà bien aimé Le Sourire de la babysitter. Voilà une reprise de ce même récit assez salutaire. En effet, le résultat final me plaît et m'a davantage convaincu. On ne lâche à aucun moment cette lecture assez fluide.
Il est vrai que ces deux filles sont de véritables garces dont il faudra se méfier. Cependant, j'ai bien aimé le final où l'on voit que les chemins parfois se séparent. La conclusion m'a rappelé de mauvais souvenirs avec l'amitié. Qui cesse d'être un ami ne l'a jamais été disait le proverbe. Je pense plutôt qu'il faut le voir comme l'auteur, c'est à dire comme une étape de sa vie qui nous permet d'acquérir de la maturité.
Il est vrai que cela se concentre sur le plaisir et sur le désir avec la tentation. On peut avoir une autre lecture sur le plan des relations amicales dans une compétition finalement assez malsaine. Bref, sous un aspect assez léger, il y a une profonde réflexion. La fin de ce récit ne sera pas si immorale que cela !
Candy Mountains nous entraîne aux confins de l'horreur sur une idée déjà reprise dans la bd Seuls sur un mode plus soft.
J'ai oscillé entre le 3 et le 4 étoiles mais force est de reconnaître que cette histoire originale va nous tenir en haleine. On a envie de connaître la suite de ce diptyque ayant pour cadre un service de traumatologie. Le bémol concerne des scènes d'une cruauté sans pareille où il faudra s'accrocher. Et puis, certains visages des protagonistes se ressemblent trop prêtant à la confusion.
J'ai bien aimé l'atmosphère angoissante de ce récit parfois glauque. Les ambiances sont merveilleusement retranscrites. Il y a la coexistence de deux mondes au sein de cet hôpital dans lequel travaille Alice. Un terrible drame psychologique la relie à sa fille Maya.
Pour l'instant, on ne sait rien de ce mystère qui semble être la clé entre ces deux mondes à savoir la réalité et une espèce de purgatoire où sévit un tueur boucher attiré par la peur. Bref, j'ai été plutôt séduit par ce thriller angoissant résolument adulte.
Le second tome va donner la réponse à ce phénomène mystère dans cet hôpital. Cette réponse sera difficile à entendre psychologiquement. C’est un véritable drame qui se cache derrière tout cela mais pas là où on l'attendait. On ne peut qu’être sensible à ce récit horrifique qui explore l’âme humaine. Toute la noirceur de l’être semble être enfermée. Ce diptyque a su tenir ses promesses. Là, je n'ai plus aucune hésitation concernant le 4 étoiles !
Avec Golias, on retrouve Le Tendre dans toute sa splendeur d'oeuvre digne de La Gloire d'Héra ou encore de Tirésias. Visiblement, le genre mythologie grecque lui réussit fort bien. Le scénario est impeccable dans son déroulement. On est tout de suite happé par la destinée de Golias dans ce monde antique. C'est le début d'une grande aventure épique sur fond de trahison classique du frère du roi. On a véritablement envie de connaître la suite.
Outre un récit fort bien mené, on pourra admirer un dessin parfois somptueux. J'ai bien aimé la colorisation ainsi que des personnages expressifs dans des décors magnifiques. On appréciera le moindre détail. Bref, le graphisme sera à la hauteur du scénario. Lorsqu'il y a bonne coordination des deux, cela ne peut que former une grande série à venir.
Le second tome était fort attendu. Allait-il confirmer le succès du premier chapitre ? En ce qui me concerne, c'est bien le cas. La fleur du souvenir va marquer un tournant dans la quête de notre héros pour sauver son père empoisonné par son oncle félon. Il faut dire que la soeur de Golias va jouer un grand tôle dans cette aventure sur fond de mythologie. La couverture lui est d'ailleurs consacré à juste titre. Le dessin est magistrale car il nous permet une immersion totale dans le monde de la Grèce antique. Pour le reste, on a hâte de découvrir la suite.
Il y a des bds où dès que je lis les trois premières pages, je sais d'avance que cela va me plaire. Celle-ci en fait incontestablement partie certainement grâce à son style et à son élégance qui se détache du lot des productions habituelles.
Je n'ai pas lu grand chose de Alain Ayroles mais Garulfo tout comme De Cape et de Crocs font partie de mes bds cultes. C'était déjà un très bon début ! Après, j'essaye de juger sur pièces. En l'espèce, je vois que l'auteur dans un genre différent de ce qu'il a déjà fait, arrive encore à me surprendre. Les dialogues sont de très hautes qualité et on ne s'ennuie pas. Les dessins sont de toute beauté. Les couleurs qui varient selon les scènes arrivent à nous procurer des sensations. Bref, c'est du pur bonheur !
La couverture est un peu trompeuse car elle nous montre un personnage Lord Faureston dont on croit qu'il va être le héros de ce récit ce qui ne sera pas vraiment le cas. Pourtant, j'ai encore un léger doute même à la fin de ce premier tome. J'espère que l'auteur ne tombera pas dans un manichéisme de bon aloi. On va dès lors attendre la suite et voir. Pour l'instant, c'est du tout bon.
Le second tome voit l'apparition d'un nouveau personnage Lady d'Angerès qui semble détenir la clé de cette histoire de vampires. Par conséquent, exit Lord Faureston qui faisait pourtant la couverture du premier volume. On comprend que les voyages en Afrique de notre héros aventurier Richard Drake lui ont permit de découvrir des choses qui vont au-delà de son cartésianisme. Qui est le mystérieux D ? Cela semble sauter aux yeux. Mais bon, on ne va pas bouder notre plaisir d'autant que le dessin est toujours aussi agréable à regarder.
Aâma, c'est une science-fiction un peu plus intelligente que la moyenne. Elle fait appel à un ingrédient nouveau qu'est celui du drame intimiste que vit son principal protagoniste embarqué dans une aventure qui le dépasse. On voyage dans l'espace et on fait un petit tour sur une planète mais ce qui compte, c'est l'avancée intérieure du personnage. En effet, ce dernier a perdu sa femme, sa fille et son commerce. Il n'a plus rien à attendre de la vie. Bref, un looser comme on les aime.
C'est une ambiance particulière et nouvelle qui ne colle pourtant pas avec le genre. Le résultat est étonnant de maîtrise jusque dans le découpage des planches et la cohérence du scénario. J'ai admiré également une riche palette graphique qui me fait dire que l'auteur a amélioré son trait que je n'aimais pas à ses débuts. Je ne peux que constater que cette série est une vraie réussite qui intègre tous les codes du genre avec des clins d'oeil à l'univers de Moebius, Léo ou encore Pierre Boule avec sa planète des singes. A découvrir !
Enfin un album qui sort du lot ! Au scénario, on retrouve tout le talent de Fabien Nury. Il sait composer un polar âpre et dur comme je les aime. J'avais déjà adoré le fameux Atar Gull ou le destin d'un esclave modèle né de la collaboration de ces deux auteurs. C'est une parfaite alchimie pour un résultat plus que convaincant.
Le dessin de Brüno n'est pourtant pas celui que je préfère dans la bd de manière générale mais il arrive à sublimer les personnages, à leur redonner vie. On oublie tout le reste et on se plonge dans le fin fond du Texas où règne souvent la loi du plus fort. Le cadrage à la manière cinématographique est tout simplement bluffant. Bref, c'est du plaisir à l'état pur !
Que dire de plus ? On aimerait bien retrouver Tyler Cross pour d'autres aventures mais ce one shot n'appelle pas de suites interminables. C'est unique et c'est finalement mieux comme cela!
Cornélius Shiel commence de manière assez magistrale. C'est franchement une belle entrée en matière où notre jeune écrivain va vite basculer dans le paranormal. Le récit de ce premier tome est totalement maîtrisé de bout en bout. C'est même audacieux quant au point de vue choisi et c'est ce que j'ai apprécié.
En effet, l'auteur semble démontrer que dans la lutte des forces du bien contre le mal, toutes les parties sont fautives par les exactions commises. Il va placer son héros du côté obscur c'est à dire comme le confident d'un agent du mal. Bref, il faut se préparer à être du côté de satan contre les anges de dieu. C'est quand même un peu poussif. Cependant, l'auteur trouve la manière de nous faire l'accepter et cela constitue l'originalité de cette oeuvre.
Par ailleurs, le graphisme est époustouflant ce qui ne gâche rien à la bonne idée de départ. Il y a une réelle maîtrise du dessin. Les planches et les couleurs sont de toute beauté.
Le cliffhanger final permet de relancer l'intérêt de la série qui ne va s'étaler que sur trois tomes. Cela promet d'être intéressant.
J'ai apprécié le récit de Julie Maroh sur un sujet aussi difficile. Elle a osé montrer la vie d'une icône de rock que tout le monde ou presque adule. En réalité, c'est un vrai démon d'égoïsme qui fait du mal à son entourage. On reconnaîtra sans doute le chanteur de Noir Désir dont la vie privée s'est étalée dans tous les journaux et qui n'en reste pas moins détestable. Ce n'est pas sa vie qui est décrite au risque d'un procès mais la démarche reste la même: les Tazanes se ressemblent malheureusement !
Skandalon explore le monde des scandales et va jusqu'au bout de la logique. On assiste à une véritable descente aux enfers avec cette spirale auto-destructrice. Julie Maroh avait su me captiver avec sa précédente oeuvre d'une maturité hors norme à savoir Le Bleu est une couleur chaude. La voilà qui réitère avec un peu moins de succès en ce qui concerne son graphisme. La différence est perceptible. Je pense que la technique et la couleur rouge de l'album ont favorisé un trait plus gras et moins élégant.
Au final, c'est un essai plutôt réussi sur la notion "d'interdit". On sait quelles sont les limites à ne jamais franchir.
L'auteur Xavier Coste nous avait fait découvrir Egon Schiele dont je ne connaissais pas l'oeuvre. Il s'attaque cette fois-ci au poète maudit à savoir Arthur Rimbaud. Lui aussi aura une courte vie et ne connaîtra pas la gloire alors qu'il est sans doute le plus grand poète de tous les temps. C'est sans doute le point commun de ces destins brisés.
J'ai toujours voulu en savoir un peu plus sur Rimbaud. Il sera traité les deux parties de sa vie qui s'opposent diamétralement. La Ligne de fuite évoquait déjà le Rimbaud marchand d'arme africain. Comment a-t'il pu devenir un homme en fuite c'est à dire tout ce qu'il méprisait. J'avoue avoir préféré la première partie de sa vie entre son adolescence tumultueuse et sa relation avec Paul Verlaine dans le Paris de l'après-Commune.
Le talent conduit-il nécessairement à se couper du reste du monde et de devenir un homme haïssable ? L'ambition peut être dévorante et conduire aux pires extrémités des passions. Bref, on découvre un portrait sans complaisance. On est au-delà de la vision du jeune et beau poète romantique. La fin n'en demeure que plus poignante encore. C'est un somptueux album que je vous recommande. Et dire que l'auteur n'a que 24 ans...
C’est la première fois que je vois une œuvre de Junji Ito, le maître du frisson, aussi abouti ce qui explique mon 4 étoiles. J’avais peur de me retrouver pour un recueil de différentes nouvelles dont la principale faisait la couverture. Le Mort amoureux échappe à cette règle. C’est une longue histoire en quatre chapitres qui s’acheminera vers une conclusion. On aura bien une réponse au mystère de ce mort amoureux qui sévit depuis le début. L’auteur a pris son temps pour développer son récit aussi terrifiant que captivant.
Tout part d’une croyance urbaine japonaise qui consiste à demander au premier passant venu par soirée de brouillard des prédictions de type amoureuse. Le jeu consiste à se prêter à cet oracle et d’alimenter ou pas les espoirs de jeunes gens en quête d’amour. Cependant, cela tourne mal depuis qu’un certain jeune homme en noir prédit que du négatif. Un lycéen qui revient dans sa ville d’enfance va essayer de combattre ce nouveau fléau ce qui fera resurgir des blessures psychologiques profondes.
On retrouve tous les aspects liés à l’univers de ce mangaka où le quotidien bascule soudainement. C’est une atmosphère inquiétante et oppressante où l’on croise des fantômes et autres corps en décomposition dans une ville où le brouillard tombe assez souvent. Il aime jouer sur la chair de ses personnages pour les transformer. L’histoire ne manque pas d’originalité même si la fin peut prêter à confusion quant à l’identité de ce mystérieux jeune homme. En tout cas, les différents personnages ont été bien travaillés et exploités à bon escient. L’édition est de bonne qualité. Rien à redire.
J'aime beaucoup les one-shot de Cyril Bonin notamment La Belle Image et L'Homme qui n'existait pas toujours aux Editions Futuropolis. Je dirais "et de trois!" comme un parcours sans faute.
L'auteur utilise un brin de fantastique pour broder une histoire qui tient parfaitement debout et qui nous fait réfléchir sur notre condition humaine dans une approche à la fois intimiste et sociétale.
Le thème ici exploité sera celui de l'amour. Il est dommage qu'un virus fige à jamais les amoureux alors que la haine se propage dans le monde. Tomber amoureux nuit gravement à la santé comme la cigarette peut-on lire sur la couverture. Cela intrigue d'emblée. On ne sera pas déçu par cette lecture tant le rythme est maintenu.Il y a comme toujours d'excellentes trouvailles.
La conclusion de cette histoire m'a grandement séduit au risque de rester figer. Déjà une victime à déplorer...
Je sais que je vais sans doute provoquer des sourires amusés mais j’ai franchement aimé cette histoire d’amour remplie d’émotion entre attente et parfois déboire. J’avais snobé la saga cinématographique jusqu’au 3ème volet où j’avais fini par succomber en étant certes entraîné de force par mon épouse. Du coup, on s’est bien rattrapé puisque nous avons Twilight sous tous les supports existants (CD des musiques de chaque film, DVD, livres et maintenant les mangas en guise de cadeau de Noël). En effet, c’était plutôt très mal vu d’apprécier cette saga plutôt réservée à un public adolescent romantique avec un côté très lisse et trop parfait. Cela plaît ou pas.
En tout cas, pour ma part, j’ai apprécié la profondeur des trois personnages principaux. Je vais au-delà du dénigrement systématique par ouverture d’esprit. L’auteur a su rester fidèle à l’œuvre de Stéphanie Meyer entre tendresse et fantastique. Edward Cullen est beau, très passionné et amoureux, mystérieux mais tellement dangereux. Bella est sensuelle et intelligente. Le mythe du vampire est complètement revisité. Cela m’a permis de passer un bon moment et d’échapper un peu à la morosité actuelle. Le récit est très prenant. C’est un univers particulier qui nous enivre. C’est surtout intemporel et intergénérationnel.
Par ailleurs, c’est l’un des mangas les mieux dessinés que j’ai pu lire jusqu’ici. L’édition est d’excellente qualité et le prix sera celui d’une bd européenne classique, ce qui est inhabituel et peut surprendre. Bref, un manga sublime de délicatesse et de beauté. A noter que le troisième titre ne s’intitule pas « Twilight » mais « New moon » comme pour mieux respecter le roman (chaque tome sera divisé en deux parties). Les passages en couleurs sont époustouflants. Un esthétisme réellement impeccable qui fera plaisir aux fans. C’est un peu différent du film mais c’est ce que j’ai apprécié. Il fallait donner une nouvelle touche et le pari est réussi. Je le conseille à ceux qui ont aimé la saga.
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 3.5/5 - Note Globale: 4/5
Il n'y a rien à faire: je suis fan d'une certaine catégorie de bande dessinée résolument moderne et d'une certaine manière d'amener le scénario. Bref, ici l'efficacité sera de mise car on ne lâche plus la lecture et vers la fin, on n'a qu'une envie: découvrir la suite. Tout est parfaitement bien dosé.
Les personnages ont du caractère notamment nos trois rebelles qui forment un trio de choc. Il y a également une mise en scène savamment orchestrée. La lecture est fluide et très agréable. Le récit qui situe une institution scolaire dans une île non loin de la côte d'azur est franchement très original. Il y a une ambiance oppressante qui y règne et qui est palpable. Le second tome n'a fait que renforcer mon impression première...
En conclusion, il n'y a aucune raison de ne pas accorder le 4 étoiles. C'est amplement mérité et cela change de ces vieilles bd dont les jeunes s'extasient pour faire plaisir à leurs ainés tout en s'ennuyant réellement à la lecture. Rien de tel en l'occurrence. Hell school lance un vent rebelle de renouveau avec pour thématique la souffrance dans le groupe. Très intéressant !
J'avais beaucoup aimé la série Kenya pour son originalité qui mêlait espionnage et fantastique. Je ne me lasserais jamais des scénarios imaginés par Léo qui fait évoluer ses personnages au milieu d'une faune et flore inquiétante.
Alors, voilà un nouveau concept : la saison 2 s'intitule désormais "Namibia". On peut dire que le titre a changé et donc ce n'est pas tout à fait la même série même si elle s'inscrit comme une suite aux aventures de Kathy, une héroïne qui ressemble beaucoup à une certaine Kim ...
Les thèmes ainsi que la problématique de cette nouvelle saison semblent un peu différents de la précédente. Oui, il y a un véritable renouvellement de l'histoire qu'on suivra avec grand plaisir. Le dessinateur change également mais le style de Léo reste le même. Ce cycle comprendra 5 albums dont la diffusion sera assez rapide. A suivre...
Cependant, le 3ème tome s'est quand même fait un tout petit peu attendre. On a l'impression que le récit stagne un peu avec ce retour avorté de notre héroïne dans la mine mystérieuse. Pour autant, on assiste à un tournant de l'histoire assez intéressant avec l'irruption d'une secte religieuse en relation avec des extraterrestres. L'apparition d'un nouveau messie va ajouter un peu plus de piment à ce récit déjà bien assaisonné. Bref, l'intérêt ne faiblit pas.
Le 4ème tome donnera plutôt dans l'explication avec une note qui fera très X-Files dans le genre complot intergouvernemental face à une invasion extraterrestre. Nous savons désormais à quoi nous attendre. D'ailleurs, la couverture ne fait aucun doute. Notre héroïne va devoir se battre pour sauver le monde, rien que cela ! C'est un peu le retour à la case départ en passant par cette fameuse mine. Bref, on se dit que le récit n'avance pas au niveau de l'action. C'est également le temps où les politiques interviennent et en premier lieu l'ancien Premier Ministre Winston Churchill. Dommage que le récit se perde dans des situations de moins en moins crédibles. On attend le final en espérant qu'il relève un peu le niveau auquel nous ont tant habitué les auteurs.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Lorsqu'on évoque la Première Guerre Mondiale, on se souvient de cette sale guerre qui a duré 4 ans. On se souvient des tranchées et du nombre impressionnant de pertes en vies humaines. Cependant, il y a eu également les blessés et les mutilés. Le thème traité par cette bd est celui des gueules cassées. En effet, il y a eu 500.000 cas de mutilations et de visages ravagés. Notre héros qui fut jadis un bel homme revient dans son village natal des Pyrénées quelques mois après l'Armistice. Il va avoir du mal à s'intégrer ne serait-ce que dans sa propre famille. On va ressentir toute la rage qu'il contient. Il a perdu tous ses amis dans ce conflit.
Ce premier tome est particulièrement réussi. Cependant, la fin arrive trop vite. Cela semble se terminer sur un coup d'éclat mais on devine qu'il y a autre chose qui se cache. Cette chronique intime est doublée d'une enquête policière sur un tueur d'animaux. On se demande comment les deux histoires vont se rejoindre et quel est le lien avec notre poilu. C'est en tout cas traité avec subtilité, pudeur et intelligence. Comme quoi chez l'éditeur Bambou, il peut y avoir de bonnes surprises...
La seconde partie qui clos ce diptyque nous apporte une révélation de taille qu'on n'avait pas vu venir. L'ambiance sera tout aussi tendu. L'enquête policière avance et son dénouement tiendra ses promesses. J'ai bien aimé cette bd pour son thème de la crise d'identité avec pour décors les belles montagnes et vallées des Pyrénées. Il est clair que les horreurs de la guerre change radicalement la perception d'un homme. C'est une oeuvre qui semble bien ancré dans le réel pour faire passer une certaine émotion. Bref, une réussite du genre.
L'intrigue est très intéressante car mystérieuse. L'aîné d'une famille est frappé d'une malédiction: il meurt dans sa 33ème année comme le Christ. On devine que c'est lié à une mystérieuse statue précolombienne qu'un des ancêtres de cette famille avait reçu en cadeau.
Cependant, dès le premier tome, on va partir sur la guerre d'Espagne. Le concept est celui d'un scénario écrit à quatre main par les principaux auteurs de la collection Grand Angle chez Bamboo.
Bref, le choix a été d'ancrer chaque histoire dans une réalité historique différente. Ainsi le second tome nous emporte dans la tourmente des manifestations violentes à Brest peu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. On regrettera que les dates de certains faits historiques ont été honteusement tronqués pour les besoins du récit.
Dans l'ensemble, c'est une saga familiale plutôt réussie qui pourrait être adaptée un jour en feuilleton pour la TV comme pour Les Maîtres de l'Orge par exemple. Il y a une intrigue bien spécifique à chaque album. Vers la fin, plutôt que de subir leur destin, les ainés maudits vont essayer de combattre la malédiction.
Le quatrième et dernier épisode va réserver une surprise de taille qui donne une cohérence à la série. Bref, il faut lire jusqu'à la fin pour pouvoir bien apprécié cette série à sa juste valeur. Du bon travail au niveau du scénario.
Je ne me suis pas ennuyé à cette lecture plutôt originale et instructive. Ce manga utilise le voyage dans le temps pour raconter l'histoire d'un architecte en thermes et bains romain sous le règne de l'Empereur Hadrien instigateur de la pax romana.
Dernièrement, j'avais lu Virtus qui ramenait des Japonais au temps des gladiateurs. Le principe est un peu le même mais en sens inverse. C'est tout de même curieux que cette idée exploitée quasi en même temps. Il s'agit de confronter la société japonaise à celle des romains et trouver certaines similitudes.
Le graphisme est somptueux et traduit la beauté de Rome et de l'Antiquité. Il y a la beauté et la finesse du trait qui sont réunis pour notre plus grand plaisir. Bref, le succès de cette série ne devrait pas démentir d'autant que c'est bien documenté.
C'est clair que ce manga vous fera appréhender les bains d'une autre manière. Cela apporte quelque chose de différent et que j'ai instantanément aimé malgré le côté loufoque de l'idée principale. Cela donne véritablement envie de se baigner au calme. Bon, je vais prendre un bon bain.
J'ai aimé suivre les aventures de ce petit garçon vif et curieux dans le Kenya, loin de la représentation touristique que nous en avons. Nous découvrons un très beau pays qui est mis en valeur par un graphisme époustouflant. J'ai beaucoup aimé la finesse du trait. Certaines planches sont d'une exceptionnelle somptuosité.
C'est le même auteur qui avait réalisé "La ligne de trait" dont la lecture ne m'avait pas laissé indifférent. On voit qu'il a progressé et plutôt dans le bon sens avec ici la fraîcheur et l'espièglerie du regard d'un enfant.
Il y a une atmosphère qui semble unique avec des personnages plus vrais que nature. On se laisse véritablement entraîner par l'ambiance, les couleurs, les rues, la mer. C'est virevoltant comme la poursuite de Naïm par son frère Hassan pour le ramener sur les chaises de l'école coranique. Cependant, le contact direct de la vraie vie sera le plus fort.
En résumé: un très beau récit initiatique pour un diptyque de qualité !
A l'ombre du convoi commence par une préface assez poignante qui nous rappelle que la démocratie est un combat de tous les jours, qu'il faut connaître la barbarie d'hier pour défendre la démocratie d'aujourd'hui. Il est clair que ce discours va énerver ceux qui n'aiment pas les rappels des leçons du passé. On l'a appris à l'école et la plupart souhaitent passer à autre chose. Cependant, l'histoire n'est-elle pas en train de se répéter avec la montée des extrêmes et la stigmatisation d'une partie de la population ? Les juifs hier, les roms aujourd'hui...
Ce diptyque va illustrer la période la plus sombre de l'histoire du XXème siècle ayant conduit à la pire des atrocités. C'est tiré d'une histoire vraie, ce qui rend la lecture plus intensive à connaître les moindres détails de ces destins qui vont s'entrecroiser au détour d'un convoi. On peut se demander pourquoi les résistants n'ont pas arrêter le massacre. En effet, pendant toute la durée de la guerre, un seul convoi a été stoppé et c'est l'histoire de ce train en Belgique.
Cette lecture va remettre les choses en place. C'est utile de replacer les choses dans leur contexte d'autant que cette oeuvre tente d'expliquer les mécanismes qui ont conduit à cette sauvagerie sans nom. Pour le reste, c'est bien dessiné et le déroulement des scènes est savamment orchestré malgré les nombreux flash-back. En conclusion, une bd historique à posséder.
J'avais vu le film suédois au cinéma et j'avais été plutôt satisfait. C'est un polar bien glauque. Le climat typique des pays nordiques était bien reconstitué. La bd ne fait que reprendre l'adaptation du roman du défunt Stieg Larsson.
C'est une sombre enquête journalistique au scénario assez fouillé et qui repose sur deux protagonistes que tout oppose. C'est ce duo de choc qui fait l'originalité et le charme de cette oeuvre.
C'est un thriller plein de suspense avec une ambiance glaciale très réussie. Une affaire vieille de quarante ans qui fait resurgir les vieux démons du nazisme où l'exploitation de la face cachée d'une société rayonnante. Il y a des scènes d'une noirceur absolue où il faudra s'accrocher. De la violence certes, mais qui ne fait pas exagérée ou mal placée.
En conclusion, c'est une adaptation en bd plutôt réussie alors que ce n'était pas évident. J'ai renoué avec une histoire bien captivante à l'ambiance unique. Deux mots : touchant et percutant ! Un polar nordique qui ne laissera pas indifférent !
Deadline où le récit de la vie de Louis Paugham engagé malgré lui dans les rangs sudistes et qui cherche à venger la mort d'un prisonnier noir. Peut-on parler simplement d'une rencontre et qui expliquerait un combat acharné par la suite ? Certainement pas ce qui m'a rendu dubitatif. Et pourtant, les parents de notre jeune héros ont bien été massacré. Bref, ce western m'a rappelé pour la thématique l'excellent film de Quentin Tarantino "Django unchaîned" que j'ai vu cette année au cinéma.
En ce qui concerne les couleurs, on observera le rehaussement des ambiances par une chaleur issue des jaunes et oranges et savamment distillés. Personnellement, j’ai alterné les phases de pure enthousiasme quant au trait réaliste avec d'autre à la limite de l'exaspération en ce qui concerne les choix scénaristiques. Je pense notamment à la rencontre amoureuse. Cependant, ce récit nous emmène plus loin dans le franchissement des limites avec un rythme qui ne faiblit pas. On est emporté dans la tourmente d'une guerre et des horreurs commises sous prétexte d'une différence de couleurs.
Par ailleurs, la conception, le ton et l'environnement me semblent juste. C'est une Amérique en pleine construction qui se déchire mais qui avance vers le progrès. Cette oeuvre reste une petite perle dans laquelle on pourra y retirer une immense plaisir de lecture. La réussite est bien au rendez-vous !
Abymes est encore une série à concept pour le moins intelligent. Pour autant, j’ai l’impression que Valérie Mangin ne sort pas de son thème favori qu’est l’uchronie. En l’occurrence, elle s’applique au destin d’hommes célèbres ayant marqué la littérature ou le cinéma. Je ne vais pas critiquer car j’aime également ce genre de thèmes. Le talent de la scénariste fait que c’est bien exploité. J’ai toujours du plaisir à lire ces œuvres.
Le second tome nous transporte après la Seconde Guerre mondiale et l'épuration qui a suivi en France. Un réalisateur de film semble être dans le collimateur. Henri-Georges Clouzot sera surtout la victime d'une sombre machination alors qu'il est entrain de tourner un film sur la vie de Balzac. On voit forcément le lien avec le premier tome. La mise en abyme est encore une réussite.
Le troisième tome réserve d’ailleurs une surprise de taille puisque l'auteur elle-même se met en scène et que c’est son célèbre mari qui est au dessin. Il est vrai que dernièrement, une autre série à concept à savoir Trois Christs m’avait fortement déçu. Là, le rattrapage est plutôt réussi.
L’exercice consiste à s’amuser de la mise en abyme. Cette trilogie avec 3 dessinateurs différents est très intéressante avec un scénario inventif et une cohérence digne de ce nom. Au niveau de la qualité, cela ira en crescendo avec une tension entre réalité et fantastique qui semble brouiller les pistes.
L'auteur enchaîne désormais ses productions à un rythme beaucoup plus soutenu pour le bonheur de ses fans. L'infiniment moyen est un recueil de planches dessinées entre 2003 et 2011 publiés ici et là. J'ai beaucoup aimé la préface signée par Didier Tronchet et qui s'intitule "l'homme qui ne voulait pas de préface". Fabcaro est effectivement un homme qui souhaite être discret. Et pourtant, avec un talent pareil, cela devrait exploser!
Son dessin à la fois expressif et relâché est un vrai régal pour les yeux. Son humour fait à chaque fois mouche. Ses décalages fréquents conduisent à la drôlerie de certaines situations. Il peut être féroce mais reste toujours juste. Son humour est piquant mais ravageur. C'est du comique à l'état pur ! J'aime ce regard décalé sur la société de consommation qui l'entoure. Il a un sens de la chute qui reste inégalé. Bref, on est comblé de bonheur.
J’ai bien aimé l’histoire de ces deux officiers britanniques de sous-marins qui ont lutté contre les nazis et les japs au cours de la Seconde guerre Mondiale. On est entraîné dans la mer du Nord, plus précisément près d’un fjord norvégien puis dans l’Océan indien pour la seconde partie.
Un officier cherche à monter en grade pour être capitaine en multipliant les actes de guerre héroïque. Cependant, couler un navire ennemi n’est pas aussi facile. On ne balance pas une torpille comme cela. Il y a des règles à respecter pour atteindre le but. Bref, la première partie va ressembler à une bérézina qui aurait pu couter cher.
La seconde partie sera celle de la revanche dans une partie de jeu d’échec qu’il joue avec son mentor. J’ai franchement bien accroché alors que le dessin assez nébuleux ne donnait pas franchement envie. Cependant, il s’est passé quelque chose qui justifiait de l’intérêt qu’on porte non seulement au récit mais à ces deux hommes à la psychologie différente. La vie des sous-mariniers est un excellent leitmotiv. Cependant, le propos sera ailleurs comme un juste retour des choses.
J’ai lu la postface avec intérêt car je me rends compte que les auteurs auraient pu en tirer une partie assez intéressante. C’est dommage car il y avait de la matière. Je n’en avais jamais entendu parler et cela aurait mérité crédit. En tout cas, une belle aventure humaine que ces derniers corsaires.