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J'ai été légèrement déçu par cette BD bien que ma lecture avait plutôt été agréable. L'ambition de l'auteur était de remettre au goût du jour l'une des histoires arthuriennes tombées dans l’oubli et dont il aurait fait des recherches pendant plus d'une décennie pour la réhabiliter auprès du grand public. C'est un objectif tout à fait louable.
Cependant, dans le fond, la trame va demeurer assez classique et va même emprunter certaines scènes à des œuvres que nous connaissons déjà. On ne parlera pas d'Indiana Jones à la recherche du Graal mais plutôt du premier Harry Potter avec ses trois épreuves et notamment sa partie d'échec géante.
Certes, on sait bien qu'il y a des similitudes entre différents récits et je ne cherche même pas à savoir qui a copié qui. Non, tout cela m'ennuie profondément car il n'y a plus de réelles surprises. Tout est vraiment prévisible avec une construction du récit les plus classiques.
Par ailleurs, alors que la tonalité de départ était plutôt dramatique, voilà qu'on va jouer dans un registre humoristique au registre Lanfeust de Troy. Il ne manquait plus que cela ! On notera également le manque d'épaisseur des différents personnages ainsi qu'un certain manichéisme relevant des productions du siècle dernier.
Comme dit, cela partait de quelque chose d'assez ambitieux pour terminer dans la banalité d'un récit d'aventure humoristique qui finit bien. Bref, autant vous dire que pour moi, il m'en faut plus, surtout au niveau de l'héroïc fantasy, un genre que j'apprécie tout naturellement.
De l'auteur, j'avais beaucoup aimé en son temps son récit autobiographique « Couleur de peau : miel » qui avait donné lieu par la suite à un film cinématographique sous forme de reportage authentique.
Il réitère des années après en restant dans le même thème c'est à dire les traumatismes de l'adoption. Oui, il faut le savoir: quand on adopte un enfant, on le déracine de ses vrais parents et il s'ensuit un mal être parfois fatal. On pense que l'on va le sauver de la misère et d'une vie malheureuse, mais les rapports humains sont bien plus complexes.
Cette fois-ci, Jung se lance dans une trilogie assez intéressante où chaque tome donnera le point de vue de l'un des protagonistes du schéma d'adoption à savoir les adoptants, les adoptés et les parents biologiques obligés d'abandonner leurs enfants pour divers motifs.
On commence par conséquent par le témoignage des adoptants avec trois schémas un peu différents. On entre véritablement dans l'intimité et dans la pensée de ces adoptants qui ont pour point commun une certaine ouverture quand d'autres ferment tout simplement la porte aux racines, ce qu'évoque l'auteur dans sa préface.
Evidemment, ce thème nous prend aux tripes tant il est chargé émotionnellement. Là où l'auteur va plus loin, c'est dans une réflexion pour voir les différents contours. Il a acquis désormais la maturité nécessaire du sujet pour se permettre d'apporter encore d'autres aspects plus méconnus. Et puis, cela se base sur de réels témoignages dont on pourra voir les différentes lettres de témoignage en fin d'album.
Oui, c'est une très belle lecture pour ceux qui veulent en savoir plus sur les conséquences de l'adoption qui est tout sauf un acte anodin.
Dernièrement, une loi a inscrit dans la Constitution de 1958 la liberté garantie des femmes de recourir à l'interruption volontaire de grossesse. En effet, Simone de Beauvoir avait prévenu qu'il suffirait d'une crise politique, économique ou religieuse pour que le droit des femmes soient remis en question.
C'est d'ailleurs ce qui s'est passé aux Etats-Unis sous l'impulsion d'un président Trump totalement rétrograde et ayant peu de considération pour les femmes après d'ailleurs les avoir maltraitées dans sa vie privée. La France est ainsi devenu le premier pays à inscrire l'IVG dans sa Constitution afin d'éviter un jour des servantes écarlates...
Cette BD est le point de départ à ce qui allait conduire à la loi Veil promulguée en 1975 après des débats parlementaires vifs, longs et houleux. Il aura également fallu le procès de Bobigny où une jeune fille violée qui a été dénoncée par le violeur s'est retrouvé avec sa mère devant un tribunal composé d'hommes. Rarement, on n'avait vu une pareille injustice dans notre pays !
Dans les deux biographies de Gisèle Halimi, j'avais entendu parler de ce procès mais ce dernier était à peine survolé. Il était intéressant d'avoir une BD qui relate ce qui s'est passé et surtout cette prise de conscience de l'opinion publique que les choses devaient changer pour le bien des femmes.
En effet, auparavant, les femmes enceintes désirant interrompre leur grossesse, devaient se tourner vers des solutions clandestines ou artisanales. Les plus riches allaient à l'étranger. Les plus pauvres risquaient leur vie et se retrouvaient souvent devant un tribunal pour y être condamnée comme une espèce de double peine.
Fort heureusement, il y avait une femme avocate courageuse et déterminée face à un président de Tribunal intelligent. Nous éviterons de parler de la stupidité extrême du Procureur de la République. Il a fallu ce procès médiatique pour conquérir le droit à l'IVG.
Oui, cette BD est instructive pour ne jamais oublié ce que des millions de femmes ont vécu dans le passé. Qu'importe si Gisèle Halimi a instrumentalisé ce procès pour lui offrir une vibrante tribune au droit à l'avortement ! L'essentiel est le résultat obtenu.
On peut également être fier que notre pays soit désormais véritablement à la pointe de ce combat dans un monde où les femmes disposent de peu de droits. Elle envoie un message de solidarité aux groupes de femmes et à tous les défenseurs du droit à l'avortement dans le monde.
Reposer en paix est ce qui nous attend tous à un moment donné. On va espérer le plus tard possible. C'est également le titre de cette BD qui met en scène un petit groupe d'examinateur mortuaire qui interviennent pour s'occuper des cadavres sur des lieux de crime.
Là où cela devient intéressant est qu'on aura droit à chaque tome à un personnage différent d'une intrigue général qui se dévoile tout doucement à demi-mot. J'ai déjà vu un tel procédé il y a une vingtaine d'année sur une série intitulée « Quintett » et qui est aujourd'hui assez méconnue. Et pourtant, c'est elle qui a inventé le concept qui suscite l'engouement sur cette série macabre. Il est vrai que j'arrive un peu avec du retard sur ce phénomène. Cependant, j'arrive à percevoir ce qui a provoqué cette vague d'admiration.
Oui, cette série est bien construite et ce premier tome assez prometteur sur le destin croisé de 5 personnages clés avec des tomes qui apporteront progressivement des éclaircissements sur certains mystères. La force narrative est présente ainsi que le suspense lié à chaque récit. Et puis, certains personnages sont assez charismatiques pour susciter tout l'intérêt.
J'ai hâte de découvrir la suite avant de reposer en paix. En conclusion, une série à lire et à relire dans son intégralité.
Proclamer la fin de l'esclavage est une chose mais que deviennent les citoyens libres de couleur noir dans un pays dominé totalement par des citoyens de couleur blanche ? Après la guerre de Sécession, il y a eu une partition du pays à la manière d'un apartheid à savoir deux peuples et un pays. Or, les noirs voulaient vivre comme les blancs et disposer des mêmes droits ce qui paraît légitime.
Ainsi, une loi assez stupide voulait qu'on cède ses places à des blancs dans les bus bondés. Rosa Parks, une couturière professionnelle de 42 ans, à la peau noire, a dit « non » le 1er décembre 1955 ce qui a entraîné un émoi dans tout le pays. Cela pourrait paraître ridicule de nos jours mais elle s'est retrouvée en prison car elle n'a pas voulu appliquer la loi en estimant, à juste titre, que celle-ci devait être remplacée par quelque chose de plus juste. Son combat a fini par payer au niveau de la Cour Suprême avec la fin de la ségrégation dans les transports publics.
On mesure ainsi tout le parcours qu'a traversé la population noire aux États-Unis jusqu'à nos jours. L'élection d'Obama à la tête du pays a prouvé que tout était possible. Il faut juste avoir le courage de dire « non » à un moment donné et ne pas agir par lâcheté. C'est tout le sens de ce récit qui nous est raconté par un chauffeur de taxi à un jeune homme de couleur également mais assez arrogant qui a oublié certaines valeurs essentielles.
J'ai beaucoup aimé cette BD sur des événements historiques certains car ils racontent également les coulisses et la stratégie adoptée par le révérend Martin Luther King pur que le changement puisse s'opérer pacifiquement et avec le maximum d'adhésion. Les auteurs italiens ont réalisé un superbe travail pour une BD hautement pédagogique qui pourra servir pour des combats futurs à travers le monde, tant il reste des choses à améliorer.
Nous voilà embarqué avec ce titre à suivre une agence de pompe funèbre en plein cœur de la Bretagne où il ne se passe pas grand-chose. On attend les morts mais ils ne viennent pas ce qui ne fait pas le bonheur de cette entreprise dirigé par M. Ganglion. Voilà que survient un décès et le récit peut enfin démarrer véritablement.
Evidemment, avec Fluide Glacial, on est dans le comique loufoque d'une situation assez morbide. L'humour sera noir car il s'agit de dédramatiser une situation de deuil pour les familles ayant perdu un être cher. On suivra les aventures très rocambolesque d'un convoi mortuaire qui va s'apparenter à un long chemin de croix.
Le dessin est simple et spacieux avec une bonne lisibilité à ce récit de déboires subies par une entreprise de pompes funèbres. Bref, l'esthétisme est réellement au service du scénario en remplissant correctement son rôle à jouer.
Fort heureusement, le scénario va éviter l'écueil du scabreux en restant drôle. Cependant, la fin nous plonge quand même dans une certaine interrogation semi-poétique et presque fantastique sur le rapport à la mort. La question qui se pose est : faut-il tuer un mort devenu trop encombrant ?! Vous aurez une réponse assez jubilatoire en suivant les aventures rocambolesques de ces deux fossoyeurs !
Au final, je reste assez dubitatif n'étant peut-être et sans doute pas le lectorat visé par l'humour noir semi-poétique mais cruelle. A noter que ce duo d'auteurs Le Bihan-Pog avait déjà donné avec un polar noir ayant pour cadre la Bretagne à savoir « Mulo ».
Frontier est une BD de science-fiction un peu unique en son genre. Au début, j'ai été assez dérouté par la bonhomie des personnages qu'on dirait sortie d'un Minecraft avec leur aspect qui fait très playmobil. On croirait d'ailleurs des figurines pop dans l'espace !
Pour autant, le propos n'est guère enfantin puisque la conquête de l'espace n'est plus un doux rêve mais une réalité gangrenée par les multinationales qui exploitent abondement les ressources en laissant derrière eux pollution et paupérisation de la population des travailleurs. Bref, c'est un univers froid et hostile où le capitalisme règne en maître.
On va suivre le parcours de trois personnages. Tout d'abord Ji-Soo qui est une ingénieure désabusée qui n'arrête pas de se plaindre sur son sort depuis que son entreprise a été rachetée. Puis, elle fait la rencontre d'Alex, un ouvrier né dans l'espace, et qui a toujours connu que l'exploitation en dehors de toute planète. Enfin, il y aura Camina qui est une ex-mercenaire assez fougueuse qui donne un nouveau but à sa vie.
C'est assez intéressant de les suivre car il y a une réelle psychologie des personnages au service d'un récit qui va nous transporter d'un monde à l'autre. Le thème sera celui d'une humanité totalement déconnectée de son berceau à savoir la Terre.
Ce titre bénéficie d'une bonne critique de manière générale qui incite à le découvrir. Ce n'est pas la meilleure science-fiction que j'ai pu lire en raison de ce graphisme aux têtes disproportionnées mais il n'en demeure pas moins intéressant sur le fond. Certes, la forme laisse un peu à désirer dans ses contradictions.
Au final, voici un titre qui traite de la colonisation de l'espace sur un mode assez désenchanté.
Une mère découvre que le visage de son enfant Jérémy a disparu totalement. C’est quand même un vrai problème. Elle essaye de le déclarer auprès de la Police mais cette dernière ne s’occupe pas de ce genre de perte. Elle a beau essayer le psychiatre ou bien le prêtre, rien n’y fait !
Il s’agira de se plonger dans les traumatismes familiaux pour tenter de résoudre ce problème. En effet, le père est absent car il a disparu en Afrique suite à une mission humanitaire. Les occidentaux sont souvent enlevés et parfois tués même s’ils veulent aider les habitants de ce continent pauvre. C’est ainsi que peut être récompensé parfois le prix de l’effort.
Il va y avoir une sorte de quête un peu onirique, voir psychologique, pour venir à bout de cette étrangeté. Evidemment, la fin demeure assez poignante et donne tout son sens à cette fable urbaine.
J’ai appris, après lecture, que cette BD était tirée d’une pièce de théâtre écrite par le dramaturge québécois Larry Tremblay. L’adaptation en bande dessinée n’était pas évidente mais le résultat me semble être cohérent. Le thème est celui de l’adolescence et de ses traumatismes ainsi que la quête de l’identité (d’où la perte symbolique du visage).
En conclusion, nous avons quelque chose d’intéressant à analyser car il y a bien entendu plusieurs niveaux de lecture. J’ai pioché ce titre dans les titres jeunesse alors qu’il peut s’adresser également à des adultes.
Après son « Kaboul Disco », Nicolas Wild nous propose un voyage au cœur de la Russie de Vladimir Poutine, cet empire voulant s'étendre à l'Ukraine et pourquoi pas au-delà.
La question qui se pose est de savoir à quoi pensent les Russes ? Sont-ils pleinement satisfaits de cette situation qui a entraîné la guerre et des milliers de mort aux portes de l'Europe ? Une telle invasion ne s'est plus produite depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale sur le sol européen.
L'auteur essaye de rester neutre mais on voit bien qu'il est souvent très choqué par les réponses qui lui seront apportées de ses différents interlocuteurs qu'il interroge de manière assez professionnelle avec l'aide d'une correspondante locale.
On s'aperçoit que cet ex-agent du KGB revanchard et devenu président à vie a verrouillé tout ce qui pouvait être assimilé à une simple opposition dans le pays au fil des années pour avoir la main-mise totale sur son peuple. La Russie a toujours vécu sous un pouvoir politique fort que cela soit au temps des Tsars ou du communisme. On s'aperçoit que les russes ont besoin de cela pour survivre. Cela fait partie de leurs gènes. La loi du plus fort !
Certes, une minorité d'opposants existent mais ils sont presque tous exilés à l'étranger et n'ont plus vraiment une prise sur ce qui se passe réellement dans ce pays. La récente réélection triomphale de Poutine pour son 4ème mandat avec 87% des voix prouve que le peuple ne décide pas vraiment de son destin. En effet, quand un seul homme filtre les choix selon son intérêt personnel, une élection dans ce cas n'est qu'un grossier simulacre de démocratie.
Cependant, le soutien d'une frange importante de la population au président russe, même après deux ans de guerre en Ukraine, reste une certitude, grâce sans doute à l'ampleur des manipulations politiques, sociétales et historiques. Et c'est bien là, tout le problème !!!
J'ai apprécié cette BD car elle est actuelle et elle nous offre un regard assez intéressant sur la société civile russe. La fin de ce récit m'a laissé une impression de malaise par rapport à la suite surtout quand on voit le regard de l'auteur qui semble inquiet.
On ne peut que le comprendre à l'aube d'une troisième guerre mondiale embrasant toute l'Europe entière. Pas plus tard que cette semaine, notre Président Macron espérait de toute ses forces qu'on n'aura pas à partir en guerre. Cela n'augure rien de bon...
Oui, cette BD mérite incontestablement une lecture surtout dans le contexte actuel afin de mieux comprendre les enjeux géopolitiques.
L'esclavage de type colonial est une véritable abomination. La Révolution Française de 1848 instaurant une Seconde République met fin à l'esclavage par décret, ceci afin de calmer les révoltes dans les colonies et empêcher accessoirement l'Angleterre (qui l'avait aboli dès 1808) de s'emparer de ces territoires que cela soit aux Antilles ou bien à l'île de la Réunion.
C'est sur cette dernière que se situe l'action de ce récit qui va s'intéresser au destin d'Edmond Albius, une jeune esclave qui a découvert le procédé artificiel de la fécondation de la vanille qui va faire la fortune des propriétaires des plantations de l'île. Voilà un esclave en or !
C'est horrible de constater que les colons étaient prêts à se battre contre les émissaires de la République pour ne pas se voir imposer l'abolition de l'esclavage. A chaque fois, on constate que c'est bien eux le problème car ils se croient maîtres de leur univers. Leur devise : « celui qui libère mes esclaves, je le tue ! ». On ne peut pas être plus clair. Les réflexions des colons créoles ou blancs dans cette BD donnent véritablement la nausée mais c'était la véritable pensée de l'époque.
Le véritable problème était que les employeurs ne voulaient pas payer le travail des noirs car ils estimaient qu'ils étaient déjà logés et nourris. C'est purement une logique capitaliste et égoïste. On va également s’apercevoir que d'esclaves, ils vont passer ouvriers mais exploités à fond par les propriétaires avec de misérables salaires. Les conditions de travail ne seront guère meilleures.
A noter quand même que le gouvernement va offrir des compensations financières pour la perte des esclaves à la minorité des propriétaires blancs dont les affaires vont pouvoir prospérer. Bref, l'argent du crime n'était pas allé aux victimes mais aux bourreaux !
Cette BD donne un témoignage de ce que fut l'esclavage et nous indique que son abolition n'a pas vraiment profité à ces nouveaux hommes libres qui continuaient à être exploités en vendant leur force de travail contre des sommes dérisoires.
L'exemple d'Albius est d'ailleurs assez marquant. En effet, il a permis à l'île de la Réunion de devenir le premier exportateur mondial de vanille et il est mis en prison pour un petit larcin de quelques babioles !
Aujourd'hui encore dans le monde, près de 40 millions de personnes seraient toujours victimes d'esclavage. Or cette pratique est interdite et condamnée dans de nombreux pays. Il faudrait en finir une fois pour toute avec cela.
Un mot sur le dessin pour dire qu'il est très agréable pour la lecture avec de belles planches colorées. Correct et efficace seraient les deux qualificatifs que je choisirais pour définir le graphisme.
Au final, une lecture assez instructive sur l'esclavage mais également sur la découverte du procédé de reproduction de la vanille sur l'île de la Réunion. En prime, on aura même droit à une belle histoire d'amour.
Et la série continue... la mode de la bd d'humour actuelle est de prendre un thème par exemple l'héroic fantasy, les fonctionnaires ou encore ici les joueurs de pétanque et de broder des gags autour. L'univers exploré est ainsi cloisonné alors qu'un Sfar ou un Larcenet ne s'enferme pas. Il faut également dire qu'on est loin ici de leur humour.
Franchement, cette bd est un ramassi de clichés sur les gens du Sud avec des parisiens assez malmenés. Le charabia verbal de cette bd m'a repoussé immédiatement. Il faut s'accrocher pour comprendre quoique ce soit. Cela sera sans moi ! Et dire qu'il y a déjà 4 tomes alors que le premier a déjà été une épreuve de lecture...
Voici une BD où l'on va suivre une jeune femme provinciale qui s'est engagée dans la police afin de servir l'Etat dans sa mission de maintien de l'ordre dans la société. Evidemment, elle en verra des vertes et des pas mures dans ce milieu où l'on côtoie la pire misère sociale. Les individus qui commettent crimes et délits le font souvent (mais pas toujours) pour des motifs strictement économiques.
Elle va rejoindre après un stage concluant le prestigieux commissariat aux affaires criminelles situé au 36 quai des orfèvres avec pour nom de code Cristal 417 d'où le nom de la présente BD. Les affaires vont se corser un peu car elle va travailler pour des crimes d'homicide assez scabreux au milieu d'autres affaires un peu plus ordinaires dans cette brigade assez macho.
J'ai bien aimé un style qui se rapproche nettement de la réalité et d'une forme de documentaire mais sans l'être vraiment. Certes, c'est parfois assez ennuyeux car la forme est assez pompeuse par moment. Il n'y aura pas vraiment une action spectaculaire. C'est un parti pris de la part des auteurs qu'il nous faut respecter.
Pour autant, dépassé ce stade d'acceptation, on découvre l'envers du décor de la brigade la plus prestigieuse de la République et c'est plutôt intéressant comme approche. Le dessin est plutôt net mais parfois pas assez précis notamment dans le visage des différents personnages.
Cela se termine sur quelque chose d'énorme qui rappelle que notre pays n'est pas à l'abri. Je n'en dirais pas plus. En même temps, cela souligne quand même l'utilité de ce corps de fonctionnaires pas très apprécié d'une bonne partie de la population. Peut-être que cet ouvrage permettra de mieux les comprendre, on ne sait jamais.
J'avais déjà entendu parler de ce fameux mystère concernant la disparition tragique de ces alpinistes russes dans les années 50 qui avaient été évoqué dans d'autres BD que j'ai pu lire. Je pense notamment à « Prométhée » de Christophe Bec par exemple ou encore « A la recherche de l'homme sauvage » de Frédéric Bihel.
On se demande en effet ce qui s'est passé sur les pentes du col Dyatlov dans la nuit du 1er février 1959 où 9 randonneurs expérimentés sont morts dans des conditions assez atroces et surtout étranges sans vouloir révéler les détails.
Certains y ont vu la marque du yéti quand d'autres ont cru à une hypothèse purement extraterrestre. Les complotistes ont parlé d'essais nucléaires secrets déployés par l'armée rouge. Les scientifiques ont penché plutôt pour une avalanche. Quant aux policiers enquêteurs, ils ont exprimé l'idée d'un assassin parmi eux qui a été pris d'une folie meurtrière. Bref, il y en aura pour tous les goûts !
Le dossier en fin d'album est assez intéressant alors que la BD en elle-même est apparue assez décevante dans son déroulé. En effet, on ne comprendra pas grand-chose sur ce qui s'est passé réellement avec une compilation des faits de manière assez rétroactive qui n'a pas rendu la lecture vraiment fluide.
Visiblement, notre enquêteur russe penche pour une intervention d'origine extra-terrestre. Or, le guide en fin d'album insiste surtout sur l'hypothèse d'un vent catabatique ce qui aurait été intéressant de développer dans le corps du présent récit imagé.
En conclusion, une lecture un peu frustrante au vu du sujet. Certes, l'auteur a évité le sensationnalisme mais le résultat paraît quand même assez fade.
J'ai eu un peu de mal au début avec ce récit car le cadre de la Venise que l'on connaît n'est pas tout à fait le même. Certes, on va naviguer dans une lagune qui retient les habitants totalement prisonniers comme pour les protéger d'une immigration massive.
Il est question d'un adolescent à la recherche de son père mais également de passeurs d'immigrés dans cette cité lacustre. Cela ne semble pas trop correspondre avec la réalité si bien que l'on se demande si on n'est pas situé dans un futur pas si lointain où les villes seraient obligées de fermer leurs frontières face à une immigration devenue trop massive.
Pourtant, il n'y a aucun indice de la sorte ne serait-ce que dans la narration nous permettant une datation. Bref, c'est assez déroutant car on est loin de la vision que l'on se fait de la belle Venise.
Au fur et à mesure, j'ai apprécié cette lecture même si c'est parfois un peu trop long et plutôt sombre. L'auteur a pris son temps pour nous décrire une certaine situation où la mafia locale semble régner en maître sur le destin des différents personnages. On appréciera également les images à l'aquarelle ainsi que le décor presque semi-poétique de la lagune.
Au final, une œuvre qu'il convient de découvrir si on souhaite sortir des chemins battus. C'est une tout autre facette de Venise que voilà !
J'ai déjà beaucoup lu sur cette expédition qui a mal tournée sur une île du Pacifique assez mortelle pour les occidentaux à savoir Vanikoro. On se souvient de la BD de Patrick Prugne absolument magnifique pour connaître le destin des marins survivants perdus sur cette île en plein milieu de l'océan.
Cependant, l'angle choisi est plutôt celle de l'expédition chargée de retrouver l'épave de La Boussole. Cette mission de recherche a eu lieu en 1964. A noter que l'autre frégate L'Astrolabe a été retrouvé 5 ans plus tôt par l'expédition menée par le célèbre Haroun Tazieff.
Pour rappel, le roi Louis XVI avait confié en 1785 au comte de La Pérouse la direction d'un voyage autour du monde afin de faire de nouvelles découvertes et de concurrencer ainsi les expéditions anglaises.
Deux navires à savoir la Boussole et astrolabe entreprennent ce périple qui va s'achever tragiquement deux ans et demi plus tard soit en juin 1788 suite à une terrible tempête au large de l'île de Vanikoro assez inhospitalière. Il faut attendre 1826 pour qu'un capitaine marchand irlandais, Peter Dillon, découvre le lieu du naufrage de La Boussole et de L'Astrolabe, à Vanikoro, une île de l'archipel des Salomon.
On va prendre le meilleur plongeur de la marine François Guérin qui est plutôt un barbouze tuant des individus pour le compte de la République. Le voilà embarqué dans une mission d'archéologie afin de laver l'honneur de la marine nationale. Certes, c'est un peu à contre-emploi qu'il va accepter mais cela va l’entraîner dans une véritable aventure digne de ce nom qui fait la joie de son père un professeur universitaire.
En effet, cette expédition va réserver bien des surprises sur un fond historique qui sera évidemment assez bien exploité. On ne lâche carrément pas cette lecture jusqu'au bout afin de savoir si la mission va être accomplie.
Cerise sur le gâteau, le dessin de Vincenzo Bizzarri est absolument magnifique avec une bonne utilisation des couleurs ce qui ne gâche rien au plaisir de cette lecture tout à fait passionnante.
A vrai dire, j'ai particulièrement aimé cette approche qui va nous permettre d'en savoir un peu plus sur un des mystères qui a glané pendant très longtemps sur ce double naufrage.
Chabouté est un auteur que je suis depuis mes débuts de lecture en matière de bande dessinée. C'est un auteur qui a su gagner en profondeur et en maturité au fil de ses œuvres que j'ai régulièrement acquises.
Le point d'orgue aura sans doute été son œuvre « tout seul » en 2008 qui m'avait énormément marqué pour son côté mutique mais tellement lourd de sens. Pour autant, j'ai un peu laissé tomber ces dernières années sans doute happer par d'autres auteurs d'une résolution plus moderne. Par la suite, l'auteur avait poursuivi dans diverses productions sentant un peu le réchauffé mais sans connaître le génie de tout seul.
Et puis, il y a eu la sortie de « Musée » en mars 2023 avec le succès qu'on lui connaît. Je n'ai pas réussi à emprunter cette BD à ma médiathèque tant il y avait des réservations dessus. Une fois n'est pas coutume, j'ai directement acquis celle-ci en me basant sur mon expérience passée ainsi que sur vos avis pour la plupart dithyrambiques.
On peut dire que « Musée » renoue avec « Tout seul » dans l'esprit avec cependant des dialogues qui vont apparaître assez tardivement. Il est encore question d'images contemplatives ayant pour cadre le musée d'Orsay dont j'avais gardé un très bon souvenir de mes 20 ans. J'ai adoré la réplique sur la Joconde qui se trouve au Musée du Louvre, celui dont tout le monde se focalise. Cette ancienne gare transformée en musée vaut le coup d’œil.
Là encore, il y a beaucoup d'images parfois répétitives mais les dialogues souvent anodins cachent en réalité une certaine réflexion sur le comportement des uns et des autres et surtout le regard que les visiteurs peuvent avoir sur l'art en général. C'est assez juste dans le ton.
Je regrette juste l'emprunt d'une idée que Jean Dytar avait abondamment exploité dans « les tableaux de l'ombre » quelques années plus tôt en 2019 à savoir l'animation des personnages de ces œuvres du Louvre qui sortent la nuit à l'abri des regards tel des fantômes. Bref, l'idée n'est pas originale car reprise. Mais bon, passons car le charme opère quand même !
A noter que la couverture nous montre un célèbre tableau mais il n'en sera point question car on se consacrera sur d'autres œuvres artistiques sans doute moins emblématiques à l'exception de l'auto-portrait de Rembrandt. Pour autant, les véritables acteurs seront des personnages plutôt secondaires.
Bref, je ne regrette pas mon achat qui m'a permis de retrouver un auteur de talent non seulement part le dessin mais par la mise en scène véritablement sublime qui rend la lecture assez agréable. En conclusion, on a droit à un véritable hommage rendu au musée d'Orsay mais sans le côté pédagogique de rigueur ou l'approche culturelle assez rébarbative. Un exploit en somme !
Voici une BD assez humoristique sur deux sœurs qui cohabitent dans une maison mitoyenne mais qui ne se supportent vraiment pas.
On va dire que les deux sœurs ont un caractère strictement opposé. L'une est assez bobo quand l'autre est professeur à l'éducation nationale. Les cercles d'amis fréquentés ne sont pas les mêmes ainsi que la vie de chacune qui tournent autour de valeurs diamétralement opposées.
Evidemment, cela produit des situations assez comiques qui sont magistralement bien mises en case par l'auteur qui réalise d'ailleurs un très beau travail graphique. Le parallélisme des cases au départ est assez marquant pour faire une démonstration convaincante et amusante.
Il va alors survenir un événement qui va remettre en cause leur équilibre qui sera brisé. Il faudra vaincre l'adversité à deux. Reste à savoir si elles vont y parvenir malgré leur différence. C'est tout l'enjeu de cette comédie dramatique qui est agréable à lire.
Au final, on sent bien que ces sœurs qui ont été séparé par des histoires remontant à l'enfance ont envie d'être ensemble malgré tout. Il y aura comme une espèce de témoignage comme quoi on peut être différent et se crêper le chignon entre sœurs mais on arrive parfois à surmonter cela. Que du positif dans la joie et la bonne humeur !
On pourrait penser que le pays noir se situe en Afrique mais ce n'est pas vraiment le cas puisqu'il s'agit de la Belgique et notamment la région de Charleroi qui produisait le charbon via d'immenses mines durant l'époque de la révolution industrielle.
A l'époque, le charbon était l'énergie la plus utilisée pour faire tourner les industries et chauffer les foyers. Cependant, il fallait produire énormément de charbon correspondant à une tonne par jour pour un mineur. Les enfants étaient grandement appréciés surtout qu'ils ne coûtaient pas grand-chose pour l'employeur, la riche classe bourgeoise qui a prospéré. Leur petite taille permettait le passage sous d'étroites galeries qui s’effondraient souvent.
Le charbon a aujourd’hui pratiquement disparu car il correspond à une énergie fossile assez polluante. Cependant, c'est surtout les coûts de production ainsi que les multiples accidents ayant coûté la vie à des milliers de mineurs qui ont eu raison des mines d'où leur fermeture.
Cette BD va s'intéresser à l'une d’entre-elles et surtout l'une des plus prestigieuses à savoir « Bois du Cazier » qui est devenu un musée où l'on peut commémorer la vie de ces mineurs de fond. C'est un lieu de mémoire et de conscience, surtout depuis le terrible drame qui a fauché la vie de 262 hommes le 8 août 1956. On notera que sur ce total, il y a eu 136 d'origine italienne.
Bref, le pays noir a apporté son lot de désolation et de deuil. On comprendra que les descendants des mineurs (et surtout des italiens) ont voulu préserver un des derniers sites pour le transformer en musée. Depuis, le vert a gagné un peu de terrain ce qui n'est pas plus mal. La laideur qui paraît caractériser ce type de paysage a été compensée par les espoirs économiques et sociaux dont il était porteur.
Ce type de BD est parfois nécessaire car instructive sur l'histoire d'une région ou d'un pays. On n'est pas dans la recherche de l'évasion et du divertissement avec ce type d’œuvre, il faut le savoir !
Par ailleurs, dans l'ensemble, c'est plutôt bien construit, accompagné d'un dessin tout à fait convenable. Bref, le pays noir mérite sans doute votre attention que vous soyez habitants de cette région ou des autres.
C'est un ouvrage dont la lecture a été plutôt difficile en raison d'un sujet pas franchement vendeur à savoir les asiles d'aliénés où l'on traite des maladies mentales atteignant un certain pourcentage de la population. Le lieu sera un hôpital psychiatrique non loin d’Angoulême et son fameux festival de BD.
On va avoir droit à une analyse approfondie qui nous permet de changer notre regard sur cette vieille institution devant protéger la population mais surtout soigner les malades. On se place aussi bien du côté des malades avec une approche complète par exemple de la schizophrénie que des courageux professionnels qui font face malgré le manque évident de moyens mis à leur disposition. On va également nous expliquer les méthodes appliquées pour soigner toutes ces maladies de l'âme.
Sur le fond, on ne peut trouver que cette initiative de vulgarisation sur le format de la bande dessinée est tout à fait louable et même salutaire auprès du grand public qui se fait des idées. Il s'agit de voir les gens malades mentaux comme des êtres humains avant tout et ne pas stigmatiser dans des fantasmes et des idées reçues fausses.
Sur la forme, j'ai trouvé cela beaucoup trop bavard avec une mise en scène qui ne procurait pas vraiment une approche plus « divertissante ». C'est un choix parfaitement assumé par l'auteur qui est tout à son honneur entre pudeur et réalité mais qui n'a pas rencontré mon adhésion. Bref, je me suis ennuyé à un moment donné dans cette plongée en eaux troubles et un peu brouillonne.
Cependant, nul doute que cette BD pédagogique peut vous plaire afin d'approcher ce monde de la psychiatrie d'une façon plus humaine.
Qui sème la misère récolte la tempête. Tout gouvernement devrait prêter attention à cette maxime.
La France du début des années Macron a vu l'émergence d'un mouvement social apolitique et d'un genre nouveau qui traduisait la révolte d'une certaine partie de la population abandonnée depuis des années par les pouvoirs publics. Il a fallu une augmentation de l'essence et une limitation de vitesse des routes départementales à 80 km/heure initié par Edouard Philippe pour mettre le feu aux poudres. C'est clair que les pauvres gens des campagnes se sont révoltés contre autant de mesures iniques.
Le parti pris des auteurs est de nous montrer une héroïne Jennifer devenue parisienne un peu bobo qui est au départ totalement hostile à ce mouvement comme d'ailleurs une bonne frange de la population car les journalistes de BFM TV ne leur sont pas très favorables dans les reportages montrés sur leur mouvement. A noter qu'on se situe juste avant leur basculement dans la violence urbaine qui a fini par les décrédibiliser.
Cette héroïne va progressivement changer de camp car elle va les comprendre même si elle jette un regard assez intéressant qui pousse à une certaine réflexion. Il y a tout d'abord les contradictions de ce mouvement qui se dit apolitique mais qui reflète parfois des idées assez nauséabondes comme le rejet de l'étranger responsable de tous les maux économiques du pays ce qui est d'ailleurs assez pratique pour dédouaner les vrais responsables de cette situation d’iniquité sociale. Cela s'illustre par exemple par les blagues racistes et douteuses de l'ancien petit ami ou même de la position de la mère pourtant médecin de campagne.
Il faut bien comprendre qu'on a affaire à des gens ordinaires qui ne croient plus au vote, à la démocratie pour changer leur quotidien. Ils ont besoin de choses concrètes et non de beaux discours ou de campagne d'image sur d'interminables débats stériles. Oui, il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver facilement un travail bien rémunéré. La précarisation des métiers et les délocalisations d'usine sans compter la fermeture des services publics en province, ils connaissent !
J'ai été frappé que dernièrement, une révolte paysanne dans notre pays a obtenu une image beaucoup plus favorable alors que le combat était au fond un peu le même mais concentré sur une classe professionnelle précise qui ne vivait pas bien de son travail. Les conflits se succèdent mais ne se ressemblent pas ?!
J'ai bien aimé car c'est savamment bien construit et cela donne une photographie de la compréhension de ce mouvement social composé de petites gens qui ont du mal à joindre les deux bouts, qu'on soit d'accord ou pas. Il faut aller au-delà de nos préjugés ou d'un choix de classe ou de rang politique pour bien analyser cette BD.
Le temps des jonquilles a été un moment de révolte mais qui s'est soldé par un échec car on a renvoyé effectivement ces pauvres gens à leur vie de misère sans que cela ne change véritablement. Les bien-pensants ont encore de beaux jours devant eux... à moins que cela ne recommence un jour ou l'autre. Il suffit juste de continuer cette même politique pour 10 ans de plus ce qui creusera encore le fossé.
J'ai bien aimé ce titre malgré de gros défauts à commencer par un scénario qui n’apparaît pas très crédible pour un sou. Il est question d'une célèbre prison située à savoir San Pedro dans une ville de Bolivie et qui est administré par les prisonniers eux-mêmes ce qui peut présenter des avantages pour les mâtons qui ne risquent plus leurs vies.
Il est surtout question d'un fils qui a été sauvagement assassiné loin de la France et surtout loin de son père qui a toujours été absent de sa vie. Il faut dire que ce dernier était cadre dans une entreprise à laquelle il a tout donné avant de se faire lourder, passé la cinquantaine en guise de remerciement. Ce dernier s'est mis en tête de le venger et pour cela, il doit intégrer cette prison bolivienne. Il va commettre un délit pour pouvoir y entrer. On y croit vraiment !
Certes, on a l'impression que cette prison est le thème central de ce récit et que tout est orchestré tout autour. En effet, c'est une prison pas comme une autre où tout s'achète (même les armes ou la drogue). Mais bon, il faut travailler également pour payer sa pitance.
Par ailleurs, on sera vite gagné par ce récit qui entretient un bon suspens car on s'attache à ce père de famille qui cherche une forme de rédemption en accomplissant un acte de vengeance. Il y a différentes étapes qui sont respectées marquant une tension qui ira en s'accentuant. Du coup, on sympathise assez rapidement avec ce personnage plutôt charismatique qui essaye de redonner un sens à son existence.
Bref, j'ai beaucoup aimé cette histoire rythmée même si la conclusion peut paraître un peu exagéré dans une surenchère de bons sentiments. Au moins, la moralité sera sauve. Au nom du fils va nous changer d'un « Prison Break », c'est certain !
Voici une vraie lecture jeunesse ayant pour cadre l'Afrique australe et équatorienne, sur les bords du fleuve Zambèze, non loin de la construction d'un barrage hydroélectrique menaçant les habitudes de vies des tributs qu'on déracine progressivement de leurs foyers.
Le cadre étant lancé, on va suivre une aventure assez ésotérique car les auteurs ont voulu donner du sens à une réalité historique qui prête à caution. Il faut savoir que nous sommes en présence d'un des plus grands barrages du monde d'une hauteur de 128 mètres et d'une largeur de 579 mètres. La création de ce barrage en 1959 a entraîné une détérioration significative de la situation économique de la population locale ainsi que de nombreux problèmes de santé
J'ai beaucoup aimé le graphisme qui donne un côté enchanteur à ces paysages africains à couper le souffle. C'est d'une beauté absolument extraordinaire. A noter également une mise en page dynamique ainsi qu'un support de qualité sur plus de 200 pages.
Comme dit, on va être entraîne dans une aventure assez magique mais qui reste assez enfantine. Le scénario reste suffisamment prenant tout le long de cette lecture aux multiples rebondissements.
Au final, nous avons l'alliance entre un dessin d'une excellente qualité avec un récit rythmé ayant pour cadre des croyances légendaires aux parfums écologiques. Certes, les thèmes en arrière-fond sont la colonisation et la protection de la nature mais avec un traitement plutôt subtil ce qui est grandement appréciable.
Voici une BD de commande qui n’a pas fait peur à son auteur Nicolas Moog qui s’est lancé dans ce pari à savoir nous montrer le fonctionnement d’une micro-brasserie.
Bon, il faut s’intéresser tout d’abord à la bière ce qui n’est pas vraiment mon cas, préférant l’art du vin ou encore du whisky. Mais bon, c’est toujours bon à lire pour apprendre car il s’agit quand même de la troisième boisson la plus consommée au monde après l’eau et le thé. La bière représente 51% des ventes d’alcool en France selon les chiffres 2023. Les humains consomment une quantité environnant les 180 milliards de litres et ceci, chaque année !
Cette BD va se pencher sur la bière artisanale fabriquée par des micro-brasseries et plus particulièrement celle de Grenaille dans la région Grand-Est près de Nancy. Elle met en lumière tous ces petits fabricants qui s’éloignent de la bière de la grande distribution industrielle de certaines marques qui inondent le marché.
On est dans quelque chose de plus qualitatif. Cela se ressent d’ailleurs à la lecture. La production des bières Grenaille est donc réalisée selon un cahier des charges prenant en compte une réflexion écologique globale et solidaire. On observera également une méthode artisanale à la main et non robotisée.
Là encore, j’ai été un peu dubitatif à la lecture du prologue qui est certes intéressant mais qui s’éloignent un peu du sujet que cette immersion dans la micro-brasserie. Ceci dit, j’ai apprécié le traitement tout en humour car cela rend la chose plus amusante. Bref, nous avons une BD purement pédagogique dans l’air du moment sur la vie d’une brasserie coopérative.
Nous allons suivre avec ce titre deux histoires totalement séparées mais complémentaires dans la thématique.
La première concerne un petit garçon Sami vivant dans le Golfe du Bengale qui fait face à la montée des eaux et à des tempêtes de plus en plus violentes et dévastatrices. L’autre concerne une jeune fille Yuki qui vit sur la banquise au nord du Canada qui est en train de fondre ce qui rend l’habitat des ours polaires de plus en plus contraignants.
Oui, le point commun de ces deux récits est le changement climatique qui entraîne de violente conséquences sur certains pays de la planète rendant les conditions de vie plus difficiles. On peut dire que cette BD est réellement d’actualité avec ce qui nous arrive. A noter que si nous n’arrivons pas à inverser la tendance, la planète court droit à la catastrophe avec sans doute des millions de morts à prévoir.
J’ai trouvé ce titre au rayon jeunesse afin de sensibiliser les plus jeunes à ce qui se passe dans le monde avec ce phénomène influençant le climat à cause de température plus élevé liés à l’utilisation de combustible fossile (tel que le gaz, le charbon et le pétrole) qui produisent des gaz à effet de serre.
A noter un dessin semi-réaliste qui colle assez bien au récit aussi bien pour les ambiances polaires que tropicales. Il y a une véritable douceur du trait et des personnages tout en rondeur. A noter également une belle utilisation de la couleur qui permet de jouer sur les contrastes entre les deux univers géographiques.
Je n’ai pas trop aimé la fin où de manière artificielle, les auteurs font se rencontrer via le web nos deux protagonistes. Dans le cas de Sami qui ne possède pas de maison et qui vit dans le dénuement le plus total, on se demande par quelle magie, il va pouvoir avoir accès à un ordinateur qu’il faudra charger en batterie.
Je n’ai pas vraiment compris cette interaction miracle entre l’inuit et la bangladais, victimes du réchauffement climatique mais chacun à leur manière. Il est vrai qu’être poursuivi par un ours polaire ne doit pas être une situation très plaisante.
Au-delà de cet aspect purement scénaristique, on peut que louer cette intention de pouvoir nous alerter sur le fait de changer progressivement nos comportements et surtout pour comprendre le monde qui nous entoure. Bref, on va un peu privilégier la pédagogie sur le reste. Cependant, cette lecture jeunesse gagne en rythme et en intérêt au fil des pages. C’est incontestablement un titre à faire découvrir à nos enfants.
Déjà qu'il y a une crise climatique assez grave qui met en danger notre planète, voilà venu les prédateurs climatiques. Il faut bien qu'il y ait en cas bas monde, des profiteurs de guerre et de crise, qui s'en mettent plein les poches en surfant sur ces thèmes d'actualité. Ce cher Larry est là pour les démasquer et les arrêter !
Il faut que dire que l'ancien agent du fisc américain est devenu sénateur en évoluant dans les arcanes de la politique. Un ancien vice-Président souhaite accéder à la fonction suprême en Californie tout en surfant sur la vague écologiste dans un choix purement opportuniste.
Dans une Amérique au bord de la guerre civile avec un nouveau risque de sécession, l'intrigue est vraiment passionnante à suivre. Evidemment, on ressent quelques échos avec ce qui se passe actuellement dans cette grande démocratie en péril.
J'aime bien toujours le dessin de Vrancken qui est parfaitement efficace grâce à son dynamisme du trait. La mise en couleur est comme toujours des plus réussies. Sur la forme, il n'y a rien à redire même si certains lecteurs pourront trouver cela assez froid et sans âme.
Sur le fond, on sombre encore dans le spectaculaire et le mélodrame. En effet, Larry va beaucoup perdre mais en sauvant l'essentiel. Il y a du rythme de sorte qu'on ne s'ennuie pas à la lecture.
On a souvent comparé cette série à Largo Winch à tort ou à raison. Pour ma part, je l'aime bien car elle apporte un autre éclairage du monde politico-financier. Le thème des relations finance et écologie est assez intéressant ! Dommage que cela tire des balles dans tous les sens !
J'aime bien généralement les vendredis (friday en anglais). Mais bon, il s'agit plutôt du prénom d'une jeune femme qui revient dans sa bourgade natale pour Noël et qui va très vite retrouver son ami pour pouvoir mener une enquête policière.
Le début est un peu confus car on se demande comment une jeune femme peut se substituer aussi facilement au shérif local en roulant dans sa voiture pour l'assister véritablement. Il y a une mise en place assez chaotique qui ne s’embarrasse pas de crédibilité.
Par ailleurs, le récit va vite sombrer dans quelque chose de plus fantastique autour de la fameuse dame blanche qui est une légende dans la région. J'avoue nettement avoir préféré la seconde partie bien que celle-ci soit plus sombre avec un final assez étonnant.
Le style graphique est assez agréable avec des plans de paysage sous la neige assez remarquable. Il faut dire que la neige tombe à gros flocons sur cette ville côtière dans une ambiance assez Noël.
Cela s'adresse clairement à un public adolescent dans la mouvance fantastique à la frontière du réel entre énigme et légende.
Voici une BD typiquement féministe qui va nous expliquer toutes les dérives et les perceptions cachées de la société masculine face aux femmes. Les lecteurs un peu macho sont priés de passer leur chemin; ils ne trouveront guère leur compte à moins de leur imposer de force une telle lecture sans doute sous la torture. Par contre, les femmes vont régler leur compte et cela ne fera pas dans la dentelle !
On commence le chapitre par le fait qu'on nous présente sur Netflix des psychopathes dont on peut tomber facilement amoureux car nous avons leur point de vue subjectif. On pense notamment à des séries comme « You » que j'ai d'ailleurs également vu. Je trouve que la réflexion de l'auteure n'est pas dénuée de fondement. Il y a comme quelque chose de vraiment malsain.
C'est vrai que je ne comprends pas ces femmes qui tombent amoureuse de prisonnier tel que le tueur pédocriminel Nordahl Lelandais au point de lui faire un petit bébé. Au moins, j'ai eu une explication assez sensée dans cette BD purement pédagogique mais avec suffisamment d'humour. Il est vrai que le sujet est quand même grave.
Evidemment, on va réfléchir un peu plus sur la condition féminine qui laisse parfois à désirer dans nos démocraties occidentales. Je ne parlerai même pas du reste du monde notamment musulman où les règles religieuses font que c'est plutôt assez strict en matière de liberté. Certes, il y a toujours pires mais il faut regarder le mieux.
Je tiens à préciser qu'en tant qu'homme, j'ai toujours été sensible à la cause féministe mais sans tomber dans les excès qui par nature oppose les sexes et sans être une péninsule d'indifférence. Je suis pour l'amour et la paix dans le monde dans une vision certes idéaliste. Les femmes doivent être mieux traités, c'est ce que je pense sans être ce que l'auteur appelle un chevalier blanc.
Mais bon, la première partie nous démontre que scientifiquement, les femmes ont plus d'empathie que les hommes. Pardon mais moi qui était harcelé au travail par une femme chef inhumaine arriviste et sans pitié, je n'en suis pas vraiment tout à fait convaincu. C'était ma réflexion tout à fait perso.
Cependant, je sais bien qu'en règle générale et statistiquement, la violence émane des hommes et non des femmes même si cela peut arriver dans des cas exceptionnels. Comme dit l'auteure, le trait typique d'un homme violent, c'est de taper sur sa femme puis de se plaindre d'avoir mal à la main. Aucune empathie pour la victime et des pleurs qui ne le concerne que lui dans une dimension purement égocentrique.
J'ai bien aimé également le passage sur la victimisation. On peut être une victime mais être forte. Ce n'est absolument pas un trait de caractère. Or, c'est souvent perçu comme cela ce qui avantage d'autant plus les agresseurs. On se rend compte que le procès en diffamation est une manœuvre bien pratique qui est massivement utilisé par nos célébrités indélicates. Il y aurait bien une réforme à prévoir en matière de Justice...
La réflexion sur la cancel culture est également assez intéressante dans a mesure où le public acclame et vénère de vrais monstres alors que les victimes sont oubliées. Moi aussi, j'ai jeté l'album CD de Noir Désir après le meurtre de Marie Trintignant car je ne souhaite pas soutenir l'agresseur.
J’exècre ce discours qui nous dit de distinguer l'artiste de son art comme Emmanuel Macron l'a fait avec Gérard Depardieu lors d'une interview présidentielle. Encore faut-il en être émotionnellement capable. Et puis, il y a assez de place pour d'autres talents qui ne perpétuent pas la culture du viol.
En résumé, c'est instructif et c'est divertissant tout en cassant les préjugés de manière percutante. J'ai beaucoup aimé cette BD intelligente et drôle à la fois. Ils abusent grave, quand même !
J'accorde la note maximale à cette ouvrage qui nous parle de jeunes filles rebelles à travers 5 exemples récents de parcours dûment bien choisies.
Il s'agira de suivre Malala Yousafzai qui, dans une région du Pakistan dominée par l'idéologie des Talibans, s'est soulevée contre l'idée de fermer des écoles aux jeunes filles. En effet, pour ces gens-là, la femme est inférieure à l'homme et ne doit bénéficier d'aucunes libertés, ni d'aucuns droits et surtout pas celui d'aller à l'école. Ils n'hésitent pas à tuer des enfants qui bravent leurs stupides interdictions au nom d'une religion discriminatrice et extrémiste. Je n'avais pas vraiment entendu parler de l'action de cette jeune fille qui a pourtant été récompensé par un prix Nobel de la Paix en 2014 mais je dois que c'est amplement mérité au vu de son histoire parfois dramatique.
Nous avons également le récit de la fameuse Greta Grunberg ont je dois dire que j'ignorais pas mal d'aspect intervenus durant sa jeunesse. On voit également tout le parcours qu'elle a accompli pour devenir une sorte d’icône contre les puissants qui refusent de voir qu'il est temps de changer les choses par des actes concrets face à la crise climatique. On ne peut qu'admirer autant de détermination même si cela peut faire grincer certaines dents.
Le destin de Yusra Mardini, championne syrienne de natation, qui a dû fuir la guerre civile dans son pays est un autre exemple de courage. Sa traversée de la Méditerranée entre la Turquie et l'île grecque de Lesbos reste un épisode assez marquant du drame que vivent les exilés clandestins qui tentent de fuir la guerre et la famine au prix de leur vie. En même temps, ils peuvent accomplir des exploits.
J'ai été particulièrement sensible au drame d'Emma Gonzalès, rescapée d'une énième tuerie dans un lycée américain, car la vente des armes est tout à fait permise aux jeunes hommes frustrés grâce à l'action de la NRA qui financent la vie politique américaine à coup de millions. Le droit de porter une arme fait même partie de leur Constitution. Grâce à des manifestations, le contrôle des armes est devenu est un vrai sujet avec une certaine prise de conscience notamment dans la jeunesse.
Enfin, on s'intéressera au combat des sœurs Melati et Isabel Wijsen qui ont réussi à faire interdire les sacs en plastique qui détruisait petit à petit l'île de Bali en Indonésie. Là encore, on voit que le combat n'est pas vain car cela abouti parfois favorablement pour aider la planète.
Sur la partie graphique, je dois dire que le choix de 5 dessinateurs différents me faisait un peu peur car il y a toujours un manque d'homogénéité qui peut être assez préjudiciable dans ce type d’œuvre collective. Or en l’occurrence, pour une fois, les 5 dessinateurs sont au top ou du moins ils possèdent le niveau requis : il fallait quand même le faire ! On retrouve un français, une italienne, une suisse, un américain et un canadien, tous jeunes et talentueux !
Sur la thématique générale, j'ai adoré ces jeunes femmes qui prennent leur destin en main pour changer le monde en quelque chose de mieux. C'est louable de suivre leur récit car on se rend compte qu'il faut beaucoup de courage et de détermination avant d'arriver au résultat.
Ce titre se passe dans le Midwest américain où l’on va suivre Manuel qui a vécu un traumatisme en sauvant sa professeur d’art plastique d’un homme armé. Il faut dire qu’aux USA, le port d’arme étant autorisé voire encouragé par certains politiciens, on peut massacrer sans difficulté toute une classe. Ce genre d’événement arrive bien trop souvent ces derniers temps.
Il s’agit de le suivre dans cette période post-traumatique où il doit combattre son anxiété. Certes, il est entouré par l’amour de sa mère et il est suivi par une psychologue mais c’est dans l’amitié qu’il parviendra véritablement à surmonter cette épreuve de la vie.
Sur le plan graphique, on notera une grande élégance avec un souci des décors qui procure le respect envers l’auteure Niki Smith qui après avoir vécu une grande partie de sa vie au Kansas et au Texas a décidé de vivre en Allemagne ce qui n’est pas plus mal.
J’ai bien aimé le traitement graphique qui change totalement quand notre jeune garçon est en proie à ses crises d’angoisse qui lui refont vivre l’agression dont a été victime sa professeure en arrêt de travail. Il y a une véritable audace dans la mise en scène et cela fonctionne à merveille pour faire retranscrire les sentiments.
A noter également des paysages très plat à savoir de grandes fermes très isolées qui occupent un espace assez important. C’est dans l’isolement de ces lieux qu’il pourra véritablement se reposer et notamment chez son nouveau copain Sébastian. On est plongé dans un cadre typiquement rural mais à l’américaine.
Il y a beaucoup de bienveillance et de tendresse dans ce joli album qui se lit d’une traite malgré son nombre élevé de pages. Une lecture qui m’a fait vibrer l’espace d’un instant.
Nous voilà plongés dans le monde du futur où une infection parasitaire a détruit l'ensemble des végétaux de la planète non sans avoir fait des millions de morts en 2034 en empoisonnant les fruits et les légumes. Tous les végétaux ont disparu de la planète ou presque...
Il se trouve qu'il y a une brigade des forces de l'ordre est chargé de pourchasser tous ceux qui essayent de se reconnecter à la nature pour que les puissantes multinationales puissent offrir à la population une nourriture de synthèse. Elle n'est pas belle la vie ?
Je n'ai pas aimé le graphisme que je trouve assez grossier avec des traits qui ne respirent pas l’élégance. Quant au choix des couleurs, je dirai que cela ne le fait pas du tout. Mais bon, la lisibilité est tout de même assuré même si ce n'est pas dans ce que je préfère.
Cependant, j'ai été entraîné par un récit assez intéressant qui pose un regard plutôt inquiétant sur l'avenir de l'humanité tel qu'il pourrait se dessiner. On va suivre un grand chef cuisinier au XXème siècle qui a été obligé de s'adapter à ce XXIème siècle où on va manger très différemment puisque l'agriculture a disparu totalement.
J'avoue cependant que la fin a été un peu décevante et assez abrupte malgré le gros retournement de situation. Il n'en reste pas moins une BD de science-fiction à découvrir pour son originalité.
A noter qu'il s'agit d'une BD d'un auteur Paul Rey qui a surpris son monde avec l'excellent syndrome de l'iceberg l'an dernier. Jardin d'hiver est d'ailleurs sa toute première œuvre parue en 2019 soit 5 ans auparavant. C'est incontestablement un auteur à suivre.
Nous retrouvons un scénario de Philippe Pelaez qui est actuellement l'un des scénaristes les plus prolifiques des années 2020 (Hiver à l'opéra, Automne en baie de Somme, Air, Ceux qui n'existaient plus, Dans l'ombre...).
Il est vrai que la science-fiction n'est pas sa spécialité. Je trouve qu'il fait du réchauffé dans ce que nous avons pu déjà voir dans des œuvres où l'on voit d'horribles monstres sur des planètes s'en prendre à des humains au-delà d'un horizon noir où peut se cacher de véritables richesses notamment en matière énergétique ce qui intéresse grandement l'armée.
Le scénario prend des prisonniers au lourd passé pour accomplir une mission suicide sur cette planète nommée Kepler-452b. Rien que le pitch fait penser à « Pitch Black » puis sa suite des « chroniques de Riddick » avec un certain Vin Diesel dans le rôle principal.
La mise en scène est beaucoup trop classique et sans véritable surprise. C'est une exécution un peu sans âme de différentes scènes pour créer un climat de tension sur une planète résolument hostile. La psychologie des personnages ne sera qu'effleurée ce qui fait qu'on s'intéresse peu à leur sort parfois tragique.
Un mot quand même sur le dessin au trait réaliste de Blasco-Martinez pour dire qu'il fournit de très belles planches notamment vers la fin avec la découverte de cette cité perdue. A noter également une magnifique couverture qui donne envie de découvrir ce récit.
C'est le début d'une trilogie mais ma lecture m'a laissé un peu pantois. Il m'en faut plus pour connaître une véritable qualité dans l'écriture. C'est de la science-fiction au rabais comme les séries Z qu'on regardait autrefois. Désolé de l'exprimer ainsi mais c'est ce que je ressens.
La méduse est un animal marin capable de paralyser ses proies au moyen d'une substance urticante et vénéneuse. Là, nous avons une jeune femme qui est convaincu d'avoir une méduse dans l’œil et qui se multiplie. Allô Docteur, je crois que nous avons un problème.
Certes, il faut avoir un double sens de lecture comme une métaphore d'une maladie qui se gangrène. Visiblement, il s'agit d'une maladie de l’œil pouvant faire perdre la vue. Or, les méduses lui gâchent la vue avec leur fameuse substance noire. Le combat commence car il s'agit d'apprivoiser ces bestioles.
A noter que l'auteure Boum fait son autobiographie au travers de ce récit qui a pour cadre le Québec. On retrouvera des expressions qu'on aura un peu de mal à comprendre en français car ce n'est pas forcément traduit dans notre langage.
On évite le pathos pour une réflexion sur les terribles événements de vie pouvant nous affecter. On éprouve assez vite de l'empathie pour le personnage principal d'Odette qui ressemble à un garçon. Bon, j'avouerai quand même que la scène de danser avec son drink dans une boîte de nuit est vraiment une très mauvaise idée et que cela fait tête à claque. Mais bon, passons !
On retiendra qu'il y a véritablement beaucoup de tendresse dans cet album à la ligne graphique assez épuré. J'ai beaucoup aimé la fin de l'album où on observe une véritable audace de case dans cette mise en scène progressive de l'obscurité.
Malgré le noir, cela se termine par non pas une note d'espoir mais par l'acceptation de vivre autrement. Une réussite sur un thème plutôt difficile.
Jean Van Hamme qui fut jadis mon auteur préféré, celui qui m'a fait véritablement venir à la bande dessinée grâce notamment au fameux « Le grand pouvoir du Chninkel » a désormais 85 ans. Il est surtout connu pour avoir créé et scénarisé les aventures de trois personnages de la bande dessinée belge à savoir Thorgal, XIII et Largo Winch. Non des moindres !
Son grand âge ne l'empêche pas de produire encore quelques BD notamment ce recueil de nouvelles confiées à différents auteurs de la génération actuelle : Bazin, Bertail, De Jongh, Djief, Durieux, Efa et enfin Munuera.
Sur les 6 nouvelles, la première sort incontestablement du lot pour nous proposer quelque chose de vraiment original. Les dents de l'amour m'ont un peu horrifié par rapport à la chute finale même si le scénario était plutôt basique. J'ai également aimé comment avoir sa statue sur la place Joachim XIII par son côté assez espiègle de l'arroseur arrosé.
Comme d'habitude dans ce genre d'exercice avec une multitude d'auteurs différents, il y a des hauts et des bas ce qui donne la moyenne.
Voici le tout premier hors-série qui constitue également le spin-off d'un des personnages emblématiques des 5 terres. Il sort juste avant la parution du troisième cycle qui commencera bientôt et qu'on attend avec impatience.
Bon, à vrai dire, c'est la jaquette qui nous présente les choses ainsi. Pour le peu que je me rappelle, Demeus Lors alias Thys était le courageux petit garde royal du premier cycle. Il a eu son rôle à jouer mais ce n'était sans doute pas le personnage le plus emblématique.
Il s'agit sans doute pour les auteurs de donner plus de consistance à la saga originelle. Ils cèdent ainsi à la mode des spin-off qui pullulent actuellement sur le marché de la BD et qui concerne seulement les séries à succès. C'est vrai qu'au départ, je voulais faire l'impasse mais je suis un grand fan de cette série hors-norme. Oui, j'ai succombé, est-ce si grave ?
J'ai adoré ce récit qui s'inscrit comme un one-shot sur fond de guerre entre les ours d'Arnor et les félins d'Angléon la capitale des 5 terres. L'action se situe sur une île vassale d'Angléon qui est envahit par les ours. Les habitants vont devoir cohabiter avec l'ennemi ou mourir.
Encore une fois avec cette série on se rend compte que les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être. J'aime bien ce parti pris de ne pas sombrer dans le manichéisme qui est le lot de beaucoup trop de séries. Et puis, il y a tout ces rebondissements de situation qui font le sel de cette saga qui réserve bien des surprises. On a des personnages qui ont vraiment de l'épaisseur grâce à leurs faiblesses, doutes et questionnements. J'adore réellement !
Le thème principal est celui de la résistance : mourir debout plutôt que vivre à genoux. Que se passe t'il quand un pays est envahit ? La France a connu le même sort en 1940. Bref, c'est une problématique qui raisonne encore. En l'espèce, le dénouement final est absolument remarquable. Une mention spéciale pour le personnage de Lycius.
J'avais quelques craintes sur la qualité graphique sans Lereculey dans l'équipe mais elle est assurée car c'est vraiment dans la continuité de ce qu'on connaît déjà. Et comme dit, je suis l'un des premiers conquis par ce dessin résolument moderne qui me convient parfaitement. Les planches sont de toute beauté !
Une très belle lecture où le fond et la forme sont d'une rare qualité. Je n'ai d'ailleurs aucun souci pour ma notation. Probablement la série que je préfère pour le moment...
Le monde d'Aria est un univers où les fées, les elfes, les démons et les magiciens existent. Ils ont quitté les sous-bois pour peupler la ville de New-York afin de s'en donner à cœur joie dans la joie et la luxure. Bref, un vrai conte de fée !
Nous avons un graphisme assez sympathique aux belles couleurs mais accouplé à un scénario plutôt soporifique à défaut d'être féerique. The magic of Aria ne parvient pas à décoller et à nous procurer un minimum de plaisir. Pourtant les cadavres et les massacres se succèdent. Mais bon, il faudrait une construction du récit qui tienne la route ainsi que des personnages charismatiques qu'on aurait envie de suivre.
En effet, malgré l'apparence où le monde magique rejoint le monde réel, il n'y a rien de vraiment original dans ce qui nous est présenté. On se perd très vite dans les fils de cette intrigue qui n'est guère passionnante. Franchement, je suis passé à autre chose dès la fin du premier tome de ce comics. Les fées ne sont plus ce qu'elles étaient, franchement !
Je ne peux pas dire que ma lecture a été très agréable avec ce récit un peu fantasmagorique dans un lieu et une époque inconnue. On assiste en effet d'emblée à un dégel d'un village avec une température de -40 degrés et qui passe à plus de 30 degrés. C'est sans doute lié au changement climatique bien que cela ne soit pas du tout mentionné. En réalité, on se situe plutôt dans un monde imaginaire.
On se perd très vite dans des considérations de village à savoir pourquoi tel élève est privé de scolarisation par une maman exploratrice pour ne pas dire protectrice. Le ton est toujours à la légèreté comme une grosse farce pas très sérieuse où le maire se décarcasse.
Il y aura pourtant un meurtre qui est commis et dont on va rechercher activement le coupable parmi tous les protagonistes de ce récit déchanté et loufoque. A noter que c'est plutôt long (plus de 100 pages) et que je me suis ennuyé assez rapidement avec une pléthore de dialogues sans grand intérêt.
Par ailleurs, je n'ai pas trop aimé le graphisme qui rend les personnages d'une laideur absolue. D'autres y verront sans doute des figures de style tout à fait acceptables.
C'est vrai que je ne suis pas un adepte de ce type de récit, de bande dessinée qui fait dans le déjanté. Je peux cependant comprendre que cela puisse plaire à une catégorie de public en recherche de quelque chose de différent dans le genre conte pour adultes.
Encore une BD sur un mode humoristique et burlesque pour nous présenter les bons gars de Brest soutenant leur équipe de football en final.
Or, le club de foot connaît de graves difficultés financières alors qu'il ne reste plus qu'un match à jouer pour emporter la coupe. Il est question également d'une entreprise qui ferme ses portes et de pauvres gars sur le carreau. Ces derniers vont d'ailleurs commettre un casse pour financer leur départ ainsi que renflouer les caisses du club.
Le concept est d'être tous ensemble. Rien n'est plus fédérateur qu'une équipe de football qui remporte la victoire. La force du collectif sera mise en œuvre pour le meilleur mais également pour le pire.
On va suivre surtout un supporter assez actif qui se prend pour le cousin de Sylvester Stallone ce qui lui donne des aspects assez sympathiques mais immatures. Il s'appelle Kévin. Je n'invente rien. Le prénom Kevin a été souvent source de moqueries. Il symbolise à lui tout seul toute une génération: celle née dans les années 1990. Au départ, les parents nomment leurs enfants Kevin car il s'agit du prénom des stars de l'époque.
C'est une lecture détente sans aucune prétention et qui se fera dans la bonne humeur. J'ai bien aimé le dessin tout en rondeur qui fait dans le réalisme et qui rend la lecture plutôt fluide.
Pour le reste, je ne suis pas trop fan de ce type de récit qui fait dans le truculent et le déjanté. J'ai trouvé cela trop léger sans véritable consistance malgré un attachement évident à la Bretagne et quelques clins d’œil au cinéma d'action genre bourrin. Et pourtant, habituellement, j'apprécie beaucoup les œuvres de Kris mais pas celle-ci cette fois-ci.
Cette BD nous propose une immersion au cœur d'une épicerie solidaire dans la région Centre Val-de-Loire.
On apprendra qu'il y a beaucoup de pauvreté ainsi que d'immenses tours de logements HLM similaire à certains quartiers de la région parisienne à Saint-Pierre-des-Corps, municipalité communiste de 1920 à 2020.
La ville a financé, en partie, cette épicerie pour proposer des articles agro-alimentaires à des gens qui sont dans la nécessite. Il existe, en effet, une France qui ne dispose pas assez de moyens pour pouvoir vivre décemment malgré les aides de l'Etat.
C'est assez intéressant de voir les différents témoignages, non seulement des bénévoles qui donnent leur temps gratuitement pour faire du social mais également des personnes destinataires de ces aides alimentaires.
Au-delà de cet aspect purement alimentaire, cette association a créé du lien social en organisant des activités ce qui permet de libérer plus facilement la parole. En effet, ce n'est jamais évident d'être un nécessiteux. Il s'agit de retrouver un peu de dignité face à une France qui les jugent sévèrement parce qu'ils ne travaillent pas tous.
Sur le fond, cela explore en restant un peu en surface sans aller jusqu'au bout. Il y a un positivisme et un optimisme à toute épreuve dans une espèce de béatitude que j'ai trouvé vraiment assez naïve. Certes, il faut en retenir tout l'humanisme qui se dégage d'une telle expérience.
On se rend compte que l'Etat se désengage en mettant laissant la place à ce type d'association qui sont plus qu'utile pour faire face aux conséquences de la pauvreté dans un pays riche.
Au moins, on voit une expérience sociale assez concrète qui va au-delà de l'intention afin d'aider les plus démunis.
Le maire d'un village annonce à sa population la construction de logement destiné à accueillir des réfugiés étrangers. Aussitôt, les habitants de ce paisible village se mettent en opposition avec ce projet compte tenu de l'insécurité, du bruit et de la violence que cela va amener. Baliverne, ce sont des préjugés pensent d'autres âmes qui font dans la compréhension et l'humanitaire et qui sont prêts à les aider. Voilà pour le pitch de départ.
Il est vrai que la capitale souhaite exporter ces populations fragiles dans des endroits plus calme comme la campagne en raison d'une certaine saturation. Pour rappel, l’asile est la protection accordée par un État à un étranger qui est ou risque d’être persécuté dans son pays. Il est alors normal d'essayer de le protéger.
La France s’engage alors à lui procurer une protection internationale, un accompagnement social, l’accès à l’apprentissage linguistique, au logement et à l’ensemble des droits attachés au statut de réfugié. Quoi de mieux que le milieu rural pour ce faire où la densité de population est plus faible ?
Leur arrivée peut contribuer à la revitalisation des centre-bourgs et leur tissu social. C'est le credo emprunté par cette BD afin de dynamiser l'économie locale du monde rural. Les paysans apprécieront. Mais bon, la plupart des habitants de notre pays ont été des descendants d'étrangers à un moment donné.
On citera le cas de ce polonais qui travaille dans l'exploitation agricole comme des milliers d'autres ou celui des descendants des espagnols ayant fui le régime franquiste. C'était une immigration essentiellement européenne qui est quand même sensiblement différente de l'immigration actuelle plus lointaine.
Oui, on va avoir droit à une gentille confrontation dans la joie et la bonne humeur malgré la difficulté d'un tel sujet qui est très loin de faire l'unanimité. Non à l'hospitalité forcée où l'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde selon le groupe de résistance à l'invasion de nos campagnes qui se met en place dans le village de Mazé près d'Angers.
Personnellement, ce titre ne m'a pas vraiment convaincu car il est trop dans la déconnexion que subit le pays actuellement. Les difficultés sont bien réelles et ne peuvent être minimisées dans un discours résolument optimiste sur le mode de la globalité de notre monde. Le contrecoup peut s'avérer assez catastrophique pour notre nation à l'instar de ce qui s'est passé en Hongrie avec Viktor Orban ou aux USA avec un certain Donald Trump qui construit également des murs de séparation.
Maintenant, l'initiative des auteurs est tout à fait louable afin de faire progresser les mentalités sur cette question. L'artillerie lourde sera utilisée de manière assez pédagogique pour dénoncer les chiffres alarmistes d'une immigration massive. Est-ce que cela suffira à faire reculer les préjugés ainsi que la désinformation sur ce sujet ? L'avenir nous le dira.
Certains pensent que le droit du sol est l'absurdité qui consiste à dire qu'un cheval est une vache parce qu'il est né dans une étable. On sait très bien où ils veulent en venir. En fait, le sol composant la planète terre appartient à tout le monde depuis l'Homme de Neandertal. Si seulement, il n'y avait pas de frontière...
Evidemment, l'auteur se garde bien de nous indiquer qu'il s'agit d'une fausse piste. Il ne sera point question d'immigration sauf sans doute les déplacements des différents genres humains durant la Préhistoire.
L'objectif de l'auteur est de nous montrer qu'il faut respecter Dame Nature et ne pas enfouir sous la terre des déchets nucléaires et notamment à Bure. Non, il faut trouver d'autres solutions quitte à les garder en surface avec le maximum de précaution. Le droit du sol est conçu comme une protection des sols face à la pollution humaine.
Bon, il y a clairement un discours anti-nucléaire qui pourrait nous entraîner à la merci du dictateur Poutine à moins de couper toute l'électricité dans le pays ou de ne le réserver qu'aux riches avec des tarifs prohibitifs. Là encore, les choses ne sont pas aussi simples.
La France jetait dans l'océan les déchets avant d'arrêter cette pratique honteuse. Il était question de les envoyer dans l'espace mais cela pouvait très bien retomber sur nos têtes. Une idée serait de les envoyer s'écraser contre le soleil et le problème serait réglé définitivement mais il s'agit alors d'avoir des lanceurs qui soient sûrs à 100%.
Ce n'est pas vraiment évoqué dans cette BD qui laisse néanmoins la porte ouverte à toutes les solutions possibles pourvu qu'on ne les enterre pas sous notre sol. Il est question de responsabilité pour les générations futures.
Evidemment, l'auteur s'inscrit dans la mouvance actuelle de protection de la planète avec son côté marcheur goûtant l'air de la campagne à travers un joli périple. La lecture fut longue mais assez intéressante car ponctué par différentes réflexions assez utiles sur le fonctionnement de notre monde. Divers sujets seront d'ailleurs traités comme par exemple le temps de conservation d'un papier ou d'une BD.
J'ai bien aimé pour une fois. Il est vrai que j'avais trouvé un peu ennuyeuse pas mal de ses dernières œuvres ce qui n'est pas le cas ici. C'est une lecture qui pousse à la réflexion. On n'est pas obligé non plus d'adhérer totalement mais cela a le mérite de poser de bonnes questions.
Voici une BD que j'ai emprunté dans le coin jeunesse de ma médiathèque et qui traite d'un sujet difficile à savoir la dépression. Encore une fois, ce n'était pas un ouvrage mal rangé mais classifié à tort pour une lecture jeunesse. Erreur de casting, je dirai.
L'auteur Alice Colin va raconter toute son histoire qui est finalement assez classique mais qui peut concerner beaucoup de gens tant cette affection semble être répandue.
Il est question d'une séparation amoureuse mais également d'expérience avec la drogue prise entre amis lors de soirées festives.
Il y a un côté assez didactique pour nous expliquer ce qu'est la dépression et ce qu'il convient de faire pour ne pas aggraver la situation. Pour autant, c'est d'abord un témoignage assez touchant et sincère. On est pris dans le flot des émotions avec notre héroïne auteure.
On peut dire qu'il s'agit d'une œuvre à visée thérapeutique pour son auteure mais qui peut en même temps aider d'autres lecteurs à voir la vie du bon côté. Je n'ai rien contre ce genre de lecture qui fait du bien tout en dévoilant des choses assez déplaisantes. L'humour est omniprésent pour mieux nous faire intégrer à cette problématique.
Par ailleurs, je dois relever un dessin clair et aéré qui concourt à une lecture assez agréable de l'ensemble. On retient finalement beaucoup de douceur ce qui est assez marquant avec un thème concernant la dépression et la solitude.
Au final, j'ai bien aimé ce traitement dans la légèreté d'un tel sujet. Oui, ça va aller !
En moyenne, le nombre de femmes âgées qui, au cours d'une année, sont victimes de violences physiques, sexuelles et/ou psychologiques commises par leur conjoint est estimé à 244.000 femmes en 2022. Les trois quarts des victimes ont entre 20 et 45 ans. C'est un véritable problème de société qui entraîne plus d'une centaine de morts par an dans les cas les plus extrêmes.
La jeune Morgane va en faire l'amer expérience dans un calvaire abominable. Yassine l'a bat dans une terreur domestique quasi-quotidienne malgré la présence d'un enfant. Cette BD nous raconte son calvaire et surtout comment tout a commencé avant de basculer dans l'horreur.
Quand j'ai vu la première scène de leur rencontre, au beau milieu d'un match de football, j'avoue que ma première réaction a été le dégoût absolu mais visiblement ce sentiment n'est pas partagé par Morgane qui a manqué incontestablement de clairvoyance. Je ne dis pas que c'est sa faute mais elle aurait pu sans doute par un jugement plus sain s'éviter tous ces multiples ennuis. Certaines femmes aiment vraiment les bad-boys quand le monde est également rempli de gentils garçons. Je sens que je vais me faire allumer mais bon, c'est ce que je ressens. Certes, les apparences peuvent être trompeuses.
Pour autant, évidemment, je compatis au malheur de cette femme qui a été prise dans un engrenage infernal. Il lui faudra beaucoup de courage et de détermination pour en venir à bout ce qui peut donner de l'espoir pour d'autres femmes également victimes de ces beaux-parleurs infects ne respectant pas l'autre.
Cet Hassine est vraiment un type haïssable comme il en existe malheureusement des dizaines de milliers qui ne respectent pas les femmes. Le pire, c'est le combat judiciaire qui s'engage à la fin mais qui ne sera pas forcément gagné par la victime tant le système paraît incohérent et non protecteur.
C'est une BD évidement à lire et surtout pour les femmes afin qu'elles puissent mieux se défendre. Il s'agit de comprendre véritablement ces mécanismes subtils de l'installation de la violence au sein d'un couple car l'agresseur mène une véritable stratégie entre isolement, dévalorisation, inversion de la culpabilité, peur, secret et impunité.
Il serait temps que la Justice fasse son travail afin d'inverser le camp de la peur. Cependant, pour cela, il faudrait sans doute un peu plus de fermeté et une volonté manifeste d'aider ces pauvres femmes.
La question qui se pose dans cette BD est de savoir si l'amour peut traverser la galaxie. Peut-on tomber amoureux d'une extraterrestre ? Non, je ne parle pas de votre compagnon actuel. Je me situe plutôt dans le genre rencontre avec le troisième type.
Il est vrai qu'en matière de science-fiction, c'est un thème qui n'a jamais vraiment été abordé de façon aussi frontal. C'est toujours intéressant de voir comment cela va se concrétiser dans cet album car ces deux êtres mettent en péril leur mission et leur civilisation, rien que ça.
J'ai mis 5 étoiles car après lecture, je dois dire que j'ai plutôt été convaincu par cette démonstration de force. Nous sommes pourtant en pleine science-fiction mais ce qui pourrait tout de même bien arrivé dans le futur avec un scénario tout à fait crédible. Et pour autant, on va avoir droit à une histoire d'amour non conventionnel qui rappelle les couples extra-ethniques. Le jugement des autres est toujours aussi médisant car il n'y a pas d'acceptation de la différence.
C'est le genre de BD que j'aime. Et pourtant, je ne m'attendais pas à cela en commençant ma lecture. Même le nom des auteurs ne me disait rien à savoir Jerry Frissen et Roberto Zaghi. La couverture ne m'avait pas vraiment trop frappée.
Au fur et à mesure de ma lecture, j'ai été abasourdi non seulement par la mise en scène mais également par le graphisme tout à fait somptueux et qui fait preuve d'audace dans certaines cases pour montrer des étrangetés liées à la science-fiction.
Oui, je recommande chaudement cette BD dont l'attraction a fait visiblement effet sur moi.
Tilllie Walden est une auteure de comics en vue car deux fois lauréate du Eisner Award avec des titres comme « Spinning », « Sur la route de West » ou encore « Dans un rayon de soleil ».
Je ne suis pas le gros fan de son travail même si j'admets qu'il y a de la matière notamment une bonne prise en charge de la psychologie de ses personnages notamment féminin. Robert Kirkman, le créateur de « Walkind Dead », l'a choisi dans un registre où l'on n'attendait pas forcément cette artiste : celui de l'apocalypse zombie. Du coup, cela attire la curiosité pour découvrir le résultat.
Il s'agissait de reprendre le récit de l'héroïne du jeu vidéo adaptée de la série afin de donner corps à une histoire consistance qui va s'étaler dans une trilogie. Le résultat est intéressant car on va gagner le milieu de la montagne et ses stations de ski, rarement vu dans le comics ou dans la série.
On retrouve la dimension psychologique çà travers cette Clémentine, 17 ans, qui évolue malgré son handicap dans un monde gangrené par la mort. On se rend encore une fois compte que les zombies ne sont pas les principaux ennemis. Comme dit, la longue série nous avait déjà épuisé avec ses thèmes récurrents. C'est du réchauffé mais avec un aspect qui fait sans doute plus adolescent pour toucher un autre public.
Il est toujours difficile d’adopter des enfants. Ce n’est pas simple surtout en ce qui concerne les modalités notamment quand les enfants proviennent d’orphelinat étranger.
On va s’intéresser à un couple de moins de 35 ans qui a des difficultés pour procréer naturellement. Le couple prend la décision d’adopter car ils avaient de toute façon l’intention de le faire à un moment donné. C’est toujours honorable de vouloir élever un enfant destiné à l’abandon. Cette BD raconte leur témoignage et c’est intéressant de les suivre pour savoir comment cela se passe au juste.
La particularité est que l’enfant adopté vient de Chine, ce pays totalitaire qui rêve de devenir la première puissance économique mondiale. La politique de l’enfant unique a eu pour conséquence néfaste un taux d’abandon plus élevé chez les filles notamment quand elles présentent un problème de santé. La Chine accepte de les exporter, passez-moi l’expression, à l’étranger et notamment dans nos pays occidentaux où ils pourront s’épanouir correctement.
A noter que cette BD se situe principalement dans la Chine du milieu des années 90 où les futurs parents se rendent pour aller chercher leur fille adoptive âgée de 6 mois. On se rend compte de la grande difficulté administrative d’un état corrompu car ils doivent remettre des enveloppes de billets à plusieurs reprises alors qu’il s’agit en fait de les soulager.
On découvre l’éveil de ce céleste pays au milliard d’habitants dont la plupart vivent dans des conditions de pauvreté absolue. On se rend compte que ce bébé va échapper à une vie de privation assez marquante. On assistera tout de même à une série de tracasserie administrative digne d’un univers à la Kafka.
Ce témoignage nous fait découvrir cette culture chinoise mais qui n’est pas dénué de critiques plus ou moins objectives, du ressenti de l’auteure qui raconte une part autobiographique de sa vie. On sait que depuis, la Chine a réduit drastiquement les possibilités d’adoption. A noter un excellent dossier en fin d’album afin d’apporter un complément d’informations parfois utiles.
On apprendra que cette fille adoptée a réussi une belle scolarité et a pu retourner vers l’âge de 18 ans pour visiter son pays d’origine avec son frère et sa sœur (car depuis le couple a réussi à avoir des enfants). D’autres parents ont dû rendre l’enfant à l’association s’occupant des adoptions car cela n’a pas pris comme il faudrait. Bref, ce n’est pas toujours rose.
Au final, on découvre les méandres de l’adoption d’une petite chinoise qui deviendra française par assimilation. Le choc des cultures n’aura pas lieu pour autant qu’on donne beaucoup d’amour à ces petits êtres qui ont été abandonné par leur parents biologiques souvent pour des raisons de précarité extrême. Un album que je recommande.
Avec ce titre, nous avons droit à une histoire triste à la Charles Dickens mais dont la particularité est de se situer au XIXème siècle dans la ville de Hoboten près d’Anvers en Belgique.
On va suivre Nello qui est un orphelin vivant avec son grand-père et qui recueille un chien abandonné Patrasche. On se rend compte des inégalités sociales qui sont assez marquantes. Cependant, on sera choqué par l’attitude des bourgeois qui n’ont aucun égard pour la pauvreté qui les entoure.
Que dire également de l’homme d’église qui préfère mettre les rats en dehors de la maison de Dieu, les rats étant les pauvres sachant que les riches lui fournissent assez d’argent pour vivre confortablement. Bref, c’est un clivage extrêmement violent qui se dessine. On pourra justement regretter un peu ce côté assez caricatural car cela ne fait pas dans la nuance. Cependant, cela traduit sans doute la dureté d’une telle époque où les pauvres pouvaient mourir de faim et de froid.
Du point de vue graphique, la finesse habituelle du trait de Griffo est transcendée par l’implication qu’il a dans l’histoire. C’est que du bonheur ! Un vrai régal pour les yeux !
En conclusion, voilà une lecture qui crée incontestablement beaucoup d’émotion et de l’empathie pour son personnage principal Nello. Certes, c’est le genre de lecture qui ne laisse pas insensible. Un final assez grandiose où la mort et la tristesse sont dépassées.
A noter que si vous avez l’occasion de visiter la ville d’Anvers, vous pouvez tomber sur la statue de Nello et Patrasche en hommage à ce conte retraçant l’histoire d’un petit garçon orphelin et de son chien qui venaient chaque jour en ville chercher leur pitance avant de mourir de faim. Il n’y a rien de plus triste et cela rappelle que cela existe encore de nos jours malgré l’opulence qui règne dans notre monde.
Après l’Arabe du futur, voici la souris du futur ! Mais bon, on ne peut pas dire que les deux titres sont similaires. Il s’agit juste de montrer à travers 4 petites histoires le monde de Mickey et Donald dans un futur assez lointain.
C’est un titre de commande à l’occasion du 100ème anniversaire de Disney où divers auteurs revisitent le mythe de Mickey à partir de 4 productions du passé : Lonesome ghosts (1937), Trailer Horn (1950), Mr Mouse takes a trip (1940) et Mickey’s fire brigade (1935).
C’est dans les vieux pots qu’on fait généralement la meilleure confiture. Certes, il y aura quelques changements et adaptations pour moderniser ces petits récits. Je n’ai pas vraiment trouvé mon bonheur sauf peut-être pour le premier titre qui prévoit un petit rebondissement à la fin.
En effet, le graphisme diffère totalement selon les dessinateurs qui se succèdent ne conférant pas du tout à une homogénéité de l’ensemble. Du coup, on est loin du Mickey parade de Don Rosa. Je n’ai pas trop apprécié quelques difformités avec les personnages classiques.
Par ailleurs, au niveau du récit, cela reste extrêmement naïf là où l’on attendait une petite modernisation. Cela ne le fait pas avec cette vision soi-disant futuriste. Je trouve que ce titre a un peu raté son objectif. Cela demeure néanmoins assez sympathique mais sans plus. C’est, en tous les cas, parfaitement adapté à un lectorat plus jeune.
Brian Azzarello, c'est l'auteur emblématique du fameux « Joker ». Pour ma part, j'ai également retenu « Before Watchmen – Le Comédien » ou encore « Before Watchmen - Rorschach » que j'avais bien aimé. Pour autant, malgré cette a priori positif qui m'avait conduit jusqu'à cette œuvre, je n'ai pas trop apprécié son scénario que je trouve assez confus (par l'utilisation de flash-back incompréhensibles) et même un peu bourrin (dans l'excès de violence).
C'est comme s'il ne maîtrisait pas totalement les codes du western tout en voulant donner sa vision. D'ailleurs, la série a été abandonné par la suite et pour cause. Quant au graphisme, il ne m'a pas entièrement convaincu même si les décors sont parfaitement retranscrits même s'ils paraissent un peu dépouillés. Les traits sont assez minimalistes si on y regarde bien. La colorisation me semble inégale de page en page: bref cela dépend.
C'est un western musclé qui ne fera pas dans la dentelle. On est loin du héros à la John Wayne. Il y aura des accès de violence pour servir la bonne cause et le sens de l'honneur avec un homme à la recherche de la paix mais qui sème la violence. Moi, j'avoue avoir décroché.
C'est le second titre sur cette femme d'exception que je lis après sa jeunesse tunisienne. On peut dire que c'est une sacrée coïncidence que deux titres sortent presque en même temps après des années où il n'y avait pas la moindre biographie en bande dessinée sur cette femme qui a mené un combat toute sa vie pour faire progresser la cause des femmes.
Beaucoup de femmes sont malheureusement maltraités dans le monde et réduit à un rôle mineur qui les privent de libertés par rapport aux hommes notamment dans les pays d’obédience musulmane mais pas que. C'est la triste réalité des faits sans vouloir porter de jugement hâtif.
Cependant, ce que j'admire le plus chez cette femme, c'est qu'elle a su dire « non » à cette condition et à s'opposer à la religion, à ses parents, aux autorités représentant l'Etat. En faisant cela, elle s'est démarquée en ayant le courage de ses opinions pour résister. Si seulement, tous les peuples de la terre pouvaient en faire autant pour se libérer des dominations de la religion et des états totalitaires.
Comme dit, la liberté commence où l'ignorance finit. Encore faut-il ne pas croire à la propagande de l'Etat qui peut anesthésier tout un peuple. Gisèle a découvert que la liberté a toujours un prix.
J'ai bien aimé également la sincérité de cette biographie qui ne cache rien comme par exemple la vraie nature du combat de Simone de Beauvoir avec cette cassure dans le combat de Gisèle notamment quand le verdict de l'affaire Marie-Claire est tombé. Celle-ci a été violé et a avorté en toute illégalité.
La victime sur le banc des accusés mais le violeur coupable libre. Elle a fini par être acquittée mais la grande et célèbre Simone de Beauvoir voulait en faire une martyre pour servir la cause. On se rend compte que dans le combat féministe, il y a également des extrêmes.
L'héritage que laisse Gisèle Halimi décédée en 2020 est qu'il faut toujours se battre pour un monde plus juste et que les droits ne sont jamais acquis car des remises en cause sont toujours possibles. C'est à nous d'intégrer ce message en refusant les inégalités et surtout en ne se résignant pas. Il est vrai que je suis assez sensible à cet espoir d'un monde nouveau.
Une lecture très intéressante qui complète d'ailleurs mon autre lecture en étant plus complète et plus aboutie d'un point de vue intellectuel.
Il y a dans ma région une bibliothèque qui porte le nom de Gisèle Halimi. Je vous avoue que je ne connaissais pas du tout cette personnalité. Après renseignement pris, il s'agit d'une avocate tunisienne qui a été une militante féministe pour le droit des femmes.
Elle est célèbre pour avoir été l'une des premières à signer pour le manifeste d'un droit à l'avortement en France en 1971. Elle a obtenu des acquittements dans des affaires d'avortement illégaux. Elle a mené un combat pour un avortement libre et contre le racisme.
Une de ses caractéristiques est qu'elle pensait que cette lutte émancipatrice pour le droit des femmes ne peut se passer des hommes ce qui est sans doute mieux dans l'approche. Elle est décédée en 2020 à l'âge de 93 ans.
Les femmes jouent un rôle essentiel pour surmonter les plus grands défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui. Elles doivent être entendues, valorisées et appréciées dans l'ensemble de la société afin que s'y reflètent leurs perspectives et leurs choix pour leur avenir et celui de leur avancement. Gisèle Halimi y a contribué par un combat de toute une vie pour aller vers une société plus égalitaire.
Sa jeunesse est retracée dans cette BD afin de mieux comprendre et appréhender cette figure de la vie sociétale. C'est un parcours qui manifestement force à l'admiration car elle a dû se battre dans un monde fait pour les hommes. Il s'agissait d'abord d'aller au-delà des carcans familiaux, culturels et religieux pour pouvoir par la suite s'émanciper et s'accomplir.
En effet, on ne peut qu'être sensible à ces inégalités de traitement qui se jouent dès le plus jeune âge où le petit frère, qui d'ailleurs n'en fout pas une, est servi le premier à table par une maman en admiration et surtout qu'il soit dispensé des tâches ménagères que doivent subir les petites sœurs.
J'ai bien aimé le dessin qui met en valeur le décor des rues de Tunis, une ville que j'ai eu d'ailleurs l'occasion de visiter dans le passé. C'est un trait précis et qui rend la lecture agréable grâce à une colorisation chaude bien dosée. Il en ressort beaucoup de douceur.
Cette BD bien réalisée m'a permis de combler une sérieuse lacune que je reconnais. Ce média permet une diffusion de la culture, de l'histoire politique et sociétale. C'est une bonne chose pour ne pas oublier le destin de ceux qui ont fait incontestablement bouger les choses dans une société profondément inégalitaire.
Je déteste profondément la violence faite à des gens vulnérables surtout des enfants handicapés par la vie. Le pire, c'est quand cette violence provient du système de santé française qui se veut à la pointe de l'humanisme.
On a droit au témoignage plutôt effarant de Céline Boussié qui a été condamné par la justice pour médisance après avoir dénoncé des faits plutôt gênants. On voit malheureusement de quel côté penche parfois la justice. On risque gros à vouloir communiquer la réalité sur des pratiques pour le moins scandaleuses pratiqués par des instituts soi-disant médico-éducatif.
La Boite à bulles est un éditeur sérieux qui donne la parole à des auteurs qui souhaitent nous ouvrir les yeux sur la fraude fiscale ou la condition des femmes en Egypte (doigts d'honneur). Bref, des sujets qui fâchent assez rapidement. Pour moi, la dénonciation de ces délits doit être permanente et la BD est un bon moyen pour y parvenir.
François Sanz, l'illustrateur, dessine sa première BD et c'est plutôt un pari réussi. Le graphisme est clair et lisible ce qui concourt à une lecture fluide et par conséquent agréable.
On ne peut que soutenir le combat de cette femme courageuse qui n'aura de cesse de se battre pour mettre fin à une maltraitance institutionnelle et surtout obtenir justice et réhabilitation de son statut de lanceur d'alerte. Malheureusement, le chemin est semé d'embûches et il y a encore beaucoup de travail à réaliser.
En conclusion, une lecture utile qui nous permet d'ouvrir les yeux sur ce qui se passe. Il reste à agir pour que cela cesse. Et ceci est à un autre niveau. Aux politiques et à la Justice de prendre leurs responsabilités !
Qu'est-ce que j'aime bien cette collection sur la mythologie grecque qui nous présente les Dieux et les Déesses dont les sentiments sont vraiment typiquement humain. Il faut dire que ces Dieux de l'Olympe font tout pour ne pas s'ennuyer à mourir.
On va donc faire la charmante connaissance d'Athéna, l'une de ces déesses mythiques. Pour rappel, Athéna est la déesse grecque de la guerre et de la sagesse, mais aussi la déesse protectrice des arts de la science et des activités artisanales des artisans et de la ville d'Athènes. C'est la fille de Zeus, rien que cela !
On pourra reprocher à cette ouvrage d'enchaîner sur des récits indépendants sans véritable fil conducteur qui pourrait constituer une intrigue solide. On a l'impression d'un tome de commande dans cette immense collection qu'est la sagesse des mythes. On sait que tous les tomes ne se valent pas. Certains n'ont pas trouvé l'inspiration.
Le dessin n'est absolument pas désagréable à la lecture bien au contraire. L'esthétisme des corps est carrément divin, c'est bien le cas de le dire. C'est fluide ce qui rend la lecture assez facile.
Au final, un album qui ne sera pas mémorable mais qui se laisse lire agréablement pour parfaire nos connaissances en matière de déesse grecque.
Nous suivons les difficultés d'une lycéenne Valérie Chu qui est assez discrète et qui souhaite toujours être obéissante et agréable envers sa mère. Cette dernière lui interdit de trop manger pour ne pas être grosse ce qui vire à l’obsession.
En réalité, cette jeune fille va connaître la boulimie et l'anorexie en étant totalement prisonnière de son corps qu'elle n'aime décidément pas. On verra que sa copine, un peu boulotte et bien dans sa peau, va beaucoup plus réussir qu'elle au niveau de la relation amoureuse et du bonheur.
La mère de Valérie tient une grande part de responsabilité dans ce processus destructeur mais il y aura comme une forme d'excuse dans l'amour maternel. Je crois qu'à un moment donné, il faut arrêter de jouer la petite fille sage et se rebeller contre ces choses qu'on nous impose et qui ne sont pas forcément bénéfiques pour notre santé aussi bien physique que mentale.
J'ai bien aimé la fin qui ne résout pas tous les problèmes mais qui indiquent une bonne direction à prendre dans une reprise de soi. Cela apparaît au moins assez réaliste loin de toutes les mièvreries moralisatrices. A noter que notre héroïne ne jouera pas forcément le bon rôle. On le verra dans cette mémorable scène avec sa meilleure amie où elle laisse éclater sa colère. Vouloir être trop parfaite peut conduire à l'inverse...
Les troubles alimentaires sont également traités dans « Heartstopper » mais ici, ils occupent une place prépondérante. On se rend compte qu'à la base, il peut y avoir des relations familiales protectrices et finalement assez toxiques.
A noter qu'il ne s'agit pas d'un manga mais d'une œuvre américaine. Il est vrai que cela fait assez manga dans le graphisme ainsi que dans la conception mais c'est un peu différent.
Un roman graphique sur l'amour de soi à découvrir et qui peut aider le cas échéant.
J’avoue ne pas avoir trop aimé ce titre sans doute à cause de son sujet concernant les beatniks, des végétariens vivant d’amour et d’eau fraîche mais également de beaucoup trop d’herbes. J’ai un côté sans doute trop carnivore en incompatibilité. Il est vrai que la vague du Flower Power m’est un peu passé par-dessus.
Alors que la coté est des USA a organisé le fameux festival de Woodstock 4 mois auparavant, la côte Ouest décidé d’organiser en Californie du Nord un festival musical qui se veut légendaire sur le circuit automobile d’Altamont. On va suivre un groupe de jeunes gens complètement à l’Ouest et qui est totalement baigné par la musique et les grandes stars de la fin des sixties en matière de rock. Visiblement, les Rolling Stones étaient en tête d’affiche de ce fameux festival.
Il s’avère que la présence des Hell’s Angels a créé un climat de violence au sein de cette manifestation qui se voulait au départ plutôt sympathique. Notre groupe va y être mêlé car certains sont plutôt assez revendicatif avec un esprit rebelle qui peut se comprendre avec les horreurs de la guerre du Vietnam. Cette violence qui a gâché ce festival avec ses quatres morts sera un peu le point d’orgue d’une tension assez palpable depuis le début. En effet, les esprits s'échauffent sous l'effet de l'alcool et des drogues absorbées, tant par le service d'ordre que par les spectateurs.
Nous retrouvons le fameux co-auteur de « Walking dead » à savoir Charlie Adlard qui officie au dessin qui recèle toujours d’indéniables qualités à commencer par sa puissance.
Il y aura une fin un peu expéditive qui sera censée nous donner le fin mot de l’histoire mais sans que cela ne révolutionne les codes du genre. J’ai l’impression d’avoir été un peu baladé car c’est plus une BD d’ambiance où l’accessoire et la toile de fond a son rôle.
On comprendra qu’Altamont, cela a été la fin de l’innocence de ce mouvement de contre-culture qu’étaient les hippies.
Alfred vient de terminer sa trilogie italienne composée de « Come Prima » (paru en 2013) et « Senso » (2019). Ce sont des titres aux récits complètement indépendants mais dont le point commun est une sorte de définition de la dolce vita à la méditerranéenne.
On va suivre Mimmo qui a 15 ans; c’est la période de vie où l’on est encore dans l’insouciance de l’adolescence et pas encore adulte. Il roule avec sa vespa d’un bout à l’autre, les cheveux dans le vent.
Evidemment, la mise en image est magnifique avec ces paysages d’une petite ville côtière de la vieille Italie du Sud où la nature garde encore son authenticité mais ce calme précaire est menacé par les constructions d’hôtels pour touristes. Alfred est réellement dans la maîtrise de son art avec des progrès tout à fait considérables depuis que je le suis en tant qu’auteur avec le fameux « Pourquoi j’ai tué Pierre » paru en 2006. On peut dire que les couleurs chaudes égayent notre lecture. L’alchimie est quasiment parfaite.
Le scénario suit une bande de gamins qui forment un groupe car le leader souhaite gagner un concours pouvant le faire passer dans une célèbre émission de variété avec de la notoriété à la clé. C’est presque un miracle que le casting s‘étendent aussi loin de la capitale Rome pour toucher cette bourgade perdue. Mimmo rêve d’être une star du rock afin d’échapper à son destin où il vit seul dans le désœuvrement avec un père complètement anéanti.
Il y a certes un petit fond de mafia qui règle ses comptes avec le gouvernement afin d’isoler cette terre des touristes. Il sera également évoqué la résurgence du fascisme italien sous forme de tract ou de statuette à l’effigie du Duce. Cependant, cela ne sera absolument pas la thématique principale qui est beaucoup plus légère comme le dépassement de soi. J’avoue avoir beaucoup aimé cette douceur de vivre, ce récit qui nous emporte sous le soleil de l’Italie où tout demeure possible pour autant qu’on veuille bien s’accrocher.
Au final, c’est un bel album qui nous propose une sympathique tranche de vie. Tiens, on a presque envie de boire un apérol en écoutant Bella Ciao ou Ti amor.
Cette BD joliment dessinée commence par un événement assez tragique à savoir un vieil homme veuf qui met fin à ses jours en sautant du 17ème étage de son immeuble. Son dernier geste : remplir la gamelle du chat afin qu'il ne manque de rien. Il a également laissé des instructions pour confier par exemple une plante verte à l'une de ses voisines.
Bref, cela fait tout de suite très mal au cœur même si par la suite, cela aura tendance à aller vers de la BD feel-good.
Le décor est celui d'une grande tour HLM qui s'inspire du quartier des Coteaux dans la ville alsacienne de Mulhouse où l'auteur a passé son enfance. Il y avait de grands ensemble d'immeubles qui regroupaient 15.000 habitants. Dans une tour, il y avait 400 habitants ce qui représentent presque un village où tout le monde se connaît en se rencontrant chaque jour.
A noter également une dimension interculturelle du quartier où se regroupaient plusieurs nationalités dans une expérience de vivre ensemble de la France des années 90. On peut se dire que les temps ont bien changé.
Certes, cela ne fera pas rêver les gens qui aiment la campagne ou les maisons des beaux quartiers résidentiels mais il y a beaucoup de solidarité dans ces immeubles. Aujourd'hui, ils sont tous voués à disparaître sous un dynamitage obligatoire. Il est vrai que cela entraîne beaucoup de nostalgie pour des habitants qui y ont vécu toute leur vie avec de multiples anecdotes à raconter.
Plein ciel est une très jolie chronique qui met en valeur les vies de ces habitants de quartier, de grands immeubles qui ont appris à vivre ensemble dans la joie et la bonne humeur. Certes, il y a parfois des drames humains mais c'est constitutif de la vie en général. Je dirai au final que cette œuvre constitue un vrai remède à la morosité ambiante actuelle.
Enfin, je vois le bout de cette série commencée en 2008 après plus de 24 albums. L'auteur Christophe Bec a décidé de terminer par le début avec un prologue se situant avant les événements ayant conduit à l'invasion finale de notre planète par des extra-terrestres belliqueux. A noter qu'il laisse un autre scénariste prendre le relai pour un style un peu plus anglo-saxon.
Oui, on envoie des signaux dans le cosmos pour signaler notre position sans se douter que cela pourrait amener des conquistadors intergalactiques en mal de ressources. En même temps, le pire n'est jamais certain de ce qui sera l'avenir de l'humanité. Encore faut-il croire en l'existence de tels êtres évolués capable de voyager rapidement dans l'espace.
Et puis, à vrai dire, je ne crois pas qu'on aura besoin des êtres venus d'ailleurs pour nous détruire totalement surtout quand des états comme l'Iran, l'Afghanistan ou la Corée du Nord posséderont tôt ou tard l'arme atomique sans la capacité de discernement nécessaire.
Ceci dit, c'est un tome introductif qui va nous expliquer le processus amenant à la fin du monde tel que nous le connaissons. On sait que 99% de l'humanité sera exterminée nous plongeant ainsi dans les ténèbres.
Il y avait pourtant une série d'événements planétaires se déclenchant chaque jour à la même heure comme pour donner une sorte d'avertissement à la fin de notre civilisation.
Dans ce tome, on va s'intéresser à Darla Clemenceau qui est hantée par des visions d'apocalypse depuis qu'elle fut enlevée, lorsqu'elle était enfant, par un vaisseau extraterrestre. Oui, c'est bien connu, les extraterrestres enlèvent certains humains pour pratiquer certaines expériences. On en ressort généralement assez chamboulé.
Dans l'ensemble, c'est plutôt bien rondement mené et en parfaite cohérence avec le récit de la série.
Au niveau du dessin, cela diffère un peu des autres tomes car la conception se rapproche singulièrement du comics. J'ai bien aimé les différentes couvertures en fin d'album qui sont autant de clin d'oeil à de célèbres films de science-fiction inspirants.
En ce qui me concerne et je le redis, c'est sans doute l'une des meilleures séries de science-fiction de l'époque moderne de la BD. Certes, elle est très ambitieuse mais beaucoup trop longue. Qu'importe car quelque fois, il ne faut pas bouder son plaisir.
Voici une BD de vulgarisation qui traite avec humour l'histoire des idées scientifiques durant l'Antiquité. On commence ce premier tome avec le grec Eurêka. Il faut dire que la Grèce antique est le berceau des sciences contemporaines même si la civilisation a commencé dans le bassin mésopotamien.
On va s'attacher à des questions assez existentialistes comme le fait de vouloir comprendre les origines de l'univers et de la science. On va alors s'embarquer dans les différentes interprétations du monde qui donnent lieu à des théories diverses. Ces définitions peuvent nous permettent de comprendre un peu mieux le monde actuel.
On fait la connaissance d'un binôme pour le moins particulier à savoir le fameux Eurêka avec l'auteur dessinateur, entre le connaisseur et l'érudit. J'ai plusieurs fois perdu un peu le fil de ma lecture car c'est bourré d'information tout azimut sans véritable direction précise. Certes, il y a bel et bien une mise en scène mais celle-ci m'a paru trop loufoque.
Par ailleurs, le graphisme fait dans le minimalisme ce qui n'aide vraiment pas à la lecture où les bulles de dialogues vont prendre toute la place dans une volonté de tout détaillé sans aller à l'essentiel. Bref, sur la forme, il faudra accepter. La relecture sera fortement conseillée pour bien saisir tout le sens.
Maintenant, le fond nous permet de voir que l'histoire a avancé à force de balbutiements au-delà de toutes les idées préconçues. Il est bon de voir que certains hommes ont voulu aller jusqu'à découvrir la réalité des choses dans une quête incessante de connaissance ce qui a permis le progrès de l'humanité entière.
J'ai bien aimé la conclusion qui nous laissent le choix, soit de faire confiance aux groupes de scientifiques ou bien soit aux groupes de croyants. On sait qu'il y a la concurrence entre les deux systèmes. Certes, on ne sera pas forcément obligés de choisir. Cependant, pour ma part, le choix est vite fait.
Comme dit, les passionnés de sciences et d'épistémologie vont assurément adorer ce qui sera moins le cas pour les autres dont je fais partie...
Cette lecture nous entraîne dans une relation entre un homme âgé mourant d'un cancer et un jeune infirmier à domicile qui doit s'occuper de lui. Le sujet est grave car il s'agit de l'accompagnement des malades en soins palliatifs dans leur dernière phase de vie. Bref, on n'est pas là pour rigoler.
Il faut également dire que cet homme, malgré son âge, est très actif car il monte des projets professionnels dans le monde de l'animation visuelle comme par exemple réaliser concrètement une publicité à la télévision. C'est vrai que si on regarde le titre et la couverture, on peut en déduire autre chose.
La relation sera au départ assez compliqué avec cet homme qui ne se laisse pas faire et qui a ses petites habitudes qu'il ne faut pas chambouler. Malgré son optimisme, le jeune homme va avoir du mal et devra serrer les coudes pour accepter des choses non tolérables et humiliantes. Cependant, progressivement, il va se passer quelque chose de beau dans cette relation humaine constituée de partage. Ceci pour dire que rien n'est jamais fixé à l'avance.
Evidemment, j'ai adoré car il y a manifestement une simplicité dans l'écriture qui amène à une authenticité et à une profondeur. Il s'agit d'un auteur argentin nommé Juanungo que je ne connaissais pas. Il signe quelque chose de très beau entre la douceur et la bienveillance sans la mièvrerie.
Je ne peux que vous inciter à la lire si vous avez envie de vous pencher sur ces thèmes universels que sont le rapport à la mort, l'envie de créer ou la complexité des rapports humains.
Faire dans l'humanitaire est un noble dessein. Ce n'est pas vraiment donné à tout le monde. Certes, les mères de famille ne font pas d'humanitaire car elles ont déjà de lourdes tâches à gérer.
On va s'attacher plus particulièrement à une mère de famille qui tente de prouver le contraire afin de casser tous les stéréotypes sur la question. Comme notre héroïne le dit si bien, elle n'allait pas se laisser tuer sa carrière par une vieille bique mais elle va se battre pour pouvoir réaliser son rêve et faire de l'humanitaire dans des zones de conflit.
Evidemment, j'aime bien ce genre de BD portées par des personnes de caractère qui vont jusqu'au bout afin d'atteindre leurs objectifs. Certes, s'occuper d'une famille est important mais il y a également des urgences dans le monde qui demandent de l'investissement d'âmes charitables dévouées. Certes, la notion d'urgence n'est pas la même pour tout le monde.
Etre mère humanitaire, c'est également accepter de douter. On va vite être embarqué par ce personnage sympathique qui consent à de grands sacrifices dans sa vie personnelle pour faire en sorte que le monde aille un peu mieux.
Une lecture sympathique qui indique un témoignage comme quoi on peut être mère et exercer le métier qui nous passionne et que les deux ne sont pas forcément incompatibles même s'il faut accepter des contraintes supplémentaires.
Cette BD traite du génocide rwandais qui est intervenu au printemps 2014 et qui a tué près d'un million de personnes en 100 jours. Cela fut orchestré par un gouvernement ami de la France d’obédience hutu contre les tutsis, l'ethnie minoritaire. Inutile d'indiquer que je suis meurtri par un tel massacre à grande échelle, descendant de victime d'un autre génocide perpétré au XXème siècle.
Il est question d'un couple Alain et Dafroza Gauthier, qui comme les Klarsfeld avec les nazis, traquent les génocidaires rwandais qui se sont réfugiés en masse dans notre pays des droits de l'homme afin d'y couler des jours heureux loin de leurs responsabilités dans ses massacres. Ils veulent que la justice restaure l'humanité en brisant le cycle de la haine. C'est tout à fait louable.
Ce couple demande la justice d'autant que Dafroza a perdu presque toute sa famille et notamment sa mère brûlée vive dans une église, la plus sacrée du pays. Ils ont fondé une association. Le bilan n'est guère élogieux avec 5 procès en 30 ans sur 35 plaintes déposés. Il faut dire que la justice de notre pays est particulièrement lente et n'a pas mis les moyens.
La France de Mitterrand était l'ami du président hutu qui a été assassiné avec un tir de missiles contre son avion. Il est démontré aujourd'hui que ce sont des extrémistes dans son propre temps qui ont organisé cet attentant afin de prendre le pouvoir et d'organiser ce génocide. Evidemment, la France n'est pas coupable par complicité mais elle porte une lourde responsabilité car elle a permis par exemple la fuite des génocidaires. Aujourd'hui, elle traîne les pieds avec la Justice car elle désire tourner la page.
On va apprendre beaucoup de choses dans cette BD qui est la plus structurée et la plus intéressante de ce que j'ai pu lire jusqu'ici sur le génocide rwandais. Il est vrai que j'avais commencé ma lecture avec beaucoup d'appréhension que je ne souhaite pas étaler. Ce fut une réelle bonne surprise. J'ai apprécié la retenue de ce couple dont je comprends désormais mieux les motivations profondes. Comme Voltaire, ils disent qu'ils préféreront toujours un coupable en liberté qu'un innocent en prison.
On apprendra que les religieux catholiques ont également joué un rôle non négligeable dans ce massacre de masse bien que l’église soit finalement assez perdante dans ce drame humain. Bref, il n'y a pas que la France qui avait un accord de coopération militaire avec le Rwanda depuis les années 70.
On se rend compte que la discrimination des tutsis a commencé sous l'époque coloniale belge au gré de changement de politique. Cela a encré un poison manifeste dans la population qui a été employé par la suite par des politiciens véreux et avides de pouvoir.
Un mot sur le graphisme pour dire qu'il a permis une lecture assez facile et fluide. J'ai bien aimé les nuances sur les couleurs car il y aura des passagers très difficiles où il faudra retenir ses larmes.
Je recommande bien entendu cette lecture à ceux qui veulent comprendre ce qui s'est réellement passé là-bas. Certes, cela ne sera pas une partie de plaisir car on a affaire au crime le plus odieux qui soit dans l'humanité.
Nous retrouvons l'excellent Corbeyran pour une BD résolument gothique avec des cavaliers des ténèbres semant mort et désolation sur leur passage. Ils ne sont qu'une toute petite poignée mais ils sont invincibles.
A noter qu'ils ressemblent un peu aux 4 nazguls du Seigneur des Anneaux dans leur conception avec ses fameuses capes noires. Ils sont également montés sur des chevaux.
J'ai beaucoup aimé l'introduction dont la narration met tout de suite dans une certaine ambiance médiéval fantasy. Dans ce chaos, une petite fille aveugle va s'en sortir grâce à la mansuétude de l'un de ces cavaliers. On ne sait pas encore quel est le but que ces chevaliers noirs poursuivent mais on ressent une haine farouche contre les hommes de ces contrées. Tout accord diplomatique ne paraît pas possible. Une seule issue : le combat et la mort dans une logique implacable.
Le graphisme est précis avec des arrière-plans de toute beauté. Le trait concourt à donner de la puissance à ce récit. On notera des couleurs assez sombres voir crépusculaire à l'image de la couverture. Les plans sont rapides et ingénieux produisant une dynamique de l'action vraiment prenante. On sent que c'est élaboré ce qui produit un plaisir de lecture.
Au final, c'est une série d'une grande originalité qui avance avec un scénario et un graphisme de haut niveau. Cependant, le public sera celui de ceux qui aime le dark fantasy sans l'humour. Vous voilà prévenu !
J'ai bien aimé cette évocation fantasmée de la vie du très jeune Arthur Rimbaud. L'auteur précise d'emblée qu'il va imaginer un récit plus ou moins crédible à partir d'éléments objectifs connus. Dans toute part de biographie, il y a des inventions qui ne traduisent pas la réalité. Cependant, l’idée est que l'on s'en rapproche.
Partant de ce constat, j'ai trouvé cette œuvre assez bien réalisé et construite. O a envie de poursuivre le chemin à la fin de ce premier tome. On voit que le jeune Arthur a eu une enfance assez difficile avec une mère célibataire qui a dû se battre pour ne pas couler suite à l'abandon de son mari militaire.
Arthur se révèle également un enfant assez précoce et surtout un excellent littéraire qui fait l'admiration de ses professeurs et notamment l'un d'eux Georges Izambard qui le poussera vers sa voie en le poussant à dépasser ses influences afin de créer son propre style. Il y a déjà chez ce personnage un petit côté bohème qui sera plus tard une sorte de marque de fabrique. Tout est traité avec la plus grande subtilité ce qui fait la force de cette œuvre.
J'ai déjà lu des BD qui traitait de ce poète maudit mais l'enfance n'était jamais abordée et pourtant, c'est elle qui a construit le bref futur de cette figure majeure de la littérature française. Oui, la vie de cet homme n'a pas été très longue mais elle a été d'une grande intensité. On se souvient de sa relation avec Verlaine dans une vie dissolue et fréquentant les bars du quartier latin.
Il a écrit ses premiers poèmes à 15 ans. A 20 ans, il renonce à sa carrière de poète alors qu'il n'a publié qu’un seul ouvrage. Cela va d'ailleurs contribuer à son mythe. Il va par la suite voyager à travers le monde en tant qu'aventurier contrebandier.
Bref, ce premier volume jette les bases d'une biographie qui s'avère assez ambitieuse. Je ne jetterai pas la première pierre bien au contraire.
Là encore, j'ai cru que c'était deux filles qui étaient en train de s'embrasser ce qui ne m'auraient pas dérangé outre mesure mais il s'agit d'un couple mixte car Bidouille est bien un mec. Bref, je ne distingue plus très bien les traits masculins. J'aurais aimé avoir un peu plus de clarté au niveau du graphisme, c'est tout.
Il est vrai que ce dessin me rappelle ceux des années 70 ce qui collent bien à l'intrigue censé se situer dans ces années-là. Pour le modernisme du trait, il faudra repasser. J'ose avouer que ce n'est pas le type de graphisme que j'apprécie. Dès lors, cela m'a semblé plus difficile d'entrer dans cette lecture de façon sereine.
Bon, c'est vrai que la préface est signée par Nicolas Sirkis, le chanteur d'Indochine, qui accorde aux adolescents une place assez importante dans son répertoire par les morceaux qui leur est destinés principalement. Le thème est celui des premiers amours.
Bon, du même auteur, j'ai adoré la saga « Sambre » qui n'est d'ailleurs toujours pas terminé. Cependant, force est de reconnaître qu'on est assez éloigné de cet univers post-révolutionnaire et romantique à souhait.
C'est vrai qu'il va y avoir une évolution au gré des saisons qui défilent et le ton ne sera pas vraiment le même. C'est léger et enjoué au début avec un côté très bon enfant. Cela se termine en tragédie shakespearienne à la manière de Roméo et Juliette d'ailleurs souvent évoqué.
Evidemment, je ne comprends pas l'obstination du père de Bidouille qui souhaite empêcher cette relation qui nuit à l'apprentissage des études de son fils. Il indique qu'il est dans son rôle de père même s'il faisait la même chose en étant adolescent.
Par ailleurs, il est vrai que cette relation est basée sur un couple qui s'assortit assez mal ensemble, mais pas que sur le plan physique. Je n'ai pas senti une belle histoire d'amour, je suis désolé de le dire ainsi même si leurs sentiments étaient guidés par une certaine timidité.
On quitte cette lecture avec un sentiment assez dépité tant sur le fond que sur la forme. Evidemment, j'ai eu un peu de peine pour ces deux personnages assez sympathiques qui ne méritaient pas cela.
Cette BD joue sur les peurs des gens par rapport à la menace nucléaire qui n'est pas exempt d'un affreux attentat terroriste islamiste. Cela se passe en Alsace dans ma région ce qui me parle encore plus. Mossenheim, c'est en réalité Fessenheim.
5 millions de gens sont obligés de fuir la zone contaminée entre la Suisse, l'Allemagne, la Belgique et notre pays ce qui va provoquer des remous dans toute l'Europe. Direction la Suède qui va accueillir dans un gigantesque camp de fortune des européens de plusieurs nationalités qui rejettent la faute sur les français comme s'ils étaient réellement responsables de cette situation désastreuse. Dans le malheur, on cherche souvent des coupables.
Les tensions vont être à leurs combles dans cette crise migratoire purement européenne. C'est surtout la gestion des conflits de ce camp sur le point de se révolter qui occupera une grande partie de l'album au détriment de l'intrigue principal qui ne nous montre pas réellement ce qui se passe réellement.
Certes, on verra une partie plus politique avec un Président de la République ressemblant comme deux gouttes d'eau à Emmanuel Macron qui ordonne à son Ministre de l'Intérieur de tuer le gêneur afin que la vérité ne soit pas révélée au grand public. [masquer] En effet, on apprendra qu'il s'agit d'un défaut de matériaux provenant d'un sous-traitant ayant entraîné une réaction en chaîne et non un attentat pour accuser les islamistes qui ont bon dos. [/masquer]
Je trouve que c'est une bonne idée de traiter ce sujet dans une BD pour savoir un peu à quoi s'attendre dans pareil cas. Cependant, l'exploitation de l'idée aurait pu être mieux mené, c'est certain. On tombe dans une absence totale de subtilité notamment au niveau de la réaction des personnages Christophe et Sandra qui font face à cette situation de manière tout à fait exaspérante.
Un mot sur le graphisme pour dire qu'il est réaliste et qu'il rend la lecture assez avenante. Il y a une bonne utilisation de la colorisation qui ne vient rien gâcher bien au contraire. C'est impeccable au niveau du trait. On notera également un découpage plutôt classique.
On va attendre la suite pour se faire une idée plus précise. Tout dépend comment cela va évoluer au juste.
Je vais être honnête : je n'ai pas beaucoup apprécié cette œuvre de François Ayrolle à cause d'un scénario plutôt distordu et qui m'a paru peu passionnante dans ses excès.
Par contre, force est de reconnaître une mise en scène tout à fait extraordinaire avec un parallélisme des cases assez surprenante dans une construction binaire où l'on suit deux personnages vacanciers qui vont se croiser et se perdre pour mieux se retrouver à la toute fin dans une station balnéaire au bord de l'Océan Atlantique.
On peut souligner également une ligne claire plutôt simpliste et désuète mais qui est assez agréable dans le déroulement de la lecture même s'il faut se soumettre aux excentricités des situations rencontrées par nos deux jeunes gens. Bref, c'est réellement comme un exercice de style avec un trait qui s'harmonise plutôt bien.
Bref, soit on aime ou pas. C'est une question de goût. Cela ne veut pas dire que cette œuvre est mauvaise ou qu'elle ne va pas vous plaire. La BD, c'est comme une rencontre, cela fait des étincelles ou pas. Moi, je m'y suis ennuyé ferme. D'autres pourront y trouver leur bonheur et une certaine jubilation rafraîchissante, c'est comme ça.
Il n'était sans doute pas facile de faire une biographie de Dali, ce peintre de génie aussi fantasque que la folie. Il est déjà bien introverti à l'extrême durant sa jeunesse. Puis, il va virer à l'extraverti durant ses années de jeune adulte. A noter qu'il est considéré de nos jours comme le plus grand peintre du XXème siècle.
Il est intéressant de voir sa rencontre avec le jeune Luis Bunuel, futur cinéaste et surtout avec Federico Garcia Lorca, le poète surdoué. A eux trois, ils représentent le génie ainsi qu'une nouvelle vague surréaliste prêt à déferler sur l'Europe des années folles.
Je n'aime pas trop le déchanté mais cette biographie a juste ce qu'il faut comme grain de folie pour ne pas succomber dans le n'importe quoi lyrique et poétique. Il pose juste les bases de tout ce qui est créatif et qui va marquer son œuvre.
On suit surtout son éducation artistique académique à Madrid suite aux derniers vœux de sa mère qui succombera à la maladie.
Évidemment, le point d'orgue sera dans le second tome avec la rencontre de la femme de sa vie Gala qui deviendra sa muse. Cette dernière était alors l'épouse du poète français Paul Eluard. On sait qu'il ne cessera de la magnifier et de la représenter comme un mythe vivant et une icône moderne.
J'ai bien aimé cette première partie qui demeure assez captivante tant la vie de cet artiste touche à tout est exceptionnel. Il est vrai que j'ai toujours aimé la peinture de Dali bien que je suis très fortement influencé par l'impressionnisme de Claude Monnet.
Bref, au-delà de l'excentricité, il y a l'art dans toute sa splendeur et des thèmes exploités sujets à controverse.
Il y a encore quelques années, les gens étaient assez incrédules quand on parlait de crise écologique et climatique. Cependant, ces dernières années ont prouvé que cette crise est désormais là sous nos yeux.
Doit-on alors rester totalement impuissant face aux déchaînements de la nature entre les incendies ou les tempêtes catastrophiques qu'entraînent le réchauffement climatique ? Il est temps d'agir pour tenter de conserver une planète vivable car ce n'est pas demain que nous pourrons aller vivre sur une autre planète. Il nous faut absolument préserver celle-ci.
Pour rappel, c'est une hausse constante de la température moyenne au niveau mondial liée à notre pollution qui est la cause de ces maux au niveau planétaire. Des milliards de tonnes de CO2 sont rejetés dans l’atmosphère chaque année en raison de la production de charbon, de pétrole et de gaz justifiant notre consommation.
Evidemment, des températures plus élevées peuvent entraîner une hausse de la mortalité dans la population. Par ailleurs, les températures pourraient bien atteindre 3 degrés Celsius de plus d'ici à 2100 et causer des dommages irréversibles à nos écosystèmes.
Cette BD nous montre à qui peut ressembler le monde d'après ce qui est toujours appréciable de savoir surtout si vous voulez faire des enfants. Oui, il s'agit de voir quel est le monde que nous leur laissons en héritage, outre la maison familiale. Il est toujours bon de s'y préparer.
Le principe de cette BD est de nous montrer dans une revue dessinée le travail des journalistes qui enquêtent depuis 10 ans sur cette crise majeure de notre époque. Evidemment, cela prend des aspects tout à fait différents qu'il est bon de connaître.
On va revenir sur les algues vertes en Bretagne ou sur le chlordécone aux Antilles qui a fait l'objet d'albums déjà publiés à savoir « Algues vertes : l'histoire interdite » d'Inès Léraud et Pierre Van Hove et « Tropiques toxiques » de Jessica Oublié.
Cependant il y aura d'autres titres que je ne connaissais pas et qu'il est intéressant de découvrir sur cette thématique brûlante. Il s'agit surtout de lutter contre le déni propre à certains hommes politiques (tel que Donald Trump par exemple, l'ancien et futur président des Etats-Unis).
Ma nouvelle préférée est sans doute celle où Steve Jobs revient sur terre en 3 réincarnations différentes pour se rendre compte du mal qu'il a fait à la planète sous couvert de progrès technologiques. Je n'ai pas envie pour ma part de retourner à l'âge de pierre. Tout est sans doute dans un dosage acceptable pour le bien de l'humanité.
Oui, tout cela m'a donné un peu le vertige ! C'était sans doute l'objectif de cette BD de nous faire prendre conscience que le futur ne sera pas rose bonbon.
Après un automne en baie de Somme, on va avoir droit à un hiver à l'opéra Garnier à Paris. On poursuit en effet les aventures de l'inspecteur Amaury Broyan qui a toujours du mal à refaire surface après la mort tragique de sa fille.
Il s'agit cette fois-ci de résoudre de mystérieux meurtres mis magistralement en scène par le fantôme de l'opéra. Ce récit sera également emprunt de mysticisme à travers l'hypnose mais également une approche assez ésotérique qui permet de communiquer avec les morts. Encore faut-il y croire. La fin sera d'ailleurs assez surprenante à de multiples égards.
J'ai bien aimé ce titre qui est scénarisé par le prolifique Philippe Pelaez. Un mot sur le graphisme proposé par Alexis Chabert pour dire qu'il magnifie très bien les décors parisiens de cette belle époque dans une mouvance qui fait très impressionniste. On s'y croirait vraiment en cet fin du XIXème siècle alors que la IIIème République doit combattre de multiples complots notamment nationalistes.
En conclusion, un titre à découvrir surtout si on avait bien aimé le précédent opus. Ce fut une lecture assez plaisante sur un scénario plutôt simple sur une double intrigue.
Pour ne pas dire surdoué, on emploie actuellement le terme HPI qui veut dire haut potentiel intellectuel. C'est un concept de psychologie pour désigner cette catégorie de gens qui ne se comporte pas comme tout le monde en société. On les appelle des zèbres également.
On fait la connaissance de Zoé, une jeune enseignante qui veut révolutionner le système éducatif français en imposant certaines règles d’amélioration à ses collègues qui vont alors de plaindre chez le proviseur. Dans cette BD, on est du côté de ceux qui sont HPI afin d'excuser leur étrange comportement et de mieux les comprendre d'autant qu'ils ne sont que 2% de la population.
Il y a quelques mois, une BD est surtout sur le même sujet et j'avoue l'avoir nettement préféré. Il s'agissait de « Comme un oiseau dans un bocal » de Lou Lubie. J'ai bien peur que cet effet de mode entraîne des diagnostics erronés chez les enfants en précocité intellectuelle ou chez ceux qui réalisent des exploits de génie. Or, le HPI, ce n'est pas le quoi mais le comment. Ce n'est pas le résultat mais le fonctionnement.
Or, cette BD ignore un peu ce processus en se focalisant sur la recherche de l'identité et des causes de dysfonctionnement comportementale. Il a suffi d'un test chez un psychologue avec un QI supérieur à 130 ainsi qu'une analyse individuelle comprenant notamment le vécu et la personnalité.
C'est toujours intéressant de découvrir des témoignages de personnes vivant cette particularité avec laquelle on naît, on grandit et on vieillit. Visiblement, cela ne serait pas que réservés aux classes privilégiées mais cela se retrouve dans toutes les classes sociales avec il est vrai une grande influence de l'environnement sur la manière dont on va vivre.
Il faut retenir que ce n'est ni une maladie, ni un trouble du comportement. Il y a cependant une différence structurelle dans les connexions du cerveau qui fait qu'on raisonne d'une certaine manière.
En conclusion, une BD drôle et instructive sur le sujet des HPI. Cela peut les aider à mieux les connaître et surtout il y aura des conseils en fin d'album pour bien vivre avec un HPI, c'est toujours très utile.
J'avais lu « la guerre de Catherine » réalisée en 2017 par Claire Fauvel sur la base du roman de Julia Billet. Voici la suite avec une réalisation cette fois-ci de Mayalen Goust ce qui tranche un peu avec l'homogénéité de l’œuvre.
A vrai dire en empruntant ce titre, je ne savais pas que c'était la suite du roman ce qui m'a un peu troublé car il fallait se remémorer le vécu de notre héroïne ayant traversé la difficile épreuve de la Seconde Guerre Mondiale dans sa condition de juive.
Cette partie se concentre sur l'après-guerre et la souffrance morale vécu par les enfants des survivants des camps de la mort. Un résistant allemand proche ami de la famille d’accueil de Catherine a comme pour projet de réunir les jeunes allemands avec ces jeunes gens d'origine juive.
Il est vrai que cela sonnera comme un acte de réconciliation et de paix. Cela ne sera guère facile pour certaines d'entre-elles qui s'en prennent aux enfants de ces parents exterminateurs. On ne peut qu'être très mal à l'aise. Finalement, l'apaisement triomphera.
J'ai toujours aimé l'Allemagne. Je vis à côté et j'y vais très souvent. Nos pays étaient en guerre mais ils ont su construire une paix durable qui est profitable à tous. Pourquoi cet exemple ne serait pas possible ailleurs dans le monde comme par exemple en Palestine ?
Bref, j'admire lorsqu'on peut dépasser ses différences pour construire quelque chose de plus beau encore. Il suffit d'un peu de tolérance. C'est ce thème qui m'a particulièrement touché dans cette œuvre que j'ai aimé pour cela.
Catherine va devenir petit à petit reporter-photographe dans un monde assez machiste qui ne laisse guère de la place aux femmes. Elle devra y mener un combat de tous les jours afin de gagner en estime.
A un moment donné, elle sera envoyée aux Etats-Unis dans le Kansas pour couvrir les premières tentatives d'abolition de la ségrégation. Evidemment, ce combat de race l'a touché au plus profond.
En conclusion, un joli roman très bien adapté qu'il faut découvrir. Je l'ai même préféré au précédent.
Il est vrai que j'en attendais beaucoup de cette BD étant également intéresse par ce que les psychologues appellent le traumatisme intergénérationnel. Cela peut se transmettre entre les générations sans même l'usage de la parole. Un génocide non reconnu par exemple. Une tombe disparue également.
On fait la connaissance de deux jeunes frères qui descendent d'une famille d'origine arménienne dont les ancêtres ont connu l'exil de la Turquie à la France. Visiblement, les grands-parents qui ont survécu au génocide ont eu une vie heureuse en Turquie avant d'être chassé par un pogrom fomentée en 1955 par un politique véreux dans un contexte de tension avec la Grèce sur la question de Chypre. Les nationalistes ont toujours eu la côte dans ce pays.
Par la suite, les grands-parents ont perdu leur bébé du prénom de Carole qu'ils ont enterré dans un cimetière mais la tombe a totalement disparu. Les deux frères amis vont alors partir dans un voyage mémoriel qui va leur permettre de découvrir la Turquie.
Il faut préciser que les dirigeants turcs successifs ont rasé les cimetières arméniens pour effacer toutes traces d'un triste passé et construire une Turquie plus moderne et sans doute plus respectable. Le fameux Ataturk sera par exemple cité alors qu'il est une figure marquante incontestable. Les stèles mortuaires ont même servi de fondation pour les nouvelles constructions ce qui constitue une violence dans le symbole...
J'avoue ne pas avoir été en phase à plusieurs reprises même si la démarche de départ me paraissait assez légitime. Je comprends qu'on puisse vouloir survivre en s'intégrant à tout prix à une société qui a voulu une extermination totale d'une minorité. Mais bon, il y a quand même des limites qui sont plus ou moins acceptables. Il faut savoir que depuis, tous les gouvernements successifs de la République turque, fondée sur les ruines de l’Arménie, ont toujours nié la culpabilité de la Turquie dans le génocide des Arméniens.
J’ai l'impression également que ce voyage qui n'a pas permis d'aller jusqu'au bout n'aura été qu'une chimère. Une personne disparue est toujours présente dans notre cœur. Il ne faut pas nécessairement une lointaine tombe pour que ce souvenir disparaisse même si le culte des morts peut apparaître important.
J'ai apprécié le dessin qui concourt à un graphisme assez agréable. Ainsi, on pourra profiter des merveilles de la Turquie actuelle. A noter que cela se passe lors du dernier soubresaut de la démocratie alors qu'Erdogan est encore que le Premier Ministre de ce pays sombrant vers une dictature déguisée. Les manifestations font rage dans le pays et notamment dans la partie européenne de la ville d’Istanbul qui est plus ouverte sur le monde mais ils sont minoritaires.
Il s'agit d'une BD un peu différente dans le traitement de ce que j'ai pu lire à propos du massacre des arméniens. Il n'aborde pas le génocide mais plutôt les conséquences indirectes sur les générations qui ont suivi. Cette particularité provoque un certain intérêt dans cette lecture thérapeutique.
J'avoue avoir eu beaucoup de mal à ma lecture au début car j'ai pris l'une des trois femmes pour un homme. C'est vrai qu'on dirait vraiment un homme mais non. A noter que par la suite, on va découvrir un camarade de classe masculin dessinée au féminin avec de longs cheveux. Toute cette confusion m'a laissé un peu perplexe...
Nous suivons donc trois jeunes femmes dans le Japon d'aujourd'hui. Ses femmes sont d'origines asiatiques (Singapour, Corée du Sud...) mais elles ont vécu dans d'autres pays que le Japon. Elles découvrent le Japon afin d'assurer leur avenir en toute liberté.
Une des protagonistes a connu le Japon à sa plus tendre enfance avant de le quitter pour les USA où elle a adopté leur style de vie en guise d'intégration de force. Aussi, le retour au Japon sera assez compliqué car elle ne maîtrise pas la langue par exemple. Bref, elle se sent une étrangère malgré ce retour aux sources.
Mon honnêteté habituelle me pousse à vous dire que je me suis royalement ennuyé à cette lecture un peu chorale. Il est parfois intéressant de voir le parcours de chacun des protagonistes pour voir les différences et les similitudes par rapport au monde de vie japonais.
Par ailleurs, le graphisme épuré assez réaliste est assez avenant malgré une utilisation massive de déformation de visages ce qui en devient assez irritant. A noter également une pagination assez impressionnante avec 378 pages à avaler.
Il est vrai que le récit m'a semblé d'une grande légèreté et d'une banalité sans nom avec une succession de petites scènes sans grand intérêt. Bref, je ne me suis pas accroché à ces personnages qui vivent en communauté. Il me manquait du rythme et une intrigue. C'est plutôt un genre d'introspection dans une sorte d'immersion culturelle qui pourra plaire à un certain lectorat.
Qui connaître Maître Vergès ? C'est quand même l'un des avocats les plus célèbres du XXème siècle même s'il a été surnommée l’avocat du diable. D'ailleurs, cette BD nous invite à passer une nuit avec le diable.
Pourquoi une telle réputation ? Il a été un résistant et un anticolonialiste. Cependant, il a défendu dans le cadre de son métier d'avocat le nazi Klaus Barbie, chef de la Gestapo à Lyon, ou le terroriste Carlos. Bref, il a été l'avocat des pires crapules de toute l'humanité. Certes, mais un avocat aussi contesté que brillant !
On pourrait l'excuser en raison de son métier juridique qui ne laisse pas la place aux sentiments. Cependant, il n'hésitait pas à déclarer que l'ancien dirigeant serbe Slobodan Milosevic est extrêmement sympathique ou que Pol Pot était drôle et courtois. C'est comme si on trouvait, à titre purement personnel, le criminel de guerre Vladimir Poutine ou encore Kim Jong-un comme personnalité bienveillante.
A noter qu'il a proposé ses services à Saddam Hussein ou encore à Mouammar Kadhafi, d'autres aimables personnalités connues pour leur humanisme dans leurs pays respectifs.
A son décès, survenu alors qu'il a 88 ans en 2013, un de ses confrères dira : « La seule chose sur laquelle tout le monde peut être d’accord, c’est que Vergès était un personnage exceptionnel, fascinant et qui emporte avec lui une grande part de son mystère ». Il a eu des combats peu glorieux et on ne saura jamais quelle était la part de sincérité...
Sa liberté de propos et son indépendance explique évidement ce côté brillant dans l'explication des pires actes commis par ses clients. Il parvient à expliquer l’enchaînement comme dans une tragédie grecque. C'est évidement dangereux mais courageux. Il sait faire face et peu aujourd'hui peuvent avoir ce trait de caractère.
Moi qui suis juriste, j'ai trouvé cette BD totalement captivante et presque enivrante car c'est brillamment construit. Cela donne un aspect assez complexe de la personnalité de Vergès ce qui le rend intéressant. Oui, on peut être séduit par la beauté du diable ou les fleurs du mal...
Il faut savoir que pendant la période où Hitler est monté au pouvoir, il n'a pas eu que des partisans. En effet, certains allemands ont fait dans la résistance, voir la désobéissance même s'ils étaient plutôt minoritaires. Certes, ils étaient pourchassés par la Gestapo et souvent obligés de fuir à l'étranger pour ne pas terminer dans un cachot ou pire en ces temps troublés.
On va s'intéresser à Andréas Kuppler, brillant journaliste de l'époque ayant couvert les Jeux olympiques d'hiver de Garmisch-Partenkirchen en 1936. C'est un homme ouvert qui n'hésite pas à sympathiser avec des américains lui apportant la culture du jazz et du blues. Il a de plus en plus de mal avec l'Allemagne en étant totalement désabusé.
A noter que sa femme Magdalena est une fidèle admiratrice du führer Adolphe Hitler. Bref, un contexte familial assez difficile où l'étau va se resserrer progressivement sur lui.
C'est Corbeyran qui s’attelle au scénario de l'adaptation de ce roman de Michel Goujon dont le thème est le suivant : faut-il se révolter contre un système oppressant ou obéir aveuglement ? Révolte ou soumission ? C'est une problématique qui demeure malheureusement d'actualité.
En effet, beaucoup de peuples dans le monde sont encore confrontés à ce choix décisif pour l'avenir de leur pays. Les russes, les chinois ou les nord-coréens ont par exemple fait le choix de la soumission à leur dictateur et il faut le respecter en n'intervenant pas dans leurs affaires, exception faite quand ils envahissent un autre pays démocratique.
J'ai beaucoup aimé la narration qui est d'emblée assez immersive pour se mettre à la place de cet allemand qui voit son peuple dans l'approbation des valeurs de cette révolution nazie qui allait embraser le monde. Il reste encore des gens qui réfléchissent sans être emporter par l'élan populaire.
On voit également la Gestapo à l’œuvre dans le pays afin de chasser tous les réfractaires au nazisme. Elles usent de moyens vraiment immoraux pour arriver à ses fins. L'interrogatoire finale en est d'ailleurs la meilleure démonstration. C'était réellement un régime inique en son genre dont la barbarie n'est plus à démontrer. Il est vrai que cela inspire encore beaucoup d'état.
J'ai bien aimé la fin qui donne finalement de l'espoir à cette désobéissance civile face à l'immonde régime. Il faut parfois avoir le courage de dire « non ». Et puis, qui sait, on peut avoir un avenir meilleur...
J'ai bien aimé ce thriller urbain sans grande prétention où l'on suit le parcours d'une jeune femme parisienne qui a visiblement pas mal de problèmes avec les hommes en raison de sa grande beauté qui attire. Les hommes se croient souvent tout permis alors qu'il y a des limites à ne pas franchir.
Cette femme sera malheureusement mêlée à une sordide et macabre affaire où elle a juste voulu se défendre. La question à se poser : est-ce de manière disproportionnée ? Toujours est-il qu'elle va s'enfoncer en demandant de l'aide d'un autre homme qu'elle croyait un ami. On se dit que décidément, elle n'a pas de chance.
Le bouquet final sera quand même difficile à digérer notamment pour les femmes car on tombe encore dans l'injustice la plus flagrante d'une société qui ne souhaite pas les protéger et qui met très souvent leurs paroles en doute. Il n'y a qu'à voir l'affaire du célèbre animateur Cauet que tout le monde aime bien. Patrick Bruel, DSK ou PPDA sont dans le même bateau. Il est vrai qu'en l'occurrence, il y a une accumulation difficilement supportable et crédible pour la société.
On ressortira de cette lecture avec un goût assez amer. Après sur le fond et la forme, il n'y a rien à redire car on a passé un moment qui nous a emmené dans une course nocturne plutôt sanglante. Certes, il faut le vouloir. A-t'on envie de passer une nuit avec toi ? A votre place, j'y réfléchirais à deux fois.
A la base de ce comics, il y a eu un film de Nicolas Roeg datant de 1976 adapté d'un roman de Walter Tevis paru en 1963. Oui, on voit que cela date un peu.
Le film n'a pas vraiment marché car je n'en n'avais jamais entendu parler malgré ma culture cinématographique. C'est resté célèbre grâce à la participation du chanteur David Bowie, véritable star planétaire. Il est vrai que le rôle lui allait à merveille grâce à son aura magnétique et presque androgyne.
La thématique est celle d'un extraterrestre à l'apparence tout à fait humaine qui vient dans notre monde afin d'apporter des nouvelles technologies tout en lorgnant sur l'eau qui est une ressource rare sur sa planète d'origine.
Il manque simplement de la logistique pour montrer comment tout cela est possible pour rendre crédible ce récit. On ne voit pas vraiment son arrivée sur Terre et surtout avec quel moyen de locomotion afin de traverser la galaxie.
Cela s'inscrit par la suite dans une démarche assez intimiste où il manque des détails fondamentaux mais cela crée une certaine ambiance une certaine originalité qui fait de ce comics une sorte d'OVNI sans vouloir faire de méchant jeux de mots.
On connaît Edgar Rice Burroughs (1875-1950) surtout pour son œuvre phare : Tarzan seigneur de la jungle.
Cependant, peu avant son succès planétaire, il avait rédigé une première longue nouvelle intitulé le monde de Caspak qui était parfaitement similaire au monde perdu écrit à la même époque par Sir Arthur Conan Doyle. Le cadre est celui d'un continent inconnu peuplé de dinosaures où coexistent également des êtres humains.
C'était paru initialement en 1918 mais il a fallu attendre les années 80 pour une parution en France. On se rend compte également que c'est une œuvre assez intéressante qui allait donner des bases à son fameux Tarzan.
Corbeyran revisite le roman en lui donnant une certaine force et une modernité à toute épreuve. Evidemment, le concept pourrait nous apparaître comme complètement fantaisiste mais c'est savamment bien orchestré en le mêlant à la Première Guerre Mondiale qui a touché tous les océans.
Un mot sur le dessin semi-réaliste de Gabor pour dire qu'il est soigné et assez gracieux. Les paysages préhistoriques sont parfois à couper le souffle. C'est magnifique. Dommage que la couverture n'est guère convaincante et ne reflète pas son beau visuel.
Au final, c'est bien de découvrir une autre facette de ce romancier car il n'y a pas que Tarzan dans son œuvre. Il a fait figure de précurseur dans ce genre. Jurassik Park lui doit beaucoup. Embarquez-vous pour une lecture divertissante sur un scénario assez passionnant.
Voilà que s'achève le 3ème cycle de la série historique en matière de BD consacré à l'empereur Néron. Cette série a été porté par le scénariste Jean Dufaux et le regretté dessinateur Philippe Delaby avant son remplacement par Théo Caneshi au 10ème tome.
Jamais le niveau du souci historique n'avait été aussi haut en combinant l'utile à l’agréable. Murena est pour moi une série culte, un véritable monument de la BD historique. Il fallait encore réussir la sortie ce qui est chose faite de manière assez magistrale comme d'habitude.
Jean Dufaux ne déçoit toujours pas même s'il est un auteur un peu prolixe qui a tendance à délayer son scénario assez minutieusement. L'action demeure passionnante et c'est étroitement lié à des événements historiques. Ce cycle demeure celui des complots et des têtes vont automatiquement tombées. Poutine a eu la tête du regretté Navalny. Néron aura celle du sage Sénèque.
Le philosophe romain Sénèque, accusé d’avoir participé à une conjuration contre l’empereur Néron, a reçu l’ordre de se suicider. Sénèque accepte la sentence et sa femme choisit de mourir avec lui. Les époux s’ouvrent les veines, mais la mort tarde à venir. Un centurion dépêché par Néron veille à l’exécution de la sentence tout comme les geôliers de l'infâme dictateur Poutine dans une prison du cercle arctique.
Je m’interroge tout de même sur cette volonté de ceux qui ont déjà tout le pouvoir de pourrir la vie d'honnête gens certes opposants mais pas dangereux. A noter que la version officielle de la mort de Sénèque ne sera pas respectée par l'auteur qui a décidé une fin qu'il juge plus romanesque. A vous de découvrir...
Par ailleurs, j'ai apprécié le dessin de Théo Caneshi qui est très beau esthétiquement dans la même veine que Philippe Delaby ce qui est plutôt flatteur. On voit qu'il a apporté un grand soin pour ses décors et ses personnages magnifiques au service de l'histoire. Un mot sur la couleur pour dire qu'elle est utilisée à bon escient. Le résultat est une réussite totale.
A noter qu'on a toujours droit en fin d'album à un complément d'information afin de mieux comprendre le contexte. Oui, on ne peut que conseiller l’acquisition de cette belle série qui demeurera toujours un indispensable dans le monde de la BD. Cependant, il convient d'être particulièrement patient entre chaque parution ce qui fait dire au scénariste dans la préface qu'il espère pouvoir avoir encore du temps pour terminer ce dernier cycle à venir. On va être optimiste et attendre sagement à la Sénèque.
La couverture nous montre la ville de Berlin mais avec un titre et une couverture de rouge pourpre qui rappelle la Chine de Mao. En fait, la capitale allemande est occupée en 1975 par les chinois tout comme la majorité de l’Europe après que ces derniers ont répandu un virus destructeur à travers le monde qui a fait des millions de mort. Cela ne vous rappelle rien ?
En fait, ces événements ont eu lieu peu après la Seconde Guerre Mondiale alors que l’Europe tentait de se reconstruire sans l’aide des Etats-Unis menant une politique isolationniste. On aurait pu penser que la Russie de Staline allait envahir l’Europe mais cette uchronie emprunte une toute autre direction pour nous dire que le véritable péril était jaune. Il fallait y penser.
Une fois qu’on a accepté le principe, on va suivre un vieil inspecteur incorruptible dans une enquête pour des meurtres en série dans les parcs de la ville. On lui colle un jeunot dans les pattes. Ils vont former un tandem. Rien de plus classique que le duo mal assorti d’autant que l’inspecteur est veuf et que même sa fille unique l’a quitté voilà plusieurs années. Il faut dire qu’il s’est plongé dans son travail mais également dans l’alcool.
Le dessin est en noir et blanc ce qui peut surprendre au premier abord car la couverture et le format laissaient présager de la couleur. C’est assez inhabituel mais on s’y fait. Il faut dire que l’ambiance voulu par l’auteur est celui d’un polar noir dans la plus pure tradition. Le trait demeure net et précis tout en restant dans un style réaliste ce qui est pour moi un modèle de lisibilité.
Et c’est là où le bât blesse un peu car nous avons un mélange d’uchronie politique avec une enquête criminelle classique. Il y a aura forcément un mélange de genre qui donne quelque chose d’assez original et sans doute trop pour être crédible. On ressort quand même un peu décontenancé d’un tel récit.
Pour autant, l’auteur Clarke a pris son temps pour nous présenter une intrigue policière avec un personnage qui a de l’épaisseur. A noter également un effort dans le découpage du scénario pour donner du rythme à l’ensemble.
La moralité de cette BD est que nul ne peut échapper à la politique même si on souhaite la fuir. Après tout, on vit dans un pays et sous un régime plus ou moins autoritaire. A un moment donné, les enjeux politiques nous rattrapent et il faut payer la note. A-t-on envie de vivre dans cette Chine nouvelle ? Certainement pas.
C'est un horrible drame montagnard que voilà tiré d'un roman d'Henri Troyat et joliment adapté sur le support de la bande dessinée. Je me rappelle encore de l'adaptation au cinéma datant de 1956 avec Spencer Tracy.
Un berger de la montagne Isaïe ayant subi un terrible accident de montagne quelques années plus tôt vit seul avec son jeune frère Marcellin. Ce dernier souhaite partir à la ville pour vivre une vie meilleure loin de la rudesse de la montagne. Cependant, il a besoin d'argent afin de s'associer pour une petite affaire. Il souhaite vendre la maison familiale ce qu’Isaïe refuse catégoriquement.
Le crash d'un avion au sommet de la montagne va redistribuer des cartes. Marcellin, en vrai opportuniste, tente de corrompre son frère dans une entreprise pour le moins risquée afin de dépouiller les cadavres de l'épave comme de vulgaires détrousseurs. L'appât du gain contre l'amour familial. Evidemment, cela va à l'encontre des principes d'Isaïe qui devra faire un choix entre son frère et une rescapée.
Ce qui est vraiment malheureux dans ce récit est la fin composée de folie et de mort. Il n'y aura manifestement pas de happy end. C'est la neige en deuil. La montagne peut être belle mais elle est également d'une cruauté sans nom. Cependant, cela sera surtout un témoignage de la nature humaine dans ce qu'elle a de pire et de meilleur...
On retrouve enfin le style panaché d'Alain Ayroles avec le niveau digne d'autrefois et de sa célèbre série « De cape et de crocs » avec son verbe précieux.
Il est question d'un libertin, Chevalier de Saint-Sauveur, qui souhaite briller dans la société du roi Louis XIV en obtenant un titre royal. Il fera un pari qui mettra dans l'embarra une femme Eunice de Clairefont qui est mariée à un gentilhomme Maupas. Le thème est celui de la vertu et du vice.
Ce premier tome se divise en deux parties distinctes où chacun des protagonistes va jouer un rôle. La première partie ressemble étrangement aux liaisons dangereuses avec ce jeu de séduction et surtout de duperie. La seconde partie est plutôt celle de la vengeance et de la revanche sur un autre plan. Complètement effacé dans la première partie, Maupas va se révéler un redoutable adversaire pour notre anti-héros malfaisant qu'on suit avec une certaine délectation.
Evidemment, j'ai adoré car la construction du scénario est merveilleusement bien agencée et pensée dans une intelligence toute remarquable. Que dire également du dessin de Richard Guérineau que j'ai toujours apprécié et qui se révèle encore meilleure dans cette œuvre ! Bref, le combiné de ces deux auteurs nous offre une des meilleures réalisations du moment.
On se rend compte que même pendant le siècle des lumières, il y a encore une grosse part d'ombre. Ce chevalier représente le vice de ce siècle. On espère qu'il va connaître un peu la rédemption avant que cela ne soit trop tard. Il ne reste plus qu'à découvrir la suite dans ce qui va être une trilogie.
En conclusion, une belle découverte qui donne envie de poursuivre l'aventure dans le Nouveau Monde surtout avec une telle élégance du trait.
Si j'avais un prix à décerner à la personne sur Terre que je considère comme la plus généreuse, cela serait sans conteste cette femme : Mère Teresa et je dis cela indépendamment de toute religion en ne jugeant que les actes accomplis. Elle a véritablement dédié sa vie aux pauvres en les aidant vraiment. Elle est un modèle pour beaucoup de gens à travers le monde.
Je trouve que c'est bien qu'enfin la BD s’intéresse à elle pour nous décrire son parcours. C'est le manga qui va s'intéresser à cette grande figure mondiale qui recevra le prix Nobel de la paix en 1979 à Oslo. Elle est devenue véritablement l'icône universelle de la charité.
Elle a inspiré des milliers de travailleurs humanitaires dont les actions ont permis de soulager véritablement les souffrances des déshérités et de s'attaquer aux causes de la pauvreté et de l'isolement. A sa mort, on dénombrait 517 missions accueillant les pauvres et les malades dans plus de 100 pays grâce à des dons venus du monde entier en faveur de son action humanitaire.
On apprendra qu'elle est née en Macédoine à Skopje en 1910. Elle s'engage dès ses 18 ans dans l'ordre des bonnes sœurs avec l'objectif d'aller en Inde pour aider les plus miséreux. Elle passera deux mois à Dublin afin d'étudier l'anglais et les bases de vie en communauté. Puis, elle rejoindra le Bengale dans la congrégation des sœurs de Lorette. Elle est frappée par l’immense et l’indescriptible pauvreté qui y règne.
On observera diverses scènes dans cette BD qui peuvent arracher les larmes aux yeux tant la situation était difficile dans ce pays où mourrait tous les jours des enfants. Elle devra également composer avec la richesse culturelle, religieuse et ethnique qui caractérise ce pays. Elle sera vêtue de son célèbre sari blanc et bleu qui l’identifie au peuple indien.
Par la suite, Mère Teresa reçoit de nombreux prix et distinctions. Elle les acceptera afin de financer les foyers, maisons et centres pour les nécessiteux. Il faut comprendre que c'est son idéal de justice sociale et son action individuelle tournée vers l’accomplissement du bien qui ont été récompensés.
Rien ne sera dit au niveau des critiques qui se sont élevés parmi des enquêteurs journalistes pour indiquer qu'elle n'était pas aussi « sainte » que cela notamment en matière d'utilisation de ses fonds dans une comptabilité obscure mêlée à des contacts politiques douteux. Ce n'est pas une BD à charge mais entièrement consacrée à sa belle image auréolée de sainteté qu'on ne doit surtout pas toucher. On regrettera dès lors un petit manque d'objectivité.
En 2016, Mère Teresa est finalement canonisée à Rome par le pape François. Elle est alors pour l’éternité Sainte Mère Teresa de Calcutta avec un effet positif de son mythe. C'est un très beau manga qui lui rend vraiment hommage. A lire pour en savoir plus sur elle afin de ne pas l'oublier.
Je vais un peu être sévère dans cet avis alors que j'aime véritablement l'auteur Grégory Panaccione par rapport à ses productions passées. Mais bon, vous me connaissez, je ne fais pas dans la complaisance bien au contraire.
En effet, l'auteur nous ressort dans une version colorisée et plus structurée ce qu'il avait déjà produit il y a 10 ans dans « Match ». J'aimerais bien un nouveau plat pour la découverte et non du réchauffé.
Par ailleurs, je ne suis pas certain que de mettre la tête et le pif rouge d'un Gérard Depardieu puisse rencontrer l'adhésion du public notamment féminin. Oui, comme le Président de La République, on peut dire que c'est un grand artiste qui a beaucoup apporté à la France mais je ne suis pas sûr que tout le monde soit de cet avis.
Moi, par exemple, je ne peux plus voir sa tête aussi sympathique soit 'elle et encore moins dans une BD. Ce n'est plus trop vendeur. A bon entendeur, salut !
Sur le fond, il y a des gags qui font mouche autour de la pratique du tennis et d'autres qui me sont apparus comme un peu stériles. Cela peut toutefois toucher un public de passionné de ce sport individuel qui ne rate pas Roland Garros ou l'open d'Australie.
Nous avons de la fantasy mêlant des sorcières dans un univers post-apocalyptique assez intéressant. Il faut dire que l'auteur n'abat pas tout de suite ses cartes et que tout va progressivement.
J'ai beaucoup aimé ce récit avec cette brume tueuse qui s'approche petit à petit du village des sorcières jusqu'à le menacer. Or, il faut découvrir le monde pour connaître les origines et voir comment arrêter ce fléau. Nous avons une jeune héroïne courageuse et un peu mutante qui ne craint pas ce danger.
On voit que c'est assez ambitieux dans la construction. C'est surtout une bonne surprise assez étonnante dans le résultat produit. L'originalité est de mise. Il y a également une bonne dose d'humour dans les dialogues notamment entre les sorcières du village qui forme une vraie communauté.
C'est incontestablement un titre à suivre pour ce qu'il peut apporter dans le monde de la BD et notamment dans le genre de la fantasy. On assiste véritablement à un renouvellement du genre en apportant une touche écologiste quant à la protection de la planète. Certains titres comme « les épées de verre » avaient déjà ouvert cette voie d'anticipation il y a maintenant plus de 10 ans. On est dans cette continuité.
Il ne reste plus qu'à continuer cette marche en espérant ne pas être trop fatigué pour avancer.
Flic un jour, flic toujours. La retraite ne concerne pas l'Inspecteur Balto, grand adepte de la réforme Macron sur l’allongement de la durée de cotisation. Bref, voici un parfait exemple de cette France qui se lève tôt pour travailler et qui ne souhaite pas quitter le travail en laissant sa place aux plus jeunes. Il faut travailler jusqu'à la fin de sa vie car on aime ça.
La seconde chose qui m'a profondément déplu dans cette BD qui nous présente ce héros, c'est le fait qu'il n'a pas hésité à faire coffrer son épouse en prison car elle était un peu kleptomane. Oui, c'est le métier et la loi avant toute autre considération plus personnelle. C'est un bel exemple pour la nation ainsi que pour la moralité publique.
Maintenant, et comme toujours, il a des méthodes d'investigations qui ne sont pas très orthodoxes. Bref, on adapte la loi selon son usage afin de parvenir à ses fins. Pourtant, je croyais que personne n'est au-dessus de la loi. Cette BD me donne envie de vomir devant autant d'hypocrisie.
Pardon, mais je préfère vous dire que je ne suivrais pas les aventures de l'Inspecteur Balto et que cela s'arrête avec ce premier tome qui m'a convaincu dans ma position. Evidemment, l'auteur a essayé de le rendre sympathique et attachant mais le fond reste le même si on pousse un peu la réflexion. Certes, je pourrais faire avec mais je n'ai pas envie devant la pléthore de BD qu'il me reste encore à découvrir.
Après le roman de Yasmina Khadra paru en 2006 (que je n'ai pas lu), voici la version BD qui me permet alors de le découvrir. Il est question des organisations terroristes qui recrutent les kamikazes en les manipulant mentalement. Il faut dire que ces derniers sont généralement de pauvres gens ayant vécus des situations difficiles ce qui facilitent le recrutement.
Rien de pire que l'invasion d'un pays par les américains qui voulaient chasser Saddam Hussein en prétextant des armes de destructions massives imaginaires. C'est un peuple qui a près de 8000 ans d'histoire. Il faut dire que la civilisation humaine a commencé en Irak entre le Tigre et l'Euphrate. Ces gens ont une certaine fierté qui sera bafoué par l'occupant américain.
Certes, cela pose des questions sur le fait qu'aucun méfait ne doit entraîner la mort et la destruction en représailles car il y a toujours des innocentes victimes. Notre héros que l'on suit depuis son village natal en plein milieu du désert va en faire l'amer expérience. On va suivre son parcours jusqu'au final forcément dramatique. La violence est omniprésente dans cette œuvre.
J'ai tiré de cette lecture le fait que des circonstances de vie peuvent très vite nous faire basculer dans autre chose. Il faut un certain courage pour pouvoir tout arrêter. Gageons que notre héros puisse le trouver pour le salut de son âme.
Il est question également de mieux comprendre le dialogue entre l'Occident et l'Orient en fonction de certaines réalités de terrain et de culture tout à fait différente. La loi de l'honneur est par exemple une de ces valeurs fondamentales.
Bref, j'ai succombé aux sirènes de Bagdad. Certes, elles ne nagent pas dans l'eau mais le désert a également son côté enchanteur et dangereux. A découvrir pour ceux qui veulent se pencher sur cette question dans un contexte malheureusement toujours d'actualité.
Cette BD traite de la police mais pas comme dans « la force de l'ordre » lu précédemment sur le même sujet. Il ne s'agit pas de taper contre cette institution mais d'expliquer comment elle fonctionne à travers son histoire sur toute la planète. Et puis, il y a cette question finale qui laisse perplexe : quelle police voulons-nous ?
Certains répondrons une police qui ne tapent pas sur des manifestants pacifiques quand d'autres militerons pour sa disparition pure et simple de la surface des pays. D'autres voudrons la voir partout et notamment au cœur des quartiers sensibles où il se passent des choses plutôt que de sanctionner l'automobiliste qui va à son travail.
J'ai beaucoup aimé cette BD mais je dois avouer qu'elle n'a pas été simple à lire. Il m'a fallu près d'une semaine pour en voir le bout et surtout digérer toutes les informations intéressantes apprises ici et là.
On apprendra qu'elle est surtout né grâce à un anglais Robert Peel, fils d'un industriel et député à la chambre des communes. Il a remplacé les patrouilles de miliciens habitants par une vraie force professionnelle reconnaissable grâce à son uniforme. Une idée tout à fait nouvelle pour l'époque : payer des citoyens pour assurer l'ordre. Au début, les riches ont plutôt contesté l'idée à cause de son coût mais les affaires ne peuvent prospérer sans ordre pour la société.
On rêve tous de l'idée d'une police respectueuse de ses concitoyens et qui serait également respectée par eux et qui évitent autant que possible l'usage de la force. Mission première : prévenir le crime et les désordres.
Il est vrai que les caméras augmentées de l'intelligence artificielle permettent désormais de repérer tout acte délictueux avant qu'il ne se produise mais cela suppose la fermeture de la CNIL et les principes d'incursion dans la vie privée. Il faut savoir ce que l'on veut.
La police peut être un pouvoir de répression pour le pouvoir en place dans certains pays comme la Chine par exemple. Bref, c'est une BD qui pousse véritablement à la réflexion sur l'avenir de ce corps de métier assez conspué de nos jours.
Il ne faut surtout pas croire qu'il s'agit d'une œuvre destinée aux enfants qu'on va lire un soir de Noël. Ce récit est plutôt une antithèse totalement trash d'une autre vision du Saint-Nicolas qui était le protecteur des enfants en leur offrant des cadeaux et en accomplissant des miracles.
Cette œuvre est destinée aux fragiles, aux rebelles, aux opprimées, aux mutilées, aux sens dents, aux exilées, aux sans-papiers, aux minorités, aux sans domicile, aux invalides, aux militants, aux activistes....
Clodo, Crevard, Epave, Hobo, Mendiant, Crève-la-faim, Sac à vin, Sans-abri, Sans domicile fixe, Traîne-savates, Vagabond, Va-nu-pieds, Zonard, Sans-Dents... Tous ces mots pour désigner une population qui n'a décidément pas la vie facile.
C'est souvent sombre, cruel et sordide comme pour rappeler le manque d'humanité de la plupart de nos congénères. Ainsi va le monde ainsi que cette société qui isole certains êtres qui se débattent pour survivre. Le Saint-Nicolas est désormais là pour les aider et les accompagner à fuir.
Cette œuvre est muette sur une très grande partie avant l'introduction des premiers mots pour se révolter contre un ordre oppressant. Les CRS sont partout pour matraquer les enfants. On les mange également dans des dîners gastronomiques réservés à la haute société.
Bref, comme dit, c'est trash et violent sur la forme comme pour souligner une allégorie parodique de notre monde capitaliste très égoïste. Les vignettes sont présentes pour marquer le malaise et le dégoût, c'est voulu.
Je n'ai pas bien compris la fin qui se termine en queue de poisson au milieu d'une mer agitée vers une destination inconnue. Je n'ai pas trop aimé cette vision très pessimiste des choses et sans doute trop exagéré pour être crédible même si certains éléments peuvent nous interroger sur le devenir de nos sociétés qui ne protègent sans doute pas assez les plus faibles.
Nous sommes dans le vrai roman graphique d'expérimentation sur un jeune homme qui se perd dans la campagne des alpes italiennes suite à une panne de bus. Il va se réfugier dans une belle demeure tenue par un couple afin d'échapper à une tempête.
On se rend compte que le thème est celui d'une certaine violence qui se cache en nous et qui peut être exacerbé dans certaines conditions particulières à la faveur des événements qui s'enchaînent. Il s'agit d'aller au-delà des faux-semblants. La tempête fera en effet éclater tout cela d'où ce titre assez évocateur.
Bref, l'auteur nous décrit une petite tranche de vie afin de démontrer que les mécanismes humains sont complexes. Nous le savions déjà mais bon. Ce drame social n'apportera rien de nouveau. On est même un peu déçu par la fin de ce récit qui s'arrête abruptement dans une nuit de feux d'artifice.
Le dessin sera assez simpliste et ne fera pas dans le détail. Ce manque de précision est d'ailleurs accentué par une colorisation assez terne. Bref, graphiquement, c'est assez minimaliste même si le résultat demeure tout à fait correct.
Il reste néanmoins une tension palpable dans le récit qui monte en crescendo et qui sera assez intéressante à suivre dans le genre huis-clos.
Avec ce titre, nous voilà plongés dans les contes du Japon traditionnel. Un minuscule héros doit affronter un démon qui peut réunir assez de pouvoir pour détruire le monde tel que nous le connaissons.
Certes, l'intrigue n'est pas très originale mais il montre qu'un tout petit homme peut prendre son destin en main avec courage pour essayer de changer les choses. Si seulement les peuples sous d'affreuses et d'infâmes dictatures plus ou moins déguisées pouvaient également en prendre graine, la planète serait sans doute moins menacée.
Bref, ce que je veux dire, c'est que la thématique a une portée universelle et méritoire à défaut d'être réellement thérapeutique. Espoir et destin ne s'accordent pas toujours...
On ne naît pas héros mais on peut toujours trouver le courage d'en devenir un. C'est beau dans le concept. On va assister à l'émergence à force d'entraînement et de travail. Oui, il faut quand même faire des efforts. Et puis, on n'a pas besoin absolument d'être un héros pour s'opposer au mal.
J'ai bien aimé le dessin qui nous plonge dans un univers peuplé de créatures imaginaires dans l'esprit Yokai. Il faut savoir que son auteur Ryan Lang a travaillé sur l'animation graphique chez Disney en réalisant des œuvres tel que « les mondes de Ralph » ou encore « Vaiana ». Issunboshi est son premier roman graphique et il est réussi.
On notera également une colorisation assez sombre mais qui colle bien à l'ambiance voulue. La lecture demeure assez agréable grâce à une certaine fluidité entre les scènes et un trait plutôt énergique. On ne s'ennuiera pas car on entrera très vite dans l'histoire.
Au final, un titre assez intéressant à découvrir entre aventure onirique et conte imaginaire dans le folklore japonais.
Je n'ai pas été séduit par cette succession de nouvelles autour de ces super héros costumés qui après leur dissolution continuent leur service actif au quatre coins de la planète.
La psychologie de base ne m'a pas du tout marqué. C'est toujours la même chose : défendre les plus démunis contre des menaces de plus en plus improbables en faisant dans la surenchère gratuite et sans aucune psychologie de mise.
Certes, il y a une thématique par rapport à leur rôle dans la guerre mais c'est trop léger pour attirer l'attention. La mise en scène est plutôt confuse ce qui n'aide pas à une lecture agréable. Par ailleurs, cela manque singulièrement de charme malgré un potentiel que l'on sent toutefois.
Oui, ma lecture de ces chats sauvages a été plutôt sans saveur avec des couleurs d'ailleurs assez fades et informatisés. Il y avait un rendu plutôt réaliste qui concourt à la dynamique du récit. Mais bon, le scénario n'a pas vraiment suivi et c'est le moins qu'on puisse dire.
On peut aisément passer son chemin d'autant que cette série qui n'a que deux tomes a été interrompu par la disparition de sa maison d'édition Sémic.
Il est intéressant de voir que la préface a été signé par Denis Bajram qui fut considéré comme l'un des meilleurs auteurs de BD de science-fiction au début des années 2000 avec une série phare comme « Universal War One ».
Depuis, le genre a prospéré en de multiples sous-catégories. On attend encore celui qui réinventera le genre en poussant encore un peu plus les limites de cet univers assez extensible.
Nos auteurs dévoilent un pitch assez intéressant qui se met en place progressivement à savoir des humains d'une certaine époque (1400-2400) dans un lieu éloigné de la Terre mais comparable à celle-ci. Ainsi un astronaute du XXIème siècle peut faire équipe avec un chevalier du Moyen-Age. C'est d'ailleurs ce qui se passe dans cette expérience humaine assez inédite.
Certes, ce n'est pas nouveau mais c'est suffisamment bien exploité pour donner de la consistance à ce récit qui ne se base pas que sur l'aventure mais également sur une réflexion assez poussée. J'ai bien aimé ce côté qui ne laisse pas la place à trop de facilités scénaristiques dans les péripéties rencontrées. Certes, cela se termine sur un gros cliffhanger mais la sauce a suffisamment pris pour avoir envie de connaître la suite.
Évidemment, les amateurs de la science-fiction dite d'évasion vont se plaire dans cet univers un peu parallèle où tous les ingrédients du plaisir sont présents. Vivement la suite !
Je ne connaissais pas cette pratique des instituteurs itinérants qui avaient cours au XIXème siècle en France et notamment dans les villages les plus reculées des vallées alpines. On va suivre l'un d'eux dans un parcours tout à fait intéressant.
Je ne m'attendais pas à passer à une seconde histoire se déroulant dans l'Ouest américain avec ce même homme qui se retrouve au sein d'une population indienne. A vrai dire, j'ai été un peu dérouté par cette nouvelle direction du récit.
Il y a un troisième chapitre consacré à une descendante de cet homme qui est une journaliste envoyée en Afghanistan. Elle sera confrontée à un enseignant qui fait la même chose que son ancêtre dans un univers où les femmes essayent de se battre contre une société résolument patriarcale.
Le thème central est l'éducation et l'instruction qui doivent se réaliser afin d'émanciper les populations face à l'obscurantisme. On ne peut s'empêcher de penser à Samuel Paty, cet enseignant investi et aimant son métier, soucieux de leur réussite et apprécié par les élèves qui fut lâchement assassiné et décapité par les tenants de cet obscurantisme. La liberté a été durement acquise grâce aux livres et aux enseignants, il ne faut jamais l'oublier !
On aura droit à une horrible fin qui s'apparente un peu à un fait divers pour le moins marquant. On quitte un pays en guerre. On croit trouver la sécurité dans nos pays occidentaux mais c'est de là où peut survenir des dangers insoupçonnés liés également à une forme de stupidité humaine alimentée par des discours haineux de responsables politiques tel que Donald Trump par exemple pour ne citer que l'exemple dans cette œuvre. Oui, il y a encore beaucoup de travail à accomplir afin de pacifier les esprits.
Je vais vous avouer que c'est une lecture qui forcément nous met mal à l'aise. En effet, le postulat de base de cette œuvre pose une question à savoir « à qui profite l'exil ? Eh ben, la réponse, c'est nous qui sommes responsable car on pille les côtés de l'Afrique et qu'on devrait ouvrir sans broncher grand les portes de nos frontières pour accueillir toute la misère du monde que l'on pourrait d'ailleurs qualifier idéologiquement de « chances » pour notre pays.
Soit on est d'accord avec cette vision des choses et alors, on est du bon côté de l'humanité, soit on ne l'est pas et on peut très vite être taxé de tous les maux possibles. Pour moi, le constat est pourtant clair et simple que la population européenne ne veut plus, dans son immense majorité, entendre parler d'immigration et que si cela continue, on pourrait même aller droit vers une guerre civile avec des gouvernements extrémistes au pouvoir.
Maintenant, c'est vrai que l'auteure Taina Tervonen qui a été récompensé par un prix journalistique européen a mené une enquête assez intéressante pour mettre en lumière ces profiteurs que sont tout d'abord les passeurs, mais également les industriels de la défense chargé de protéger nos frontières ainsi que les patrons et autres industriels qui emploient au noir dans nos commerces et nos bâtiments des clandestins.
L'auteure joue tout d'abord sur l'émotion avec ces drames en mer Méditerranée de gens qui meurent noyer pour avoir simplement voulu gagner un pied en Europe afin d'y travailler et d'envoyer de l'argent dans leur famille restée au pays. Je ne suis plus vraiment certain que les européens soient touchés dans leurs âmes par ces drames qui se multiplient. Je crois savoir qu'ils sont un peu plus sensibles quand il y a des drames de violence qui touchent nos enfants dans des fêtes de village.
Un exil, pour moi, c'est un habitant qui quitte son pays soit parce qu'il y a la guerre, les pénuries et la famine. Quand il va dans un pays riche, cela lui profite tout d'abord car il est alors sorti d'affaire. Non, l'auteur ne voit pas cela ainsi mais nous désigne comme responsable car nous aimons la consommation.
Oui, l'exil serait une manne financière dont nous profitons par ricochet à travers les services et les biens de consommation. Quand on achète notre baguette, c'est peut-être un malien payé au noir qui la fabrique durant la nuit. C'est bien nous qui consommons la baguette grâce à ce malien. C'est, en tous les cas, la démonstration de l'auteure.
Je sais que l'immigration entraîne des débats passionnés et je n'ai guère envie d'engager le moindre débat sur ce sujet brûlant. J'ai lu cette BD. Elle dicte des vérités et un constat assez alarmant. Cependant, il y a des réflexions qui m'interrogent réellement. Les solutions ne sont pas aussi simples que cela.
Le titre laissait penser avec son avion de guerre survolant le Nil qu'il s'agissait d'un récit d'aviateur de guerre. Il n'en n'est rien puisqu'il s'agit plutôt de celui d'un archéologue mais pas du tout à la façon d'un Indiana Jones.
Il est vrai qu'on retrouve les mêmes ingrédients du film à savoir une division nazie un peu ésotérique à savoir l'ahnenerbe dont les recherches devaient prouver la supériorité de la race aryenne et justifier le massacre de millions de juifs.
Il est justement question de rechercher le tombeau d'un personnage historique juif tombé en disgrâce après son ralliement aux romains. Or, cette connaissance peut bousculer les connaissances de l'Antiquité soi-disant. On verra que c'est plutôt un gros pétard mouillé avec des ficelles assez nébuleuses.
Cela se laisse lire mais je n'ai pas eu d'accroche particulière tant le récit paraît un peu alambiqué au niveau du scénario avec ce nid d'espion en plein cœur de la Seconde Guerre Mondiale que cela soit en Egypte ou bien à Jérusalem.
Par contre, sur la forme, c'est de toute beauté non seulement au niveau du graphisme à couper le souffle que dans la qualité de l'édition sur un grand format afin de mieux admirer ses pages. On voit que les moyens ont été donné pour la réalisation pour le duo Desberg-Vrancken.
Je resterai cependant moins dithyrambique que la plupart des avis sur cette BD tout en reconnaissant certaines de ses qualités. Le sujet sur la partition de la Palestine alors sous mandature anglaise pouvait apparaître comme intéressant car on voit bien que cela porte les germes des guerres avenir. Mais bon, pour ma part, cette lecture a presque été à la limite de l'ennui, c'est dire !
J'ai trouvé ce récit assez décousu où l'on va suivre trois parcours, celui de Tomoya stressé par les études, Aoi la fille harcelée à l'école et Ryo ancien athlète atteint d'une maladie incurable, trois lycéens qui ont décidé de provoquer une rencontre avec un fantôme féminin.
Pour cela, il suffit d'aller sur une piste d'aéroport et de tirer un feu d'artifice en plein été et voilà l'apparition. Comme dirait mon épouse, c'est assez cul cul la praline.
Le pire, c'est que cela se prend au sérieux même si parfois, les japaniaiseries, comme je les appelle, reviennent au galop pour donner un peu d'humour à un propos qui se prend des allures de profondeur alors que c'est d'une platitude à faire frémir les morts. Certes, ils peuvent revenir sous forme de fantôme quand il se passe quelque chose comme un meurtre ayant mis fin à leur existence.
Il est vrai que nos protagonistes ont toujours cru à un suicide et on aura droit à leurs états d'âmes sur leur rapport respectif avec la mort. C'est très joyeux pour passer des vacances d'été. Bon, on en retirera surtout le fait qu'il faut apprendre à vivre et qu'il y a un réel intérêt à rester vivant. Merci Summer Ghost pour ton apport considérable à cette vision philosophique.
Pour le reste, on pourra y voir des côtés assez poétiques sur un thème qui évoque la mort et le sens de la vie. Bref, certains lecteurs pourront se laisser tenter par un manga un peu différent avec des thèmes pas faciles mais traités quand même avec une certaine finesse.
Nous allons suivre l'auteur Singeon qui va prendre des risques dans sa vie en acceptant de suivre une équipe de scientifique à Madagascar à la recherche de poissons rares dans un contexte d préservation des espèces sur fond de changement climatique affectant la nature. Voilà pour le pitch de départ.
L'auteur fait un clin d’œil dans le titre car le poisson hors de l'eau c'est à dire son milieu naturel, c'est lui à Madagascar. C'est tout d'abord la découverte d'une île aussi grande que la France dans sa culture et qui tente désespérément de survivre.
Il faut savoir que la faible croissance économique combinée à une croissance démographique rapide a fait de Madagascar l'un des pays où le taux de pauvreté est parmi les plus élevés au monde, atteignant 75 % en 2022 si l'on se réfère au seuil de pauvreté national. Cela m'a fait penser à une discussion que j'ai eu hier soir où des amis fustigeaient l'écart qui existe aux USA entre les riches et les pauvres alors que c'est la première puissance économique mondial. J'aurais envie de répondre qu'il faut quand même relativiser par rapport à d'autres pays..
J'ai relevé aussi une critique à peine voilée de la part de l'auteur qui indique que les grandes et belles infrastructures datent des années 50 soit avant l'indépendance et que depuis, c'est le délabrement des routes par exemple au gré des coups d'états qui se succèdent dans cette île comme d'ailleurs sur tout le continent africain. On ne peut lui donner tort car c'est la triste réalité.
C'est une BD qui s elaisse lire plutôt agréablement mais il manque une véritable consistance pour donner un peu d'épaisseur. Certes, il n'y aura point d'intrigue ou quelque chose qui fait que l'on s'accroche vraiment. Je rejoins en cela les autres avis qui ont fait part de leur petite déception à cette lecture.
C'est un road movie de plus qui s'inscrit par exemple dans des productions actuelles comme « Les sauvages ». J'aurais aimé quelque chose qui fasse la différence mais on sent une commande décidée par Mathieu Sapin à l'origine à l'égard de notre auteur ravi de relever le challenge.
Je ne fais pas dans la complaisance, vous l'aurez remarquée. Néanmoins, ce titre ne manque pas d'attrait et c'est utile de voir qu'il existe des gens qui se battent pour préserver des poissons dans un monde en péril.
Nous avons un roman graphique qui se situe entre « Le Nom de la Rose » pour son côté religieux dans une quête de recherche de vérité et « Les rivières pourpres » pour son côté polar sur l'enquête de meurtres d'enfants atrocement mutilés.
C'est la jeune Brunehilde, meneuse de loups, qui se charge de trouver le coupable pour le bien de la communauté et surtout pour disculper ses amis les loups. On se situe à la fin du Moyen-Age (vers l'an mille) dans une France reculée et superstitieuse. On croit encore au démon et au loup-garou tout en se méfiant des sorcières qu'on condamne au bûcher.
Evidemment, le tueur est un illuminé ayant foi en Dieu dans une époque où le christianisme s'impose à coup de force et de massacre. Les thèmes sont toujours les mêmes : la folie des hommes qui s'exerce contre les plus faibles à savoir les enfants ce qui est totalement inadmissible toutes époques confondus.
C'est un album assez étrange dont certaines planches font écho à ses délires mystiques en lui donnant un caractère assez original et parfois effrayant. L'action avance lentement dans un unique tome qui sera assez dense pour donner une consistance et une certaine atmosphère assez pesante.
La lecture demeure fluide et particulièrement agréable grâce à un dessin qui met en valeur les décors ruraux et forestiers. Certes, la narration parfois s'englue légèrement dans des séquences peu importantes.
Il n'y aura pas de grande surprise dans le scénario qui demeure assez classique mais on peut dire que la mise en scène est plutôt réussie. C'est une BD qui sort du lot même si elle reste avec une ambition tout à fait mesurée.
Cela pourra plaire aux amateurs de cette période charnière de la fin du Moyen-Age.
Alors que la série parallèle « Carmen Mc Callum » vient de se terminer en apothéose, on s'achemine également vers la fin pour Travis, ce vieux routier de l'espace. Il faut dire que ces séries cyberpunks ont commencé au siècle dernier. Il serait temps de conclure.
On va d'ailleurs retrouver Carmen en bien mauvaise posture avec un Travis tentant de la protéger malgré de mauvais souvenirs les liant. Leur relation a quelque chose d'assez intéressant mais avec un destin à la séparation en raison d'objectif et d'allégeance différentes.
Action et anticipation sont toujours au rendez-vous avec ses multinationales qui s'approprient l'acheminement de l'eau sur la planète dans un contexte de réchauffement climatique. On se rend quand même compte que cette série a vu juste depuis sa création il y a plus de 25 ans. On a bien des technologies toujours plus avancées mais qui n'ont pas su résoudre les problèmes des citoyens. Les menaces sur notre monde et notre civilisation sont malheureusement toujours d'actualité.
Nous avons une introduction un peu longue et bavarde où il ne se passe pas grand chose mais la rencontre des deux héros est un moment important pour créer de la tension. Par la suite, cela va se corser un peu suite à une vengeance expéditive mais salutaire de l'un de nos protagonistes.
Il y a également tout un jeu d'alliance à observer pour dénouer la situation et vaincre une IA puissante qui revient au galop pour s'approprier toute l'eau de la planète. Les pluies sèchent donnent un aperçu de ce qui nous attend si on n'y prend pas garde.
J'ai toujours aimé cette série car elle pose dans le fonds les vrais questions sur l'avenir de l'humanité.