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Les avis de - pokespagne

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    pokespagne Le 12/09/2014 à 14:09:32
    Les petits riens de Lewis Trondheim - Tome 6 - Deux ou trois mois d'éternité

    Au sixième tome des "Petits Riens", le lecteur aurait parfaitement le droit de se lasser de ces chroniques du "pas grand chose" que Trondheim nous offre avec une régularité que l'on imagine découlant du remplissage régulier de ses carnets de croquis qui l'accompagnent visiblement partout. Si ce n'est pas le cas, c'est évidemment parce que ces petites choses sont ce qui reste vraiment de nos vies, ou mieux encore, constituent notre essence, bien plus que les grands événements qui font les romans ou les films, ou les grands drames, heureusement rares dans la vie de l'homme occidental. Depuis quelque temps (on se souvient que le thème du cinquième tome était justement les voyages...), Trondheim pimente en outre le récit de sa vie de couple, de père et de "professionnel de la BD", par des instantanés de ses nombreux voyages autour du monde. Mais là aussi, il s'attache avant tout aux micro-détails, aux sensations ténues, offrant pourtant un faisceau de points de vue pertinents sur les pays visités (évidemment, on est plus touché quand on connaît soi même les pays visités : ici, quelques jolies pages sur Buenos Aires ou sur le Brésil enchanteront ceux qui vivent en Amérique du Sud ! On appréciera le soin croissant avec lequel Trondheim dessine des lieux, des oeuvres d'art, des objets, en de belles pages qui ponctuent allègrement ce nouveau carnet, qui est une parfaite réussite... comme toujours !

    pokespagne Le 01/09/2014 à 22:04:56
    Walking Dead - Tome 6 - Vengeance

    Sans doute faut-il que l'intrigue du comic book soit le plus distante possible de celle de la série TV (que j'ai malheureusement vue avant de lire les livres) pour que l'esprit puisse se libérer de l'épuisant jeu des comparaisons, et que l'on puisse mieux savourer l'oeuvre de Kirkman et Adlard... Ce sixième tome de la saga "Walking Dead" m'a semblé du coup l'un des plus intéressants à date, grâce à deux moments-clé (pas vraiment présents dans la série TV, ou du moins bien différents) vraiment forts : d'abord cette "fameuse" scène où Michonne torture le Governor de manière pour le moins extrême, et ensuite l'exécution du "traître" Rodriguez... Deux moments où les héros de la série sont clairement "au delà" des limites généralement admises, et donc deviennent réellement intéressants, et ce d'autant plus que leurs actes questionnent l'humanité du lecteur, qui doit se positionner moralement (ou pas) par rapport à ces excès. On espère donc que la saga continuera dans cette direction passionnante, qui exploite (enfin) pleinement le potentiel du thème fondamental de "Walking Dead", la disparition - ou pas - de ce qui fait notre humanité face à la situation la plus extrême qui soit, l'anéantissement de l'organisation sociale.

    PS: Rien de neuf toujours par contre du côté graphique, le point faible du comic.

    pokespagne Le 27/08/2014 à 19:37:51

    On aimerait pouvoir ne dire que du bien de "la Nueve", tant son sujet - le parcours des républicains espagnols chassés de leur pays par la victoire du franquisme, et leur rôle dans la libération de la France - est original, et pourtant important dans le contexte d'amnésie générale (et sélective : "Vae Victis !") qui caractérise notre époque. Malheureusement, et objectivement, les défauts du - gros - livre de Paco Roca sont réels : d'abord, il y a ce manque de caractérisation graphique des personnages, qui fait que l'on a beaucoup de mal à suivre l'action et l'évolution de chacun au milieu du chaos continuel des combats et des changements politiques... d'où un côté presque fastidieux de la lecture de nombreux chapitres de la "Nueve" (les chapitres "africains" en particulier), où l'on se sent peu "impliqué" émotionnellement. Ensuite, et c'est sans doute plus grave, l'ambiguïté fondamentale du procédé : au final, s' agit-il ici de véritables mémoires d'un personnage réel, de souvenirs recueillis par l'auteur / interviewer mis en scène dans les scènes contemporaines qui accompagnent le récit -, soit un modèle qui a donné naissance à plusieurs chefs d'oeuvre de la BD "historique", on le sait -, ou au contraire d'une tentative de singer, voire de récupérer le capital de sympathie que ce procédé génère ? Le doute devient permis quand on tombe sur le "coup du destin" final, qui constitue d'ailleurs le couronnement remarquable du livre, avec le retour inattendu de la tragédie individuelle au sein de la tragédie collective qu'est la guerre : trop romanesque pour être vrai ? On sort en tous cas de "la Nueve" avec un mélange gênant d'admiration, d'ennui et de doutes. Bref, on est quand même assez loin du chef d'oeuvre qu'on aurait pu espérer.

    pokespagne Le 12/08/2014 à 23:37:43
    Billy Bat - Tome 11 - Volume 11

    Ce onzième tome de la saga "Billy Bat" se dévore encore plus vite que les précédents, Urasawa et Nagasaki ayant décidé, dans leur grande bonté, d'offrir à leurs fidèles lecteurs - quand même un peu déboussolés par les dérapages temporels et la multiplication infinie des personnages et des situations qui a caractérisé le manga jusqu'à présent - un recentrage sur le coeur du "mystère de la chauve souris" : nous allons enfin découvrir ici le secret du fameux rouleau que tout le monde recherche, voir ressurgir Billy des planches dessinées par Kevin (merveilleux moments où l'on voit "vivre" le travail de création du maga-kan), et surtout voir s'esquisser un semblant de structure dans l'écheveau de toutes les possibilités égrenées jusque là. Ouf !! Ceci dit, pas le temps de respirer, ça repart de plus belle, cette fois avec l'impressionnante apparition d'un mystérieux personnage entouré de chauves-souris (le syndrome "Ami", ou "Monster", qui est quand même l'une des choses que l'on adore chez Urasawa, non ?), et la promesse d'un voyage au Pays Basque, qui enchantera forcément les lecteurs français. Est-il utile de répéter, pour la nième fois, que l'art graphique et la narration d'Urasawa sont fantastiques, combinant lisibilité absolue, élégance divine, et dynamisme "cinématographique" ? Encore un tome excellent !

    pokespagne Le 11/08/2014 à 20:54:33
    Blast - Tome 4 - Pourvu que les bouddhistes se trompent

    "Blast", c'est fini... et on est (un peu) soulagés... d'être arrivés au bout, et aussi de voir cette éprouvante saga se conclure sur un beau chapitre qui apporte une véritable "conclusion", avec un regard extérieur - celui de la police, de la justice - sur tous les faits qui nous ont été contés au fil des quatre volumes de "Blast" de la voix même du principal protagoniste. Si ce n'avait été l'élégance et l'intelligence de cette conclusion, on aurait été bien en peine d'écrire quoi que ce soit de nouveau sur ce quatrième tome, répétition obstinée, forcenée même des grandes qualités et des graves défauts des tomes précédents : toujours cette inventivité formelle qui touche de temps en temps au sublime, mais aussi toujours cette complaisance dans la description d'une humanité certes souffrante, mais vraiment irrécupérable dans ses pulsions de violence et de haine. N'en rajoutons plus : "Blast" n'est pas le chef d'oeuvre de la BD que Larcenet voulait certainement qu'il soit, seulement un livre différent, monstrueux aussi, dont on ne sait guère s'il convient vraiment d'en recommander la lecture... Reste que, par son ambition même, Larcenet a le mérite non négligeable de vouloir continuer à faire avancer le 9ème Art, et de ne pas se cantonner à ses zones de confort..., et pour cela, il a gagné notre respect.

    pokespagne Le 04/08/2014 à 23:18:41
    Ralph Azham - Tome 6 - L'ennemi de mon ennemi

    Déjà le sixième volume des aventures de Ralph Azham, et la fin - en théorie - du second cycle, et il est toujours aussi difficile de savoir que penser de la série de Trondheim, qui oscille entre le bon et le franchement médiocre. Le médiocre, ici, c'est ce manque de souffle dans la narration, qui fait que même les moments épiques (combats dantesques et destruction générale) laissent assez indifférents... à la différence du "Donjon" qui savait être de la "vraie" heroic fantasy quand il le fallait et nous emporter loin... Le bon, c'est évidemment d'humanité de personnages qui nous ressemblent dans leurs problèmes émotionnels, et cet humour caractéristique qui élève régulièrement le niveau. Par contre on peut regretter que Trondheim revienne ici en arrière par rapport à l'idée forte du tome précédent (faire que le grand méchant n'existe finalement pas...) et ne nous propose que de relancer l'épopée à travers un improbable renversement des alliances. Pas de quoi nous donner réellement envie de poursuivre la route avec Ralph...

    pokespagne Le 01/08/2014 à 16:06:52
    Billy Bat - Tome 10 - Volume 10

    La caractéristique de ce dixième tome de "Billy Bat", c'est que, au sein de l'histoire complexe qui a fini par se dessiner plus clairement au fil des derniers tomes, "l'épisode" du serial killer de 1924 constitue certainement l'un des sommets du manga à ce jour : combinant un délicieux paradoxe temporel (le jeu classique visant à changer le passé pour éviter un évènement désastreux dans le présent / futur) avec une ambiance parfaite de thriller classique, personnages ambigus et coup de théâtre compris, Urasawa nous offre près de 150 pages parfaites, où, comme toujours, il combine une science extraordinaire du découpage et du rythme du récit avec un graphisme parfait. Décidement, "Billy Bat" tutoie désormais les sommets...

    pokespagne Le 28/07/2014 à 16:33:36
    Ralph Azham - Tome 5 - Le pays des démons bleus

    "Ralph Azham" ronronne dans ce cinquième tome, qui semble une fois encore répéter les schémas narratifs établis lors des tomes précédents, sans plus nous surprendre... même si je dois reconnaître avoir apprécié le petit coup de théâtre final, qui m'évoque le vieux "truc" du "magicien d'Oz" ! Ceci ne veut pas dire que "le Pays des Démons Bleus" manque totalement d'humour (les dialogues restent régulièrement hilarants, la "patte Trondheim" est encore là...) ni d'imagination : toute la première partie du livre, avec les aventures maritimes de notre petite bande, fonctionne plutôt bien, comme si Trondheim y trouvait une nouveau souffle, plus ample, plus fou aussi (très joli passage de l'envol et de la chute de Ralph...). On apprécie aussi que Trondheim continue à ne pas épargner à ses personnages une mort brutale, sans ménagement pour nos petites sensibilités... Du point de vue formel, on regrettera que la lisibilité de certaines petites cases soit parfois réduite, et on soulignera l'étonnant travail de Brigitte Findakly aux couleurs, ici nettement plus vives, tranchant avec l'esthétique des livres précédents.

    pokespagne Le 25/07/2014 à 02:35:10

    Difficile pour moi d'aimer ce "PyongYang", à la réputation pourtant impressionnante depuis sa publication il y a plus de 10 ans : d'un côté, il est impossible de nier que la visite - même "minimaliste" -, que Delisle nous propose de l'un des pays les plus secrets du monde, est impressionnante, et que, quelque part, un tel livre - intelligemment mis en perspective (dans sa première partie du moins) avec le "1984" de George Orwell -, de par la lumière (humble, mais pas moins vitale) qu'il jette sur l'un des pires régimes ayant jamais existé sur la planète (sans exagération aucune, lisez "PyongYang" si vous ne l'avez pas encore fait...), fait oeuvre de salubrité publique. D'un autre, on est quand même très, très loin des chefs d'oeuvre du genre (de "Persepolis" à "Maus", excusez du peu...) : le graphisme assez dilettante de Delisle atteint vite ses limites, quand on le compare par exemple au dynamisme inventif dont fait preuve Trondheim dans ses "Carnets" (ouvrage qui se rapproche formellement beaucoup du travail de Delisle), tandis que le traitement du sujet est lui même assez pauvre, épuisant peu à peu le lecteur au long de pages de moins en moins inspirées. Car, dans l'impossibilité de voir quoi que ce soit d'autre que le "vide" absolu et ubuesque que la dictature nord-coréenne exhibe sans honte à ses rares visiteurs, rapidement lassé par le manque de profondeur des relations avec des locaux qui semblent totalement lobotomisés, Delisle n'a finalement rien à nous raconter. Et si ce "rien" est évidemment fécond du point de vue politique, il manque à Delisle une "inspiration artistique" quelconque (voire même un simple "désir") qui permettrait de transcender ses chroniques et de les élever vers quelque chose qui ne soit pas qu'anecdotique.

    pokespagne Le 16/07/2014 à 02:26:33
    Le roi des mouches - Tome 2 - L'origine du monde

    Le second volet du "Roi des Mouches" permet à Mezzo et Pirus de pousser un peu plus loin leur chronique noire de la déprime post adolescente "ordinaire" : cette fois, les personnages de "l'Origine du Monde" n'ont droit à aucune rédemption par l'amour, et la descente en enfer du héros à tête de mouche s'accélère. Si cette dégradation somme toute logique de l'univers banlieusard cauchemardesque du "Roi des Mouches" fait clairement partie du programme, puisque le livre travaille sur la part masochiste (sans parler de la lâcheté) de chacun, le conduisant à prendre systématiquement la mauvaise décision, en toute conscience de cause et même avec une indéniable jouissance, on regrettera que les auteurs s'égarent occasionnellement avec la description de l'errance entre réalité et au-delà des personnages décédés, ainsi que le manque de crédibilité de l'épisode "Moi Tuer Pour Vivre" : lorsqu'il s'éloigne du réalisme, "le Roi des Mouches" perd de sa pertinence et de son impact (c'est d'ailleurs là une différence de taille avec le travail de Burns, qui sait mieux intégrer l'onirisme et le fantastique dans ses fictions...). Petit bémol donc à une oeuvre qui reste exceptionnelle.

    pokespagne Le 15/07/2014 à 23:46:10
    Donjon Crépuscule - Tome 111 - La fin du Donjon

    Déroutant mais passionnant, "la Fin du Donjon" nous propose une conclusion de la saga Donjon qui se déroule en "parallèle" aux faits narrés dans "Haut Septentrion", avec des croisements réguliers entre les deux récits (apparitions de personnages et de situations de l'un dans l'autre par exemple, ce qui produit des effets troublants), mais avec une thématique et une énergie bien différentes. Alors que "Haut Septentrion" exaltait la rom com et se terminait, non sans allégresse, de manière ouverte, "la Fin du Donjon" s'avère centré sur le couple Herbert et Marvin, soit les héros originaux de la saga (ceux du "Zénith"), désormais bien fatigués et traités comme des vieillards inutiles à de nombreuses reprises... Le livre se termine - d'ailleurs superbement - par des images mélancoliques sur la vanité humaine (enfin, humaine, on se comprend !). On retrouve par contre de nouveau quelques sauts déstabilisants dans la narration, qui encouragent la relecture intégrale de la saga maintenant close, et on apprécie ici le chapitre sur le Monde des Morts qui permet de mieux réintégrer le volet "Potron Minet" dans le panorama général. Trondheim et Sfar nous ont en tout cas offert avec ce double volume (deux livres à relire ensuite en même temps, soit un exercice novateur, stimulant, et amusant...) une conclusion originale, digne d'une saga qui avait certes connu des hauts et des bas, mais était restée au fil des ans un must pour les fans d'Heroic Fantasy comme pour ceux que l'humour de Trondheim (et de Sfar) touche.

    pokespagne Le 15/07/2014 à 14:29:32

    Était-il possible de faire un mauvais livre à partir d'une aussi bonne histoire que celle qui est à la base du livre de Chloé Cruchaudet ? La question vaut la peine d'être posée, tant sont fortes les émotions, l'enthousiasme même que l'on ressent à la lecture de ce "Mauvais Genre" : l'histoire de ce double déserteur, abandonnant le service de la patrie pour survivre, avant d'abandonner son genre (masculin) pour mieux jouir de la vie, est forte, très forte, à la fois tragiquement humaine et superbement exemplaire. Bien entendu, au sein du débat français sur le genre, justement, il hérissera ceux qui aiment que les individus restent à leur place, et qui, comme les juges de la BD, feignent d'ignorer l'appel enivrant de la chair. Les autres accepteront la griserie de cette liberté nouvelle offerte par la transgression... même si "Mauvais genre" aurait sans doute gagné encore de la force à être plus sexuellement explicite, à sortir de la bienséance de la BD acceptable pour le grand public. Le très beau dessin de Cruchaudet, la mise en page originale, l'utilisation pertinente du noir et blanc (... et rouge) font de "Mauvais genre" une vraie réussite esthétique, même si cette belle forme passe au second plan par rapport à la puissance et l'originalité du récit.

    pokespagne Le 14/07/2014 à 14:47:29
    Le roi des mouches - Tome 1 - Hallorave

    Rentré dans le Roi des Mouches avec l'envie d'y trouver un disciple européen du génial Charles Burns - le dessin et les contes horrifiques d'une adolescence malade -, j'ai été surpris et plutôt positivement de trouver une sorte de série TV - multiplication des personnages et des points de vue, fictions proliférantes - qui réussit peu à peu à s'arracher de sa malédiction originelle (le premier épisode, Hallorave, hallucination et traumatisme, est le plus "Burnsien") pour trouver un semblant d'espoir, ou tout au moins de lumière : découverte de l'amour pour Eric, l'ado à tête de mouche, et surtout étrange transcendance - paradoxale - du personnage de Ringo, le roi du bowling aux dons parapsychologiques et à la générosité inattendus. "Hallorave" est un grand livre, qui, en s'affranchissant de l'influence de Charles Burns, définit son propre territoire fictionnel, à la fois trivial et inquiétant. Magistral.

    pokespagne Le 11/07/2014 à 15:42:58
    L'arabe du futur - Tome 1 - Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)

    Gros malaise à la fin de la lecture de "l'Arabe du Futur", le pavé de Riad Sattouf dévoré pourtant en deux heures : écrit par un autre (en particulier un "Gaulois"), on serait prêt à parier que ce livre passerait pour un pamphlet du FN ! La description de la société libyenne est déjà sévère, même si ce sont les travers d'une dictature socialiste qui y sont pointés avant tout... Par contre les chapitres sur la vie en Syrie, décrivant un mode de vie primitif jusqu'au dysfonctionnement, où nul sentiment "humain" ne vient jamais illuminer les rapports familiaux qui ne traduisent que haine, jalousie, racisme primaire et bigotisme, s'avèrent d'une lecture quasi désagréable, à peine temporisée par l'humour - comme toujours - efficace de Sattouf. On comprend que le très jeune Sattouf ait vécu un véritable enfer de tristesse au cours de ces années, et on souffre avec lui et pour lui, mais il est finalement difficile d'accepter la noirceur absolue de ces souvenirs, d'autant que, à la différence de "Persepolis" - l'évident modèle du genre - la perspective politique est ici assez sommaire. On me rétorquera sans doute que la vision d'une Bretagne arriérée et superstitieuse prouve que Sattouf a la dent aussi dure avec les Français qu'avec les Arabes, sauf que le déséquilibre est flagrant, et qu'on ne sent aucune tendresse envers cette société syrienne littéralement inhumaine, et que "l'Arabe du Futur" s'apparente du coup plus à un pamphlet politique anti-arabe et anti-musulman qu'à la chronique d'une enfance difficile. Pour illustrer ou concrétiser ce rejet absolu, il suffit de voir combien la figure du père est omniprésente ici, un père lâche, infantile, irresponsable et incohérent dans ses choix politiques comme ses décisions familiales, assez rapidement haïssable, figure un peu caricaturale du pseudo intellectuel arabe qui n'a pas réussit à évoluer aussi loin qu'il le pense de ses origines. On comprend mal face à lui l'inexistence complète de la mère, qui semble éternellement subir sans un mot de protestation ou de reproche le mode de vie humiliant que son mari lui impose. Tout cela fait que, malgré les grands sourires que nous arrache ça et là Sattouf, "l'Arabe du Futur" est un livre aussi déplaisant qu'indiscutablement efficace dans sa narration et ses dessins.

    pokespagne Le 08/07/2014 à 18:11:50
    Donjon Crépuscule - Tome 110 - Haut Septentrion

    On attendait, on attendait, et nous y voilà enfin, Trondheim et Sfar nous offrent le bouclage du "Donjon", période "Crépuscule", à moins qu'il ne s'agisse en fait - on ne sait pas bien à ce stade - de la conclusion générale de cette oeuvre majeure, systématiquement déclinée sur un mode mineur d'humour potache... Alors, il faut avouer qu'on est - évidemment - d'abord un peu perdus au milieu du raccordement assez insensé de toutes les histoires construites progressivement entre les différents cycles du Donjon (une relecture dans l'ordre des "niveaux" semble s'imposer), et d'un combat apocalyptique mené tambour battant... Mais rapidement, la légère irritation créée par le fait de ne pas comprendre grand chose aux péripéties de "Haut Septentrion" se dissipe du fait de la jolie loufoquerie des personnages et des situations (comment ne pas admirer le jeu comique entre le séducteur un peu lourd et sa cible peu consentante, qui doivent échanger leurs corps pour pouvoir échapper à leurs ennemis ?). Si l'ellipse entre les planches 25 et 26 est plutôt bluffante, et donc dure à avaler - mais où irons-nous donc rechercher cette partie de l'histoire ici escamotée ? -, la fin à la foi dantesque et dérisoire est profondément satisfaisante, sans même parler du romantisme léger mais persistant qui se dégage des dernières cases. Au delà de nos plus folles espérances, vu ce qui pouvait sembler un désintérêt progressif des auteurs vis à vis de leur création, et très très bien joué !

    pokespagne Le 10/02/2014 à 12:41:26
    Walking Dead - Tome 5 - Monstrueux

    C'est lorsqu'un personnage de ce cinquième tome explique que "arrive un moment où les gens en ont marre de baiser et de bouquiner" que j'ai réalisé en effet l'une des faiblesses de la série TV "The Walking Dead" : personne ne baise (auto-censure classique dans un pays où le sexe choque plus que les tueries) ni ne lit (même quand le monde aura pris fin, pas certain que les Americains ré-apprennent à lire !). Outre ce point - non négligeable (ici le viol répété de Michonne par le Governor est quand même diablement plus effrayant que les menaces jamais concrétisées de la série TV) -, une fois de plus le comic book est moins intelligent et moins efficace à la fois que la Saison 3 qui en reprend les grandes lignes : c'est que le Governor ambigu de la série a quand même bien plus de profondeur et de charme troublant que le psychopathe prévisible du livre ! De plus, au cinquième tome, il ne reste plus rien à espérer désormais du graphisme, d'une laideur et d'une inefficacité tragiques. Pas sûr que je tienne longtemps, en prenant aussi peu de plaisir à la lecture de "The Walking Dead" !

    pokespagne Le 26/01/2014 à 22:25:27
    Billy Bat - Tome 9 - Volume 9

    Depuis le début de "Billy Bat", tous les fans du génial Urasawa sont - j'en ai bien l'impression - comme moi : en pleine valse-hésitation devant ce "Billy Bat" monstrueux que Urasawa est en train de déployer une fois encore... Il est bien difficile de savoir si ce truc, amitieux en diable, voire mégalo (Jésus, JFK, on a marché sur la lune, et maintenant Einstein, n'en jetez plus...!), va arriver à décoller, comme "Monster" ou "20th Century Boys", ou est désormais tellement complexe - critique de la BD / du manga, parabole politique, univers parallèles, conspiration millénariste, etc. etc. - que rien ne fonctionnera vraiment, et tout finira dans cette "eau de boudin" qui caractérise malheureusement un peu Urasawa lorsqu'il essaye de boucler ses sagas. Eh bien, réjouissons-nous, le Tome 9 décolle, et magistralement, même ! La recontre avec Einstein, le face à face entre l'horrible Henry et le délirant mangakan Zôfu, et les allers-retours temporels auxquels se livre Urasawa ("je vais aller tuer tes parents !"), l'arrivée de Kevin au village des "zombies" couverts de boue (tiens, la terreur est un registre nouveau pour Urasawa, me semble-t-il, mais quelle maîtrise !), l'illustration de la fameuse théorie conspirationniste sur la mise en scène de l'alunissage... tout cela est absolument stupéfiant, digne des meilleurs moments de "Monster" et "20th Century Boys", pas moins. Et comme ce tome, clé s'il en est, amorce un rassemblement des fils de la narration jusque là bien épars en replongeant vers les scènes initiales du manga dans le Japon de l'après-guerre, on peut se permettre désormais de l'espérer sans trop de crainte d'être déçus, "Billy Bat" va bien être le troisième pillier de l'oeuvre d'Urasawa.

    pokespagne Le 22/01/2014 à 19:31:34
    Walking Dead - Tome 4 - Amour et mort

    Encore un tome dédié aux tensions internes au groupe de survivants réfugiés dans la prison qui les protège désormais des morts-vivants, c'est à dire des épisodes qui n'ont pas été repris dans la série TV... ce qui rend donc forcément la lecture du livre un peu plus intéressante ! Cette fois, la majorité des affrontements entre les personnages sont liés à la montée des tensions sexuelles, voire amoureuses, ce qui, après tout, n'est pas absurde, le retour (fragile) à une certaine sécurité autorisant les pulsions à ressurgir... Le problème est alors clairement l'incapacité de Charlie Adlard à dessiner des scènes intimes ou psychologiques de manière intéressante, ce qui rend la lecture de ce 4ème tome un tantinet fastidieuse. La fin du livre est consacrée au basculement psychologique progressif de Rick, qui, s' il est crédible vu les pressions sur lui, nous laisse quand même une impression assez simpliste : on est bel et bien en face du tout venant de la morale à l'américaine, ce qui n'est pas ce qu'on attend d'un tel comic book... La dernière planche, grandiloquente, peut même prêter à sourire (à ricaner ?) ! Décidément, les auteurs de "The Walking Dead" n'ont pas techniquement (tant du point de vue de la narration que du dessin) les moyens de leurs ambitions... Ce qui explique a contrario que la série TV soit une réussite artistique bien plus évidente que la BD...

    pokespagne Le 12/01/2014 à 21:53:12
    Billy Bat - Tome 8 - Volume 8

    Après le terrible Tome 7, qui clôturait clairement tout le pan du récit dédié à JFK et Oswald, Urasawa et Nagasaki ont donc décidé de nous ramener au Japon (tant mieux !), et reprendre le fil de l'histoire du fameux "rouleau", plusieurs siècles plus tard. Pour y arriver, une bonne partie du huitième volume est consacrée à la transition qui justifie de ramener Kevin et Jacky / Jackie au Japon, en pleine célébration des JO de Tokyo. On pourra trouver le scénario un peu besogneux à ce moment-là, qui n'est clairement pas ce que Urasawa a fait de mieux. Heureusement, avec l'arrivée de l'inquiétant, puis terrifiant Henry-Charles Duvivier, et les meurtres qui s'en suivront, "Billy Bat" retrouve du "contenu", nous laissant du coup impatients de lire la suite. Il est désormais clair que "Billy Bat" est conçu comme une nouvelle oeuvre fleuve, entre "Monster" et "20th Century Boys", même si pour l'instant, elle n'a pas la cohérence thématique de la première, ni l'impact émotionnel de la seconde, dont elle partage néanmoins le souffle S.F. visionnaire.

    pokespagne Le 11/01/2014 à 12:38:16
    Walking Dead - Tome 3 - Sains et saufs ?

    Est-ce parce que la série TV a relativement peu adapté les péripéties de ce volume ? En tout cas, je l'ai trouvé beaucoup plus intéressant que les deux précédents : les zombies - finalement pas passionnants, à part pour les fans hardcore du genre dont je ne suis pas - passent en arrière plan (normal, nos "héros" sont désormais relativement protégés dans leur prison...), et le vrai sujet du livre, quelque chose comme "l'homme est un loup pour l'homme" peut alors commencer à être traité. De plus, même si l'indifférentiation des personnages dûe à la piètre qualité du dessin continue à gêner la lecture (on se raccroche aux détails vestimentaires et à l'utilisation des prénoms dans les dialogues, typiquement anglo-saxonne), il y a enfin de vraies belles scènes entre les personnages, et une réelle complexité des relations entre eux (un peu plus de sexe et d'amour que dans la série TV, ce qui est bien vu). De plus, il y a - pour la première fois dans ce troisième volume - quelques astuces de narration, comme des ellipses, qui rajoutent de l'intelligence à des situations qui sinon, pourraient être assez convenues : car, pour le moment, les dilemmes moraux et éthiques qui se posent aux personnages restent quand même furieusement conventionnels, et Kirkman n'a pas (encore ?) atteint la force visionnaire / politique du travail d'un Romero. Un bon livre de toute manière, qui se clôt sur un cliffhanger efficace.

    pokespagne Le 03/01/2014 à 11:46:47
    Blacksad - Tome 5 - Amarillo

    Après un démarrage mémorable, la série "Blacksad" a rapidement montré ses limites, liées à l'incapacité de Díaz Canales de dépasser les poncifs du roman noir classique, et surtout de construire des histoires réellement passionnantes. On est donc restés fidèles à la série avant tout par admiration pour le graphisme de Guarnido, magnifique, voire même occasionnellement stupéfiant. "Amarillo", sans changer vraiment la donne, marque une évolution, puisque l'histoire, assez maladroite au demeurant, épouse la forme d'un road movie délirant, et tranche avec tout ce que "Blacksad" a été jusqu'à présent. Les références à la beat generation et à Kerouac ont donc poussé Díaz Canales dans une autre direction, tout à fait louable, même si la multiplication de rebondissements un peu absurdes, et une conclusion frustrante désamorcent un peu l'intérêt de "Amarillo". Graphiquement, c'est cette fois le traitement des couleurs qui séduit le plus, alors que, paradoxalement, le trait de Guarnido est un peu moins soigné, plus simple que d'ordinaire. En tous cas, cette tentative - même inaboutie - de renouvellement attise de nouveau notre curiosité. On sera donc au rendez-vous pour le tome 6.

    pokespagne Le 27/11/2013 à 17:59:30
    Walking Dead - Tome 2 - Cette vie derrière nous

    Second tome, et déjà un nouveau dessinateur, Charlie Atlard. Quelque part, le graphisme plus brutal de Atlard me paraît plus approprié que celui de son prédécesseur, un peu "enfantin"... sauf que, pour le moment, il est clair que Atlard ne sait pas dessiner les visages (ou tout au moins faire que les personnages se ressemblent à eux mêmes d'une case à l'autre, ce qui est une sorte de minimum dans la BD, non ?), et que cela n'aide évidemment pas la lecture d'une saga où il y en a justement des dizaines, de personnages. Bon, ceci dit, et en attendant de voir si cela s'améliorera par la suite, le second tome de "The Walking Dead", qui sert grosso modo de base à la seconde saison de la série TV, travaille le même sujet que le premier, mais sans doute de manière plus claire : c'est bien l'homme, plutôt que le zombie, qui est un loup pour l'homme. On sait bien que c'est le thème central de la saga, bien plus en fait que le renoncement au confort de la civilisation et le retour aux "fondamentaux" de la vie, et c'est en effet un sujet plus intéressant que les zombies en eux-mêmes, qui contribuent surtout à ajouter une tension constante en toile de fond. Problème néanmoins, la cohérence des décisions des personnages est pour le moins douteuse, et la psychologie de la plupart d'entre eux très sommaire, ce qui affaiblit notamment l'aspect lourdement psychologique de pas mal de scènes. En fait, il me faut même reconnaître que, aussi ennuyeuse qu'ait été la seconde saison de la série TV, de nombreuses améliorations ont été apportées par rapport à cette BD, en particulier dans les motivations de Hershey et le dénouement de l'épisode de la grange... A suivre, donc, mais pour le moment, sans un enthousiasme démesuré de ma part !

    pokespagne Le 24/11/2013 à 21:50:11

    Même les plus fermés à la littérature japonaise auront - tout du moins j'espère - entendu parlé de Edogawa Rampo (eh oui, il s'agit bien de la pronociation nippone de Edgar Allan Poe), mais on ne lit plus guère de nos jour cet auteur de romans policiers des années 30. Le travail graphique magistral fait par Maruo - mangaka expert en érotisme grotesque, semble-t-il - permettra donc à tous de redécouvrir Ranpo : la première partie du livre, policière donc, est absolument passionnante, à la fois subtile et stressante, mais c'est dans la seconde, qui se "limite" à une description de cette fameuse "Île Panorama" ultra kitsch et pourtant hallucinante, que le génie du dessinateur explose. Chaque page est une expérience fascinante, combinant la culture japonaise avec une esthétique "Art Nouveau" bien venue. On déplorera seulement la conclusion, certes pertinente, mais bien brutale, alors qu'on aurait aimé un véritable paroxysme narratif pour conclure cette oeuvre hors du commun.

    pokespagne Le 12/11/2013 à 11:46:56
    Walking Dead - Tome 1 - Tome 1

    A force de lire des critiques de la série TV (en tout cas des deux premières saisons) par des fans - énervés comme des zombies alléchés par l'odeur de la chair fraîche - de la BD, il fallait bien que je m'y plonge à mon tour, dans cette oeuvre fleuve... Pour m'y livrer à l'exercice inverse, la critique de l'original basée sur la copie ! D'abord, une réticence immédiate quant à l'avertissement de Robert Kirkman à ses lecteurs : a-t-on besoin de souligner ainsi ses nobles intentions moralisantes et intellos quand on livre une histoire de zombies ? Nous, les lecteurs, ne sommes pas si stupides qu'il nous faille être ainsi guidés par la main pour comprendre de quoi il retourne, et ce d'autant que le sujet de "Walking Dead" est simple, "la survie alors que plus rien n'existe de la société que nous connaissons". Le dessin est... américain, moyen sans plus, en tout cas bien inférieur à ce qui se fait couramment au Japon ou en Europe. La narration est des plus classiques (même si l'exemplaire que j'ai lu était mal monté avec des pages mélangées, présentant ainsi involontairement une lecture destructurée amusante...), et, par rapport à la série TV (nous y voilà...), ce premier tome manque singulièrement de... puissance visuelle, une chose que Darabont avait vraiment réussie dans la première saison (l'entrée dans Atlanta par exemple). De plus, pour une histoire qui se vante de travailler avant tout sur la psychologie des personnages, on a un peu de mal à suivre cette fameuse évolution au sein du trio Rick - Lori - Shane qui conduit au drame final, à la différence de la série, où Lori était beaucoup plus ambiguë et rendait l'histoire crédible. Bref, une impression très mitigée après ce premier tome : peu d'imagination, guère de force, peu de subtilité dans les personnages, juste une BD qui ne se distingue guère du tout venant.

    pokespagne Le 20/07/2013 à 23:07:01
    Happy! (Urasawa) - Tome 15 - Be happy!

    "Happy !", c'est fini ! Ce quinzième et dernier tome de " l'édition de luxe" nous fait vivre en un superbe et efficace "montage alterné" encore une fois très cinématographique la finale de Wimbledon entre Umino et la "reine Sabrina Nikolic", et la libération de la famille d'Umino par "le créancier" et par le Sampaï : le problème vient plutôt que le côté thriller est complètement irréaliste, une sorte de succession de coups de force pas très crédibles, et nous laisse du coup assez indifférents, tandis que le match crucial est réduit à des flashs d'images violentes, illustrant certes la dureté du face à face, mais ne comblant pas, et loin de là, nos attentes. Mais le pire de cette conclusion un peu bancale à une saga qui a battu de l'aile après un démarrage impressionnant, c'est la volonté de Urasawa de nous rasséréner après tant de vicissitudes par un happy end fédérateur, par une explosion de bons sentiments, où la réconciliation générale semble des plus forcées. Il y a en outre une certaine démission scénaristique dans le fait de créer in extremis une amoureuse de substitution - sosie de Umino mais encore plus dans le besoin - au "créancier", permettant ainsi à Umino d'échapper à l'amour réel, charnel, de ce dernier, pour continuer à vivre son amour d'enfance pour un Sampaï toujours aussi creux et fade, sans se poser de questions : le dilemme amoureux - si fécond pourtant - est d'ailleurs purement et simplement ignoré dans une conclusion sans arrières pensées, qui veut nous faire avaler que, même si rien n'a vraiment changé (Umino est toujours pauvre, son grand frère un boulet), tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : les méchants ne l'étaient pas tant que cela, et l'impossible (devenir championne de tennis en deux ans) était certain. On voit avec "Happy !" que Urasawa a toujours vraiment du mal à conclure ses histoires, et que les choix "à l'eau de rose" qu'il fait ici sont indignes de son talent. Pourtant, la virtuosité narrative et graphique incroyable de Urasawa fait qu'on avale encore une fois, la dernière, toutes ces couleuvres scénaristiques. Et oui, on est... "heureux" !

    pokespagne Le 20/07/2013 à 22:38:38
    Billy Bat - Tome 7 - Volume 7

    Le septième volume de Billy Bat nous offre le dénouement crucial de l'imbroglio politico-policier autour de JFK et de Oswald, un dénouement portant la marque bien reconnaissable des scénarios de Urasawa, puisque l'histoire avançant, si une certaine logique apparaît, les énigmes résolues sont immédiatement substituées par de nouvelles interrogations : qu'y a-t-il donc sur la lune que les Américains ne devaient pas découvrir trop tôt, et qui justifiait "l'exécution" de Kennedy ? Quel va être le rôle du petit Kevin dans l'avenir du monde ? Et surtout, comment rattacher cet épisode à l'odyssée nippone, aux manuscrits ancestraux ? On craint bien entendu que Urasawa et Nagasaki se soient désormais aventurés trop loin dans une voie sans issue à force de déployer leur fiction à travers les siècles et les cultures, et qu'ils ne rattachent jamais tous les fils de leur récit... En attendant, impossible de nier que ce volume fonctionne impeccablement, mélange parfaitement dosé de thriller ultra-réaliste (belle reconstitution politique de l'époque, qui évoque encore une fois le thriller de Stephen King, malgré des thèses absolument opposées...) et de fantastique conceptuel : Urasawa nous offre finalement une version alternative aux habituelles théories conspirationnistes sur la mort de JFK, soutenue par une virtuosité narrative qui n'est jamais prise en défaut malgré la complexité des situations et l'ambiguïté des personnages. Oui, ce tome 7 est l'un des sommets à date de "Billy Bat" !

    pokespagne Le 01/06/2013 à 23:28:57
    Astro Boy (Kana) - Tome 6 - Anthologie 06

    On n'attendait pas ce sixième volume venant s'ajouter à une anthologie qui avait été présentée comme "définitive" en 5 volumes, mais pourquoi faire la fine bouche : il suffit de se laisser emporter une fois de plus au fil des ses histoires aussi délirantes qu'émotionnellement intenses, et au final, de dire "Merci, Monsieur Tezuka", pour cet enchantement que la lecture des aventures de votre petit robot au grand coeur ne manque jamais de faire naître. Il y a, comme toujours, l'incrédulité devant les inventions fabuleuses de Tezuka (mention particulière ici à la "Panthère de l'Espace", un concept quasi surréaliste...), l'émerveillement devant la capacité qu'à Tezuka d'exprimer une intense poésie à partir des ressorts classiques d'une Science-fiction apocalyptique assez classique de l'imaginaire nippon, l'admiration devant la foi en l'humanité dont témoignent ces récits pourtant hyper-réalistes tant ils sont nourris de travers humains (soif de pouvoir, manipulations politiques, trahison cruelle, etc.). Et s'il y avait un septième tome à venir ?

    pokespagne Le 18/05/2013 à 13:48:47
    Monster (Urasawa) - Tome 13 - Évasion

    Le 13ème volume de "Monster" représente presque un condensé de ce qui fait la suprématie d'Urasawa en matière de narration : introduction de nouveaux personnages secondaires complexes, ambigus, et donc passionnants (le jeune avocat Verdeman, et le roi de l'évasion, Milch), évolution subtile des personnages principaux (Tenma bascule ici complètement, Runge a des doutes, Eva vacille...), scènes d'action et de suspense parfaitement menées, comme celle de l'évasion "paradoxale", et surtout capacité de nous toucher en plein coeur en quelques pages avec une intrigue secondaire (l'amour désolé entre deux petites frappes...) qui n'apporte rien à "Monster", si ce n'est de l'épaisseur humaine. Si l'on retourne aux premiers volumes, qui étaient loin d'avoir la même efficacité que ce treizième tome, on se rend compte aussi combien c'est au cours de la réalisation de "Monster" que le style graphique d'Urasawa s'est réellement accompli, et a atteint une sorte de maturité et de perfection dans la lisibilité et la finesse. Oui, un grand cru !

    pokespagne Le 04/05/2013 à 23:39:22
    Billy Bat - Tome 6 - Volume 6

    Nous nous étions habitués au long des cinq précédents tomes de "Billy Bat" à être baladés à travers les époques et les intrigues sans trop nous préoccuper de là où Urasawa voulait nous emmener. Et là, dans ce sixième tome, tout change et voilà que les fils de l'intrigue se nouent, et qu'apparaît - créant un certain ébahissement - le spectre d'une nouvelle "conspiration spacio-temporellement globale" (Ouaouh !). Après le "Monstre" post-Rideau de Fer et "l'Ami" et sa secte pré-apocalyptique, voici donc la "Chauve-Souris" qui contrôle (ou pas, ce n'est pas encore très clair...) le destin de l'humanité ! Pour ceux qui trouve ça délirant écrit ici, il suffit de se plonger dans la lecture des livres d'Urasawa pour que tout cela prenne un sens redoutable et... passionnant. C'est la magie qui se renouvelle encore et encore d'un grand conteur et d'un immense dessinateur, capable de cristalliser les émotions les plus complexes tout en actionnant les leviers les plus efficaces de la narration "cinématographique". On notera aussi, et de nouveau, que l'originalité et le petit "plus" de "Billy Bat", c'est de travailler sur le matériau extrêmement personnel de la bande dessinée elle-même, et de nous donner à voir - en toute légèreté - les tracas quotidiens d'Urasawa (les doutes d'un créateur, la pression des deadlines) comme ses interrogations plus existentielles (qu'est-ce qu'il doit à son maître Tezuka ? comment un empire comme celui de Disney a-t-il pu se créer en se nourrissant d'artistes plus originaux et en flattant les goûts du grand public ?). Oui, tout cela - et bien plus encore -, c'est dans "Billy Bat" et nulle part ailleurs !

    pokespagne Le 25/04/2013 à 20:06:33
    Il était une fois en France - Tome 6 - La Terre Promise

    Encore une excellente série de la BD traditionnelle française (un futur classique à coup sûr...) qui se termine, et Nury et Vallée ne ratent pas la conclusion de leur "chef d'oeuvre", célébré un peu partout. En misant sur une ambiance crépusculaire, en focalisant leur dernier chapitre sur le sentiment de perte et les désillusions de la fin d'une vie, ils confèrent une profondeur inédite à leur chronique d'une période aussi douteuse que douloureuse de l'histoire de France. La vengeance interminable du "petit juge de Melun" est devenu une maladie, un cancer qui ronge tous les personnages de cette lente et lugubre descente aux enfers, et, une dernière fois, le lecteur aura la tentation de la sympathie envers ce Joseph si brillamment doué pour les affaires (sa résurrection à Mende est l'un des moments saisissants de ce tome) et pourtant tellement incapable de suivre le "bon chemin" au milieu des évènements dévastateurs du siècle. Cette sympathie ambigüe est la limite assumée de la série, mais donne aussi la mesure de son "honnêteté" intellectuelle : qui sommes-nous donc pour juger un homme, même si ses actes se sont avérés monstrueux ? En renvoyant dos à dos dans la conclusion le coupable et le justicier, et prenant acte aussi du lien créé par la haine, mais aussi par l'amour (le beau personnage de Lucie-fer, peut-être pas assez bien traité par la série...), lien que seule la mort peut dénouer (et encore...), Noury et Vallée font preuve ici d'une hauteur de vue tout-à-fait étonnante. On n'oubliera pas de si tôt l'agonie de Joseph, redevenu un petit enfant juif, terrorisé par la menace abjecte de l'Holocauste auquel il n'aura finalement pas vraiment réchappé...

    pokespagne Le 23/04/2013 à 18:08:18
    Soil - Tome 11 - Volume 11

    "Soil", c'est fini ! Et ce onzième chapitre tient les promesses des tomes précédents, embrassant de manière ambitieuse tous les fils narratifs encore dénoués : pas de conclusion logique rassurante ici (ce n'était bien entendu pas possible...), mais un bouclage de toutes les possibilités puisque la narration se referme sur l'origine du récit, d'ailleurs plutôt à la manière d'un ruban de Möbius... On a saisi d'où sont issus les "corps étrangers", les altérations de la réalité, des déviances sociales ou psychologiques (c'est le côté Lynchien de "Soil"), on n'en saura jamais vraiment plus sur cette porte qui s'est ouverte - sur l'au delà, sur un monde parallèle, sur le passé - mais on a senti au plus profond de nous la brûlure de cette "horreur"... C'est le côté Charles Burns de "Soil"... Au final, c'est mon côté rationnel qui fait que néanmoins les plus belles pages de ce onzième tome d'un "mindfuck" (comme je l'au vu écrit) de la plus belle essence me semblent les plus "réalistes" : la vingtaine de pages qui traitent de la découverte du secret éprouvant de "l'homme aux écailles" touchent au génie ! Bon, il ne nous reste maintenant qu'à recommencer la lecture de "Soil" depuis le début pour voir si quelques rayons de lumière en plus traverseront cette fois le couvercle de la marmite infernale.

    pokespagne Le 23/04/2013 à 17:13:51
    Billy Bat - Tome 5 - Volume 5

    Après un quatrième tome qui m'avait laissé sur ma faim, voici que le cinquième volume de "Billy Bat" tient les promesses de l'introduction de ce récit fascinant, qui prend de plus en plus le chemin d'être un nouveau "20th Century Boys". Urasawa bouche ici quelques trous de son histoire avec une narration jouant avec virtuosité entre les époques, cette fois du point de vue du "héros" de l'histoire, Kevin Yamagata, le créateur original du comic US "Billy Bat". Il nous offre un outre une histoire parallèle explosive, illustrant de manière certes manichéenne mais très impressionnante la violence anti-noirs dans un Sud qui voit les droits civiques comme une aberration, voire un crime : tout le talent narratif et émotionnel de Urasawa est dans ce détour historique qui enrichit le portrait qu'il peint de l'Amérique des années 60. Mais ce n'est pas tout, loin de là, puisque Urasawa continue à construire l'histoire de Lee Oswald - cette fois (et pas comme chez le Stephen King de "11/22/63", mais plutôt comme chez le Elroy de "American Death Trip") en suivant la classique théorie conspirationniste de l'assassinat de JFK -, et nous assène aussi un coup de théâtre final (de facture "urasawaienne" classique mais non moins efficace pour autant) quant à l'identité de son "Walt Disney" alternatif. Tout simplement brillant.

    pokespagne Le 26/03/2013 à 22:01:28
    Toxic - Tome 2 - La ruche

    Avec "Toxic", Charles Burns avait frappé tellement fort que notre expectative par rapport à ce deuxième tome est forcément irréaliste. Et de fait, si on retrouve le même concept que dans le premier livre, avec une interpénétration de scènes du monde réel - différentes étapes du passé du héros - et de cet inquiétant monde "toxique" dans lequel un ersatz cartoonesque du héros semble plus ou moins prisonnier, les narrations se complétant et se contredisant de manière particulièrement habile pour construire une sorte de puzzle virtuel passionnant, on est d'abord un peu désarçonné par le manque de continuité avec "Toxic". Finalement, il faut se ré-acclimater au monde de Charles Burns, et cela demande quelques pages, et puis, peu à peu, on décolle à nouveau, ou plutôt on se laisse engloutir par les énigmes nombreuses - plus psychologiques / psychanalytiques que policières, soyons clairs - du récit, jusqu'à la fin, qui survient trop vite, qui frustre forcément. Il va maintenant falloir attendre pour la suite... Dommage... Mais Charles Burns porte ici la BD onirique à un niveau de fascination rarement atteint jusqu'alors, et c'est bien tout ce qui importe !

    pokespagne Le 20/03/2013 à 14:08:07
    Happy! (Urasawa) - Tome 14 - Match Point

    Ce qui fatigue quand même pas mal avec les mangas, par essence interminables, c'est qu'il faut attendre des années pour voir la résolution des énigmes ou des conflits que les auteurs ont soigneusement construits, et que ce temps-là finit toujours par plus ou moins désamorcer l'intérêt même de cette résolution. Ce match au sommet Choko-Umino, nous l'attendons depuis près de 3000 pages, quand même, et, s'il suit la logique un peu systématique de tous les matchs importants joués - et remportés - par Umino au cours des précédents tournois (d'abord, elle est en grande difficulté, généralement pour des raisons qui lui sont extérieures, qu'elles soient matérielles ou psychologiques, puis elle se réveille au tout dernier moment et finit par triompher de son adversaire, devant une foule hostile), Urasawa réussit à combler nos attentes, avec un mélange de dynamisme incroyable des images, et d'astuces narratives bien vues (je pense en particulier au rôle double de la bannière, pusiqu'elle révèle à Umino son amour pour "le créancier" tandis qu'elle confirme à Choko qu'elle ne possédera jamais le "Sampai"). On ajoutera que ce tome nous offre deux très belles scènes "urasawaiennes", celle de la complicité dans les vestiaires de deux jeunes sportives qui ne parlent pourtant pas la même langue, et celle - elle aussi tant attendue par tous les lecteurs, je crois - de la déclaration d'amour masquée à l'aéroport. Mais le plus malin, ici, c'est sans doute la manière dont Urasawa transforme la défaite de la délicieusement méchante Choko en une sorte d'épiphanie, celle-ci révélant magnifiquement, en un geste visiblement libérateur, sa véritable personnalité au monde. Très fort !

    pokespagne Le 05/03/2013 à 12:30:09
    Blast - Tome 3 - La Tête la première

    Ce que l'on craignait à la lecture du second tome se confirme avec ce "La Tête la Première" qui enthousiasme (sur le plan graphique) et désespère à la fois (sur le plan narration) : "Blast" est plus un exercice de style qu'un grand thriller-métaphysique comme on l'avait espéré un moment. Exercice de style "graphique" donc, parce que Larcenet multiplie ici les audaces, les inventions, et nous livre encore une fois quelques pages sublimes (... enfin, à condition d'aimer le noir !), qui méritent qu'on fasse une pause dans la lecture accélérée de "Blast" pour apprécier son travail. Je parle de lecture accélérée car, curieusement, "Blast" se lit très vite, non pas comme on lirait un polar haletant dont on se hâterait de tourner les pages, non, plutôt comme un bouquin à la fois un peu vide et vaguement ennuyeux, auquel on ne prend pas la peine de donner le temps de s'insinuer dans notre cerveau. A force de tourner en rond et de ne faire avancer ni son scénario, ni ses personnages, englués à perpétuité dans leur misère, leur folie ou leurs haines, c'est selon, Larcenet a fini par nous "aliéner" : la dernière chose dont on a envie, c'est de ressentir la moindre empathie pour Polzà, qui ne véhicule ici plus rien que son propre dégoût (ou celui de Larcenet) de l'humanité. Non, Larcenet n'est pas Céline, et "Blast" traduit surtout sa superficialité, ce qui est parfaitement rédhibitoire quand on a des ambitions "philosophiques". Oh, il reste dans ce troisième tome quelques très beaux passages, quelques belles phrases bien troussées, mais un sentiment diffus de vacuité, de stérilité, de répétition inutile finit par nous envahir. On espère très fort que le quatrième tome de "Blast" soit le dernier.

    pokespagne Le 25/02/2013 à 21:30:32
    I Am a Hero - Tome 4 - Tome 4

    Le quatrième tome de "I am a Hero" est remarquable grâce à sa première partie, parfaite de stress, d'horreur, mais aussi de par la construction de la relation entre nos deux - futurs ? - "héros" : en une poignée de pages impressionnantes d'intelligence visuelle, remarquables en termes de narration, Kengo Hanazawa semble faire faire des progrès sidérants à la BD dans la recherche de la mise en scène - au sens cinématographique - parfaite ! Bien sûr, on est en droit de penser qu'il est d'autres voies pour la BD que la copie des procédés du 7ème Art, mais l'exécution force ici l'admiration... Après ça, la tension retombe notablement, et on prend même le temps de se demander comment Hanazawa pourra bien faire évoluer son manga pour éviter la redite par rapport à des thèmes désormais bien usés à force d'avoir été traités par d'autres, au cinéma, en BD ou en série TV... La piste "psychologique" - les zombies de Hanazawa semblant mûs par des sentiments rémanents de leur "vie" antérieure, conservant des réflexes inculqués avant leur mort / contamination - est intéressante, mais encore peu exploiutée, et sans doute un peu courte. A voir...

    pokespagne Le 20/02/2013 à 23:10:46
    Billy Bat - Tome 4 - Volume 4

    Difficile de lire ce quatrième tome de "Billy Bat", qui se concentre sur Lee Harvey Oswald et les diverses manipulations dont il aurait été l'objet pour le conduire à son acte criminel, quand on a terminé depuis peu le "11/22/63" de Stephen King tant les similitudes et les oppositions aussi entre les deux visions du même évènement sont nombreuses... C'est quand la narration de Urasawa prend du recul par rapport à l'affaire JFK et qu'il nous offre un épisode sensationnel avec les retrouvailles entre Smith et Kevin dans un improbable monde de western qui n'est pas ce qu'il paraît être, que "Billy Bat" retrouve de la hauteur, et que la machine Urasawa fonctionne à pleine vapeur. On apprécie en outre de plus en plus le personnage énigmatique mais humain de Smith, et on se passionne encore d'avantage pour cette maudite légende urbaine que devient la chauve-souris grimaçante. Bien sûr, on connaît trop Urasawa désormais pour encore espérer qu'il réussira à faire se rejoindre tous les fils de son incroyable histoire, mais quel plaisir de se laisser ainsi balader !

    pokespagne Le 10/02/2013 à 15:19:04
    Soil - Tome 10 - Volume 10

    Nous sommes donc dans l'avant-dernier tome de "Soil", et Atsushi Kaneko passe la surmultipliée : nous sommes dans un grand huit habillé en train fantôme, avec monstres répugnants en surplus cette fois ! Alors que l'énigme de la famille Suzushiro se voit magnifiquement "résolue" (... enfin pour ceux qui ne craignent pas que les solutions soient encore plus bizarres que les énigmes...), et que l'intrigue se resserre sur la source initiale des déséquilibres de la réalité, de l'irruption des "corps étrangers" qui ont fait basculer la ville de Soil dans une sorte d'autre dimension, Kaneko opte pour un "montage en parallèle" assez saisissant, qui augmente encore l'impression de folie furieuse, de perte générale de contrôle : résultat, on dévore ce tome encore plus rapidement que les précédents, savourant en outre l'humour éternellement décalé (une autre leçon de "Twin Peaks" ?) avec lequel le formidable Capitaine Yokoi, en pleine mutation "trans" combat au corps à corps l'horreur le plus indicible... et arrive à survivre comme par magie à tous les outrages ! Un petit régal, en attendant la conclusion dans le tome 11.

    pokespagne Le 08/02/2013 à 14:09:30
    Monster (Urasawa) - Tome 12 - La villa des roses

    Douzième volume et l'intrigue de "Monster" se resserre, se recentre sur Tenma et cet autre personnage-clé qu'est Runge. Au détriment du formidable Grimmer qu'on quitte ici avec regret, mais aussi de la multitude de personnages secondaires qui constituent la plus grande richesse des récits d'Urasawa... Le lecteur de ce douzième volume a son content de moments forts, comme la découverte - narrée / montée très cinématographiquement - par Runge de la fameuse Villa des Roses, mais surtout cette scène insupportable où "le monstre" torture littéralement - psychologiquement - un enfant, une scène qui va beaucoup plus loin que tout ce qu'Urasawa nous a montré jusqu'à présent. De même, l'errance de Milosch dans le quartier des prostituées d'une petite ville frontière entre Allemagne et Tchécoslovaquie, diffuse une noirceur, un désespoir assez inédits dans l'oeuvre d'Urasawa. La capture de Tenma par la police relance en outre l'intérêt, d'autant que le "choeur" des ex-patients reconnaissants nous ramène intelligemment aux prémisses de l'histoire, il y a si longtemps. Un douzième volume impeccable, qui se clôt habilement sur une impression assez accablante de défaite générale : on en attend la suite qu'avec plus d'impatience...

    pokespagne Le 28/01/2013 à 12:31:01
    Ralph Azham - Tome 4 - Un caillou enterré n'apprend jamais rien

    Le second volet des aventures de notre ami Ralph débute avec ce quatrième tome qui, curieusement, reprend quasi à l'identique les mécanismes du troisième, Ralph se trouvant à nouveau confronté à une cité globalement hostile, au milieu de laquelle, comme dans un jeu de rôle ou un jeu vidéo, il devra trouver des alliés et surtout des "instruments" qui lui permettront de passer au "niveau" suivant de son périple. Si on espérait le renouvellement d'une série qu'on aime bien, mais qui n'a pas atteint le niveau de qualité des "Aventures de Lapinot" ou du "Donjon", on ne peut qu'être déçu par "Un caillou enterré...", le fort sentiment de redite empêchant une adhésion sans retenue aux innombrables péripéties de l'histoire. Si on attendait du Trondheim "standard", on ne peut nier que le plaisir - un peu régressif, quand même - est bel et bien là : dessin impeccable, dynamisme incessant des situations, ambiguïté fondamentale des personnages dont on est bien en peine d'identifier les motivations, humour léger (il faut bien dire que "Ralph Azham" est nettement moins amusant que les oeuvres antérieures de Trondheim, qui peine à renouveler ses gags), complexité croissante d'un univers "foisonnant", considérations politiques bien vues (encore ici, la question de la construction de la démocratie, considérée avec un pessimisme croissant par un Trondheim qui semble bien désillusionné), etc.

    pokespagne Le 28/01/2013 à 12:29:13
    Happy! (Urasawa) - Tome 13 - Never give up!!

    Ce treizième volume de l'édition de luxe de "Happy" laissera sans doute plus d'un fan de Urasawa sur sa faim... En effet, les deux tiers du livre sont assez mornes, le rythme ralenti de la narration s'ajoutant à une vraie carence de nouvelles idées intéressantes : la fameuse "bombe à retardement" du genou de Umino est assez peu excitante, et les différentes péripéties qu'affrontent nos héros sont pour le moins ressassées. Ce qui est clair, c'est que Urasawa prépare ici la conclusion de son récit, avec des artifices parfois assez tirés par les cheveux, comme la décadence et la chute pour le moins inattendue (et accélérée) de l'entreprise mafieuse de l'affreux Wanibuchi, et comme la soudaine "réhabilitation" de Keichiro. Au final, c'est - comme souvent chez Urasawa - d'un personnage secondaire que vient le redressement de l'histoire : Hina, dont la révolte contre la bonne éducation constitue le ressort des derniers chapitres de ce tome, permet à Urasawa de faire fonctionner à plein son admirable talent de narrateur et de metteur en scène, qui arrive à maturité, et lui permet de transcender les clichés du mélodrame social. C'est pour ce genre de passages qu'on aime encore "Happy", alors même que la mécanique sado-masochiste et perverse construite autour de Miyuki et Choko est depuis longtemps épuisée. On attend quand même la fin avec impatience !

    pokespagne Le 18/09/2012 à 20:48:51
    Monster (Urasawa) - Tome 11 - L'angle mort

    Ce onzième chapitre, dans la continuation du précédent, nous offre une série de sensations fortes comme Urasawa en a le secret : des coups de théâtre particulièrement efficaces (la véritable identité d'Anna, la tueuse blonde ; l'origine de Grimmer et de "magnificent Steiner"... On est gâtés !), de nouveaux personnages secondaires fascinants ou émouvants (la mère de Suk et son Alzheimer, le chef de la police secrète et ses remords), et surtout au moins un intense moment d'émotion, comme ce retour sur les enfances brisées par le Kinderheim 511. Tout simplement parfait, encore une fois, et une sorte de quintessence de l'art d'Urasawa ! Oui. décidément, Prague réussit à "Monster"...

    pokespagne Le 18/09/2012 à 18:51:40
    Soil - Tome 9 - Volume 9

    Alors que la saga de "Soil" est annoncée comme touchant à sa fin, ce magnifique volume 9, nettement moins claustrophobique que les précédents, puisqu'on y suit largement les aventures - assez psychédéliques, il faut bien l'avouer - de Yokoi parti à la recherche de la fleur à deux têtes, puis tombant sur des éléments assez fondamentaux du passé de la ville nouvelle, nous fournit de passionnants éléments de réponse à certaines énigmes centrales de l'histoire (nous découvrons ainsi la nature de la famille Suzushiro, jolie trouvaille s'il en est...) tout en confirmant que, décidément, il n'y aura pas qu'un seul niveau de lecture de cette fiction barrée, voire ici hallucinée. Notons l'élégance avec laquelle Kaneko Atsushi écarte la facilité d'une explication rationnelle (les fameux gaz du sous-sol de la ville) que bien des auteurs se seraient réservée comme ultime porte de sortie ! Soulignons aussi la très belle scène, Lynchienne en diable, dans les tunnels du métro inachevé, à l'étrangeté fascinante.

    pokespagne Le 12/09/2012 à 17:06:33
    Monster (Urasawa) - Tome 10 - Pique-nique

    Avec le déplacement de l'intrigue de Monster en République Tchèque, Urasawa propose avec ce superbe chapitre 10 une rupture profonde dans le sujet, et même le traitement et le ton de "Monster" : le personnage assez falot - on a assez dit qu'il s'agit de l'unique faiblesse de ce thriller incroyable qu'est "Monster" - de Tenma laisse largement la place au fascinant Grimmer, journaliste dilettante, ancien espion Est-allemand visiblement assez retors, ami des enfants et père en deuil, et qui semble surtout dissimuler en lui une autre sorte de "monstre"... En refocalisant son intrigue sur les mystérieuses horreurs de l'orphelinat 511, en les mêlant aux jeux politiques dans un Prague pas encore purgé de son ancienne police politique, Urasawa élève largement le débat : c'est comme si "Monster" trouvait ici un vrai souffle, dont l'affrontement ambigu entre Tenma et Johann en Allemagne manquait un peu. Bien entendu, tout cela ne veut pas dire qu'on perde le meilleur d'Urasawa, sa capacité à créer des personnages secondaires passionnants - qu'ils soient bons ou mauvais, on dirait que, comme chez Renoir, ils ont tous leurs "raisons" pour être ce qu'ils sont, et surtout qu'ils ont tous droit à quelques pages pour exister vraiment -, personnages qui servent de relais émotionnel et qui continuent à peupler l'univers fascinant - et de plus en plus riche - de l'un des plus grands mangakans vivants.

    pokespagne Le 28/08/2012 à 18:21:32
    Happy! (Urasawa) - Tome 12 - Go ahead!!

    Enfin, du changement ! Alors que les épisodes "américains" de "Happy !" avaient été une grosse déception, ce douzième volume prouve que Urasawa sait comment redresser son embarcation et la remettre à flôt : l'évolution dramatique de l'histoire du Sampai, un personnage dont la faiblesse irrite toujours un peu, mais captive désormais, les nouvelles aventures de Sakurada exilé dans le nord, la réapparition hilarante du grand frère, et surtout l'étonnante transformation de Umino en une joueuse concentrée et combattive jusqu'à la déraison... Le lecteur est servi, et généreusement : "Happy !" lui offre même des scènes d'action, magnifiquement dessinées et mises en scène par Urasawa, et les matches de tennis, pour être moins centraux à la narration, en sont d'autant plus prenant... On s'engage donc bien volontiers avec Urasawa dans les derniers sets du match de longue haleine que la jolie Umino livre pour survivre...

    pokespagne Le 20/08/2012 à 19:31:19
    Les gouttes de Dieu - Tome 16 - Tome 16

    "Les Gouttes de Dieu" continuent leur parcours "en montagnes russes" : après le plaisir que nous avait donné un tome 15 original, ce 16ème volume constitue, il faut bien l'avouer, une assez grosse déception : d'abord, le pari posé en fin de tome précédent - identifier des vins ayant perdu leurs étiquettes - est bel et bien bâclé et ne débouche, curieusement, sur rien de concluant ! Ensuite, si l'on sourit un moment devant les relations amoureuses croisées qui semblent se lier entre les protagonistes, le "lancement" de l'énigme du cinquième apôtre oriente "les Gouttes de Dieu" de manière assez inattendue - et peu convaincante, pour le moment - vers l'alpinisme et le vertige des sommets. Bon, on veut bien, mais on a quand même l'impression que Tadashi Agi va chercher de plus en plus loin ses paraboles sur le pouvoir du vin… A suivre donc, dans le 17ème tome.

    pokespagne Le 17/08/2012 à 12:19:38
    I Am a Hero - Tome 3 - Tome 3

    C'est dans le 3ème tome de "I Am A Hero" que - enfin, dirons certains - le projet de Hanazawa fait complètement sens : scènes d'angoisse profondément malaisantes, comme celle du taxi avec ses passagers contaminés, mais toujours tempérées d'un humour absurde revigorant, brèves explosions gore assez insupportables, et surtout magnifiques passages introspectifs, comme cette nuit de terreur que notre piètre héros passe dans la forêt des suicidés... Tout cela fonctionne à merveille au long de ce tome puissant et obsédant. On peut certes objecter au dessin, qui oscille entre hyper réalisme et grotesque outrancier, mais il est impossible de nier la force de la belle idée centrale de "I Am A Hero", qui est que la société japonaise est tellement figée dans ses règles et ses conventions que, même zombifiés, ses membres continueraient à s'accrocher aux codes de comportement qui leur ont été inculqués. A suivre donc, et avec enthousiasme.

    pokespagne Le 28/07/2012 à 13:07:05
    I Am a Hero - Tome 2 - Tome 2

    Si le premier tome de "I Am A Hero" avait cela de décontenançant qu'il prenait tout son temps pour mettre en place l'univers aliénant et aliéné - notre réalité - dans lequel allait s'inscrire le récit apocalyptique, le second nous plonge violemment dans le vif du sujet : terriblement gore - malgré le noir et blanc ! - "I Am A Hero" bascule vers les situations stéréotypées, et toujours réjouissantes, de "l'histoire de zombies" classique, mais maintient ce regard humoristique et absurde sur le fonctionnement de la société nippone. Car les morts vivants de Hanazawa, à la différence de ceux de Romero, restent imprégnés de leurs situations sociales et familiales, et semblent condamnés à traîner avec eux dans leur quête éperdue de chair à mordre leur éternelles obsessions et leurs problèmes quotidiens insolubles. Ce lien avec la vie (perdue, mais qui refuse de mourir en eux) constitue l'originalité de ce second tome, d'autant qu'il justifie la très longue - et éprouvante - première scène. On regrettera peut-être certaines entorses au réalisme profond du manga, comme certains détails du combat derrière la porte, et surtout l'hallucinante scène de l'avion... Mais pour savoir quel sera le "ton" de ce nouveau manga, il faudra voir comment Hanazawa poursuivra son passionnant récit, et dans direction il va continuer à développer cette relecture très personnelle de Romero...

    pokespagne Le 14/07/2012 à 14:05:24
    I Am a Hero - Tome 1 - Tome 1

    "Comment renouveler l'éternel thème de l'invasion des morts-vivants, par rapport aux "standards" incontournables établis par George Romero ?", c'est la question qui, clairement, parcours le travail de Hanazawa dans ce premier tome de "I am a hero" - a priori clin d'oeil au chef d'oeuvre de Richard Matheson, qui justement proposait un point de vue alternatif quant aux récits "classiques" de contamination et d'affrontement. Le choix - intéressant, même s'il n'a rien conceptuellement de révolutionnaire - est ici d'inscrire le récit apocalyptique au sein d'une peinture triviale de la réalité la plus ordinaire, la "menace" restant dans ce premier tome bien moins importante pour le personnage principal que ses problèmes amoureux et professionnels ("Shawn of the Dead" sans l'humour anglais ?). Ces 200 pages consacrées au quotidien vaguement répugnant d'un post-ado attardé, hanté par des fantasmes régressifs et accablé par une sexualité minable (remarquables scènes "amoureuses", assez touchantes, avec Tekko) et un boulot exténuant peu compatible avec ses rêves de célébrité, sont tout bonnement passionnantes, dans un registre ultra-réaliste très original. On appréciera aussi la description ironique du travail des mangakans, et, avec la rupture des dernières pages, on attend la suite avec impatience.

    pokespagne Le 07/07/2012 à 12:22:26
    Murena - Tome 4 - Ceux qui vont mourir...

    Puisque je suis apparemment l'un des rares lecteurs de la série historique "Murena" à ne pas adhérer du tout à ses principes (travail historique fouillé, ici validé par une introduction "respectable" d'un spécialiste "sérieux" de l'Antiquité romaine, dessin classique estampillé BD franco-belge éternelle...), il vaut sans doute mieux que j'arrête ma lecture à la fin de ce premier cycle avec ce "Ceux qui vont mourir..." plutôt plus réussi que ses laborieux prédecesseurs. L'accélération de l'intrigue politique après une ellipse temporelle nous offre ici quelques moments de frissons, même si les tares habituelles du dessin de Delaby (inespressivité des personnages qui se ressemblent tous) nous privent du plein impact dramatique des péripéties du scénario - bien sage - de Dufaux. Bon, il est difficile de dire que tout cela est mauvais, seulement d'une sagesse assez vaine, et il y a visiblement un large public pour cet 'art' suranné et dépassé depuis longtemps.

    pokespagne Le 05/07/2012 à 18:34:16
    Happy! (Urasawa) - Tome 11 - Fight it out!!

    Alors que le 10ème tome de "Happy !" montrait un Urasawa faisant un peu de surplace - divertissant, mais un tantinet inquiétant - le 11ème nous offre de belles pistes quant à la poursuite de la saga : 1) reléguer les matches de Umino (pour la plupart perdus...) hors champs, ce qui est somme toute cohérent avec le principe de l'apprentissage long et douloureux auquel elle est soumise, mais permet surtout, on l'imagine, à Urasawa de réserver sa mise en scène et sa narration brillantes à ce que l'on pressent être un futur "grand" retour... 2) consacrer le récit aux magnifiques personnages secondaires qu'il a enrichi peu à peu au fil de la saga. C'est ainsi qu'on suit tour à tour Kaku l'enragée, luttant pour sa passion homosexuelle, Kaichiro le bellâtre terrassé par sa médiocrité s'engager dans la prostitution avec aussi peu de succès que d'habitude, et surtout le plus beau personnage de la saga, Sakurada le mafieux, toujours en rogne contre lui-même, qui s'engage dans une voie périlleuse pour sauver Umino sans qu'elle le sache. C'est d'ailleurs entre Umino et lui que se passe la plus belle "scène" de ce 11ème tome, une scène romantique et drôlatique au milieu des poubelles, comme Lubitsch ou Wilder savaient jadis en écrire. C'est dire la hauteur du talent de Urasawa...

    pokespagne Le 05/07/2012 à 18:12:34

    Oublions un instant le plaisir intense qu'on ressent à la lecture de "O dingos, O châteaux", résultat de la combinaison parfaite entre les scénarios destroy de Manchette (personnages hallucinés agissant de manière irrationnelle et largement auto-destructrice, engrenages fictionnels qui déraillent et où le pire est la seule chose qui soit certaine...) et le graphisme noir, quasi sadique dans sa précision rondelette de Tardi... Et posons-nous la question qui nous tarabuste depuis longtemps à chaque nouveau Tardi : n'est-on pas désormais chez Tardi, l'un des rares vrais génies de la BD francophone, dans la répétition sans inspiration d'une formule parfaitement rodée, sans danger ni surprise ? Il est indéniable que Tardi ne nous a rien offert de monumental, de "révolutionnaire" depuis son grand'oeuvre sur la Commune, et que ses adaptations de Manchette tiennent surtout de l'illustration "parfaite", grâce à une symbiose indéniable entre son univers et celui de l'écrivain. Mais bon, il y a tant d'auteurs qui arrêtent de travailler, l'âge avançant, qu'on ne saurait regretter que Tardi nous offre toujours autant de... plaisir, justement !

    pokespagne Le 29/06/2012 à 10:22:41
    W.E.S.T - Tome 6 - Seth

    J'ai toujours eu un gros problème avec W.E.S.T, à la différence de nombre de lecteurs qui, je dois le reconnaître, crient systématiquement au "chef d'oeuvre du 9ème Art", surtout d'ailleurs du fait du très beau graphisme (et de la très belle mise en couleur...) de Christian Rossi : l'absence totale de "plaisir" à la lecture des aventures horriblement fades - malgré la multiplication sympathique de phénomènes fantastiques au milieu de scénarios "politiques" - de cette troupe d'agents secrets du surnaturel d'avant l'heure (on est dans la filiation "X files" ou "Fringe"). Nulle identification possible, ni même la moindre empathie face à des personnages sans vie... Pire encore, une lisibilité nulle des images, sacrifiant complètement le rythme et la fiction à une recherche systématique du "beau". Les tomes 4 et 5 montraient néanmoins un léger progrès de la série, malheureusement anéanti dans cette conclusion catastrophique de la saga, qui replonge joyeusement dans tous les défauts habituels. Pire, le scénario, dont la seule qualité est de ne pas épargner les personnages principaux de "W.E.S.T", est d'une incohérence totale, qui, conjuguée aux problèmes de narration et de lisibilité déjà mentionnés, rendent la lecture de "Seth" horriblement frustrante. Encore une fois, et ce sera la dernière, heureusement, on sent qu'il y a là le potentiel d'une vraie belle BD, mais le ratage est néanmoins sans appel.

    pokespagne Le 29/06/2012 à 09:59:28
    W.E.S.T - Tome 3 - El Santero

    Nouveau décor pour le second cycle de "W.E.S.T.": le Cuba du début du siècle, inévitablement fascinant. Même principe également, mêler polar, fantastique et action façon western. Et, malheureusement, toujours le même constat : un dessin superbe de Rossi, une véritable ambition thématique de Dorison / Nury, mais un récit est terriblement confus, qui résulte en une lecture difficile, vraiment peu agréable, qui empêche le lecteur de s'intéresser vraiment aux personnages… Un livre "froid", ce qui est un comble pour Cuba...

    pokespagne Le 29/06/2012 à 09:58:47
    W.E.S.T - Tome 1 - La chute de Babylone

    Malgré l'indéniable fascination de ce monde original (une sorte d'ambiance "post western" mâtinée de fantastique et de thriller politique) créé par Dorison et Nutry, malgré l'impact initial de ce dessin et de ces couleurs qui sont tous deux d'une très grande originalité (même si la maitrise du style est encore perfectible... on n'en est après tout qu'au premier tome), le lecteur sent une certaine confusion s'installer dans la narration : est-ce dû à un manque de clarté du graphisme (qui privilégie l'élégance et la beauté à l'efficacité de la narration) ou à une trop grande complexité de l'histoire, toujours est-il qu'on sort de la lecture de "la Chute de Babylone" insatisfait, frustré même. Mais déterminé à lire les prochains tomes !

    pokespagne Le 29/06/2012 à 09:56:23
    W.E.S.T - Tome 2 - Century Club

    "Century Club" est la suite directe de "la Chute de Babylone", et trahit malheureusement la même faiblesse rédhibitoire que le premier tome de "W.E.S.T." : une grande confusion dans la narration qui n'arrive pas à gérer la complexité (plus que la richesse…) de l'histoire de Dorison et Nury. C'est peut-être le souci d'appliquer à la BD les principes d'un découpage purement "cinématographique" qui ne fonctionne pas, ici (car on connaît de nombreuses réussites dans le genre…). En tous cas, malgré l'intérêt indéniable que l'on ressent pour les personnages, la lecture de "Century Club" se révèle vite fastidieuse. On suivra néanmoins les prochains épisodes de la série, car, in extremis, on perçoit un vrai souffle dans les dernières planches, qui montre ce que "W.E.S.T." pourrait devenir.

    pokespagne Le 19/06/2012 à 10:16:03
    Billy Bat - Tome 3 - Volume 3

    En lisant le passionnant troisième tome de "Billy Bat", on réalise que c'est la première fois - au moins à notre connaissance - que Urasawa s'attaque au traditionnel récit historique situé dans le Japon féodal, avec combats au sabre entre ninjas et luttes intestines entre clans ennemis... Soit un domaine qui a été au coeur du grand cinéma nippon classique des années 50 à 90... Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est magnifique : l'élégance suprème du graphisme confère une vie fantastique aux scènes d'action nombreuses, les combats étant tout simplement parfaits de violence et de concision. Bien entendu, comme on est chez Urasawa (... et chez Nagasaki, son co-scénariste...), les personnages sont tous extrêmements humains, touchants, enrichis par le récit parallèle de leur enfance qui illustre leurs traits de caractère les plus marquants (... un peu à la manière de 20th Century Boys). Voici donc 200 pages parfaites, un récit passionnant qui s'étale sur toute une vie, et qui nous ferait presque regretter d'avoir à revenir au Japon de 1945 et à l'intrigue principale.

    pokespagne Le 11/06/2012 à 12:08:24
    Soil - Tome 8 - Volume 8

    La ville de Soil hermétiquement close et abandonnée à la dégradation et l'asphyxie provoquées par l'irruption irrésistible de l'irrationnel dans notre monde, ce huitième volume de la saga nous offre un peu d'air... euh "frais", l'enquête de Yokoi - qui semble être devenu désormais le personnage central de "Soil"- l'entraînant dans des voies pour le moins tortueuses, mais pas forcément incompatibles d'ailleurs avec sa quête d'une certaine vérité. Tout le passage central de ce tome, depuis l'incendie baroque qui offre à un Yokoi aux pratiques masochistes les signes qu'il attendait, jusqu'à sa rencontre délirante avec l'ex-policier Yomogida vivant nu au milieu d'une collection absurde d'ordures, est un vrai régal, au point qu'on n'a pas forcément envie que la fiction nous ramène ensuite vers Soil. En tout cas, il semble que la conclusion de la saga se rapproche, et ce tome a certainement relancé notre intérêt.

    pokespagne Le 28/05/2012 à 16:22:56
    Happy! (Urasawa) - Tome 10 - He's my coach!

    Bien sûr, au dixième volume, il est impossible de ne pas se dire qu'on a désormais vu et revu tout cela : les manipulations perverses de Choko, l'innocence vaguement irritante d'Umino, l'indécision frôlant l'impuissance de Sanpaï, l'amour impossible de Kiku... Non, Urasawa ne fait progresser en rien ni son intrigue ni ses personnages, un peu figés dans ces stéréotypes niais qui font à la fois la limite et le charme de ce manga "pour adolescentes"... Pourtant, il y a aussi dans ces pages, qui se dévorent quand même avec frénésie, nombre de raisons de se réjouir, et d'apprécier la finesse de l'Art d'Urasawa : la complexité croissante du personnage de Sakurada, la petite frappe qui s'est découvert un coeur ; dans le même registre, la fêlure de plus en plus visible du personnage bouffon du coach ; et, "urasawaïenne" en diable, la relation entre Kiku et la vieille dame de son quartier, moment magique qui nous récompense de notre fidélité.

    pokespagne Le 20/05/2012 à 17:33:23
    Les gouttes de Dieu - Tome 15 - Tome 15

    Après la conclusion de la recherche du 4ème apôtre, fort élégante d'ailleurs - à chacun sa perception de ce qu'est un "premier amour" -, ce quatorzième tome des "Gouttes de Dieu" se poursuit avec les désormais habituels épisodes qui permettent d'enseigner / expliquer certains aspects de la "culture du vin" de manière non didactique : nous avons droit cette fois à un chapitre sentimental qui reprend le thème du vin comme vecteur de messages et de sentiment au sein du couple, mais cette fois de manière tellement exagérée que ça en devient presque risible, puis à un excellent chapitre "policier" - une nouveauté pour ce manga - où il s'agit de débusquer un coupable sur la base de sa connaissance du vin, chapitre fort réussi. A noter aussi la conclusion très "humaniste", très japonaise en fait, qui fait du pardon et de la réparation la meilleur finalité possible de la découverte d'un criminel.

    pokespagne Le 13/05/2012 à 19:02:45
    Monster (Urasawa) - Tome 9 - Un monstre sans nom

    Premier véritable sommet paroxystique de "Monster", le chapitre 9 nous offre - enfin ? - une vision forte du "mal" (et de ses conséquences) que Johann est sensé symboliser depuis le début : tension, suspense, manipulation, complot, incendie, chaos, violence, le tout narré avec la virtuosité stupéfiante qui est la marque d'Urasawa... Ce chapitre relance aussi le récit vers un mystérieux conte de fées (le monstre sans nom) et vers une nouvelle destination, Prague, renouvelant joliment une intrigue qui paraissait depuis quelques chapitres progresser un peu dans tous les sens sans véritable cohérence. Magistral !

    pokespagne Le 07/05/2012 à 12:16:52
    Monster (Urasawa) - Tome 8 - Mon héros sans nom

    Le huitième chapitre de l'édition originale de "Monster" n'est certainement pas l'un des plus "intéressants", il peut même largement dérouter le lecteur peu habitué au travail de Urasawa, puisqu'il se compose de près d'une dizaine de segments qui ne sont pas vraiment reliés entre eux, Urasawa faisant progresser en parallèle plusieurs "fils" de son écheveau de fictions. Du coup, on a globalement l'impression d'un volume de pure transition... s'il ne contenait pas au moins un élément qui risque de s'avérer central pour la suite de l'histoire, la découverte par Johann du livre tchèque pour enfants, instant saisissant puisqu'il nous révèle pour la première fois une faille, un peu d'humanité dans ce personnage complètement insaisissable. Ceci dit, l'épisode des oiseaux dans la forêt reste - parmi ces 200 pages - la meilleure illustration de la force et de la beauté qu'Urasawa peut conférer à ces "mini-récits", alors que le retour d'un Runge, toujours aussi monolithique, et les tourments moraux de Tenma, assez conventionnellement exprimés, sont plutôt ce que la saga "Monster" nous offre de plus faible. A suivre, dans un neuvième tome qui devrait voir l'action s'accélérer.

    pokespagne Le 07/05/2012 à 11:29:37
    Ralph Azham - Tome 3 - Noires sont les étoiles

    Le troisième tome de "Ralph Azham", qui apparemment clôt un premier volet de ses aventures, est sans doute le meilleur à date, surtout parce que Trondheim fait preuve d'une imagination foisonnante en ce qui concerne les péripéties qui s'enchainent sans faiblir, et multiplie les situations originales, nous tenant en permanence en haleine. On aimera beaucoup aussi la conclusion pessimiste, mais finalement réaliste : les méchants gagnent, d'abord parce qu'ils sont vraiment les plus forts, et puis aussi parce que, triste leçon pour ceux d'entre nous qui croient encore à la démocratie spontanée, le pouvoir absolu et la religion fascinent les masses. Ceci posé, tous nos doutes ne sont pas levés quant à la série elle-même, qui manque décidément toujours de magie, ou plutôt de cette "petite musique" si particulière à Trondheim qui créait une vraie émotion derrière le rire et l'excitation, cette "petite musique" qui nous a fait naguère adorer "Lapinot" et le "Donjon", et qui est ici sacrifiée au profit d'une sorte d'efficacité narrative quasi-stakhanoviste.

    pokespagne Le 04/05/2012 à 10:59:58
    Billy Bat - Tome 2 - Volume 2

    Avec "Billy Bat", Urasawa est-il en train de pousser le bouchon un peu trop loin ? Il y a un vieil adage qui dit que tout bouquin incluant le Christ est un mauvais bouquin, et honnêtement, l'apparition de la chauve-souris maléfique sous les cieux de Jerusalem n'est pas la meilleure idée qu'Urasawa ait jamais eue. Et puis, et puis voilà que notre auteur favori se rattrape avec un fantastique chapitre sur l'Amérique divisée sur le sujet des droits civiques des Noirs au cours des années 60, un chapitre intelligent et émouvant à la fois, bref l'habituelle maîtrise narrative dont Urasawa fait preuve quand il est en très grande forme. Du coup, on est un peu partagés entre l'irritation et l'étonnement devant ce pari un peu insensé qu'est Billy Bat : il y a d'une part ce thriller politique bien conduit au coeur du Japon occupé par les Américains qu'on aimerait bien suivre assidûment, et de l'autre ces digressions temporelles aberrantes qui nous offrent pourtant une foison de ces personnages dits "secondaires" que Urasawa sait si bien trousser... et entre les deux, notre coeur balance...

    pokespagne Le 02/05/2012 à 12:21:43
    Soil - Tome 7 - Volume 7

    Après le désarroi stérile du sixième tome de "Soil", Atsushi Kaneko redresse la barre avec ce septième volume magistral : ceci grâce à une intrigue beaucoup plus maîtrisée puisque, une fois que le lecteur a admis le concept de "corps étranger", l'engloutissement de la ville toute entière dans cette "nouvelle réalité" et son effacement de la nôtre (de réalité) paraissent "logiques". Cet équilibre bien tenu entre thriller quasi politique (la préfecture et ses forces noires qui rétablissent l'ordre tout en censurant l'information) et sci fi apocalyptique (la dégradation de la ville par le sel, la multiplication des ponts / obstacles sur le chemin de l'heroïne fournissent de belles et fortes visions d'horreur...) constituent un modèle pour la suite de "Soil", que l'on attend avec impatience.

    PS: toujours des problèmes de lisibilité dus au noir au blanc, pour les scènes les plus complexes. C'est dommage.

    pokespagne Le 02/05/2012 à 11:58:03
    Happy! (Urasawa) - Tome 9 - Beat them down!!

    Le tome 8 en outre gâché par l'éditeur français, honte à lui... - nous avait laissé un peu en froid avec "Happy !", et voici que ce neuvième volume nous réconcilie avec ce manga, certes un peu "léger", du grand Naoki Urasawa. C'est en particulier le traitement très subtil de la relation amoureuse "triangulaire" qui nous touche ici, avec une très belle référence à Cyrano de Bergerac - qui prouve que Urasawa a "des lettres"... C'est aussi la très pertinente description du travail "psychologique" du coach auprès de son "poulain" qui donne toutes ses lettres de noblesse à la description des matchs de l'US open. Au final, on a le sentiment que Urasawa oriente "Happy !" vers une histoire plus adulte, moins caricaturale, finalement plus proche de son travail habituel. Notre goût pour la perversité s'en trouvera certainement un peu frustré, mais il est indéniable que "Happy !" a pris avec ce neuvième tome de la hauteur.

    pokespagne Le 27/04/2012 à 15:07:18
    Monster (Urasawa) - Tome 7 - Richard

    Magnifique septième tome de "Monster", pur thriller étourdissant peuplé de nouveaux personnages attachants, voire bouleversants (Richard, le privé marqué par une faute inoubliable, le psychiatre qui reprend l'enquête sur Johann et qui derrière son look de petit pépère, se révèle pour le moins sportif...), nous permet surtout de voir pour la première fois "Johann" en pleine lumière, et d'être témoins de la manière diabolique dont il manoeuvre pour arriver à ses fins. Même si le fond de l'intrigue qui se complexifie à chaque tome reste incompréhensible, la fascination s'accroit sensiblement au fil des pages. Oui, avec ce septième tome, "Monster" confirme son statut de chef d'oeuvre.

    pokespagne Le 23/04/2012 à 16:24:17
    Ralph Azham - Tome 2 - La mort au début du chemin

    Le second tome des aventures de Ralph Azham confirme malheureusement le léger malaise que j'avais ressenti à la lecture du premier, c'est que Trondheim nous propose ni plus ni moins ici qu'un "sous-Donjon", une autre histoire d'Heroic Fantasy traitée avec un un humour contemporain qui permet de la mettre "en abyme" sans toutefois perdre l'excitation du premier degré. C'était impressionnant avec le Donjon, peut-être d'autant plus que d'autres auteurs enrichissaient en permanence et l'imaginaire déployé et l'humour, c'est presqu'un peu mesquin ici : pas de souffle épique, pas d'excitation de l'aventure, pas de renouvellement des blagues... Un dessin très "standard" de la part de Trondheim, qui fait beaucoup mieux dans son journal intime (les "Petits Riens"), un scénario qui semble écrit sans passion, une sorte de légèreté générale qui, au lieu de séduire, donne plutôt une impression de laisser aller... bref, on est loi, très loin même, de l'enthousiasme qu'on pouvait ressentir en découvrant "Lapinot", ce qui est un peu triste.

    PS: On notera quand même que la seule véritable idée de Trondheim dans cette nouvelle série, c'est d'en faire une sorte d'illustration des horreurs de la famille : enfants qu'on massacre, nourrisson qu'on sacrifie pour sauver sa peau, absence d'amour maternel, soeur disparue qu'on retrouve amnésique... Trondheim charge le trait. Mais pour nous dire quoi ?

    pokespagne Le 11/04/2012 à 11:51:39
    Billy Bat - Tome 1 - Volume 1

    C'est toujours avec une émotion particulière que j'entame la lecture d'une nouvelle oeuvre de Naoki Urasawa, qui doit bien être finalement mon auteur préféré du 9ème Art. "Billy Bat" se place d'emblée dans la lignée du formidable "20th Century Boys" au niveau du concept - ici la découverte d'une (?) mystérieuse entité (une organisation criminelle ? Un mythe ?), involontairement traduite en BD par deux auteurs, l'un de mangas au Japon, l'autre de comic books aux USA. Le petit "plus" de "Billy Bat", c'est que son sujet permet à Urasawa d'intégrer à son livre d'autres formes qui enrichissent et répondent à la fiction principale (je pense par exemple à la magnifique introduction façon roman noir...). Le "moins", en tous cas pour l'instant dans ce premier tome, c'est une narration un peu moins éclatée qu'à l'habitude, plus centrée sur un unique personnage principal, et empruntant largement aux codes du thriller classique. Les dernières pages, déplaçant curieusement le récit dans le temps, et avec leur coup de théâtre hallucinant, permettent toutefois d'anticiper une suite beaucoup moins conventionnelle...

    pokespagne Le 01/03/2012 à 16:30:07
    Happy! (Urasawa) - Tome 8 - Hang in there!!

    Attention: l'édition couramment disponible du huitième volume de "Happy!" présente un problème critique : une partie importante des pages (non numérotées) est reliée dans le désordre, ce qui rend la lecture quasi impossible, même si on peut être assez masochiste pour apprécier cette complexité additionnelle !

    Le transfert quasi "en l'état" de l'intrigue de "Happy!" et de ses péripéties sadiques du Japon vers les USA ne permet malheureusement pas (pour le moment...) à Urasawa de donner à sa saga tennistique le second souffle qui est de plus en plus souhaitable. Les matchs de tennis sont toujours aussi passionnants, les intrigues entre "tenniswomen" toujours aussi vicieuses, mais au final, on fait du surplace, et le dépaysement culturel a plus d'inconvénients que d'avantages : pas sûr qu'Urasawa connaisse et comprenne la société américaine aussi bien la société allemande, au point de la transformer - comme dans "Monster" - en carburant pour sa fiction ! Alors, malgré cette déception globale, qu'est-ce qui fonctionne dans le "Volume 8" ? Sans aucun doute la rivalité amoureuse du yakuza et du "fils à papa", et les scènes de comédie romantique - ici assez amères - qui en résultent. Pour le reste, on attendra le "Volume 9" pour juger de la qualité de la suite de la saga "Happy!"