Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.
Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.
Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :
Copyright © 1998-2024 Home Solutions
• CGU Site
• CGU Logiciel
• CGV
• Cookies
• Design by Home Solutions
Page générée le 25/11/2024 à 18:38:20 en 0.1169 sec
Difficile de reprocher quoi que ce soit à un tel album. Le travail graphique, scénaristique et documentaire de Hub est titanesque et cela se ressent dans chaque planche. L’univers foisonnant, précis, la multitude de personnages, et le soin apporté aux décors et costumes du monde aztèque happent le lecteur et le plongent dans un vertigineux voyage.
Cela dit je suis quand même resté un tout petit peu sur ma faim. Comme si ce volumineux 1er tome ne restait qu’une longue introduction malgré ses 177 pages ! Une fois tous les protagonistes et le contexte présentés (à grand renforts de flash-backs), il ne se passe pas grand-chose en fait… Ça manque peut-être un poil de punch, de surprise. Certaines scènes aussi semblent durer sans qu’on comprenne vraiment pourquoi. Ce n’est pas désagréable en soi mais ça crée un faux-rythme assez particulier. Heureusement le ton, très thriller antique, est suffisamment efficace pour tenir en haleine.
Au final, l’ensemble de la trilogie devrait être absolument passionnant. !
Dans tous les cas, l’attente était forcément énorme après Okko et je trouve que Hub s’en sort carrément bien. Il a fait ce qu’il sait faire (personnages forts, background détaillé, références historiques, sens de l'aventure) mais l’avoir délocalisé en Amérique Centrale était la meilleure option. Bravo ! Très impatient de découvrir la suite. La sortie de "Maison-vide", le tome 2, sera forcément un évènement marquant et attendu.
PS. Certains passages sont très très sombres et nécessitent d'être lus en pleine lumière (oubliez la lampe de chevet !)
Un défaut qui ne se retrouve pas dans la version N&B, beaucoup plus lumineuse.
Ça claque comme une balle de Winchester dans un canyon…
Et quelle générosité dans le dessin ! Par un effet de contraste hallucinant, le trait parfait de Gastine contribue à accentuer plus encore l’aridité stupéfiante du scénario.
Tant mieux, un western n’est jamais aussi bon que quand il est âpre et sauvage.
Je suis vraiment heureux de l’avoir en version grand format.
Une suite, par pitié !
J’adore les gros one-shot de SF très typés comme l’étaient "Shangri-La", "Negalyod" ou le fascinant "Dans un rayon de soleil". Je me suis donc régalé tout au long des 212 planches de "Soon". D’abord en découvrant le trait de Benjamin Adam que je ne connaissais pas, puis en savourant le scenario très abouti de Thomas Cadène, construit en deux parties parallèles. L’une au présent (en l'an 2151), l’autre en flash-back, avec des planches sur fond noir. Ces parties noires et vertes détaillent de façon didactique l’histoire de l’humanité et de la conquête spatiale. Mais elles sont parfois longues et trop copieuses à ingurgiter à cause d’un découpage peu adapté. Il s’en dégage un manque de fluidité qui est pour moi le seul défaut notable de l’album.
Le pitch est rapide : une femme, commandant de bord d’une mission spatiale, a choisi de quitter définitivement la Terre en y abandonnant son fils unique âgé d’une vingtaine d’année... Cette histoire plutôt banale en apparence est traitée avec une grande intelligence et une justesse peu commune. Les auteurs ne s’intéressent qu’aux évènements qui précèdent la mission, aux enjeux et aux fractures qu’elle provoque sur les individus, comme à l’échelle de la société entière. Les personnages, tiraillés entre engagements, sacrifices, égoïsme, renoncements et non-dits, sont poignants. C’est parfaitement écrit et parfaitement servi par le dessin, faussement simple et vraiment efficace. Le character design, notamment, est d’une force incroyable. En quelques traits, les différents protagonistes prennent vie, émeuvent et suscitent de l’empathie, preuve du grand talent de B. Adam. Je reconnais qu’il m’a fallu quelques pages pour bien rentrer dedans, mais visuellement, l’ensemble est tout de même impressionnant.
Rien à voir donc avec "Alt life", le précédent opus de Cadène, beaucoup plus léger. Ici, il est toujours question de prospective, mais elle s’attache à être la plus cohérente et détaillée possible, faisant ainsi écho aux thèses collapsologiques d’actualité en ce moment.
En conclusion, "Soon" est une BD magnifique et passionnante mais très exigeante. Elle réclame du temps et beaucoup d’attention. Je ne la conseillerais donc pas à tout le monde ; mais si vous pensez être un lecteur assez pointu, alors aucune hésitation, c’est une grande œuvre qui captive et pose d’excellentes questions. 4,5/5
[** ATTENTION SPOILERS **]
Alors… pour rebondir sur les avis précédents, oui, c’est incontestablement le moins bon des quatre tomes parus. Et oui, il est d’une grossièreté insupportable…Mais je pense qu’il s’en est fallu de peu pour que ce soit le meilleur ! Car sur le papier, le scenario est franchement alléchant. L’idée d’arriver sur une planète inconnue et d’y combattre une Intelligence Artificielle insaisissable et destructrice, seule survivante d’une civilisation alien est quand même excellente ! Ça aurait pu être vraiment cool… Mais non.
La mise en œuvre de ce scenario est bien trop médiocre ; la voix off est archi envahissante et parfaitement inutile, surtout au présent (elle décrit ce qui en train de se passer, ça n’a aucun sens !) et elle est d’une vulgarité pitoyable ; à moins que l’auteur ait voulu, par ce biais, montrer que les femmes peuvent être aussi débiles que les mecs bas du front qui accompagne cette héroïne ultra beauf…
Après, la crédibilité ne semble pas avoir été la préoccupation de JL Istin : une adolescente qui pirate des plans ultra secrets de l’armée, ah bon ? Puis qu’on voit concevoir, seule, un androïde dans son immense labo sophistiqué alors qu’elle est décrite comme orpheline et sans argent ?? Puis, sur la planète Uranie, elle localise et remplace en quelques minutes (et en pleine action !!) le système entier d’un robot alien de technologie inconnue par sa propre IA, conçue sur Terre donc, et ô miracle, c’est compatible !! Ça tombe bien, non ?? Enfin, l’antre de l’ennemi est protégé par un puissant champ de force, mais pas grave, elle passe tranquillement à travers avec son robot… Bah oui, tant qu’à faire ! Bref, à ce niveau ce n’est plus un scenario mais une vaste plaisanterie… Désolé M. Istin mais je le dis comme je le pense.
Cela dit, comme pour lire ce genre d’albums je laisse mon cerveau en veille, j’ai pu aller au bout sans trop forcer et même me régaler de certaines cases superbes.
Et je reste malgré tout tolérant vis-à-vis de cette série qui m’est sympathique, car je savais pertinemment à quoi m’attendre en la commençant. Dans l’ensemble on a de la SF de base, qui offre le minimum d’immersion pour permettre une évasion rapide et efficace.
J’ai mis 4 jours pour relire bien tranquillement les 500 pages de « La patience du tigre ».
J’adore les aventures de Jeanne Picquigny, héroïne raffinée, narquoise et féministe, mais il faut savoir prendre son temps pour les savourer. On perd parfois le fil, on s’égare un peu... On peut éventuellement sauter quelques pages d’ailleurs, puisqu’on y erre dans un état second en voyageant entre exotisme, danger et sensualité torride ; on se laisse envoûter sans être sûr de ce que l’on voit vraiment. Exactement le sentiment que j’ai pu ressentir moi-même en voyageant dans des coins un peu perdus du monde…
Le scenario est fantasque, romanesque et passionnant : 1924. Jeanne, Eugène et Victoire partent aux Indes à la recherche d’un trésor, dévoilé par des indices renfermés dans un meuble italien du XVème siècle… Ils y retrouveront Pamela Baladine Riverside, guide-aventurière troublante et redoutable, au savoir encyclopédique.
Érudit, truffé de références littéraires, le récit fourmille d’anecdotes, d’histoire, de géographie, de sciences, de mysticisme… En un mot, il est très cortomaltesien. Ça rappelle aussi « Île Bourbon 1730 » d’Apollo et Trondheim, notamment pour l’aspect crayonné et le style graphique chargé, au noir et blanc presque brouillon mais très expressif..
Fred Bernard, en auteur complet et cultivé, sait partager son goût pour l’aventure et les civilisations sans être intellectuel. Pour peu qu’on soit curieux, « La patience du tigre » est très accessible. Ça reste un peu ardu à lire, c’est sûr, mais c’est génial. Dépaysement garanti ! Et bravo à l’auteur pour ce travail colossal ! Un must de la collection « écritures ».
Une "feel good story" tendre et déjantée, magnifiquement illustrée par un Panaccione inspiré. Le scenario de Lupano, bien que muet, sait parler joliment d’amour et dénoncer au passage la bêtise humaine avec une drôlerie féroce.
Une BD touchante et poétique, qui laisse au cœur comme un brin de mélancolie.
Voici une série qui trace discrètement sa route, sans têtes d’affiche ni promo, hissant son niveau à chaque parution. Si elle continue ainsi, elle pourrait rejoindre aux sommets les grandes références du genre, grâce à ses qualités remarquables.
Marshal Bass, c’est d’abord un dessin bien particulier : très encré, épais, aux couleurs affirmées. J’avoue avoir eu beaucoup de mal au début mais j’ai rapidement été conquis. Cela crée un univers original, cohérent, addictif et immédiatement identifiable.
Marshal Bass c’est ensuite un ton. Sombre, désenchanté, ironique, amoral et violent, mais sans démonstration excessive ni complaisance. Juste la brutalité de l’ouest dans sa plus simple expression.
Marshal Bass c’est enfin et surtout un héros. River Bass est un personnage atypique, physiquement et moralement : il est le 1er et le seul marshal Noir. Ce n'est ni un costaud, ni un as de la gâchette. Portant les cheveux longs, assez patibulaire, taiseux, il s’en prend constamment plein la gueule. Mais même au cœur des pires guet-apens, il s’en sort toujours grâce à sa redoutable intelligence, à un peu de chance, et à un instinct de survie qui s’accommode des plus viles bassesses. Un personnage hanté par la mort et la solitude, effrayant, tragique et magnifique, gagnant en épaisseur au fil des 5 tomes.
Une série qui prend des risques, graphiques et scénaristiques. Et ça paye. Bravo !
Mon avis est basé sur l’édition noir & blanc, une version splendide que je recommande. Elle permet de mieux apprécier encore le dessin de Christian Rossi qui atteint la perfection sur certaines planches. Nuits boueuses, snipers planqués dans les ruines, bois brumeux… les ambiances de la 1ère guerre mondiale reprennent les codes du western et sont magistralement rendues. Les 7 pages de prologue sont un chef d’œuvre !
Le scenario de Cédric Apikian est parfaitement maitrisé lui aussi, riche d’action, de tension et d’affrontement psychologique. Il monte en puissance au fil des pages jusqu’au dénouement, intense et fascinant. On peut toutefois reprocher à la narration d’être parfois dense et de manquer de fluidité. Certes, mais l’album reste d’une qualité exceptionnelle. A classer dans les meilleurs de 2019. A lire absolument !!
Un 2ème album meilleur que le premier. L’alternance entre des scènes d’actions et d'autres plus intimistes crée un rythme qui tient en haleine.
En revanche, le scenario est toujours aussi anémique. J’ai du mal à croire que le 1er cycle se terminera déjà avec le prochain opus vu l’inconsistance de l’histoire pour l’instant, qui s’adresse plus à des ados immatures qu’à des adultes. Cela dit on sent bien que les auteurs se font plaisir et ce plaisir est communicatif, c’est déjà pas mal ! Du coup, leur UCC Dolores se lit comme une sympathique friandise.
Pour peu qu’on soit sensible au style de Bruno Le Floc’h, avec ses larges aplats de couleurs, "Chroniques outremers" est une aventure maritime envoutée à l’esthétique éblouissante. Le rythme, à la lenteur savamment dosée, est totalement raccord avec le vieux rafiot qui sert de décor.
Alors que la 1ère guerre mondiale fait rage, le petit cargo, parti de Méditerranée avec une cargaison de fusils volés, brave l’Atlantique et gagne la jungle mexicaine pour une livraison à haut risque aux révolutionnaires. La tension monte graduellement, et le capitaine Liro Tana – personnage au charisme exceptionnel – devra faire montre d'une sagacité et d’un sang-froid à toute épreuve pour s’en sortir.
L’atmosphère, où plane l’ombre écrasante d’Hugo Pratt, est aussi exotique que vénéneuse. Un triptyque somptueux, injustement méconnu, que je ne cesse de relire avec un plaisir intact.
Dans sa postface, Jim écrit qu’il a d’abord pensé "L’invitation" comme une pièce de théâtre. Et, en effet, la structure du récit est divisée en 6 actes ayant chacun un décor unique. S’ajoutent à cela des dialogues abondants et écrits de façon à tisser des interactions fortes entre les personnages. Si on accepte ce côté bavard et presque scénographique, on se régalera des joutes verbales entre les 2 potes : Léo, le flamboyant ironique et suffisant, sûr de son charisme et Raphaël, le faux cool, suiveur et complexé, complétement pathétique mais tellement humain. Les questions soulevées par ces deux-là imprègnent, remuent et obligent à s’interroger sur la notion d’amitié.
Côté dessin, c’est correct et adapté au style mais c’est vraiment le scenario de Jim qui élève l’ensemble avec cette capacité rare à se projeter dedans. En lisant "L’invitation" vous vous demanderez forcément si vous n’auriez pas été tenté un jour de réveiller vos potes à 3h du mat pour boire du champagne en rase campagne… C’est très bien vu !
L’excellent "Mécanique Céleste" m’a donné envie de me replonger dans "Le bel âge" (du même Merwan). Une chronique douce-amère du passage à l’âge adulte, à travers trois étudiantes colocatrices qui vont vivre les écueils de l’amitié. Le thème est banal mais Merwan lui donne beaucoup de relief en creusant ses personnages. Hélène, Leïla et Violette sont vraiment attachantes, leurs psychologies étant brossée de façon très subtile. En tant que lecteur j’ai vraiment eu l’impression d’apprendre à les connaitre, d’autant plus qu’elles sont habilement dessinées et caractérisées.
Le propos reste léger mais Merwan le développe avec intelligence. Au final, l’ensemble est assez juste et m’a procuré un agréable moment de lecture, grâce à une narration fluide et maîtrisée. Pour ma part, je classe définitivement Merwan parmi les auteurs qui comptent.
Une BD lumineuse qui invite à la contemplation autant qu’à la réflexion. Pourtant, les moyens employés par l’auteur sont assez simples. Juste du crayon, mais d’une légèreté bienfaisante. Lomig imprime humanité et profondeur à ses personnages et semble les caresser du bout de sa mine par son trait délicat, fouillé et nuancé. Il y a bien quelques maladresses ici ou là (notamment sur les pieds) mais cela n’entache jamais la beauté des planches.
A la fois pudique et très intime, le récit capte l’essentiel. Il nous plonge dans le quotidien de 2 sœurs vivant dans un chalet niché au cœur d’une épaisse forêt, après que des troubles catastrophiques ont mis fin à la société telle qu’on la connait. L’auteur ne s’attache pas aux détails de la survie dans ce monde post apocalyptique, mais se focalise sur les liens, passés et présents d’Eva et Nell. Liens parfois fragiles, mais indéfectibles.
Même si l’ensemble peut sembler un peu naïf, j’ai dévoré cet album, complètement pris par l’histoire, sa force, sa sensibilité et les questionnements qu’elle soulève. A noter enfin que l’édition est soignée (dos toilé de qualité, superbes couvertures, beau papier 150 g).
La sortie de l’intégrale d’Aâma m’a donné envie de relire mon intégrale de Lupus.
Quel plaisir, quelle BD !! Elle fait partie de ces œuvres uniques et inclassables dont je raffole. Lupus déjoue tous les modèles et surprend à chaque page, tout en développant une esthétique très personnelle. Le texte et le dessin sont en parfaite adéquation, sobres, sans démonstration, sans rien à prouver, finalement.
La SF n’est qu’un prétexte. Le "space trip" de Lupus et Tony pourrait aussi bien se passer sur Terre et leur vaisseau spatial n’être qu’un vieux van sillonnant les routes, l’histoire serait la même. Elle ne parle que de rapports humains et des conséquences engendrées par les petites lâchetés et les petits renoncements du quotidien, le poids de l’éducation et les (non)choix que l’on fait… ou pas. Et l’analyse qu’en fait Frederik Peeters est des plus fines. Il parvient à nous accrocher constamment avec quelques détails et certaines trouvailles géniales (T-shirt à slogans réactifs, planète de vieux, station touristique abandonnée en orbite…)
Les personnages secondaires, très approfondis, participent aussi grandement à l’immersion en faisant comprendre le contexte politique et social de cet univers. Le rythme faiblit sur la fin mais la conclusion, bien qu’un peu amère, reste parfaitement cohérente. Une BD intelligente, à forte valeur ajoutée, qui se bonifie avec le temps ! Indispensable.
La Ligue des Gentlemen Extraordinaires se retrouve cette fois-ci en pleine "Guerre des mondes" Wellsienne, avec tripodes géants et martiens gluants. On a même droit à une apparition de l’inquiétant docteur Moreau et ses créatures hybrides, dessinées en mode burlesque.
Ce second tome est de la même veine que le précédent, avec une brûlante sensualité en plus, et un final baigné d’émotion.
Relu pour la 3ème fois avec toujours autant de plaisir !
Je ne connais pas l’œuvre originelle de Jack London, je ne peux donc pas me prononcer sur la qualité de l’adaptation. Mais je suppose que Riff Reb’s lui a emprunté beaucoup de ses phrases et de son verbe tant l’écriture de cet album est poignante et ciselée. Dommage cependant que le format soit un peu juste car le dessin et les couleurs sont également remarquables, parfaitement adaptés à l’horreur de ce huis-clos carcéral.
Quand Darrell Standing, le personnage principal, acquiert une dimension presque mystique en devenant "le vagabond des étoiles", le récit prend force en démontrant que la volonté d’oppresser ne peut rien face à la volonté d’être libre.
Un album puissant, une leçon de résistance et d’humanisme. J’attends avec envie la 2ème partie.
L’équipe de choc composée d’Allan Quatermain, du capitaine Nemo, de l’Homme invisible et du docteur Jekyll (doublé de Mister Hyde), menée par l’inflexible Miss Murray va déjouer le complot machiavélique de l’infâme Moriarty… Programme alléchant, non ?
Une aventure steampunk absolument jubilatoire, écrite sous forme de feuilleton vintage par l’immense Alan Moore. Le dessin hachuré de Kevin O’Neill est particulier mais tout aussi réussi, et insuffle à cet univers une énergie irrésistible. Ses personnages sont vraiment stylés et ses décors magnifiquement kitsch.
Une BD intemporelle, drôle, saignante, qui comporte plusieurs degrés de lecture : d’un premier abord caricatural et régressif, elle glisse l’air de rien à un niveau plus subtil et subversif, où les institutions bien-pensantes de la bonne société britannique sont atomisées. Un album à part, à lire absolument !
200 pages d’une beauté hypnotisante qui témoignent de la maitrise absolue du noir & blanc de Georges Bess. Il est aussi à l’aise pour les personnages, créatures, paysages et décors que dans les ambiances, les mouvements ou les perspectives. Et comme si ça ne suffisait pas, il rajoute encore des éléments graphiques ornementaux (crânes, ailes de chauve-souris, entrelacs de lignes) pour renforcer l’élégance gothique de ses planches. Visuellement, il s’agit donc pour moi d’une œuvre de génie. Chapeau bas M. Bess !
Le scenario, lui, respecte le plus fidèlement possible le roman culte de Bram Stocker.
L’un dans l’autre, on a donc ici l’adaptation ultime et indépassable de « Dracula ». Un album qui pourrait bien devenir mythique lui aussi, tant il est au-dessus du lot.
N’ayant pas lu l’édition classique, je précise que cet avis ne vaut que pour l’édition Prestige grand format, un album indispensable en tous points exceptionnel (mais sans perdre de vue qu’il ne s’agit que d’une adaptation, ne pas en attendre autre chose…).
La sortie de "L’indien blanc" était depuis de nombreuses semaines à mon agenda. Je l’ai donc acheté et lu avec la même gourmandise que les précédents. Mais peut-être parce que le diptyque de "l’ ogre" avait placé haut la barre, j’ai trouvé qu’il manquait à cet album un petit quelque chose (à commencer par les absences de Rose et Lin). Notre croquemort, plus seul que jamais, apparait faible et dépassé, ce qui donne à ce nouveau cycle un aspect morne. D’autant que l’intrigue n’est ni très claire ni très crédible.
Visuellement, ce n’est pas parfait non plus. Les ambiances glaciales que l’on pouvait attendre des paysages enneigés ne sont pas vraiment au rendez-vous, la faute à une colorisation franchement quelconque. Pour le coup, la version n&b doit être plus intéressante. Le découpage aussi, d’ordinaire impeccable, m’a semblé parfois peu lisible ; par exemple, je n’ai toujours pas compris la dernière case de la page 31... Si quelqu’un peut m’éclairer, je suis preneur ;-)
Mais passons. En dehors de ces défauts, ce tome 5 reste évidemment de bonne facture. Même s’il n’est pas le meilleur, il procure un vrai plaisir de lecture et conforte Undertaker comme une série déjà classique. Vivement la suite que j’espère quand-même un ton au-dessus… 3,5/5
Alors que les Hordiers profitent d’une pause non prévue, un danger aux contours flous menace plus que jamais la cohésion du groupe, devenu l’épicentre de sombres enjeux.
La Horde pourrait-elle être instrumentalisée à ses dépens ? Mystère !..
Cette série m’intrigue et me fascine totalement par son étrangeté, la profondeur de son univers, l’intensité des personnages, et la folie sous-jacente dans laquelle elle baigne.
Un 2ème tome puissant, assez différent du 1er, qui confirme à mes yeux "La horde du contrevent" comme un chef d’œuvre en devenir.
Dans un futur post-apocalyptique « la Mécanique céleste » est un jeu de ballon très populaire qui va départager les 2 cités de Pan et Fortuna, en déterminant leurs destins.
Merwan réussit en solo à construire une aventure addictive et détonante avec des moyens très simples. Une narration fluide, une intrigue basique (en gros, un match où toutes les ruses sont permises) mettant en scène une héroïne vraiment craquante, accompagnée d’excellents personnages secondaires. Le tout sur 200 planches !
Pas de prise de tête, pas d’envolée lyrique, pas d’explications alambiquées, pas de violence, pas de pathos… l’ensemble est clairement divertissant, placé sous le signe de l’action et d’une bonne humeur salutaire.
Mais le vrai génie vient du dessin. C'est vraiment un bel album. Il s’en dégage une ambiance envoûtante et chaleureuse grâce aux couleurs harmonieuses et texturées appliquées au pinceau. Mention spéciale aux visages, qui allient beauté et expressivité. Le trait est vif, précis, dynamique. A mes yeux, ce dessin est juste parfait ! Avec un côté jubilatoire emprunté aux animes japonais bien déjantés.
Une BD certes légère mais surprenante, magnifique, enjouée, presque tendre, qui m’a procuré un réel et persistant plaisir de lecture. Bravo !
Que c’est confus !
Je n’ai rien compris durant les 2 premiers tiers de l’album. Il faut dire que ni le dessin ni les couleurs n’aident à s’y retrouver… Le scenario joue à fond la carte du "Who’s who ?" mais à ce jeu-là, avec un dessin de personnages aussi peu précis, ça tourne vite à la tambouille visuelle. Dommage d’ailleurs, car ce graphisme à trois couleurs est très élégant, notamment pour les décors.
Idem pour le scenario qui se veut malin et manipulateur – c’est en partie vrai – mais qui s’embrouille inextricablement à plusieurs reprises. Je me demande quel besoin ont certains scénaristes de polar de vouloir à ce point tordre et trifouiller leur intrigue. Probablement parce qu’avec une narration plus fluide, il n’en resterait pas grand-chose…
"Cyclone" est un récit relativement sombre sur les affres de l’adolescence. Avec pour décor principal, un lycée situé sur une île froide et grise, menacée par un cyclone. Margot, la jeune héroïne qu’un camarade et un prof convoitent en même temps, s’en sent prisonnière et voudrait à tout prix en partir...
Rien de franchement original si ce n’est le dessin de Marion Mousse, généreusement mis en couleur. Son trait franc, à la fois rond et anguleux, est bien adapté à cet univers où la superficialité côtoie des sentiments obscurs, profondément enfouis.
Un bon album, malgré un potentiel narratif sous-exploité.
Ugo Bienvenu imagine un futur où la capacité de stockage des data centers étant arrivée à saturation, le seul critère pour conserver ou non un programme est le nombre de vues qu’il totalise… Des chefs-d’œuvres au taux de visionnage jugé insuffisant peuvent ainsi être condamnés à disparaitre à jamais, effacés en un clic au profit de vidéos débiles de youtubeurs à la mode ! Perspective effrayante et pourtant si plausible… Et ce n’est que le point de départ d’un scenario surprenant et abouti, même si certains lui reprocheront peut-être sa fin évasive.
"Préférence système" est un excellent album d’anticipation, intelligent et bien construit qui pose de bonnes questions, sur le même modèle que « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury, adapté au cinéma par François Truffaut. Mais pas de prises de tête pour autant, les mots sont simples et le plaisir de lecture est bien là ! Notamment grâce à une partie graphique exceptionnelle. Le dessin très réaliste, coloré en larges aplats, découpé le plus souvent en gaufrier de 6 cases, est particulièrement lisible et élégant.
Le travail d’Ugo Bienvenu est énorme, exigeant et sans concession. On l’aime ou on ne l’aime pas ; moi je dis bravo !
Décidément, cette rentrée 2019 est d’une richesse insoupçonnée… Certains albums étaient très attendus, d’autres beaucoup moins. C’est le cas de ce "Kong Crew" que personnellement, je n’avais pas du tout vu venir.
Éric Hérenguel œuvre en auteur complet et il connait son boulot ! Un découpage varié et ultra dynamique, des cadrages vertigineux, des pleines pages… Il nous régale et visuellement, ça claque !
Le scenario remet une pièce, avec un côté « no limit » assez décapant. Ca va à 100 à l’heure, et à chaque page, le lecteur peut tomber sur à peu près n’importe quoi, l’imagination de l’auteur étant particulièrement féconde ! Ce qui fait de ce 1° tome un modèle du genre.
Un énorme boulot, de l’exigence, de l’ambition... mais sans pour autant se prendre au sérieux: voilà une recette imparable !
Une excellente surprise donc que cet album qui procure un franc plaisir de lecture en amorçant une série qui pourrait faire date.
Une espèce d’art book muet qui se "lit" en 10 mn et m’a fait ressentir beaucoup plus d’ennui que d’extase… Les illustrations sont brillantes mais ça reste extrêmement hermétique, très démonstratif et probablement assez vain.
Cela m’a beaucoup fait penser à "Hate" d'Adrian Smith (même pedigree des auteurs qui viennent tous deux du jeu et veulent absolument en mettre plein la vue, au détriment du scénario) bien que "Hate" soit autrement plus dense et complexe.
Excellent !
Les auteurs ont réussi la prouesse de faire une mise en abîme intelligente et subtile : Ils inventent un conte qui raconte l’histoire d’un conte… et rend un hommage inspiré à l’art ancestrale de la tradition orale avec une grande maitrise graphique et narrative.
Un ton accrocheur, des personnages truculents, du mystère, de l’ironie, de la réflexion… le tout dans des décors magnifiques ! Vehlman et Duchazeau, tous deux parfaitement en phase, ont rarement été aussi bons.
Le narrateur qui s’adresse avec malice au lecteur rajoute une dimension immersive précieuse. Sa dernière parole « Il est temps pour vous de fermer ce livre et d’ouvrir les yeux. Une autre histoire commence quelque part, près de vous »* résonne comme un conseil bienveillant et m’a fait naitre un sourire complice.
J’ai dû le lire 7 ou 8 fois avec le même plaisir, et ça n’a pas pris la moindre ride depuis presque 15 ans ! Une très belle BD, fine et profonde. A lire absolument
*Dans la nouvelle édition uniquement
La chronique de S. Salin résume bien mon sentiment un peu mitigé sur ce 8ème Orbital.
On perçoit clairement au fil de la lecture qu’il y a quelque chose de puissant dans le scenario. Mais S. Runberg, pourtant très expérimenté, ne parvient jamais à en exploiter le vrai potentiel. La planète Udhsem, la menace des Névronomes, la réhabilitation de Caleb et Mézoké… tous les ingrédients d’un final grandiose et dramatique étaient là, mais "Contacts" les survole un peu mollement, sans réelle surprise ni tension.
Quant au dessin de S. Pellé, il continue d'évoluer et privilégie cette fois nettement les ambiances – superbes – aux personnages qui, eux, paraissent de moins en moins expressifs.
Je continue d’apprécier et soutenir l’ensemble de la série mais cette 4° mission laissera comme un goût d’inachevé. C’est un bon album mais j’espère mieux de la suite.
Comme kurdy1207, en fermant cet album je me suis curieusement demandé "Mais pourquoi avoir fait ça avec des animaux ??.." Je n’ai pas pu m’empêcher de trouver ça bizarre, voire même un peu artificiel, alors que je ne m'étais jamais posé la question pour Blacksad par exemple… Pour moi, c’est donc qu’un truc cloche quelque part. En dehors de ça, le dessin est très bon, lisible et agréable. Le découpage notamment est particulièrement soigné.
Sinon, le récit se tient mais reste assez banal pour le genre et l’influence de Game of thrones est très prégnante pour l’instant.
En conclusion, je ne regrette pas l’achat, mais il va falloir sortir beaucoup mieux que ça pour être à la hauteur des énormes ambitions affichées, qui me semblent carrément présomptueuses aux vues de ce 1° tome, certes sympathique mais loin d’être extraordinaire.
Après la formidable "saga de Grimr", j’attendais avec envie le nouvel opus de J. Moreau.
Et la grosse surprise vient du dessin. Si on reconnait bien le style de l’auteur dans les paysages, cette fois-ci ses personnages sont stylisés par un trait épaissi et très simplifié, presque enfantin. Ce côté manga est un peu déroutant, surtout quand on avait apprécié comme moi la finesse des traits de Grimr…mais on s’y fait rapidement.
Jérémie Moreau nous raconte le moment précis où l’Homme se détache de la Nature pour fonder la Culture, où il passe de la bête à l’humain : après une perte insurmontable, Penss, le petit homme préhistorique, contemplatif et fluet se dresse contre LE monde pour mettre en œuvre "SON" monde, celui qu’il a rêvé, dans lequel les hommes ne seraient plus obligés de payer un lourd tribut à la nature. Fort de ses observations et de son intelligence, il va tenter de déjouer les pièges des hivers, de la famine et de la mort pour rechercher une forme d’harmonie.
La portée philosophique de ce livre est énorme mais les mots sont simples et beaux, aussi puissants que poétiques. Un fascinant récit d’apprentissage plein de sagesse et de réflexion, universel, beaucoup plus abordable que "La saga de Grimr".
Avec « La fortune », les auteurs sont allés très très loin dans la dérive mystico-ésotérico-fantastique de leur épopée romaine… Trop loin peut-être…
D’abord, la rupture narrative avec les 2 premiers tomes est radicale. Jusque-là, l’histoire était captivante ; elle privilégiait la tactique, l’action, la confrontation entre l’invincible escouade romaine et les différents peuples croisés en chemin. Là, après une ouverture magnifique dans les souterrains d’un temple oublié, l’apparition d’un « dragon » dont le dessin est hélas assez grotesque, fait basculer le récit dans un trip bizarroïde…L’action cesse et tous les personnages vont se mettre à errer, perdus dans des limbes brouillardeuses. Le récit perd alors toute consistance. Ce n’est pas inintéressant mais cela n’a plus rien à voir avec l’aventure épique qui les avait amenés dans ces contrées.
Ensuite, la vision surnaturelle de la terre palpitante, s’ouvrant et dévorant un à un les soldats est difficile à valider. J'aurais pu l'accepter plus facilement si les tomes précédents nous y avaient préparé mais ce n'est pas le cas.
Pour finir, la fin est largement elliptique et ne répond à aucune question.
Il y a sans doute une dimension métaphorique dans tout cela mais son sens m’a échappé. Dommage car, de mon point de vue, la série eût été un chef d’œuvre avec une conclusion moins « perchée »… mais c’est la liberté des auteurs et je ne la remettrai pas en cause.
« Les femmes », suite directe de « L’honneur », est déjà un peu moins rationnel.
Ce 2ème tome rend compte du doute et de la peur qui commencent à s’emparer des hommes en perte de repères, portés toujours plus loin par leur conquête. Cela va s’incarner au travers d’une redoutable tribu d’amazone à laquelle va se heurter l’escouade du capitaine Glorim. La curiosité puis la convoitise suscitée par ces femmes seront fatales aux maillons faibles du groupe.
La cohésion de la troupe mise à mal, la folie guettera ses premières victimes…
Un récit toujours aussi exaltant, servi par un dessin très stylisé, mais magistral.
Une escouade romaine est chargée d’aller explorer les territoires inconnus au-delà des bordures du monde connu et de s’en emparer, pour l’Empire.
La série démarre en pleine action et le rythme se maintient sur l’ensemble de l’album. Les auteurs réalisent un quasi sans-faute. La progression de ces soldats d’élite guidés par l’honneur, invincibles et surentrainés, est addictive ! Grâce notamment à deux partis-pris graphiques : d’une part la couleur, où les bleus et les verts contrastent violemment avec le rouge des tuniques, et d’autre part le character design, où chaque personnage est immédiatement identifiable par un faciès, un détail, une stature ou une posture.
Un 1er tome formidable, étrange et brillamment dessiné.
"Le château des animaux" est atypique et visuellement magnifique.
Atypique car il s’agit d’une fable pour adultes mettant en scène de simples animaux de ferme. Un monde étrange dans lequel les humains existent mais sont – quasiment – absents.
Les animaux sont bien caractérisés sans être anthropomorphes. C’est un parti pris plutôt original des auteurs. La plupart des personnages conservent donc leur apparence animale, sans habits, ni mains ou autres accessoires. En fonction des situations, ils peuvent néanmoins marcher debout ou tenir des objets dans leurs pattes. C’est étonnant mais ça fonctionne.
Côté graphisme c’est absolument superbe. Visages, ambiances et décors sont expressifs, détaillés et l’usage de la caricature est parfaitement dosé. Félix Delep, dont c’est la 1° œuvre, frappe fort et coche toutes les cases d’un futur grand de la BD !
Dans ce tome d’introduction l’intrigue est encore peu développée. Tous ces animaux sans défense, confinés dans l’enceinte d’un château abandonné, survivent sous le joug d’un taureau despotique et de sa milice de chiens aux ordres. Tyrannisés, impuissants, exploités, ils vont amorcer une tentative de libération…
Le récit de Xavier Dorison est solidement mis en place grâce à une écriture intelligente et soignée.
Bref, c’est très très bien parti pour la série !
Un 4° tome épique et puissant qui vient clore une série magnifique et boucler la boucle amorcée dès l’entame du 1° tome.
Il s’agit en fait d’un double album (108 planches), divisé en 2 chapitres, qui ne se contente pas de raconter la suite et la fin de l’histoire de Médée, mais qui va bien au-delà par ses dimensions psychologique et philosophique.
Blandine Le Callet se détourne un peu de la mythologie pour ancrer sa Médée dans l’histoire. Mais sur cette trame devenue plus réaliste, elle greffe ce qu’il faut de sortilèges, non pour faire de son héroïne la sorcière qu’elle a la réputation d’avoir été, mais une guérisseuse avide de savoirs, manipulant décoctions et poisons. Le pari est réussi et le récit passionnant. Les autrices se sont saisies de cette légende pour en faire un manifeste contre la tyrannie, l’autocratie, la misogynie. Dans cette fresque, Médée n’a eu de cesse d’être pourchassée, proscrite et persécutée pour ce qu’elle était : une étrangère, femme, libre, indépendante et intelligente.
Pour lui donner corps, Nancy Peña aux crayons délivre un dessin subtil et détaillé, fin, épuré, sensuel, superbement colorisé, qui magnifie le décor antique.
Admirez les 4 couvertures où, au fil des tomes, Médée se retourne pour faire face au lecteur, de plus en plus maculée de sang… Quelle classe !
Je précise pour finir que "Médée" n’est pas forcément une BD grand public ; c’est une BD d’auteur, presque un roman graphique.
Donc si vous n’êtes pas un bourrin et sensible à mes arguments, ne passez pas à côté !
Cette BD s’essaye à l’art délicat de la suggestion…mais n’y parvient pas.
Fred Bernard, habituellement plus inspiré, semble avoir construit son scénario sur du vide. Cet album ne raconte rien ou pas grand-chose et l’intérêt de cette histoire m’a complètement échappé. Victime d’une narration elliptique, les personnages aussi peu consistants les uns que les autres sont juste effleurés et le contexte qui aurait pu les faire exister n’est pas décrit. Rien de concret à se mettre sous la dent, pas même l’irruption bizarre d’une bête préhistorique, expédiée en 4 cases…
J’ai ressenti un énorme sentiment de gâchis. Tous les éléments d’un grand roman graphique étaient en place, à commencer par les décors grandioses de la Patagonie mais l’ensemble est morne, ennuyeux et dénué d’émotion. Il faut dire que le dessin d’Eddy Vaccaro qui enchaine lacunes et maladresses n’arrange rien. J’avais apprécié son trait sur "Championzé" mais là, ses cadrages naïfs, ses décors minimalistes et ses postures figées ont tristes mines. Lisez-le pour vous faire votre idée, moi je l’ai déjà oublié…
Ce Voltaire très amoureux est pleinement réussi mais dans un tout un autre style que le 1°. Un peu moins flamboyant et caustique, moins érudit aussi, il bénéficie d’un dispositif narratif et d’un découpage plus originaux. L’auteur s’est lâché et nous gratifie entre autres de cinq doubles pages sans bulle ni case au graphisme audacieux et recherché, ainsi que quelques magnifiques planches sur fond noir. Le tout délicatement mis en couleur. Un régal visuel pour qui aime le style libre et vif d’Oubrerie qui - c’est à noter - donne à Émilie, l’héroïne et muse de Voltaire, des traits particulièrement beaux.
Bref ce tome 2 n’est pas vraiment une suite mais plutôt un nouvel épisode, placé sous d’autres auspices… J’ai vraiment hâte de découvrir la suite. Un album et une série de grande qualité.
Le tome 1 m’avait surpris, voire stupéfait, tant il allait loin dans la fétidité et un certain nihilisme. Mais vu qu'il pouvait se lire un peu comme un one-shot, je n’attendais pas forcément grand-chose du tome 2, car – pensais-je – l’effet de surprise se serait dissipé... Or, "Maurice" s’avère encore plus abouti que "Derrick", y compris niveau dessin. Lire les deux histoires en parallèle m’a plongé dans une espèce de fascination. C’est complétement retord et amoral mais assez génial. Gaet’s a vraiment créé un univers à part entière. Un monde unique, complexe et dérangeant : l’enfer de RIP !
Une série extrêmement prometteuse, en tout cas. Assurément culte si les prochains tomes conservent cette cohérence, cette intelligence et cet esprit.
A lire absolument et de toute urgence, si vous avez le cœur bien accroché !
Cela faisait longtemps qu’une paire d’auteurs ne nous avaient pas livré d’album aussi épique et foisonnant ! De l’aventure de haute volée qui reprend à son compte un authentique roman picaresque du 17°siècle pour en faire un récit trépidant aux multiples rebondissements. Ayroles capte son lecteur grâce à une narration complexe, aidée d’une écriture ciselée dont quelques tournures de phrases n’auraient pas été reniées par Cervantès ou Rostand. En un mot, brillant ! Mes seules réserves tiennent à quelques ellipses et au rythme qui peut passer sans transition de scènes burlesques à d’horribles carnages… Cela m’a parfois dérouté, ne sachant pas si je devais en rire ou en frémir.
Coté dessin, c’est évidemment magnifique, la technique de Guarnido ne souffrant aucune critique. Il a trouvé selon moi l’équilibre parfait entre la caricature hilarante et le réalisme spectaculaire de certains décors. Ses tronches en particulier sont exceptionnelles ! Ses couleurs aussi. Je suis d’ailleurs curieux de découvrir la version N&B à paraitre pour voir si le dessin y perd ou pas.
Un album hors normes donc, novateur dans sa forme (les 12 planches muettes au milieu en constituent un sommet magistral), solidement construit et maitrisé, qui va au bout de son propos sans faiblir, avec une délectation certaine !
Une BD qui rentrera dans le top 10 de l’année.
Un polar écolo d’une veine plutôt classique qui donne un petit sentiment de déjà lu. Pas de grosse surprise scénaristique à la clé donc, mais une narration fluide, un dessin simple aux couleurs efficaces, des personnages accrocheurs. C’est prenant et plutôt intéressant. Ça manque peut-être un peu de mystère et de tension ; dommage car le décor s’y prêtait.
Tillie Walden a conçu un roman graphique inclassable et son travail est fabuleux ! 500 planches sorties d’ailleurs, ne ressemblant à rien de connu.
Parmi les singularités de l’album, citons : des architectures baroques flottant dans l’espace, des vaisseaux organiques pisciformes, des personnages exclusivement féminins vêtues d’uniformes d’écolière… et beaucoup d’autres bizarreries. Cela m’a évoqué un mélange improbable de Peeters version « Lupus » et de Comès période « Ergün l’errant ».
La science-fiction, ici, n’est qu’un prétexte pour raconter une étrange et magnifique histoire d’amour entre adolescentes. Mais très loin de la love story à la guimauve, ces héroïnes aux bouilles de manga vont devoir affronter mille périls avec intelligence et pugnacité pour pouvoir explorer, comprendre et vivre leurs sentiments dans un univers bien plus hostile qu’il n’y parait et dont elles ne maitrisent aucune des clés.
C’est beau, sensible, pudique et extraordinairement colorisé.
On peut toutefois reprocher à cet énorme bouquin une narration décousue, un ton naïf et une approche très fantasmagorique des décors et du background en général. Cela peut décontenancer et décourager un lecteur, même motivé, à poursuivre jusqu’au bout cette incroyable aventure.
Vous voilà avertis... Pour ma part je ne peux que vous conseiller la lecture de cette BD hors norme !
Les deux premiers tomes des "Ogres-Dieux", plutôt originaux, se laissaient lire. Mais ce "Grand homme" n’a plus rien à voir avec l’univers qui donnait à la série son seul intérêt. Il n’y a plus d’ogres, plus d’architectures, plus de complots… Juste une banale aventure de fantasy. Le scenario n’est centré que sur un seul mais solide personnage, nommé Lours, dont le parcours est longuement développé dans les intermèdes écrits qui ponctuent le récit. Il est le vrai héros de cette histoire car Petit, qui n’avait déjà aucun charisme auparavant, est toujours aussi insipide.
Le graphisme reste intéressant mais ne surprend plus et a perdu de sa superbe en sortant des palais des Ogres. Une série qui selon moi n’aura pas su se maintenir au niveau qu’ambitionnaient ses auteurs ; la barre était trop haute et le filon semble tari.
Avec la parution de cet ultime volume, je salue le sérieux et la qualité éditoriale dont Casterman a fait preuve pour la conception de cette intégrale. Chaque tome donne l’impression d’être un véritable grimoire renfermant toute la magie des Cités Obscures. Ce 4° opus étant enrichi d’une chronologie et d’une biographie de tous les personnages ! Un écrin aussi exceptionnel que l’est l’œuvre de Peeters et Schuiten.
Plus de 1400 pages au total, prouvant la démesure et la cohérence de cet univers unique.
Seul bémol, le format peut-être un peu juste. Mais à la fois, j’ai conscience qu’éditer plus grand aurait forcément induit un prix inaccessible. L’ensemble n’est déjà pas donné…
En conclusion, du grand art, aussi beau que précieux, qui devrait faire le bonheur des collectionneurs avertis comme il a fait le mien !
Cet album est bien représentatif du travail de Baudoin et c’est celui que je conseillerais de lire à ceux qui ne connaitraient pas ce bel auteur.
On y trouve pêle-mêle tout ce qui fait son style si particulier : un dessin à l’encre de chine, mouvant, qui se réinvente page après page ; un ton contemplatif et intimiste ; un regard scrutateur sur la beauté des êtres et des choses. Chaque planche est un monde à part entière, libre et gracile, où se mélangent carnet de croquis, annotations, abstraction, réalisme, portraits sur le vif, paysages, symbolisme, souvenirs, anecdotes… En fait, tout ce qui lui passe par la tête à condition que ce soit émouvant, mystérieux, indicible.
Car au final, l’argument principal de ces « Terrains vagues » est bel et bien la poésie. Ces 60 planches ne sont qu’une succession de pensées, de réflexions, d’observations et d'interrogations sur la vie mais surtout sur l’amour. C’est un peu verbeux, forcément, mais souvent pertinent, sensible et intelligent.
Évidemment, on pourra aussi trouver ça immature, autocentré et stérile… C’est un peu la limite de l’exercice et des ressentis de chacun. Moi, ça me parle.
Un scenario très accrocheur donne tout son intérêt à cet album. Il démarre avec une trame volontairement cliché : Une nuit, un petit blondinet s'en va avec une créature de cartoon venue le chercher dans sa chambre, vers un lointain royaume de contes de fées...
Pourtant, la suite prend un tournant parfaitement réaliste et va ne se focaliser que sur la disparition du petit garçon, l’incompréhension des parents, la suspicion de l'opinion publique, l’enquête policière et la médiatisation de l’affaire… Franchement, il fallait y penser !
Le dessinateur Alex Xöul fait bien le job et livre des planches agréables, lisibles et techniquement très propres. Les couleurs aux teintes fanées et des éléments de décors vintage contribuent à l’immersion dans l’époque incertaine (mais passée) où se déroulent les faits.
Mais ce scenario si original tourne hélas un peu au pathos et aurait pu pousser son ambition plus loin… Au final, j'ai eu l'impression qu'il n’en reste qu’un fatalisme amer et une désillusion déprimante.
Une BD solide à lire quand même pour se faire son opinion.
J’ai acheté cette BD sans conviction… Car d’un côté je me méfie de Miville-Deschênes (sur "Reconquête" son dessin trop technique avait fini par me lasser), mais d’un autre côté les albums de chez « Signé » sont en général un gage de qualité… J'ai donc attendu plusieurs jours avant de la lire et l'ai ouverte mollement.
Bon, le scenario de Runberg est assez basique – une chasse à l’homme classique sur 75 pages – mais suffisamment malin et haletant pour ne pas en lâcher la lecture une minute.
Quant au dessin, impressionnant, oui... mais ce n’est définitivement pas mon style. C’est globalement très beau, surtout les paysages de l’île. Mais ça ne m’a pas empêché de confondre plusieurs personnages et de trouver beaucoup de postures figées. En fait j’ai l’impression que Miville-Deschênes reste trop attaché au côté flamboyant de son dessin, ce côté illustration, tape à l’œil, "bien fait", quoi. Il est assurément doué mais je ne vois que le vernis dans son travail ; ça manque de fond, de créativité je trouve. Enfin, c’est personnel.
En conclusion "Zaroff" se lit quand même avec un franc et grand plaisir. Un plaisir coupable, même, puisqu’au fil de la lecture on prend irrésistiblement son parti à lui plutôt que celui des irlandais !
Ainsi, le lecteur rendu complice affichera probablement un sourire machiavélique en découvrant la chute assez jubilatoire…
Allez, pardonnez ma mauvaise humeur messieurs les auteurs, c’est du très bon travail.
Un album qui fera date et enrichira à son tour la collection « Signé ».
Quelle ambiance ! Une relecture m’a confirmé que "Tabou" est un des albums les plus singuliers que je possède. L’écriture et le dessin sont en accord parfait pour distiller une atmosphère envoûtante, entre polar crapuleux et magie occulte, dans un background 50’s… Des meurtres inexpliqués, deux flics se haïssant mutuellement, des nightclubs à paillettes, une ville tentaculaire, une voix off virile… et une question : Le Diable rôderait-il ici-bas ?!
En 70 pages précises, Zentner déploie son scenario avec brio. Pellejero, lui, livre un dessin de toute beauté à la classe intemporelle. Sa maitrise du noir et blanc est totale et certaines planches feraient de magnifiques sérigraphies !
Une BD hypnotique et inquiétante, d’une élégance rare. Dommage qu’elle soit assez difficile à trouver aujourd’hui à prix normal. Elle mériterait une belle réédition… et de figurer en bonne place dans toute bédéthèque.
Un final beaucoup moins explosif que j’imaginais... Néanmoins Matt Kindt boucle son histoire avec conviction et cohérence malgré quelques facilités scénaristiques. Car au-delà de situations à la limite du vraisemblable, la majeure partie du scenario laisse le Grass Kingdom de côté en se centrant surtout sur les Shérifs de Cargill, père et fils. De plus, pas mal de protagonistes quittent la scène sans vraiment jouer de rôle dans l’intrigue. C’est un peu dommage dans la mesure où Kindt avait pris soin de les développer dans les tomes précédents. En fin de compte, cela donne l’impression que certains personnages n’étaient là que pour lancer le lecteur sur des fausses pistes... J’ai donc trouvé ce 3ème tome efficace certes, avec une écriture et un dessin de qualité, mais quand même relativement déséquilibré par rapport aux 2 premiers.
La trilogie reste dans l'ensemble un excellent polar que je recommande pour son ambiance exceptionnelle créée par un vocabulaire graphique unique et une narration originale.
Sombre, ambitieux, complexe, "Block 109" est d’abord un récit magistral. Mais il est mal servi, hélas, par une narration trop dense, trop hachée. Le lecteur a de fortes chances d’être complètement perdu à un moment ou un autre des 190 pages… Et cet aspect confus se retrouve également dans le dessin. Les personnages, nombreux et trop brouillons n’aident pas à la fluidité de l’ensemble.
Cela dit, une fois terminé, tout semble étonnamment cohérent et bien agencé grâce au chapitrage efficace et aux flash-backs bien amenés.
Un conseil donc : malgré ses défauts, ne lâchez surtout pas la lecture ! Vous louperiez une des plus excitantes uchronies jamais réalisées ; un savant mélange d’Histoire, de fantastique, d’action et de réflexion.
Je viens de le relire pour la 3° ou 4° fois, c’est toujours aussi prenant !
Fabcaro applique avec férocité son nonsense absurde à la vie de couple.
L’écriture est suffisamment soignée pour créer des personnages aussi débiles qu’attachants. C’est un peu redondant mais franchement très drôle. Le dessin, bien épuré, vibre d’une belle énergie grâce aux touches d’aquarelles. Un très bon moment de lecture !
Conte contemporain, "Le loup" laisse de l’air et des frissons plein la tête ! Le récit est sec et va à l’essentiel : un décor, deux personnages. Un homme et un loup aussi sauvages l’un que l’autre, guidés par les mêmes blessures, le même instinct et la même soif de liberté.
Une BD intelligente, âpre et haletante, superbement écrite et dessinée où réflexion, émotion et action s’entremêlent avec élégance et retenue pour nous prendre aux tripes. C’est beau !
A lire absolument.
Je crois que c’est la 1° fois que je vois sur ce site une BD aussi clivante. Elle reflète la sempiternelle querelle des Anciens et des Modernes... Mais ces polémiques me semblent absurdes. C’est d’abord un album d’une qualité graphique incontestable. On peut ne pas aimer le style de Schuiten, certes, mais lui attribuer la note zéro est parfaitement ridicule.
Vous aurez peut-être deviné que je ne suis pas un fan historique de "Blake et Mortimer", ni le gardien d’une prétendue chapelle. Je suis juste un grand fan de BD en général, que je considère comme une forme d’art. A ce titre, j’admire les auteurs dans leurs diversités, pour leur inventivité et la somme incroyable de travail qu’ils sont capables de fournir pour concevoir un album. Et cet album est bel et bien une œuvre d’art. Mystique, délirante, intemporelle, et… imparfaite, oui, c’est vrai. Mais elle restera à jamais une œuvre respectable, dessinée par un auteur majeur, d’après un autre auteur majeur.
"Le dernier pharaon" ne reprend aucun code de la série-mère ? Tant mieux, c’est l’occasion de la voir avec de meilleurs yeux et de comprendre la richesse de son univers et l’influence qu’elle a pu avoir. Mais d’autres préfèrent y voir l’occasion de mépriser, dénigrer et condamner… Je les plains.
Je viens de relire mon intégrale des "Contrées Oubliées", délaissée depuis des années dans ma bédéthèque et franchement, c’est quand même un sacré monument !
Alors évidemment, le dessin est particulier : surchargé, voire baroque, avec des couleurs qui piquent carrément les yeux… Le découpage n'est pas toujours très pertinents non plus. Bref, le style de Ségur est daté, c’est clair, et il a beaucoup plus mal vieilli que "La quête de l’oiseau du temps" par exemple.
L’écriture aussi manque parfois de fluidité ce qui peut rendre la narration un poil brouillonne. Pour finir, certains dialogues de "Puissances" sont également pénibles à lire.
Mais en dehors de ces défauts excusables, cette trilogie a vraiment quelque chose de magistral. De la pure Héroic Fantasy emmenée par un furieux souffle épique ! Des décors fabuleux, des personnages mémorables (Morkaï le guerrier et l’invincible Hûrl, grand maître des Chevaliers-tonnerres sont mes préférés), de la bravoure (Ah ! l’élixir de sauvagerie...), de la traîtrise, de l’émotion, des touches d’humour, de la réflexion, de l’intelligence, des rebondissements et un final grandiose !
Une BD à part, pour initiés, qui mérite définitivement son statut d’œuvre culte !
D’accord avec mes camarades kergan666 et kurdy1207 concernant la forme négative des phrases. Utiliser un français appauvri tire tout le monde vers le bas et fait le jeu de ceux qui considèrent encore la BD comme un art mineur ; c’est insupportable.
Ceci étant dit, je suis bien rentré dans l’histoire dès le début et j’y ai trouvé ce que je cherchais; à savoir du divertissement, du dépaysement et de l’évasion. C’est un peu confus parfois mais le scenario tient la route. Évidemment c’est du basique : des protagonistes sans profondeur ni psychologie, des personnages secondaires inexploités, peu de suspense et des aliens tout droit sortis d’Avatar… Dommage aussi que le dessin soit bien moins bon que dans les 2 premiers tomes. Mais personnellement, j’ai vraiment aimé la chute avec ses accents mélancoliques et fatalistes sur l’espèce humaine.
C’est donc assez moyen mais le plaisir de lecture est quand même au rendez-vous et je continuerai cette série plutôt sympa et reposante pour le cerveau !
Quelques fulgurances graphiques et de très belles séquences confèrent à cette BD une beauté étrange et dérangeante. Javi Rey est vraiment doué.
Côté récit, quelque chose de poétique et d’intense se noue aussi dans les mots et dans la narration.
Mais malgré ces indéniables qualités, l’ensemble est comme sec, amer et aride.
C’est donc un bon album mais j’ai trouvé sa lecture presque éprouvante.
Un album qui se démarque surtout par le dessin subtil et très élégant de Mayalen Goust que je ne connaissais pas. Sa mise en couleur, ses textures et ses cadrages sont fantastiques !
Quant au scenario de Matz, il est utile et sincère mais beaucoup trop elliptique, trop incomplet et rapidement expédié pour toucher le lecteur comme il le mériterait. Il cherche à décrire l’authentique combat des Grand-mères de la place de Mai, à Buenos Aires, pour retrouver tous les enfants enlevés durant la dictature argentine (1976-1983)... Son intention est donc tout à fait louable mais il était simplement impossible de raconter une histoire aussi complexe en 80 petites planches. C’est souvent ce qu’il se passe quand la fiction se fond dans l’actualité.
A lire quand même pour le sujet intéressant, mais surtout pour ce dessin superbe qui fut pour moi une belle découverte.
Le titre et la couverture laissent penser qu’il va s’agir d’une histoire fantastique ou de SF mais, étonnamment, le sujet est l’écologie et la décroissance !
Le dessin est plutôt intéressant, couleurs et découpage étant travaillés avec soin.
Après... je comprends bien les intentions des auteurs, c'est bien, mais le scenario n’a que peu d’intérêt et s’adresse avant tout à un très jeune public.
Notre mère la guerre… Quel titre magnifique !
Inspiré, dense, profond, formidablement écrit, le récit conçu par Kris est d’une puissance rare.
S’étalant de 1914 à 1918, il surprend d’abord par son ambiance de polar au milieu des Tranchées, quand débute l’enquête d’un lieutenant envoyé en 1° ligne pour élucider de mystérieux meurtres de femmes sur la ligne de front.
Il captive ensuite quand la narration éclate en plusieurs fragments chronologiques pour mieux révéler la complexité des personnages et leurs parcours funestes.
Il émeut enfin – il prend aux tripes même – quand surgit le dénouement et que se dévoilent les ravages que la Guerre a commis sur les âmes.
Avec une partie graphique tout aussi exceptionnelle, l’ensemble est brillant et totalement maitrisé.
Le talent des auteurs est immense. Cette intégrale est une très grande BD.
M. Stéphane Gess, merci d’avoir pris le temps d’apporter une réponse utile à mon 1° avis sur votre album "Un destin de Trouveur". Cet avis, comme je l’avais précisé, n’était fondé que sur des critères subjectifs. Je rajoute qu’il ne s’agit pas réellement d’une déception, votre travail sur ce titre restant remarquable. J’ai simplement préféré "La malédiction de Gustave Babel" que je considère comme un chef d’œuvre, et je m’en suis expliqué. Mais sur la base de critères parfaitement objectifs, il serait juste de dire qu’"Un destin de trouveur" mérite lui aussi largement ses 5 étoiles.
Les explications que vous m’apportez sur sa conception sont évidemment pertinentes et prouvent à quel point vous maitrisez votre sujet (mais je n’en doutais pas...).
Pourquoi ne pas alors en faire profiter tous vos lecteurs en reprenant cet éclairage passionnant dans une page d’introduction sur le prochain tome ?
Prochain tome que, dans tous les cas, j’achèterai les yeux fermés. Merci et bravo !
Yovo
Mon avis ne vaut qu’en comparaison à "La malédiction de Gustave Babel", le 1° tome des Contes de la pieuvre.
Curieusement, j’ai moins bien aimé "Un destin de trouveur". C’est rythmé et bourré d’action certes, mais ‘Babel’ est beaucoup plus onirique, étrange et poétique, dimensions auxquelles je suis en général plus sensible.
Sur le plan graphique, j’ai également préféré les tonalités ocre de ‘Babel’ que la palette plus colorée de ‘Trouveur’ et tous ses flash-backs bleus-verts.
Mais c’est surtout au niveau des personnages que la différence est la plus frappante : là où Gustave Babel était un poète amoureux, aussi invulnérable que fragile, "Un destin de Trouveur" met en scène une galerie de superhéros assez bas du front… Par exemple, ces "coriaces" aux yeux rouges et à la force surhumaine ne m’ont pas forcément plu et n’apportent pas grand-chose au fond du récit. Idem pour "La bête" qui a la force de Hulk associée à la vitesse d’un guépard, alors que son apparence est celle d’un gamin fluet, sans qu’on ait l’explication de ce phénomène... Sur certaines scènes, c’est du Marvel ! C’est dommage, car cela dénature la belle ambiance réaliste créée par les décors.
Bref, "Un destin de Trouveur" reste un très bon album mais qui, pour toutes ces raisons, n’a pas autant retenu mon attention que l’incroyable "Malédiction de Gustave Babel".
Je ne connaissais pas "Les contes de la pieuvre" que je n’ai découverts qu’avec la parution remarquée du 2ème tome, pour lequel les avis sont unanimes. Décidé à suivre cette série, j’ai donc commencé par acheter le 1°, "La malédiction de Gustave Babel".
Et il y a du génie dans cet album, fascinant de bout en bout. Tout y est remarquable. Le dessin, les couleurs (une palette infinie d’ocres), le découpage, le fond des planches texturé, les cases flottantes, les cadrages, les personnages, la narration (à rebours, entrecoupées de rêves et de flash-backs), l’édition, avec son dos toilé et sa couverture en relief, et bien évidemment l’histoire en elle-même, tout simplement, bercée par la poésie de Baudelaire.
Il y a des imperfections et quelques longueurs, mais quand on sait que cet ensemble assez unique est l’œuvre d’un seul auteur, cela force le respect. Chapeau Monsieur Gess !
Et même si le format est trop petit et le prix trop élevé, je vais de ce pas m’offrir "Un destin de trouveur".
Au fil de ses ouvrages, Emmanuel Lepage se montre toujours aussi curieux et avide de partager ses voyages et son regard sensible sur le monde.
Invité à Tchernobyl par une association pour y dessiner, Lepage va découvrir ce qui se cache à l’intérieur de la zone interdite. Malgré la forte irradiation qui y sévit encore, il va surtout découvrir un monde beaucoup plus vivant qu’il ne l’avait imaginé ! Cette terre de fantasme, de cauchemar et de contradiction va plonger l’artiste dans une réflexion sur la nature et l’humanité, qu’il livre au lecteur de façon sincère par ses mots touchants et ses illustrations grandioses.
L’album est intéressant mais l’aspect introspectif et autocentré de l’auteur m’a parfois fait décrocher. Car au-delà de ce sentiment d’apocalypse, il ne s’y passe pas grand-chose ; c'est un peu long et on touche rapidement aux limites de l’exercice du témoignage.
J’ai commencé cet album avec envie mais j’ai vite été gagné par un ennui profond et une morosité tenace. C’est glauque, gris, répétitif, sans relief… Bref, je l’ai trouvé complètement raté.
Qu’a voulu dire l’autrice ? Pas la moindre idée. "La candeur et ses limites" comme le dit le chroniqueur ébaudi ?.. Oui mais ça ne fait pas un album, ça ; en tout cas pas de cette façon. Personnellement je n’ai pas ressenti la moindre empathie pour ces enfants qui ne sont pas candides pour deux sous. Ils sont juste confrontés à des adultes abrutis et caricaturaux. Leur "innocence" ne suscite ni poésie ni émotion. C’est trop terne, trop creux ; comme si Chloé Cruchaudet elle-même était indifférente à ses personnages auxquels elle n’a donné ni profondeur, ni personnalité. Il fallait sans doute un peu plus d’ambition pour élever cette fable au rang de parabole.
C’est d’autant plus dommage que le potentiel est là, palpable. L’errance de ce troupeau de mômes déguenillés est une image forte qui frappe l’imagination, mais le récit passe sans cesse à côté et retombe dans le terre-à-terre sans intérêt. A aucun moment le lecteur n’est saisi par un souffle épique, à aucun moment il n’est questionné par le sens de cette croisade dont la fin, chaussée de gros sabots, est évidemment prévisible.
Visuellement, c’est heureusement beaucoup mieux et certaines cases sont superbes. Mais si le langage graphique fonctionne, il n’est pas mis au service de l’histoire. L’esthétique semble gratuite, sans parti pris, pas même dans les décors quasi inexistants, qui réduisent bien trop souvent les personnages à de simples silhouettes sur fonds neutres.
Je n’ai rien contre Chloé Cruchaudet mais je pense pour l’instant qu’elle est surestimée.
Un 2ème tome qui ne déçoit pas ! Un récit suffisamment original pour surprendre malgré une trame assez classique. Runberg a assuré le développement de son histoire sans prendre trop de risque (tout en ménageant ce qu’il faut de rebondissements), avec un sens du rythme et de l’action impressionnant. Bref, le travail solide d’un scénariste expérimenté.
De son côté, Grun livre un dessin de toute beauté à la mise en couleur parfaite et aux détails soignés. De la pure ambiance martienne !
Puissent les auteurs maintenir ce niveau pour le 3° tome ! On Mars_ serait alors définitivement une série qui pèse dans la grande famille de la SF.
A noter que l’édition limitée Bulles en Tête, que j’ai privilégiée, est absolument magnifique ! Quelques euros de plus qui, pour une fois, valent le coup...
Difficile de résumer ce "Retour" : Années 1970, Cristóbal, star de l’art contemporain arrogant et fortuné, revient sur l'île aride qui l'a vu naître. Sous prétexte d’en sauvegarder le patrimoine face au bétonnage immobilier, il se met à y exercer son art de façon despotique en forçant la main aux autorités locales, jusqu’à (quasiment) la privatiser.
L’histoire est plutôt simple en apparence mais l’auteur a habilement entremêlé plusieurs thèmes pour l’épaissir, et de nombreux enjeux cachés émergent au fil des 90 pages. La richesse du scenario lui permet de dire avec une certaine finesse beaucoup plus de choses que je ne l’imaginais au départ, bien aidé par un dessin lisible et agréable. Les personnages semi-réalistes, expressifs et bien caractérisés sont particulièrement réussis.
Au final, le récit est surprenant et assez complexe tout en restant fluide et bien construit. Duhamel a maitrisé son sujet. Un très bon album, original et intelligent. A lire.
J’ai un peu hésité à me lancer dans la série mais les bons commentaires, une fois de plus, m’ont convaincus. Aucun regret, c’est vraiment une belle réalisation.
Comme dans "Metronom’" (du même Grun), l’univers graphique est généreux et développé avec talent. Cela donne un background original, assez crédible et immersif.
Quant au scenario de Runberg, il est captivant et enrichi de personnages bien caractérisés. Bref, un premier tome réussi, très agréable, dépaysant et bien mené. A lire !
"Lapa la nuit" bénéficie d’un super dessin, clair, lisible, expressif et détaillé. Ce n’est pas forcément mon genre car il est un peu lisse et impersonnel mais franchement, ce trait est propre, bien adapté à l’histoire et bien mis en couleur. Bon point.
2ème atout de l’album, la narration : une nuit à Rio…
Le lecteur suit différentes personnes n’ayant rien à voir les unes avec les autres, qui convergent par hasard vers un même lieu (Lapa) et vont s’y croiser sans s’en rendre compte, le temps d’une scène tendue et anxiogène. Le procédé, plutôt cinématographique, est bien connu mais il est clairement maitrisé et fonctionne à la perfection. Re-bon point.
Mais tout cela n’est hélas que de la poudre aux yeux. Pourquoi déployer un tel talent graphique et narratif pour ne rien dire du tout ? L’histoire est sympa, oui, mais complètement anecdotique, sans enjeu ni finalité. Bref on s’en tape un peu. Finalement, ni le lecteur ni les personnages n’auront appris quoi que ce soit à l’issue de cette nuit étrange, alors que des destins auraient (peut-être) pu basculer. Mauvais point.
J’exagérerais à peine en disant que c’est aussi alléchant, frais, sensuel et exotique qu’un bon caïpirinha mais que ce n’est que du sirop ;-)
"PTSD". En français : "État de Stress Post Traumatique".
Tel est le thème.
Comme le dit Guillaume Singelin dans sa postface, PTSD est une histoire simple. L’histoire d’une rédemption, depuis le traumatisme qui a causé le mal jusqu’à l’amorce d’une renaissance, avec une narration déconstruite en flash-backs.
Le rythme est assez lent et l’intrigue progresse peu. L’intérêt est ailleurs : dans les non-dits, les à-côtés, dans les bords flous d’une mégalopole grouillante, dans le souvenir amer d’une guerre que l’on veut taire. Dans ce qu’engendre la société pour les inadaptés : le rejet, la solitude, la peur, la colère, la souffrance… qu’elles soient perpétrées ou subies.
Tout est là, mais rien n’est dit. C’est un peu le sens du récit de G. Singelin. Partant du principe que les symptômes sont indicibles, il ne cherche pas à les décrire ni à les expliquer. Il en montre juste les conséquences à travers une héroïne au cœur et à l’âme brisés mais dont le corps et les réflexes restent indestructibles. Jun est une ancienne tireuse d’élite aux idéaux anéantis par la guerre. Prise dans une spirale de violence, elle agit par pur instinct, renvoyant au monde l’indifférence et l’injustice qu’on lui a infligées, dans l’espoir d’apercevoir la lumière au bout du tunnel…
Si l’héroïne est complexe, les mots sont peu nombreux et la psychologie est à peine survolée. L’auteur a privilégié le graphisme pour dire tout cela, c’est l’autre force de l’album. Son univers est foisonnant et fourmille de détails. L’aspect crayonné peut gêner mais il émane de ces cases un mouvement, une expressivité et une vie hors du commun. Une atmosphère magnétique, entre mélancolie, silence et déréliction.
Malheureusement j’ai beaucoup plus de réserves sur le fait que les personnages n’aient que 4 doigts et 4 orteils… J’apprécie habituellement la liberté prise par les auteurs, mais là, j’ai trouvé ça laid et surtout, je n’en vois pas la justification… Dommage, cela a largement contrarié ma lecture.
Mais en dehors de ce détail, PTSD est un album convaincant, magnifique, à l’ambiance inimitable.
D’un scenario incroyablement casse-gueule à la base, Julien Lambert a fait une histoire très personnelle, très cohérente. Avec son héros qui parle aux objets, la théâtralisation des décors et des situations, son dessin orienté "BD jeunesse", cela aurait pu être enfantin ou ridicule… Mais il n’en est rien.
VilleVermine développe un univers sombre et décalé pouvant évoquer le monde de Caro et Jeunet au cinéma, du temps de "La cité des enfants perdus". Une poésie de la rouille et de la débrouille qui transpire de chaque page et rend les personnages simples et touchants.
Bien sûr, ces 2 albums ne sont pas exempts de défauts : le récit aurait gagné à être plus précis et plus approfondi, beaucoup de questionnements restant (volontairement ?) sans réponse. Mais la maîtrise graphique de l’auteur permet de restituer une atmosphère de conte urbain qui autorise les ellipses sans jamais nuire à la compréhension ou la fluidité de l’ensemble. Peu importe finalement qu’on n’en sache peu sur les personnages, que leurs motivations soient floues, on suit cette aventure aussi terrifiante que burlesque avec plaisir. Ça se lit relativement vite, ce n’est pas parfait, mais cela suffit pour que je surveille de près les prochaines publications de Julien Lambert. Très beau travail !
3,5/5
Ce 2ème tome commence comme un huis-clos paranoïaque et carcéral pour se poursuivre en plein air à la découverte de l’île abritant "la Maison".
Je ne sais pas si l’adaptation du roman d’Yves Grevet est fidèle mais le récit est bien mené, dispensant généreusement suspense, mystère et réflexion. Pour ne rien gâcher, le cliffhanger final est redoutable !
Une bonne série "Young Adult" dont j’attends le 3° et dernier tome avec impatience.
D’abord une petite précision : je fais partie de ceux qui n’ont jamais lu un "Tif et Tondu" et qui n’en liront certainement jamais. Je connais vaguement, mais je suis complétement indifférent à la BD belge dite classique.
En revanche, les nombreux commentaires positifs sur ces trois "Choc" ont quand même piqué ma curiosité et je me suis donc risqué à faire l’achat de cette belle intégrale.
Et j’avoue avoir été bluffé ! C’est une réécriture totale, sombre et complexe, d’un personnage qui dépasse le cadre gentillet d’une série à l’ancienne. Comme s’il s’y était égaré par erreur, et que Maltaite et Colman l’avaient remis dans sa vraie dimension (plus mature, moins formatée), pour en faire une œuvre forte et exigeante. Je l’ai lu comme un one-shot, indépendant de tout contexte, en appréciant ce format généreux et ce noir et blanc esthétique et mélancolique.
Au final, ça ne m’a toujours pas donné envie de lire Tif et Tondu, mais je me suis régalé de cette histoire au graphisme agréable, émotionnellement riche et parfaitement scénarisée que je relirai avec plaisir.
Là où "Voyage dans les îles de la Désolation" s’enlisait, pour moi, dans une sorte de marasme en oubliant un peu l’émotion, "La lune est blanche" se lit et se vit comme une aventure épique où la poésie des auteurs fait écho à la splendeur et l’irréalité du monde antarctique.
Quel voyage !
Par leurs mots, leurs dessins, leurs photos, les frères Lepage s’approchent au plus près de l’humain avec respect et pudeur, en le mettant en perspective avec l’immensité glacée d’un désert mortel où chaque pas peut coûter la vie.
Mais pour autant, ne cherchez pas de héros. Il ne s’agit que d’hommes, avec leurs faiblesses et leurs fragilités, à commencer par celles d’Emmanuel Lepage qui fait preuve de sincérité en ne cherchant jamais à les dissimuler. Et cette fois-ci, contrairement à "Voyage…", l’aventure est fluide et bien scénarisée, ménageant un suspense insoutenable ! Et pour l’illustrer de manière saisissante, les photos magnifiques de François sont un vrai plus.
Un travail exceptionnel dans une belle édition. Bravo messieurs !
Je me faisais une joie de voyager en Terres Australes avec le grand Emmanuel Lepage mais hélas, la lecture de cet élégant album m’a largement déçu, même s’il n’est pas inintéressant.
Lepage a eu le privilège rare d’être invité sur le navire océanique français "Marion Dufresne" qui ravitaille ces territoires. Le potentiel était donc immense pour un carnet de voyage grandiose, surtout parce que ces îles (Kerguelen, Crozet, etc…) sont une destination très peu fréquentée en dehors de la communauté scientifique.
Mais malgré son talent immense aux crayons il est passé, pour moi, à côté de son sujet. Adoptant un ton neutre et descriptif, il n’a rien à dire de plus que ce qu’il voit, ayant du mal à exploiter et retranscrire la richesse d’un tel périple, faisant pendant des pages entières la revue des passagers et de l’équipage... Il n’a pas pris la peine de scénariser son excursion, la racontant de façon linéaire et peu fluide. Pas d’exaltation ni hauteur de vue, des poncifs sur la solitude et la fraternité… L'ennui m'a gagné.
Il se met lui-même en scène, terne, maussade, amer et peu inspiré, se plaignant de ne faire "que passer"… S’il n’a pas su en profiter, lui, comment pourrait-il en faire profiter ses lecteurs ? Il reste constamment à distance, sans s’impliquer émotionnellement. Ça ne m'a pas touché et même laissé une impression un peu bizarre. En tout cas je n’aurai malheureusement aucune envie de relire cet album qui m'a semblé déprimant malgré son style virtuose.
J’ai avalé "Le dernier Atlas" d’une traite, exalté par cette fusion assez inédite et parfaitement réussie de polar, uchronie et fantastique.
Le scenario, découpé en 10 chapitres, est d’une habileté redoutable. Fluide et nerveux, avec son background réaliste, il est étonnamment crédible. Ainsi, des robots géants à piles nucléaires y côtoient des gangs mafieux à Nantes et des phénomènes paranormaux en plein désert… et tout cela parait d’une logique limpide. Non seulement ça fonctionne mais c’est addictif ! Tous les personnages sont clairement identifiés et bien développés, aussi bien physiquement que psychologiquement. Les décors, nombreux et variés, sont très immersifs et participent aussi à l’attrait de l’ensemble.
Quant au dessin de Tanquerelle il ne plaira peut-être pas à tout le monde mais pour ma part, je l’ai trouvé audacieux et brillant. Enfin, les couleurs de Laurence Croix sont comme toujours magnifiques. Bref, un grand et beau moment de lecture !
Un album que je recommande à tous sans hésitation. Et vu la qualité et la densité de ce travail, je n’imagine pas un 2° tome de moins bonne facture… Dupuis a frappé fort ! A coup sûr une future référence.
Une jeune femme, la trentaine, rencontre "en vrai" l’ado qu’elle était à 15 ans… La 1ère a depuis longtemps refoulé son homosexualité, la 2ème la découvre juste… C’est très bien vu !
L’autrice nous plonge clairement dans un conte contemporain très actuel. Ici le fantastique n’est qu’un prétexte pour dire les choses, l’histoire entière étant une métaphore subtile sur l’acceptation de soi. Et ce récit est d’une sincérité brûlante.
Le dessin tout en rondeur, est magnifiquement mis en couleur, il est pleinement raccord avec un scenario solide, enjoué et bien mené. A travers la confrontation de ces 2 héroïnes craquantes, Carole Morel pose d’excellentes questions au lecteur et suscite son empathie.
Un album agréable à l’œil et bon moment de lecture, entre fraicheur et nostalgie.
Fantastique !
"Révolution" est vraiment un ouvrage superlatif…
C’est d’abord une prouesse graphique, de la couverture à l’épure frappante aux 300 planches foisonnant de détails minuscules. Les auteurs, grâce à un travail colossal, nous offre une reconstitution minutieuse et parfaitement documentée de Paris en cet été 1789. Des centaines de personnages, de costumes, de perspectives, d’auberges, châteaux, salons, ruelles, bas-fonds… sans compter des doubles pages phénoménales, des paysages panoramiques, des reproductions de gravures d’époque … Bref, l’immersion est totale !
Les couleurs, sobres et terreuses, proches de la bichromie sur certaines planches sont également superbes. Idem pour la gestion des lumières, où l’alternance de pénombre et d’intense clarté crée des ambiances fascinantes.
Comme les auteurs ont conçu l’ensemble à 4 mains, l’écriture est totalement en phase avec le dessin. C’est parfois dense mais toujours passionnant. Notamment parce que le récit est porté de bout en bout par d’excellents personnages. Qu’ils soient historiques ou fictifs, ils sont tous impeccablement caractérisés. Nobliaux à particules, représentants du tiers-état, soldats, harengères ou grouillots de caniveaux, le lecteur vit la Révolution en temps réel à travers leurs regards. Et c’est grâce à cette vision populaire et humaniste que Grouazel et Locard réalisent une œuvre géniale et singulière.
Un monument de BD - évidemment indispensable pour tout amateur d’histoire - dont 2 autres tomes sont encore à venir !
De mieux en mieux…
Rares sont les séries qui se bonifient au fil des tomes ; "Marshall Bass" est de celles-là.
Darko Macan a vraiment réussi à créer un personnage mémorable !
Féru d’art africain, je ne pouvais pas passer à côté de cet album magnifique.
« Une maternité rouge » retrace en effet l’odyssée d’une petite sculpture vieille de 5 siècles, de la savane africaine jusqu’au musée du Louvre, cachée dans le sac à dos d’Alou, un jeune malien chasseur de miel. Et le trajet d’Alou sera exactement celui d’un migrant...
Pour autant, Christian Lax ne prend pas l’actualité à témoin pour dénoncer quoi que soit. Son récit est évidemment un conte, un de ceux qui pourrait être chanté par un griot africain. Il s’adresse avant tout à la culture, la curiosité et l’intelligence du lecteur, sans mièvrerie ni misérabilisme. Lax, dont la virtuosité au crayon atteint ici des sommets, est donc aussi un conteur de grand talent.
Son personnage est une allégorie qui remet l’art et la beauté au centre du jeu, nous rappelant que la création est le reflet du plus haut degré de la civilisation humaine. Elle est donc par définition une arme contre la barbarie.
Le poids de cette parabole n’écrase jamais la sincérité du propos et l’importance des questions posées, dont celle-ci : une œuvre d’art mérite-t-elle qu’on sacrifie des vies pour la préserver ? L’auteur fait preuve d’autant de retenue qu’un vieux sage africain sous l’arbre à palabre en se gardant bien d’y répondre. Il interroge juste, sans dispenser la moindre leçon.
Il fait de même en mettant en lumière les contradictions d’une institution comme le musée du Louvre (coéditeur de l’album…) qui ne voit dans le périple d’Alou que l’opportunité d’avoir une pièce de plus dans ses collections. En fin de compte le destin d’Alou leur importe peu, pourvu que la Maternité Rouge reste. L’homme n’ayant de valeur que par ce qu’il a, non pour ce qu’il est…
N’oublions pas que l’art africain est le plus souvent investi de rôles sociaux et de pouvoirs sacrés ; le mettre en vitrine n’a, de fait, aucun sens ! Pourtant le musée du Louvre et celui du quai Branly regorgent de ces œuvres sous prétexte de les conserver, alors qu’elles sont les fruits d’un pillage organisé à l’époque coloniale… Là encore Christian Lax expose ces curieux paradoxes et laisse au lecteur le soin de se pencher ou non sur la question.
« Une maternité rouge » est donc à mon avis beaucoup plus complexe qu’en apparence et au final, cet album montre surtout que l’art est un patrimoine commun appartenant à l’ensemble de l’humanité. C’était un sacré défi, amplement réussi.
Une belle histoire, grave et simple, merveilleusement illustrée, dont l’apparente naïveté est une force grâce à laquelle elle devient universelle. Et sa valeur est grande. Bravo !
Le principal défaut du 1° tome, la mise en couleur un peu sale, s’améliore largement sur cet opus. Les aquarelles sont plus sobres et débordent moins de partout. Le dessin monte donc en gamme et complète généreusement le scenario en forme d’enquête au cœur du Grass Kingdom. Cette fois, Matt Kindt a agencé son récit comme un puzzle. Chaque personnage du "royaume" susceptible d’avoir joué un rôle dans une vieille et troublante affaire va être interrogé et livrera une partie de son histoire. Les très nombreux flash-backs permettent d’en savoir plus sur ces résidents interlopes et d’en découvrir la complexité. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la vérité, tapie quelque part entre les mobil-homes, semble bien opaque et fangeuse…
Tout se met en place, les masques sont prêts à tomber. Le 3° et dernier tome promet révélations et règlements de compte au Grass Kingdom !
Un excellent récit, âpre, sombre et addictif.
[SPOILER]
Comme cette série est frustrante !
L’univers est splendide mais il manque une composante essentielle : LES PERSONNAGES.
Ce que j’avais redouté et critiqué au tome 2 se confirme… En fait, j’ai la désagréable impression que Rodolphe est un scénariste qui n’aime pas ses personnages ; du moins qu’il ne sait pas quoi en faire. Ils n’ont plus aucun charisme, c’est totalement navrant ! Mandor, censé être le héros de l’histoire, est complètement hors du coup, morne, passif. Il a si peu de caractère que la révélation le concernant m’a laissé parfaitement indifférent. Le jeune Pip, lui, est inexistant sur ce tome, et la belle Yss disparait en un clin d’œil, comme ça, sans enjeu dramatique.
De nouveaux protagonistes apparaissent mais ne sont que des sous-fifres sans épaisseur. Et Beth, la probable future héroïne, ne semble pas mieux lotie...
Les personnages M. Rodolphe ! C’est pourtant évident, non ? Comment s’immerger dans leurs aventures, ressentir de l’empathie, vibrer, s’identifier à eux s’ils n’ont aucune dimension psychologique et disparaissent les uns après les autres dès qu’on commence un peu à s’y attacher ? J’essaye de trouver une raison à cela, une justification scénaristique mais je n’en vois aucune. Je trouve incompréhensible d’être passé à côté.
Bon, c'est quand même une bonne BD dont la lecture reste agréable mais, sans cette absence de personnalités et les incohérences déjà évoquées dans les autres avis, TER serait un chef d’œuvre. Quel dommage !
Yes !! Voilà enfin l’accélération que j’attendais sans plus vraiment y croire. Ça y est, Von Eckartsberg a dégraissé son scénar et l’a dopé à l’adrénaline ! Résultat, fini les gamineries digressives et redondantes dans lesquelles les premiers tomes s’enlisaient ; place à l’action ! Mais pas que... Les protagonistes sont ici auréolés d’une profonde dimension dramatique et s’éloignent définitivement des stéréotypes qui leur collaient à la peau.
Les enjeux se profilent maintenant distinctement et convergent vers une confrontation finale qui devrait être mythique !
Le rythme trop dilué que j’avais critiqué au début prend en fait tout son sens avec ce crescendo, amorcé au tome 3, et encore amplifié brillamment dans "Colère". Mea culpa...
Avec son graphisme fabuleux, Gung Ho s’imposera comme LA référence incontestée du genre.
Achille, mort dans un accident de voiture, erre dans les limbes avec un jerricane d’essence et une mignonne ange-gardienne à ses côtés... Cette traversée du Purgatoire, vaguement ironique, est assez déstabilisante. Fred Bernard a conçu un univers étrange et foisonnant mais largement bancal, sans fil conducteur clairement identifié. Malgré des scènes très réussies, il y a beaucoup de ruptures de rythme et de passages vraiment bizarres. Même le personnage principal a quelque chose de poreux qui rend ses motivations et ses émotions un peu floues. En le refermant j’ai eu l’impression que derrière ses intentions sans contour, "Essence" n’était en fait qu’une ode primaire à la bagnole.
Idem pour le dessin de Benjamin Flao (pourtant génialissime sur "Kililana song" ou "La ligne de fuite"), assez inégal sur cet album. Son trait trop caricatural ne m’a pas toujours convaincu mais il reste quand même impressionnant. Ses cases sont d’ailleurs constellées d’improbables hommages à la bande dessinées. On croit reconnaitre ici ou là un peu de Tintin, de Margerin, Druillet, Franquin ou d’autres… C’est sympa, certes, mais complètement hors contexte.
Au final, je suis perplexe et mitigé : c’est une belle BD aux qualités indéniables mais qui, comme son héros, rame et peine à trouver sa voie.
Je ne souscris pas aux bonnes critiques sur cet album. Déjà, j’ai trouvé la narration beaucoup trop dissolue sur la forme; trop de flash-backs inutiles selon moi. J’ai aussi des réserves sur le leitmotiv un peu flou de la "consolation" qui revient sans cesse... mais passons.
Ensuite, c’est censé être un thriller, mais le ton feutré et soporifique étouffe vite toute tension. Il n’y a quasiment pas de dimension psychologique non plus alors qu’elle était indispensable pour ressentir la motivation de ces personnages qui s’observent en silence. Ils sont juste là, statiques et passifs, sans consistance ni profondeur et m’ont laissé complètement indifférent à leurs sorts.
Enfin, et c’est ce qui me dérange le plus, j’ai relevé exactement les mêmes invraisemblances que "makidoo" dans son avis : le scenario n’est pas du tout crédible, ce qui pour ce genre de récit est rédhibitoire. Reste un graphisme très élégant aux ambiances raffinées mais c’est un peu maigre. Une déception.
Difficile de cerner les contours de cette impressionnante BD. En fait il s’agit moins d’un polar que d’un western contemporain. Un western dont le saisissant décor à base de cabanes, containers et mobile homes abritent un troupeau de personnages sociopathes, abâtardis et ravagés. C’est là qu’il manque à mon avis la présence d’un héros "normal", extérieur à tout ça pour équilibrer un peu cette faune et donner plus de rationalité au scenario. En effet, j’ai juste eu un peu du mal à croire que de nos jours aux USA, puisse exister cet improbable "royaume" autonome… Mais passons, l’ensemble est immersif, vivant, et ça sent fort la vase, l’huile de vidange et la poudre ! Il en émane même une belle esthétique de fin du monde.
Côté graphisme, le trait jeté et tranchant de Jenkins est efficace même si ses aquarelles aux couleurs parfois bizarres sont souvent épaisses et font un peu crades. Cela dit je reconnais que visuellement ça fonctionne vraiment bien. Il se dégage de l'ensemble un esprit sauvage et tourmenté qui menace d’exploser à chaque instant. Tout ça m’a rappelé l’excellente série "Top of the Lake". Grass Kings est donc une œuvre au gros potentiel que je suivrai avec envie.
Je ne sais pas trop à quoi ça tient mais je trouve que cette série possède son petit truc en plus qui la hisse au-dessus du lot. Les couvertures, déjà, sont ultra efficaces.
Je n’aime pas forcément le dessin d’ailleurs, trop encré et lourd sur les visages, mais il contribue à donner à l’ensemble une identité forte. La double page que nous offre Kordey dans chaque album, par exemple, est absolument superbe dans ce tome 3.
Quant au scenario c’est du western somme toute classique mais là aussi, un indéfinissable petit plus transparait. C’est probablement dû au traitement des personnages, sans héroïsme ni grandeur d’âme, n’ayant pour eux qu’une fragile humanité et un instinct de survie exacerbé… Bref, "Marshall Bass", c’est bien !
Le scenario tiendrait sur un Post-it. Ou plutôt, ce qui sert de fil narratif est si ténu qu’on ne le ressent pas en tant qu’histoire :
En 1917 au cœur d’une forêt autrichienne, Ada, jeune fille fragile sous le joug d’un père stupide et tyrannique, semble docile et résignée. Mais elle résiste pourtant à sa façon en s’adonnant secrètement à la peinture... Voilà, c’est tout pour le récit, ou presque.
A part une incursion à Vienne dans l'atelier d’Egon Schiele et Gustav Klimt, "Ada" n’est qu’une déambulation indéfinie et vaporeuse, quasi muette où le temps est suspendu et l’héroïne incertaine…
Ce livre est entièrement dédié aux sensations, comme si Barbara Baldi avait cherché à mettre du silence ou des odeurs en images. Un album hanté par une mélancolie profonde où l’autrice évoque à mots couverts la lutte contre l’oppression. Dans un contexte historique évidemment connoté mais complètement hors champ, cela prend une résonance particulière : même loin de la guerre, l’art serait ainsi une arme de résistance massive.
Le résultat est visuellement somptueux. Mais est-ce que cela suffit à en faire une grande BD ? Pour moi c’est oui, mais tout le monde ne sera pas ce cet avis…
Entrée en matière réussie pour ce survival post apocalyptique dans la lignée directe de "Gung Ho", dont les personnages se résument à un groupe d’ados livrés à eux-mêmes. Exposés à une contamination mortelle dévastatrice, confinés à l’intérieur d’un périmètre clos, ils vont – forcément – devoir se serrer les coudes, faire appel à leurs valeurs et oublier leurs divergences pour tenter de s’en sortir...
La base est donc un archétype du genre mais le récit, très dynamique, tient la route.
Si le rythme est dense, l’action sait aussi laisser la place aux dialogues "djeuns" et à une ébauche de psychologie. A noter que les cases et les textes paraissent petits mais les dessins restent efficaces et bien colorisés.
Le cahier des charges est rempli ; si le niveau se maintient, je serai partant pour le tome 2.
Pour de la série B, la série "Conquêtes" est pour l’instant plutôt honnête. Les amateurs de SF meanstream y trouveront leur compte. Les autres, n’en attendez rien de plus.
Le dessin de ce tome 2 est assez comparable au 1° opus, impersonnel mais toujours propre. En revanche les stéréotypes sont encore plus marqués et la dimension psychologique se résume à un conflit père-fils des plus banals. Le reste du scenario est assez bas de plafond et moyennement crédible mais Deluvenn peut quand même se faire apprécier comme un divertissement sympa, à condition bien sûr de baisser son niveau d’exigence.
Cet album dénote surtout par son graphisme absolument magnifique, d’une audace et d’une maîtrise peu communes. Le style de Bézian est flamboyant d’énergie, d’expressivité et de liberté. Sa mise en couleur, bien que sombre, est également exceptionnelle.
Le scenario est des plus classiques en revanche, mais rend un bel hommage à Fantômas et consorts. Les noms, les décors, le verbe, les ambiances… tout y est ! A noter les seconds rôles particulièrement soignés, avec mention spéciale au personnage de Pascin. A lire absolument si vous ne craignez pas la vivacité de ce dessin aux traits insaisissables.
Une bande de braqueurs en planque dans une ferme sert de prétexte à cette farce rurale aux gros sabots. Des pelletés de clichés, des personnages sans relief tous plus caricaturaux les uns que les autres, des dialogues "à la Audiard" bien écrits mais anachroniques et trop artificiels… Bof, pas grand-chose à se mettre sous la dent. La lecture est sympa mais n’a quand même pas grand intérêt. Le comique de situation est souvent forcé et cache surtout les faiblesses du scenario.
Un scenario touffu mais brillant !
Grâce au talent hors norme de Nury, le personnage de Silas Corey échappe au cliché et gagne une belle épaisseur au fil des pages : détestable, mondain, vénal, roublard… mais doté d’un panache, d’une sagacité et d’un sang-froid certains. Entre espionnage et secrets d’état, n’hésitant pas à jouer double jeu, il entraine le lecteur dans les dédales obscurs de cette année 1917 où chaque pas peut s’avérer mortel. L’enjeu ? La victoire de la 1° guerre mondiale, ni plus ni moins…
Même si graphiquement, un peu plus de réalisme aurait été le bienvenu, le dessin semi caricatural d’Alary reste bien adapté au style canaille de Corey et au rythme haletant du récit. Une série incontournable qui mériterait encore plus d’intérêt et de succès.
Vraiment sympa cet album ! Le récit est un peu décousu mais ce n’est pas forcément rédhibitoire, l’ensemble étant de toute façon léger et anecdotique. Le ton est très proche des excellents "Vierge froide, Roi oscar… et autres racontars" adapté de Jørn Riel. C’est frais, parodique et les nombreuses références à Tintin sont plaisantes. Dommage toutefois qu’il n’y ait pas plus de fond, ne serait-ce que sur la vie du bateau ou la critique de l’art contemporain. On peut aussi se demander pourquoi H. Tanquerelle n’a pas offert au lecteur quelques superbes planches de paysages groenlandais. Frustrant.
Une petite merveille de poésie brute et mal dégrossie, avec dans le désordre : la musique, les potes, les rivalités, les amours troubles, la solitude et l’irruption subtile du fantastique.
Le dessin toujours aussi expressif et ambigu de Sandoval (ses adultes ressemblent à des enfants) permet à l’auteur d’évoquer le thème du deuil et de la catharsis avec force et sensibilité.
Une BD très singulière où souffle un vent revigorant de liberté. A lire.
Plus ça va, plus j’aime "Stern". J’en admire l’identité graphique, le ton et la profondeur.
Inchangé, le dessin d’abord est reconnaissable au 1° coup d’œil avec ses ambiances et ses personnages. Ici, pas de chevauchées sauvages ni saloons enfumés mais une mule, une vieille école en bois et un bordel miteux en guise de décor.
Le ton, ensuite, est inimitable. Mélancolique sans être sinistre, ironique sans être drôle ; intimiste mais tendu ; aussi pudique que violent, aussi fin que rustre... Bref, inimitable quoi !
Quant à la profondeur enfin, elle tient à des détails : Stern, souvent hors champ, traine ses bottes, sa tignasse et sa carcasse dégingandée dans un monde qui n’est pas le sien. Passif et impuissant, il rêve en secret de remplacer les flingues par des bouquins mais n’attend rien de personne, pas même de lui. S’armant d’une pelle pour prendre part à une fusillade (!) il est à la fois pathétique et superbe. Idem, "Colorado Cobb" (clin d’œil involontaire à Texas Jack ?), aventurier venu dédicacer son autobiographie, s’avèrera plus complexe et vulnérable qu’en apparence. C’est ça le monde de Stern, et c’est peut-être ça au fond "L’Ouest, le vrai"… Et pour toutes ces raisons ce 3° tome, qui a tout d’une fin de cycle, est génial.
Ça ne tient donc pas à grand-chose mais c’est suffisant pour que les frères Maffre réussissent à réinventer le genre. Bravo messieurs, ne changez rien !
Après le magnifique "Rêve de Meteor Slim", Frantz Duchazeau poursuit son exploration des racines de la musique populaire américaine en dessinant le périple des Lomax, père et fils, authentiques collecteurs de Blues et Folk Songs qui, dans les années 30, sillonnèrent les routes à la recherche de chanteurs Noirs à enregistrer.
Il ne prend pas le parti de la biographie mais plutôt celui de l’histoire en abordant de front le racisme dans le Sud ségrégationniste des États-Unis. Une vision aussi humaniste qu’artistique qui donne un beau livre, simple, sincère et touchant, qu’on soit passionné ou non de musique.
Voilà une série absolument géniale mais définitivement clivante. Il est évident que moult lecteurs trouveront ça abominable ou/et sans intérêt. Cette histoire ne peut que heurter la (bonne) conscience et secouer un peu nos confortables certitudes. Car le marasme dans lequel nous vivons aujourd’hui est né de ce cynisme absolu, décrit ici, qui a toujours présidé à la politique occidentale depuis les années 50. Quand le reste du monde n’était pour nos dirigeants et nos grandes entreprises qu’un moyen facile et rapide de s’enrichir outrageusement aux dépends des populations, jugées simples variables d’ajustement.
Au-delà de ça, c’est surtout une excellente BD. Mais la meilleure idée est vraiment de l’avoir condensée en 3 tomes. Du coup, c’est ultra rythmé, cinglant, radical… Bref, ça claque !
J’aime beaucoup l’ambiance fantastico-réaliste, urbaine et industrielle dans laquelle baigne cet album. Elle est posée par un dessin original parfaitement lisible, des couleurs et des cadrages très efficaces. Sous ses allures modestes, le trait de Julien Lambert est maitrisé et le design des différents personnages est bien trouvé. L’histoire est sympa et le fait que le héros dialogue avec les objets – idée quand même bizarre ! – passe curieusement très bien. Un bon 1° tome hors des sentiers battus, proprement réalisé. Magnifique couverture en prime ! Prix du polar SNCF à Angoulême. A lire.
On peut penser ce qu’on veut d’Okko mais une chose est certaine, Hub sait raconter une histoire ! Il a vraiment un don pour ça et sa science du découpage devrait inspirer plus d’un auteur… Ces 5 cycles constituent un récit des plus aboutis, un univers parfaitement cohérent et maitrisé, intelligent, poétique, construit humblement avec une passion palpable et communicative. Et ce Cycle du Vide en est une fin magistrale !
Dans le genre, difficile de faire mieux je crois : un scenario sans faille, une double narration au présent et en flash-back palpitante, une émotion irrépressible mais sans larmoiement, un rythme imparable, de la mélancolie, une touche d’humour, une chute poignante… bref, une partition quasi parfaite pour Hub, qui par son travail d’auteur complet se fait une place méritée au Panthéon des créateurs d’œuvres cultes. Respect !
"Martha Jane Cannary" est une grande œuvre.
Rentrer dedans m’a pourtant été difficile, particulièrement à cause du lettrage manuscrit trop brouillon pour moi et des planches parfois surchargées. Le dessin est également spécial. C’est un mélange audacieux de caricature et de réalisme qui rend certaines cases – décors et paysages – sublimes de nuances et de précision. Cela peut être déroutant mais c’est toujours magnifique. Et ce trait si particulier, renforcé par une gamme de gris splendide, contribue largement à la qualité qui se dégage de l’ensemble.
Par ailleurs, les auteurs ont parfaitement réussi à travailler sur 2 tableaux : d’une part une biographie plutôt "classique" de Calamity Jane ; sa vie, son œuvre, ses amours (sans oublier sa mort, superbement mise en scène), et d’autre part une chronique documentée, humaniste, mélancolique et immersive du Far West avec ses pionniers, ses cow-boys, ses indiens, ses fermiers, son chemin de fer, ses Tuniques Bleues, ses fayots, ses trappeurs, ses journalistes à sensation, ses laissés-pour-compte et ses nantis, etc… etc…
Toute la matière, finalement, de l’Amérique qui s’esquisse, entre expansionnisme et colporteurs de rêves, entre hérauts du mythe et héros tout court…
Il ressort de cet univers, à travers ce portrait fascinant d’une femme indomptée, un hymne inspiré, aussi émouvant qu’ébouriffant, à la liberté, la vraie.
Une chose est sûre c’est qu’après une telle promo, les râleurs diront "tout ça pour ça" et ils auront sans doute raison... D’un autre côté les bons publics pas trop exigeants seront contents de s’être fait gentiment rouler en achetant UCC Dolores !
En bref, ce n’est pas complètement nul, il y a du bon même, mais c’est loin d’être transcendant non plus… Du calibré très grand public, basique et stéréotypé, sans la moindre surprise.
Un premier tome qui se lit à une vitesse fulgurante, les maigres éléments du scénario ne parvenant pas à retenir l’attention. Restent les clins d’œil ici ou là aux références du genre que les quarantenaires nostalgiques s’amuseront à chercher, et l’espoir (bien mince, soyons honnête) que l’histoire s’emballe et monte de plusieurs niveaux au prochain épisode…