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Seamus O' Brady fait partie de l'escadrille Lafayette en 1917. Suite à des ennuis mécaniques, il se plante avec son avion. Un pilote allemand en profite pour le mitrailler alors qu'il est sans défense. Touché par de nombreuses balles, il survit miraculeusement, mais ses deux jambes brisées vont non seulement l'empêcher de voler, mais aussi, probablement l'empêcher de marcher normalement un jour. Il rentre à Boston le 23 décembre 1917 où l'attendent sa femme et son fils, James. C'est un homme aigri qui ne va faire de cadeau à personne. Seule compte son ascension sociale et l'accroissement de la richesse familiale. La crise de 1929 va sérieusement contribuer à l'engraisser car il se montre sans pitié envers les faibles. Petit à petit, il se met à admirer les nazis…
Contrairement à son cousin, Joe, qui ne pense qu'à s'amuser, James, le fils de Seamus, est le garçon sérieux de la famille. Il brille dans les études et dans les sports. Il passe deux années à Berlin où il se lie à Erika, la fille d'un professeur, fière nazie. Choqué par la lâche agression de deux policiers sur un enfant juif, James intervient et flanque une belle ratatouille aux deux cerbères. C'est le début des ennuis…
Critique :
Cette série repose sur l'idée d'un bouleversement dans la vie de deux hommes, deux pilotes, qui au cours d'un orage se retrouvent intervertis dans le corps l'un de l'autre.
Autre particularité, chacun des pilotes bénéficie d'un scénariste et d'un dessinateur différent. Etrange pour des histoires complémentaires ! J'aime beaucoup les dessins et les couleurs de Julien Camp. Ses avions sont particulièrement réussis. le scénario de Wallace, qui fait démarrer l'histoire en 1917 est un petit rappel des grands événements entre 1917 et 1942.
Je regrette le changement de dessinateur vu que le style Damien Andrieu n'a rien de similaire.
J'ai lu beaucoup d'âneries à propos de cette BD. Non, le dessinateur ne s'est pas trompé dans les couleurs des uniformes des fantassins français qui tirent vers le kaki au lieu du bleu horizon… Ce sont des troupes coloniales françaises, probablement des Marocains ! Jetez un oeil à https://www.guerre1914-1918.fr/category/uniformes-1914-1918/page/5/
Autre critique, le svastika sur un avion de l'escadrille Lafayette ! Normal ! Rien à voir avec les nazis ! http://fandavion.free.fr/lafayette.htm
Raoul Lufbery, as américano-français ou franco-américain, comme vous préférez, l'a affichée en grand sur l'un de ses avions : http://www.as14-18.net/Lufbery
Bref ! C'est pour moi de l'excellent boulot !
L'histoire commence en 1917 à Munich. Hans Raeder est au chevet de son frère gravement malade et lui narre les exploits aériens de leur père… Tout est faux ! Werner Raeder était un simple fantassin, mort dans une tranchée, tué lors d'un mitraillage effectué par un avion. Hans va construire sa vie autour de ce mensonge.
Le docteur Wisberg, un juif, trouve le moyen de faire gagner un peu d'argent à Hans en lui confiant l'entretien de son jardin. Hans tombe amoureux de la belle épouse du docteur…
Critique :
L'histoire démarre dès la prime enfance de Hans Raeder et nous fait vivre, en quelques tableaux, l'évolution en Allemagne avec l'antisémitisme et la montée du nazisme, le tout dans un contexte d'extrême pauvreté. La mère de Hans va faire tout ce qu'elle peut pour son fils tout en détestant sa manie de façonner un destin d'as aviateur à son père. Notre personnage ne manquera pas de se comporter de façon ignoble et fera tout pour que ses rêves de pilote s'accomplissent…
Si le scénario de Patrice Buendia est intéressant, je n'ai pas été particulièrement touché par la grâce des dessins de Damien Andrieu qui ne me semblent pas assez aboutis et dont les personnages ne sont pas assez différenciés.
Cette BD est indissociable de Eagle : L'Aigle à deux Têtes tome 1 : Un destin dans l'orage.
Voilà une bande dessinée qui commence par la 4e de couverture ! Si vous voulez comprendre où vous mettez les pieds, commencez par la lire car dès la première planche, vous êtes plongé dans une action qui risque de vous décontenancer…
Le contexte :
1799, après la prise de Saint-Jean-d'Acre, les Français flanquent une rouste à l'Empire ottoman qui tombe entre les mains de Bonaparte, mais comme l'ogre est insatiable, il dévore aussi les Indes anglaises (il n'y a pas de petits plaisirs) …
Nos deux héros :
Saint-Elme, fringant officier de cavalerie, né en Inde, enfant-loup, aventurier, tête-brûlée…
Charles Nodier : (alors, dans le désordre) espion, poète, savant, hurluberlu, amateur de phénomènes paranormaux…
C'est en Afghanistan que nos deux héros vont faire connaissance. Alors que les hommes de Saint-Elme sont dans une situation désespérée face à des Afghans déchaînés, arrive la cavalerie, en l'occurrence des chars mus par la vapeur, l'artillerie automobile du XIIIe cuirassé. L'état-major envoie Charles Nodier pour qu'il accomplisse une mission spéciale avec Saint-Elme. Les deux hommes vont être transportés par le célèbre corsaire Robert Surcouf jusqu'à Bombay, ville détenue par les Français. Au passage, notez que la fameuse machine à crypter des nazis, Enigma, est déjà en service dans l'armée française, elle se nomme le « piano à écrire Enigma » et que les dirigeables n'ont plus aucun secret pour les Français…
Critique :
Deux siècles plus tard, les Français n'ont toujours pas digéré la défaite napoléonienne de Waterloo, alors ils se rattrapent comme ils peuvent ! Rien de tel qu'une uchronie pour se libérer du joug de la défaite… (Il m'arrive encore de rencontrer sur le champ de bataille de Waterloo des Français qui expliquent à leurs enfants ou petits-enfants que Waterloo fut la plus grande victoire de Napoléon… Heu… Ils ont dû beaucoup sécher les cours d'histoire, ces braves gens, non ?)
Le scénario de Jean-Pierre Pécau est très plaisant si vous êtes amateur d'uchronies. Il y a une grande richesse de « découvertes technologiques » rendant le contexte crédible, le tout saupoudré d'humour.
Petit bémol quant aux dessins d'Igor Kordey, si comme moi vous n'êtes pas spécialement amateur de « comics » … On est loin de la BD franco-belge… Igor Kordey, Croate, a beaucoup travaillé pour les comics américains, domaine dans lequel son travail a été largement apprécié. Comme je ne suis pas fan, je fais contre mauvaise fortune bon coeur tout en me disant que j'aurais apprécié un autre style de dessin pour une BD « liée » à l'histoire de France, fût-elle uchronique !
Ne reculant devant aucun sacrifice, les auteurs glissent dans l'ouvrage l'équivalent des « orgues de Staline », les lance-roquettes multiples, quoi ! Hé puis, la photographie est là elle aussi, appelée « dessin héliographique ». Mais le fin du fin, c'est le docteur Frankenstein, devenu suisse pour la circonstance et qui crée une intelligence artificielle. Non, décidément, les auteurs ne se refusent rien ! Ils voient grand ! … Pour notre plus grand plaisir ? A vous d'en juger ! Moi, j'entreprends de ce pas la lecture du deuxième album…
Amis Français, si vous êtes marins, passez votre chemin car, même dans les uchronies, la flotte française se retrouve plus souvent au fond des océans que naviguant fièrement, pavillon flottant au vent !
C'est en effet par les débris de l'escadre française de Bombay que débute cet épisode ! Un seul survivant, mais pas n'importe lequel : Surcouf !
Mais où donc sont passés nos deux fiers héros, Saint-Elme, le militaire et Charles Nodier, le civil, savant, vivante réincarnation de personnages qui connurent mille vies ? Ils sont chez les British, dans les Indes qu'ils possèdent encore, en mission spéciale. Bref ! Ils sont là en tant qu'espions, ayant pris l'identité de deux officiers britanniques faits prisonniers (voir tome 1). Après un voyage difficile, comptant une rencontre avec le Yéti, ils se retrouvent à contempler lady Mary Shelley, femme savante, féministe avant-gardiste progressiste qui, en plus de sa splendide nudité ne manque pas de leur réserver d'autres surprises…
Critique :
Commençons par être désagréables : je ne me fais absolument pas aux dessins de Kordey… Ce style « comics » me désole pour une telle BD qui mériterait un traitement bien plus soigné, comme on est capable de le faire dans nos bandes dessinées européennes… Voilà ! J'ai craché mon venin ! Je me sens mieux… Poursuivons !
Nous sommes dans une uchronie qui ne se refuse rien. Comme d'habitude, certains trouveront cela excessif alors que d'autres entreront dans le jeu et apprécieront…
Cette fois, nous allons découvrir les premiers cuirassés modernes avec des tourelles pivotant presque à 360 degrés et dotées de canons à très longue portée. « Les poissons avec une trainée argentée », vous avez une idée de ce que cela pourrait bien être ?
Jean-Pierre Pécau, ne se refusant rien, met en scène lady Mary Shelley, personnage historique remarquable qui était une radicale (on pourrait dire qu'elle était à l'extrême-gauche sur le plan politique) une féministe également. Mais… Elle est surtout connue comme étant l'auteure de… « Frankenstein » ! Hé ! Oui ! Mesdames et Messieurs, le sieur Pécau engage du beau monde dans ses scénarii !
J'ai omis d'écrire dans le 1er tome que Charles Nodier, l'un de nos deux héros, exista bel et bien. Il était écrivain et fut notamment l'auteur d'un pamphlet, « La Napoléone », pour lequel il se dénonça auprès du Premier Consul, ce qui lui valut 36 jours à l'ombre aux frais de l'Etat français. Il est considéré comme un des grands précurseurs des romantiques français. Victor Hugo, notamment, reconnut son incontestable influence. Académicien, il fut l'auteur d'une somme conséquente d'écrits parmi lesquels on trouve de ce qu'aujourd'hui on appellerait de la « fantasy ». Il mit, notamment, les vampires à l'honneur…
Il est régulièrement fait allusion à lord George Gordon Byron, poète britannique ô combien célèbre, qui endosse le rôle de maître-espion depuis le premier tome, mais que l'on ne croise pas physiquement dans ces deux premiers épisodes… Pour mémoire, il fut le père de lady Ada Byron, connue pour avoir réalisé le premier programme informatique, lors de son travail sur un ancêtre de l'ordinateur : la machine analytique de Charles Babbage. Hé tiens, comme c'est étrange, dans cette histoire, il y a une …CENSURÉ…
Le 3e opus d'Empire commence par un rêve qui se termine de bien humide façon dans les appartements de lady Mary Shelley, avant de se poursuivre à bord d'un dirigeable russe, manié par des cosaques, et où nos deux héros se retrouvent prisonniers…
Critique :
Vous ai-je dit que je n'appréciais pas spécialement le style « comics américains » d'Igor Kordey ? Comment ? Je me répète ? Ben, lui aussi ! Passons !
Dans ce scénario, oeuvre de Jean-Pierre Pécau, comme les précédents, la technologie va encore nous surprendre avec des ballons captifs fort ingénieux… Et lourdement armés… Des « rockets », transformées ici en curieuses machines de course déjà rencontrées dans l'album 2 sous une autre forme… D'autres surprises attendent ceux qui se donneront la peine de lire « Empire, tome 3 : Opération Suzerain ».
A ce propos… « Opération Suzerain », cela ne vous rappelle rien ? Je vous aide ? « Suzerain » en anglais devient « Overlord » ? Comment ? Vous ne voyez toujours pas ? Si je vous dis que cette opération est prévue pour le 6 juin 1816… Vous ne voyez toujours pas de quoi il pourrait s'agir ? Alors, je ne peux rien faire pour vous mettre sur la voie sans tout déflorer…
Je n'ai malheureusement pas trouvé d'informations quant à "la sahiba noire", dont il est question dans cet épisode, une femme rusée et sans scrupules (on dirait un mec, quoi, mais avec des appâts féminins).
L'armée française des Indes est menacée d'extinction, nos héros seront-ils en mesure d'empêcher la catastrophe ??? Une seule solution : plongez-vous dans la lecture de l'album !
Cinq longues années se sont écoulées depuis les dernières aventures de Saint-Elme et de Charles Nodier.
1820, jubilé d'argent de l'empereur des Français. Cathédrale Sainte-Sophie à Constantinople.
On annonce à l'empereur que l'ambassadeur Chateaubriand patiente depuis une heure. Lorsque l'empereur le reçoit, le vicomte sort un pistolet dans le but évident de raccourcir la présence sur Terre de Napoléon. L'attentat est évité de justesse grâce aux réflexes d'un mameluck de la garde, mais lorsque ceux-ci se saisissent du déplaisant personnage, ce dernier implose projetant ses entrailles et des morceaux de bifteck tout autour…
C'était un « assassin mirage » venu de Russie… Là, l'empereur des Français, il n'est pas content content…
Pendant ce temps, Saint-Elme tente d'infiltrer les troupes du khan des Safi en Afghanistan avec l'aide de son complice Baba, voleur patenté… Mais la situation tourne au vinaigre… Vont-ils s'en sortir ?
Critique :
J'aimerais d'abord faire mon numéro de singe savant ! Vous permettez ? L'auteur, dans la deuxième case de la première planche fait dire : « Après avoir conquis l'Egypte et l'Empire ottoman, Napoléon s'était fait sacrer empereur à Istanbul, redevenu pour l'occasion Constantinople. » Tsss ! Petit ignorant ! Constantinople n'est devenue officiellement Istanbul qu'en 1930 ! (28 mars 1930)
Je n'aime toujours pas le style « comics sauce américaine » de Kordey même s'il nous livre une excellente planche page 20 du phare d'Alexandrie et du port. C'est du grand art. Idem pour la dernière planche avec le canal de Suez.
Jean-Pierre Pécau continue ses délires de plus belle. Il transforme ce bon Honoré de Balzac en marchand, et accessoirement espion, venu en Egypte pour se remplir les poches car il rêve de repartir en France, les poches pleines, pour s'adonner à sa passion, l'écriture.
1820, voitures ! Belles carrosseries dessinées par Kordey. Apparition aussi des hélixpterons ! Avez-vous deviné ? Sinon, je vous renvoie au bouquin où vous aurez encore le plaisir de découvrir moultes autres inventions.
Petite phrase prononcée par Napoléon après l'attentat qui l'a loupé de peu : « Je veux que les coupables soient châtiés. Je les poursuivrai jusqu'au fond des chiottes, s'il le faut !! » Cela ne vous rappelle pas un personnage contemporain ? Comment ça, vous voulez un indice ? Je suis trop bon. Je cède : V. P. ! Toujours pas trouvé ?
Cinq longues années se sont écoulées depuis les dernières aventures de Saint-Elme et de Charles Nodier.
1820, jubilé d'argent de l'empereur des Français. Cathédrale Sainte-Sophie à Constantinople.
On annonce à l'empereur que l'ambassadeur Chateaubriand patiente depuis une heure. Lorsque l'empereur le reçoit, le vicomte sort un pistolet dans le but évident de raccourcir la présence sur Terre de Napoléon. L'attentat est évité de justesse grâce aux réflexes d'un mameluck de la garde, mais lorsque ceux-ci se saisissent du déplaisant personnage, ce dernier implose projetant ses entrailles et des morceaux de bifteck tout autour…
C'était un « assassin mirage » venu de Russie… Là, l'empereur des Français, il n'est pas content content…
Pendant ce temps, Saint-Elme tente d'infiltrer les troupes du khan des Safi en Afghanistan avec l'aide de son complice Baba, voleur patenté… Mais la situation tourne au vinaigre… Vont-ils s'en sortir ?
Critique :
J'aimerais d'abord faire mon numéro de singe savant ! Vous permettez ? L'auteur, dans la deuxième case de la première planche fait dire : « Après avoir conquis l'Egypte et l'Empire ottoman, Napoléon s'était fait sacrer empereur à Istanbul, redevenu pour l'occasion Constantinople. » Tsss ! Petit ignorant ! Constantinople n'est devenue officiellement Istanbul qu'en 1930 ! (28 mars 1930)
Je n'aime toujours pas le style « comics sauce américaine » de Kordey même s'il nous livre une excellente planche page 20 du phare d'Alexandrie et du port. C'est du grand art. Idem pour la dernière planche avec le canal de Suez.
Jean-Pierre Pécau continue ses délires de plus belle. Il transforme ce bon Honoré de Balzac en marchand, et accessoirement espion, venu en Egypte pour se remplir les poches car il rêve de repartir en France, les poches pleines, pour s'adonner à sa passion, l'écriture.
1820, voitures ! Belles carrosseries dessinées par Kordey. Apparition aussi des hélixpterons ! Avez-vous deviné ? Sinon, je vous renvoie au bouquin où vous aurez encore le plaisir de découvrir moultes autres inventions.
Petite phrase prononcée par Napoléon après l'attentat qui l'a loupé de peu : « Je veux que les coupables soient châtiés. Je les poursuivrai jusqu'au fond des chiottes, s'il le faut !! » Cela ne vous rappelle pas un personnage contemporain ? Comment ça, vous voulez un indice ? Je suis trop bon. Je cède : V. P. ! Toujours pas trouvé ?
Mi-novembre 1916.
Alors que Raspoutine tente de convaincre l'impératrice russe de lui confier un dirigeable pour se rendre au Spitzberg où il prétend trouver une solution miraculeuse pour soigner le tzarevitch Alexis, une flotte de zeppelins se dirige pour bombarder Paris vers minuit. L'un des dirigeables est commandé par un certain Adolf Hitler. A son bord, un pilote de renom, Herman Göring. Il rêve d'en découdre avec l'as français Guynemer. Hé, oui, sous son ventre, chaque dirigeable allemand dispose de 5 avions « détachables » pour assurer sa protection.
A mi-chemin entre le front et Paris, une dantesque bataille aérienne se livre entre Français et Allemands. Qui survivra verra…
Critique :
Les combats au sol stagnent. Les troupes s'enterrent. le moment est venu pour l'Allemagne de se livrer à une guerre totale grâce à ses zeppelins puisqu'à elle seule, elle en possède plus que tous les autres pays réunis.
Les combats aériens sont reproduits avec un dynamisme tel qu'on a l'impression de voir les engins volants bouger. C'est là le point fort du dessinateur catalan Villagrasa. Les dessins des personnages par contre sont souvent à peine esquissés.
Le scénariste, Richard D. Nolane, de son véritable nom Olivier Raynaud, écrit une histoire pleine de rebondissements, mais, comme à son habitude, ne peut s'empêcher d'y glisser de la magie, la technologie ne lui suffit pas. Il fait jouer à Raspoutine un rôle pour le moins inattendu. D'autres personnages historiques, en plus d'Adolf Hitler, d'Herman Göring et de Guynemer apparaissent également dans le récit. C'est ainsi que Rudolph Hess devient l'adjoint d'Hitler à bord de son zeppelin.
Une excellente uchronie dans la droite ligne de Wunderwaffen, mais une guerre plus tôt.
Décembre 1916.
Hitler et Göring sont convoqués par un général de brigade. Il leur demande de suivre un traitement médical destiné à supporter les grands froids comme ceux que l'on rencontre à très haute altitude. C'est valable pour tout l'équipage d'Hitler comme pour les pilotes de Göring. L'expérience menée sur des prisonniers russes a mal tourné pour ces derniers, mais Hitler, convaincu de la supériorité de la race aryenne ne doute pas un instant de la réussite du projet.
Pendant ce temps, Raspoutine, qui travaille pour les Allemands et qui n'a qu'une envie, se faire exfiltrer, est invité chez le prince Youssoupoff…
Critique :
Par rapport au 1er épisode, il y a nettement moins de combats aériens et l'on s'attarde moins sur la finesse de détails des avions. Les personnages sont toujours taillés à la serpe.
Malheureusement, le scénariste, Richard D. Nolane, cède à son vieux travers : il passe dans le monde magique et surnaturel. J'avais déjà cessé de suivre la série Wunderwaffen à cause de cela, alors que j'appréciais le côté uchronique de l'histoire avec la technologie de pointe permettant au IIIe Reich de résister aux alliés. Il nous refait le coup ici avec un Raspoutine increvable et tout puissant. Chiche qu'au Spitzberg, il va encore s'en passer de belles ?
Entre temps, le pauvre Guynemer qui n'avait plus ni bras ni jambes se voit lui aussi transformé…
Trop, c'est trop ! Pas sûr que j'achèterai le 3e tome des délires de Richard D. Nolane !
Novembre 1917.
Sur le front, trois poilus veillent. Soudain, ils voient un homme ramper vers leur position. Prêts à tirer, ils s'aperçoivent que c'est un pilote français empêtré dans les fils de fers barbelés. le plus jeune, fraîchement arrivé au front, se rue hors de la tranchée pour tailler les barbelés et le secourir. le lieutenant Henri Castillac est sauf mais son sauveteur ne verra plus jamais le soleil se lever…
Critique :
C'est le deuxième tome d'une série de trois qui ravira à coup sûr les amateurs d'histoire et ceux que l'aviation passionne. La qualité des dessins et des couleurs de Romain Hugault est tout simplement fabuleuse. Rien que pour cela, il mérite la cote maximale…
J'ai lu des critiques quant au scénario qui n'est pas assez ceci, pas assez cela… On ne peut pas plaire à tout le monde, mais les efforts faits par Yann pour coller à la réalité de l'époque méritent un coup de chapeau. Hé, oui, pas de science-fiction, ici ! Certains pourraient être surpris par le SPAD-canon. Celui-ci a pourtant bel et bien existé. « le SPAD XII fut très peu produit. Il possédait l'inconvénient d'être, pour les novices, très difficile à manier. de la fumée remplissait le cockpit après le tir et l'avion alourdi avait une tendance à piquer du nez. Cependant, aux mains d'as tels que Fonck et Guynemer, il obtient de nombreuses victoires. » : https://fr.wikipedia.org/wiki/SPAD_S.XII
Je ne vais pas m'étendre quant au récit parce qu'en parler serait spoiler l'intrigue, car pour peu crédible qu'elle puisse paraître, nous sommes tout de même dans une construction romanesque, elle est située dans un contexte qui colle de très près à l'histoire. C'est ainsi que j'ai découvert, non sans surprise, qu'un pilote japonais, Kiyotake Shigeno, avait fait partie de la célèbre escadrille des cigognes ! Un article très complet sur ce pilote : http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/Pilotes_Japon.htm
Janvier 1943
Au siège de la Gestapo de Bruxelles, les Nazis sont perplexes…
Après le mitraillage de leur siège par un avion Typhoon de la RAF, avenue Louise à Bruxelles, parmi les cadavres se trouve un officier dont les Allemands ignorent tout car tous les papiers qu'il a sur lui sont faux…
Critique :
Typhoon, histoire en deux tomes, avec énormément de flashbacks, est une version romancée de l' « exploit » accompli par l'aviateur belge Jean de Selys Longchamps.
Concernant la bande dessinée à proprement parler, je sors la grosse artillerie : je n'ai pas été entièrement convaincu ni par la qualité du dessin des personnages ni par la mise en couleurs. Quant au scénario, il a fallu à l'auteur, Christophe Gibelin, se lancer dans une romance teintée de rivalité et d'amitié entre deux frères, l'un s'occupant de résistance en Belgique occupée, l'autre devenant pilote de chasse dans la RAF… Il s'est inspiré d'une authentique histoire « belge », celle du baron Jean de Selys Longchamps. J'aurais, et de loin, préféré qu'il s'en tienne au récit authentique de ce personnage au lieu de trop divaguer car il y a suffisamment de farine au moulin de l'histoire de Jean de Selys Longchamps pour en faire un scénario authentique.
(Suite et fin dans la critique de Typhoon 2.)
Avril 1942, Angleterre.
Un avion léger Lysander se pose. A son bord, le capitaine de Seys qui apporte des nouvelles fraîches de Belgique où il dirige un réseau de résistance.
Critique :
Comme mentionné dans le premier volume, je ne suis pas fan des dessins des personnages, les nez m'indisposent, n'est pas Cléopâtre qui veut. Heureusement, les avions sont beaucoup plus réussis. On voit tout de suite quelle est la passion de Christophe Gibelin. Un autre aspect très dérangeant, ce sont les changements de lieux, sans aucune précision, dans la même planche… Il y a de quoi se perdre. Je n'ai jamais aimé les puzzles fussent-ils en bandes dessinées.
Une fois encore, je manifeste mon regret de voir cette BD s'éloigner de l'histoire de Jean de Selys dont elle s'inspire pour l'essentiel : le mitraillage du siège de la Gestapo de Bruxelles.
A cela, l'auteur ajoute la découverte parmi les victimes d'un faux officier allemand, ce qui va permettre à la Gestapo de remonter un réseau de résistants et de les arrêter… Personnellement, j'ai toujours eu du mal à croire qu'un résistant, même déguisé en officier allemand, se balade dans le siège de la Gestapo avec la liste des membres de son réseau… Fera-t-on un jour toute la lumière sur cette affaire qui, je pense, n'est qu'une belle légende ? le baron de Selys a été rétrogradé pour désobéissance et pas pour la perte de ce pseudo espion…
Pourtant, Jean de Selys Longchamps est réellement un aventurier d'une trempe exceptionnelle. Il suffit de suivre son parcours depuis le 10 mai 1940 jusqu'à son décès le 16 août 1943, au retour d'une mission sur Ostende. Il s'écrasa à l'atterrissage à Manston et fut tué.
Le Typhoon n'est redoutable, comme chasseur, qu'en dessous de 3000 mètres. Mais c'est une plate-forme de tir exceptionnelle avec ses 4 canons de 20 mm auxquels venaient souvent s'ajouter 8 roquettes ne laissant aucune chance aux chars qu'il va massacrer en Normandie, surtout, offrant un appui remarquable aux forces terrestres. Il pouvait aussi transporter 2 bombes de 227 kg. C'est donc davantage un avion d'attaque au sol qu'un chasseur comme pouvait l'être le Spitfire. Les roquettes n'eurent qu'un faible taux de réussite à cause de leur imprécision (certains spécialistes parlent de 4% de tirs au but), cependant, leur effet psychologique fit que souvent les équipages abandonnèrent leurs blindés lorsqu'ils étaient attaqués par des Typhoon. Leurs 4 canons de 20 mm, eux se montrèrent terriblement efficaces contre locomotives et véhicules de toutes sortes. C'est surtout en Normandie que le Typhoon connut son heure de gloire. Les pilotes ne l'aimaient pas beaucoup à cause de ses pannes à répétition et d'un nombre élevé d'accidents.
8 novembre 1942, opération Torch.
Arrivée des Alliés en Afrique du Nord française. Ils prennent au dépourvu les forces fidèles à Vichy. C'en est fini de la neutralité américaine à l'égard de la France du maréchal Pétain.
Les aviateurs français enfourchent leurs montures, du moins celles qui n'ont pas été détruites au sol, et affrontent les alliés.
Les combats ne durent guère. Il va maintenant falloir fusionner ces pilotes vichystes avec ceux de la France libre… C'est loin d'être gagné…
Critique :
Excellente idée de porter les regards sur l'opération Torch, très méconnue, et qui pourtant va beaucoup aider à la mise au point d'Overlord, le 6 juin 1944 car c'est la première fois que les alliés effectuent des débarquements d'une telle ampleur. Mais ce n'est pas la préoccupation de l'auteur, Philippe Pinard, qui nous montre tout depuis le point de vue des pilotes français fidèles au maréchal Pétain. le scénario est souvent décousu et j'ignore quelle était l'intention de l'auteur avec la première et la dernière planche qui n'ont rien à voir avec l'Afrique du Nord. Une tentative d'idée géniale ? C'est raté…
La grande force de cette BD, c'est la qualité du dessin et des couleurs d'Olivier Dauger. Ses avions, en particulier, sont d'une incroyable fidélité.
Depuis tout petit, l'Argentin Carballo rêve d'être pilote. Excellent élève, son rêve devient réalité. le voilà capitaine au moment où débute la Guerre des Malouines.
Il dirige une petite formation de Skyhawk. Les avions sont vieux, usés, les dysfonctionnements sont légion et les pilotes inexpérimentés.
Le premier objectif de ces pilotes, ce sont les navires de débarquement britanniques, les destroyers et les frégates.
Les premiers vols sont désastreux…
Critique :
Toujours intéressant de découvrir la guerre du point de vue des perdants, en l'occurrence, les Argentins. La propagande argentine ayant bien oeuvré, ils sont persuadés que les Malouines leur appartiennent… Peu importe l'avis des habitants des îles qui n'est même pas évoqué. (3 198 habitants en 2016. Un peu plus de 2000 lors de la guerre dont à peine quelques dizaines d'Argentins. Pour les militaires argentins au pouvoir, cette guerre permet de détourner l'attention du peuple de la crise que vit alors l'Argentine.) Pour rappel, ces îles appartiennent aux Britanniques depuis 1833 et étaient désertes à l'arrivée des Européens.
Dans le livre, il est fait subtilement allusion au rôle joué par les militaires dans la disparition de milliers de leurs concitoyens, mais l'essentiel de l'ouvrage montre les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles opèrent les pilotes argentins : distances très à la limite du rayon d'action des avions, radios en panne sur certains appareils, pannes de toutes natures qui rendent les vols extrêmement périlleux avant même les combats…
Le livre souligne le courage extraordinaire des pilotes argentins, courage qui a été reconnu mondialement.
Le scénario de Nestor Barron montre le côté humain des personnages, surtout du côté argentin, il est à peine esquissé du côté britannique. Il repose sur les témoignages de plusieurs pilotes argentins rescapés.
Les dessins de Walther Taborda sont d'une netteté exemplaire ! C'était un immense dessinateur, hélas décédé le 9 janvier 2017. La précision de son trait permet d'apprécier avions et bateaux dans les moindres détails.
Malheureusement, les titres de la série Malouines ne sont plus disponibles à la vente par albums séparés, mais il existe une intégrale reprenant les trois tomes en un seul volume pour un prix avantageux.
1er avril 1982.
Trois jeunes pilotes argentins décollent pour les Malouines à bord de leurs Pucara (« Forteresse » en langage quechua).
Certains sont encore persuadés que les Anglais n'interviendront pas et que les Malouines leur appartiendront désormais. C'est bien mal connaître Margaret Thatcher dont l'étoile a pâli et pour qui des élections arrivent…
Critique :
Comment un dessinateur peut-il se permettre de changer à ce point de style dans une même série ? Alors que j'avais apprécié la qualité de son travail dans le premier opus, ici, je déchante car ne voilà-t-il pas que Walter Javier Taborda devient dessinateur de mangas ! Heureusement qu'il reste le dessin des avions, mais ce changement de style au niveau des personnages est plus que regrettable. Les mangas sont partout ! Stop à l'invasion !
Le scénario de Nestor Barron adopte le point de vue de son pays d'origine, l'Argentine et nous rappelle que grâce à l'endoctrinement dont ce peuple a fait l'objet, ils sont persuadés que les îles Falklands (Malouines) leur appartiennent. Il exalte le patriotisme de ses compatriotes tout en reconnaissant que pour les habitants des îles, les Argentins sont des envahisseurs. Les adversaires britanniques sont à peine esquissés, et finalement, il décrit relativement bien ce qu'est une guerre : boucherie, destructions, perte d'amis, haine, crimes, victimes innocentes, veuves et orphelins…
Dans cet épisode-ci, ce sont les pilotes de Pucara, ces avions conçus par les Argentins dans les années soixante (premier vol en août 1969) qui sont mis à l'honneur. L'auteur exagère la vétusté de ces appareils. Dix ou douze ans, pour un avion militaire, ce n'est pas encore l'âge de la retraite. D'autant qu'ils n'entrèrent en service qu'en 1976 ! Mais sans doute étaient-ils mal entretenus. Cet avion a été conçu pour l'attaque au sol. Les Argentins en avaient cent et 24 étaient stationnés dans les Malouines. Dans la BD, on les voit attaquer deux hélicoptères qui subitement deviennent trois et ils en abattent deux ! Tsss ! Deux Pucará abattirent un hélicoptère léger Westland Scout appartenant aux Royal Marines qui réalisait une mission de reconnaissance. Ce fut la seule victoire argentine air-air confirmée de la guerre. Ceci pour vous dire que cette BD est à prendre avec des pincettes, les auteurs ne pouvant se détacher des légendes créées par leurs militaires pour vanter leur habileté et leur courage. Et du courage, il est vrai, les pilotes argentins en firent largement preuve !
Critique :
Malheureusement, Walter Javier Taborda nous gratifie une nouvelle fois de dessins de type manga, alors qu'il nous avait habitués à mieux dans le premier tome.
Dans ce troisième tome, les avions Super-Etendard et les Skyhawk sont à l'honneur et les opérations navales qui coutèrent si cher aux Britanniques sont mises en évidence par les auteurs argentins qui tentent là d'obtenir une victoire morale pour compenser une défaite militaire cuisante. (On se rattrape comme on peut.)
Comprenez-moi bien : les pilotes argentins ont fait preuve d'une témérité et d'un courage extraordinaires. C'est indiscutable. Mais aujourd'hui encore l'orgueil national argentin entretient une désinformation de taille. Par exemple dans le documentaire «MALVINAS El Último Exocet », l'auteur n'hésite pas à multiplier par dix le nombre de soldats britanniques puisqu'à 4'44'', il cite le nombre de cent mille soldats côté britannique alors qu'il n'y aurait eu que quinze mille soldats argentins (4'29'')… C'est oublier un peu vite que l'armée britannique n'était composée que d'engagés volontaires (pas de conscrits), que nous étions en pleine Guerre froide et que l'essentiel de leurs forces terrestres étaient déployées dans l'Armée du Rhin, qu'ils avaient disposé des troupes en Irlande du Nord puisque l'Ulster était en plein conflit, sans oublier d'autres endroits dans le monde. Toujours dans ce film, les chiffres donnés alignent mensonge sur mensonge, par exemple en prétendant que les Britanniques ont perdu 46 avions (en réalité 10 SeaHarrier à décollage vertical). Dans ce « reportage » ils prétendent n'avoir perdu que 47 avions, alors que leurs pertes se chiffreraient plutôt à 109 avions. Baignant dans une telle culture du mensonge, pas étonnant que Nestor Barron n'exagère quelque peu les résultats des dégâts commis par les Argentins, sans toutefois atteindre les chiffres absurdes de ce « reportage » « MALVINAS El Último Exocet ».
Cela étant dit, je ne suis pas sûr que toutes les informations fournies par les Britanniques soient fiables car ils ont pris grand soin de tenir les journalistes à l'écart des combats, des blessés et de tout ce qui pouvait influencer négativement l'opinion publique britannique ou jouer sur le moral de leurs troupes.
Pour ceux qui seraient intéressés, les éditions Paquet ont rassemblé les trois tomes en un volume, le seul qui soit encore disponible à la vente (les albums séparés ne sont plus commercialisés).
Les îles Senkaku, cela vous dit quelque chose ? Ce petit archipel, propriété du Japon, officiellement reconnu japonais par la république de Chine en 1920, voit aujourd'hui Taïwan et la Chine le revendiquer. C'est donc un lieu de tensions extrêmes…
Un avion de reconnaissance P-1 japonais est en mission dans le coin pour s'assurer qu'il n'y a pas de navire chinois dans les eaux territoriales japonaises… Et c'est là que les choses commencent à se gâter : le P-1 est abattu par un avion inconnu, un chasseur furtif…
La tension est extrême au Japon qui accuse la Chine d'avoir fait le coup. La situation est explosive. On est à deux doigts d'une guerre entre le Japon et la Chine… Et si le Japon est attaqué, en vertu des accords signés, les Etats-Unis doivent intervenir aux côtés de leur alliés japonais.
Pendant ce temps à Hawaï, l'équipage du Ronald Reagan profite d'un repos bien mérité… C'est sans compter sur Sonny Tuckson à qui il arrive un « petit » incident…
Le porte-avion reçoit pour mission d'aller s'interposer entre les Chinois et les Japonais pour tenter de calmer le jeu et d'éviter un conflit majeur….
Critique :
Buck Danny ne vieillira donc jamais ! Tant mieux, cela lui permet d'être toujours à la pointe en matière d'avions et de pouvoir continuer à les piloter sans devoir prendre une retraite cent fois méritées. Il a enterré ses créateurs belges, Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon. (Georges Troisfontaines participa également à la création mais de manière très limitée, accessoire et non significative : quelques planches du premier album. Wikipédia).
Dans cet album, les Belges ont cédé la place aux Français et c'est de fort belle manière que Gil Formosa dessine un Buck Danny que Victor Hubinon ne renierait pas. Quant au scénario de Frédéric Zumbiehl, il tient la route puisque nous avons là un ancien pilote de l'aéronavale qui sait tout de même un peu de quoi il parle. Abstraction faite des personnages de fiction, l'histoire est plausible.
Un petit mot pour remercier Isabelle Drouaillet-Formosa pour les magnifiques couleurs qui agrémentent les planches de cet album.
Attention : Ceci n'est que le premier tome. Il y a une suite : « Defcon one ! »
Attention ! Ne commettez pas la même erreur que moi ! J'ai acheté le onzième volume de cette saga, pensant que, comme la plupart des BD, il pouvait se suffire à lui-même ! Que nenni !
Commencez donc par le numéro un !
L'histoire (11. Les Cloueurs de Nuit) :
Yvan se retrouve seul dans une petite ville en bord de mer. Il assure sa survie, notamment en piégeant des araignées de mer. Il se demande où sont passés ses amis. Dans cette petite ville, il occupe la plus belle demeure. Pourtant, il a le sentiment de ne pas être seul. Les nombreuses mouettes l'énervent car il a l'impression qu'elles n'ont rien d'autre à faire que de le « zieuter ».
Il voudrait rejoindre ses copains, l'ennui c'est qu'il n'y a aucun lieu de rendez-vous qui a été fixé pour le cas où ils viendraient à être séparés. Il en est à se demander où aller lorsqu'il sent une présence derrière lui…
Critique :
Pas évident d'apprécier un onzième tome alors qu'on n'a lu aucun des précédents et que les auteurs ne font pas un petit rappel de, mettons, deux pages, des événements précédents. Alors quelles impressions en tirer ? D'abord qu'il semble y avoir une excellente collaboration entre le scénariste français, Vehlmann, et le dessinateur belge, Gazzotti, pour donner une BD franco-belge moderne. Très sceptique, au départ, en abordant cette BD pour adolescents, j'ai été vraiment séduit par les dessins de Gazzotti. Les visages, notamment sont très expressifs. Les couleurs contribuent grandement à l'ambiance de chaque scène.
Et le scénario ? Heu… Difficile de juger quand on n'a pas lu ce qui précède. On est vite égaré par des changements de lieux et de scènes qui font référence aux situations antérieures au onzième tome. Malgré mon ignorance crasse, j'ai tout de même apprécié l'ambiance glauque qui contraste avec le côté « mignon » des personnages.
Province du Guangxi, Chine, février 1856.
Un homme vient d'être jugé et condamné à mort. Son crime ? Il a propagé une religion perverse, selon les autorités chinoises, le catholicisme.
Hiver 1859
L'empereur Napoléon III est occupé à doter la France d'un empire colonial. Il lorgne du côté de la Chine et de ses incommensurables richesses. Bien sûr, on n'est pas des sauvages, on va leur acheter leurs productions qui seront du plus bel effet en Europe et en contrepartie, on va les obliger à acheter ce dont ils n'ont pas forcément besoin. Il s'est allié aux Britanniques pour en découdre avec les Chinois. Un bon petit prétexte et c'est la guerre assurée. Anglais et Français sont convaincus qu'ils ne feront qu'une bouchée de ces Asiatiques. Les Anglais qui forcent les Chinois à leur acheter cette saloperie d'opium ne sont pas les seuls qui ont une morale très bancale…
Le séduisant François Montagne appartient au 4e Régiment d'Infanterie de Marine. Son plus vif désir est de se rendre en Chine, il a d'excellentes raisons d'effectuer ce déplacement, mais les places sont chères. Seuls les meilleurs soldats prendront place sur le bateau qui conduira les hommes à Shanghai après plusieurs mois de voyage. Grâce à ses qualités athlétiques, il s'impose à l'épreuve finale de sélection. Son ami, Jacques Jardin, excellent dessinateur est également de la partie, pas pour ses talents de soldat, mais parce qu'il a su convaincre le sergent Marais que, par ses dessins, il l'immortaliserait.
Au cours du voyage, Montagne fait la connaissance d'un vieux diplomate fort mal en point, le comte de Malnay, et de sa jeune épouse d'origine chinoise. le comte connait très bien la Chine et parle le Chinois. Il est chargé des tractations diplomatiques.
En arrivant dans la concession française de Shanghai, Montagne découvre les conditions de vie des Chinois…
Critique :
Mais que voilà une couverture graphiquement très réussie ! Elle annonce la couleur dès le départ : ça va péter en Chine et le soldat Montagne risque de ne pas apprécier ce qu'il va découvrir.
Le dessin et la mise en couleurs de Xavier Besse sont du grand art : il reconstitue aussi fidèlement que possible les uniformes des soldats et les décors. Il crée une ambiance digne des plus grands maîtres de la BD historique.
Mais une histoire ne serait rien sans un excellent scénario. Ils s'y sont mis à deux pour donner corps à Lao Wai (terme qui désigne les étrangers aux yeux des Chinois). Alcante et Laurent-Frédéric Bollée ont opté pour une page de l'histoire de France très méconnue, la Seconde Guerre de l'Opium. Sujet risqué, puisque contrairement à d'autres, il ne déplace pas les foules…
Néanmoins, le sens de la narration, et de l'Histoire, de ces deux scénaristes en fait une BD très riche qui donne envie de se plonger dans cette page de l'histoire honteuse des Anglais et des Français.
Assez causé, il est temps d'aborder le deuxième tome…
Nous avions laissé François Montagne en fort mauvaise posture après avoir manifesté son désaccord avec les méthodes crapuleuses de son supérieur, le sergent Marais qui semblait l'avoir blessé par balle…
Le doute est levé. François Montagne est gravement atteint, inconscient (au propre, cette fois) et ne devra la vie qu'à un sage, pratiquant la pêche avec ses cormorans. le vieil homme le ramène, quand il semble rétabli, dans la concession française, où, après avoir fait la connaissance d'une entêtée journaliste, mademoiselle Valentine Préau, envoyée spéciale du journal « le Siècle », il rencontre ses « chers » vieux camarades, bien décidés à lui faire la peau…
Critique :
Dans ce deuxième tome, les auteurs nous réservent deux flash-backs qui nous éclairent sur le passé de François Montagne et sur celui de Jia-Li, la veuve du défunt comte de Malnay. Justement, à propos de cette dame, de quel côté son coeur balance-t-il ? Est-elle dans le camp des Français ? Ou plutôt dans celui des Chinois ?
Les auteurs nous font découvrir l'inconscience de l'Empereur de Chine qui, plus préoccupé par ses plaisirs que par la gestion de l'Empire, ne mesure pas la puissance des deux armées occidentales qui s'apprêtent à lui tailler des croupières.
François Montagne se rend compte que les Occidentaux ne sont pas là pour une juste cause, mais bien pour assouvir leurs soifs de richesses, leurs rêves de gloriole et leurs besoins d'aventure… Mais les Chinois ne sont pas davantage « présentables » ! La Chine est en pleine guerre civile…
Xavier Besse, au dessin et à la couleur, sert de façon magistrale le scénario des compères Alcante et Bollée. J'ai lu des critiques grinçantes de certains lecteurs déçus par, notamment, les flash-backs qui ralentissent, voire cassent, le rythme de l'histoire. Faut choisir : veut-on donner de l'épaisseur aux principaux personnages ou foncer directement vers la grande aventure ? le choix des auteurs n'est pas pour me déplaire, d'autant qu'avec les dessins et la technique mixte (encre sur papier, encres de couleur acryliques) de Xavier Besse, les planches se savourent comme autant de tableaux de maître.
« Parfait ! Parfait ! Cette Nohraîa est parfaite pour le rôle que nous allons lui faire jouer ! Cette pilote d'exception n'est qu'une tête brûlée ! Vous avez vu ce qu'elle a fait à trois pilotes ? Les gars en sont encore à boire leur honte de s'être faits rétamés à trois contre une ! La pauvre chérie ne sait pas qu'elle va être sacrifiée sur l'autel de la grande stratégie. Rien de tel qu'un bon incident diplomatique pour justifier notre intervention musclée… »
Critique :
Je ne suis pas fan de « comics » américains. Tous ces types qui, pour montrer qu'ils sont des héros, mettent leur slip au-dessus de leurs collants, je les aimais bien quand j'étais gamin, mais là, c'est bon, j'ai passé le cap. Pourquoi parler de « comics » américains ? Parce que le Pixx en est marqué dans son style et que cela se sent dans son dessin, mais avec quelques différences notables : format de BD franco-belge et décors bien soignés. Saluons au passage le travail de la coloriste, Véra Daviet, qui crée des atmosphères très variées et très réussies en fonction du contexte. le dessin de le Pixx est percutant. Les scènes de bagarre sont nombreuses et je suppose que les spécialistes des arts martiaux apprécieront les détails.
Le scénario est classique : des malandrins cherchent l'incident diplomatique pour avoir un bon prétexte pour faire la guerre. C'est classique, mais c'est bien mené. Au passage, notons que les héros sont plutôt des héroïnes… C'est la tendance actuelle, après des années où les femmes étaient juste là pour être sauvées ou pour s'allonger, maintenant, ce sont elles qui canardent et sauvent l'humanité.
J'ai passé un excellent moment de lecture et j'ai hâte de lire la suite, mais je crains qu'il ne faille attendre 2021 pour le deuxième tome car il devrait comprendre plus de 90 pages.
« On me surnomme Bord' et je ne veux plus faire partie de ces 900 millions d'esclaves qui travaillent dans les champs d'astéroïdes de Trappist-1 à la recherche du précieux reddyrium ! Il y a trois siècles encore, les Terriens étaient 16 milliards. J'ignore quelle saloperie ces Aliens nous ont faite, mais il nous est impossible de nous révolter. Je voudrais envoyer mon poing dans la gueule d'un abruti que je n'y arriverais pas. Ces salauds arrivent même à nous empêcher de nous suicider. J'ai décidé de rejoindre les rebelles, les Blue Dot Sons. Par un étrange phénomène, la modification introduite dans l'ADN humain par nos chers maîtres semble neutralisée chez eux. Ils n'ont qu'une envie : libérer l'humanité et faire payer chèrement à ces esclavagistes les milliards d'êtres humains qui ont été condamnés à travailler pour eux. L'ennui, c'est que ma grande soeur ne semble guère pressée de rejoindre les rebelles, et je l'aime plus que tout… Mais pas au prix de ma liberté… Pas au prix de la liberté de mon peuple ! »
Critique :
Voilà un premier album très prometteur, surtout au niveau du dessin et de la mise en couleurs, due aux talents d'Alessandra de Bernardis, jeune italienne. Vivement le second et dernier tome.
Petit bémol, les dialogues semblent souvent sortis de séries telles que « Les Feux de l'Amour » et sont parfois consternants :
« - Au contraire Taun… C'est moi qui suis désolée. Je n'ai rien vu, rien compris. J'étais aveuglée par mon amour pour Bord', et mon besoin de le protéger, même contre son gré. J'ai été la pire des égoïstes.
- Ne dis pas ça. Je…
- Si ! Et je n'ai pas vu la noblesse de sa cause. de vôtre cause ! Je ne voyais que moi, moi, moi ! »
A part ça, l'histoire tient la route.
Aeka, dix ans. Peu de choses l'émerveillent. Lors de la fête annuelle célébrant la fin des dragons, elle est tout de même épatée par le spectacle de ce dragon ressuscité par un grand magicien.
Quelques jours plus tard, un homme seul se présente devant le palais forteresse de son père et procède à un grand nettoyage. Il n'épargne qu'Aeka…
Pourquoi fait-il cela ? Qui l'a commandité ?
Critique :
La couverture est d'un graphisme époustouflant.
Ils se sont mis à deux pour réaliser le scénario : Fuat Erkol et Christian Simon. Qu'en dire ? Pas grand-chose. Cet album est une sorte d'introduction qui nécessite une suite.
Mais ce qui est fabuleux, c'est la qualité du graphisme. Fabrizio Cosentino, jeune dessinateur italien, accomplit là un album très plaisant à contempler dans un univers fantastique très japonais. La mise en couleurs tient parfaitement compte des atmosphères que le dessinateur veut faire ressentir au lecteur.
Kamiti est une maison d'éditions qui a vu le jour en 2018 et qui a déjà publié de fort intéressants albums de science-fiction et de fantastique.
La Bataille de la Marne perdue, le gouvernement français se réfugie à Alger d'où il poursuit la lutte contre l'Allemagne, Clémenceau étant président de la IIIe république.
Les Allemands installent sur le trône de France un roi fantoche.
La flotte anglo-française parvient à tenir à distance l'Allemagne, mais les choses pourraient bien changer : si le tzar Nicolas dépose les armes, les Allemands pourraient faire venir leur flotte de la Mer Noire. La marine française ne saurait surveiller autant de voies de navigation qui pourraient permettre à une flotte d'invasion de débarquer en Afrique du Nord…
Heureusement, il y a Clémenceau ! Celui-ci sait que dans une guerre totale tous les coups sont permis… Et puisque le tzar Nicolas en déposant les armes pose un problème à la France, la solution est « simple » : il suffit de liquider le tsar. Pour ce faire, le Président s'adresse au célèbre commissaire Blondin des Brigades du Tigre, créées par ce même Clémenceau… Mais que diantre le Président demande-t-il là à un homme aussi droit que Blondin ? Commettre un assassinat ? Ce n'est pas dans ses cordes, sa morale le lui interdit ! Clémenceau qui pense à tout a une botte secrète : l'anarchiste Jules Bonnot ! Bonnot ? Mais il est mort en 1912 lors de l'assaut des forces de police à Choisy-le-Roi ! Que nenni ! Gravement blessé, il a survécu et a été enfermé dans diverses prisons françaises, dans le plus grand secret, sur ordre de Clémenceau. Il est actuellement détenu au château d'If. Problème : celui-ci est du mauvais côté de la France. Qu'à cela ne tienne ! Une petite opération « commando » va permettre d'aller quérir l'assassin pour qu'il exécute les grands desseins de Clémenceau, encadré par le commissaire Blondin…
Critique :
Si vous n'aimez pas les uchronies, passez votre chemin ! Jour J est une collection qui repose sur le principe-même de l'uchronie. La qualité de cette collection est très variable, tant au niveau du scénario que du dessin. Alors, qu'avons-nous ici ? Une pépite ! Un des meilleurs bouquins de la série ! Tant le scénario, de Fred Duval et Jean-Pierre Pécau, assistés de Fred Blanchard, que le dessin de Florent Calvez sont très bien ciselés. Même si le dessin est un peu statique. Les décors sont généralement très bien travaillés et la mise en couleurs par ce même Florent Calvez crée de belles atmosphères. La couverture, signée
Un énorme effort de documentation a été fourni au point de se laisser séduire par cette histoire parallèle et de vouloir y croire. Evidemment, beaucoup de libertés sont prises avec la technologie puisque l'hydravion utilisé dans le récit, le Lioré et Olivier LEO H-13 A, ne sera mis en service qu'à partir de 1922.
Petit clin d'oeil, Tintin va se faire dépouiller. Oui, oui ! LE Tintin d'Hergé !
Le futur Tito est également présent sous les traits d'un légionnaire « français ».
Bonnot et le commissaire Blondin sont arrivés dans la Très Sainte Russie. Ils sont là pour supprimer le tsar. Mais pour réussir un coup pareil, une petite révolution s'impose. Pour ce faire, ils ont amené dans leurs bagages depuis la Suisse, par train, un certain Lénine. Seulement, une révolution cela coûte de l'argent… Et quand on n'en a pas, on va le chercher là où il y en a, ou plutôt l'intercepter quand il vient à passer… Bonnot et Blondin se retrouvent acoquinés avec un certain Joseph Vissarionovitch Djougachvili, pseudonyme « Koba », Staline, quoi ! Ce dernier est un pilleur de banques et un assassin sans scrupules, peu soucieux de la vie des civils, y compris de ses partisans.
Après une attaque « réussie » d'un fourgon transportant une belle quantité d'or, Staline répartit le butin à sa manière entre les soviets qu'il a choisis. Blondin a un léger différend avec lui quant à la manière dont il a procédé lors de l'attaque en se fichant éperdument des pertes en vies des innocents. La situation dégénérant quelque peu, c'est Léon Trotski qui ramène le calme. Staline n'est pas près d'oublier l'affront qu'il vient de subir…
Blondin devrait aussi se méfier d'une certaine Frauleïn Professor qui est à ses trousses depuis qu'il lui a échappé en Suisse. Cette charmante dame, exemple-même de la douceur féminine, rêve de le faire parler… Elle en pince pour lui…
Critique :
Le scénario est-t-il trop tiré par les cheveux ? Je ne saurais le dire : Je suis chauve ! Avantage appréciable dans ce cas-ci car il me permet de savourer l'imagination débordante des auteurs Duval et Pécau. Les rencontres avec toutes sortes de personnages historiques me font songer aux Astérix de la grande époque.
Une solide documentation a servi tant aux scénaristes qu'au dessinateur, Florent Calvez, dont le style ne plaira pas à tout le monde en ce qui concerne les dessins des personnages. Moi, j'aime beaucoup, en particulier ses décors et sa mise en couleurs.
C'est aussi une opportunité pour se plonger dans les événements réels de cette époque. Septembre Rouge et Octobre Noir figurent parmi mes Jour J préférés.
Watson, bon sang ! Comment êtes-vous arrivé en Afghanistan ? Votre maigreur fait peur ! Votre parfum de rose est fané…
Critique :
Fichtre ! Tant de talent gâché ! Un si bon dessinateur au service d'une cause douteuse. Ce scénario a bien du mal à s'intégrer dans l'univers de Sherlock Holmes, trouvai-je ! Watson, qui devrait avoir une quarantaine d'années, est toujours aussi vieux (il n'a pas rajeuni depuis le premier tome et il est toujours aussi drogué, à moins qu'il ne soit schizophrène). Tout s'explique à la fin du 2e tome… Mouais… Tout ça pour ça… Mettre Watson en vedette après la disparition d'Holmes, l'idée me paraissait séduisante…
Encore un « détail » : si vous lisez le livre, comparez la couverture avec le contenu… Il y a comme une fausse note… L'illustrateur qui l'a réalisée n'a pas dû être mis au parfum par le scénariste ou alors il ne comprend pas le français, le brave Grzegorz Krysiñski (non ! non ! je n'ai pas inventé son nom).
On peut se demander pourquoi les Editions Soleil n'ont pas conservé le même illustrateur que pour la première couverture. Pour la mise en couleur, changement d'artiste : Axel Gonzalbo a remplacé Véronique Daviet… Cela manque un peu de cohérence et d'unité, non ? Heureusement que les dessins sont encore de Darko Perovic.
Paris. Juin 1944.
Sur dénonciation pour marché noir, la jolie Jeanne a été arrêtée par la police… Chez elle, point de cochonnailles, de fromages, de caviar ou de poules… Ce que les poulets ont trouvé est bien plus grave pour la jeune fille : une musette de grenades et trois revolvers…
Mais pourquoi les flics ne la livrent-ils pas à la Gestapo ? Probablement que le commissaire se tâte : les temps changent… Lui aussi devrait peut-être songer à changer de camp…
En attendant, Jeanne est en cabane.
Arrive alors un drôle d'olibrius. Fraîchement arrêté, des bijoux plein les poches, trois mille francs en liquide et des valises d'antiquaire, l'homme ne manque pas de bagout et ne tarde pas à engager la conversation avec Jeanne puisque le voilà enfermé dans la même cage au commissariat.
Profitant de ce que les policiers courent aux abris suite à une alerte aérienne, par ruse, notre malandrin, François, parvient à s'échapper, entraînant sur les toits, la délicieuse Jeanne…
Critique :
Gibrat est un auteur contemporain exceptionnel qui assume tout ; scénario, dessin, mise en couleur. Il excelle à tous les niveaux. Son scénario tient parfaitement la route, le dessin et les couleurs donnent lieu à de vrais tableaux de maître.
On retrouve une ambiance hyper réaliste dans un Paris occupé, reproduit aussi fidèlement que possible.
Les personnages sont très attachants et leurs comportements très humains. Cette « petite » histoire imaginaire tirée de la GRANDE HISTOIRE a le mérite de donner un bel aperçu de la vie à Paris en juin 1944, alors que les alliés ont débarqué en Normandie et que leurs bombardements aériens s'intensifient sur tout ce qui est transports.
A savourer, à déguster, ce n'est pas tous les jours qu'un auteur de BD peut se targuer d'être un immense artiste aux talents multiples, tous plus aboutis les-uns que les autres.
ROMA
762 AB URBE CONDITA
(9 APR. J.-C.)
Marcus s'en revient de guerre et prend du bon temps chez Felicia, épouse de sénateur, pendant que son épouse légitime l'attend. Il n'aime pas sa femme. Il ne se sont pas choisis, c'est le résultat d'un mariage arrangé par leurs pères… Mais Silvia aime son mari malgré qu'il la repousse. Pour comprendre l'attitude de Marcus, il faut remonter cinq ans en arrière…
757 AB URBE CONDITA
(4 APR. J.-C.)
Marcus et Arminius assistent aux courses de chars lorsque le regard de Marcus croise celui d'une splendide jeune femme, Priscilla…
Critique :
Enrico Marini poursuit les aventures de Marcus et d'Arminius devenus de solides gaillards. Arminius ne prend pas beaucoup de place dans ce récit où Marcus, fou d'amour pour une femme promise en mariage à un autre, accumule les gaffes, toutes plus dangereuses les unes que les autres. Les descriptions de Rome et des campagnes militaires sont toujours aussi réussies, même si les batailles ne sont qu'esquissées et que le lecteur risque de s'égarer au milieu de tous les noms des protagonistes… En fait, l'essentiel n'est pas dans la grande histoire mais bien dans ce que devient Marcus.
Une fabuleuse série magnifiquement dessinée et mise en couleurs.
Petite cerise sur le gâteau, le glossaire en fin de volume pour nous éclairer quant à des termes utilisés dans le récit.
GERMANIA 745 AB URBE CONDITA
(9 AV. J.-C.)
Le général romain Drusus, qui sera le premier à porter le nom de Germanicus, remporte une victoire décisive sur les Chérusques. Il leur propose une alliance. Pour garantir cette alliance, des jeunes princes issus des familles les plus nobles sont remis aux Romains en guise d'otages.
ROMA 735 AB URBE CONDITA
(1 AV. J.-C.)
Titus Valerius Falco se voit confier par l'empereur Auguste une mission : éduquer un jeune otage, le prince chérusque Ermanamer, fils du prince chérusque Sigmar, allié de Rome. Titus Valerius va devoir en faire un citoyen romain digne de ce nom. L'empereur attribue à Ermanamer le nom romain de Gaius Julius Armenius. Ce dernier a déjà fait connaissance avec le fils de Titus Valerius, Marcus… Une belle bagarre a opposé les deux adolescents en plein palais impérial, jetant la honte sur Titus. Ce dernier, qui a « éduqué » beaucoup de légionnaires, décide de les « traiter en hommes » à partir de ce jour… Une éducation qui n'a rien de tendre et qui est à la mesure de la haine que se portent les deux jeunes gens…
Critique :
Soyons clairs : Ce n'est pas une bande dessinée pour enfants ! Si vous désirez offrir une BD à votre petit neveu passionné par la Rome antique pour son anniversaire, allez plutôt voir comment se porte Alix. Les Aigles de Rome est d'un réalisme fou : violence, injures, sexe, cruauté… Rien ne manque à l'appel pour recréer une ambiance crédible.
Avec cet album, vous allez suivre l'éducation de deux jeunes gens « de bonnes familles », un Romain et un Chérusque qui vont devoir partager pratiquement tous les moments de leur vie. C'est l'occasion de découvrir ce que pouvait être la vie à l'époque à Rome et en Germanie.
Enrico Marini est le fabuleux homme-orchestre qui a donné naissance à cette oeuvre puissante et réaliste. Il est à la fois le scénariste, le dessinateur et le coloriste des Aigles de Rome.
Province de Sud-Kivu (RDC), deux heures après le lever du soleil
Le colonel Ernest Malumba s'adresse à ses troupes qui vont attaquer un paisible village sans défense : « Les femmes et les gamines violées et mutilées devant leur famille. Les hommes à partir de douze ans faits prisonniers. Les mains coupées pour ceux qui résistent. Les bébés et les vieillards, brûlés dans leur cahute, morts ou vifs. »
Deux jours plus tard dans une capitale occidentale
Le directeur de Metalurco, grosse multinationale active, notamment, dans les métaux rares, s'adresse à François Daans, jeune ingénieur belge de 28 ans, quadrilingue et sorti ingénieur des mines de l'Université Libre de Bruxelles avec GRANDE DISTINCTION : « Notre… Ahem… Principal directeur de production, le colonel Ernest Malumba, est mort il y a deux jours dans l'exercice de ses fonctions. Je veux que vous lui trouviez un remplaçant. »
Critique :
Le scénario de van Hamme est solide comme un roc. L'homme sait y faire. Il est le scénariste le plus lu de la BD franco-belge. Il nous entraîne en République Démocratique du Congo dans une aventure pleine d'action (c'est du van Hamme, quoi !) mais qui repose, hélas, sur de bien tristes réalités. Vingt ans que les paisibles populations du Kivu subissent les exécrables exactions des groupes armés, bien souvent issus du Rwanda voisin, qui sèment le chaos avec à leur tête des « colonels » autoproclamés. Vingt ans que le monde entier s'en fout du sort de ces populations ! Une seule chose importe vraiment : l'extraction du coltan sans lequel nos GSM et autres smartphones auraient du mal à fonctionner. D'ailleurs, au Kivu, il y a bien d'autres richesses, mais aucune ne profite à la population, bien au contraire, ce sont ces fichues richesses qui attirent le malheur sur leurs têtes.
Mais à côté de ces individus crapuleux, on trouve des êtres exceptionnels qui, au péril de leur vie, tentent de sauver des existences et de réparer les atrocités causées par des pousse-au-crime qui terrorisent leurs propres troupes qui comptent un nombre important d'enfants soldats. C'est ainsi que dans la BD, on découvre le travail du célèbre docteur congolais Denis MUKWEGE, chirurgien gynécologue, fondateur et directeur médical de l'hôpital de Panzi au Sud-Kivu, l'homme qui « répare les femmes ». Autre personnage, bien réel, Guy-Bernard CADIÈRE, professeur de chirurgie à l'Université Libre de Bruxelles est l'un des inventeurs de la chirurgie minimale invasive. Il opère régulièrement avec le docteur Mukwege à Panzi.
Un petit mot à propos de Christophe SIMON, le dessinateur qui, bien qu'encore jeune, s'est déjà illustré en reprenant dans plusieurs albums les personnages de Jacques Martin : Orion, Lefranc, Alix. Il a mis la main à la pâte pour Corentin… Bref, un homme qui a déjà fait ses preuves et qui, ici, crée ses propres personnages pour un « one shot ».
Ma seule déception concerne la mise en couleurs d'Alexandre Carpentier qui date d'un autre âge. de grands aplats d'une seule couleur…
Cette bande dessinée, pleine d'action, est aussi un reportage, un témoignage… A lire absolument si l'Afrique, l'actualité, les conflits contemporains vous intéressent, ou tout simplement l'action !
Pyramide de Khéops.
Deux hommes sortent d'un sommeil qui leur a visiblement causé une solide migraine. Ils sont dans une pièce obscure éclairée par une maigre bougie. Comment diable sont-ils arrivés là ?
Bruxelles, des années plus tard ;
C'est un Mortimer vieilli (normal, les années ont passé, et depuis quelques temps les héros de BD se mettent à vieillir, tels des gens ordinaires) qui se rend au Palais de Justice de Bruxelles pour répondre à l'invitation d'Henri qui a fait des découvertes vraiment incroyables…
Critique :
Quelque chose me dit que je vais encore me faire des amis ! Tant pis ! Je plonge dans le Vortex ! Je suis déçu par cette aventure très caricaturale de Blake et Mortimer. de l'Edgar P. Jacobs à la sauce Schuiten cela donne un enfant bâtard issu des Cités obscures. le style graphique est du pur Schuiten que j'apprécie dans les mondes qu'il a créés, mais cette intrusion graphique dans l'univers de Jacobs est une hérésie. Qu'Anubis me pardonne, mais les personnages dessinés par le talentueux Schuiten me donnent la nausée car ils sont à des années lumières du style de Jacobs. Je me répète, mais le trait de Schuiten dans les Cités obscures me convient, mais pas ici où la rupture avec les Blake et Mortimer originaux est colossale. Quant à la mise en couleurs de Laurent Durieux, tant vantée par certains critiques, elle me déplaît souverainement. Les couleurs sont ternes et moches. Seul point positif : les bâtiments bruxellois symboliques que j'ai retrouvés avec plaisir.
Tant qu'à faire, je vais poursuivre la plongée en Enfer avec quelques commentaires quant au scénario, histoire, après Schuiten de bien me mettre à dos les scénaristes, Jaco van Dormal qui fait d'excellents films et Thomas Gunzig dont j'ai adoré son dernier roman « Feel Good ». Jacobs a su créer des histoires fantastiques avec un côté SF, mais ce n'est pas donné à tout le monde de l'imiter ou de vouloir faire mieux en ajoutant des couches et des couches d'invraisemblances. Que Mortimer devenu vieux se montre encore un excellent nageur n'en est pas la moindre. Faire de l'architecte Poelaert, l'homme qui a fait se dresser le gigantesque Palais de Justice de Bruxelles, le dernier initié dépositaire d'un héritage remontant à la plus haute Antiquité, soit ! Liberté romanesque ! Mais le coup des Égyptiens apprenant aux Mayas à construire des pyramides, cela ressemble trop aux théories fumeuses qui sévissent sur Internet. Enfin, ne nous plaignons pas, pour une fois que ce n'est pas un coup des extra-terrestres !
A trop vouloir faire de l'art, on peut défigurer une création originale.
Bref ! S'il devait y avoir une suite, je passerai mon tour sans demander mon reste…
Printemps 1944. A bord du porte-avions britannique Intrepid.
« Capitaine Blake, en vue du prochain débarquement allié sur les côtes françaises, il est capital de détruire les sous-marins allemands. Autrement, je ne donne pas cher des vaisseaux de transport de troupes. Heureusement, pour nous aider à les détecter, nous allons bénéficier d'un nouveau sonar remorqué mis au point par les Américains… Ciel ! Je reçois à l'instant un message de première importance ! … Incroyable ! Les Allemands s'apprêtent à lancer une attaque suicide contre notre Parlement… Dans… une heure… »
Critique :
C'est avec joie et délectation que je me suis plongé dans ce nouvel opus des aventures de Blake et Mortimer, d'autant qu'il vient préciser les événements qui se sont déroulés dans « le Secret de l'Espadon », mon Blake et Mortimer préféré. Bonjour les grincheux qui trouvent que Blake et Mortimer sont morts avec Edgar P. Jacobs ! J'ai adoré les dessins d'André Juillard qui correspondent parfaitement au style graphique de Jacobs. Bravo, monsieur ! de l'excellent ouvrage ! L'ambiance année '40, façon Edgar P. est on ne peut plus crédible. Votre ligne claire est parfaite !
Ouvrons le feu sur Yves Sente, le scénariste ! … Taratata ! On se calme ! On respire… Et on admire ! Si je ne connaissais pas un peu l'oeuvre d'Edgar Félix Pierre Jacobs, j'aurais pu croire que le scénario était l'oeuvre de cet auteur qui apporta tant à la bande dessinée en général et à la BD franco-belge en particulier. Que ce soient les longues descriptions, fréquentes à son époque, ou les dialogues mâtinés d'expressions anglaises, tout sent la présence de cet immense auteur et dessinateur. Yves Sente a parfaitement trouvé sa place dans le studio Jacobs et ce récit qui annonce « le Secret de l'Espadon » du grand maître est un pur bonheur car il s'intègre parfaitement dans l'oeuvre de Jacobs, au point que dans quelques années, si on place les histoires par ordre chronologique (non en fonction de leur date de parution, mais bien en fonction du calendrier du XXe siècle) les lecteurs n'y verront que du feu.
1945 Océan Pacifique du côté d'Iwo Jima
Que fabriquent deux femmes à bord d'un destroyer américain si près des combats ? Qui sont-elles ?
Des nurses ?
Et ces bombardiers japonais, sans escorte, qu'espèrent-ils causer comme dommages à la flotte US, avec les P-51 qui n'en feront qu'une bouchée ?
Iwo Jima. Iwo Jima et sa puanteur ! Iwo Jima et cette odeur de soufre à laquelle viennent s'ajouter les effluves des cadavres de soldats japonais en décomposition… Iwo Jima où le canon tonne jour et nuit…
Critique :
Vous aimez les avions ? Impossible de faire l'impasse sur Angel Wings. Les dessins de ces appareils sont d'une qualité irréprochable. Les personnages ont souvent un aspect caricatural. Les décors et les couleurs sont à couper le souffle. Dans ce numéro, les navires sont également représentés et n'ont rien à envier aux aéroplanes pour ce qui est de la fidélité et de la qualité. Les dessins de Romain Hugault sont des oeuvres d'art. Cet homme est pilote et cela se sent. Peu de dessinateurs sont en mesure de rivaliser avec son talent pour dessiner des avions.
Yann, au scénario, nous narre une histoire fictive mais qui reste fidèle à l'Histoire avec un grand H. Malgré le côté grave des récits, Yann parvient toujours à glisser une touche d'humour… Mais aussi de la tension, du drame, notamment en respectant les Japonais qu'il ne présente pas d'une façon caricaturale comme c'est souvent le cas dans les récits auxquels nous ont habitués la plupart des BD dès lors qu'il s'agit de la Seconde Guerre mondiale. Ajoutons qu'il s'appuie sur une très solide documentation.
J'ai la chance de disposer de cet album en grand format pour mieux encore profiter des qualités esthétiques de ce récit.
Décidément, les Editions Paquet restent les meilleures en matière de BD avec des sujets liés à l'aviation !
NB : Il est préférable d'avoir lu les autres tomes de la série avant d'aborder celui-ci.
Au soir de sa vie, Voltaire accepte, en son château de Ferney, situé près de la Suisse, de recevoir Lasalle qui souhaite rédiger sa biographie.
Voltaire lui raconte alors quelques épisodes marquants de sa vie : adolescence, premiers pamphlets, premières pièces de théâtre, premières amantes, premiers embastillements, … , jusqu'à arriver à son âge avancé où le philosophe a pris la place de l'homme de lettres et n'hésite pas à s'engager dans des procès iniques qui ont le don de le faire enrager par la stupidité des juges et des curés, personnes d'un autre âge qui ne voient pas que le monde et les idées ont évolué.
Critique :
Ce livre qui déplaira aux amateurs d'action par son côté narratif, enchantera ceux qui veulent découvrir Voltaire, son oeuvre et son temps. Philippe Richelle, le scénariste, ne cherche nullement à présenter l'écrivain comme un individu d'une rectitude parfaite, puisqu'on parle là de celui qui fut sans doute le plus grand philosophe des lumières. Bien au contraire, Philippe Richelle nous montre également des aspects du personnage nettement moins séduisants. Ainsi, Voltaire s'est moqué du Régent (qui gouverne après la mort de Louis XIV jusqu'à ce que Louis XV soit en âge de monter sur le trône) qui était un brave homme « progressiste », animé de l'esprit des lumières, simplement pour permettre au sieur Voltaire de faire parler de lui, de se faire connaître, car, quoi de mieux que de susciter un scandale pour que l'on parle de vous ? le scénario désarçonnera certains lecteurs par son découpage car l'on passe d'une époque à une autre par un effet de yo-yo pas toujours facile à saisir, mais que l'on comprend si on pratique une lecture attentive.
Le scénariste accorde une place de choix aux maîtresses De Voltaire, non pour appâter le public par des scènes lubriques, mais tout simplement parce qu'elles ont joué un rôle dans sa vie, en particulier Emilie du Châtelet qui, mériterait bien une bande dessinée centrée sur sa personne. Femme tout-à-fait exceptionnelle, voici ce qu'en dit Wikipédia : « mathématicienne, femme de lettres et physicienne française. Elle est renommée pour la traduction en français des Principia Mathematica de Newton qui fait encore autorité aujourd'hui. Elle-même expérimentatrice, elle a contribué non seulement à populariser en France l'oeuvre physique de Leibniz, mais a aussi démontré par l'expérience que l'énergie cinétique (appelée à l'époque « force vive »), était bien proportionnelle, comme il l'avait formulé, à la masse et au carré de la vitesse. Voltaire, avec qui elle entretient une liaison de quinze ans, l'encouragea à poursuivre ses recherches scientifiques. »
Le dessinateur, Jean-Michel Beuriot, accomplit ici une oeuvre très personnelle et ayant nécessité un travail de recherche considérable pour représenter Voltaire à son époque. Beuriot a appliqué directement les couleurs sur les planches originales qui ont ensuite été scannées pour pouvoir y inclure les « bulles » et effectuer la mise en page. Un important travail à la palette graphique a complété l'ouvrage. Jean-Michel Beuriot a opté pour les aquarelles que d'aucuns adoreront (j'en suis) et que d'autres déploreront car cette technique en bande dessinée surprend certains lecteurs habitués à des mises en couleurs plus classiques. Chaque case devient ainsi un vrai petit tableau. le lettrage est réalisé à partir de l'écriture du dessinateur, digitalisée pour en faire une police de caractères. Tout ceci explique pourquoi il a fallu pas moins de trois ans au dessinateur pour venir à bout de ce chef-d'oeuvre (si vous n'êtes pas d'accord avec moi, je ne vous ferai pas de procès, nous n'avons pas tous la même opinion et c'est très bien ainsi).
Attention : le personnage de Lasalle, le « biographe » De Voltaire, est purement imaginaire ! Les autres « acteurs » de ce récit ont bel et bien existé.
Ce double album est bien plus qu'une BD, un roman graphique, une biographie De Voltaire. Il est tout cela et un livre d'art en plus. Il met en lumière la dualité de cet homme aux idées de qui nous devons tant (séparation de l'église et de l'état, respect des libertés individuelles et collectives, démocratie représentative, droits des femmes à pouvoir être les égales des hommes, …) et quelques côtés plus sombres (son goût immodéré pour l'argent, son opposition au suffrage universel, jugeant que tous les hommes n'étaient pas aptes à réfléchir suffisamment que pour élire sainement, …).
Je pourrais encore vous chanter les louanges de cette BD pendant longtemps, mais je vous volerais du temps que vous pourriez employer au mieux en la lisant !
XXe siècle. Début des années '50.
Frontière entre la Suisse et la France.
Une magnifique Bentley qui se dirige vers la France est arrêtée au poste frontière. Un douanier s'assure que tout est en ordre.
A un mètre d'elle, un vieux tacot cale.
Malencontreusement, le douanier qui examine la Bentley laisse tomber sa torche électrique qui heurte le parechoc… de l'or ! le parechoc est en or ! le douanier s'apprête à lancer l'alerte lorsqu'un coup de matraque asséné par le chauffeur le met KO. Au même moment, le chauffeur du vieux tacot met discrètement le feu à un paquet d'étoupe imbibé d'essence disposé sous le tableau de bord pour détourner l'attention. La Bentley en profite pour filer en trombe ! Sur la route, elle manque de peu d'emboutir la voiture de Guy Lefranc qui se rend en vacances en Suisse. Arrivé à la douane, le véhicule de Lefranc est réquisitionné par un douanier. Notre journaliste se lance à la poursuite de la Bentley et des trafiquants qui l'occupent…
Critique :
Voilà plus de quarante ans que je n'avais pas relu cette magnifique BD de Jacques Martin. L'opportunité m'en a été offerte grâce aux éditions Hachette et CASTERMAN qui rééditent toutes les aventures de Lefranc dans une très belle collection avec dos toilé et vernis sélectif. En fin de livre, huit belles pages précisent le contexte de la création du personnage de Lefranc.
Pour cette première aventure de Lefranc, Jacques Martin situe essentiellement l'aventure dans son Alsace natale, et plus précisément du côté du château du Haut-Koenigsbourg. Il utilise les vestiges de la Ligne Maginot pour y ancrer une base souterraine occupée par une armée privée qui fait chanter le gouvernement français en menaçant de détruire Paris si une colossale rançon n'est pas versée.
C'est dans cette aventure que Lefranc rencontre un jeune louveteau, Jeanjean, qui sera son compagnon, comme Enak le fut pour Alix. D'ailleurs, les ressemblances physiques entre Lefranc et Alix sont frappantes et semblent avoir été voulues par les Editions du Lombard qui éditaient le journal Tintin.
Où est passée la femme ? Cette histoire nous rappelle combien la société du début des années cinquante était machiste. Point de femmes pour accompagner Lefranc dans ses prouesses ! Les rares dames dessinées sont ménagères, clientes de restaurant, touristes ou prennent le train… La castagne est une affaire d'hommes !
Martin était ingénieur et cela se sent dans son trait lorsqu'il dessine avions, trains, voitures… La « ligne claire » fut vraiment une invention prodigieuse qui marqua un tournant dans la BD et Jacques Martin y contribua largement.
Mon autre plaisir en lisant cette histoire, c'est de retrouver les couleurs qui enchantèrent mon enfance et qui brillent de mille feux dans cette nouvelle édition sur papier glacé. Comme la plupart des BD de l'époque, celle-ci est très « bavarde » : le texte y prend beaucoup de place. Les habitués y retrouveront les expressions « Ah, mes gaillards ! », « Crétin ! Empoté ! », « Blanc bec ! », « A nous deux, misérable ! », …
Si je n'ai mis « que » 4 étoiles, c'est parce qu'à peu près à la même époque, j'ai lu « le Secret de l'Espadon », de Black et Mortimer qui m'avait profondément marqué et qui me semblait tellement plus « fort » avec une troisième guerre mondiale à la clé. Les aventures de Lefranc, un journaliste qui venait après Tintin, et avant Ric Hochet, sont caractéristiques d'une époque qui a connu quelques vrais grands reporters tels qu'Albert Londres ou Joseph Kessel. Il n'en reste pas moins étonnant de voir Guy Lefranc savoir tout faire : piloter un avion, guider une fusée, être l'égal d'un général ou d'un inspecteur de police…
J'ai été ravi de redécouvrir la technologie de l'époque : voitures, avions, téléphones, trains…
Avis aux nostalgiques : précipitez-vous sur cette nouvelle édition (Hachette – Casterman).
Au Tibet, au coeur du mystérieux Empire jaune, se prépare la plus grande attaque de tous les temps. L'usurpateur Basam-Dandu, aidé par une kyrielle d'individus malfaisants venus des quatre coins du monde, veut régner sur la Terre entière et pour cela, il dispose d'un arsenal jamais égalé. En outre, il peut compter sur l'assistance d'un occidental sans scrupules, le colonel Olrik, qui dirige le 13e Bureau.
Pendant qu'Olrik s'adresse aux chefs des escadres aériennes, le capitaine Hasso, agent de l'Intelligence Service, écoute tout en vue d'informer ses services au Royaume-Uni de l'immense danger qui guette la planète.
A 7500 kilomètres de là, le capitaine Blake vient d'atterrir sur le terrain d'aviation de l'usine secrète de Scaw-Fell. Il arrive de Londres et est porteur de mauvaises nouvelles. Il est furieux car le gouvernement n'a rien voulu entendre ! « L'opinion publique par-ci, l'ONU par là… » Alors que le monde court un immense danger, les politiciens ne prennent aucune décision « pour ne pas brusquer l'Empire jaune »…
Le capitaine Hasso arrivera-t-il à envoyer à temps son message stipulant l'heure de l'attaque mondiale ?
Critique :
Plus de quarante ans se sont écoulés depuis que j'ai découvert « le Secret de l'Espadon », la BD qui m'avait le plus tenu en haleine au début des années ‘70. Dans les années '90, j'ai acheté les trois volumes de cette histoire sans oser me replonger dedans de peur d'être déçu : j'avais changé, la bande dessinée avait beaucoup évolué…
Alors, ce week-end, j'ai décidé de confronter mes souvenirs du passé, ou plutôt les sensations que j'en ai gardées, à ma perception d'aujourd'hui…
Première observation : je m'étonne que des associations ne se soient pas encore manifestées pour que l'on interdise la publication et la vente de cette BD… L'ennemi sans scrupules est l'Empire jaune. Les méchants sont les Jaunes… Y voir une connotation raciste avec notre regard d'aujourd'hui serait une aberration ! Cette BD est parue, en planches, dès le premier journal Tintin du 26 septembre 1946. La Seconde Guerre mondiale n'est terminée que depuis un an et le Japon y a pris une part prépondérante et a dû influencer Edgar Pierre Jacobs, très marqué par la guerre. La Deuxième Guerre mondiale à peine terminée, le spectre d'une Troisième Guerre mondiale se dessine déjà, avec cette fois, le risque d'un usage intensif d'armes atomiques. L'auteur met en scène une grande crainte partagée par les populations de l'époque.
Deuxième observation : le côté science-fiction de Jacobs. Alors que certains engins sont encore influencés par les structures de la Seconde Guerre mondiale, des tourelles de mitrailleuses dans les bombardiers, par exemple, E. P. Jacobs a recours à une aile volante (celle qui sert aux déplacements d'Olrik) et qui est dérivée d'un prototype allemand, le Horten Ho 229. Comment Jacobs a-t-il eu accès à des documents d'ailes volantes reste un mystère pour moi. Mais le plus extraordinaire, reste l'Espadon… Un avion amphibie, supersonique, très maniable et pouvant être radiocommandé.
Troisième observation : les effets des bombes atomiques. Visiblement, Jacobs considère encore ces bombes comme des super bombes à la puissance explosive colossale, mais il néglige les autres effets de la bombe atomique : chaleur, ondes de choc et… radiations ! Normal. Peu de gens, en 1946 se doutaient de ces effets « annexes » à l'explosion.
Bilan : « le Secret de l'Espadon » a vieilli et ne parlera sans doute pas aux jeunes d'aujourd'hui comme il marqua les jeunes d'hier en découvrant cette fabuleuse saga. Cela reste un grand classique qui mérite le respect car, avec Hergé, avec qui Jacobs collabora, Edgar Pierre Jacobs est l'un des pères de la bande dessinée franco-belge qui aujourd'hui encore marque de nombreux auteurs.
Blake et Mortimer étaient sur le point d'être capturés à la fin du 1er tome, encerclés de toutes parts dans la demeure de Zahan-Khan, trahis par le Bezendjas. Mais lorsque les Jaunes pénètrent dans leur chambre, celle-ci est vide de ses occupants. Les soldats dans le parc ne trouvent rien non plus. Blake et Mortimer se sont volatilisés…
Critique :
Peut-on encore apprécier « le Secret de l'Espadon » quand on a vingt ans en 2019 ? Voilà qui m'intrigue car cette BD a passablement vieilli. Peu d'auteurs aujourd'hui accumuleraient autant d'invraisemblances dans leurs récits : des personnages qui savent tout faire, concevoir et piloter un engin tel que l'Espadon, tomber d'un cheval au galop à cause d'une insolation sans rien se fracturer et être d'aplomb une heure plus tard, parler une langue que tout le monde comprend que l'on vienne du Tibet, du Moyen-Orient ou de Londres… Les héros de l'immédiate après Seconde Guerre mondiale sont indestructibles, ne vieillissent pas et sont omniscients, qu'on se le dise !
Cela étant posé, vu que je n'ai plus vingt ans et que j'ai adoré cette histoire lorsque je devais avoir douze ou quatorze ans, ce retour aux sources reste tout de même un moment privilégié tant la créativité d'Edgar Pierre Jacobs nous entraîne dans le monde entier ou presque, sur terre, dans le ciel, sur et sous la mer.
Dans cet album qui tourne essentiellement autour de la captivité de Mortimer, on voit l'étoile d'Olrik pâlir, Olrik l'ennemi satanique, Olrik assoiffé de pouvoir. L'homme ne jouit plus de la totale confiance de l'Empereur. Ce n'est pas encore dans cet album-ci que l'on découvrira comment Olrik s'est retrouvé le principal conseiller de cet empereur mégalomane. Rien non plus sur les origines d'Olrik. L'homme aime le luxe et a des manières d'aristocrate, un look digne de l'Empire austro-hongrois ou russe d'avant 1914, mais rien dans le récit ne permet de remonter à ses origines.
Bref ! Si, comme moi, il vous arrive de retrouver une âme d'enfant, nul doute que vous retrouverez avec bonheur les aventures de Blake et Mortimer.
Karachi.
Un train de déportés embarque intellectuels et techniciens à destination des terribles camps de concentration de l'Himalaya.
Parmi les détenus, l'espoir renaît. L'un d'eux raconte la fantastique évasion du professeur Mortimer, d'abord par hélicoptère, ensuite par sous-marin. Tout d'un coup, la porte s'ouvre et un prisonnier est jeté à l'intérieur du wagon à coups de crosses. Donald Bell raconte sa capture, lorsqu'un prisonnier découvre un levier de fer dissimulé sous la paille. Voilà qui pourrait s'avérer bien utile pour pratiquer une évasion…
Critique :
Voici l'apothéose de cette aventure extraordinaire, rien moins qu'une Troisième Guerre mondiale… au sortir de la Seconde !
Ce volume, très riche en actions, surtout avec la bataille finale, voit le colonel Olrik vouloir s'emparer des secrets de l'Espadon pour son propre compte, alors même que son étoile pâlit de plus en plus suite à l'évasion de Mortimer. L'empereur apprenant que son cher colonel envisageait de faire cavalier seul une fois en possession de ces secrets décide de lui offrir un joli voyage…
La finale est digne des plus grands films hollywoodiens. Graphisme, mouvement, tout y est pour parfaire le chef-d'oeuvre de Jacobs.
Quand on voit à quel point les albums de Blake et Mortimer foisonnent d'inventions, on peut comprendre qu'Edgar Pierre Jacobs n'en ait pas écrit des masses (une dizaine). Heureusement, contrairement à Hergé, il a permis de poursuivre l'existence de ses personnages après sa mort.
Karachi.
Un train de déportés embarque intellectuels et techniciens à destination des terribles camps de concentration de l'Himalaya.
Parmi les détenus, l'espoir renaît. L'un d'eux raconte la fantastique évasion du professeur Mortimer, d'abord par hélicoptère, ensuite par sous-marin. Tout d'un coup, la porte s'ouvre et un prisonnier est jeté à l'intérieur du wagon à coups de crosses. Donald Bell raconte sa capture, lorsqu'un prisonnier découvre un levier de fer dissimulé sous la paille. Voilà qui pourrait s'avérer bien utile pour pratiquer une évasion…
Critique :
Voici l'apothéose de cette aventure extraordinaire, rien moins qu'une Troisième Guerre mondiale… au sortir de la Seconde !
Ce volume, très riche en actions, surtout avec la bataille finale, voit le colonel Olrik vouloir s'emparer des secrets de l'Espadon pour son propre compte, alors même que son étoile pâlit de plus en plus suite à l'évasion de Mortimer. L'empereur apprenant que son cher colonel envisageait de faire cavalier seul une fois en possession de ces secrets décide de lui offrir un joli voyage…
La finale est digne des plus grands films hollywoodiens. Graphisme, mouvement, tout y est pour parfaire le chef-d'oeuvre de Jacobs.
Quand on voit à quel point les albums de Blake et Mortimer foisonnent d'inventions, on peut comprendre qu'Edgar Pierre Jacobs n'en ait pas écrit des masses (une dizaine). Heureusement, contrairement à Hergé, il a permis de poursuivre l'existence de ses personnages après sa mort.
Champignac.
Laboratoire du comte du même nom.
Notre génial comte se livre à une xième expérience lorsqu'il entend un bruit étrange. Serait-ce l'arrivée du plombier qu'il a appelé ? Un plombier se déplaçant dans pareil engin ? Pacôme, notre bon comte n'aurait-il pas ajouté trop de champignons dans son chocolat ?
Quinze jours plus tard.
Spirou, Fantasio et Spip se déplacent dans une camionnette promotionnelle pour le journal Spirou lorsqu'ils reçoivent un appel à l'aide du comte. Aussitôt, ils changent de direction. Soudain, un énorme convoi de véhicules blindés les dépasse. Plus loin, la route est barrée par des militaires en tenue de protection NBC (nucléaire, bactériologique et chimique). Il leur est strictement interdit d'aller plus loin… Mais c'est mal connaître nos aventuriers…
Critique :
Spirou et Fantasio ont cessé d'être dessinés par Franquin en 1969. Depuis plusieurs équipes de scénaristes et de dessinateurs ont pris la relève avec plus ou moins de succès. Cette aventure-ci est la première de l'équipe Yoann et Vehlmann. La première ? Pas tout-à-fait ! Ces deux auteurs avaient déjà « commis » « Les géants pétrifiés » dans une série un peu particulière « Une aventure de Spirou et Fantasio vue par… ». Dans cette série, les auteurs jouissaient d'une grande liberté d'interprétation des personnages. Parc contre, dans « Tome 51 : Alerte aux Zorkons », il s'agit de donner une suite aux aventures des deux célèbres personnages. Les auteurs doivent donc tenter de coller le plus possible à la mythologie des héros emblématiques du journal Spirou.
Comment s'en sortent-ils ? Yoann a voulu moderniser les personnages dans leur aspect et on retrouve l'influence des mangas dans leurs regards avec des yeux démesurément grands par moments. Dans l'ensemble, on retrouve les personnages de Spirou et de Fantasio assez fidèles à l'image qu'André Franquin a voulu leur donner. Certains mouvements ressemblent à s'y méprendre à ceux que Franquin lui-même aurait pu dessiner.
Vehlmann fait preuve d'humour et crée un univers très proche d'un Spirou et Fantasio des origines. Fantasio est assez fidèle au « personnage de base », un peu stupide, héroïque par moments, gaffeur toujours.
Alors, pourquoi n'ai-je pas ressenti un grand enthousiasme au terme de cette découverte ? Peut-être parce que je n'ai pas trouvé l'histoire fondamentalement originale.
En résumé : une bonne BD mais pas de quoi s'éclater.
Londres.
Big ben vient de sonner une heure du matin. La pluie s'abat sur la capitale.
Dans la Tour de Londres, une ronde du « Royal Fusiliers » achève d'inspecter les sentinelles qui montent la garde autour des tours où sont abrités les joyaux de la couronne.
Soudain, dans le corps de garde, la lumière s'éteint. Une lanterne de secours est allumée. Sortant du corps de garde, le sergent tombe sur une sentinelle inanimée. Un Yeoman (garde du trésor royal) accourt. Plusieurs gardes gisent inanimés. Dans la chambre du trésor, la couronne impériale a disparu. Sur la porte d'acier se trouve le signe fatidique de la Marque jaune…
Critique :
Le moment est venu pour Blake et Mortimer des retrouvailles avec Olrik… Un Olrik bien diminué…
Londres tremble sous les méfaits accomplis par « La Marque Jaune », un malfaiteur d'une force et d'une habileté sans commune mesure avec un être humain ! Et si ses pouvoirs ne se limitaient qu'à la force et à l'équilibre ! Mais non, il semble disposer de qualités bien plus étranges et puissantes. Qui pourra l'arrêter ?
Voici probablement l'album d'Edgar Pierre Jacobs le plus abouti graphiquement. L'auteur y joue allègrement avec les silhouettes et les ombres. Il y a une grande dynamique jusques et y compris les plis des vêtements. Rien d'étonnant à ce que Jacobs ait servi de modèle à des générations de dessinateurs. La marque jaune dégage une telle puissance graphique qu'elle en est devenue pratiquement un logo pour l'oeuvre d'Edgar P. Jacobs.
Que dire du scénario ? Je reste perplexe à cause de tous ces blablas propres à la bande dessinée des débuts de la ligne claire. Comment sont-ils perçus par les jeunes d'aujourd'hui ? Mystère. Difficile pour moi qui redécouvre avec nostalgie ces histoires qui datent de ma lointaine adolescence de porter un jugement. Je trouve le style à la fois vieillot et plein de charme, mais ayant découvert les aventures de Blake et Mortimer il y a près de cinquante ans, il m'est resté un vif intérêt que ne partageront probablement pas des lecteurs plus jeunes.
Londres.
Big ben vient de sonner une heure du matin. La pluie s'abat sur la capitale.
Dans la Tour de Londres, une ronde du « Royal Fusiliers » achève d'inspecter les sentinelles qui montent la garde autour des tours où sont abrités les joyaux de la couronne.
Soudain, dans le corps de garde, la lumière s'éteint. Une lanterne de secours est allumée. Sortant du corps de garde, le sergent tombe sur une sentinelle inanimée. Un Yeoman (garde du trésor royal) accourt. Plusieurs gardes gisent inanimés. Dans la chambre du trésor, la couronne impériale a disparu. Sur la porte d'acier se trouve le signe fatidique de la Marque jaune…
Critique :
Le moment est venu pour Blake et Mortimer des retrouvailles avec Olrik… Un Olrik bien diminué…
Londres tremble sous les méfaits accomplis par « La Marque Jaune », un malfaiteur d'une force et d'une habileté sans commune mesure avec un être humain ! Et si ses pouvoirs ne se limitaient qu'à la force et à l'équilibre ! Mais non, il semble disposer de qualités bien plus étranges et puissantes. Qui pourra l'arrêter ?
Voici probablement l'album d'Edgar Pierre Jacobs le plus abouti graphiquement. L'auteur y joue allègrement avec les silhouettes et les ombres. Il y a une grande dynamique jusques et y compris les plis des vêtements. Rien d'étonnant à ce que Jacobs ait servi de modèle à des générations de dessinateurs. La marque jaune dégage une telle puissance graphique qu'elle en est devenue pratiquement un logo pour l'oeuvre d'Edgar P. Jacobs.
Que dire du scénario ? Je reste perplexe à cause de tous ces blablas propres à la bande dessinée des débuts de la ligne claire. Comment sont-ils perçus par les jeunes d'aujourd'hui ? Mystère. Difficile pour moi qui redécouvre avec nostalgie ces histoires qui datent de ma lointaine adolescence de porter un jugement. Je trouve le style à la fois vieillot et plein de charme, mais ayant découvert les aventures de Blake et Mortimer il y a près de cinquante ans, il m'est resté un vif intérêt que ne partageront probablement pas des lecteurs plus jeunes.
Spirou se balade tranquillement au marché aux puces lorsque la jeune Ninon vient le supplier de lui trouver un boulot à la rédaction de son journal. Elle est en admiration devant les exploits de Spirou et souhaiterait lui ressembler plus tard.
Elle quitte à peine notre héros lorsque celui-ci reçoit un appel de Fantasio l'enjoignant de le rejoindre dans les plus brefs délais dans sa plus belle tenue de groom ! S'agirait-il d'un bal masqué ? Si on veut… Il s'agit plus précisément d'un procès à l'encontre du journal Spirou ! Un procès ? Oui ! Un procès intenté par des familles qui prétendent que Spirou est responsable des malheurs qui frappent leurs enfants qui ont voulu revivre ses exploits : ceux qui se sont battus comme des bêtes, ceux qui ont sauté du balcon se croyant en apesanteur… Sans oublier des images de sexe racoleur, de la vulgarité ! L'avocate qui accuse le journal de tous ces maux est la splendide Miss Jones qui a séduit la cour autant par ses propos que par la plastique de son corps et sa gueule d'amour.
La décision du tribunal est sans appel : le journal Spirou est condamné à payer 1 million d'euros de dommages et intérêts ! Pour le journal, c'est la ruine assurée ! Mais ne voilà-t-il pas que très heureusement dans la salle du tribunal se trouvait un héros, adulé par Spirou dans sa jeunesse : Gil Coeur-Vaillant, le détective-explorateur. Ce dernier propose à Spirou d'accueillir dans le capital de son journal un investisseur américain qui va sauver l'entreprise de la faillite. C'est pratiquement les yeux fermés que Fantasio et Spirou signent ce contrat miraculeux…
Critique :
Fabien Vehlmann nous livre ici un extraordinaire scénario magnifiquement ciselé où il dénonce les coups tordus employés par des entreprises ressemblant étrangement à ces fonds de placements qui phagocytent jusqu'aux plus grosses entreprises du monde entier. En une histoire, il résume extrêmement bien quelques procédés courants mis en oeuvre par les « responsables » de ces boîtes pour déposséder les propriétaires avec l'aide de brillants avocats qui savent rédiger des contrats pleins de pièges ne laissant aucune issue à ceux qui sont condamnés à les signer.
L'auteur met aussi en scène la petite Ninon et Seccotine, une façon de permettre à la gent féminine d'occuper une place de choix dans les aventures d'un personnage né à une époque très machiste où les femmes ne pouvaient être des aventurières.
Mes seules réserves pour cet album vont aux dessins de Yoann. Les dessins de Spirou passent par tellement de genres qu'on a l'impression qu'une multitude de dessinateurs aux styles différents se sont succédés pour illustrer cette histoire !
Un agent québécois au service de l'Union est porteur d'une mauvaise nouvelle : un chercheur d'or canadien a décidé de léguer son or aux Confédérés ! Oui ! Aux Confédérés !
Panique à bord du « navire » nordiste ! Avec cet or, la guerre pourrait bien être prolongée d'une dizaine d'années ! Les Sudistes ne manqueraient pas d'acheter des armes grâce à ce trésor inespéré. le Nord se doit de réagir ! Il faut envoyer un agent en civil au Canada pour mettre la main sur cet or, ou pour le faire disparaître afin qu'il ne puisse tomber entre les mains des Confédérés. le choix se porte sur le sergent Chesterfield ! J'ignore ce que l'état-major nordiste a fumé, mais c'était fort ! Très fort ! Chesterfield demande à être accompagné d'un homme. Permission accordée ! Et voilà le caporal Blutch embarqué avec le sergent le plus à cheval sur le règlement que l'Union puisse compter dans ses rangs, le plus borné, quoi ! A Québec, nos deux héros vont rencontrer Raynald… Un coureur des bois ! Un vrai qui court vraiment ! Une chance inespérée de tomber sur un homme qui connaît la forêt et les techniques de survie…
Critique :
J'ai vieilli ! Oui, j'ai vieilli ! Je m'étais bien amusé lors de la sortie de cette BD dans les années '80. Aujourd'hui, je ne l'ai plus trouvée aussi marrante. Je pense avoir perdu en grande partie mon âme d'enfant. J'ai souri en lisant l'histoire, mais sans plus. Il arrive parfois que Les Tuniques Bleues soulèvent des questions d'ordre philosophique et fassent réfléchir tout en faisant rire. Ce n'est point le cas ici. Bref ! Une petite récréation, sans plus.
Le prof d'histoire est vraiment trop fort ! Mais comment fait-il pour deviner que c'est Boulard qui lui lance toutes sortes d'objets lorsqu'il a le dos tourné pour écrire au tableau ? Disposerait-il de supers pouvoirs ? Un sixième sens ?
Nous avons tous découvert sur nos bancs d'école des gravures laissées par des générations d'élèves désireux de marquer de leur empreinte l'établissement où, à force d'ennui, bien des vocations de graveurs sont nées…
Alerte générale au lycée Fanfaron ! Un attentat ? Une catastrophe naturelle ? (Boulard où es-tu ? Que fais-tu ?) Mais, non ! C'est bien pire ! le ministre va venir ! La presse sur ses talons, bien évidemment ! Des mesures draconiennes sont prises ! Tenue correcte exigée pour les élèves ! Coiffure peu conventionnelle… Ejecté ! Habits peu conformes aux standards classiques… Ejecté ! Boulard… Ejecté ? Comment ? Boulard éjecté ? Voilà qui devrait le réjouir… Mais c'est mal connaître Boulard ! Il vit cela comme une provocation ! Lui interdire l'entrée de SON lycée… Non, mais ! Alors, Boulard va-t-il trouver un moyen de s'introduire discrètement dans son bahut ? Il semble bien décidé à prendre tous les risques pour contrevenir aux mesures d'éloignement qui lui sont imposées…
La France connaît le mouvement des Gilets Jaunes. Elle ne va pas tarder à découvrir les Feutres Rouges ! Attention, ça va (en)saigner !
Critique :
Déjà le tome 22 des PROFS ! Mon Dieu comme le temps passe vite… Et que l'école évolue peu ! Boulard est toujours là, les profs aussi !
Pour le scénario, Erroc (Gilles Corre) et Sti, s'inspirent de l'actualité (allusion aux gilets jaunes avec les feutres rouges) et puis aussi des constantes de l'école (le graveur). J'adore leur travail, magnifiquement mis en planches par Simon Léturgie et coloré par Jacqueline Guénard.
Un chouette moment de détente pour les profs… Et pour tous ceux qui ont usé ou usent encore leurs fonds de culotte sur les bancs de l'école.
- « Titanomachie » ? Vous avez dit : « Titanomachie » ? Mais qu'est-ce donc ?
- Tsss ! Même un Béotien pourrait vous répondre… La « Titanomachie » c'est le combat que Zeus mena contre les géants. Et vas-y que je te balance une montagne par-ci, une plaine et des vallées par-là. Inutile de dire qui l'emporta…
- Les Grecs doivent en avoir marre, non ?
- À qui le dites-vous ! Imaginez la tête des touristes dans deux mille ans ! Ils vont sûrement s'imaginer que les Grecs ne savaient bâtir que des ruines…
- Il parait que Zeus et Poséidon ont fixé la liste des dieux qui siégeront sur le Mont Olympe ?
- Ah, ça ! Je peux vous dire qu'il y a eu des déçus ! Tenez ! le petit Hercule, par exemple, recalé !
- Ah, bon ?
- Que voulez-vous ! Ce n'est qu'un demi-dieu…
Critique :
Voilà la BD idéale pour qui s'intéresse à la mythologie grecque et a envie de rire. Cazenove arrive à expliquer de façon comique la complexité de ces mythes grecs. le petit Hercule nous sert de fil conducteur. On peut d'ailleurs se demander pourquoi l'auteur utilise « Hercule », le nom latin, et non Héraclès, le nom grec…
Les dessins de Larbier sont drôles et dans la ligne de la BD franco-belge genre Achille Talon.
Les histoires ne sont pas toujours simples à comprendre car il est préférable d'avoir une bonne culture de la mythologie grecque, mais Cazenove compense cela par une documentation très complète en fin d'ouvrage. Il nous aide à comprendre qui est qui et les liens familiaux très complexes qui unissent tous ces personnages. D'ailleurs, toutes ces divinités sont pleines de défauts. Surtout méfiez-vous-en ! Elles n'hésiteraient pas un instant à vous rouler dans la farine pour arriver à leurs fins…
Harmonie est face à une nouvelle enquête. Pluton la charge de retrouver sa pie, Bianca. Prenant l'affaire très au sérieux, Harmonie délaisse sa petite soeur, Miette. Miette dont on a vu dans le premier tome qu'elle a d'étranges pouvoirs la nuit et qu'elle jette des sorts durant son sommeil.
Pour faire plaisir à sa soeur, Harmonie accepte de l'emmener le lendemain très loin en forêt pour une chasse au trésor. Mais là, rien ne se déroule comme prévu. le décor de grotte au trésor qu'elles avait créé est littéralement aspiré, et un monstre les fait fuir…
Tous les enfants du village semblent atteints d'un mal qui les ronge, à l'exception de Miette et d'Harmonie. Des petits personnages, apparus mystérieusement, au demeurant ayant l'air sympathique, pourraient-ils en être la cause ?
Critique :
Les dessins et les couleurs de Lucile Thibaudier sont toujours aussi rafraîchissants et donnent vraiment envie de contempler les images qui sont d'une grande douceur, surtout grâce aux tons pastel et aux bonnes bouilles des héroïnes.
Le scénario de Joris Chamblain fait évoluer les deux vedettes tout en soulevant le problème des assuétudes. L'intrigue n'a rien d'exceptionnel, mais je n'ai plus, depuis longtemps, le regard d'un enfant de huit ans…
L'heure de la confrontation dans le désert a sonné.
Mais qui va pouvoir affronter l'incroyable armée qui accompagne Seth. Seth, le non-mort…
Le Druidd Brahnann n'est pas dépourvu de ressources… Et il peut compter sur Sinead, éduquée comme templier et assassin… Etrange mélange… Curieux destin…
Pier, bien loin du désert, assiste à la cérémonie de crémation de son fils. Son avocat, Maître Don Coskarelli et l'Enquesteur Duarte sont là. Ils savent que le mage Ronfield n'aura de cesse de causer la perte de Pier. Ce dernier pressentant le danger, décide de quitter la ville d'Anselme au plus vite avec Camilia, sa fille, et dame Illywin, l'Elfe que Don Coskarelli met à sa disposition pour le préserver de la magie…
Critique :
Les dessins de Sébastien Grenier sont toujours aussi fabuleux. Cet artiste fait dans l'épique et le grandiose avec un don fou pour créer des atmosphères, passant allègrement des déserts torrides aux montagnes glacées où souffle un vent à décorner les roaks, puis rend palpable la ville d'Anselme avant de poursuivre sur les rapides du Fleuve. Un incroyable talent dans une époque qui n'en manque pas.
Jean-Luc Istin, le scénariste, tiendra-t-il ses promesses et achèvera-t-il un jour cette remarquable saga ? Pour l'instant, les pièces du puzzle se mettent en place et il apporte des réponses à beaucoup d'inconnues soulevées dans les deux premiers albums. Ne m'en veuillez pas de ne pas déflorer l'histoire qui est d'une grande complexité avec des changements d'époques, de lieux et de personnages d'une planche à l'autre, voire à l'intérieur d'une même planche.
Voilà une BD qui mérite de figurer dans votre collection, ne fut-ce que pour la qualité des illustrations !
Anselme, capitale de la Toscann.
L'avocat Don Coskarelli est le dernier espoir pour Pier d'obtenir justice pour le meurtre de sa femme et de son bébé d'un an, mais aussi de voir le travail de tous ceux qui ont contribué à l'édification de la Tour des Esprits être enfin rémunéré par le crapuleux mage Ronfield…
Sur les terres de la Grande Déesse.
Sinead n'ayant pu cacher aux Templiers qu'elle était une femme s'est vue contrainte de quitter le nord pour se rendre au sud de la grande faille, auprès de Gérard de Ridefort, Maître du Temple de Tyrhom. Sur sa route, dans la ville de Dakareen, elle se sent suivie sans pouvoir débusquer son suiveur. Sur sa route, elle aperçoit Don Costelanau, l'assassin de ses parents, dont elle a juré de se venger. Elle s'apprête à passer à l'action lorsque…
Critique :
La couverture à elle-seule vaut son pesant d'or, sans parler des illustrations sur des doubles pages pour une seule image pleine de détails. La fin de l'histoire montrant l'armée de Seth est un tableau plein de bravoure qui marquera longtemps les esprits tant il foisonne de personnages ! Sébastien GRENIER accomplit un nouveau chef-d'oeuvre tant au niveau du dessin que de la mise en couleurs. Les dessins des villes sont époustouflants.
Comme dans l'épisode précédent, Sinead et Pier sont les fils conducteurs de l'histoire, et ce n'est que peu à peu que le scénario nous laisse entrevoir quel lien ils pourraient bien tisser entre eux. L'histoire reste un peu compliquée à suivre puisqu'on passe d'un personnage à l'autre, ce qui n'est pas encore trop compliqué, mais surtout, on voyage dans le temps dans la vie de ces deux individus pour comprendre ce qu'ils sont devenus « aujourd'hui ». Jean-Luc Istin ne facilite en rien la tâche du lecteur par son découpage scénaristique, mais on finit par apprécier le récit.
Il va falloir que j'achète le troisième tome !
Empire du Sud – Sanctuaire de Dumée (XIIe siècle après la frontière)
Des mercenaires se sont introduits dans le monastère. Leur objectif ? S'emparer de Dame Naouel Lo Shadéï. Ils sont prêts à liquider toutes les prêtresses pour repartir avec leur proie… Mais les prêtresses ne sont pas d'innocentes jeunes filles sans défense et les mercenaires l'apprennent à leurs dépens, surtout lorsque survient un templier, du genre qui n'a peur de rien et est expert dans le maniement de bien des armes… Heu… UN templier ?
Empire du Nord – Royaume de Serbiann
Pier a réussi l'incroyable défi d'achever la construction de la Tour des Esprits, travail entrepris par son oncle que celui-ci ne put mener à son terme, étant décédé avant de voir la fin des travaux. le travail a été commandité par le mage Ronfield. Au moment de payer ceux qui ont oeuvré à l'édification, celui-ci fait preuve de toute la mauvaise foi possible pour ne pas s'acquitter de ses dettes. Une seule solution pour Pier : réclamer justice auprès de la haute cour de la Guilde du Commerce d'Anselme en Toscann ! le voyage n'est pas de tout repos pour Pier, sa femme, son bébé âgé d'un an et sa petite fille. le mage va-t-il le laisser partir tranquillement pour aller souiller sa réputation et lui faire cracher son bel argent ?
Critique :
Me baladant dans une librairie spécialisée en BD où je me rends régulièrement, je suis tombé sur « La cathédrale des Abymes ». Impossible de détacher le regard de cette couverture extraordinaire où l'on découvre une jeune femme aux cheveux argentés, bardée de fer et portant des armoiries de Templier. Les éditions Soleil ont frappé fort : deux albums pour le prix d'un ! Et quels albums ! J'ai donc découvert une oeuvre d'une qualité graphique exceptionnelle que tout amateur de fantasy ne peut que se réjouir de découvrir. Les couleurs créent des ambiances cinématographiques dignes des meilleurs films. Les amateurs d'architecture de type moyenâgeux et aimant les villes exotiques seront comblés. Les traits des personnages sont fignolés à l'extrême. Décidément, nous vivons une époque d'une rare richesse au niveau de la BD. Et à qui doit-on ces formidables dessins d'une telle qualité ? A Sébastien Grenier ! Un individu particulièrement talentueux qui donne toute sa saveur à l'univers de la fantasy dans lequel évoluent ses personnages.
Mais avec tout ça, pas un mot sur le scénario, me direz-vous ! Exact ! Il est temps d'en parler, même si je n'ai pas trop envie de porter un jugement. La première impression est assez déconcertante : j. L. Istin, scénariste extrêmement prolifique en énerve plus d'un. Pour ma part, peu m'importe qu'il soit prolifique pourvu que j'aie du plaisir à découvrir son scénario. Dire que l'on se sent égaré, c'est peu dire ! Notre ami Jean-Luc nous balade non seulement du nord au sud, nous fait découvrir une multitude de personnages, mais, en plus, il remonte dans le temps, et ce n'est qu'au compte-gouttes que nous découvrons qui sont nos personnages. le premier volume terminé, impossible de voir quel lien pourrait bien exister entre Sinead, la redoutable guerrière et Pier, le bâtisseur.
Heureusement pour moi, les deux premiers volumes étant vendus ensemble, le deuxième tome va permettre de lever certains coins du voile…
Nyaba, Province nord de l'Agwana.
Une région désertique. Une masure de pierres. Un puits.
La porte de la cabane s'ouvre. Un homme aux pieds nus, hirsute, portant un uniforme dépenaillé de militaire de haut rang, bardé de médailles, jette des regards anxieux autour de lui. Ne voyant rien d'inquiétant, il se rue vers un buisson pour soulager un besoin pressant, puis s'en retourne à vive allure vers son abri de fortune. Il s'apprête à fermer la porte lorsque soudain…
Une prison de type américain. le prisonnier N215 choisit des livres dans la bibliothèque tout en écoutant de la musique à la radio. Soudain, la chanson est coupée pour un flash info qui annonce la mort de l'ex-dictateur Aljâfa et la fin de la guerre en Aswana. Cette nouvelle réjouit notre prisonnier qui, aussitôt, utilise son portable pour joindre son neveu…
Critique :
Vehlmann nous concocte ici en scénario digne d'Indiana Jones mâtiné d'histoire car cette aventure n'est pas sans rappeler la Deuxième Guerre du Golfe. le scénario est riche en péripéties et on y assiste au retour de personnages que Spirou et Fantasio ont déjà croisé dans des aventures précédentes. L'histoire est truffée d'allusions à des films et à la Guerre du Golfe. Spip est plus présent que jamais et redevient vraiment un héros presque aussi important que Spirou et Fantasio.
Yoann commence à maîtriser davantage le dessin de Spirou et nous offre quelques décors de toute beauté.
Vehlmann démontre qu'il est un grand scénariste malgré les remarques que j'ai lues ici et là pour en dire le plus grand mal. Il assure une BD « tout public » avec de l'humour à différents degrés pour répondre aux besoins d'un lectorat hétéroclite. Je suis un fervent admirateur de Franquin. Je me réjouis que ce dernier n'ait pas empêché que le personnage de Spirou soit repris par d'autres avec plus ou moins de succès. L'équipe Yoann et Vehlmann semble avoir trouvé ses repères et prendre une excellente voie pour tracer de nouvelles aventures à Spirou, Fantasio… et Spip !
Eusèbe et François, deux enfants, vivent dans un petit village de la France profonde en 1940. C'est au son des bruits de bottes qu'ils vivent leurs journées d'occupation par des Allemands arrogants.
Ils voient défiler les colonnes de réfugiés… Un jour, un véhicule s'arrête. Lorsqu'il repart, il laisse derrière lui une petite fille blonde aux cheveux tressés d'une manière très germanique. Elle s'appelle Lisa BAUM et ne parle que l'allemand. Elle prétend être belge de la région d'Eupen (un des trois cantons rattachés à la Belgique en 1919 suite au traité de Versailles). Où sont ses parents ? Dans la grande débâcle, elle se retrouve seule et abandonnée…
Face aux adultes qui baissent la tête et semblent résignés à accepter la défaite, François et Eusèbe vont poser un premier acte de résistance…
Critique :
Superbe BD, tant au niveau du scénario que du dessin et des couleurs qui ne sont pas sans rappeler certaines illustrations des années '40.
Une magnifique façon d'aborder avec des enfants, mais pas qu'avec eux, l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Les rappels historiques sont très bien incrustés dans l'ensemble de la bande dessinée.
Le côté humain est mis en avant : lâcheté, soumission, courage, résistance, amitié, humour…
Bien entendu, les actions de la Résistance furent loin d'être aussi efficaces que celle qui est évoquée dans ce tome, d'autant qu'en 1940 il n'y avait pas grand monde pour résister… Encore moins des enfants ! (Si vous voulez en savoir davantage sur la Résistance française, je ne puis que vous recommander de lire les articles publiés par l'excellent magazine Guerre & Histoire.)
Je déplore le fait que les auteurs, belges tous les deux, se soient sentis obligés de situer les aventures de leurs héros en France. N'y aurait-il pas eu de résistants en Belgique ? Ne serait-ce pas là un choix purement commercial ? Que pèsent onze millions de Belges face aux soixante millions de Français ? Dommage. Cela mérite bien la perte d'une étoile ! (Ben quoi ? le chauvinisme ne doit pas être une exclusivité française ! Non, mais !)
Février 1942.
Un corbeau se repaît des malheurs de ses compatriotes en envoyant des lettres anonymes à la Kommandantur pour dénoncer, notamment, les juifs.
C'est à cause de l'une d'elles que le notaire de Guerchin et sa famille sont arrêtés.
Nos trois jeunes résistants poursuivent leurs activités « terroristes ». Ils rencontrent Pégase, l'agent envoyé par Londres qui refuse de croire que ces trois enfants, entrant à peine dans l'adolescence, soient « le Lynx », reconnu pour son efficacité dans la résistance.
Les mesures qui touchent les juifs rendent leur vie impossible, voire signifient leur déportation.
Critique :
Toujours aussi bien documentés, les deux auteurs belges, Benoît Ers et Vincent Dugomier, continuent à faire ressentir au lecteur ce que pouvait être la vie durant la Seconde Guerre mondiale.
1942 est un grand tournant pour l'Allemagne qui rencontre ses premières défaites à l'est, pour les USA fraîchement entrés dans la guerre et qui n'en mènent pas large dans le Pacifique face aux Japonais. Les rafles de juifs s'organisent, la résistance aussi. C'est depuis leur village que les trois enfants découvrent par bribes ce qui passe dans le monde.
Septembre 1942.
François a maintenant 15 ans. Il s'est fait offrir une carte du monde sur laquelle il suit les opérations grâce aux informations de la BBC.
La France est toujours divisée en deux par la Ligne de Démarcation. La franchir, c'est s'exposer à la mort…
La propagande nazie ne manque pas une occasion d'attirer l'attention sur les bombardements ratés de l'aviation alliée, ces bombardements qui causent la mort de nombreux civils et la destruction des maisons.
Nos trois adolescents disposent d'un émetteur-récepteur et attendent un nouvel opérateur, mais où le loger ? Comment le nourrir ?
Critique :
1942, une année pivot. Non seulement les Américains sont entrés dans la danse mais en plus, les Allemands ont découvert l'hiver russe. Ces nouvelles ne parviennent que très difficilement aux oreilles des Français via les ondes émises par la BBC.
Les nazis lancent les rafles à l'encontre des juifs… Quand celles-ci ne sont pas carrément programmées par le pouvoir vichyste ! Les dénonciations vont bon train. Les Allemands se montrent de plus en plus envahissants. Les arrestations se multiplient. le nombre de résistants commence à croître. Pour Londres, il est essentiel de disposer d'informations sur les transports allemands et les rassemblements de troupes. Les « pianistes » envoyés par les Alliés jouent un rôle de premier plan. Ces opérateurs-radio ont une espérance de vie très courte car les nazis mettent tout en oeuvre pour repérer l'endroit d'où ils émettent. Il faut les cacher, mais aussi les nourrir… Et en pleine période de rationnement, ce n'est pas un petit problème.
Une fois encore, les auteurs réussissent le pari de faire ressentir à travers les aventures du « Lynx », ces deux garçons et cette fille, les émotions, la peur mais aussi l'enthousiasme de se sentir utile dans le combat pour renvoyer les Allemands chez eux. C'est aussi, avec beaucoup de doigté, que les auteurs abordent les sentiments liés à la puberté. Deux garçons, une fille…
Vous n'avez pas le sentiment qu'il se pourrait bien qu'il y ait un déçu dans l'affaire ?
1940.
Dans le petit coin tranquille (autrefois) où habitent Eusèbe, François et Lisa, les Allemands passent de plus en plus souvent. Allemands, pas du tout contents d'avoir vu le canal qu'ils utilisent pour transporter toutes sortes de ravitaillement, être bouché. Ils crient au sabotage ! Heureusement, le maire a une bonne explication à leur fournir…
Nos trois jeunes apprentis-résistants ont décidé de créer un réseau… Et d'entrer en contact avec ce général, réfugié en Angleterre et qui incite les Français, via les ondes de la BBC, à poursuivre le combat.
23 :00. Chez l'instituteur.
Un homme, malgré le couvre-feu, frappe à la porte ! … Surprise ! C'est un soldat français échappé d'un camp de prisonniers. Et il est probable que d'autres vont suivre le même chemin…
Critique :
Français, Françaises. Au risque de vous faire beaucoup de peine, et croyez que je le regrette sincèrement car je vous aime bien, NON, ce n'est pas de la littérature française ! le scénariste et le dessinateur sont tous les deux BELGES ! Et à moins que vous ne les ayez nationalisés, comme des entreprises, voire naturalisés, ou que la France ait envahi la Belgique et l'ait administrativement collée à la République, ils produisent de la littérature BELGE. Oui, je sais, cela se passe en France et je suis le premier à le regretter, mais commercialement parlant, avec presque soixante-sept millions d'habitants, c'est plus intéressant de rappeler le souvenir du maréchal Pétain, que celui du roi Léopold III pour faire plaisir à quatre millions et demi de francophones belges. Leur roi Léopold III dont la captivité n'empêcha pas le mariage avec Liliane Baels, ce qui allait provoquer ce qu'en Belgique on appelle « La Question royale » qui se terminera par l'abdication du roi Léopold III le 16 juillet 1951… Mais je m'égare…
Dans cet album, nous découvrons comment commencent à s'organiser les premiers réseaux de résistance… Et les premiers résistants arrêtés, torturés et exécutés… On y découvre également comment des filières se mettent en place pour permettre à des militaires évadés de passer en zone libre, certains rejoignant les Forces françaises libres, emportant parfois avec eux de précieux renseignements. le rôle de la BBC est évoqué, de même que la Bataille d'Angleterre. le sort que les nazis réservent aux soldats français d'origine africaine montre que certains prisonniers de guerre étaient clairement plus maltraités que d'autres, voire carrément assassinés.
Et comme à chaque fois, à la fin du livre, on trouve des documents authentiques qui illustrent les propos du scénario. Dessins magnifiques et couleurs splendides de Ers, scénario riche et documenté de Dugomier, que faut-il de plus pour que le petit peuple de la BD manifeste toute sa joie ?
Le père de François ayant été assassiné par les nazis, une cérémonie de pseudo enterrement a lieu dans le cimetière de la petite localité. le cercueil ne contient évidemment pas le corps puisque les nazis ne rendent pas ceux-ci aux familles.
A la surprise générale, Eusèbe, se met à chanter la Marseillaise au moment de l'enterrement. Il finit par être repris en coeur par tous ceux qui se sont rendus au cimetière. Les soldats allemands postés à l'entrée du lieu d'inhumation tentent d'intervenir mais sont complètement dépassés par la situation.
Pour nos trois jeunes héros, une question se pose : faut-il continuer la résistance vu que les Allemands la font si chèrement payer ?
Critique :
Cette formidable série continue de tenir toutes ses promesses : faire découvrir aux enfants (et autres anciens enfants) ce à quoi pouvait ressembler l'occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Benoît Ers aux couleurs et au dessin peaufine toujours autant son trait et les ambiances grâce à des couleurs qui créent l'atmosphère adéquate. Vincent Dugomier, par son scénario, passionne le lecteur tout en tentant de coller au plus près à ce que pouvait être la vie dans un petit village à cette époque de disette et d'angoisse car les Allemands sont de plus en plus radicaux.
Les côtés humains avec leurs petites bassesses et les dons de soi sont très bien traités. L'oncle et parrain de François qui, étant le second enfant, n'a pu hériter de la ferme, ne désespère pas de lui mettre le grappin dessus suite à l'élimination de son frère par la Gestapo. Pourtant, même s'il est pétainiste et avide de récupérer ce bien qu'il estime devoir lui revenir, l'individu n'est pas foncièrement mauvais. N'ayant pas d'enfant, il reporte son affection sur François.
Le livre pose clairement le dilemme : « Faut-il continuer à lutter contre l'occupant au risque de voir ses amis, ses parents, être victimes de la colère des Allemands ? »
Cette série, c'est plus que de la BD distrayante ou une immersion dans l'histoire. C'est aussi faire sentir les responsabilités et les conséquences des actes que l'on pose.
Russel est un cow-boy qui a pas mal vécu. Il vient saluer son vieil ami… William Hattaway…
Les retrouvailles ne se passent pas vraiment comme il l'aurait espéré… William git à quelques pieds sous terre. En s'approchant de la ferme d'Hattaway, il tombe sur un gamin, Bennett. Russel souhaite voir Martha, l'épouse de William. En apprenant que cela fait trois jours qu'elle ne quitte pas le lit, Russel se précipite à l'intérieur de la maison…
Peu après une seconde tombe est creusée à côté de celle de William. Russel décide d'emmener Bennett avec lui puisque le gamin est maintenant orphelin de père et de mère. C'est un brave petit, très naïf et carrément simplet. Bennet n'avait pas de but dans la vie. Maintenant, il en a un ! Faire de Bennett un homme. Ce ne sera pas facile vu la faiblesse d'esprit du gamin.
Russel est un cow-boy. Un vrai. Il sait que sa carrière touche à sa fin. Les sociétés de chemin de fer bousillent le travail des cow-boys en transportant le bétail dans des wagons bien plus vite que si les bovidés devaient se déplacer à pattes. Russel a des économies. Assez pour acheter un lopin de terre et se doter d'un ranch. Il propose à son bras-droit, Kirby, d'être son associé, malgré que Kirby n'ait pas un rond. Tout ce que Russel attend de Kirby, c'est de prendre soin de Bennett quand son heure sera venue car Bennett ne sera jamais apte à se débrouiller tout seul. Pour la plus grande joie de Bennett, Kirby accepte.
Quelques temps plus tard, nos trois cow-boys s'arrêtent à Sundance, histoire de se procurer le nécessaire avant d'entreprendre le long voyage qui les mènera là où ils comptent s'installer. le village est aux abois. le sieur Clifton, jolie crapule endimanchée et très corruptible, vient de proposer au maire un marché : contre la « modique » somme de 6000 dollars, Sundance pourrait devenir la gare du Wyoming où l'on embarquerait tout le bétail de l'état. Contre cette somme qui représente tout ce que les habitants du coin ont comme moyens financiers, Clifton se fait fort de convaincre l'Union Pacific de choisir cette paisible bourgade ! Les habitants se mettent à rêver de lendemains qui chantent. Tout se présente pour le mieux jusqu'à ce que le corps de Bennett soit retrouvé, crâne fracassé…
Critique :
2019 m'a apporté beaucoup de satisfactions au niveau de la bande dessinée. Enormément d'histoires innovantes, de scénarios riches, de dessins et de mises en couleurs d'une qualité rare. « Jusqu'au dernier » fait partie de ces BD qui marquent. Tout y est ! Les dessins et la mise en couleurs de Paul Gastine sont dignes des plus grands. Mais toutes ces qualités du dessinateur se voient valorisées par un scénario digne de ce nom. Jérôme Félix nous offre une histoire très originale et touchante, où l'on découvre la grandeur et la petitesse de l'homme… Et le courage d'une femme ! L'aspect brut de décoffrage d'un Russel qui est largement supplanté par l'amour qu'il porte à ce gamin qui n'est pas le sien, qui n'est pas le fils parfait dont on pourrait rêver, démontre que derrière cet univers très dur, celui des cow-boys, certains individus peuvent avoir un sens de l'honneur complètement désintéressé. La tête de Bennett en dit long sur sa gentillesse, sur ses limites intellectuelles aussi, mais Russel est prêt à tout donner pour ce gosse. Par fidélité pour ses parents qui étaient ses amis ? Ou par simple humanité ?
Encore un petit mot à propos du dessin : les paysages dessinés par Gastine nous transportent sur un autre continent en un autre temps. La pluie, qui inonde plusieurs planches nous transperce jusqu'aux os tant le rendu est efficace… Et esthétique ! Quant aux personnages, leurs traits sont les reflets de leurs âmes. Clifton, le gominé de service, vous donnera envie de lui flanquer des dizaines de taloches. Il est le reflet du diable. le maire « soucieux de l'avenir de ses concitoyens », derrière ses traits de notable respectable, doit penser aux milliers de dollars dont il ne verra pas la couleur si les circonstances de la mort de Bennett devaient parvenir jusqu'aux oreilles de ces financiers qui investissent dans le chemin de fer sentant que celui-ci deviendra une poule aux oeufs d'or… Pour autant que la sécurité et la tranquillité de la ligne soient assurées…
Aucun amateur de BD réaliste ne peut faire l'impasse sur cette histoire ! Quant à ceux qui n'ont pas pour habitude de lire des livres avec des petites cases contenant des dessins et un peu de texte, c'est peut-être le moment d'essayer et de découvrir que cette BD raconte une histoire digne des prix littéraires sous une forme qui ne recourt pas qu'aux mots.
Liv est immortelle comme le sont les humains à son époque. Une petite pilule y contribue grandement.
Anna adore restaurer les tableaux des maîtres anciens,
Liv, elle, elle a un métier d'action, elle est flic. Il y en a qui savent réparer des trucs, d'autres qui font de la bouffe. Liv est douée pour dégotter les meurtriers.
Remarquez que l'immortalité a ses limites comme vient de l'apprendre un certain Leonard Newman à ses dépens. Il vient d'être criblé de balles et de tomber dans son jacuzzi.
Et puis, ce n'est pas tout ! L'immortalité a un prix : la stérilité ! Impossible de procréer ! Un autre inconvénient, et pas des moindres, c'est que cette immortalité génère de l'ennui. Pas facile de mener la vie des dieux !
Ne voilà-t-il pas que Liv est confrontée à un autre problème : un type menace de se faire exploser dans un bus volant avec les autres passagers comme otages. Elle décide de se faire passer pour une journaliste free-lance pour approcher l'individu…
Pendant ce temps, Anne, qui ressent des symptômes bizarres, découvre grâce à un médecin que quelque chose d'impossible est en train de lui arriver…
Critique :
Et qui retrouve-t-on au scénario ? Si je vous dis que ce sont les éditions Soleil, vous me répondez « Jean-Luc Istin » ! Et vous avez gagné ! L'incontournable scénariste de Soleil a quitté l'univers de la fantasy pour, ici, nous livrer un polar SF qui ne manque pas d'intérêt. Un polar, oui, mais avec une dimension philosophique. Pourquoi des gens qui ont acquis l'immortalité, plus de vieillissement, protection contre toutes les maladies, pourquoi ces personnes se suicident-elles ? Pourquoi ces nouveaux dieux mettent-ils fin à leurs jours ?
Soleil choisit généralement bien ses dessinateurs. Est-ce encore le cas ici ? Chacun appréciera selon ses goûts. Moi, j'ai adoré les dessins de l'Espagnol Jesús Hervàs Millàn, appuyé pour la mise en couleurs par Olivier Héban.
Question de philosophie pour les étudiants au BAC de juin 2056 : « Les androïdes ont-ils une âme ? »
« Mesdames, Messieurs, aurez-vous la chance de prendre part à l'exploration spatiale la plus ambitieuse jamais imaginée par l'homme ?
Ferez-vous partie des 3600 membres d'équipage qui quitteront la Terre à bord du plus grand vaisseau spatial jamais construit, l'International Space Ship Oxygen ? Départ prévu en 2426. Vous aurez pour mission de visiter les systèmes solaires voisins. le voyage devrait durer 600 ans ! le plus long que l'humanité ait jamais tenté ! Vous effectuerez un service d'un an, puis vous serez placés en hibernation pour dormir 30 ans afin de ralentir votre vieillissement. Ensuite, une nouvelle année de service, suivie d'une hibernation et ainsi de suite jusqu'au terme du voyage. Grande nouvelle, vos enfants seront les bienvenus à bord à condition d'être âgés d'au moins huit ans. Ils seront pris en charge par un droïde de compagnie, spécialement conçu pour s'occuper d'eux, l'ACT7+ ! Isabelle sera l'intelligence artificielle de cet incomparable vaisseau.
N'hésitez pas à déposer votre candidature si le projet vous intéresse ! »
Critique :
Les éditions Soleil continuent à développer des séries d'un genre particulier puisque plusieurs auteurs, dessinateurs et coloristes se côtoient. Après un tome 1 confié à l'omniprésent soleil Jean-Luc Istin, le tome 2 se voit confier à Olivier Peru. Autant vous prévenir tout de suite : cette histoire est sans lien avec le tome 1 et peut parfaitement être lue indépendamment. Olivier Peru nous concocte un magnifique scénario qui tourne autour de l'inénarrable androïde ACT7+. C'est lui le héros de cette histoire, une machine dotée de grandes qualités « humaines », toujours en conversation avec Isabella, la froide et logique intelligence artificielle, championne toutes catégories des statistiques. On peut la considérer comme le second « personnage » de cette histoire. Et puis, il y a Ulysse…
Avec tout ça, je ne vous raconte pratiquement pas l'histoire car je vous invite à découvrir ce scénario d'une grande intelligence empreinte de beaucoup « d'humanité ».
Et le dessin est-il à la hauteur ? Geyser sait dessiner des vaisseaux spatiaux crédibles. Ses personnages ont des traits un peu enfantins qui ont l'air d'être le croisement entre mangas, comics et… autre chose ! Cela dérangera sûrement l'un ou l'autre. Moi, j'ai apprécié. Ces magnifiques illustrations bénéficient, comme souvent chez SOLEIL d'une splendide mise en couleurs. Celle-ci est due au talent de Sébastien Lamirand.