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Septembre 1943. Prison d’Alcatraz.
O’Brady, le père, as de l’aviation américaine de la Grande Guerre, devenu traître à son pays en faisant ami-ami avec les fascistes et les nazis, Goering en particulier, a été capturé par les Alliés. Il était activement recherché par les autorités des USA. Enfermé à Alcatraz, il risque la peine de mort mais nie les évidences, renvoie son avocat et prétend être capable de mieux se défendre tout seul. Il reçoit la visite d’un officier de la police militaire qui s’intéresse bien moins à lui qu’à son fils, James, qu’il veut à tout prix faire tomber pour trahison, meurtre, espionnage, et peut-être même songe-t-il à l’accuser d’avoir volé la culotte de Blanche-Neige ! C’est son obsession à ce petit gars-là. (Pas la culotte de Blanche- Neige, encore que, mais bien de faire condamner à une peine maximale James O’Brady.)
A Nouméa, James, dont l’esprit a retrouvé son corps d’origine, vit de petits trafics avec l’aide de Black Kite, trafiquant local notoire. Pas facile de se reconstruire quand des visions de son « autre » vie viennent le pourchasser dans son sommeil. Esther… Esther la jeune juive qu’il aime entre les pattes de Raeder ! Il est si loin et est incapable de l’aider…
Critique :
Album intéressant qui voit James accepter un châtiment dont le lecteur sait qu’il ne l’a pas mérité. Enfin… Pas vraiment…
En 48 planches, on visite presque tous les continents.
Les dessins des personnages sont en net progrès et les avions sont fabuleux.
Bien entendu, lire cet album sans s’être immergé dans les précédents n’a guère de sens. De même, il est bien plus intéressant de lire son pendant en même temps : Adler Tome 4 – Le choix du retour.
Les cinquièmes et derniers albums sont promis pour 2022.
Hans Raeder a récupéré son corps, mais pas tous ses esprits. Il sent la présence de ce maudit Américain. Pour l’instant, sa préoccupation majeure consiste à quitter l’Angleterre pour rejoindre la France occupée par ses amis nazis. S’il y arrive sans se faire tuer, il va devoir fournir des explications quant à son étrange disparition… Lui, l’enfant chéri de Goering, va-t-il pouvoir reprendre l’air et déverser sa rage sur les avions alliés ? Et quels sont ces étranges sentiments qu’il éprouve pour sa mère et cette juive, cette Esther ?
Critique :
Après le transfert d’esprits dans leurs corps respectifs, Hans Raeder est encore loin de l’Allemagne. Si on le retrouve au début de l’album en Angleterre, ce n’est pas par magie, les pages suivantes vont aider le lecteur à comprendre les multiples péripéties vécues par ce suppôt du nazisme qui commence tout de même à s’humaniser. O’Brady a laissé des traces dans son subconscient. Raeder compte bien reprendre sa place de héros vedette du Reich et de la revue Adler. En son absence un autre a pris sa place.
Si je déplore les dessins des personnages, j’apprécie par contre les graphismes qui se rapportent aux avions.
France. 1943.
James O’Brady commence à s’habituer au corps de Hans Raeder, et même à sa vie de pilote de chasse au service de l’Allemagne nazie. Il tente de réparer tout le mal que le vrai Raeder a causé à ses proches : à sa mère, à cette femme juive à qui il a fait un enfant et qui a été obligée de confier sa fille à un couple d’Allemands pour qu’elle ait une chance de survivre. Mais il se pose beaucoup de questions. L’esprit de Raeder a-t-il pris possession du corps d’O’Brady. A-t-il envie, lui, de récupérer son corps ?
Critique :
Patrice Buendia montre un Raeder qui n’est plus ce fanatique nazi, et pour cause puisque l’esprit d’O’Brady l’habite ! Il cherche à tout prix à sauver Esther, cette jeune juive à qui Raeder a fait un enfant, mais il n’arrive pas à se décider : veut-il rester dans le corps de Raeder ou récupérer le sien ? Il aime la mère de Raeder comme sa propre mère… Un choix difficile…
Les combats aériens sont pleins de vie bien que causant beaucoup de morts…
Afrique du Nord. Printemps 1943.
Oh, comme il n’est pas content le petit nazillon, Hans Raeder d’être encore et toujours dans la peau de cet horrible Amerloque, James O’Brady.
Il n’a plus qu’une obsession : s’échapper de ce piège pour retrouver ce maudit Sailosi, ancien compagnon de son père durant la Grande Guerre, et qui est responsable de ce mauvais sort qui l’oblige à vivre au milieu de ses ennemis et de bombarder au profit des Alliés. De plus, il a toujours sur le dos son fichu « cousin », Joe. Il faut absolument qu’il trouve un moyen de filer dans le Pacifique…
Critique :
Un peu trop de magie à mon goût, mais qui plaira à d’autres moins terre-à-terre que moi. Hans Raeder, dans la peau d’O’Brady, continue à être toujours aussi désagréable avec « ses » compagnons qui ignorent qu’un pur produit nazi s’est glissé dans la peau de leur estimé compagnon… De moins en moins estimé car il est visiblement de plus en plus agressif et méconnaissable. Avions et décors sont de qualité, les personnages beaucoup moins..
3 octobre 1942. Dispensaire de Trulo.
Hans Rader, pilote de Focke Wulf, est un nazi pur et dur. Petit problème pour lui, par une nuit d’orage, il se retrouve dans le corps du lieutenant de l’US AIR FORCE, James O’Brady. A l’hôpital où il passe des tests, il intrigue le médecin qui le suit, d’autant qu’il fait des cauchemars en allemand. Son cousin, a une explication très simple. James a vécu en Allemagne et y a même participé aux Jeux olympiques. Il avait une liaison avec une jeune allemande, une pure nazie, et cela s’est terminé par une douloureuse rupture. De retour à sa base, « ses camarades » le trouvent fort changé, irascible, solitaire, très loin du charmant garçon qu’ils connaissaient avant l’accident.
Pendant ce temps, le père de James est en Espagne occupé à trouver des ressources naturelles pour aider les nazis. Il a trahi son pays, plongeant sa famille dans le déshonneur et la ruine…
Critique :
Mais que voilà une étrange série puisque deux équipes travaillent en parallèle. D’un côté, nous avons Wallace et Julien Camp pour Eagle, et de l’autre, Patrice Buendia et Damien Andrieu pour Adler.
JG Wallace (ou simplement Wallace), de son vrai nom Stéphane Carpentier, transforme le charmant James en une belle crapule depuis que son corps est habité par un nazi pur jus qui tente de comprendre ce qu’il fait là. Les rebondissements sont multiples et donnent envie de savoir comment tout cela va se terminer…
Au dessin, Julien Camp s’en sort très bien, en particulier dès qu’il s’agit de dessiner des avions.
Il est vivement recommandé de lire les deux séries en parallèle, encore que rien n’empêche de lire Adler d’un côté et Eagle de l’autre.
Pas facile pour un homme persuadé d’être James O’Brady, pilote de l’Air Force, de se réveiller dans un hôpital allemand en France dans le corps de l’as allemand, Hans Raeder. Encore moins facile pour son esprit d’accepter d’être ce salaud car Hans Raeder a menti et trahi tout le monde.
Deux pilotes viennent le voir à l’hôpital. Il ne dit rien. Il regarde par la fenêtre. Puis, un seul vient encore lui rendre visite. Un beau jour, il apprend que s’il ne sort pas de son mutisme et ne reprend pas sa place d’ as de la chasse, il sera muté sur le front de l’Est… comme fantassin !
Critique :
Patrice Buendia propose un scénario des plus originaux. Deux pilotes, l’un de bombardier B-17, l’autre de chasseur Focke Wulf 190 se croisent dans le ciel en plein orage. Par un mystère inexplicable, l’esprit des deux pilotes se retrouve dans le corps de l’autre. Comment réagir quand on devient ce que l’on déteste le plus sans se trahir ? Comment accepter d’être un salaud nazi de la pire espèce ? Le nouveau Raeder n’a pas d’autre choix que d’endosser son rôle en essayant de corriger les méfaits du vrai Raeder, en commençant par sa mère et la femme juive qu’il aime et qui vit recluse et cachée pour ne pas subir le sort de tout juif dans une Allemagne peuplée de nazis.
Dans le premier tome, j’avais été déçu par les dessins de Damien Andrieu. Les personnages avaient tendance à se ressembler tous. J’avoue avoir été séduit par les progrès du dessinateur très visibles dans ce deuxième tome. Quant aux scènes aériennes, elles sont de toute beauté.
Il convient de lire en parallèle ce tome 2 d’Adler avec le tome 2 d’Eagle.
[...] on laisse de soi-même dans tout ce que l'on fait, que ce soit raté ou réussi [...]
Georges-Edmond, fils du très réputé et mondialement demandé architecte Jules-Fabien d’Eyquerre est un grand rêveur. Il s’imagine voyageant partout à travers le monde et vivant mille et une aventures. Aussi est-il très contrarié quand il expose ses projets à ses parents. « Non, mon fils ! Tu es fils d’architecte, et architecte tu seras ! »
Décidé malgré tout à s’en aller sachant que l’aventure l’attenda au coin de la rue, il part. Sans un bagage. Sans un sou. Bon, ben, après cinq jours, retour à la case départ… Avec pour obligation d’étudier l’architecture auprès des meilleurs professeurs. Georges-Edmond ne dessinera qu’un immeuble, « La Maison qui rêvait »…
Critique :
Me promenant dans ma librairie BD favorite, mon regard fut attiré par ce curieux album d’un petit format, aux couleurs lumineuses et aux dessins ô combien sympathiques ! A acheter impérativement !
Je n’avais jamais entendu parler de Max Braslavsky, artiste complet, à la fois auteur, dessinateur et coloriste, ayant travaillé pour les studios Disney. C’est aussi un grand poète et un rêveur qui nous transporte dans des univers riches et variés au travers d’une singulière maison puisqu’ « aucune fenêtre ne s’alignait sur les autres et on eût été bien en peine d’en compter les étages. » Et ce ne sont là que quelques-unes de ses caractéristiques surprenantes. Cette maison a sa propre existence et est capable de se transporter partout sur Terre, et au-delà, par la puissance de ses rêves. Seules deux occupantes de cette maison ressentent les effets des rêves de leur demeure. Deux vieilles vivant seules chacune dans son appartement. Deux vieilles qui ressentent l’humidité quand, la nuit venue la maison s’en va briser la glace, la chaleur, lorsqu’elle se transplante dans le désert, le bruit de moteur lorsqu’elle s’envole dans les cieux, …
Chaque case est un tableau finement ciselé aux couleurs douces et variées. Offrez-vous (ou à vos enfants) un moment de douce poésie au travers d’un conte magnifique.
Paris des Merveilles. 1911.
Faubourg Saint-Germain. « La Rapière d’Ivoire », une des plus élégantes salle d’armes de Paris.
Lieu parfait pour permettre à des gentlemen, officiers et diplomates de croiser le fer, mais aussi de discuter en toute tranquillité d’affaires confidentielles de la plus haute importance pour le sort de l’OutreMonde.
Le colonel Laethian, Elfe et chef de la diplomatie secrète du Royaume d’Ambremer se livre à une passe d’armes sans concession avec le capitaine Jules Bormange du 2e Bureau, les services secrets français. Le sujet de leurs échanges ? La disparition de la sigillaire. Pas n’importe quelle bague, non ! Le roi du Royaume elfe d’Irthil remit sa chevalière à la reine Méliane en signe d’allégeance. Sa disparition, surtout si elle tombe entre de mauvaises mains, pourrait avoir des conséquences catastrophiques. Les Allemands sont prêts à tout pour la posséder. Vraiment à tout !
Mais où donc est passée la sigillaire ? Ah, ben tiens, par une heureuse coïncidence, Louison, Mam’zelle Gatling, la sort de sa poche…
Critique :
J’ai toujours dit qu’une femme ça pouvait être drôlement dangereux ! Alors trois… Suite des aventures de trois drôles de dames qui se trouvaient dans une situation extrêmement embarrassante au terme du premier album où elles étaient aux prises avec presque un régiment de gendarmerie qui, tout en finesse, mitraillait à tout-va. Par miracle, elles ont réussi à s’échapper (en recourant tout de même un peu à la magie). Rappelons que Lady Remington est une magicienne…
Les voilà en quête d’un havre de paix où se remettre de leurs blessures. Rien de tel que de trouver refuge dans la Zone, sorte de bidonville, jouxtant Paris.
Le scénario de Pierre Pevel, une uchronie dans un Paris de la Belle Epoque, fortement coloré de magie et où se mélangent gnomes, elfes, trolls, humains, etc. est plein de rebondissements. Etienne Willem au dessin prouve qu’il est l’un des meilleurs pour animer un récit plein d’action. La finesse des détails est d’un niveau rarement atteint et ses planches mériteraient d’être imprimées à un format plus grand encore pour que le lecteur puisse pleinement profiter de la minutie de son travail. Tanje Wenish aux couleurs complète divinement bien ce trio.
Faites péter… Le champagne ? Heu… Non ! Faites tout péter ! Les Artilleuses ne sont pas d’humeur à se laisser marcher sur les pieds par des danseurs allemands mal intentionnés qu’elles n’ont pas invités au bal de la sigillaire convoitée par des appétits d’ogres.
La suite des aventures des Attilleuses est promise pour fin 2021… A suivre !
1926. Stamwood. Virginie. USA.
Quatre ans que Julie Doohan a pris la succession de son père assassiné par des sbires mangeurs de Mozzarella di Bufala. Quatre ans qu’elle produit le meilleur Bourbon du coin. Mais cela ne lui suffit plus. Elle veut redonner vie au Wild Mustang Saloon ! Vingt ans que le célèbre établissement était fermé. Il y a du boulot. Il faut tout remettre en état et acheter du nouveau mobilier. Il y a des danseuses à engager. Les plus célèbres de préférence. Il faut aussi un pianiste. Pas n’importe lequel ! Un qui sache continuer à jouer, même en pleine fusillade.
Pour fêter l’événement, Julie dispose sur chaque table une bouteille de sa dernière création, l’Old Scarecrow Premium, qu’elle compte bien ne vendre que dans son établissement. Voilà qui ne va pas faire plaisir à la concurrence, y compris à l’Irlandais à qui elle vend l’essentiel de sa production…
Critique :
Thierry Gailleteau fait exécuter un bond de quatre ans à ses personnages. Julie se montre une femme d’affaires accomplie. L’idée d’ouvrir un saloon va déranger jusque dans les rangs de ses propres alliés qui perdent ainsi leurs meilleurs clients, ceux qui ont une automobile (comprenez ceux qui ont du fric). L’ambiance m’a moins enthousiasmé. Julie et ses amis ont le flingue facile et tirent plus vite que Lucky Luke, mais pas pour déchirer une ceinture et faire tomber le pantalon de leurs adversaires. Ici, c’est plutôt pour faire gicler le sang des Italiens comme s’il n’y avait pas déjà assez de purée de tomate dans la pizza. Beaucoup de clichés et peu de nouveautés. Le rythme est soutenu puisque la petite Julie est du style à faire un gros caca nerveux quand on la contrarie. (Et on la contrarie souvent !) Elle se débat aussi dans un drame sentimental. Elle est amoureuse de son ami d’enfance qui l’aime, mais elle refuse de devenir son épouse car elle ne veut pas devenir femme au foyer… Mouais…
J’espérais une amélioration au niveau du dessin… Je ne la trouve pas.
Cela reste distrayant et agréable à lire.
1922. Virginie (USA).
Doyle Doohan est bootlegger. En clair, il distille de l’alcool en pleine période de prohibition aux Etats-Unis.
Tiens ! On dirait qu’il a de la visite… Un certain Enzo Scaletti se présente avec une vingtaine d’appointés auprès de la Mafia. Il a un marché à proposer à Doyle : désormais, il doit travailler pour son patron, Monsieur Jake Mozza. Doyle, Irlandais et ancien champion de boxe, a horreur des intimidations, surtout lorsque le macaroni en face de lui a besoin de se faire refaire le nez. Malheureusement, seul contre tous et sans arme, il ne fait pas longtemps le poids. Mécontent des changements esthétiques gracieusement offerts par Doyle, le petit Scaletti, profitant que le boxeur soit à terre et tenu par ses comparses lui offre trois pruneaux du genre qu’on digère plutôt mal. Après quoi, pour fêter ça, il fait péter la grange…
Université de Blackbay (Virginie).
C’est le dernier cours du professeur Finnegan, un spécialiste de la distillation qui vient d’expliquer les différentes parties de l’alambic aux étudiants. Parmi eux, Julie Doohan. Brillantissime élève, elle se prépare pour un doctorat. Elle est navrée d’apprendre que le professeur Finnehan prend sa retraite.
A peine sortie du bâtiment universitaire, elle est apostrophée par un homme qui se présente comme étant Ethan Rourke, un grand ami de son père avec qui il a combattu dans les tranchées. Il a une très mauvaise nouvelle a annoncer à Julie…
Critique :
Sans la trouver grandiose, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette BD pleine d’action. De l’action violente, explosive, expéditive. Cela fait du bien de temps en temps.
D’un côté, nous avons la mafia sauce bolognaise et de l’autre des Irlandais qui préfèrent picoler au bourbon plutôt qu’au vin rouge. J’ai tout vu, m’sieur l’agent : ce sont les ritals qui ont commencé ! Ils ont été très méchants et même pas gentils ! Alors, il y a une rousse (ben quoi ? elle est Irlandaise pure souche, non ?) il y a une rousse, faut pas m’interrompre tout le temps, cela brise le rythme du récit, il y a une rousse, elle a la haine ! Faut la comprendre, m’sieur l’agent : les pizzaïolos, ils ont fait avaler des pruneaux à son père. Il en a fait une indigestion au point d’aller vérifier si saint Pierre a bien les clés du Paradis pour lui ouvrir vu que là il vient de quitter la Terre de ceux qui ne sont pas encore morts. Elle a la haine, j’vous dis ! Et elle est pas la seule. Faut qu’j’vous expliqu’, m’sieur l’agent. Son paternel, il distillait et il était du genre généreux pas avare puisqu’il faisait des dons à toute la communauté, école, église, police, tout le monde profitait de ses liquidités, et pas que les ivrognes. Tout ça pour vous dire que la Julie, elle est pas toute seule à vouloir faire avaler de travers leur gorgonzola aux buveurs de Chianti, histoire qu’ils s’étouffent avec ! Elle est p’têt’ pas encore docteur en chimie, mais elle a des idées…
C’est un scénario non dénué d’humour de Thierry Gailleteau mis en images par Luc Brahy et l’on trouve Simon Champelovier aux couleurs (forts jolies). Le dessin des personnages me paraît parfois un petit peu faiblard. Si l’histoire n’a rien de révolutionnaire, elle contient de jolies trouvailles et pas mal d’humour malgré la violence qui pète à la figure. Donc pas de prise de tête, surtout que la gnole qu’ils distillent est du genre à neutraliser les neurones !
26 août 1918. Cimetière de l’île.
Elles sont huit rassemblées devant la tombe de Maël, le facteur. Leur facteur. Le jeune homme au pied-bot qui a si bien su leur tenir compagnie durant les années de guerre alors que tous les hommes valides ont été appelés sous les drapeaux.
A sa manière, Maël avait su se montrer vaillant. Lui aussi.
La guerre va bientôt s’achever. Les hommes vont revenir. Enfin… Ceux qui auront survécu. Et encore ! Peut-on parler de survie quand on revient défiguré, la tête ravagée par les horreurs indicibles vécues à Verdun ou au Chemin des Dames ?
La nouvelle de ce prochain retour est loin de faire plaisir à toutes ces dames. Cinq ans, c’est long. Cinq années durant lesquelles elles ont fait tourner la « boutique » sans homme. Et maintenant que les mâles sont de retour, elles vont devoir rentrer dans le rang ?
Et puis, il y a LE secret ! Le secret ? Non ! Plutôt les secrets. C’est qu’elles en ont des choses à cacher ces mères, ces épouses, ces veuves, ces fiancées…
Critique :
Didier Quellat-Guillot avait rédigé un scénario extraordinaire dans « Facteur pour femmes ». Le tome 1. Il devait constituer une histoire complète, mais ne voilà-t-il pas que, subissant les pressions de son épouse, on ne plaindra jamais assez les hommes, il ajoute six ans plus tard un deuxième tome. Pourtant, tout était dit, non ? Pas vraiment… Comme son épouse le lui a signalé, c’est bien une idée de mec, une fois le héros disparu, point final ! « Ah ? Et que sont devenues toutes ces femmes ? »
Voilà le pauvre scénariste obligé de se replonger dans l’histoire de l’île pour suivre, pour l’essentiel, ces femmes qui, toutes, ont aimé Maël durant ces années de conflit. Elles ont plus d’un lourd secret à cacher. L’ennui, c’est qu’avec le temps, les langues se délient. Certaines sont prises de remords. Les enfants grandissent et se souviennent de certaines choses. Des photos, la passion du maire, témoignent… Le curé lui-même a laissé des guillemets autour du mot « accident », celui qui a conduit à la mort tragique de Maël…
Je suis encore tout secoué par ce scénario, magnifiquement mené avec des révélations en cascade, des péripéties qui se tiennent et une finale qui…
N’ayant pas trouvé la patte de Sébastien Morice, ni ses couleurs, j’ai, en feuilletant l’album, été envahi par la déception. C’est quoi ces couleurs sombres et majoritairement froides ? Et ces dessins qui n’ont pas la même légèreté de trait ? Mon Dieu ! Mon Dieu ! Mon Dieu ! … Heu… Eh bien, pas du tout ! Une fois les premières récriminations passées, je me suis fait au trait et aux couleurs de Manu Cassier. Je trouve qu’il a su trouver l’accent juste pour illustrer cette histoire de femmes, bien plus sombre que celle du tome 1.
Que vous soyez amateur de bande dessinée ou tout simplement amoureux de belles histoires, plongez-vous vite dans ces deux albums. Et s’il vous est encore possible de dénicher le coffret, sautez sur l’occasion !
28 juin 1914.
Une île au large des côtes de Bretagne.
Un archiduc autrichien assassiné par un jeune étudiant serbe. En Bretagne, et sur une île de surcroît, personne n’en a rien à « kicker » ! Sarajevo ? Connais pas !
Les marins ont du thon à pêcher et les paysans voient que la moisson ne va pas tarder. Seul Félicien, l’instituteur, en lisant le journal, trouve qu’il y a là une sérieuse raison de se préoccuper. Plus vite qu’il ne s’y attendait, les gendarmes débarquent : mobilisation générale ! On sonne le tocsin. Tout le monde est rassemblé. Ordre à tous les hommes de 20 à 50 ans de rejoindre les dépôts pour être équipés et envoyés au front. Pour une fois, la France n’a pas oublié ses « finis terrae », ses terres du bout du monde. Certains hommes y voient une belle occasion de quitter l’île. Personne ne semble envier ce pauvre Maël. Il ne partira pas, lui ! A cause de son pied-bot, il est réformé. Encore un plaisir que le jeune homme ne connaîtra pas ! Il va continuer à vivre avec son veuf de père, brutal et alcoolique.
Très vite, un problème se pose : le facteur aussi a été appelé sous les drapeaux ! Impensable de vivre sans facteur, surtout que les nouvelles des soldats seront attendues avec impatience et qu’ils espéreront recevoir des lettres et des cartes de leurs proches. Le vieux maire a bien une idée : pourquoi ne pas confier la tâche au fils Gréhat ? Maël a un vélo et il sait lire et écrire ! A l’annonce de la nouvelle, le vieux malmène son fils car il prétend qu’il a besoin de lui pour les moissons. Il n’a pas le choix.
Maël est ravi de se voir confier cette tâche et attend tous les jours avec impatience le bateau venu du continent avec son courrier.
Les femmes se sentent bien seules depuis que tous les hommes sont partis. Beaucoup ne savent pas lire. Heureusement, le facteur est là pour leur faire la lecture et, au besoin, pour rédiger une lettre ou une carte. Peu à peu, il entre dans l’intimité de toutes ces femmes… D’autant plus qu’il n’hésite pas à ouvrir le courrier et à prendre connaissance des nouvelles… Il découvre comment se rendre indispensable…
Critique :
Sans les recommandations de mon libraire, je ne me serais pas attardé sur ce magnifique album. Un facteur pour femmes… Sur une île bretonne, en plus ! Non, mais…
Séduit par les dessins de Sébastien Morice et la finesse de son trait plein de douceur, j’ai craqué ! A défaut d’un bon scénario, je pourrais toujours me consoler avec les (très) jolies images de Morice. Et là… Grosse baffe ! Le scénario est admirablement construit… Il vire même au polar ! On s’attache à ce Maël qui, pour arriver à ses fins, coucher avec la plupart des femmes esseulées de l’île, ne va pas hésiter à se comporter comme une fripouille !
Une histoire très humaine… Où les personnages ne manqueront donc pas de défauts… Mais pas que !
Si vous avez la possibilité d’acheter le coffret comprenant les deux intégrales (4 tomes), n’hésitez pas : il est splendide et l’histoire en vaut la peine.
Arkangelsk (Russie).
Le « Fossoyeur » est de retour. Un homme gît sur le sol, vidé de son sang, les mains sur le ventre. Il porte des traces de coutures au visage…
Un an plus tôt. Brescia (Italie).
Giuliano Nero, ancien flic devenu détective privé, s’apprête à sortir alors qu’un homme se préparait à sonner chez lui. Sa fille, Silvia, qui venait d’avoir 26 ans a été égorgée. Au commissariat où il se trouvait avec son épouse, il a croisé le regard de celui que les autorités présentent comme l’assassin, Massimo Scalia. Il est persuadé que ce n’est pas lui l’assassin car il a vu dans les yeux de cet homme une peur terrible. Pourtant, Massimo est le coupable idéal : il s’est présenté au commissariat et a avoué le crime au lendemain du meurtre de la jeune fille, Silvia Zacchini. Il aurait commis son crime dans une scierie. Massimo Scalia n’est pas inconnu de la justice. Il avait violé une femme. Il avait été condamné à une peine de deux ans de prison. On l’avait envoyé en hôpital psychiatrique et en avait été libéré un an plus tard. Affaire résolue ! La police est contente et il ne reste plus qu’à condamner Massimo Scalia… Monsieur Zacchini n’y croit pas. Nero non plus ! Il n’apprécie guère les solutions trop simples. Il accepte d’enquêter…
Critique :
Voilà un polar italien qui se déroule dans une Italie d’où le soleil s’est taillé pour laisser la place à une pluie qui crée une atmosphère glauque et dépressive. J’ignore ce que vaut le scénario d’Alex Crippa vu que l’histoire est loin d’être terminée à la fin du premier tome. L’ancien flic dépressif mène l’enquête avec intelligence sans pour autant découvrir l’assassin, le vrai, pas celui qui accepte d’endosser le crime. Paru en 2006, je risque d’éprouver quelques difficultés à mettre la main sur les albums suivants. Il y a peu de chances que je connaisse un jour le fin mot de l’histoire et notamment pourquoi le récit débute à Arkangelsk…
Les dessins d’Andrea Mutti rendent bien l’atmosphère désespérante du scénario. Froid, pluie et brume sont au rendez-vous et les scènes d’intérieur ne jouissent pas d’un éclairage fabuleux. L’ambiance est plutôt réussie. Il va de soi que je ne serais pas fâché de connaître la suite…
Trois albums de Nero ont été publiés chez Casterman.
Alors comme ça, les Saxons ne veulent pas se convertir au christianisme ? Charlemagne est là pour les convaincre qu’ils ont tort… Et le tort tue… Convertissez-vous mes frères ou mourrez… Le bon roi Charles est convaincu d’avoir été choisi par la main de Dieu ! (Bien avant Diego Maradona.) Il est le phare d’une chrétienté, malgré les très grandes turpitudes de sa vie privée. Une chrétienté qui souffre de la présence des païens au nord et à l’est, et de ces hérétiques de musulmans au sud qui dominent toute l’Afrique, une bonne partie de l’Orient, et le Mare Nostrum des Romains, la Méditerranée.
Bien plus encore que Charlemagne, les soldats apprécient son neveu, Roland, un guerrier intrépide, d’un courage indomptable, prenant toujours plus de risques insensés.
C’est alors qu’il est en pleine séance de conversions de païens à Paderborn que se présentent à lui des musulmans en la personne de Suleyman Ben Yaqzan Ibn Al-Arabi, gouverneur d’importantes cités du nord d’Al-Andalus. Il prétend venir en paix et lui offre les clés de la ville de Saragosse s’il soutient sa rébellion contre l’émir de Cordoue…
Critique :
Pour cet album-ci, l’Espagnol Juan Luis Landa joue les hommes-orchestres puisqu’il assure tout : scénario, dessin et mises en couleur. Un très grand soin est apporté au graphisme et à la mise en page. L’auteur a dû se dire qu’il valait mieux faire ce grand voyage tout seul plutôt que d’être mal accompagné… Et le résultat lui donne raison.
Bien plus que Charlemagne, c’est Roland qui est mis en vedette en preux chevalier. Historique tout ça ? Ben, il y a du vrai dans le récit, quelques simplifications et puis une importance accordée au personnage de Roland que les textes de l’époque et du siècle suivant ne distinguent pas particulièrement des autres comtes. Ce sont les Croisades qui, bien plus tard, vont avoir besoin d’un personnage héroïque sans peur et sans reproche, tout dévoué à l’église catholique, et qui vont faire de Roland ce paladin défenseur de la chrétienté, le plus grand héros de l’ère de Charlemagne. Et comme les Français semblent préférer les glorieux perdants aux vainqueurs, Roland tué à Roncevaux en commandant l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne qui rentre d’Espagne, va devenir une figure mythique du panthéon national aux côtés de Jeanne d’Arc et de Napoléon. (Rappelons que cela ne s’est pas trop bien fini pour chacune de ces figures encore aujourd’hui adulées par bien des citoyens de la république « Bleu-Blanc-Rouge ». Si ça fait mal quand j’appuie là-dessus, dites-le-moi ! Ah, encore une petite chose pour ceux qui l’ignoreraient, si ! si ! il y en a : Waterloo ne fut pas une victoire française, mais bien la défaite définitive de Napoléon et la fin de son empire. Mais je m’écarte du sujet…).
Le récit de ce premier album s’achève sur un moment très fort, engendrant un suspense insoutenable et il nous faudra sans doute patienter un an avant de connaître la suite. Les Francs vont-ils réussir à prendre Saragosse ??? Que ceux qui connaissent l’histoire ne caftent pas pour ne pas briser ce suspense insoutenable !
Encore une petite observation historique : si le Pape approuva la campagne contre les Sarrasins, il aurait préféré que Charlemagne vienne s’occuper des païens qui en Italie menaçaient le trône de Saint-Pierre. Donc, contrairement à ce que rapporte la BD, ce n’est pas un enthousiasme délirant dans la papauté quand Charlemagne se rend dans la péninsule ibérique car il était le seul en mesure de lever les menaces sur Rome. Eh puis, les raisons religieuses invoquées par Charlemagne ont bon dos…
Une très intéressante et agréable bande dessinée qui vaut la peine d’être lue tout en se renseignant quelque peu sur les aspects historiques. Tout n’est pas à prendre au premier degré. Ce n’est pas un livre d’histoire. D’ailleurs, ces « jentils » sortis de sous terre, cela a un côté plus heroic-fantasy qu’historique.
New York City. 1943.
Le zeppelin Hindenburg a amené avec lui les négociateurs du IIIe Reich qui doivent signer la paix définitive avec l’Angleterre. Les opposants à cette paix, dont Roosevelt, cherchent désespérément des preuves qui feraient entrer les USA dans la guerre. Les services secrets allemands sont omniprésents dans la ville, aidés en cela par de nombreux Américains, dont Hoover, le big boss du FBI. Les nazis font tout pour que rien ne retarde la signature du traité. Ils ont hâte d’estourbir les soviétiques et les forces qu’ils laissent face à l’Angleterre seraient bien plus utiles à l’Est. Les Soviétiques le savent et apportent leur aide à Roosevelt pour réunir les preuves nécessaires à convaincre le Congrès du danger que représente le sieur Hitler.
Kissinger attend désespérément des nouvelles de Mary partie en Chine à la recherche de preuves accablantes sur les projets des nazis « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard) visant à éliminer les juifs, mais aussi les tziganes, les homosexuels, les handicapés… Il estime que Mary est plus que probablement morte…
Critique :
Une fois de plus, l’histoire contée par Fred Duval et Jean-Pierre Pécaud nous entraîne dans un mélange de faits et de possibles. Notons au passage la trop grande confiance accordée par les auteurs au roman d’un certain André Malraux (qu’ils ne citent pas) en faisant raconter par un communiste chinois que les Japonais balancent dans les chaudières de leurs locomotives leurs prisonniers communistes. Cet emprunt fait à l’œuvre de Malraux tiré de la « La Condition humaine » est historiquement faux. Dans l’œuvre de Malraux, c’étaient les troupes de Tchang Kaï-chek qui traitaient ainsi les communistes. Rappelons que Malraux n’a jamais mis les pieds en Chine et qu’il n’a jamais été à un mensonge près. On peut être un grand écrivain, et avoir une moralité douteuse quand on prétend rapporter des faits historiques.
Pour en revenir au scénario qui nous occupe, les auteurs n’hésitent pas à faire intervenir et s’entremêler des personnalités bien réelles issues de la pègre et du monde de l’espionnage, mais je n’ai pas envie de spoiler davantage cette histoire en vous révélant quel rôle ils jouent dans ce grand drame.
Je déplore toujours autant la qualité médiocre des dessins de Brada. Je trouve cela regrettable parce qu’une bande dessinée, ce n’est pas qu’un scénario illustré à la va-que-je-te-pousse ! Et une fois encore, l’incroyable couverture est le fruit s’une collaboration entre Nicolas Siner & Fred Blanchard. Une couverture qui « en jette » et aide beaucoup à faire vendre en laissant imaginer que New York est entre les mains des nazis… Non, rien à voir avec « Le Maître du Haut-Château »…
New York City 1943.
Mary Kate Danaher sort de ses cauchemars dans une chambre d’hôpital. Par la fenêtre, elle découvre un énorme Zeppelin arborant fièrement la svastika. Que fait-elle là ? L’attentat ! Elle a échappé de peu à l’attentat préparé par les nazis pour se débarrasser d’elle et de son garde du corps, Sterling. Les nazis auraient-ils pris possession de New York ? Pas tout-à-fait… C’est la fameuse délégation qui se présente pour signer les accords de paix avec le Royaume-Uni vaincu par le IIIe Reich.
Kissinger vient trouver Mary pour lui proposer une petite balade à Shanghai dans la concession internationale. Voyage d’agrément pour se remettre de ses blessures ? Que nenni ! Une nouvelle tentative pour faire capoter les négociations de paix en prouvant que les nazis veulent que les Japonais mettent en œuvre la même politique qu’eux : « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard), faire disparaître les juifs que les Japs ont déjà enfermés dans un ghetto de la ville.
Elle a beau protester qu’elle ne parle ni chinois, ni japonais et qu’elle ne connaît rien à la ville, Kissinger lui montre une photo qui change sa vision des choses…
Critique :
Magnifique couverture, n’est-ce pas ? Elle n’est pas l’œuvre du dessinateur de la bande dessinée, Brada, mais bien l’enfant de Nicolas Siner et de Fred Blanchard. Elle n’a qu’un tout petit rapport avec la bande dessinée elle-même. Il n’y a pas à dire, les éditions Delcourt s’y connaissent pour appâter les lecteurs en confiant à des artistes talentueux le soin de peindre les couvertures. Les dessins de Breda sont toujours aussi sommaires et peu intéressants.
Le scénario est un vrai thriller avec une héroïne que rien, pas même de vilains SS, ne saurait arrêter. Là voilà condamnée à se rendre dans une Chine où les concessions internationales sont encore respectées par un Japon qui n’est pas en guerre avec les Etats-Unis. Les Nippons espèrent que les Américains les laisseront tranquilles pour faire leurs sales besognes en Chine. Ils n’ont rien contre les juifs mais leurs alliés nazis veulent les convaincre de la nécessité de s’en débarrasser. Dans le récit, les auteurs font plusieurs fois référence à un livre de science-fiction réellement publié en 1937, Swastika Night. Ce récit-là n’a donc rien d’une uchronie puisqu’il a été écrit par une Britannique, Katharine Burdekin, quatre ans après l’accession au pouvoir d’Adolph Hitler et deux ans avant l’invasion de la Pologne. Méconnue des Français jusqu’il y a peu, elle dénonçait dans ses romans la société phallocratique britannique… Mais pas que ! Ce roman se situe peu après "Le meilleur des mondes" d’Aldous Huxley, mais bien avant "1984" de George Orwell. Il semblerait qu’elle y parle déjà des chambres à gaz pour éliminer les opposants du régime nazi, idée irrecevable en 1937, quand l’Allemagne était encore considérée comme une nation comme les autres…
New York City 1943.
Bataille d’Angleterre perdue. Churchill ayant démissionné car ne voulant pas d’un armistice. De Gaulle à Moscou. Une conférence de paix doit se tenir à New York pour mettre définitivement un terme à la guerre.
Le très discret bureau 103 est chargé par D.F. Roosevelt de vérifier ce que font les nazis. Roosevelt voudrait convaincre le Congrès de faire entrer les USA dans la guerre. Trois personnes à peine veillent sur ce travail de vérification des documents qui semblent attester des crimes de guerre commis par les Allemands. Roosevelt attend des preuves incontestables, sinon il risque d’obtenir le résultat inverse d’autant qu’un très puissant lobby pro nazi fait tout ce qu’il peut pour contrer le Président.
Critique :
Il y a un excellent rythme dans la bande dessinée qui rend cette uchronie d’autant plus réaliste et crédible que les auteurs Fred Duval & Jean-Pierre Pécaud se sont bien documentés. Je n’ai pas été convaincu par les dessins de Brada. La couverture de ce premier album, très réussie graphiquement est l’œuvre de Nicolas Siner et de Fred Blanchard… Mais sans aucun rapport avec le contenu de ce premier album.
Si le récit est aussi convaincant, c’est parce que beaucoup d’Américains, notamment parmi les plus grands chefs d’entreprise, admiraient les nazis, et que certains auraient bien vu l’installation d’un état fasciste aux Etats-Unis. Vous trouverez ainsi des noms d’entreprises comme IBM, Ford, Thyssen, soutenir financièrement les mouvements favorables aux nazis. On y découvrira qu’au moins un des Bush était dans le coup. L’avantage avec le recul, c’est qu’il est permis d’évoquer certaines choses que l’on préférait taire au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
- J’ai du poisson ! Du beau poisson ! Qui c’est que c’est qui veut de mon beau poisson ?
Cette poissonnière n’est autre que Lydveig, fille d’Aasbjorn. Soudain, une tête est jetée au milieu de son étal de poissons… La tête de son paternel ! Qui va encore vouloir acheter ses poissons ? En fait, c’est un faux problème car elle est là pour signaler à la belle poissonnière qu’elle va être emmenée de force, et pour la convaincre d’être coopérante, les nouveaux-menus blessent grièvement son mari qui s’était porté à son secours, et, surtout, menacent de trucider sa gamine si elle ne se plie pas fissa fissa à la loi du plus fort, celle de mâles crapuleux et violents, sans une once de pitié. Mais que lui veut-on ? Son père était ce que les Vikings appelaient un pisteur. Aujourd’hui, nous dirions un enquêteur ou un détective. Un homme brillant reconnu pour son sens de la justice et son efficacité. Il se fait que le roi Hardeknud l’avait chargé de trouver qui avait osé occire son aîné, et fils préféré, héritier du trône. Le pisteur ayant échoué dans sa mission puisqu’il avait eu la tête tranchée, probablement par une de ces damnées foutues sirènes (Beurk ! Beurk ! Beurk !) c’est à sa fille de reprendre malgré elle la quête où son paternel avait échoué. Elle n’avait plus de contacts avec son paternel qu’elle détestait depuis deux décennies. Elle a six jours si elle ne tient pas à voir mourir sa fille (et on lui promet que ce ne sera pas sans…).
Critique :
Si vous êtes fan des Vikings et que vous trouvez que c’étaient de chouettes gars, courageux, fiers, nobles… Passez votre chemin car ce scénario ne va pas vous plaire. Vous y découvrirez des brutes sanguinaires, des tyrans qui mangent leur parole plus sûrement que leurs harengs, des lâches… Comment ? Il n’y avait pas de lâches parmi les Vikings ? Je vous aurai prévenus… Passez votre chemin, l’histoire ne va pas vous plaire ! Si cela peut vous consoler, il y en a tout de même un ou deux qui s’en tirent noblement. Mais est-ce que les femmes comptent aussi ? Les féministes se réjouiront de constater que les héros sont en fait des héroïnes laissant aux hommes le soin d’assumer tous les vilains rôles…
Plus que jamais les relations entre humains et sirènes sont détestables. Je ne vous dirai pas qui sont les méchants… Ainsi en a décidé le scénariste, Nicolas Mitric, qui nous offre une enquête quasi policière, une leçon de diplomatie qui aurait pu trouver sa place dans « Le Trône de Fer », et des combats avec des éléments déchaînés. Les dessins de Francesco Trifogli et de Maria Francesca Perifano me laissent quelque peu sur ma faim, certains personnages ayant des visages très peu expressifs et des corps très statiques et à peine esquissés. Il y a une jolie mise en couleur d’Aretha Battistutta.
Bref ! Si ce n’est pas un album incontournable, il est tout de même intéressant, surtout par la qualité du scénario sponsorisé par les ligues féministes pour l’extinction totale des individus mâles. C’est l’époque qui veut ça, que les hommes doivent se sentir responsables (coupables diront certaines) de tout ! Si demain un volcan entre en éruption, soyez certain.e.s que la faute rejaillira sur un mec.
Ah, encore un détail : ne vous imaginez pas que les dessins à l’intérieur de la BD sont de la même facture que la fabuleuse couverture due au talent de Josep Homs !
Les tritons doivent rester cantonnés dans leur grotte. Ils ne sont là que pour ensemencer les sirènes. En échange, celles-ci leur procurent de la nourriture. Rien de tel qu’un Norrois pour les sustenter. Mais pourquoi les tritons ont-ils chassé l’un des leurs. Serait-ce parce qu’il porte une rune gravée sur sa poitrine ? Parole de sirène, jamais on n’a vu cela… Et visiblement, cela ne plaît pas aux autres tritons qui n’hésiteront pas à le tailler en pièces s’il y retourne. Aegir, le puissant maître de ce monde sous-marin et époux de Ran n’est pas homme à tolérer une transgression de la loi. C’est donc en cachette que Ran va confier ce jeune triton à sa fille la plus douée, Blodughadda, une vraie peste qui joue des tours à ses sœurs et qui dispose de pouvoirs magiques très puissants. Mais la jeune sirène arrivera-t-elle à cacher à son très puissant père la présence de cet hôte hors de la grotte des tritons ?
Critique :
Bienvenue dans ce conte de fées imaginé par Marie Bardiaux-Vaïente et scénarisé par Gihef. Les fabuleux dessins sont l’œuvre de Livia Pastore et les couleurs sont dues au talent de Bruno Pradelle. Les Vikings dans cet album ne sont que des faire-valoir juste bons à être donnés en pitance aux tritons. Dans ces mers du nord, une sirène d’un type redoutable est introduite par des Norrois qui ont pillé Séville et s’en revienne avec leur butin, dont cette étrange créature dont ils sont loin de se douter de ses pouvoirs maléfiques.
Arnvald s’en revient d’expédition. Une expédition particulièrement fructueuse. Avant la fin de la journée, il devrait apercevoir les côtes. La mer est calme. Le vent souffle dans la bonne direction… Soudain, la brume. Un cri horrible. Une femme qui se noie. Aussitôt, un homme plonge pour aller la repêcher… Des éclairs et… et… une vague géante…
Pendant ce temps à Kättegland, des guerriers s’affrontent dans des joutes amicales qui doivent décider lequel d’entre eux est le meilleur. Soudain, une femme saute dans l’arène, écarte d’un coup de botte le plus costaud des hommes avant d’affronter celui qui, il y a quelques secondes à peine était encore son adversaire et qu’elle vainc sans mal. Le fils du jarl Lothar, le seigneur local. Svein doit absolument vaincre cette incroyable guerrière, sinon, il ne méritera pas de succéder à son père. Freydis le désarme en lui arrachant sa hache avec son épée. Svein est à sa merci, mais Freydis…
Critique :
Deuxième album dans la série Sirènes & Vikings, « L’écume de nacre » est nettement plus réussi que l’album précédent à tout point de vue. Marco Dominici au dessin et à la couleur offre un travail de grande qualité sur un scénario solide où les sirènes et les humains ne font pas bon ménage. Et pourtant…
Pourquoi Freydis, bien meilleure combattante que n’importe quel homme, a-t-elle été abandonnée à la naissance ? Qu’est-ce qui a pu motiver sa génitrice à accomplir un acte indigne d’une mère ? Heureusement pour elle, un couple de pécheurs l’a recueillie et élevée, faisant d’elle leur enfant unique.
Gihef au scénario soulève la question des fidélités. A qui devez-vous appui et assistance ? A ceux qui vous ont mis au monde et abandonné ? Ou à ceux qui vous ont tout donné en vous entourant de leur amour ?
Qu’arrive-t-il lorsque des Norrois pêchant et chassant le phoque capturent une sirène ? Rien de bon surtout lorsque, suite à un malentendu, un Norrois tue l’une d’elles. La reine des sirènes n’est pas franchement contente vu que c’était sa petite dernière, certes, mais sa fille Arnhild est bien décidée à venger la mort de sa sœur. Aussi va-t-elle se rendre chez sa tante, Dufa, afin qu’elle réveille le Jörmungand, un immense monstre marin qui obéit à celui qui dispose de la conque magique, un gros coquillage en forme de trompe, qui en sonnant donne les ordres à exécuter.
Critique :
Premier titre d’une série parue chez « Les Humanoïdes associés » qui laisse à désirer tant par la qualité du scénario, très faiblard, que par des dessins très en dessous des critères actuels. Il se rapproche davantage par son style des Comics américains des années 1930. L’impressionnante couverture, due au talent de Josep Homs, est trompeuse quant à la qualité du graphisme des planches de Phil Briones.
Pour ce qui est du scénario de Françoise Ruscak (qui a l’air de provenir de la collection Harlequin), nous avons un prince viking, Ingvald, intelligent, mais pas assez bagarreur selon les normes des Vikings, qui couche avec une demi-troll. Cette jeune « femme », laide selon les critères norrois, plaît beaucoup à Ingvald qui, finalement, tombera éperdument amoureux d’une sirène, au grand dam de Borglinde, notre semi-troll qui se sentira trahie par celui à qui elle était prête à tout donner.
Sans en arriver à dire que ce bouquin n’arrache pas trois pattes à un canard, pas même une écaille à une sardine, il reste à espérer que la suite de cette série sera plus réussie. Nous sommes ici confrontés à une copie de ce qui fait le succès des éditions Soleil avec un thème commun, Sirènes & Vikings, et un duo auteur & dessinateur différent pour chaque album. Mais nous sommes très loin de la qualité de la série Orcs & Gobelins ou Nains… Du moins pour ce premier album…
Une pisseuse ou un boiteux peuvent-ils devenir des Gardes du Bouclier ?
Non, évidemment ! … Quoique… Rappelez-vous Tiss… Tiss la petite pisseuse dont le père, le capitaine Brahm, était un fameux combattant. Le pauvre homme perdit sa femme lorsque celle-ci accoucha le jour-même où la forteresse-état d’Araker-Um faillit tomber entre les mains des ogres. Heureusement, il ne perdit pas tout ce jour-là. En mourant, sa femme donna naissance à un fils, Dohan. Dohan prendrait un jour sa succession, c’était certain ! Quant à cette pisseuse de Tiss, elle devait veiller sur son jeune frère qui portait tous les espoirs de son père….
Critique :
Nicolas Jarry nous sort, une fois encore, un excellent scénario dans cette excellente série Nains dont il est le scénariste. Il nous entraîne cette fois dans un combat pour l’égalité hommes-femmes, ou plutôt, puisque nous sommes chez les Nains, poilus-pisseuses.
Bienvenue chez les Gardes du Bouclier ! Pas de femelles chez les poilus ! Ce n’est pas leur place. Pourtant Tiss, une pisseuse, demande à y prendre part, et pour cela, elle est prête à tout endurer. Saura-t-elle y prendre sa place allant à l’encontre de toutes les convenances et traditions ?
Appréciez le trait de Nicolas Demare en compagnie du designer, Pierre-Denis Goux, servis par les couleurs de Digikare Studios.
Un album qui fait vraiment honneur à la collection.
Moi, Oösram, j’étais autrefois un grand général. Pour mon roi, Doran, seigneur de la forteresse-état de Gol-Gärsem, je vainquis les troupes de la reine Alyess des puissants clans sylvains des Céliandes. Je mis la main sur leur trésor fabuleux que je crus plus malin de garder pour moi, pour mon complice, Joron et pour ses trois cognards qui l’avaient découvert. Ce sale traître de Joron me dénonça à ce roi à qui j’avais donné la victoire sur les Sylvains.
Au lieu de m’exécuter, il gardait un espoir de mettre un jour la main sur cet or, il me chassa de ma caste de l’Ordre du Bouclier et m’apposa le sceau de l’infâmie sur la poitrine faisant de ma famille et de moi des errants. Il saisit tous nos biens. Ma famille faisait désormais partie des sans-ordre. Interdiction nous était faite de forger, de porter des armes, de commercer en or, ni même d’en posséder. Interdiction m’a été prescrite de bâtir un édifice en pierre taillée. Mon nom et celui de mes ancêtres ont été effacés des registres… Me voilà soumis à la loi pour les Errants… Des sans-ordres et sans-droits…
Critique :
Alors là, Monsieur Nicolas Jarry, chapeau ! Mais que voilà un magnifique scénario qui montre comment un nain riche, puissant, glorieux, perd tout à cause de son avidité, son goût démesuré pour l’or et les pierres précieuses. Mais ce nain qui n’est plus rien, va découvrir la chose la plus précieuse : sa famille ! Il va découvrir ce que cela fait de faire partie des Errants, ces nains mal vus de tous ceux qui appartiennent à un Ordre, taillables et corvéables à merci. Mais quand on a été l’extraordinaire général Oösram et que l’on subi injustice sur injustice, on ne peut que décider de résister pour faire ravaler leur morve à tous ces précieux des Ordres. Et s’il en créait un ? Un ordre pour les Errants ? Pour les sans-ordre ?
Nous sommes maintenant habitués à des dessins de qualité supérieure et Jean-Paul Bordier au dessin ne fera pas mentir la réputation de cette série. Accompagné par Pierre-Denis Goux comme designer et appuyé par Digikore Studios à la mise en couleurs, voici un album très touchant qui sera loin de nous présenter les Nains comme des personnages sympathiques, du moins le roi et sa soldatesque, mais aussi les médecins et les commerçants. C’est qu’on finirait par préférer les culs-verts, ma bonne dame, mon bon monsieur !
Pour rappel, chaque album est une aventure en soi et ne nécessite pas la lecture des précédents tomes… Mais ce serait dommage de s’en priver !
Pas de bol pour Ordo. Il vient d’avoir six ans… Oui, et ? … Il est le sixième fils de la fratrie ? … Bon, d’accord ! Et ? … Il est né le sixième jour de la sixième lune… Ok ! Cela fait beaucoup de six. Mais encore ? …
Ce funeste présage le destinait, dès sa venue au monde, à être offert à la Loge noire de l’Ordre du Talion auquel appartient sa famille.
L’Ordre du Talion ? Késako ? … Quel pisse-lait peut ignorer ce qu’est l’Ordre du Talion ? Bien entendu, la plupart de ses membres sont des commerçants et des négociants, à la fois riches et enviés, mais aussi méprisés par les autres ordres de Nains. Et au sein de l’Ordre du Talion, il y a la Loge noire…
Critique :
Encore un petit passage par la Cité des Sang-Mêlés : « L’initiation consiste à lâcher un gosse de six ans dans les rues pleines de torche-misère de la Cité des Sang-Mêlés, un endroit assez terrifiant pour filer la courante à un seigneur de bataille constipé. »
Vous l’aurez vite compris : se voir destiné à la Loge noire quand on est un môme de six ans n’est pas vraiment un cadeau car il va vous falloir apprendre à survivre et à (beaucoup) souffrir, autrement vous allez crever… Ce qui est grosso modo le cas de 90 à 95% des malheureux gosses confiés à cet ordre d’assassins… Avant qu’ils ne soient aptes à… Heu… Je pense que j’en ai déjà trop dit… Je crois qu’on m’écoute…
Juste un détail : Ordo n’a pas apprécié le sort qu’on lui a réservé. Il en veut à beaucoup de monde… A son paternel en particulier… Il irait bien dire bonjour à sa parentèle…
Encore un magnifique scénario, très sombre. On est dans le monde du meurtre, de l’immonde… De celui qui transforme un gamin en un meurtrier contre son gré. Suivez Ordo, et vous verrez comment le talent de Nicolas Jarry transforme un gamin nain en psychopathe. En psychopathe ? Peut-être pas tout-à-fait… Voire, pas du tout ! Il tue généralement contre son gré. Sur ordre ! Et certains ordres qu’il reçoit, il ne les aime pas !
Cette fois, le dessin a été confié à Stéphane Créty qui a un trait très efficace rendant parfaitement le mouvement et les traits des personnages, qui ne connaissent en général qu’un sentiment dans cette aventure : la colère noire !
Une fois encore, les couleurs ont été confiées à Digikore Studios pour un magnifique résultat qui ne dépareille pas les dessins de Créty.
Moi, Redwin, fils d'Ulrog, je me demandais pourquoi mon père refusait-il toujours de m’enseigner la forge de bataille ? Pourquoi gâchait-il son talent à fabriquer des outils ou des bijoux, aussi magnifiques soient-ils ? Pourtant, autrefois, il était admiré de tous pour son incroyable talent à fabriquer des armes runiques.
J’étais la risée des autres nains. J’étais le fils du lâche ! Rom, qui avait mon âge me rossait régulièrement. J’avais soif de vengeance. Je voulais devenir un Seigneur des Runes.
A l’insu de mon père (et non à l’insu de mon plein gré), j’ai bâti ma propre forge et entrepris de fabriquer des armes, mais celles-ci étaient de bien médiocre qualité… Jusqu’au jour où mon oncle est venu me chercher. Forgeron talentueux, il m’apprit la forge de bataille et comment concevoir les meilleures armes. Mais pas que ! Il m’apprit à me battre car un Seigneur des Runes se doit de combattre. Me voilà prêt à affronter mes premiers adversaires, pour cela mon oncle m’a conduit dans une ville libre et indépendante, la Cité des Sang-Mêlé. Je vais devoir vaincre ou mourir…
Critique :
Voici le premier album de la série nains. Nicolas Jarry développe un scénario basé sur un conflit père-fils, mais je devrais plutôt dire fils-père. Un père qui aime son fils plus que tout et qui ne tient pas à ce qu’il gâche sa vie à courir derrière la gloire, les honneurs et l’argent. Un père qui veut avant tout que son fils soit heureux et ne se noie pas dans son orgueil. Mais comment son fils pourrait-il accepter d’être humilié par les gens de son âge qui ne voient pas en lui un vrai nain, encore moins un membre de l’Ordre de la Forge, le plus prestigieux des cinq ordres ? Sa décision de rompre avec son père et de lui garder une rancune tenace ne va-t-elle pas le mener à sa perte ? Enormément d’émotion dans cette bande dessinée. Il y a clairement du Freud dans cette histoire. J.L. Istin, l’homme qui scénarise plus vite que son ombre, a refilé cette idée originale à Nicolas Jarry qui l’a superbement développée.
Les dessins de Pierre-Denis Goux sont d’un grand dynamisme et donnent une impression de mouvement très réussie. J’aime tout spécialement ses décors, comme c’est le cas dans la plupart des livres des aventures en Terres d’Arran. Mon bémol, ce sont les monstres. Je n’aime pas les monstruosités qui, avec la magie, inondent la fantasy. C’est que j’ai un petit cœur sensible, moi !
Les couleurs ont été confiées à Digikore Studios, où ses équipes ont fait de l’excellent travail.
La Poisse, tel est mon surnom. Je suis un semi-orc, un mélange de gobelin et d’orc. Pourquoi « La Poisse » ? C’est une longue tradition familiale. Une cochonnerie de sorcier arriéré a jeté un sort à un de mes ancêtres il y a des centaines d’années. Depuis, le premier-né de chaque fratrie de la famille se tape ce fardeau.
La poisse, ça tue pas, ça abîme, ça endurcit son gobelin… Mais là, avec deux couteaux plantés dans le dos, c’est peut-être très joli comme décoration, mais cela vous affaiblit un Orkelin. Je n’ose pas me les arracher de peur de me vider de tout mon sang. Il faut que je retrouve les survivants de ma compagnie. Et pour ça, il faut que je pénètre dans cette maudite ville où ma compagnie a été piégée… Mais… Mais j’hallucine ! Je vois et j’entends Pépère, mon grand-père mort il y a vingt ans. Qu’il a l’air con avec cette flèche plantée dans le ciboulot ! Mais qu’est-ce qu’il me veut ?
Critique :
Après avoir dévoré les 4 premiers tomes d’Orcs et Gobelins, mon enthousiasme retombe quelque peu avec ce cinquième album qui fait la part belle à la sorcellerie. Olivier Peru nous assène un scénario bien construit de Dark Fantasy où les fantômes vivent parmi des vivants qui ont souffert quelques ratés à la conception. Ces monstruosités plairont sans nul doute aux adeptes des films d’horreur dont je ne suis pas. Je n’ai jamais apprécié un seul massacre à la tronçonneuse ni la moindre « carie » même si mon dentiste est un ami. Du coup, même si Benoît Delac a conçu un excellent story-board et que Stefano Martino a montré un sacré coup de patte pour le dessin, J. Nanjan soignant les couleurs, ce n’est pas l’album que je glisserai dans mon panthéon de la BD d’heroic-fantasy.
La Cité des Sang-Mêlé est le lieu où se côtoient toutes les races, tous les croisements improbables, la plupart étant des êtres sans foi ni loi. Au départ, ce n’était qu’un trou puant où s’agglomérait la fange de tout ce qui parlait et marchait sur deux pattes dans ce coin du monde. Un lieu bien trop malodorant et inquiétant pour la noblesse aux narines si délicates qu’aucun de ses membres n’osait venir s’en emparer.
C’est de cet enfer que va surgir une nouvelle noblesse qui s’est extirpée de la bassesse du lieu pour bâtir la cité, imposer un code, un garde-fou contre le chaos. Le pire des traîne-savates connaît les règles qui nous empêchent de nous entre-dévorer.
Je m’appelle Sa’ar et je suis parvenu au sommet de la tour qui domine la cité. Je suis le Maître, celui qui veille au code. C’est la Cité qui m’a choisi. Personne ne m’a désigné. Je n’ai pas été élu. Je ne suis pas roi. Je resterai le Maître tant que la Cité voudra de moi. Aujourd’hui, un jeune gobelin ambitieux et virevoltant, Gnar la Gargouille, issu des mangroves comme moi, rêve de prendre ma place. La Cité a peut-être décidé de me remplacer…
Critique :
Nicolas Jarry est un extraordinaire scénariste et il le prouve une fois encore avec ce quatrième album de la série « Orcs & Gobelins ». Un album très « bavard » pour la bonne cause. Il permet de retracer en un livre de 56 pages la vie d’un gobelin qui a souffert tant et plus pour s’élever tout en haut de la Tour qui domine la Cité des Sang-Mêlé. Sa’ar en a bavé depuis qu’un immonde gobelin issu de son village de pêcheurs a été épargné après un crime. L’infâme est revenu avec des esclavagistes qui ont trucidé tous les villageois qui ont tenté de résister. Sa’ar a été vendu comme esclave à des marchands de poisson. Il croupissait dans les sinistres caves d’une fortification bâtie sur un récif perdu au milieu de l’océan. Des centaines de ses congénères s’y activaient, dans des conditions épouvantables, à trier les poissons, à les vider, les saler et les mettre en caisse. Là, il va apprendre que ce sont les plus forts qui décident et les plus faibles qui subissent. Il y perdra toute innocence et retiendra la leçon.
Deux dessinateurs, au talent fou, l’Italien Paolo Deplano et le Serbe Bojan Vukic, donnent vie à cette improbable cité et à des personnages d’un dynamisme fulgurant. Les moindres détails de la Cité ont été peaufinés.
Digikore Studios démontre une fois de plus le savoir-faire de son personnel dans cette brillante mise en couleurs.
Même si le vert a tendance à vous faire gerber, même si vous n’éprouvez aucune sympathie pour les peux-vertes, ne passez pas à côté de ce magnifique thriller rebondissant.
Mais quel mal de crâne ! Bon sang ! Et c’est quoi cet œil qui m’empêche de voir correctement ? Où suis-je ? Comment suis-je arrivé ici ? Qu’est-ce qui cloche dans cette ville ? … Les habitants ? Où sont passés les habitants ? … Quelques souvenirs me reviennent… Je m’appelle… Merde ! Qui me tire dessus ? Encore un peu et cette flèche me transperçait de part en part… Je ne suis donc pas seul. Qui que tu sois, espèce d’archer, je vais te trouver, foi de Turuk ! Turuk ? Ainsi donc, je m’appelle Turuk !?
Critique :
Pour le premier numéro de la série Orcs & Gobelins, Istin nous sort un magnifique scénario qui nous permet de faire la connaissance avec un semi-orc intelligent (ça doit être le côté « semi » plus que le côté « orc »). Notre héros, Turuk, n’est pas le plus costaud, mais très vite on s’aperçoit que d’autres orcs, même plus solidement bâtis, lui obéissent. Notre nouvel ami Turuk n’est pas exempt de défauts, surtout que le côté « orc » fait que la parole donnée… Peu importe, Turuk va retrouver deux amis orcs, pour autant qu’on puisse être amis chez ces gens-là, et pour les besoins de sa survie, il va faire un pacte avec une horrible ennemie puisque c’est une elfe des bois. Nécessité fait loi. Elle est plutôt bien roulée et en d’autres circonstances, le charme imparable de Turuk le pousserait à lui conter fleurette, même si, il y a quelques temps encore, elle était leur gardienne dans la terrible prison d’Armuhr. Ils auront bien besoin d’allier leurs forces car la ville où ils se trouvent, si elle fut autrefois accueillante et prospère, n’est aujourd’hui plus un lieu où poser ses pieds, fussent-ils des panards d’orc ! Et pour tout arranger, cette ville se trouve sur une île et pas un bateau à l’horizon…
Les dessins et la mise en couleur du Brésilien Saito sont splendides, et en plus de talents en dessin d’architecture, ses personnages sont très convaincants et magnifiquement mis en valeur.
Un formidable début pour cette nouvelle série.
La couverture donne le ton ! Il est fort probable que nombre de personnes seront scandalisées par le contenu de ce petit livre. Yanick Grossetête ne fait pas dans la dentelle. Son humour est corrosif pour ne pas dire carrément vulgaire, mais c’est là une question d’appréciation personnelle.
Le sociologue y verra une étude sur les mœurs de notre temps, le psy toutes les perturbations mentales qu’entraîne notre mode de vie, le religieux un livre satanique qu’il faudrait faire flamber sur un bon bûcher en compagnie de son auteur, le philosophe la décadence d’une société après l’apogée d’une civilisation qui a tout de même donné lieu à au moins deux guerres mondiales reconnues, le sexologue les bienfaits de diverses techniques visant à se procurer du plaisir, le pédagogue ce qu’il pourrait bien y avoir d’instructif , le juge un nombre incalculable de délits…
Je laisse à chacun la liberté de se situer dans ce vaste champ des sentiments humains en fonction de son passé, de ses expériences, de son éducation…
Ah, Don Benvenuto ! Comme tu portes mal ton nom puisque tu ne sembles guère être le bienvenu à ton retour à Ciudalia !
Tu as vraiment une sale gueule. Des cicatrices partout. L’empoisonnement et le passage à tabac que tu as subis ont laissé des traces. Tu n’es pas sorti indemne de ton séjour chez les Ressiniens
Oui, bien sûr, tu t’attendais à pire vu que tu as tout de même assassiné Bucefale Mastiggia. Mais shuuut ! N’est-ce pas là le rôle d’un membre de la Guilde des Chuchoteurs que d’assassiner ?
Tu as été très surpris d’être reçu en héros. Même le père Mastiggia t’a embrassé puisque son fils est mort dans tes bras… Enfin, ce qui importe c’est ce que les gens croient et non ce qui s’est passé.
Et puis, quel magnifique accueil de la part de ton employeur, Leonide Ducatore, celui pour qui tu as rempli cette mission très secrète… Et sa fille ? Que te veut-elle ? Pourquoi te tourne-t-elle autour ? Encore des emmerdes en perspective…
Critique :
Voici déjà, ou « enfin », c’est selon, le troisième tome de « Gagner la Guerre ». On retrouve un Benvenuto en piètre état, amaigri, affaibli, pratiquement sans dents, ayant perdu de sa souplesse, et les réflexes amoindris. Un homme qui ne souhaite qu’une chose : qu’on lui foute la paix ! Pas de bol ! Il va avoir droit aux honneurs et aux emmerdes, mais à aucun moment à la tranquillité à laquelle il aspire tant.
Les protagonistes sont nombreux et ne rendent pas cette histoire compliquée facile à suivre surtout que leurs noms se ressemblent tous. Et vas-y que je te donne du « don » par-ci et du « donna » par-là…
Pas de combats dignes d’un soldat, mais quelques rixes. L’essentiel du scénario repose sur la diplomatie (façon élégante de parler des coups-tordus et des assassinats).
Une histoire qui se termine par… la nécessité de patienter jusqu’à ce que l’album 4 soit disponible.
Genêt tire profit de l’histoire écrite par Jaworski. C’est lui aussi qui dessine. J’ai le sentiment que ses dessins sont moins fignolés que dans les albums précédents. J’ai parfois l’impression de contempler des esquisses dans certaines cases plutôt qu’un dessin achevé. Pas facile pour Genêt de tenir le rythme vu qu’il porte tout sur ses épaules, même s’il bénéficie de l’aide d’Annelise Sauvêtre pour la mise en couleurs.
Un conseil : relisez le tome 2 si vous voulez comprendre le tome 3…
Ceux qui croient me connaître, moi, Benvenuto Gesufal, savent que je suis un mercenaire, un assassin, à présent au service du machiavélique podestat Ducatore. Je suis monté en grade… Je suis devenu son bras-droit. Officiellement ! Parce qu’officieusement, je suis bien plus que ça : je suis son espion, son homme des basses oeuvres…
Je suis prêt à tout pour m’enrichir. Vous me trouvez ignoble ? Pourquoi, moi, mercenaire, devrais-je être différent de ces nobles qui ne poursuivent d’autres buts que l’accroissement de leur puissance et de leurs richesses ? En quoi sont-ils plus « nobles » que moi ? Je travaille pour celui qui est probablement le plus retors, le plus fourbe (le plus doué) d’entre eux, le podestat Ducatore …
Assez parlé de Benvenuto. La République de Ciudalia est en guerre. Etonnant, non ? Le Royaume de Ressine (des espèces d’enturbannés) est sur le point de tomber. La ville portuaire de Cyparissa s’est déjà écroulée sous les coups de boutoir du régiment Burlamuerte. Ces magnifiques soudards ont bien profité de leur prise, si vous voyez ce que je veux dire… Cassio Cladestini est sur le point d’emporter une victoire décisive à la tête de la flotte…
Critique :
Avant d’aborder la lecture de cet album, il est souhaitable de lire le 1er tome de « Gagner la Guerre », histoire de faire connaissance avec Benvenuto qui est le fil conducteur au sein de cette histoire pleine d’intrigues, de trahisons, de coups fourrés, de batailles et de meurtres en tout genre…
Il y a tellement de complexité dans les relations entre protagonistes qu’on est obligé de lire et de relire certains passages pour s’y retrouver entre faux-alliés et vrais ennemis… Avec qui il est parfois intéressant de s’entendre pour se débarrasser de rivaux encombrants…
L’auteur belge Frédéric Genêt, en adaptant une histoire du célèbre Jean-Philippe Jaworski, nous entraine dans une histoire qui, dans le genre sans foi ni loi, n’est pas sans rappeler « Le Prince » de Machiavel et les luttes pour le pouvoir et la richesse dans l’Italie de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, d’autant que les adversaires ressemblent furieusement aux Arabes, à moins que ce ne soient des Turcs ou des Perses… On s’en fout ! Ce sont des ennemis qu’il faut dégommer car la République de Ciudalia ne fait pas dans la dentelle et l’humanisme. Si vous avez un côté sentimentaliste, que vous êtes allergique aux anti-héros traîtres, aux paroles non tenues, passez votre chemin ! Même si vous éprouverez de la sympathie pour Benvenuto, ne vous y trompez pas ! Ce type n’est qu’une crapule amorale, il n’agit que pour ses intérêts personnels… Et comme il n’est pas le seul…
N’ayant pas lu l’œuvre originale de Jaworski il m’est impossible d’établir une comparaison. Ma critique ne tient donc compte que de la BD. Celle-ci est impressionnante par la qualité du dessin de Frédéric Genêt qui alterne de nombreuses scènes d’une violence incroyable avec quelques décors tranquilles de toute beauté. Son dessin est à l’image de son propos : sanglant, rapide, percutant. Un petit mot pour signaler que la superbe mise en couleurs est le fruit d’une collaboration entre Annelise Sauvêtre et Frédéric Genêt. Hé, oui, encore lui !
Imaginons que vous vous appeliez Isidore… Pourquoi pas ? Cela ne fait pas de vous un assassin, n’est-ce pas ? Imaginons maintenant que vous ayez un apprenti et qu’il s’appelle Chris… Vous viendrait-il à l’idée de prendre deux poutres quelques clous et de le crucifier ? Non ? Nooon ? … Alors c’est que cet infâme individu paresseux, fainéant, mou, nonchalant, inerte, oisif, flâneur, engourdi, apathique, endormi, flemmard, inactif, lambin, désoeuvré, oiseux, négligent, atone, tire-au-cul, tire-au-flanc, molasse, faignasse… Et j’en oublie ! ne travaille pas pour vous… Enfin, « travailler » sonne comme un gros mot lorsqu’on évoque pareil individu… Juste bon à s’endormir en laissant une lampe à souder allumée… qui va faire partir en fumée votre gagne-pain !
Il vous reste des clous ?
Critique :
Après avoir lu un thriller passionnant mais où les personnages ne respirent pas tous une santé des meilleures, les uns parce que leur cerveau mal oxygéné ne véhicule que des idées noires, d’autres parce qu’ils ne sont plus oxygénés du tout, plus très mobiles, pas beaux à regarder, et en définitive plus morts que morts, c’est un bonheur de se plonger dans les gaffes à répétition d’Isidore et de ses petits camarades garagistes ou non.
Gaston Lagaffe a fait des émules, tant au niveau du dessin, merci Stédo (Stéphane Dauvin) qui dessine également les aventures de Boulard, qu’au niveau du scénario, merci François Gilson !
A lire sans modération.
PS : Si vous êtes propriétaire d’une voiture, ne lisez pas cette BD ! Vous allez vous faire beaucoup de tort !
Les Nouveaux Spartiates font chanter le gouvernement suédois. Celui-ci dispose de 72 heures pour verser, en bitcoins, une rançon de 30 milliards de couronnes suédoises. Faute de quoi, le groupuscule suprémaciste blanc et libertarien rendra public les données du Data Center des services secrets et l’intégralité du projet de surveillance Hugin visant à connaître le moindre détail de la vie, non seulement des Suédois, mais de tous les Européens.
Le ministre de l’Intérieur l’a en travers de la gorge car il n’était au courant de rien ! La première ministre estimant qu’il s’y opposerait avait décidé qu’il ne devrait pas en être informé. C’est donc à un tout petit niveau que l’affaire a été décidée entre la cheffe du gouvernement et le chef des services secrets…
Pendant ce temps, Salander est toujours enfermée avec son otage libertarien et « masculiniste » dans un hôtel. C’est l’homme qui donne des conférences à des prix très élevés pour que de futurs machos sachent comment séduire les femmes. Mais ce calme relatif pourrait bien ne pas durer… Alpha, le maître des Nouveaux Spartiates à donné l’ordre à ses troupes d’attaquer…
Critique :
Et c’est une fois de plus à du cent à l’heure que Runsberg entraîne le lecteur dans cette folle équipée avec une Lisbeth Salander qui ne lâche jamais prise, des complotistes suprémacistes, racistes, libertariens menés pas un chef tout-puissant, un gouvernement suédois pris à la gorge et des journalistes inquiets pour l’un des leurs qui a disparu depuis quelques jours et qui est accusé par l’extrême-droite d’avoir tabassé lourdement quatre des siens avec des islamo-gauchistes…
Bref ! C’est tambour battant que l’auteur a ajouté un chapitre de plus à l’œuvre du regretté Stieg Larsson. Mon plaisir devrait donc être complet. Il ne l’est pas car je n’ai toujours pas digéré la qualité du dessin. L’œuvre méritait mieux. Bien sûr, le trait est dynamique, mais ce n’est pas suffisant quand je pense aux standards actuels. Le fait qu’Alpha ait des airs de Trump ne suffit pas.
Ne vous fiez pas à la qualité des illustrations des couvertures pour vous figurer que vous allez trouver la même dans les planches ! Les couvertures sont très réussies, la dernière tout particulièrement… Mais un album se limite-t-il à une splendide couverture ?
Retour dans le temps…
Plague, un super hacker, un élément clé de Hacker Republic, annonce à Lisbeth Salander qu’il quitte le groupe. Il doute de la sincérité de la motivation de nouveaux-venus au sein de cette famille de hackers. Un certain Télècle l’inquiète plus particulièrement car il milite pour des actions violentes. Lisbeth lui crie à la face que personne n’est irremplaçable. Pourtant, elle aurait bien besoin de Pleague !
Plusieurs mois plus tard…
En compagnie de Blomkvist, le célèbre journaliste de Millenium, après avoir réussi à échapper à des agresseurs très mal intentionnés à leur égard, elle s’introduit chez Plague. Visiblement, celui-ci a disparu depuis un temps certain. Serait-il parti en voyage ? Impensable ! Il déteste s’éloigner de chez lui. Il serait parti sans ses figurines, ses mangas et ses DVD auxquels il tient plus que tout ? Inimaginable ! Et le ménage a été fait sur son ordinateur…
Ce que Lisbeth ignore, c’est que la caméra de Plague est restée allumée et qu’à plusieurs kilomètres de là, les ravisseurs qui ont enlevé ses trois amis la voient et lancent l’alerte pour que leurs complices s’en emparent… Il la leur faut vivante…
Critique :
Bon ! Ok ! Le scénario, c’est du déjà vu ! Cependant, Runberg sait se montrer très efficace pour mener ce thriller à du cent à l’heure et pour donner envie de poursuivre la lecture sans s’arrêter une seconde. Nous revoilà partis sur les traces d’un groupuscule qui rêve de créer un nouveau monde de type libertarien avec un petit plus qui ressemble à une méchante dictature. Ses membres se la jouent nouveaux Spartiates. La faiblesse n’est pas tolérée chez ces musclors violents et obsédés par leur vision de la liberté. (Ils ne conçoivent pas ce mot de la même manière que les auteurs de dictionnaires.)
Les dessins sont toujours aussi dynamiques mais les visages, particulièrement, me déçoivent. Ces illustrations m’empêchent d’apprécier pleinement le récit… Mais je vais aborder tout de suite le troisième et dernier tome de cette aventure.
Göteborg (Suède). 13 août.
Lisbeth Salander et sa copine Trinity veulent assister au festival « Way out West ». Elles n’y sont pas encore car Trinity tient à se procurer de la MDMA. Elle a besoin d’un peu de détente vu qu’elles passent des journées enfermées, des journées de vingt heures dans l’appartement de Lisbeth, sur leurs ordis. Elle mérite bien un peu d’évasion non ?
Eh, bien, ce ne sera pas pour aujourd’hui ! Une camionnette surgit dans la nuit. Des hommes qui prétendent appartenir aux services de sécurité suédois s’emparent de Trinity et ratent de peu Lisbeth…
Critique :
Rien de neuf sous le soleil ! Salander est une fois de plus confrontée à un (des ?) complot(s). Dans sa ligne de mire une sorte de jeune premier, genre beau gosse propre sur lui : Sten Windoff. Ce faux gentleman est le président d’un parti d’extrême-droite raciste, homophobe et antiféministe, les Républicains suédois. Les idées sont simples : la Suède aux « vrais » Suédois ! Les femmes à la maison pour s’occuper du foyer, aux hommes seuls de prendre les décisions, dehors les étrangers, les gauchistes, les homos, et j’en passe et des meilleures. Ce parti risque fort de sortir vainqueur des prochaines élections qui sont toutes proches et de se retrouver au gouvernement. Les sondages les créditent de 34 % d’intentions de vote…
Mikael Blomkvist, du journal Millenium enquête sur lui et voudrait mettre en avant son passé de néo-nazi… Il risque de voir son nombre d’os se démultiplier pendant que, dans le même temps, ses gencives perdraient quelques dents qui encombreraient sa bouche si les partisans de Windoff ne veillaient pas à lui rectifier le portrait.
Lisbeth a d’autres préoccupations : l’enlèvement de sa copine hackeuse et une banque de données monstrueuse, créée pour les services secrets suédois, qui récolte la moindre miette d’information, non seulement sur les Suédois mais aussi sur tous ceux qui habitent en Europe, Russes compris… La NSA peut aller se rhabiller. Si Salander arrive à prouver cela, nul doute qu’une grave crise éclatera. Le pire, c’est ce qu’un Sten Windoff au pouvoir pourrait faire d’un monstre pareil…
Pour ceux qui douteraient que pareille chose soit possible, sachez qu’en Belgique, le plus grand parti du pays est le Vlaams Belang, un parti d’extrême-droite, raciste et xénophobe, qui a à sa tête un jeune homme propre sur lui…
Le scénario est tout ce qu’il y a de plus convenu. Il y a un côté déjà vu, comme dans « 24 heures chrono ». Mais reconnaissons que Runsberg s’en tire magnifiquement bien puisqu’il donne un rythme d’enfer à l’histoire. Là où le bas me blesse, c’est au niveau du dessin de la dessinatrice Ortega. Si l’action est très bien rendue, les visages sont assez sommaires, pas toujours très convaincants.
Vous m’excuserez de vous abandonner là, mais le deuxième album m’attend…
Louisiane, à proximité de la base England de l’USAF.
Pourquoi Nicholas Beaulieu, de retour aux USA ne se rend-t-il pas chez lui, voir sa femme et sa fille, son vieux père ? Pourquoi passe-t-il son temps à évoquer des souvenirs du Vietnam avec d’autres pilotes ?
C’est là qu’Heather, l’ex-petite amie de son meilleur ami, Josh Larue, qui s’est fait passer pour sa cousine auprès des collègues de Beaulieu, débarque pour l’interpeler. L’engueuler serait plus exact.
Elle aimerait aussi avoir des nouvelles de Josh. Beaulieu lui avoue que Larue est toujours vivant mais qu’il lui a fait promettre de dire à Heater qu’il était mort.
Finalement, Beaulieu s’engage à demander une permission pour aller retrouver sa famille. Mais va-t-il tenir parole ?
Critique :
Cette bande dessinée, dont l’histoire se compose de trois albums, a le grand mérite d’évoquer les changements que la guerre a opérés sur ces combattants. Après les horreurs qu’ils ont connues et commises, y a-t-il une réinsertion possible dans un monde tel que les USA ? Un univers où les gens ne comprennent pas ce qu’ils ont vécu et où on ne leur pardonne pas de ne pas revenir en vainqueurs. Il fallait être sur place pour se rendre compte que c’était un combat que les Américains ne pouvaient pas remporter. La drogue fait des ravages, beaucoup de combattants ayant l’impression qu’ils n’ont plus rien à perdre.
Les dessins d’avions, hélicoptères, véhicules et paysages sont toujours aussi beaux. Les couleurs sont magnifiques et le scénario est solide. Alors pourquoi cette bande dessinée n’est-elle pas plus connue ?
Port d’Anvers (Belgique).
Fin novembre 1955.
Le bateau qui vient d’accoster a connu une avarie en pleine mer. Une partie de son chargement a connu bien des misères. Les très nombreux animaux qu’il transportait dans sa calle sont morts. La puanteur est phénoménale à cause de tous ces cadavres en décomposition. Tous les animaux sont morts ? Tous ? Non ! Un animal d’une férocité redoutable a survécu… Une bête indescriptible. Singe ? Léopard ? Ours ? Un croisement improbablement entre espèces ? A coup sûr, un MONSTRE…
Critique :
Le Marsupilami tel que vous ne l’avez jamais vu ! Fini, le gentil et comique marsupial destiné à faire rire les enfants ! Tremblez jeunes gens ! Evanouissez-vous jeunes filles ! Une bête dangereuse, incontrôlable, s’est échappée.
Et qui va la recueillir ? Un marmot qui ne cesse de ramener chez lui toutes les bestioles à plumes ou à poils qu’il rencontre et qui sont souffrantes, blessées, ou trop vieilles et condamnées à l’abattoir. François. Il s’appelle François. François Van Den Bosche, un nom tout ce qu’il y a de plus belge. Belge ? Vraiment ? Vous êtes sûrs ? Alors, pourquoi ses charmants compagnons, dont le premier de classe, l’appellent-ils Van le Boche ? pourquoi est-il le souffre-douleur de trois de ses très estimés compagnons de classe ?
Il faut que je vous avoue que sa mère a commis, vers la fin de la guerre, l’irréparable. Elle a aimé un soldat allemand ! Un sale Boche ! Depuis, elle est considérée par les bonnes âmes comme un être impur. N’est-elle pas mère-célibataire ? Et qui c’est que c’est qui a semé la petite graine, hmm ? Une moins que rien ! Tout le monde le sait ! Cette petite dévergondée et son mioche ne méritent pas de…
Pour gagner modestement sa vie et nourrir son fils, elle vend des moules au Marché au Poisson.
Vous en raconter davantage serait criminel, alors affrontons courageusement, les femmes et les enfants d’abord, tous ceux qui vont vomir cette bande dessinée. Leurs arguments ne manqueront pas : « Quelle trahison ! Comment est-ce possible ? Que fait l’ONU ? Pourquoi l’OTAN ne bouge pas ? Virez le gouvernement ! Et le Pape ? Pourquoi il ne dit rien, le Pape ? Encore un coup des islamo-gauchistes d’extrême-droite ! Comment a-t-on pu transformer le gentil Houba ! Houba ! Marsupilami, en être démoniaque qui fait peur aux enfants (et à beaucoup de grands) ? Qu’est-ce que donc que ce langage peuplé d’astérisques qui renvoient à des sous-titres parce que l’auteur recourt à une langue barbare ? Pourquoi autant de cases sans le moindre dialogue ? Qu’est-ce que ce format débile si éloigné du véritable format BD franco-belge ? Et ces couleurs ! Non, mais ! Vous avez vu ça ? Des bruns… Des gris… Des marrons ! Beurk ! Beurk ! Beurk ! »
Je ne suis pas payé pour défendre les auteurs, mais, ne tirez pas ! Moi, j’ai adoré ! D’abord, ce langage barbare, c’est du bruxellois ! Quand j’étais enfant (c’était il y a quelques décennies) tous les enfants et une majorité d’adultes s’exprimaient ainsi « en français » à Bruxelles. (Répétez après moi : Brusssselles et pas BruXXXXelles !) Zidrou a rendu crédible une histoire qui se déroule essentiellement en Belgique, et plus particulièrement à Bruxelles au milieu des années cinquante.
Le format, peu pratique, il est vrai, pour le glisser dans sa bibliothèque aux côtés d’autres BD est celui qui a semblé graphiquement le mieux adapté à l’œuvre originale que Zidrou et Frank Pé ont réalisée. De temps à autres, il y a de très grandes cases avec des dialogues minimalistes… Mais à quoi bon causer quand l’image est tellement forte qu’elle se suffit à elle-même ? Les premières planches sont dignes des films les plus noirs avec cette pluie, la nuit, qui, rien qu’à la vue des images, vous donne froid dans le dos et vous transperce comme le fait la pluie glaciale d’automne qui annonce l’arrivée de l’hiver. C’est glauque… Parce que l’histoire est glauque ! Tant le sort de ces animaux que celui du marsupilami dont on continue de tout ignorer, que celui de ce garçon et de sa maman, abandonnés à leur triste sort. Pourtant, en dehors de François et de sa mouma, il y a d’autres personnages lumineux dans ce récit… Heu… Aurais-je vraiment mis « personnages » au pluriel ? Ah ! Veuillez m’excuser… Le « s » est en trop ! Il y a un personnage d’une rare gentillesse dans ce monde de brutes : monsieur Boniface, l’instituteur de François. Il est … Heu… C’est sa vie privée, si vous voulez en savoir plus, lisez « LA BÊTE » !
Frank Pé a un rare talent pour la caricature, les expressions du visage. C’est tout simplement exceptionnel et les couleurs me semblent très bien adaptées au contexte historique et sombre du récit.
Beaucoup ne partageront pas mon avis, je m’en fous, j’ai adoré et j’attends une suite car l’histoire se termine sans se terminer et il semble clair qu’il y aura un « à-suivre » puisque les auteurs ont jugé bon de préciser « Fin de l’épisode » !
Sans le savoir, les deux vieux amis se retrouvent en Alabama en permission. Larue pour rendre un dernier hommage à son père mort dans un « accident » dans sa caravane qui a complètement flambé et Baulieu pour revoir sa femme et sa fille… pour lesquelles il ne manifeste aucun intérêt…
Le père Baulieu se prépare à se lancer en politique. Ce serait bien de montrer à ses côtés un fils médaillé. L’ennui, c’est que les médailles pour ceux qui se battent au Vietnam ne semblent être distribuées qu’au goutte-à-goutte.
Pourtant, le lieutenant Beaulieu, à bord de son coucou prend des risques énormes pour dénicher les Viêts. Son ami Larue est rentré très secoué de sa permission. La femme qu’il aime a un autre boy-friend. Elle ne l’a pas attendu. Larue a le sentiment d’avoir tout perdu aux USA, son père, sa petite amie… Il lui reste les tracas du sergent Garcia… Pardon, du shérif local qui continue à tout faire pour l’em… . Son séjour au Vietnam n’est guère plus réjouissant. Chaque sortie se solde par des pertes. Le voilà promu sergent, le sien ayant été abattu. Une nouvelle qui ne lui fait guère plaisir…
Critique :
Michel Koeniger, seul maître à bord, réalise une fois de plus tout dans cet album. Les scènes où interviennent avions et hélicoptères sont splendides. Si faiblesse il y a dans le dessin, c’est du côté des personnages.
Quant au scénario, il donne un petit aperçu de ce qu’a pu être cette guerre du Vietnam dans l’horreur. On la voit bien du côté des soldats américains puisque nous suivons nos deux héros venus de l’Alabama, mais on la devine du côté vietnamien à cause de ces bombardements où le napalm est roi. L’auteur ne montre ce qui se passe du côté vietminh que lorsque les soldats sont engagés pratiquement au corps-à-corps au sol. Vu du ciel, juste des explosions, des boulles de feu, des fumées.
Le moral de tous les hommes est vite altéré par les pertes, mais pas que… On sent qu’il n’y a pas ce sentiment d’être des libérateurs comme pouvaient le ressentir les GI’s durant la Seconde Guerre mondiale. En plus de ce poids moral, il y a les conditions climatiques qui sont épouvantables : pluies, brumes, chaleur, humidité persistante…
Les Vietnamiens s’arrangent pour que jamais les soldats américains n’éprouvent un sentiment de sécurité, ne connaisse de vrai répit.
On devine que le retour au pays ne va pas se faire sans casse avec ces hommes brisés moralement et totalement incompris par leur propre population.
Vivement le troisième et dernier album de la saga !
Mai 1917. Terrain d’aviation d’Avemont, occupé par la célèbre escadrille des Faucheurs.
Le sergent Lafitte se présente aux ordres du commandant d’escadrille. Il précise qu’il est très fier de servir dans l’escadrille du célèbre lieutenant Marais. Le capitaine lui annonce que malgré ses excellents états de service en qualité de pilote dans l’aviation d’observation, il va devoir s’entraîner sur un Nieuport désarmé avant de partir au combat. Ce n’est pas du goût de l’impétueux qui demande à partir au casse-pipe tout de suite. Pour s’entraîner, il se voit confier un avion maudit, surnommé « le Fer-à-cheval », un de ces porte-poisse à la légende desquels les pilotes croient… Pas lui ! Il demande aux mécanos de remettre en place la mitrailleuse qu’ils sont occupés à retirer car il a hâte d’aller se battre… Sans même l’accord de son supérieur !
Critique :
Je n’ai trouvé nulle trace ni d’un endroit appelé Avemont, ni d’une escadrille « Faucheurs de Vent ». Nous sommes donc en présence d’une pure fiction.
Mais que voilà de la belle et bonne bande dessinée ! Comment ne pas être attiré par ces images de vieux coucous et de combats aériens aussi « réalistes » ? Les dessins de Cédric Fernandez font merveille, aidés en cela par la mise en couleurs très réussie de Franck Perrot.
Mais que vaut l’histoire sans un excellent scénario ? Heureusement, Thierry Lamy sait y faire en multipliant les intrigues. D’abord l’accueil de ce jeune fanfaron au sein d’un groupe de pilotes aguerris dont certains ne viennent pas de milieux bien bourgeois. Ensuite, il y a dans le camp des aviateurs allemands ce pilote chevaleresque qui refuse d’abattre un pilote désarmé et qui semble chercher avant tout à se battre en duel aérien avec Marais. Et d’ailleurs, comment Marais s’est-il retrouvé avec le visage tellement amoché qu’il porte un masque de cuir pour ne pas effrayer les gens qui le voient ? Et quel lien unit le commandant de l’escadrille au lieutenant ? Et finalement, pourquoi cette marraine de guerre tellement jolie cherche-t-elle à rencontrer à tout prix le lieutenant Marais, un homme défiguré qui ne vit plus que pour abattre des Boches ?
Ce livre dormait chez moi depuis des mois… Je l’ai ouvert et n’ai pu m’en décrocher jusqu’à la dernière image. Je viens de commander les deux autres tomes car j’ai hâte de me replonger dans la suite des aventures des « Faucheurs de Vent ».
Malcolm s’est converti à l’islam en prison. Ne l’appelez plus Malcolm… C’est Malek, maintenant !
Il est tout ce qu’il convient de ne pas être en Amérique : ancien taulard, black… et musulman ! Ajoutons qu’aucun de ses amis n’est vraiment très fréquentable… Et pourtant, c’est lui que le corps des Marines cherche à recruter pour une opération spéciale de propagande, mais pas que…
Critique :
Ce scénario du très regretté « Tome », Philippe Vandevelde pour l’état-civil belge, en perdra plus d’un en cours de route. Rien n’est évident dans la compréhension de ce récit qui commence par la fin de l’histoire. Il faudra relire attentivement la BD pour avoir une idée du coup monté, car coup monté il y a… Mais vous en dire davantage me vaudrait le peloton d’exécution pour avoir spoilé cette aventure à clés.
Les deux personnages principaux de cette histoire sont Malcolm-Malek et un vieux rescapé de la Shoa bien décidé à lui venir en aide sans qu’on ne sache pourquoi, même si l’individu est très ouvert d’esprit puisqu’il fréquente une chapelle pour écouter du gospel et prétend avoir des amis athées et musulmans. On devine qu’il est juif même si à aucun moment cela ne figure dans le texte.
Les dessins de Goffaux font preuve de beaucoup de talent et d’originalité grâce aussi au coloriste, Redj (Régis). Pour les couleurs, parlons-en, il y a tout une déclinaison de tons sépia rehaussés régulièrement par du rouge qui confère à ce récit un côté sombre.
Si vous vous donnez la peine de relire attentivement cette bande dessinée, vous découvrirez à quel point, le scénariste s’est torturé les méninges pour éviter au lecteur une histoire trop facile à comprendre…
Munich, Odeonplatz. Novembre 1937.
Friedrich Saxenhäuser, un agent secret nazi du service extérieur, rencontre une jeune et belle demoiselle, Andrea von der Goltz, fervente nazie. Malgré leur différence d’âge, Friedrich a environ le double d’années de la belle Andrea, une liaison se noue entre les deux. Et voilà qu’Andrea est expédiée en Irak sitôt ses études universitaires terminées en qualité de correspondante du journal du parti. Un gros piston n’est pas exclu vu les dons que son poupa octroie au parti… Un bienfait n’est jamais perdu, n’est-ce pas ? Mais peut-être y a-t-il une autre raison. La famille von der Goltz espère probablement ainsi éloigner un roturier trop proche de la jeune demoiselle de la haute noblesse prussienne…
Berlin. Mai 1939.
Friedrich est convoqué par Himmler. Une mission l’attend en Irak. Le grand manitou de la police secrète veut savoir s’il peut compter sur les bédouins pour causer des troubles au Moyen Orient. Ils en ont plus qu’assez de la présence française et anglaise. De plus, ils voient d’un très mauvais œil l’arrivée de tous ces juifs…
Critique :
Je passe tout de suite aux aveux. Je me suis ennuyé à la lecture de cette bande dessinée qui propose un scénario de quête nazie, une de plus, sauf que cette fois, cela ne se passe ni au Pôle Nord ni au Pôle Sud mais en pays kurde en Irak, à deux pas de la Perse. E.T. welcome !
La couverture, digne d’une affiche de cinéma, due au talent d’Yvan Villeneuve, a suscité mon envie. J’espérais davantage de politique et d’espionnage, mais je me suis rapidement retrouvé au milieu de phénomènes extraordinaires faisant passer la mission de soulèvement des peuples arabes au second plan pour pratiquement l’oublier au profit des petits frères de E.T. Des petits frères détestant toute intrusion dans leur retraite sacrée. Et puis, malgré qu’on ne soit pas à Lourdes, il y a des apparitions sous la forme, non d’une vierge remplie d’eau bénite, mais d’un gamin qui sait tout de Friedrich Saxenhäuser.
Le scénario fait référence à beaucoup de choses sans vraiment les développer.
Le dessin, bien que correct, n’est pas du même niveau que certaines parutions actuelles telles que Wild West.
Pas sûr que je dépenserai mes sous pour acheter la suite.
Eugénie est chanteuse de rue. Son talent attire les badauds. C’est une excellente occasion pour ses complices de faire les poches des bourgeois. Leur numéro est bien rôdé. Les victimes n’y voient que du feu.
Faut dire que les conditions de vie sont bien pénibles pour ces saltimbanques qui rêvent de ressusciter leur paradis perdu « L’oiseau rare » qu’un incendie a dévoré avalant jusqu’aux parents d’Eugénie. C’est miracle si celle-ci s’en est tirée. Pour recréer L’oiseau rare, presque tous les moyens sont bons.
Mais est-ce là la préoccupation principale d’Eugénie ? La gamine est une admiratrice inconditionnelle de l’immense Sarah Bernhardt. Elle rêve de jouer la comédie sur les planches comme son idole. Elle connaît des tas de textes par cœur et a un réel talent. Son rêve est-il accessible quand on voit où elle vit ?
Critique :
Magnifique travail de reconstitution de ce que pouvait être le Paris de la fin du XIXe siècle, ce Paris qui a vu tant de grands travaux en faire une des plus belles villes du monde… Aux dépens des plus pauvres qui voyaient leurs quartiers rasés et qui se retrouvaient repoussés en périphérie, le long des fortifications voulues par Thiers pour empêcher les Allemands de prendre un jour la capitale. Pas sûr que ces coûteuses fortifications aient servi à quelque chose…
Bref, c’est là que s’établissent ouvriers, artisans, paysans venus chercher du travail en ville. Ils construisent sans autorisation des cabanes avec les matériaux qu’ils trouvent. Les chiffonniers font les poubelles en ville pour récupérer tout ce qu’ils peuvent et le vendre, notamment à des usines qui en ont besoin comme matières premières. Soit il y a des objets récupérables qui parfois finissent dans les taudis où loge cette population parmi laquelle vivent des « apaches ». Qui sont-ils ? Aucune crainte à avoir pour les scalps de la population. Ces apaches-là sont souvent des jeunes gens en bandes organisées qui volent, pillent, menacent, rackettent. Cependant, tous les habitants sont d’accord sur un point : flics et gendarmes ne sont pas les bienvenus. Il faut dire qu’ils ne sont pas spécialement au service de tous les citoyens, mais seulement des nantis.
Cédric Simon et Eric Stalner ont donné corps à un scénario très vivant, fort bien documenté et crédible. Les dessins d’Eric Stalner, bien servis par la mise en couleurs de Florence Fantini, sont superbes. Les changements d’angles de prises de vues, les expressions des personnages, la minutie dans les moindres détails répondent aux critères les plus exigeants de notre époque. Il va falloir que je me procure la suite… A moi, Sarah Bernhardt !
Quand vous êtes né orphelin, il y a peu de chances pour vous de côtoyer le monde de l’art. C’est pourtant ce qui est arrivé à… Appelons-le Stéphane. Stéphane K.
Au milieu des années 80, il est proche de la jet-set qui passe par Paris. Il y guide même des gens tels que David Bowie. Il fréquente quelques-unes des mannequins les plus célèbres, sans toutefois avoir nécessairement un lieu où se poser, où dormir. C’est au cours d’une de ses « incrustes », qu’en se réveillant sur un canapé, il découvre une sérigraphie d’Andy Warhol… Et c’est le coup de foudre. Le virus de l’art ne le quittera plus jamais.
Il commence par travailler pour un antiquaire. Il veut étudier l’art ! De temps en temps, il réalise une jolie opération en servant d’intermédiaire.
Aux puces, il tombe un jour sur un tableau qu’une femme s’apprête à acheter. Mais ce tableau, il le veut ! Quelque chose lui parle, alors il ment effrontément à cette dame en prétendant qu’il est étudiant à l’école du Louvre et que ce tableau est mal dessiné…
Critique :
Jamais, je n’aurais cru être à ce point intéressé par un livre que j’aurais cru d’une banalité consternante : un mec qui aime l’art et un tableau en particulier. Bof !
Ah, mais non ! Pas bof du tout ! Le scénario d’Hervé Richez est admirablement construit. Il est digne d’une des meilleures intrigues policières ! Et en plus, il fait découvrir au lecteur les arcanes du monde de l’art, celui des œuvres qui se comptent en centaines de milliers d’euros, et bien plus, celui des pseudo-experts qui croient tout savoir d’un (ou de plusieurs) artiste(s), celui de ces gens qui peuvent faire chuter, ou au contraire, faire grimper la cote d’un artiste, et surtout d’un tableau. Mais ne voilà-t-il pas qu’avec le temps et les progrès de la science, ces experts tombent de leur piédestal car les techniques scientifiques viennent prouver ou démentir leurs dires de façon bien plus convaincante : faites entrer le microscope stéréoscopique, la lumière ultra-violette, les rayons infrarouges et la radiographie, pour n’en citer que quelques-unes de ces techniques.
Je ne suis pas certain que le style de dessin très épuré et les couleurs de Winoc séduiront tout le monde. Avant de me plonger dans l’histoire, juste en feuilletant le livre, je ne me sentais guère attiré par l’ouvrage. Mais, bon, voilà, on me l’offre ! Alors que faire d’autre que de le lire par pure courtoisie, histoire de ne pas décevoir la personne qui me l’a offert ? Et là, toutes mes idées préconçues s’effondrent ! Impossible de m’arrêter de le dévorer malgré la fatigue due à l’heure très tardive où j’ai entrepris la lecture. Et impossible de faire l’impasse sur le dossier « L’expertise des œuvres d’art au XXie siècle, par-delà le regard… » ! Et de revenir en arrière pour relire certains passages ! Finalement, le dessin qui ressemble à un amalgame d’esquisses me plaît infiniment. Voilà exactement le genre d’ouvrage que j’ai feuilleté sans éprouver le moindre intérêt, peut-être même en émettant en mon for-intérieur des « Beurk ! Beurk ! Beurk ! » et qu’il me plaît de rouvrir et de lire et relire... Et d’en apprécier les dessins et la mise en couleurs !
Petite précision : si les noms ont été changés, l’histoire, elle, est vraie !
Valencourt. Nord de la France. Eté 1914.
Pourquoi les nomme-t-on les Lulus ? Simple ! Ils s’appellent Ludwig, Lucas, Luigi et Lucien. Quatre enfants sans famille recueillis dans l’orphelinat de l’Abbaye de Valencourt et confiés aux bons soins de monsieur l’Abbé, de frère Guillaume et d’un instituteur, monsieur André. Enfin, monsieur André, il ne faut plus trop compter dessus… C’est que monsieur André a été rappelé à l’armée. C’est la guerre ! Les Allemands ont envahi la Belgique pour attaquer la France sans avoir à en découdre avec la zone fortifiée de Verdun où les Français les attendent de pied ferme. (Fichus Boches, on ne peut jamais compter sur eux ! Vous préparez tout pour les accueillir à un endroit et ils débarquent à un autre, saletés de doryphores.)
L’abbaye étant proche de la ligne de front, des soldats français viennent pour faire évacuer l’abbé, frère Guillaume et tous leurs orphelins. Tous ? Non ! Car quatre irréductibles manquent à l’appel : les quatre Lulus ! Une fois de plus, ils ont fait le mur.
Quand ils reviennent à l’abbaye…
Critique :
Splendide scénario de Régis Houtière, fabuleux dessins de Hardoc qui se charge avec David François de la mise en couleurs.
Le scénario nous entraîne en un lieu qui n’existe pas, Valencourt. Cependant, en Haute-Marne, il y a bien un village du nom de Valcourt. Bref, vous l’avez compris, le scénariste rend son histoire crédible en la plaçant dans un contexte plausible mais non rigoureusement historique. Ces quatre orphelins (plus une, mais ça, ça vous demandera de lire l’histoire) ont des âges différents, des personnalités différentes, des aptitudes différentes… Ils se bagarrent souvent, mais quand vient la nuit, ils sont tous unis dans le même dortoir car les lits sont attribués en fonction de l’ordre alphabétique des prénoms. Et la nuit, souvent la tristesse les envahit. Sans parents, la vie n’est pas géniale. Heureusement, les amis, vous savez, les types avec qui ils se sont chamaillés durant la journée, les amis sont là. La Guerre des Lulus va nous faire traverser la Grande Guerre, celle de 14-18, en nous réservant bien des surprises, tout en émotions diverses et variées.
Paris. 14 décembre 1943.
A la sortie du lycée, la police française intercepte les étudiants et les oblige à montrer le contenu de leurs cartables. Tout est bon pour humilier ces jeunes gens pour les collabos qui servent avec zèle les nazis. Se contentant juste de ramasser dans la neige le livre d’un petit camarade jeté par le flic pourri, Jacques se voit contraint de décliner son identité. Petit souci, une des grands-mères de Jacques était juive… Cela ne sent pas bon pour lui.
Son compagnon François, invite alors ses deux grands amis, Jean et Jacques, à passer les vacances de Noël en Corrèze, dans le château familial. Loin de tout, l’endroit semble parfait pour se placer loin des projecteurs de la police collaborationniste, d’autant que le père de François est, non seulement un noble très respecté dans son coin, mais aussi une huile du gouvernement de Vichy. Voilà qui devrait leur assurer une certaine tranquillité. Petit souci, un de plus, Jean et Jacques n’ont pas d’ausweis pour quitter Paris ! Eh puis, Jacques ne voudrait pas abandonner sa mère, veuve de guerre. Quant à Jean, il sait que pour son père, ancien poilu, Noël en famille, c’est sacré. Jamais il ne consentira à ce que son fils s’absente à un tel moment de l’année. D’autant que le paternel trouve les soldats allemands éminemment respectables.
Pour se changer les idées, les trois garçons, accompagnés de la mignonne Colette, cousine de François, se rendent au Bois de Boulogne. Ils envisagent une petite balade en barque, mais lorsqu’ils s’apprêtent à monter dans la barque, un soldat allemand veut obliger Colette à monter en barque avec lui. Jean, qui est très amoureux de la jeune fille, repousse l’Allemand… qui tombe dans l’eau…
Critique :
Ils sont quatre. Comme les mousquetaires ! Sauf qu’ici, d’Artagnan serait une demoiselle. « Coco » pour les intimes, ou plutôt Colette pour l’état civil. Mais ne brûlons pas les étapes comme dirait Jeanne d’Arc (ce rappel historique vous est offert par les briquets ZIPPO). Suite à un incident malheureux, les quatre amis n’ont plus d’autre solution que d’aller respirer l’air pur de la Corrèze. La vie de château les y attend… Sauf qu’à la dernière minute, ils apprennent que le château du père de François est devenu un nid de « doryphores », d’Allemands quoi ! Il n’a même pas dû être réquisitionné, le père de François, en excellent partisan du régime vichyste, l’a lui-même mis à la disposition des boches.
Pour autant, les jeunes gens ne renoncent pas à la Corrèze. Ils n’ont pas tellement d’autre choix, sauf s’ils désirent goûter aux geôles de la Gestapo (française ou pas).
Ce qui pourrait n’être qu’un récit d’aventures de pure imagination repose sur des bribes de récits entendues par Patrice Ordas, malheureusement décédé le 9 décembre 2019. Ses personnages sont des ombres du passé douloureux de son père à qui il a voulu rendre vie et hommage. Et quel fabuleux hommage ! Il s’appuie sur les dessins et les couleurs d’Alain Mounier qui traite en peinture chacune des cases du récit la transformant en un vrai tableau.
Loin des héros mythiques, sans peur et sans reproche, nos personnages sont criants de vérité. Ni leurs qualités ni leurs défauts ne sont ignorés.
C’est un pur chef-d’œuvre qui devrait concerner un public bien plus large que les amateurs d’histoire.
Quand Wild Bill Hickok fait une promesse, même le Diable ne saurait l’empêcher de la tenir.
Il cherche les individus qui ont massacré la famille d’une gamine. Aucune somme d’argent ne saurait le détourner de la mission qu’il s’est donnée. Se pourrait-il qu’un tel homme existât dans une Amérique où quasi tous les Européens ont débarqué pour faire fortune, même si beaucoup se devaient de fuir leurs pays d’origine pour sauver leur peau ?
En tout cas, il espère en trouver un en un lieu où l’on construit un pont pour une voie de chemin de fer…
Pendant ce temps, une jeune fille s’est fait passer pour un garçon afin de s’engager dans l’armée. Elle tient à découvrir cette fameuse frontière qui semble attirer tellement de monde au grand dam des indiens…
Critique :
D’abord un grand coup de chapeau à Lamontagne pour la qualité de ses dessins et de la mise en couleurs. Mais Gloris n’est pas en reste avec un scénario bien conçu qui met l’accent sur la spoliation des terres indiennes par des nouveaux venus… Tout en nous offrant une chasse à l’homme et des retrouvailles avec.. Ah, zut ! Le trou de mémoire !
Une nuit de 1943. Un bombardier américain B-17 avec un moteur en feu n’arrive pas à suivre le restant de la formation. La chasse nocturne allemande n’a même pas besoin de son radar pour le repérer… Et l’abattre.
Trois des survivants, dont un grièvement blessé, se posent dans la région où notre célèbre réseau Lynx opère. Le Lynx veut mettre la main sur les survivants avant les Allemands. Tâche bien difficile car ils n’ont aucune idée de l’endroit où se trouvent les membres d’équipage…
Critique :
Encore un magnifique ouvrage qui traite essentiellement des différents aspects de la résistance : abriter er nourrir des aviateurs alliés abattus avant d’essayer de leur faire quitter le pays ; cacher et évacuer des enfants juifs ; s’entraîner au maniement d’armes et d’explosifs ; récupérer des armes parachutées, saboter…
Mais le sujet le plus didactique semble être la création du CNR (Conseil National de la Résistance) et la lutte entre De Gaulle et le général Giraud. Le dossier en fin de livre, très bien fait, explique clairement cette situation (entre autres choses).
De l’excellente BD, à la fois didactique et très prenante car nos personnages du Lynx ne manquent pas d’imagination, grâce au scénario de Dugomier et aux splendides dessins de Ers.
A quelques encablures du château de Fürstenstein, deux corps décharnés s’extraient péniblement de la fosse où les nazis les avaient abattus pour qu’aucun témoin ne survive.
Le colonel Donovan, commandant de l’OSS se pose non loin de là pour rencontrer la résistance polonaise. Il souhaite s’entretenir avec Wolinski du ZZW, la résistance polonaise communiste. Celui-ci a un contact dans le château en la personne d’un scientifique allemand. Cet homme tente de ralentir autant que possible la mise au point et l’utilisation du Silbervogel, un avion incroyable capable de bombarder New York. Le temps presse car les troupes spéciales russes hantent déjà la région.
Saboter le Silbervogel, c’est aussi le but que s’est fixé Werner. Pas facile pour lui quand on sait que c’est sa copine d’enfance, dont il est amoureux, fervente nazie, qui est supposée le piloter pour une mission sans retour.
Les services secrets britanniques, à l’affut des communications des nazis, interceptent un message très inquiétant venu d’un sous-marin nazi au large de la côte canadienne. Les nazis préparent un sale coup alors qu’ils sont foutus. Mais quoi ?
Critique :
Yann termine en beauté ce deuxième cycle de « Dent d’Ours » avec des rebondissements en cascade servis par les talents conjugués de Henriet au dessin et de Usagi aux couleurs. Un petit clin d’œil à Blake & Mortimer puisqu’on les retrouve au cœur de l’interception des messages et de leur déchiffrage par les services secrets britanniques. De l’excellente BD.
Une fois encore, je vous recommande l’intégrale qui se voit agrémentée d’une vingtaine de pages de « making of » très intéressantes quant aux révélations concernant la conception de la série.
Sur la côte canadienne, une partie de l’équipage d’un U-Boat s’active à placer un curieux dispositif au péril de leurs vies. Les SS qui détiennent le vrai pouvoir dans le sous-marin sont prêts à zigouiller jusqu’au dernier homme pour que ce dispositif fonctionne…
Au château de Fürstenstein, Hanna, qui a miraculeusement survécu après avoir échappé de justesse à deux Lightning alors qu’elle se trouvait à bord d’un minuscule avion de liaison, passe un sale quart d’heure entre les pattes d’une espèce de SS qui l’accuse d’être une espionne à la solde de l’ennemi…
Werner est face à un dilemme : il a pour mission de liquider Hanna pour l’empêcher de bombarder New York avec une bombe sale pleine de cochonneries atomiques… Oui, mais Hanna n’est pas que son amie d’enfance ! Elle est aussi celle dont il est éperdument amoureux.
Critique :
Nous voilà plongés dans une suite où se bousculent au portillon de l’action, de l’action et encore de l’action, où l’on saute allègrement de mai 1945 dans le passé pour en savoir un petit plus sur cette histoire de dents d’ours. Yann en profite pour donner vie à des projets qui traînaient dans les cartons des savants nazis.
C’est aussi une petite leçon de jusqu’au-boutisme d’individus qui n’acceptent pas leur défaite et sont prêts aux pires exactions car, ils en sont persuadés, ils font partie de la race des seigneurs (encore que « saigneurs » me paraît plus indiqué).
Inutile de vanter la qualité graphique des dessins de Henriet même si on peut regretter qu’il n’y ait plus autant d’avions dans ces épisodes du deuxième cycle.
Les observateurs attentifs constateront que les auteurs n’ont pas oublié de montrer que les derniers défenseurs de Berlin étaient les Français de la Division Charlemagne, versée dans la 33e Division SS.
La Belge, Patricia Tilkin, dite Usagi, manie toujours aussi bien les couleurs et effectue une nouvelle fois un travail d’orfèvre au service des dessins de son compatriote.
25 avril 1945. Berlin.
Un Fieseler Storch, avion léger de reconnaissance, survole les ruines de Berlin à très basse altitude. Soudain, il est pris sous le feu d’une importante troupe de soldats soviétiques… Mais le pilote est exceptionnel ! Le pilote ?
Quelques jours plus tard…
Max se réveille dans un lit d’hôpital. Il est resté plusieurs jours dans le coma. Sa préoccupation ? Sa dent d’ours a disparu… Son porte-bonheur ! Et où est passée Hanna ?
Critique :
Sacré Yann ! Dans cet album, ce petit salopiot réalise un coup de théâtre fabuleux ! Ah, le gredin ! Le chenapan ! Je ne dois pas être le seul à avoir été pris de court… Mais je n’en dirai pas plus sur ce coup de théâtre.
Nous assistons à la chute du IIIe Reich et à la dernière tentative des nazis pour stopper l’avancée des alliés en négociant une paix séparée avec les Américains grâce à une de leurs armes secrètes. Bienvenue au pays des ailes volantes !
En plus du scénario plein de rebondissements, les dessins de Henriet sont toujours aussi ligne claire et précis. Les couleurs valent leur pesant d’or. Ce premier cycle se clôture, mais l’histoire se poursuit avec un deuxième cycle de trois albums.
Vous ai-je déjà recommandé d’acheter les intégrales ? Vous n’en voyez pas l’intérêt ? Et si je vous dis que vous y trouverez Une vingtaine de pages du « making of » de Dent d’Ours avec des croquis et des explications quant à la genèse de cette histoire ? Oh, pas des verbiages inutiles, non ! Vraiment la conception de l’histoire dans les neurones de Yann et l’approche graphique de Henriet avec des souvenirs très personnels.
N’oubliez pas ! Achetez les intégrales ! Elles valent de coup !
1944. Tuchola (Poméranie).
Alors que des bombardiers britanniques Halifax lâchent leurs chapelets de bombes sur un lieu où les nazis testent leurs armes volantes les plus secrètes, un DC-3 a pour mission de larguer un agent spécial attendu par la résistance polonaise, l’Armia Krajowa. Il a pour mission de supprimer une femme… Et quelle femme ! Probablement la meilleure pilote nazie, capable de voler sur n’importe quel engin fut-il à réaction !
Critique :
Yann poursuit son scénario avec, cette fois, au centre de l’aventure, Hanna. Hanna qui a su s‘imposer dans le milieu très machiste de l’aviation grâce à ses incroyables talents de pilote. Elle représente un danger considérable pour les bombardiers alliés qui cherchent à anéantir la base nazie où l’on règle les armes volantes qui doivent assurer aux fidèles d’Adolf, le petit moustachu végétarien buveur d’eau claire, la victoire finale. Très bien documenté, l’auteur a su créer une fiction qui, à défaut d’être vraie, est rendue plausible par son talent… Magnifiquement épaulé, une fois de plus, par Henriet qui redonne à la ligne claire toutes ses lettres de noblesse. Quant aux couleurs, elles contribuent largement à mettre en valeur paysages, personnages et machines.
Octobre 1944. Quelque part au milieu du Pacifique. Porte-avion « Fighting Lady ».
Las Américains accumulent les pertes suite aux attaques des kamikazes. A bord du porte-avion, un pilote juif, citoyen américain de fraîche date, accomplit des exploits et accumule les victoires.
1930. Silésie (Pologne).
Trois enfants inséparables, Max, Werner et Hanna, se livrent à leur passion favorite : faire voler des petits planeurs en se promettant un jour d’en piloter des vrais.
1932.
En testant sa fusée, Max perd deux doigts.
1944. San Diego.
A peine le porte-avion de Max a-t-il accosté pour panser ses plaies que la police militaire vient arrêter Max Kurtzman. Tout porte à croire qu’il est un espion nazi infiltré aux USA…
Critique :
Ce scénario, qui oscille entre plusieurs époques, dû à l’incroyable imagination et documentation de Yann, traite de l’amitié entre deux gamins et une gamine habitant en Silésie polonaise. Max, le juif, Hanna et Werner, les petits aryens semblent liés par une amitié indissoluble d’autant qu’ils partagent tous les trois le même rêve : voler ! Les nazis installent un club de vol-à-voile dans le coin. Adolf Galland en personne dirige les sélections et les formations. Condition sine qua non pour s’inscrire, faire partie des jeunesse hitlériennes. Max qui a lu « Mein Kampf » ne se fait guère d’illusions quant à ce qui attend ceux qui voient en Hitler un leader. Max, étant juif, n’a aucune chance d’accéder à l’instruction au pilotage, d’autant qu’il vomit les nazis. Hanna et Werner ne se formalisent pas et ne voient qu’une chose : la possibilité d’apprendre à voler. Bon, pour Hanna, ce n’est pas gagné… Ce n’est qu’une fille après tout…
Ce scénario qui oscille sans cesse entre différentes époques, mais toujours avec les mêmes protagonistes, qui devient récit de guerre, de combats aériens, d’espionnage, thriller est une pure merveille très bien servie par les dessins ligne claire de Henriet et la mise en couleurs d’Usagi.
Voilà deux trilogies que je vous recommande d’acheter en intégrales et d’enchaîner ainsi les récits.
Juin 1935. Surfside Beach (Nord de Miami – USA).
Un policier de Miami surprend un couple dans une voiture occupé à… Heu… Faites sortir les enfants, s'il vous plaît…
Juin 1944. Raleigh Hotel (Miami South Beach).
Le policier raconte les faits de 1935 à deux individus qui prétendent enquêter pour un journal. Il leur remet le dossier où il a consigné les faits constatés en 1935. La fille était mineure et l'individu qui la… Heu… Tous les enfants sont sortis ? … Bref, l'individu en question a échappé à toute sanction, vu que ses parents connaissaient un juge qui a étouffé l'affaire. Quel rapport avec la quête d'Angela ? (Le sage a dit : « Tant que tu n'as pas franchi la ligne d'arrivée, tu ne saurais connaître la vérité sur les ampoules aux pieds ! »)
Pendant ce temps, Angela arrive à l'île de Tinian dans les Mariannes où elle espère rencontrer Dora Dougherty qui a volé sur B-29 avec sa soeur. Angela a plus que jamais envie de découvrir pourquoi sa soeur a été assassinée car elle refuse de croire la thèse de l'accident…
Critique :
Snif ! Voici la fin des aventures d'Angela. Surtout ! Surtout ! Ne ratez pas la dernière planche, l'épilogue, si vous souhaitez connaître la vérité puisque, pour rappel, Angela veut connaître la vérité quant à la mort de sa soeur intervenue sous ses yeux. Cet album-ci tourne donc essentiellement autour de la quête de notre WASP préférée. L'espionnage est au centre de cette aventure. Les combats aériens et autres aventures militaires sont, bien sûr, présents, ainsi que la préparation du premier bombardement atomique de l'histoire de l'humanité.
Le scénario n'étant pas linéaire, il peut paraître confus et nécessitera plusieurs lectures de l'album pour saisir une multitude de petits détails qui apportent un magnifique éclairage sur cette histoire.
Ne jugez pas trop vite Dora ! Dora qui ? Lisez !
Yann s'est amusé à brouiller les pistes. Il faut se rappeler les épisodes précédents d'ANGELA WINGS pour savourer pleinement l'histoire concoctée par le scénariste. Des scènes qui paraissent sans lien avec le récit en ont pourtant bien un. Bien sûr, il y a des histoires dans l'histoire qui ne sont pas nécessairement en lien avec la quête d'Angela, mais qui expliquent à quel point il était dangereux de faire partie d'un équipage d'avion dans le Pacifique (ailleurs aussi, d'ailleurs). Les pertes étaient colossales.
Sans oublier qu'une bonne partie de l'histoire se déroule sur l'île de Tinian, la plus grande base aérienne au monde à l'époque puisque c'était de là que partaient des centaines de B-29 pour aller bombarder le Japon.
La documentation consultée par les auteurs a dû être d'une quantité ahurissante. Hugault en a tiré le meilleur. Une fois de plus ses dessins sont d'une précision et d'une beauté à se faire dresser les trois poils qui restent sur le crâne d'un chauve.
C’est à bord d’un hydravion « Duke » très fatigué qu’Angela doit mener à bon port la charmante vedette Betty Lutton… Enfin, si les deux hydravions de chasse japonais ne descendent pas son canard boiteux avant…
Critique :
Angela est une fois de plus chargée d’amener à bon port une vedette au cours d’une tournée dans le Pacifique. Celle-ci, Betty Lutton, est du genre pleurnichard, suffisamment « agréable » pour qu’on ait envie de la noyer (mais bon, faut savoir se retenir), d’autant que, malgré elle, elle sert de couverture à une très importe mission de l’OSS visant à abréger la guerre.
L’auteur, Yann, met en exergue la machination ourdie par les services secrets américains dans un camp d’isolement pour citoyens américains d’origine japonaise afin d’obliger une jeune femme à prendre contact avec son frère rentré au Japon avant la guerre…
Au milieu d’images paradisiaques dues au talent de Hugault, la guerre se poursuit de jour comme de nuit dans les airs donnant lieu à des dessins d’un réalisme fou.
C’est aussi l’occasion d’un retour en arrière pour narrer une rencontre entre Angela et sa sœur. Sœur, rappelons-le, morte dans des conditions atroces à bord d’un avion en flammes, une mort étrange qui tourmente Angela vu que cette mort est plus que suspecte et que l’on sous-entend que ladite sœur avait trahit les USA au profit du Japon. Angela veut innocenter sa sœur et poursuit autant qu’elle peut sa propre enquête.
Je tiens à me répéter : les dessins d’Hugault ont de quoi flanquer le bourdon à bien d’autres auteurs qui voudraient s’essayer à représenter des scènes de combats aériens. Le dessinateur crée des décors plus vrais que vrais. Des cartes postales pour amateurs de sable blanc et de cocotiers. De vrais paradis… Enfin, s’il n’y avait pas la guerre, cette petite plaisanterie tellement meurtrière qui ravage tout.
N’hésitez pas à acheter l’intégrale en deux volumes contenant chacun trois albums ! L’histoire vous paraîtra plus cohérente et vous vous rendrez ainsi compte où Yann voulait en venir grâce au coup de théâtre final…
Radio Tokyo est fière d’annoncer aux Américains sa contre-offensive ET la perte du C-46 qui transportait la vedette et championne de tennis Jinx Falkenburg. Cette perte affecte sérieusement le moral des Américains qui s’apprêtent à évacuer d’urgence leur base devant la contre-attaque japonaise. Le C-47 d’Angela doit être détruit faute de pilote pour l’évacuer.
Au fait que devient Angela qui s’est écrasée dans la jungle et a réussi à s’en sortir miraculeusement, entraînant avec elle une vedette qui n’est absolument pas préparée à affronter un milieu aussi hostile ?
Critique :
Non, mais, vous avez vu ces dessins ? Des avions plus vrais que vrais au boulon près ! Des décors à couper le souffle à un athlète olympique affalé dans un fauteuil… Et des personnages aux attitudes telles que, sans avoir fumé sa moquette, on n’en a pas moins l’impression qu’ils bougent ! Hugault est sans conteste un des meilleurs dessinateurs réalistes de sa génération.
Quant au scénario de Yann, ce petit salopiot joue avec nos nerfs : pas moyen de savoir ce qu’il s’est passé avec la sœur d’Angela. Espionne traîtresse infâme et méprisable ou pauvre fille sacrifiée par l’état-major pour dissimuler un secret inavouable ? Je vais casser cet insoutenable suspense… Ce n’est qu’au sixième et dernier tome que vous connaîtrez la réponse à cette angoissante question. La bonne nouvelle, c’est qu’Angela va survivre jusque-là ! Non, je ne suis pas devin ! J’ai juste acheté l’intégrale en deux tomes de trois albums chacune. Vous ne m’en voudrez pas si, au moment où je rédige ces lignes, j’ai pris connaissance de l’ensemble de l’histoire ? Si ? Il faut toujours qu’il y ait un rancunier ! Un jaloux ! Pfff !
Mais je m’égare… Côté avions, vous ne serez vraiment pas déçus : P-45, en plus des P-40 déjà bien connus, Spitfire, un Mustang… entre les mains d’un Japonais (Si ! Si !) un Lysander, un étonnant B-25 (G ou H ?) doté d’un canon de 75 mm sous le nez et de quatre mitrailleuses de 0.50" (12,7 mm) implantées dans le nez au-dessus du canon… Et comme la maison ne recule devant aucun sacrifice (surtout s’il s’agit de Japs) il y a même un hélicoptère et un hydravion à très long rayon d’action de la PanAm !
Comment ? Vous n’êtes pas encore sortis l’acheter ? Ah ! Zut ! C’est vrai ! Le couvre-feu après vingt heures dans certaines régions ne vous y autorise pas… Va falloir patienter jusque demain. Mais rien que pour la dernière planche de cet album, votre patience sera récompensée !
Bady et Jane ont débarqué sur l’île Bleue à la recherche d’un temple. Lorsqu’ils le trouvent, la pluie les pousse à se mettre à l’abri dans une grotte dont un pan de mur s’effondre, un gaz en sort et nos deux jeunes gens s’endorment.
A leur réveil, ils se retrouvent séparés. D’étranges créatures venues d’une autre dimension pour étudier la Terre ne sont pas loin…
Critique :
Voilà une BD au trait attrayant, mais en noir et blanc, et en petit format, ce qui ne la rend pas très lisible. C’est à ma connaissance le premier album de Bruno Disano, Salvatore Di Sano pour l’état-civil. Lorsque je l’ai acheté en 1981, ce fut un vrai coup de cœur pour le dessin de cet artiste, toujours actif, plus connu dans le monde de la bande dessinée érotico-comique. Son trait est très inspiré de celui de Walthéry avec qui il a pas mal collaboré. D’ailleurs, les jeunes femmes qu’il dessine dans cet ouvrage sont très sexy et annoncent ses futures BD qui ne seront pas nécessairement, contrairement à celle-ci, destinées à un public d’enfants.
Le scénariste Romain Delatte est un parfait inconnu au bataillon. Je suppose qu’il n’a pas produit d’autres aventures. Parlons scénario. L’album contient deux histoires distinctes, toutes les deux en relation avec des extra-terrestres. Dans la première, notre héroïne, Jane, et notre héros, Bady, vêtus à la mode des années ’80, contemporaine de l’année de parution, 1981, sont confrontés à un extra-terrestre secondé par un ordinateur-robot des plus incapables. Dans la seconde, de jolies extra-terrestres sont venues sur Terre pour… Bref, Jane et Bady sont embarqués dans une histoire chez de pacifiques coupeurs de têtes où toutes les femmes semblent avoir disparu et où les indigènes ont une peur effroyable des femmes (ce que tout homme peut facilement comprendre, non ?). Le scénario n’est pas toujours très clair, mais c’est aussi en partie dû au petit format de l’album.
Cerise, dix ans et demi, a deux amies « pour la vie » : Line et Erica. Elles sont opposées autant qu’il est possible de l’être… Ce qui ne les empêche nullement de s’adorer.
Cerise a parfois des conflits avec sa maman. Elles vivent à deux, et malgré ces conflits, Cerise aime beaucoup sa maman.
Cerise rêve de devenir romancière. Cela tombe bien : sa maman vient de lui offrir un journal intime pour que Cerise puisse y écrire ses histoire… Et justement, elle en a une car elle a découvert dans les bois un homme couvert de peintures, un individu plein de mystère… Cerise peut débuter l’écriture de son histoire : « Il était une fois… »
Critique :
En tant qu’instituteur, j’ai rarement découvert un livre qui puisse autant donner envie aux filles de se mettre à écrire des histoires.
Au risque de heurter certaines personnes qui ne veulent pas entendre parler d’histoires « genrées », je constate que si ce livre parle beaucoup à mes élèves filles, les garçons n’éprouvent pas le même plaisir et s’en lassent très vite. Inutile de me tirer dessus. C’est juste un constat. Je précise que je les ai invités à y jeter un œil mais que la sauce n’a pas pris.
Cet album, raconté à la première personne, puisqu’il s’agit du carnet de Cerise, contient une multitude de conseils, saupoudrés tout au long du livre, pour aider celles (et ceux) qui voudraient se lancer dans l’écriture d’un cahier secret, ou tout simplement d’un roman : « Avant chaque début d’intrigue, il faut planter le décor. » ; « Ecrire des romans. Imaginer la vie des gens… Leur faire vivre plein d’aventures, imaginer quels dangers ils vont affronter… Ceux qu’ils vont combattre, ceux qu’ils vont aimer… » ; « Un bon détective cherche des indices. Il doit trouver quelque chose d’inhabituel ou d’inattendu. Un détail peu commun, qui ne serait pas à sa place. Une piste en somme… »
C’est un vrai guide méthodologique, l’air de rien ! Je suis persuadé que si tous les élèves disposaient d’un tel livre vers dix, onze ans, leur envie de se mettre à écrire exploserait… Enfin, pour les filles… Pour les garçons, il faudrait des personnages auxquels s’identifier car dans cette histoire les enfants héros sont tous… des héroïnes !
Joris Chamblain donne à lire un scénario fabuleux qui, tout en étant un guide pour l’écriture destiné à des enfants, contient aussi une véritable histoire. Une histoire d’amitié, de bienveillance, de petits conflits, de cachoteries, de « méfiance » entre parents et enfants… Mais aussi une intrigue digne des grands détectives. Il maintient le suspense jusqu’au bout.
Aurélie Neyret a développé un style très personnel avec une parfaite maîtrise de l’aquarelle qui apporte une touche de poésie incroyable à ses albums. Les visages de ses personnages ont des expressions éloquentes qui les rendent définitivement vivants. Quant aux décors… Pratiquement chaque « case » est un tableau… Un petit bijou !
Si vous voulez susciter des talents d’écrivain et de dessinateur chez votre enfant d’une dizaine d’années, offrez-lui « Les carnets de Cerise » et un carnet vierge afin qu’il (elle, plutôt) puisse y donner vie à ses rêves.
Pas facile pour Nola. Elle a perdu sa maman. Son papa s’en occupe du mieux qu’il peut. Justement, c’est l’anniversaire de sa fille. Il lui offre un cadeau extrêmement précieux : la boite à musique qui a appartenu à sa maman. Une jolie boîte à musique ? Rien que cela ? Vraiment ?
Critique :
L’univers magique de « La boîte à musique » est chargé d’émotions. Des émotions d’un genre qui en général ne plaît pas aux enfants : affronter la mort d’un des parents. Ici, le décès de la maman de notre héroïne, Nola.
Un cadeau, une boîte à musique, sera la clé qui va transporter Nola dans un autre univers bien différent du nôtre.
Les dessins et la mise en couleurs sont magnifiques et très contemporains. Mais qu’en est-il du scénario ? On peut l’aborder sous différents angles : d’abord, évidemment, le décès d’un parent, mais il est aussi question des méfaits de la drogue (et de l’overdose) ; des interdits (Pandorient a à sa tête un souverain qui promulgue beaucoup de lois contenant beaucoup d’interdictions, par exemple, on ne peut aimer qui on veut) ; un monde parfait n’existe pas (malgré son côté féérique, à Pandorient les problèmes ne manquent pas) ; l’importance d’une eau de qualité (absolument vitale pour les êtres vivants)…
Le livre devrait être à la portée d’enfants à partir de huit ans.
Petit plus, la magnifique couverture en relief !
Rik est reporter à l’Echo. Il est sur la malle qui relie Douvres à Ostende. Subitement, il aperçoit une splendide jeune femme qu’il photographie discrètement… Enfin, pas si discrètement que ça puisqu’elle le repère et lui refile une sévère correction dont son appareil photo ne sortira pas intact.
Le lendemain, le GROS, son boss ; l’envoie interviewer une immense créatrice de mode : Roxane… Heu… C’est-y que ce serait pas la dame qui l’a rossé sur le bateau, des fois ?
Critique :
Voilà une BD pour collectionneurs nostalgiques publiée par un petit éditeur bruxellois en 1982. Les couleurs sont sommaires. Manque de moyens à l’époque ? Ou volonté de se distinguer ? Le scénario est simpliste et pratique un humour très second degré. L’histoire se termine en laissant le lecteur perplexe comme si une suite devait être donnée à l’aventure.
L’album est un petit format, chose rare à l’époque.
D’aucuns apprécieront le style graphique très épuré qui n’est pas sans rappeler les dessins de mode, petit clin d’œil de la part du scénariste et du dessinateur puisqu’il s’agit d’une histoire d’espionnage industriel dans ce milieu.
Nous avions quitté Angel sur une base avancée, occupée à se demander comment réparer son DC3 qui se trouvait dans un triste état. Un avion-cargo C-46 se pose en catastrophe. A bord de celui-ci, point de mules, mais… Jinx ! … Comment ? Vous ne savez pas qui est Jinx ? Mais d’où sortez-vous ? Vous arrivez tout droit du paléolithique ou quoi ? Jinx ! Jinx, quoi ! La super vedette ! C’est pas possible vous devez être le seul Américain dans tout le Pacifique à ignorer qui est Jinx ! La plus belle femme du monde !
Angel a un petit faible pour Rob, mais celui-ci est devenu le « Rob chéri » de Jinx. Elle a daigné peindre sur le fuselage de l’avion du pilote : « To Rob! Good Luck! Jinx ». Tous les hommes de la base n’ont d’yeux que pour la beauté miraculeusement posée sur le terrain avancé. Tant mieux ! Angela aura d’autant plus facile à phagocyter le pachyderme qui a des pièces parfaitement compatibles avec son DC-3…
Critique :
Mais quelle série, mes enfants ! Romain Hugault accomplit des prouesses avec des représentations d’avions d’une finesse extraordinaire. Pilote confirmé, il fait partie des meilleurs dans ce domaine de la bande dessinée qui ne manque pas de talents confirmés. Il pousse le « vice » jusqu’à montrer l’usure sur les avions, la peinture emportée par les frottements de l’air notamment. Les personnages sont très expressifs, les poses naturelles et dynamiques.
Oh, mais c’est que j’entends des grincheux ! Mais c’est que cela critique le scénario de Yann, là, dans les places à cinq centimes ! Pas touche à Yann ! Cet incroyable touche-à-tout scénaristique construit ici une histoire en six volumes dont l’héroïne aux formes (très) avantageuses est une WASP, Women Airforce Service Pilots, au caractère bien trempé qui se double d’une espionne ! Parallèlement à ses missions extrêmement dangereuses, elle essaie de comprendre ce qui est arrivé à sa sœur, morte, brûlée vive, dans un avion qu’elle pilotait… Les conditions de cette mort restent pour le moins étranges, d’autant que sa sœur était en pleine disgrâce au moment des faits. Mais je m’avance, je m’avance et j’en arrive à oublier les palpitantes aventures vécues par Angela… Et d’autres pilotes ! Au-dessus d’une Asie où les conditions de vie et de survie sont épouvantables, même si les Américains disposent d’un matériel qui va en s’améliorant en qualité et en quantité de jour en jour. C’est aussi l’occasion de voir à l’œuvre l’un des plus étranges chasseurs de cette Seconde Guerre mondiale, le chasseur de nuit Black Widow (veuve noire). On va aussi découvrir que les « tirs amis » ne datent pas de la Guerre du Golfe…
Un album très riche en péripéties qui voit l’explication du titre de cette série : Angel Wings…
Bien que disposant déjà de plusieurs albums, je me suis offert les deux intégrales comprenant chacune trois tomes, pour les lire d’une traite… Mais je vais garder mes autres albums qui sont des grands formats permettant d’apprécier d’autant mieux la finesse des dessins. J’aurais aimé les avoir tous à cette taille-là, mais ces petites bêtes sont tirées en quantité limitée. Il n’y en a pas pour tous les amateurs…
Une histoire de la science-fiction ? Une histoire de la science-fiction est-ce possible tant il y a d’auteurs de par le monde depuis… Heu… Certains n’hésitent pas à remonter jusqu’à l’Odyssée ! Oui, Madame ! Oui, Monsieur ! Rien que ça… Voire même à l’épopée de Gilmamesh.
Les auteurs ont tout de même laissé Ulysse se reposer et débutent leur histoire bien plus près de notre XXIe siècle.
Il n’est pas toujours facile de séparer la science-fiction du fantastique. L’auteur, Xavier Dollo, justifie les vrais débuts de la SCIENCE-fiction avec l’œuvre de Merry Shelley, l’incontournable « Frankenstein ». Pourquoi ? Parce que pour donner vie à son « monstre », à ce cadavre fait de chairs et d’os, le savant a recourt à l’électricité ! Nous sommes au début du XIXe siècle ! Un peu plus tard, un certain Jules Verne (le nom ne vous est probablement pas inconnu) présenté comme un auteur pour la jeunesse, est en réalité un homme immergé dans l’exploration scientifique… Un homme qui n’a jamais poursuivi d’études en ce sens mais qui était passionné par toutes sortes de machines et qui a dit qu’il avait « toujours autant de plaisir à regarder une belle locomotive en marche qu’à contempler un tableau de Raphaël » !
Herbert George Wells fit beaucoup pour ce nouveau genre littéraire avec l’invasion de la Terre par les Martiens (1898), êtres d’une intelligence nettement supérieure, et qui seront vaincus, non par les hommes mais par…. (Il n’y a pas que le COVID dans la vie !) Son ouvrage doit énormément à un autre Welles ! Orson Welles qui délivra « La Guerre des Mondes » d’une façon tellement réaliste sur les ondes radios de la CBS que certains prirent l’émission au premier degré et y crurent dur comme fer à une véritable invasion par des extra-terrestres... Mais, peut-être bien plus encore que « La Guerre des Mondes », c’est la machine à remonter le temps que cet auteur apporta comme contribution définitive à la SF. Autre grande originalité de ce fabuleux auteur : « L’homme invisible » paru en 1897. Malgré un tel génie, à sa mort en 1946, il sera considéré comme un écrivain de l’époque victorienne, autrement dit, du passé. Pourtant son œuvre va influencer bien des auteurs…
Venus des USA, les « pulps » ont largement marqué les esprits et facilité la diffusion des histoires en tout genre, y compris en science-fiction. Mais d’où vient ce mot étrange, ce « pulp » ? C’est une affaire de papier et d’imprimerie ! « Pulp » est un dérivé de « woodpulp », des résidus de fibres de bois avec lesquels on fabriquait une pâte à papier de très mauvaise qualité, mais qui, du coup, permettait de publier à un coût bien inférieur des ouvrages à la portée de bien plus de bourses que les livres édités sur un papier de bien meilleure qualité. Ils arrivèrent à un bon moment puisque de plus en plus de gens apprenaient à lire, sans pour autant avoir les moyens de s’offrir de « vrais » livres.
Je ne vais pas vous faire ici le résumé complet de cette « Histoire de la SF » en bandes dessinées, je n’ai pour but que de vous mettre en appétit car pour un pari, c’est un pari magistralement réussi ! Bien entendu, les esprits chagrins trouveront à redire citant tel ou tel auteur qui n’est même pas cité… Il a bien fallu que Xavier Dollo fasse des choix. Pour ma part, je les trouve intelligents… Et j’ai énormément appris. Il m’a donné une sérieuse envie de me plonger dans les ouvrages d’auteurs que je ne connaissais pas ou qui, a priori, ne m’intéressaient pas.
L’ennui avec ce genre d’ouvrage (ne prenez pas le mot « ennui » au premier degré) c’est qu’il suscite une telle curiosité qu’on se perd sur Internet à chercher des informations supplémentaires ou qu’on se retrouve à commander des ouvrages longtemps ignorés ou boudés. En clair, ce n’est pas le genre de livre que je suis capable de lire en une soirée, voire en un week-end, tant le désir d’en savoir plus est phénoménal et demande d’effectuer quelques recherches.
Alors ? Un manuel scolaire, cette « Histoire de la SF » ? Un peu, oui ! On peut le voir comme ça. Mais en tant qu’instituteur, j’apprécie les manuels très bien faits et qui éveillent l’intérêt. J’ai mis des semaines à appréhender cet ouvrage… Et je sais que je n’en ai pas fini avec lui ! Il devient pour moi une sorte de « Bible », de référence, même si je ne me limiterai pas aux auteurs cités et que je ne lirai sans doute jamais certains des écrivains évoqués parce que, maintenant, trop datés et que je ne me sens pas vraiment l’âme d’un archéologue de la littérature.
Un petit mot quant au travail du dessinateur, Djibril Marrissette-Phan (un nom digne d’un personnage de SF) : son style de dessin me rappelle certaines BD racontant l’histoire publiées il y a plusieurs décennies par Larousse. Longtemps perplexe, je trouve finalement que c’est un style qui convient très bien à cette œuvre.
Mille mercis aux éditions « Les Humanoïdes associés » et à Babelio pour m’avoir envoyé ce livre qui m’a tant appris et éveillé de l’intérêt pour des œuvres auxquelles il est probable que je ne me serais jamais intéressé sans comprendre à quel point elles ont influencé tant et tant d’auteurs : littérature, cinéma, télévision, et, quoi qu’un peu passées de mode, feuilletons radiophoniques.
Un dernier mot destiné à cette « noblesse » qui n’accepte de lire que de la littérature « blanche » (bande de racistes… je plaisante, je préfère le dire au cas où) … J’ai perdu beaucoup de temps ces derniers mois à lire de « grands » auteurs, dont beaucoup noble-élisés ou gon-courtisés ou re-notables ou médicisés ou féminatisés ou… la liste est trop longue et les plus courageux d’entre vous qui m’ont lu jusqu’ici s’apprêtent à plonger dans un sommeil tellement profond qu’ils feraient pâlir d’envie la Belle-au-Bois-dormant… Si certains de ces auteurs m’ont vraiment accroché, et je serais prêt à leur décerner tous les prix de la Terre, autant d’autres qui se livrent à une espèce d’introspection sans aucun intérêt pour un lecteur qui n’a pas trop de problèmes avec son « moi », son « sur-moi », son « soi » et son tralala, sont pénibles à lire. Alors de quel droit, les personnes qui ne lisent que ce type de lecture peuvent-elles mépriser la science-fiction, le fantastique ou le polar ? Je suis injuste et de mauvaise foi car il est vrai que certains de ces prix ont été attribués à des livres tels que « Les Bienveillantes », « La Bataille » ou plus près de nous à « L’Anomalie ». Mais les auteurs de ces bouquins ont-ils un jour une chance de tutoyer le Nobel ? Je prendrai ce prix au sérieux quand un Pierre Lemaitre sera couronné…
14 récits, oui 14 comme dans 14-18 car c’est bien de la Grande Guerre dont traite ce roman graphique où se côtoient une multitude de talents avec des scénarios écrits, tant par des auteurs francophones, que serbes, et où les dessinateurs sont tous issus de l’ex-Yougoslavie. Vous vous doutez bien qu’avec pareil sujet, il n’est pas un récit qui soit de nature joyeuse. Chaque dessinateur utilise la technique qui lui semble la meilleure pour traiter de cette infâme boucherie qui aurait dû être « La Der des Ders » si les hommes avaient eu un peu plus de jugeotte et si l’esprit de revanche n’avait pas poussé un petit caporal affublé d’une moustachette ridicule à remettre le couvert vingt-et-un ans plus tard.
Les sujets traités sont très variés ce qui m conduit à écrire ma plus longue chronique à ce jour.
« Entre ciel et terre ».
Commençons par la retraite de l’armée serbe, accompagnée de milliers de civils, à travers les montagnes d’Albanie, où les montagnards albanais entraînés et équipés par les Allemands lui tendent des embuscades. J’ai été particulièrement sensible aux dessins de Drazen Kovacevic et à la mise ne couleur dans les tons sépias de Toni Anastasovski. Le scénario de Dragana Stojilkovic est magnifiquement bien ficelé.
« L’odyssée du sous-marin Curie »
Suit l’incroyable histoire du sous-marin français « Curie » qui s’est empêtré dans les filets à l’entrée du port de Pola où il devait se glisser pour détruire les navires austro-hongrois qui s’y trouveraient. Le scénario de Philippe Zytka se réfère à l’histoire authentique de cet équipage. Le dessin de Darko Perovic a quelque chose de « Corto Maltese ». La mise en couleur de Sofjia Perovic est bien adaptée à l’atmosphère nocturne et à la faible lumière à l’intérieur du sous-marin.
« L’ange gardien ».
Le troisième récit, nous narre l’histoire de Milan, blessé à la tête par un shrapnel. Heureusement pour lui, son casque Adrian a amorti le coup. A l’hôpital, on lui rapporte son couvre-chef pour qu’il puisse voir l’effet du shrapnel et ce casque qui lui a sauvé la vie. C’est alors qu’un mot glisse de ce couvre-chef. Un mot en français que Milan se fait traduire. C’est le début d’une nouvelle histoire… Un très beau scénario de Bruno Falba, superbement illustré et mis en couleur sépia par Aleksa Gajic.
« Le retour de Milou », sur un scénario de Rodolphe, nous entraîne à Belgrade en décembre 1918. Zoran Janjetov au dessin et à la couleur offre l’un des styles les plus particuliers de ce court récit.
La mère de Milan est impatiente de le revoir et s’affaire à mettre sa chambre en ordre. Elle contemple sa photo avec son ami français, Louis. Il y a aussi la photo de Vesna, sa petite fiancée. La maman établit déjà des projets d’avenir. Quand Milou va-t-il rentrer ? Voilà le facteur sur son vélo. Il dépose une lettre dans la boîte, enfin !
« Fusillé pour l’exemple », un scénario de Frédéric Bertocchini avec, au dessin, Igor Krstic. Septembre 1914, du côté de Verdun… LOISEAU Marcel est ramené grièvement blessé à la jambe et à la tête par un camarade. Sur sa route, l’infortuné croise un capitaine, genre abruti de première classe avec palmes et grande distinction. Ce capitaine, malgré les graves blessures dont il est affligé, lui ordonne de repartir au front. Marcel désobéit, tourne le dos à ce fou-furieux de capitaine et se rend au poste de secours tandis que le bon samaritain qui l’a secouru s’en retourne dans l’enfer des combats pour éviter des ennuis avec ce farouche capitaine qui se garde bien de foncer risquer sa très précieuse peau… Les ennuis de Loiseau ne font que commencer à cause de cet oiseau de malheur.
Si vous effectuez des recherches sur Internet, vous vous apercevrez bien vite que Marcel Loiseau a bien été « fusillé pour abandon de poste » le 12 octobre 1914. Il était soldat au 106 R.I. Les faits se sont déroulés à Mouilly - Rupt-en-Woëvre, près des Éparges, dans le département de la Meuse. Il a été réhabilité le 17 mars 1922. Son cas était un exemple flagrant d’un abus de pouvoir de l’autorité absurde d’un supérieur. Il fit partie des premiers soldats « fusillés pour l’exemple » réhabilité.
Le dessin de Igor Krstic, tout en nuances de lavis de gris et de noirs correspond idéalement à l’ambiance très sombre de cette histoire marquée par une profonde injustice. Petite observation : dans ce récit, les uniformes ne correspondent pas à ce qu’ils étaient au début de la guerre…
Anatole France avait écrit en 1909 : « L’armée étant une administration comme l’agriculture, les finances ou l’instruction publique, on ne conçoit pas qu’il existe une justice militaire quand il n’existe ni justice agricole, ni justice financière, ni justice universitaire. Toute justice particulière est en opposition avec les principes du droit moderne. Les prévôtés militaires paraîtront à nos descendants aussi gothiques et barbares que nous paraissent à nous les justices seigneuriales et les officialités. »
« Yanko le berger » de Tibery (Tiberiu Beka), seul aux commandes.
1914. Les Austro-Hongrois sont entrés en Serbie. Dans le territoire occupé ne restent que des femmes, des vieillards et des enfants. Yanko, petit berger, se morfond. L’armée ne veut pas de lui. Il garde ses moutons lorsqu’il entend des coups de feu en provenance de son village. Lorsqu’il arrive à portée de vue, des flammes dévorent déjà plusieurs maisons…
Une mise en couleur aux tons chauds et sombres pour accompagner une descente aux enfers qui montre comment certains soldats austro-hongrois se sont comportés dans les malheureux villages se trouvant sur leur passage. Après cela, on peut mieux comprendre pourquoi tant de civils ont pris la fuite avec les restes de l’armée.
« Le conscrit » sur un scénario de Nenad Mikalacki Django, Igor Krstic au dessin.
Les gaz, ces horreurs, sont évoqués dans ce récit qui est une sorte d’allégorie fantastique de la mort. Je ne commenterai pas cette BD en noir et blanc pour garder l’entière surprise qui attend le lecteur.
« Frères d’armes » est un scénario du Français Dobbs (Olivier Dobremel) mis en lumière par Dragan Panovic.
Récit d’un équipage d’avion. Un Français comme pilote, un Serbe comme mitrailleur. Ils sont pris en chasse par un hydravion autrichien…
Les couleurs sont vives comme le sont celles des paysages autour de la rivière Drina. Un paysage magnifique qui ferait presque oublier que des hommes s’entretuent, comme s’ils n’avaient appris à voler que pour pouvoir s’envoyer en l’air afin de mieux s’étriper !
« L’éclaireur et son binôme », on le doit à un scénario de Vasa Pavkovic et aux dessins, puissants, en noir et blanc de Stevan Subic.
Darko Petrovic est éclaireur dans l’armée serbe. Voilà que seulement quatre mois se sont écoulés depuis le début de la guerre, mais déjà le monde de Darko s’est écroulé. Le voilà reparti, seul, une fois de plus, pour une mission de reconnaissance. Mais cette fois, Darko ne reviendra pas seul…
« Le chemin du désespoir » Milenko Misic, accompagné de Darko Stojanovic au dessin.
Un récit où l’on découvre la grave décision que prend l’état-major serbe de fuir le pays vers l’Albanie et le Monténégro, avec les principaux trésors du peuple serbe et des milliers de civils qui ont déjà « goûté » au comportement des troupes bulgares qui sont entrées en guerre avec des promesses effectuées par l’empereur austro-hongrois et le kaiser.
Les dessins sont de très grande qualité, mais pourquoi avoir opté pour un fond aussi foncé qui empêche de profiter pleinement des dessins ?
« Piqûre d’abeille » est une histoire de Pavle Zelic, Maza au dessin et Desko à la couleur.
Cette narration nous transporte à Salonique en Grèce où les populations et les militaires subissent les attaques incessantes, et leurs terribles conséquences, de l’aviation bulgare. La décision est prise de porter la guerre au cœur-même de la Bulgarie, à Sofia, leur capitale ! Et pour mener à bien cette mission, ils peuvent compter sur… un bombardier Farman ! Un caporal français, Royable, et un sous-lieutenant serbe Naumovic se voient confier cette mission…
De très beaux dessins où le noir se détache sur un fond sépia.
« Le sang des damnés » de Michel Dufranne mis en dessin et en couleurs par Milan Drca.
Sergeï Feodorov qu’as-tu fait pour te retrouver à Mers-El-Khébir dans un bataillon disciplinaire en compagnie de tes camarades russes ? Comment, parti de Russie, t’es-tu retrouvé en France à te battre sous les ordres d’officiers incompétents qui te traitaient, toi et tes semblables, comme des esclaves dénués de droits autres que ceux consistant à obéir, à souffrir et à mourir ?
Un récit poignant sur ces soldats traités comme des moins que rien par leurs officiers inaptes au commandement, soldats qui, en France aussi, vont se révolter contre eux et faire leur petite révolution d’Octobre…
« Le billet » de Philippe Zytka dessiné et mis en couleur par Milan Jovanovic.
Hugh Gibson est Australien… Et engagé volontaire. Il quitte son pays en 1915. Sa fiancée lui remet un billet de chemin de fer « aller-retour ». Comme cela, lorsqu’il rentrera en Australie, il n’aura pas à en acheter. Pour Hugh, ce billet va devenir son porte-bonheur. Son sauf-conduit qui doit lui permettre de revenir vivant au pays…
Basé sur le premier combat des Australiens sur le continent européen, à la Bataille de Fromelles, ils perdirent 5533 hommes. Cet épisode constitue les 24 heures les plus sanglantes de l’histoire militaire australienne ! Pour rappel, il n’y eut pas de conscription en Australie durant la Grande Guerre ! Tous les soldats étaient des engagés volontaires.
« Le journal de Corfou », d’après un scénario de Filip Bankovic, mis en images par Ivan Stojkovic.
Milutin Dimitrijevic a 42 ans et il a découvert, à Belgrade, dans l’appartement de ses parents, au milieu d’un tas d’ouvrages poussiéreux, le journal de son arrière-grand-père qui s’appelait exactement comme lui. Le 3 décembre 1914, lors de la contre-offensive serbe, son aïeul n’eut la vie sauve que grâce à un autre soldat qui le jeta à terre au moment d’une explosion. Il retrouvera par hasard cet inconnu sur l’île de Corfou où les survivants de l’armée serbe ont trouvé refuge, évacués par la marine française. Son sauveur s’appelle Lazare. Ils ne se quitteront plus jusqu’à ce que…
Un récit qui montre qu’il s’en faut de peu pour que s’arrête ou survive une lignée. Traité dans les tons sépia, c’est une BD très touchante.
Voilà résumés les courts récits présentés dans ce roman graphique d’excellent facture, tant artistique qu’historique. Il nous ouvre les yeux sur l’implication des Serbes dans la Grande Guerre (mais pas que puisqu’on y relate aussi des histoires de soldats australiens, russes, français, …).
La lecture de cet ouvrage m’a pris des jours ! Heureusement que j’étais en congé pour en profiter pleinement : il m’a mis en appétit pour en savoir davantage sur la participation des Serbes à ce conflit qui a démarré à cause d’un étudiant serbe à Sarajevo. J’ai passé des heures et des heures sur Internet à effectuer des recherches pour m’assurer de la base historique de chacun des récits, mais surtout pour en savoir plus (et pas que sur les Serbes).
A la fin de l’ouvrage, un dossier retrace l’histoire de la Serbie durant la Grande Guerre.
Je ne puis qu’en recommander l’achat à tous les passionnés d’histoire, en particulier ceux intéressés par la Première Guerre mondiale, mais aussi par l’histoire de l’aviation. Au niveau du graphisme, il y en a pour tous les goûts. Pour cette raison aussi, si vous voulez sortir des sentiers battus au niveau du « dessin », osez vous aventurer dans « L’ombre d’antan ».
Merci aux éditions INUKSHUK et à cette Masse critique « spéciale » qui m’ont permis de déguster une œuvre très originale.
- Mon cher Thierry, John John Sherry effectue un match exceptionnel.
- Oui, mon cher Jean-Michel, on peut le dire ! John John Sherry, si je puis me permettre, le chéri de ces dames…
- Excellent jeu de mots, mon cher Thierry…
- Le chéri de ses dames qui, en plus de bien jouer au football, soigne son look, délivre un match exceptionnel…
- Oh ! Là ! Mais que vois-je, mon cher Jean-Michel ?
- Que vois-je, mon cher Thierry ?
- Mais c’est coup-franc ! Mon cher Jean-Michel ! John John Sherry a sciemment touché la balle de la main…
- Mais oui, mon cher Thierry ! Aucun doute ! C’est un coup-franc !
- Le mur se met en place, mon cher Jean-Michel. Trois hommes le composent.
- Russovski, O’ Glagla et John John le composent, effectivement.
- Tout-à-fait, mon cher Jean-Michel ! Et c’est le numéro dix qui va le botter.
- Oui, mon cher Thierry, le numéro dix, Alexandre Patouchamablski, surnommé le canonnier du Spartak Goulag, va le botter.
- Coup de sifflet de l’arbitre ! Shot !
- Oh ! La ! La ! La !
- Oui, mon cher Jean-Michel ! C’est sûr qu’à cet endroit particulièrement sensible de l’anatomie masculine, les hommes comprendront la douleur de John John Sherry…
- Tout-à-fait, mon cher Thierry ! C’est là que ça fait le plus mal !
- Oserais-je me permettre, mon cher Jean-Michel ?
- Tout-à-fait, mon cher Thierry ! Permettez-vous…
- Je n’ai qu’un mot à dire : patrimoine génétique en danger !
- Mais que vois-je, mon cher Thierry ?
- Vous voyez ce que je vois, mon cher Jean-Michel ?
- C’est l’envahissement du terrain par les supportrices de John John Sherry !
- Mais quelle haine ?
- Tout-à-fait mon cher Thierry ! Elles galopent vers Alexandre Patouchamablski…
- Oh ! La ! La ! La ! Mais elles vont le dépecer vivant…
Critique :
Pas le meilleur des Foot Furieux, ce numéro 3, mais un petit moment de détente grâce aux expressions géniales des personnages de Gürsel.
Vallée de l’Ohio. Juin 1758.
Squando, un indien l’a aperçu ? Aperçu ? Aperçu qui ? Quoi ? Mais le grizzly, bien entendu ! Et pas n’importe lequel ! Oh, que non ! Le grizzly que traque Jean Malavoy ! Le grizzly qui a tué sa mère ! Jean le cherche. Jean veut le trouver, où qu’il soit et le faire passer de vie à trépas. Jean s’est enrôlé comme milicien. Les Français manquent cruellement d’hommes pour faire face aux Anglais nettement plus nombreux, appuyés par leurs alliés iroquois qui ne font pas de quartier. Les Anglais disposent aussi de troupes écossaises, réputées pour leur bravoure… Et leur cruauté…
Jean Malavoy, es-tu sûr que ce soit le moment de quitter le fort Carillon alors que les Anglais se préparent à l’attaquer ? Et ce grizzly, te crois-tu vraiment assez fort pour le tuer ?
Critique :
Il paraît qu’il convient d’appeler cette bande dessinée un « roman graphique » … Celui qui a trouvé ce terme a redécouvert le fil à couper le beurre, mais soit ! L’auteur Patrick PRUGNE nous livre ici un chef-d’œuvre de peinture à l’aquarelle qui reproduit une nature foisonnante et des animaux criants de vérité. L’histoire se déroule durant la très méconnue Guerre de 7 ans, véritable guerre mondiale puisqu’elle s’étalera sur plusieurs continents et verra la plupart des nations européennes (leurs colonies comprises) y prendre part. Le Canada est donc le cadre géographique qui sert de décor à ce « roman graphique » qui voit une histoire personnelle se trouver mêlée à un grand conflit.
Le scénario est très original, ce qui veut dire que certains seront forcément déçus de voir un conflit entre un homme et un grizzli prendre le pas sur une sacrée guerre. Pourtant, le dénouement de l’histoire est surprenant !
Un livre que les amateurs de bande dessinée se doivent d’acquérir… Oh ! Pardon ! Je voulais dire : « Les amateurs de romans graphiques », évidemment !
Désert de Jordanie.
Que font-ils à trois dans le désert jordanien ? Ils ne trouvent pas ce qu’ils cherchent. Mais que cherchent-ils ? Le savent-ils seulement ? Soudain, Harmony « sent » quelque chose…
Critique :
Un nouveau cycle qui n’est en fait que la suite du précédent.
William est mort et enterré. C’est une terrible perte pour Harmony… Et pas que pour elle. Les trois enfants aux pouvoirs exceptionnels ont trouvé de nouveaux protecteurs. Qui sont-ils ? Ils l’ignorent complètement. C’est Karl qui est chargé de veiller sur eux. Leur entraînement se poursuit. Karl leur assure qu’ils pourront bientôt rejoindre d’autres élèves, dans de vraies classes… Eden fait un étrange rêve qui met le feu à sa chambre. Harmony parviendra-t-elle à la sauver ?
Dans ce tome 4 on va enfin savoir quel est le lien entre l’histoire vieille de 4000 ans et ce que vivent les enfants, mais un nouveau mystère démarre avec ce déplacement d’Harmony en Jordanie…
-2000 Av. J.-C.
Les oracles ont désigné Nememtoth pour guider la cité. Tâche délicate et ô combien difficile. Le petit frère de Nememtoth, Azhel, va-t-il accepter ce choix ? Non bien sûr ! Sans crier gare, il débarque en plein conseil, ce qui est strictement prohibé. Il est fou de rage. Il exige de savoir ce que les oracles ont vu… Sa colère est destructrice. Elle ravage tout… Les oracles avaient prédit le chaos…
4000 ans plus tard.
Le docteur William embarque Harmony dans son truck et s’apprête à abandonner son havre de paix car il sait que les hommes de Barns vont revenir en force pour s’emparer de l’adolescente…
Critique :
Mathieu Raynès poursuit son récit en dévoilant goutte-à-goutte des informations sur les événements d’il y a quatre mille ans. Ce n’est pas encore dans ce 3e tome que l’on va établir un lien avec Harmony. Celle-ci a décidé de réintégrer le centre, non pour se soumettre mais pour permettre aux deux plus jeunes qui y sont enfermés de s’en échapper. Payne et Eden commencent à découvrir l’étendue de leurs pouvoirs. Ils en auront bien besoin car Richards dispose d’une nouvelle arme, une arme d’une puissance telle qu’il n’est pas sûr qu’Harmony et ses deux amis soient capables de la contrer.
Reynès maintient le suspense. Un cycle se termine en nous laissant sur notre faim.
Côté dessin et mise en couleur, que du bon ! De l’excellent, même ! Ne limitez pas cette BD aux adolescents, elle est « tout public » !
Le professeur William Torres effectue des recherches. Sa motivation reste intacte malgré qu’il n’ait point réussi à sauver sa fille qui souffrait de symptômes de dégénérescence neuronale. Il reporte son affection sur une autre petite fille souffrant d’une maladie similaire, Harmony. William se tue à la tâche.
Un beau jour, il voit débarquer un nouvel investisseur. Il n’aime pas la sale tronche de ce type en grande discussion avec son patron.
Critique :
Aussi curieux que cela puisse paraître, ce tome 2 nous narre la vie d’Harmony six ans avant les événements vécus dans le tome 1. On y découvre un curieux centre où l’on sélectionne des enfants ayant pour point commun des caractéristiques génétiques susceptibles, après traitement, de développer des dons particuliers. L’honnête professeur Torres va se voir « dégagé » des recherches qu’il a lui-même lancées pour le plus grand désespoir d’Harmony.
L’intérêt que « Monsieur Richards », le nouvel investisseur, porte à ces enfants semble bien loin d’être celui d’un bienfaiteur. Finalement, en dehors d’Harmony, seulement deux enfants semblent correspondre aux résultats attendus.
« Monsieur Richards » n’est guère patient. Il veut rapidement des résultats. Il croit en la méthode forte. Une méthode qu’on applique d’ordinaire aux soldats ! Il a engagé pour gérer la situation Thomas Barnes, un ancien militaire qui s’y connaît en « manières fortes pour obtenir des résultats » …
Mathieu Reynès démontre particulièrement bien dans cet album qu’il est non seulement un dessinateur hors-pair mais aussi un scénariste de très grand talent. J’ai du mal à considérer cette bande dessinée comme étant une BD pour adolescents. Je pense qu’elle convient tout aussi bien à un public adulte. L’auteur arrive à nous faire vraiment détester certains personnages et leurs manières aussi cruelles que stupides.
Valérie Vernay participe fort efficacement à la mise en couleurs.
Cet album figure parmi mes préférés.
Qui suis-je ? Pourquoi suis-je dans ce lit ? Dans une cave ? A peine éclairée par une bougie…
Et ce sparadrap ? Je ne tiens pas sur mes jambes. J’essaie de me lever… et je m’écroule !
Qui m’a apporté ces tranches de pain et cette pomme ? Quels sont ces rêves mystérieux qui m’assaillent durant mon sommeil ? Et cet homme barbu, ce géant costaud qui est-il ? Suis-je chez lui ? M’a-t-il enlevée ?
Critique :
Ce qui m’a frappé au premier abord, c’est la qualité du dessin et de la mise en couleurs. J’ai vu. J’ai adoré ! J’ai acheté… quatre ans plus tard !
Mathieu Reynès au dessin et au scénario a de quoi bluffer ! Le début paraît un peu confus. On se trouve au départ dans une espèce d’Olympe où débarque Azhel. Il n’est pas le bienvenu ! Faut dire qu’il débarque avec des idées de guerre. Son frère, Nememthot, a la charge de ce lieu et parle au nom de son peuple. Il ne veut pas s’embarquer dans les projets ravageurs d’Azhel ! Lui, pas content, montre la puissance qui l’habite ! RIDEAU !
Deuxième acte : une avenue du plus pur style américain. L’intérieur d’une maison. Le père, la mère, le fils (il manque le Saint-Esprit). Ils sont à table. Chester pianote sur son smartphone, malgré les remarques de ses parents. Soudain, le téléphone de son père vibre. Chest rappelle à son père qu’ils sont à table car celui-ci se lève aussitôt pour prendre l’appel. Ce qu’il entend n’est pas de nature à le rassurer. RIDEAU !
3e acte : un lieu sombre… une cave sans doute ! Un lit. Dedans, une jeune fille blonde aux yeux bleus. Elle est très faible et ne se souvient de rien… Même pas de son nom…
Mesdames et Messieurs, je peux d’ores et déjà vous annoncer qu’une fois terminée la lecture de cet album vous ne serez absolument pas en mesure d’établir un lien entre les trois actes ! Peut-être que la lecture du deuxième tome vous en apprendra davantage… Je ne sais pas vous, mais moi je trouve cela un peu irritant, raison pour laquelle j’ai attendu qu’il y ait au moins quatre tomes avant de procéder à l’achat même si les dessins et les couleurs me faisaient de l’œil.
Et puisque j’en suis à parler couleurs, je salue le travail des coloristes : Valérie Vernay et Mathieu Reynès, celui-là-même qui est aussi le scénariste et le dessinateur… Un homme-orchestre en somme !
Siding Station.
Harl Mern, ethnologue est officiellement chargé d’étudier les Roux. Les autorités se sont aperçues que ceux-ci étaient indispensables pour toutes sortes de missions dont la plus importante consiste à enlever la glace qui recouvre les dômes. Les Roux sont donc amenés dans des cages pour être parqués avant d’être répartis pour différentes tâches. Consultant ses fiches, Harl tombe sur un nom qui lui rappelle quelque chose… Jdrou ! Il enfile sa combinaison thermique et se précipite là où les Roux sont détenus…
Critique :
Ce septième et dernier opus du cycle Jdrien tourne autour de quatre personnages essentiellement. Lien Rag qui cherche désespérément Jdrou dont il est éperdument amoureux. Jdrou qui adore Lien Rag mais qui est prisonnière après avoir été capturée par des chasseurs de Roux dans des circonstances atroces. Yeuse, toujours aussi amoureuse de Lien et qui comprend que celui-ci, bien qu’il l’aime, adore encore plus Jdrou. Et finalement, il y a Pietr Hansen dont la femme violée par des chasseurs de Roux n’a plus qu’un but dans l’existence : retrouver les crapules qui ont saccagé sa vie.
Voici l’album de ce cycle où les personnages sont les mieux dessinés. Petit bémol pour la couverture qui n’est pas la plus belle du lot.
Je rappelle que cet album sorti de son contexte n’a guère d’intérêt ! Lisez d’abord tous ceux qui précèdent.
Dans un coin de Wood Station, des hommes font la queue avant d’entrer dans un wagon, ou ce qu’il en reste. Que font-ils là ? Ils viennent « se soulager » les bourses… Ils se suivent pour violer une femelle roux ramenée par des chasseurs qui se font payer pour ce « service ». La femelle ne résiste pas à la température bien trop élevée pour son organisme. Il est temps pour les chasseurs de ramener de nouvelles proies…
Critique :
Lien Rag a déserté. Lien Rag aime les Roux. Lien Rag est carrément tombé amoureux d’une femelle roux. Ou plutôt, c’est elle qui est tombée amoureuse du glaciologue, et lui a été emporté par une tornade de sentiments qui l’attire vers cette femme d’une autre espèce. Pas facile pour eux de s’étreindre : lui qui a besoin d’un minimum de chaleur et elle qui a besoin du froid ! Leurs étreintes ne peuvent qu’être brèves sous peine de devenir mortelles pour l’un des deux.
Lien a trouvé du travail chez les Hansen qui exploitent une forêt sub-glaciaire. Pietr Hansen y emploie des Roux. Et non seulement il les nourrit correctement mais en plus, il les paie ! Pietr déteste l’esclavage. Lien y a amené la tribu de Jdrou pour qu’ils y soient à l’abri.
Malheureusement, un peu partout des chasseurs de Roux se mobilisent pour les amener de force dans des cages dans les villes-stations où ils font cruellement défaut pour gratter la glace sur les dômes, activité vitale pour les populations qui vivent dans ces stations, sous peine de voir les verrières céder sous le poids de la glace. Ces chasseurs sont la lie de la population. Pour la plupart, ces chasseurs sont des criminels sans aucune moralité.
Lien retrouve Yeuse. Yeuse, la meneuse de la revue du Cabaret Miki. Yeuse amoureuse de Lien. Lien qui aime Yeuse mais qui est fou de Jdrou !
Quand Lien retourne dans l’exploitation forestière, le spectacle qu’il découvre est abominable. Les chasseurs de Roux sont passés par là…
Bien sûr, ceux qui ont lu les romans de G. J. Arnaud seront déconcertés par les raccourcis pris par la BD. C’est un peu fatal vu l’ampleur du feuilleton. Néanmoins, l’équipe qui s’est unie pour concocter « La Compagnie des Glaces » en bandes dessinées a réussi à conserver une certaine cohérence entre les albums. Ce n’est pas parfait, certes, mais vu l’ampleur de la tâche, c’est du très bon travail. Mon seul bémol concerne la couverture qui présente une Yeuse qui est loin de ressembler à la grande séductrice qu’elle est !
Lien Rag se présente au rapport. Comment avouer qu’il a vu des Roux armés jusqu’aux dents, alors qu’il redoute qu’on les massacre si on se figure qu’ils représentent un danger pour les hommes ?
Lien brode son histoire, prétendant ne pas avoir vu qui étaient les occupants du véhicule. Le major qui l’interroge peine à le croire. La situation de la Compagnie transeuropéenne est des plus délicates. Il veut absolument savoir si les Roux représentent un danger, surtout depuis qu’ils quittent en masse les dômes où ils grattaient la glace, obligeant les humains à les remplacer, contraints et forcés. Si la glace n’est pas retirée, le dôme ne manquera pas de s’effondrer signifiant la mort pour tous ceux qui se trouvent dans la station…
Critique :
La saga se poursuit avec un Lien Rag, accompagné d’un ethnologue, Harl Mern, et du lieutenant Skoll, un demi-roux. Leur mission : évaluer le danger que représentent les Roux. Lien Rag est persuadé qu’ils sont pacifiques et n’ont aucune intention hostile. Ce n’est pas l’avis du major qui a la preuve que des Roux armés ont attaqué des trains militaires blindés de dernière génération… Avec succès !
Lien va de nouveau être confrontés aux moines néo-catholiques dont il ne perçoit pas les intentions : d’un côté, ils accusent les Roux de tous les maux via leurs églises roulantes, et d’un autre, ils semblent aider les Roux dans le but de les convertir…
Lien Rag va faire la connaissance de Jdrou, une magnifique femelle roux, qui ne tarde guerre à lui montrer qu’elle l’aime et veut s’accoupler avec lui ! Mais comment l’homme « du chaud » et la femme « du froid » pourraient-ils s’aimer ?
Cette bande dessinée n’a de sens et d’intérêt que si vous disposez de l’ensemble des livres de la saga. Contrairement à d’autres séries, un album isolé ne peut que susciter de la frustration.
Les Roux sont considérés comme des animaux… Une simple cuiller réalisée par eux montre qu’ils sont capables de façonner des objets ! De plus, les Roux parlent et mangent des aliments cuits ! N’est-ce donc pas la preuve que les Roux sont des êtres évolués ?
Lien Rag, le glaciologue, poursuit la mission que lui a confiée le gouverneur Sadon : payer la rançon exigée par le pirate Kurt. Mission secrète car la Sécurité voudrait bien prendre le pouvoir et la libération de la fille du gouverneur serait un obstacle. Lien est entré en contact avec des Roux à qui il doit confier l’or de la rançon.
Là où il se trouve, Lien Rag ne peut que constater une débâcle due à une guerre sur deux fronts… Encore des privations pour les « voyageurs » … Que vont devenir les dômes plus petits ? Survivront-ils ?
Critique :
Dans ce 4e tome, Lien Rag (et par conséquent, vous aussi chères lectrices, chers lecteurs) va en savoir beaucoup plus sur les Roux, mais également sur les Néocathos qui ne se contentent pas d’imposer leur foi mais aussi dont certains membres jouent un rôle crucial dans les relations avec les Roux. Frère Pierre est celui qui se démarque dans ce rôle. Mais quel est son objectif ? Est-ce faire reconnaître et respecter les Roux ou les empêcher de pratiquer leur culte pour que seul subsiste celui des Néocathos ?
Pour rappel, dans cette société, il n’y a plus d’habitants, mais seulement des « voyageurs » puisque les populations se déplacent au gré des besoins et des conflits à bord de trains au confort plus que variable selon que vous êtes riche ou pauvre.
Inutile de préciser que si vous n’avez pas lu les tomes précédents (ou les romans) vous n’allez rien comprendre à cette histoire et regretterez de vous être procuré l’album.
A bord du Flèche d’Argent.
Floa Sadon, fille du gouverneur Sadon qui est à la tête de le Transeuropéenne, a invité les actionnaires de la compagnie. Pour envisager l’avenir de celle-ci ? Mouais… Ne serait-ce pas plutôt pour l’élire présidente à la place de son papa ? C’est que la jeune fille est une enfant pourrie-gâtée, égocentrique et tout ce qu’il y a de plus ambitieuse !
Mais soudain le Flèche d’Argent est arraisonné par un train gigantesque, un monstre effrayant…
Critique :
Kurts, un pirate, se charge d’arraisonner le train luxueux de Floa Sadon. Kurts ? C’est qui ça ? Un pirate ! Ni œil de verre, ni jambe de bois ! Bien pire ! Un demi-Roux ! Un croisement contre nature entre un humain, à moins que ce ne soit une humaine et un Roux ou une femelle de cette espèce ! Un individu qui peut vivre sans scaphandre à l’extérieur du train. Une chose grande et musclée, au corps recouvert d’une toison rousse. Mais pour quoi donc a-t-il arraisonné le Flèche d’Argent ? Mais c’est un pirate, voyons ! Et qui se trouve à bord du luxueux train ? La fille du gouverneur et les actionnaires de la Compagnie Transeuropéenne… Cela sent la rançon à plein nez ! Le pognon en grande quantité…
Floa Sadon risque-t-elle de subir des outrages que la décence m’interdit de citer ?
Et Lien Rag, le glaciologue, dans tout ça ? Toujours en fuite ! Il faut dire qu’il a fâché beaucoup de monde, y compris sa fiancée, la dévoreuse d’hommes… Floa Sadon ! Eh, oui ! Encore elle ! Mais il n’y a pas que cette charmante demoiselle a lui chercher un peu plus que des poux ! De toute façon, à l’heure actuelle, elle a d’autres soucis en tête ! Lien Rag est poursuivi par la Sécurité… Sécurité ? Brrr ! Ces individus-là apportent tout sauf la sécurité, justement. Le gouverneur qui apprécie Lien Rag et qui sait que la Sécurité veut le renverser et prendre le pouvoir fait appel au glaciologue pour transporter la rançon le plus discrètement possible.
Je vous en ai déjà trop dit, nous allons nous quitter ici…
Je ne puis que vous encourager à entamer la lecture des 62 romans de la Compagnie des Glaces ou, si vous arrivez à leur mettre la main dessus, sur les bandes dessinées publiées par Dargaud et qui sont une bonne adaptation des romans, même s’il a fallu utiliser des raccourcis.
Lien Rag est un glaciologue, métier fort apprécié dans cet univers de glace.
Comment la Terre s’est-elle retrouvée transformée en boule de glace ? Une explosion sur la Lune a réduit une bonne partie de notre satellite naturel en poussières. Celles-ci ont été attirées vers la Terre qu’elles ont enveloppée, empêchant les rayons du soleil d’atteindre le sol, privant les plantes des rayons indispensables à leur croissance et faisant descendre les températures à -100°C. Quelques habitants ont réussi à survivre en construisant des dômes. Des compagnies de chemin de fer ont vu le jour pour relier entre eux ces différents dômes. Chaque dôme a ses spécificités : fermes, mines, usines, complexes militaires, …
Sans combinaisons spéciales, impossibles pour les hommes de survivre hors des dômes et des trains… Impossible pour les hommes mais pas pour les Roux, une race apparue on ne sait trop comment, sans doute par manipulations génétiques, mais personne ne peut le prouver. Les Roux vivent à l’extérieur, se nourrissant des déchets que les humains veulent bien leur concéder. En échange, ils nettoient les verrières des dômes. Verrières qui pourraient bien céder sous le poids de la glace qui se forme dessus. Leur travail est donc indispensable… Sans quoi, il est fort probable qu’ils auraient déjà été éliminés…
Critique :
Bienvenue dans « La Compagnie des Glaces », sans nul doute le plus grand feuilleton francophone du XXe siècle. G. J. Arnaud est un recordman. 62 romans pour cette seule série de science-fiction, écrits par une seule personne ! Et quelle série, mes aïeux ! Alors, la bande dessinée respecte-t-elle l’œuvre du maître ?
Adapter des romans en BD n’est pas chose aisée à cause du format qui est totalement différent. Qui plus est, une BD prend environ un an pour voir le jour même lorsqu’on enchaîne le dessinateur à sa table à dessin ! C’est pourquoi, il s’agit ici d’un travail multidisciplinaire avec un grand nombre d’intervenants comme c’est expliqué dans les premières pages de l’album. L’idée étant de publier environ trois à quatre albums par an.
Chaque album BD correspond-t-il à un roman ? Pas vraiment. Il s’agit vraiment d’une adaptation, d’une réécriture… Mais elle respecte bel et bien l’esprit des romans. Comme pour un film tiré d’un roman, ceux qui connaissent bien l’oeuvre déploreront l’absence de tel ou tel passage. Difficile de faire autrement. Certains relèveront qu’il y a une incohérence puisque dans la BD, le lecteur « voit » l’environnement alors que si on se fie au roman, cette couche de poussière qui enveloppe la Terre devrait empêcher la lumière de passer et il devrait faire nuit noire en permanence, sauf dans les dômes et dans les trains grâce à l’électricité. Mais à quoi bon dessiner une BD si toutes les cases avec des scènes en extérieur devraient être noires ou tellement sombres qu’on ne distinguerait rien ?
L’un des sujets de fond traité dans cette série, c’est cette idée que, pour survivre, les hommes ont accepté de se soumettre à une dictature… Et comme dans toute bonne dictature, ceux qui sont au pouvoir ne se refusent rien ! Les privations, c’est pour le peuple !
Le récit montre comment un glaciologue, métier important mais qui ne permet pas pour autant à Lien Rag de faire partie des élites. Il va taper dans l’œil de la fille du Président de la Compagnie Transeuropéenne, une fille sublime, égoïste, narcissique, sadique, sexuellement hyper active, … Puis, il va connaître une déchéance pour s’être montré trop curieux et trop humain.
Mon jugement, qui n’est qu’un parmi tant d’autres, c’est qu’un très bon travail a été accompli. Je me retrouve dans l’ambiance du formidable univers créé par G. J. Arnaud. Un univers sombre, pesant : toutes les compagnies de chemin de fer sont des dictatures qui passent leur temps à se faire la guerre, et comme en dehors du rail point de de salut, les voyageurs sont obligés de se soumettre. Et j’ai bien utilisé le terme de « voyageurs » puisque dans cet univers, vous vivez dans des trains. Ces derniers peuvent stationner plus ou moins longtemps en un même lieu, mais l’idée c’est tout de même de les faire se déplacer. Fini les « habitants », en voiture les voyageurs !
Malheureusement, cette série n’a pas pris auprès d’un public suffisamment important et a été arrêtée sans avoir bouclé l’œuvre de G. J. Arnaud.
Dans cette BD extrêmement bien dessinée par Mirka Andolfo, on s’enfonce encore un peu plus dans la confusion et l’horreur que dans le premier tome. J’ai eu toutes les peines du monde à me rendre jusqu’à la dernière page de cet album… Pour découvrir que l’histoire n’est pas terminée… Il y aura une suite ! Ce sera sans moi ! C’est clairement un achat que je regrette. Je me suis laissé avoir par la qualité de trait de l’auteure et par sa mise en couleurs.
Cet album est à réserver à ceux qui adorent faire des cauchemars (à qui les actualités ne suffisent plus).
France. Paris. Septembre 1939.
Un mystérieux convoi quitte Le Louvre… Qu’y a-t-il donc à son bord qui justifie ce départ en pleine nuit ? Même les contrôles de police doivent être évités !
Un village de Normandie. Juillet 1940.
Ils sont quatre. Comme les Mousquetaires. Sauf que chez les Mousquetaires, il n’y avait pas de fille ! Ici, il y en a une : Elise (nom de code : Princesse). Et Elise aurait aimé être un garçon parce que les filles on ne les laisse jamais rien faire ! Et puis, « Princesse », quel nom de code ridicule ! Pourtant, Gaston (nom de code : Chef) préfère nettement qu’Elise soit une fille parce que… Non, mais dites donc ! Vous êtes de la Gestapo ou quoi ?
Le groupe comprend aussi Edmond (nom de code : Doc), le petit génie du bricolage qui sait beaucoup de choses. Mais comment fait-il pour savoir tout ça ? Il lit ! Il lit beaucoup et il apprend ainsi beaucoup de choses.
Et enfin, il y a François (nom de code : Bouboule). Pourquoi Bouboule ? Heu… Sa physionomie générale n’y est peut-être pas étrangère.
Les Allemands occupent le village… Mais aussi le château du comte de Giroie ! Elise et Gaston apprennent par hasard que Göring va venir. Les quatre aventuriers-résistants en culottes courtes décident de se muer en espions pour découvrir ce que cache cette venue…
Critique :
Voilà une bande dessinée sympathique qui s’adresse à un public d’enfants, idéalement les 8 à 12 ans. Les Allemands parlent français (même entre eux, sic) ce qui permet aux aventuriers de comprendre leurs projets. Le scénario est intéressant parce qu’il explique aux enfants comment Hitler et Göring volaient les joyaux artistiques dans les pays occupés. Mais on est loin de l’intérêt de la série « Les Enfants de la Résistance ».
- Chères téléspectatrices, chers téléspectateurs, mon cher Thierry, l’arbitre s’apprête à siffler le coup d’envoi de cette deuxième mi-temps…
- Hé, oui, mon cher Jean-Michel ! On attend avec impatience le coup d’envoi de cette seconde mi-temps…
- L’arbitre siffle… Passe de Touchobut à Kranazérov… Kranazérov qui amortit de la poitrine, double Mc Failure qui tente de le tacler, Kranazérov qui évite Koku, Kranazérov drible Malokou… Kranazéroc shoote… Tête de l’arbitre… Et c’est goooooaaaaalllll !
- Hé, oui, mon cher Jean-Michel ! Une tête inattendue ! Un goal remarquable de l’arbitre… Et c’est buuuuut !
- Hé, oui, mon cher Thierry, c’est le délire parmi les arbitres… Les juges de touche courent embrasser le buteur ! Un goal qui fera date dans l’histoire mondiale du football !
Critique :
Comme d’habitude, l’auteur Gürsel nous offre des gags d’une page, sans un mot, compréhensibles par tout le monde quelles que soient les origines ou les langues parlées. Ses dessins, terriblement expressifs et dynamiques, ne peuvent que nous rappeler des situations mille fois contemplées à la télévision ou aux bords des stades. Le gag n’est pas toujours d’un humour très élevé, mais je me concentre essentiellement sur les expressions des visages qui sont d’une richesse saisissante.
« Attention, mesdames et messieurs, veuillez éloigner les enfants de cet album, s’il vous plaît. Sa lecture en est vivement déconseillée aux personnes sensibles ou souffrant de pathologies, même légères ! Les images en sont « proprement » insoutenables. Comment peut-on autoriser la vente de pareil album à un public non averti ? Oui ! Comment ?
Mesdames et Messieurs, qui parmi vous a déjà assisté image après image à la décomposition d’un morceau de viande ? À raison d’une image toutes les dix minutes durant une semaine, vous obtiendrez le film le plus horrible de l’histoire du cinéma ! Et à qui doit-on ce monument du film d’horreur ? À un psychopathe patenté ? A un cinéaste au service d’un dictateur voulant montrer à quoi s’exposent ses opposants ? Non, mesdames et messieurs, à un enfant qui n’est même pas encore adolescent. Un enfant à qui des parents démissionnaires auront laissé la bride sur le cou trop longtemps, l’abandonnant, seul, face au fléau de notre époque : le jeu vidéo et ses conséquences. » (Extrait de la conférence du professeur Duschmol, thérapeute psycho-analytico-neurolinguiste à l’université de San Deboudin. 8 septembre 1999.)
Critique :
Cela fait du bien de déstresser un relisant des gags vieux de plus de vingt ans de Kid Paddle, l’enfant terrible du jeu vidéo. Il y a de l’humour à différents niveaux, ce qui permet de toucher un public très (a)varié. La subtilité de certains jeux de mots échappera certainement à beaucoup d’enfants qui profiteront davantage des dessins extrêmement expressifs et drôles.
Woodsburg (Alaska). Fin du XIXe siècle.
Une mine. Des coups de feu. Quelque chose d’immonde, de démoniaque ! Quelque chose qui tue les hommes ! Une explosion ! Un affaissement des parois de la mine ! La chose est arrêtée…
Cimetière de Woodsburg. Quelques années plus tard.
Commémoration de l’explosion de la mine. Lady Swanson qui a perdu son mari est présente, mais sa présence n’est pas bien perçue (doux euphémisme) par tout le monde. D’aucuns n’hésitent pas à l’appeler « garce meurtrière » …
Et voilà qu’arrive Lady Nolwenn Hellaine. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Elle occupe une grande maison. Sa beauté est stupéfiante. Pour fêter son arrivée, elle décide de donner une petite fête à laquelle seront conviés les notables que compte la ville…
Critique :
Vampires, goules et autre Dracula en culottes courtes ou en smoking, très peu pour moi ! Passez votre chemin et allez vous abreuver ailleurs sans répandre le sang des innocents au travers des pages de ma BD. Hélas, le pouvoir maléfique de ce livre m’a contraint à renoncer à mes goûts habituels (voilà ce qui arrive quand on ne porte pas de crucifix) ! Face à l’élégance de la couverture et m’imaginant me retrouver dans un univers steampunk, sans même ouvrir le livre, me disant que j’aurais tout le loisir de me laisser surprendre par un style de dessin très « manga », mais surtout très élégant, je l’ai glissé, avec son tome 2, dans la pile de BD achetée pour me sustenter durant un mois.
Les trois premières pages furent une déception. Qu’est-ce que ces monstruosités viennent faire dans mon bouquin steampunk ? Hélas, au fur et à mesure que j’avançais dans l’histoire, point de vaporistes à l’horizon, mais de l’horreur, de la cruauté à foison. Ce n’est qu’en arrivant dans les dernières pages que je commence à percuter l’histoire. Pas conquis par ce scénario, étant allergique aux histoires d’horreur, le monde en compte assez, il suffit de voir certains présidents pour se dire que la réalité dépasse souvent la fiction, je suis resté sur ma faim. Je n’ai rien à reprocher à la qualité de la plupart des dessins qui sont d’excellente facture. J’aurais préféré un papier satiné pour une mise en lumière plus éclatante des couleurs.
En fin de compte, c’est la découverte d’une dessinatrice jeune et hyper talentueuse, mais dont le scénario ne convient pas à mes goûts et qui n’est pas parvenu à me toucher.
Lien Rag est confronté à un gigantesque cimetière de glace : trains enchevêtrés, corps paniqués figés pour l’éternité…
Lien est convaincu qu’il y a eu un génocide et cherche à le démontrer… Contre l’avis de Frère Pierre, représentant du Concile de la Nouvelle Rome. Frère Pierre invite Floa Sadon, fille du Président de la Compagnie Transeuropéenne, a faire changer Lien Rag d’avis. Lance-t-il une menace ?
Critique :
Lien Rag, glaciologue, un métier très apprécié dans cet univers de glaces où les déplacements se font par trains, parfois gigantesques, voudrait en savoir davantage sur les Roux, ces hommes (hommes ou bêtes ? le Concile de la Nouvelle Rome n’a pas encore statué) qui survivent sans équipement spécifique par des températures de -100° C. Pourquoi Lien est-il obsédé à ce point par ce qu’il considère comme un génocide ? Pourtant n’est-il pas promis à un bel avenir grâce au mariage prévu avec Floa Sadon, la fille de l’homme qui dirige la Compagnie Transeuropéenne et seule et unique héritière potentielle ? Floa n’est pas nécessairement une tendre. Son intérêt pour Lien semble avant tout sexuel. D’ailleurs, Floa n’hésite pas à jeter aussi son dévolu sur une femme aussi superbe que Yeuse, artiste-vedette de cabaret et amie de Lien Rag. Combien de temps encore Lien va-t-il supporter d’être le jouet de Floa Sadon ?
Pour qui ne connaît pas, via les romans, l’univers de la Compagnie des Glaces, il est très difficile de s’immerger dans le scénario s’il n’a pas lu le premier volume. Je n’ai pas (encore) réussi à me le procurer, mais grâce à mes lectures des romans, je n’ai pas eu trop de mal à embrayer avec ce tome 2 sans avoir lu le premier. Voilà une série qui s’est cassée les dents, non à cause de l’excellent scénario issu du monde imaginaire fertile de G. J. Arnaud, mais parce qu’elle est incompréhensible si on ne démarre pas sa lecture au tome 1.
Ayant eu l’occasion de lire le début du cycle deux, je dois reconnaître que la qualité du dessin des personnages de ce tome du premier cycle laisse à désirer. Seraient-ils figés par les glaces de cet univers ? Ah, si seulement les dessins de la BD pouvaient ressembler à la fabuleuse couverture de l’album ! Hélas, on en est bien loin ! Mais mon intérêt pour cette série reste entier.
Bruxelles. 1960.
La maman de Kathleen se prépare à quitter sa maison devenue trop grande pour elle seule afin d’aller vivre en appartement. C’est l’heure du grand débarras ! Lorsque Kathleen débarque, elle s’aperçoit que sa maman s’apprête à liquider beaucoup de ses cadeaux à elle. Elle en est scandalisée ! Comment sa mère ose-t-elle se défaire des souvenirs qui appartiennent à Kathleen ? Sa mère l’envoie alors dans le grenier faire le tri dans ce qui lui appartient. Ce qu’elle va y découvrir va la bouleverser…
Bruxelles. 1943.
Les Allemands sont présents partout dans la ville ! Kathleen est écolière. Elle ne comprend pas trop ce qu’il se passe. Le principal souci de la population, au jour le jour, c’est de trouver de quoi s’alimenter. Mais ce n’est pas le seul souci ! Ses parents lui ont appris à se méfier de tout le monde. Il n’y a pas que des Allemands dont il faut se méfier… Il y a aussi ces s… de collabos !
Critique :
Voilà une bande dessinée qui permet de se rendre compte de ce que pouvait être la vie dans une ville occupée par les boches (terme péjoratif utilisé par les Belges pour désigner les Allemands). Il ne s’agit pas ici d’une ville imaginaire, mais bien de Bruxelles, très reconnaissable grâces aux très nombreux dessins qui reprennent les monuments autant que des rues et des intérieurs typiquement bruxellois. D’ailleurs, les personnages s’expriment parfois en dialecte bruxellois, ce qui était vraiment chose courante à l’époque, même dans les meilleures écoles.
Dans cet album qui mêle fiction et histoire véridique, Patrick Weber intègre des éléments bien réels tels que le bombardement de Bruxelles par l’Air Force qui se serait trompée de cible. A priori, elle aurait confondu l’aérodrome d’Evère (commune de Bruxelles) avec la Plaine des Manœuvres (à Ixelles) causant d’énormes dégâts à Etterbeek et Ixelles (deux communes de Bruxelles). L’auteur met en évidence l’histoire du faux journal « LE SOIR ». En 1940, les nazis avaient mis la main sur le plus important journal francophone du pays pour le confier à des collaborateurs zélés. Les Belges l’ont dès lors appelé « LE SOIR volé ». Le Front de l’Indépendance, l’un des grands réseaux de résistance belge, à l’origine d’obédience communiste même s’il était ouvert à tous, va frapper un grand coup avec la publication du Faux Soir. Un cas unique dans toute l’histoire de l’occupation durant la Seconde Guerre mondiale puisque par un tour de passe-passe extraordinairement bien orchestré, le journal va se retrouver en kioske le 9 novembre 1943 à la place du journal officiel entre les mains des collaborateurs. Le journal se moque évidemment des nazis et dans le style propre aux articles du SOIR volé, il cause éclats de rire et moqueries. L’histoire fera grand bruit et amusera énormément les Belges leur redonnant espoir dans la défaite nazie, mais il se soldera par l’arrestation d’une quinzaine de participants à l’opération, dont deux mourront en déportation. La BD ne fait pas l’impasse sur les collabos, essentiellement les rexistes du côté francophone.
Les dessins de Baudouin Deville reproduisent fidèlement Bruxelles à cette époque, grâce à une ligne claire très franco-belge. Et la « mise en lumière » (en couleur) de Bérengère Marquebreucq est fidèle aux couleurs de l’époque.
Cet album financé par l’édition participative est vraiment de très grande qualité et répond aux meilleurs standards actuels. Même si vous n’êtes pas Belge, n’hésitez pas à vous le procurer car l’histoire est construite comme un thriller historique.
Dans le fort portugais, une femme ambassadeur fait une entrée remarquée : une femme ambassadeur ? Les Portugais n’ont jamais vu ça ! Elle refuse de se couvrir comme le lui ordonne un prêtre. Comme on ne lui propose pas de siège pour s’asseoir, elle demande à une de ses exclaves de se placer à quatre pattes pour qu’elle puisse poser son séant de façon digne face au gouverneur portugais. Elle refuse de s’enduire de farine comme le voudraient les colonisateurs qui ne conçoivent pas de parler d’égal à égal avec quelqu’un à la peau trop foncée… Njinga démontre qu’elle a une très forte personnalité. Ce n’est là qu’un début pour les Portugais qui vont avoir fort affaire avec la future reine du Matamba…
Critique :
Jean-Pierre Pécau signe ici un scénario extrêmement intéressant puisqu’il nous fait découvrir une reine africaine totalement méconnue en Europe, devenue une icône en Angola. Il faut dire qu’arriver à survivre dans les conditions qui furent les siennes pour s’éteindre paisiblement à l’âge de quatre-vingts ans, ce n’était pas gagné d’avance !
Le monde de Njinga n’a rien d’un paradis paisible : à la mort de son père, son frère n’hésite pas à massacrer tous ceux de sa famille qui pourraient lui disputer le titre de roi, y compris ses neveux en bas âge, puis il s’arrange pour que ses sœurs, laissées en vie, ne puissent plus jamais enfanter. Ajoutons une tribu de cannibales pour faire bonne mesure et des esclaves dont la vie ne vaut pas grand-chose… Ah, oui, j’allais oublier : le massacre des prisonniers est monnaie courante… Pas d’ONU à l’époque pour condamner ces joyeuses facéties.
Ce livre est une succession de massacres, mais pas que ! L’auteur démontre les qualités diplomatiques et de stratège de Njinga qui va réussir à s’imposer comme reine par la ruse.
Le scénario ne rend que très peu de personnages sympathiques. Il met aussi en évidence la principale raison de la présence portugaise sur place : le commerce des esclaves dont ils ont grand besoin pour leurs plantations et mines au Brésil.
J’apprécie beaucoup le dessin d’Alessia de Vicenzi qui confère un caractère particulier à cet album pour nous transporter en Afrique. Nuria Sayago achevant de conférer des couleurs chaudes à l’ouvrage pour parachever l’ambiance africaine.
Iran. Téhéran. 1952.
Hjalmar Schacht, le banquier du Reich se croit à l’abri. A l’abri de qui ? Il a déjà été jugé. Il a été innocenté. Qui donc pourrait bien encore lui en vouloir ? Peut-être bien les services secrets israéliens, le Mossad…
Critique :
Indéniablement, Pierre Boisserie et Philippe Guillaume, les scénaristes, savent y faire pour créer une ambiance de thriller sans coups de feu ni explosions. Dans cette seconde partie, l’agent du Mossad, ou prétendu tel, rencontré à Tel-Aviv par Hjalmar Schacht, vient le perturber dans sa nouvelle vie de banquier offrant ses conseils aux états, des pays non-alignés en particulier. L’agent secret, qui semble très bien connaître le passé du banquier, veut absolument connaître la fin de l’histoire, celle racontée par l’ancien ministre du Reich en personne.
Hjalmar Schacht était persuadé qu’il arriverait à convaincre Hitler et ses sbires que l’entrée en guerre était une colossale erreur et que l’argent consacré à équiper l’armée devrait servir à des investissements productifs permettant d’exporter afin d’apurer les dettes de l’état. La victoire des nazis en Pologne, puis celle qui voit l’Allemagne mettre la France à genoux (les auteurs ne daignent même pas mentionner les petits pays, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, …) achèvent de convaincre Hitler qu’il a fait les bons choix, et même si le banquier conserve son statut de ministre sans portefeuille, son étoile a pâli. Bien plus, il commence à irriter sérieusement… Au point qu’il va être arrêté et connaître une série de lieux de détention.
Mais quel homme était Hjalmar Schacht ? Un esprit brillantissime, à n’en pas douter, méprisant car il ne trouve pas d’interlocuteurs « dignes de lui », peu empathique même s’il a mis les juifs qui travaillaient pour lui à la Reichsbank à l’abri. Un individu complexe convaincu de la grandeur de sa mission mais jusqu’à quel point approuvait-il la politique nazie ? Difficile à dire…
Le trait de Cyrille Ternon est limpide et contribue pour beaucoup au plaisir de lire cette bande dessinée dans laquelle Céline Labriet apporte une touche de couleur en parfaite harmonie avec le sujet. Et une fois de plus, la couverture est exceptionnelle. Elle attire tout de suite les regards.
Digne des plus grands thrillers historiques !
1951. Tel-Aviv
L’avion de transport de passagers fait escale pour se ravitailler. Parmi les passagers, un couple n’a pas l’air franchement heureux d’apprendre cette nouvelle. Hjalmar Schacht, ancien banquier du Reich descend dans l’aérogare pour prendre un café. Il est aussitôt reconnu. Lorsqu’il remonte dans l’avion, il est surpris de voir un individu venir se présenter à lui en tant qu’agent du Mossad. Il a quelques petites questions à lui poser…
Critique :
Cette BD permet de découvrir un personnage qui a joué un grand rôle dans l’entre-deux-guerres. Un banquier ! Pas n’importe quel banquier ! L’homme qui a permis de juguler l’hyperinflation qui rongeait l’Allemagne. L’individu a une très haute opinion de lui-même. Il faut dire qu’il a rencontré de très beaux succès en sa qualité de banquier du Reich. Lorsque les nazis arrivent au pouvoir, il se joint à eux et s’imagine pouvoir les manipuler en tenant les cordons de la bourse…
Voilà un scénario de Pierre Boisserie et de Philippe Guillaume en or qui arrive à accrocher le lecteur alors que celui-ci sait comment tout cela va se terminer. On m’aurait dit qu’une histoire de banquier serait aussi passionnante, je n’en aurais pas cru un mot ! La couverture, très sobre, attire le regard avec une puissance peu commune. Je n’ai pas manqué de penser à certaines affiches du IIIe Reich. Cyrille Ternon a accompli un travail phénoménal avec un graphisme très ligne claire. La mise en couleur de Céline Labriet, dans des tonalités essentiellement sépias, donne une impression de vieil album photo accroissant ainsi le côté authentique du récit.
17 juin 1940. La Rochelle.
Des milliers de gens se massent sur les quais pour embarquer et fuir la France car la défaite française ne fait plus aucun doute. Joseph Joanovici et sa secrétaire Lucie paient une importante somme au commandant du paquebot qui est à quai pour disposer de trois cabines, soit six couchages, en première classe. Joseph a prévu, outre lui-même, de faire partir son épouse, ses deux filles, son frère aîné et Lucie, sa secrétaire. L’Amérique les attend.
Mais un rendez-vous avec un curieux personnage va le faire changer d’avis : il va rester en France, malgré qu’il soit juif et que les Allemands seront présents pratiquement partout dans quelques heures…
Critique :
Joseph Joanovici est un homme plein de ressources. Juif et analphabète, arrivé sans le sou en France, il a su y trouver sa place et se faire de l’argent ! Beaucoup d’argent ! Le fait qu’il délaisse sa famille, ne la voyant que très rarement, ne signifie nullement qu’il ne s’en préoccupe pas. Il a prévu de quitter la France… Mais ce faisant, c’est tout perdre ! Or la fortune qu’il s’est bâtie, il tient plus que tout à la préserver. Mais comment la préserver s’il abandonne le pays où elle se trouve. Prenant le risque d’y laisser sa peau, et celles de son épouse et de ses enfants, il décide de rester et de jouer la carte de la collaboration avec les Allemands. Il pense avoir les moyens de sauver sa peau… Et de continuer à s’enrichir malgré, ou grâce à, l’occupation…
Fabien Nury retranscrit à sa manière l’histoire de Joseph Joanovici, personnage qui a réellement existé et qui a connu un destin fabuleux durant la guerre. Les dessins de Sylvain Vallée sont toujours aussi puissants, aussi évocateurs et détaillés. N’oublions pas Delf, la coloriste qui réalise une fois encore un excellent travail.
19 novembre 1905. Kishinev – Bessarabie (Roumanie).
Les troupes du tsar Nicolas II viennent trucider tous les habitants d’un village juif. C’est clair que tous ces juifs sont, au même titre que les bolcheviks, les ennemis de la grande Russie impériale… Voilà qui ne coûte pas cher au tsar et qui est sans risque. C’est certain que la population russe, chauffée par les popes, ne les regrettera pas. Mais où donc sont passés les enfants ? Ce serait insupportable qu’ils en réchappent, non ? Pourtant Joseph et Eva, qui voient leurs parents se faire assassiner par les soldats-bourreaux du tsar vont s’en sortir.
6 février 1965. Clichy (France).
Joseph Joanovici est occupé à crever dans un appartement qui suinte la misère. Dans son délire, il revoit son mariage avec Eva… Mais Eva n’est plus là depuis longtemps. C’est la fidèle Lucie-Fer qui le veille. Le cauchemar de Joseph porte un nom : Legentil, juge d’instruction en retraite. Il n’est pas loin. Il est à deux pas, occupé à siroter son café. Dix-huit ans qu’il attend ça…
Critique :
Vous avez échappé à la mort. Votre famille a été décimée. Vous ne savez ni lire ni écrire. Vous êtes juif dans un pays où cela équivaut de temps en temps à une peine de mort. Avouez que vous n’avez pas beaucoup d’atouts dans votre jeu, le grand jeu de la vie ! Qu’à cela ne tienne ! Vous avez appris à survivre. Vous êtes malin. Votre intelligence va compenser ce que les hasards de l’existence ont refusé de vous apporter. Vous avez jeté depuis longtemps vos scrupules dans un WC et vous n’avez pas oublié de tirer la chasse. Il n’y a donc rien qui puisse vous empêcher d’avancer dans la vie. Vous êtes Joseph Joanovici. La seule patrie que vous êtes prêt à défendre, c’est votre famille, le reste ne compte que pour des peanuts !
Dans ce premier tome exceptionnel, Fabien Nury et Sylvain Vallée nous font découvrir un homme très antipathique par bien des aspects, à la moralité plus que douteuse, mais pour lequel il est impossible de ne pas éprouver une certaine empathie tant la vie a été immonde avec lui. Joseph Joanovici se montre antipathique, n’ayons pas peur des mots, un vrai salo… (il y a des enfants qui écoutent) mais souvent en ayant en face de lui des types qui ne valent guère mieux. Ce sont rarement des innocents qu’il escroque… N’empêche qu’il n’hésite pas à traiter avec les nazis, avant la guerre, pour vendre sa ferraille au triple du prix du marché… En se moquant pas mal de la France ou il a trouvé refuge… Et fortune !
Les auteurs ont pris la précaution de signaler que cette histoire est une fiction… Mouais ! C’est certains qu’ils n’étaient pas là au moment des faits, mais ils se sont basés sur une série de faits connus, notamment de la justice. Si vous prenez votre ordinateur et que vous suivez l’histoire, vous remarquerez très vite à quel point le scénario est proche de ce qu’on sait ou croit savoir.
Fabien Nury prouve ici encore à quel point il est un immense scénariste. Sylvain Vallée est un formidable dessinateur dont les images fourmillent de détails, mais pour moi, le plus incroyable, ce sont les expressions des visages de ses personnages. J’ai l’impression de les voir bouger, d’assister à un film avec des plongées, des contre-plongées, des gros plans… Et le chef-d’œuvre ne serait pas complet sans la mise en couleur de Delf, une des meilleures coloristes parmi ceux et celles que j’apprécie.
Dernière recommandation : achetez l’intégrale plutôt que des albums séparés !
Lien Rag est cuisiné par les services secrets de la Panaméricaine qui redoutent qu’il ne soit un espion. Après tout, pourquoi la Transeuropéenne se serait-elle donné autant de mal pour attraper un vulgaire déserteur doublé d’un meurtrier ? Mais Lien Rag a des compétences de glaciologue peu communes et justement, la moitié des ressources de la Panaméricaine est consacrée au percement d’un projet fou, un métro reliant l’ouest à l’est de ce qui fut l’Amérique du Nord. Les problèmes à résoudre sont innombrables, mais pas insolubles jusqu’au jour où…
Critique :
L’arrivée de Lien Rag dans la Panaméraicaine est l’occasion de découvrir un univers en paix où le fric règne en maître, avec à sa tête une femme de poids, au propre et au figuré. Lien Rag va devoir faire ses preuves tout en poursuivant sa mission secrète au profit des Roux pour qui il éprouve des sentiments très forts.
Pendant ce temps, la situation se dégrade considérablement pour le personnel du Cabaret MIKI, prisonnier des Sibériens, et plus particulièrement de l’infâme lieutenant Oude, pardon, du capitaine Oude, puisqu’il est monté en grade, comme quoi ça sert d’être planqué et inquisiteur.
Plus je lis cette bande dessinée, plus je retrouve l’univers extraordinaire créé par Georges-Jean Arnaud. Rarement une BD aura autant respecté l’esprit et la lettre d’une saga… Et quelle saga ! Je rappelle que c’est la plus longue série consacrée à un univers jamais écrite par un seul homme à l’imagination foisonnante.
Les studios Jotim ont accompli un travail remarquable à tout point de vue : dessin, mise en page, coloriage, découpage de l’histoire… Le personnage de la Présidente de la Panaméricaine, l’incroyable Lady Diana, ou comme elle se surnomme elle-même modestement XXL (elle serait plutôt 7XL) est truculent… Et très américain dans notre perception européenne de l’Amérique qui se veut BIG en tout.
Au fur et à mesure que j’avance dans la lecture de ces BD, je ne puis que regretter l’arrêt de cette série par Dargaud. Mon explication vient du fait qu’elle a été trop innovatrice lors de sa parution. Aujourd’hui, des éditions comme Soleil ont habitué les lecteurs à ce que des équipes travaillent sur une série plutôt qu’un seul dessinateur accompagné ou nom d’un scénariste. La façon de travailler du Studio Jotim a dû en déconcerter plus d’un. Pour moi, ils ont accompli un chef-d’œuvre à une époque où les esprits n’étaient pas prêts à se plonger dans une saga incompréhensible si on ne lit pas tout depuis le premier album, sinon, bonjour la frustration. Pas question ici d’épisodes indépendants. Je n’ai pas les premiers albums BD mais pour moi, cela ne constitue pas un problème ayant lu une bonne partie des romans de Georges-Jean Arnaud. Je ne les ai pas… encore ! Car je ne renonce pas à mes recherches pour me procurer tous ceux qui sont parus !
Il s’en est fallu de très peu que Lien Rag ne meure de froid dans la cloche qu’il avait inventée pour réparer les tuyaux de la pêcherie. Il a été sauvé à la dernière minute par Kurts le pirate. Mais pourquoi celui-ci a-t-il pris de tels risques pour extraire Lien de sa cage-congélateur ?
Critique :
L’intrigue continue de respecter les livres de Georges-Jean Arnaud. Le scénario retranscrit très bien les événements multiples qui voient Lien Rag séparé de son fils confié à Yeuse. Yeuse qui se trouve dans de sales draps depuis que le Cabaret MIKI est tombé entre les mains des Sibériens. Le lieutenant Oude, vilain bureaucrate, mène la vie dure aux artistes. Ce n’est pas de sa propre initiative que Kurts a libéré Rag. Cette action a été commanditée par Skoll qui veut transformer Lien en espion.
Les dessins sont splendides et la mise en couleur est très réussie.
Lien Rag a dû fuir la mine de sel où il travaillait après avoir tué le chasseur de Roux qui avait liquidé sa bienaimée. Il a retrouvé un travail de glaciologue dans une pêcherie où il va mettre au point un système, dangereux, pour descendre sous l’eau réparer les canalisations dont les fuites permettent aux algues de proliférer réduisant d’autant la quantité de poissons disponibles. Yeuse le cherche pour lui venir en aide. Elle n’est pas la seule à le rechercher, mais les autres sont animés de moins bons sentiments à son égard…
Critique :
Je retrouve avec grand plaisir l’univers de la Compagnie des Glaces. Les dessins sont de qualité et l’atmosphère est parfaitement rendue.
Lien Rag continue à fuir avec son fils qui manifeste des qualités hors du commun pour un enfant de son âge. La guerre entre Sibériens (sortes de Mongols) et la Transeuropéenne n’en finit pas. Les Sibériens chevauchant leurs petits chevaux semblent percer le front dans la région où a été envoyé le Cabaret MIKI.
Les Roux évolués sont décidés à se battre contre les hommes qui les traitent en esclaves et les maltraitent.
Je rage à l’idée que Dargaud en a interrompu la publication… Et ne réédite même plus les anciens albums.
Berlin. 6 mai 1945.
Les Russes se sont emparés de la capitale du Reich depuis plusieurs jours. La guerre est finie… Enfin, la guerre entre les nazis et les alliés… Parce qu’une autre guerre ne fait que commencer !
C’est une guerre secrète qui oppose les Soviétiques entre eux. En l’occurrence, deux belles crapules, deux grands assassins, deux immondes bourreaux : Viktor Abakoumov et son SMERSH contre Beria et son NKVD. Une guerre entre services secrets russes. Une guerre qui se traduit par une course contre la montre. Lequel des deux services sera-t-il le premier à mettre la main sur Hitler ! Avant de signer la fin de la guerre, le Petit Père des Peuples, Staline, veut s’assurer que son grand ennemi personnel est bien mort et qu’à défaut, il lui tombe entre les mains.
Critique :
Dans un premier temps, repoussé par les dessins des personnages taillés à la serpe, et les couleurs crues et uniformes, j’ai différé l’achat de cette bande dessinée. Finalement, tenté par le sujet, j’ai acheté l’album avec beaucoup de réticences, ce type de dessin n’étant pas ma tasse de thé.
Après lecture, je suis revenu sur mes premières impressions. Ces dessins très géométriques, anguleux au possible et ces couleurs contribuent bien à l’atmosphère délétère de l’ouvrage, où l’on voit les dirigeants des deux services secrets russes s’affronter par petits pions interposés et où tous ls coups fourrés sont autorisés, les deux maisons ne reculant devant aucun sacrifice. Je croyais savoir pas mal de choses sur la fin d’Hitler, sa fin et les jours qui ont suivi, mais j’ignorais à quel point cette affaire du cadavre de feu le Führer avait l’objet d’une guerre entre services secrets russes.
J’attends avec impatience la suite de l’histoire.
Knot Station.
Kelt, le chef de station, fête son départ. Dix ans qu’il s’impose ici sans un seul incident majeur ! Il vient d’être muté dans un dôme réservé aux meilleurs agents. Pour l’occasion, quelques superbes pensionnaires du Cabaret MIKI sont présentes au milieu de tous les notables et gradés. Il faut dire qu’il y a beaucoup de fric dans le coin. Les artistes du MIKI sont très courtisées, Yeuse en particulier… Mais qu’est-ce donc que tout ce boucan ? Oh, mon Dieu ! Quelle horreur…
Critique :
Pour rappel, « La Compagnie des Glaces » est la série de science-fiction la plus longue écrite par un seul homme, en l’occurrence, G.-J. Arnaud. Cet auteur ne s’est pas cantonné dans la seule science-fiction puisqu’il a écrit des dizaines de polars, de romans d’espionnage, fantastiques, régionalistes… et de romans érotiques. Il est mort le 26 avril 2020, à l’âge de 91 ans. Sa biographie est créditée de 416 romans. Commencée en 1980, la série de « La Compagnie des Glaces » comprend 62 tomes ! Je ne les ai pas tous lus, mais une bonne moitié tout de même (pas nécessairement dans l’ordre car il était difficile de tous les trouver). Je suis un grand fan de cette série que je redécouvre via la bande dessinée. Hélas, Dargaud ne publie plus les BD et n’a pas été jusqu’au bout des cycles ! Je n’ai pas (encore) les premiers albums. J’entreprends la lecture avec le deuxième cycle « Cabaret Miki ».
Je retrouve l’ambiance des romans dans cet univers post-apocalyptique où, suite à l’explosion de la Lune, les hommes y ayant entreposé des tonnes de saloperies nucléaires, la Terre se retrouve enveloppée dans un nuage de poussière. Les rayons du Soleil n’arrivent plus à percer et les températures descendent aux alentours de -100°C. Pour survivre, les hommes sont obligés de construire des dômes. Pour se déplacer, ils utilisent des trains qui peuvent être de dimensions gigantesques. L’univers est partagé entre ces compagnies de chemin de fer qui se révèlent de véritables dictatures en guerre les unes contre les autres.
Une nouvelle espèce est apparue : les Roux, sortes d’hominidés au corps recouvert de poils et aptes à vivre dans les grands froids. Ce sont eux qui entretiennent les verrières des dômes en en retirant les couches de glace.
Lien Rag, notre héros, glaciologue, un métier très recherché, va tomber amoureux d’une femelle issue des Roux, la splendide Jdrou. De leur « alliance contre nature » va naître un enfant au corps poilu qui se révèle très costaud et au développement bien plus rapide qu’un bébé ordinaire. Lien Rag se voit contraint d’élever seul cet enfant car Jdrou a disparu avec les siens. Lien Rag se met à sa recherche tout en essayant d’éviter que les personnes qu’il rencontrent ne découvrent les particularités de son fils…
Les artistes du Cabaret MIKI ayant assisté au massacre commis par les Roux à Knot Station, ce qu’elles n’auraient pas dû voir, le train du cabaret se voit expédié dans les zones de combat du Nord-Est. Le Cabaret MIKI a été ni plus ni moins réquisitionné…
Je comprends qu’il soit difficile de suivre une série avec autant de tomes, mais quand on a été plongé dedans, il est difficile de s’en détacher.
11 octobre 2009.
Un tribunal a nul autre pareil doit juger Marcel Grob.
La question posée est simple : Marcel Grob est-il un « malgré-nous » qui s’est retrouvé engagé dans la SS contre son gré ou est-il un engagé volontaire pour la SS ?
Le juge mène l’instruction… Il apparaît clairement que monsieur Grob n’est pas très coopératif et tente d’échapper aux questions posées par le magistrat. Quand il daigne s’y soumettre, il réfute l’engagement VOLONTAIRE dans la SS, que par ailleurs il prétend détester… Mais alors pourquoi avoir répondu à l’appel et s’être présenté à la caserne SS ? Parce que les parents de ceux qui refusaient de se présenter étaient arrêtés et envoyés en camp de concentration… Pourquoi ne pas avoir déserté ? Parce que les déserteurs étaient rattrapés et exécutés d’une balle dans la tête… Il affirme que sur son livret militaire il manque F.R.W., ce qui signifie Freiwilligen, ou, en français, engagé volontaire… Bref ! Monsieur Grob est-il aussi innocent qu’il le prétend ? A vous d’en juger…
Critique :
Le dessin de Sébastien Goethals n’est pas parfait… Il n’est pas toujours facile de distinguer les différents personnages. Le choix des couleurs monochromes me semble excellent pour se replonger dans cette histoire du passé, mais la qualité de ces couleurs est inégale.
Quant au scénario… Il est exceptionnel ! Philippe Collin et Sébastien Goethals ont su donner vie à un personnage réel et reconstituer l’ambiance, les décors et les costumes de cette époque.
Les scénaristes soulèvent la question douloureuse de ces Alsaciens engagés dans la Wermacht et dans la Waffen SS. Dans le cas qui nous occupe, il n’est question que de la SS. Les études historiques démontrent que contrairement aux recrues purement allemandes, les Alsaciens enrôlés dans la SS n’étaient pas forcément des volontaires. Comme Himmler, chef tout puissant de la SS voulait contrôler sa propre armée, il avait un besoin considérable d’hommes, surtout que les pertes enregistrées en Russie étaient colossales. Alors que la SS des débuts se voulait racialement pure, on alla jusqu’à engager dans ses rangs des prisonniers soviétiques venus d’Asie. Les Alsaciens pouvaient donc mieux correspondre aux critères raciaux et il n’était pas nécessaire de leur demander leur avis. Les chefs étaient sans pitié et sans scrupules. Les assassinats de civils, qu’ils avaient déjà largement commis en URSS allaient se poursuivre en France, en Italie, en Belgique. Le sort des Alsaciens était très critique puisqu’ils allaient forcément devenir les traîtres de quelqu’un ! Il faut dire qu’il y avait de quoi perdre don latin ou plutôt son alsacien : Français jusqu’à la Guerre de 1870 ; Allemands jusqu’en 1918-19 ; Français jusqu’en 1940, puis, à nouveau Allemands… Y eut-il parmi eux des assassins ? Certainement ! Mais la grosse majorité n’a fait qu’obéir car la moindre forme de désobéissance était on ne peut plus sévèrement réprimée, allant jusqu’à la déportation des proches.
Difficile dans un tel contexte de juger ces hommes, du moins la plupart d’entre eux. Pour certains dont les crimes étaient avérés, il n’y eut guère de sanction digne de ce nom au nom de la « réconciliation nationale ». Ils passèrent au travers des mailles du filet. Ils ne furent pas les seuls : plusieurs officiers SS allemands, responsables de multiples crimes, et n’ayant jamais regretté leurs choix, ne furent que très légèrement inquiétés après la guerre…
S’il y en a qui doutent encore que la bande dessinée est un art complet à part entière, qu’ils lisent « Le Voyage de Marcel Grob » !
Êtes-vous un con ? Excusez-moi de vous poser la question de façon aussi abrupte… Mais êtes-vous un con ? C’est important pour bien vivre en société, voyez-vous ! Pour n’importe qui d’autre, nous sommes forcément des cons. Des cons qui s’ignorent, mais cela ne change rien au fait que nous sommes des cons ! … Comment ? … Vous me trouvez injurieux à votre égard car vous n’êtes pas un con ? Je vous invite à faire le test ! Lisez donc « Faut pas prendre les cons pour des gens, tome 2 » d’Emmanuel Reuzé soutenu par Nicolas Rouhaud dans son étude, la deuxième du genre qui a une valeur scientifique indéniable. Lisez-le d’abord et je vous reposerai la question ensuite…
Ukraine. Tchernobyl, quelques mois après l’explosion du réacteur…
Ah, Kolia ! Tu as été adopté par ces enfants qui vivent dans la zone irradiée, ces orphelins que tous ont abandonnés et qui ont réussi à s’organiser pour survivre. Tu te joins à leur petite communauté malgré que tu ne sois pas comme eux… Ou pas encore…
Critique :
Ne lisez pas le deuxième album avant d’avoir lu le premier. Si vous le pouvez, bénéficiez de l’offre « Grand ANGLE » qui vous propose l’achat des deux tomes conjointement.
Aurélien Ducoudray nous propose un scénario qui embrasse beaucoup de thématiques en à peine deux albums, au point que le lecteur ne sait plus trop quel message l’auteur cherche à faire passer. S’agit-il de dénoncer un éventuel abandon d’orphelins par les autorités (chose jamais évoquée dans aucun article de presse) ? Veut-il expliciter l’incompréhension entre un père et son fils, un père voulant que son fils apprenne à survivre dans un univers qu’il juge impitoyable, et un enfant qui est gentil, respectueux des autres, incapable de faire du mal à une mouche et qui ne supporte aucune forme de cruauté ? Tente-t-il de démontrer le peu de confiance qui règne entre adultes dont quelques-uns sont prêts à trahir, voire à tuer, leurs propres compagnons pour obtenir quelques roubles en plus ? Cherche-t-il à attirer l’attention du public quant au manque de respect des humains envers les autres espèces vivantes ? Met-il en évidence les risques du nucléaire ?
C’est un peu tout cela à la fois…
Les dessins de Christophe Alliel, malgré un côté enfantin, mais pleins de vie et d’action, sont bien adaptés au récit et la mise en couleurs de Magali Paillat font bon ménage avec les ambiances créées par le récit du scénariste et les traits du dessinateur.
Malgré les nombreuses thématiques abordées l’histoire se lit très facilement, notamment grâce au rythme très soutenu du scénario.
Je ne crois pas qu’il soit possible de faire confiance à ceux qui affirment que le nucléaire est une industrie sûre… Pas après Tchernobyl ! Pas après Fukushima !
Ukraine. 26 avril 1986. Explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Pauvre Kolia ! Ton père veut t’endurcir. Ou plus exactement endurcir ton cœur. Le fermer à toute compassion. Va, Kolia ! Jette ces petits chiots dans le puits ! Noie-les ! Il est temps que tu deviennes un homme ! L’homme que ton père veut que tu sois…
Critique :
Aurélien Ducoudray nous invite à suivre, de loin, l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl au travers des aventures d’un gentil garçon, Kolia, dont le père a une vision de l’éducation… Un peu brutale ! Genre pousse-au-crime, même s’il ne s’agit que de chiens…
Amis des bêtes, cœurs sensibles, passez votre chemin…
Allez, braves gens ! Quittez votre village ! Il va être rasé ! Trop contaminé ! Fichez le camp ! Tout est irradié ! Allez donc traîner vos misérables carcasses loin de cette terre que vous avez toujours connue en abandonnant tout derrière vous ! Les bulldozers sont déjà là. Quelques dernières paroles du pope… Des mots très encourageants (que vivent les religions) : « L’âme écrasée de douleur, il se lamentait et songeait : de moi sortiront et se multiplieront des peuples entiers. Tous, ils souffriront ; ils vivront dans l’inimitié. » Mon Dieu, comme j’aime ces paroles de réconfort de ceux qui se disent vos représentants sur Terre.
Quelques mois après le désastre, le père de Kolia, dit Sanglier, sans doute à cause de son caractère de cochon, l’entraîne dans la zone la plus irradiée pour une chasse des plus originales : une chasse aux chiens contaminés ! Les chasseurs sont payés à la pièce, à savoir, à la tête ramenée. En plus de Kolia et de son père, leur petit groupe comprend Sputnik, une sorte de vieil ivrogne ; Pravda, ancien des forces spéciales, une montagne de muscles, Petit Père, tireur d’élite et Silence, son chien qui n’aboie jamais. Kolia est prié de tuer son premier chien…
Un scénario très original autour d’une centrale nucléaire devenue (tristement) mondialement connue. Aurélien Ducoudray aborde différents thèmes : l’éducation terrible qu’un père veut donner à son fils pour son bien, croit-il, car il sait que le monde dans lequel il vit est dur ; l’évacuation de ces terres contaminées où les gens laissent tout derrière eux, y compris leurs animaux de compagnie et leur bétail ; et des individus qui ne sont mus que par l’argent, prêts à commettre des crimes… Et pas que sur des chiens…
Les magnifiques dessins de Christophe Alliel mettent en valeur le scénario, et ils sont sublimés par la mise en couleurs de Magali Paillat.
Le Piou, sorte d’oiseau reconnaissable à son cri « Piou ! Piou ! » nous plonge en plein Jurassique.
Le langage n’ayant pas encore été inventé, force est de constater que les gestes restent un moyen de communication qui ne permet pas toujours d’exprimer clairement sa pensée, ce qui peut donner lieu à quelques situations embarrassantes, en particulier pour ceux qui se font bouffer par des piranhas, par exemple, malgré la bonne volonté du Jurassic Piou pour venir en aide à ses contemporains en inventant le pictogramme.
On assiste à des séances de poursuites dignes de Jurassic Diana Jones où le plus gros cherche toujours à avaler plus petit que lui… Ce n’est pas sans me rappeler certaines scènes de la vie politique et économique courante…
Attention, certaines planches sont d’une cruauté insoutenable ! Le sort réservé aux pauvres « Piii ! Piii ! » par exemple pourrait entraîner des cauchemars auprès d’un public sensible. Ne laissez pas les enfants lire cette BD, ils en sortiraient traumatisés au point d’être Donaldtrumpisés à vie.
Un livre inénarrable ! Des délires à toutes les pages. Un bon petit moment de rires et de sourires sans prise de tête.
Septembre 1380.
Le roi Charles V se meurt… Il laisse deux fils encore enfants. Il a pris ses dispositions pour qu’un trésor royal puisse permettre à son héritier de gouverner la France malgré le fait qu’il ait supprimé les impôts qui accablaient le peuple. Se méfiant de ses frères, un deuxième trésor, bien caché celui-là, devrait permettre à son fils de surmonter un coup dur. Se méfiant de ses frères et de Louis en particulier, Charles V a pris des dispositions légales pour sa succession.
Oui, mais… C’est sans compter sur la tromperie, la veulerie, la trahison de son satané frère Louis, le duc d’Anjou, qui est prêt à tout pour s’enrichir et devenir roi… en Italie !
Critique :
Quelle misère ! … Dire qu’il va falloir attendre un an, voire plus ! pour connaître la suite de « La Couronne de Verre » de la très talentueuse historienne scénariste française, France Richemond ! Oui ! Oui ! Celle-là-même qui est l’auteure du « Trône d’Argile » (avec le scénariste Nicolas Jarry) dont on attend désespérément la suite !
Un scénario mené à la vitesse de l’éclair pour mettre en place le très difficile règne du roi Charles VI monté sur le trône à l’âge de douze ans, dépouillé par son oncle, le lâche et ignoble Louis, duc d’Anjou, et manipulé par ses deux autres tontons, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et Jean, duc de Berry.
Mais Charles, et son jeune frère, Louis de Valois, ne sont pas les véritables héros de l’histoire. Cet honneur revient à Guillaume et Tanneguy du Châtel… Enfin, surtout à Tanneguy, qui au début du récit a le même âge que le jeune roi.
A la fin de l’album, France Richemond justifie ses choix en révélant ses sources historiques et les nombreux blancs laissés par l’Histoire et qui lui permettent de laisser son imagination combler les fossés creusés entre les différents témoignages historiques.
Pour rappel, l’histoire se situe en pleine Guerre de Cent ans…
L’Italien Tommaso Bennato illustre à merveille ce récit fourmillant de détails iconographiques. Vivement qu’il se mette à la suite de l’histoire, ce qui n’est peut-être pas très évident puisqu’il œuvre aussi dans le monde du jeu vidéo.
Le Français Hugo Poupelin, établi en Belgique et formé à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, apporte les splendides touches de couleur qui complètent cette merveilleuse BD.
Inutile de préciser que je recommande chaudement cet album !
Arundill est le nom qui me fut donné par mon maître lorsqu’il m’acheta quand je n’étais qu’une enfant. Il fit de moi ce que je suis, une alchimiste de talent qui opère sous le contrôle des connétables de l’Ordre des Ombres… Sous leur contrôle ? Disons que c’est ce que je veux qu’ils croient car j’ai un autre but… Retrouver mon maître… J’ai un compte à régler avec lui…
Critique :
Le scénario de Nicolas Jarry paraît un peu confus, mais je pense que c’est voulu, car à la fin tout se tient. On suit Arundill menant sa quête « aujourd’hui » tout en été confronté à des bribes de son histoire passée.
Les dessins du serbe Bojan Vukic sont époustouflants et très bien servis par la mise en couleur de J. Nanjan.
Il convient encore de citer Benoit Dellac qui a réalisé un storyboard pour cet album.
Ce quatrième tome de la série Mages laisse entrevoir des suites très prometteuses. Nous sommes en droit de nous demander si une conflagration gigantesque n’est pas en préparation dans les Terres d’Arran. Mon fils verrait bien les humains tenter de se débarrasser de tout ce qui a des oreilles pointues qu’elles soient bleues, vertes ou chocolat bleu pâle, ainsi que de ces nains qui maîtrisent un peu trop bien la technologie. L’avenir lui donnera-t-il raison ?
37 ans ! 37 ans que Zeno attendait Ana ! Ana, l’amour de sa vie, celle à qui allaient ses pensées où qu’il se soit retrouvé dans le monde. Ana à qui il téléphonait en cachette d’une femme qui partageait sa vie. Ana à qui il a envoyé des bouteilles à la mer lorsqu’il naviguait sur les mers et les océans…
Et Ana qui vient de terminer son dernier mandat de maire, dont le cœur manifeste de grands signes de fatigue, un cœur qui bat pour Zeno depuis leur turbulente première rencontre. Pourtant ana est mariée à Giuseppe, un homme fantastique, tendre, amoureux, compréhensif, le père de sa fille. Sa fille qui ne comprend pas la folie de sa mère qui veut à tout prix retrouver celui qu’elle a aimé voilà 37 ans ! 37 ans de séparation entre ces deux êtres que presque tout oppose : elle la femme décidée, résolvant les problèmes afin d’améliorer le sort de ses concitoyens, lui le rêveur en quête de ciels étoilés, le doctorant par correspondance qui depuis des années travaille sur sa thèse de doctorat.
Vont-ils enfin se retrouver… et s’aimer ?
Critique :
Jordi Lafebre réussit ici un pari complètement fou : raconter une histoire en remontant le temps ! Si ! Si ! Tout commence au chapitre 20 et se termine au chapitre 1. Non ! Non ! Ce n’est pas un manga qui se lit à l’envers ! C’est génial d’avoir mené si bien un tel projet ! Avec lui, comme pour donner raison à son personnage Zeno qui dans sa thèse de doctorat expliquait comment remonter le temps, nous assistons à une histoire d’amour qui démarre à la vieillesse et s’achève lorsque les deux protagonistes étaient de jeunes adultes, à leur première rencontre. Nous savons donc, à peu près comment « se termine » l’histoire, mais nous ignorons ce qui a entraîné les événements auxquels nous venons d’assister. Il faut vraiment arriver au bout du livre pour savoir comment tout a commencé entre Ana et Zeno. Le récit nous montre comment un grand nombre de malentendus se sont installés entre ces deux-là au fil des ans.
Jordi Lafebre réussit ici un coup de maître qui restera dans les annales de la bande dessinée. Son trait plein de poésie se marie à merveille avec son scénario. Deux ans de travail furent nécessaires à l’aboutissement de ce roman graphique de 150 pages. Clémence Sapin coopéra avec Jordi à la mise en couleurs.
Ne ratez pas cet album plein de tendresse et de surprises.
Berlin. Mai 1945.
Ils sont deux. Deux orphelins. Juifs !
Comment ont-ils fait pour rester vivants tout au long de la guerre ? Mystère !
Que reste-t-il de Berlin ? Rien ! Enfin, si ! Des ruines. Des cadavres aussi, enfouis sous les décombres.
Ils sont inséparables et ne savent où aller. Ils savent juste qu’ils doivent fuir la capitale du Reich. Heureusement, sur leur route d’errance, ils rencontrent un couple disposant d’une charrette qui leur propose de se rendre à Leipzig. Ils embarquent sur cette charrette où git un soldat blessé en bien piteux état… Pas sûr qu’il arrive vivant à Leipzig, lui ! Sur place, les deux frères devront tirer leur plan…
Critique :
Le football vous intéresse ? Passionnément ? Parfait ! Vous allez vous régaler avec cette page d’histoire footballistique qui va voir s’affronter les deux Allemagnes pour, rien que ça, la Coupe du Monde de juin 1974 qui se tient en RFA. Ce n’est pas une fiction !
Comment ? Le foot vous rend nauséeux ? Vous aimez l’histoire ? Très bien ! Ce livre est écrit pour vous ! Au travers des aventures des frères Werner, c’est la Guerre froide qui pointe son museau infâme. Plus spécialement, la Guerre froide vue du côté est-allemand avec l’omniprésence de la Stasi (la police politique à qui bien peu de choses échappent). Comment ? Je ne vous l’ai pas dit ? Konrad Werner, l’aîné, va se faire pincer en 1953 dans une pharmacie délabrée alors qu’il cherchait de l’Aspirine pour soulager son frère Andreas. C’est à cette occasion qu’ils vont rencontrer le colonel Gronau, fervent communiste. Ce dernier fait à Konrad une proposition que celui-ci ne saurait refuser sous peine de voir son jeune frère expédié en Pologne dans une maison de correction. Le temps passe et les deux frangins se font une place dans la Stasi. Les convictions communistes de Konrad sont bien ancrées contrairement à son frérot qui, au fur du temps qui s’écoule, se met à douter du système…
Et le football dans tout ça ? Venez découvrir ce match authentique et extraordinaire qui a opposé les deux Allemagnes, en sachant que la Stasi ne perd jamais de vue ses concitoyens et que les trahisons de toute nature sont vivement encouragées pourvu qu’elles permettent au pouvoir en place en RDA de se maintenir.
Le scénario de Philippe Collin, c’est du lourd ! Du très lourd ! Extrêmement bien documenté avec l’appui de l’historien Fabien Archambault qui signe de très belles pages de documentation à la fin de l’album.
Le graphisme de Sébastien Goethals est époustouflant et sa « mise en couleur » avec des tons à une seule dominante par planche confère une ambiance vieillotte comme si on découvrait un vieil album de famille. Il a été aidé en cela par Horne Perreard.
Les raisons d’acheter ce livre sont multiples : vous aimez l’art, jetez donc un œil à ces planches ! Vous vous intéressez aux relations humaines dans tout ce qu’elles ont de plus complexe : amour fraternel, fidélité aux idées, amour de la liberté, … , ne passez pas à côté de cet ouvrage ! Amateur d’histoire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et des années de la Guerre froide, découvrez une page inédite de ce conflit ! Amateurs de sport, sachez ce qui peut se cacher derrière d’un point de vue politique ou sociologique…