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La série "Névé" présente de très bons dessins de Emmanuel Lepage, avec une très appréciable introduction dans le T1. Malheureusement, le récit se perd dans des histoires annexes qui construisent le jeune homme, mais perd en intérêt suite à la mort de son unique parent dans le T1. Il n'y a ensuite plus vraiment de réflexion sur cette mort tragique. On pourrait à la limite lire les 5 tomes de manière indépendante tellement ils ont peu de lien entre eux (à part pour suivre l’évolution de Névé). Le T2 et T3 présentent des longueurs scénaristiques, parfois le dessin rattrape un peu le tout, mais cela ne fait malheureusement pas tout, les T1 et T5 sont les plus réussi avec une thématique commune autour de la montagne, ceux sont mes deux tomes favoris. Une série agréable, des dessins très qualitatif, mais pas exceptionnel au niveau scénario.
Un immense (et trop lourd) ouvrage de plus de 400 pages qui regroupe les travaux et dessins de Moebius à l'époque du magazine Métal Hurlant. Bien que l’œuvre soit colossale, je n'en tire malheureusement pas grand chose. La plupart des histoires sont décevantes, surement parce qu'elles ne correspondent plus à la bande dessinée contemporaine. Il y a beaucoup d'idées sur le papier, mais elles avortent rapidement car les histoires sont bien trop courtes ou ça part dans tous les sens. "Le Garage Hermétique de Jerry Cornelius" en est l'exemple parfait, un univers ultra riche, mais hyper farfelu. Les histoires qui m'ont le plus plu : "Il y a un Prince Charmant sur Phenixon" et "La chasse aux Français en Vacances".
"Le Vol du Corbeau" qui est une suite de "Le Sursis" reste dans la même lignée que son prédécesseur. Un humour fin et subtil, un dessin riche et coloré, avec légèrement moins de contour (ligne claire) que "Le Sursis". Jeanne a une personnalité forte, Gibrat a plaisir à la dessiner et lui donner quelque chose de fougueux. Le personnage de François, qu'on pourrait largement comparer à Julien (dans "Le Sursis") avec ses traits présente une personnalité moins intéressante que ce dernier, peut-être parce qu'ici c'est Jeanne la narratrice (il s'agit de Julien dans "Le Sursis"). Dans l'ensemble, j'ai préféré le sarcasme et les personnages dans "Le Sursis", mais cette suite mérite largement lecture, pour sûr.
Gibrat offre avec "Le sursis" une œuvre complète tant sur le plan historique, scénaristique et graphique. C'est beau, c'est riche et fourni, c'est sexy aussi car Cécile est un personnage féminin très réussi aussi bien dans sa personnalité discrète que ses courbes qu'elle dévoile très sagement. Il y a de l'humour, de la tension, de l'action, tout est réuni pour passer un bon moment. Gibrat montre ici tout son talent de scénariste et de dessinateur. Même si la fin fait preuve d'une augure un peu déconcertante, le dessin reste d'une qualité indéniable, dans les détails, les décors, les personnages, mais aussi la couleur. "Le Sursis" reste une œuvre de BD majeure, il retranscris à merveille le passé dans une fiction prenante. Un must to have.
Un extra de la série "Le Sursis" (2 tomes) et "Le Vol du Corbeau" (2 tomes) qui présente les deux sœurs Cécile & Jeanne sous un angle différent. Les dessins sont juste incroyables et remplis de vie dans cette Artbook. J'apprécie particulièrement les réflexions et commentaires de Gibrat autour de ses dessins, qu'est ce qu'il a voulu amener sur ses croquis et de quelle manière. C'est puissant et nous ramène à notre condition d'artiste au delà de celui de scénariste, je dirais que c'est une très belle pièce à avoir dans sa collection si je la trouve un jour.
"Venin de Femmes" est parsemé d'histoires courtes très noires sur le couple et la vision qu'il a de lui-même. Chaque histoire finie mal car personne n'arrive à trouver un accord à l'amiable. Certaines histoires sont plus mémorables que d'autres, mais malheureusement, l'ensemble sonne vite répétitif et prévisible, même si les axes de réflexions sont intéressant. Le dessin est quand à lui réussi et colle à la lourde atmosphère des récits. Tout ce poids sur la conscience pèse un peu lourd pour un seul homme, surtout pour un optimiste comme moi, je passe donc mon chemin.
"Les Fleurs aussi ont une saison" fait parler de lui car le ton est dramatique : 3 morts d'une même famille en plus ou moins un an (ce que je ne souhaite à personne). Mais je suis partagé sur la qualité de l’œuvre en temps que tel, car l'histoire de Cécile Porée est très personnelle et elle ajoute beaucoup d'anecdotes et de pensées dans son œuvre. Cependant, à part présenter et raconter les faits, la bande dessinée suit un rythme très linéaire. Le dessin est doux tout comme les couleurs qui tendent vers des tons pastels, avec une sensibilité qu'on ressent jusque dans les traits. Il s'agit là d'un témoignage face à l'adversité de la vie. D'un optimisme à toute épreuve, cette BD ne m'a malheureusement pas transcendé. La touche finale dans le scénario et toute la poésie qui en découle est belle, en plus de l'aspect onirique des dessins qui permettent de mettre en exergue l'imagination débordante des autrices, mais ça manque d'une puissante connexion pour le rendre mémorable.
"Ne m'oublie pas", avec ce titre on se croirait presque dans le film "N'oublie jamais" de Nick Cassavetes. Mais c'est à la lecture de la BD qu'on se rend compte que le thème de la maladie n'est abordé qu'en surface, comme celui de la solitude ou de la maison de retraite. En somme, l’œuvre ne cherche pas à nous émouvoir comme j'aurais pu m'y attendre ; certains moments fonctionnent mais restent assez sommaire dans l'approche. Je pense que le dessin est aussi la résultante et le parti pris de faire quelque chose d'humoristique, plutôt que dramatique ; malheureusement, je n'ai pas apprécié le dessin, avec une expressivité très cartoon qui empêche de rentrer dans la dureté du propos. Au final, l'histoire est assez banale et n'apporte pas ce que j'attendais, c'est juste divertissant, voir un tantinet ennuyant.
Un ralentissement opère sur les deux derniers tomes de la série "Souvenirs de Toussaint", la faute à plusieurs facteurs, notamment un changement de scénariste en plein milieu avec le T7 bien que l'ensemble soit bien cohérent. Mais surtout un changement profond dans l'aspect et la colorisation entre le T7 et T8 qui donne l'impression que nous ne sommes plus vraiment sur la même série. Le motif de l'intrigue se répète toujours un peu de la même manière autour de la vengeance et de l'amour impossible, en moins bien. Je n'ai pas aimé dans le T7, les dialogues avec l'accent du Nord qui donnent moins l'état d'esprit du langage utilisé dans les tomes précédents. Le scénario est bien ficelé jusqu’au bout, malgré quelques longueurs sur certaines planches suite à un nombre de personnage important. Le T7 possède un twist final qui m'a bien plu ; le T8 reste très standard. En résumé, une série sympathique, mais très inégale et répétitive avec le personnage principal qui répond au nom de Toussaint, à la fois charismatique et original (photographe).
Avec cette suite de "Souvenirs de Toussaint", le motif se répète avec quelques variations, c'est toujours joliment amené et dans un langage paysan dont j'apprécie la forme. En revanche, au niveau du dessin et des couleurs de Savey, ça l'est nettement moins, le trait est trop gras, les couleurs trop pétillantes et surtout les visages sont parfois affreusement déformé ou d'un trait trop rapide. Le T4 tient une intrigue et des personnages de bonnes factures, mais l'intrigue sent vraiment le réchauffé par rapport au tomes précédents. Le T6, plus sombre au niveau de l'ambiance (couleurs très froides et sombres) propose un scénario solide qui sait nous tenir en haleine jusqu’à la fin, toujours malgré des visages un peu bâclés. Les scènes d'actions et de mouvements sont en revanche plus qualitatives.
D'une grande qualité, "Souvenirs de Toussaint" a pourtant tout d'un scénario classique. Mais l'ambiance qui en ressort et les personnages atypiques en font de très bon tomes (pour le T1 et T2). Les dialogues entre les personnages sont très intéressants, une façon de parler qui colle vraiment à l’atmosphère brute et difficile de la vie paysanne. "Souvenirs de Toussaint" est une série en 8 tomes, mais chaque histoire est différente et l'on découvre un nouvel univers sur chacun d'entre eux (à part le photographe Toussaint qui a le 1er rôle dans chaque récit et qu'on voit à chaque tome). D'un style réaliste, le dessin semble classique, pourtant à y regarder de plus près, il est parsemé de détails qui rendent l'univers vraiment riche, merci Dermault. Le T1 avec son gobe-mouche et l'introduction sur les origines de Toussaint est très qualitatif, c'est très bien amené. Le T2 sur une mariée déchue qui décide de se donner la mort car elle a perdu son amour n'a rien a envié au T1, c'est très plaisant à lire ainsi qu'a parcourir les planches. Le T3 marque une rupture dans l'intensité des dialogues et des personnages, bien que cela soit toujours bien construit, Convard ne sait pas vraiment quoi faire de ses personnages. Les dessins de Dermault sont par contre toujours aussi beaux et colorés du T1 au T3.
Cette série semblent étrange à première vue, quand on regarde la couverture des 4 tomes cote à cote, on croirait avoir affaire à une série amateur qui ne canalise pas ses idées. Et c'est le cas au départ dans un premier tome rapide et sulfureux. La série "Roxalane" surprends par son récit fantastique qui voyage entre la réalité et une autre dimension, celle de la pensée noire (régie par des dieux-fous) dans laquelle il est possible de voyager et de s'égarer (Necromantum). Le dessin s'améliore au fils des tomes, même si certaines cases restent approximatives, voir ratées avec un trait hésitant ou parfois mal défini. En revanche, la structure des dessins de la série "Roxalane" est un exemple de simplification et de minimalisme, les dessins vont à l'essentiel (peu de détails dans les paysages) et cela rend le récit clair. Roxalane malgré son scénario et dessin un peu passé sait encore surprendre par son genre à part, fantastique, organique et sexy. D'ailleurs, "Roxalane" se retrouve assez souvent nue pour la nécessité du récit (qui n'est pas directement nue sous une armure ?) mais surtout le plaisir des courbes féminine et du lecteur, d'avoir une héroïne qui s'assume aussi bien psychologiquement que physiquement. A découvrir.
"L'art Invisible" de McCloud est une belle proposition pour tout amateur/passionné de bande dessinée qui s’intéresse à son histoire, sa puissance et son inventivité. Sortie juste avant le début de siècle, c'est une mine d'information sur la relation entretenue avec le média, parfois mal connu ou dénigré (déjà à l'époque). "L'art Invisible" remet les pendules à l'heure avec une documentation fournie et complète. On peut reprocher certaines longueurs sur quelques passsages, mais l'ensemble sonne de manière cohérente. Attention, ce n'est pas non plus un ouvrage sur comment réaliser un scénario de BD ou comment dessiner ; il s'agit plutôt d'une réflexion autour de l'art et de la bande dessinée. Le dessin reste simple, mais efficace par rapport aux propos engagés. Bien sur, tout le charme de "L'Art Invisible" est qu'il s'agit d'une bande dessinée qui explique le fonctionnement de la bande dessinée. La bouche est bouclée !
de A à Z. Le T1 "Du scénario à la réalisation" est une mine d'informations en plus des exemples concrets aux travers des œuvres d'auteurs-scénaristes-illustrateurs des années 80. Pour le BDphile ou même celui qui veut se lancer dans la réalisation de BD, il pose les bases essentielles dans le processus créatifs d'une bande dessinée. Même si le livre date maintenant (1984), les fondements restent les mêmes en 2024 sur de nombreux points. J'ai appris beaucoup de choses me concernant et plus de découvrir des séries cultes de l'époque, merci Duc.
"Les Rivières du Passé" est spécial dans son intrigue. Un plaisir de voir Corboz avec un trait laché et léger qui propose sur le diptyque quelque chose de très dynamique et convainquant. A vrai dire, c'est le dessin de Corboz qui est le plus réussi. Coté scénario avec Desberg, ça part rapidement dans tous les sens, avec des créatures macabres qui cherchent à massacrer la race humaine. Cependant, ces créatures venues d'ailleurs ne font pas vraiment écho à l'autre arc narratif sur Ay et son bijou. Les histoires s'entremellent sans vraiment une cohérence d'ensemble, ce qui laisse une série incomplète dans son propos et plutôt fade.
Une série post-apocalyptique qui a le mérite de proposer de monumentales fresques de désordre avec bon nombre de détails. Les dessins de Chauzy sont réussis avec notamment la faune et les paysages, en plus de l'équilibre dans les couleurs. Mais pour ce qui est des personnages, ils se ressemblent vraiment tous au niveau du faciès, ainsi il est parfois difficile de savoir qui est qui. De plus, les T1 et T2 parlent du monde post-apocalyptique, c'est OK, mais les T3 et T4 en remettent une couche, sans proposer de résolution donc nous tournons un peu en rond. C'est donc long de suivre l'aventure, car elle n'évolue pas sur les derniers tomes. Une suite de prévu ?
Une de mes séries favorites. "Aldébaran" est pour moi une réflexion sur l'humanité et son devenir, sur la conquête spatiale et les prouesses humaines, sur la limite de l'homme sur son écosystème (au delà de la planète Terre). Les 5 tomes sont tous très bons, que cela soit au niveau du scénario, de l'approche, de la profondeur, des personnages qui parlent de leurs tracas, leurs relations, leurs peurs, leurs pensées qui les rendent très humains. Beaucoup de thématiques sont abordées dans ce Cycle 1 et suivront dans les cycles suivant. La mantrisse remet au centre toute la domination de l'homme sur terre, elle est la réflexion d'une entité potentiellement plus intelligente que nous (mais encore mal comprise de l'homme, donc une part de mystère qui restera tout au long de la série). Concernant l'aspect graphique et les couleurs, c'est là aussi incroyablement vivant, non sans défaut sur des personnages parfois un peu figés, mais cela n’enlève en rien à l'univers de la planète "Aldébaran". La faune et la flore sont des nids de trouvailles incroyables qui poussent à une créativité débordante. Beaucoup de réflexion aussi bien de manière collective qu'a l'échelle individuelle, de même que le corps et la sexualité font partie intégrante des œuvres de Leo. Quelle aventure humaine, surement une des meilleurs séries d'anticipation/science fiction sortie à ce jour, car on ne se contente pas de lire une simple bande dessinée, c'est un nid de créativité et de philosophie.
Le deuxième cycle "Bételgeuse" n'a rien à envier au premier. Dans la même continuité, Kim et son groupe explore une nouvelle planète. Et quel dépaysement lorsqu'on découvre cette nouvelle terre verdoyante et hostile. De la même manière qu'Aldébaran, la place des être humains sur une nouvelle planète est remise en cause. Encore une fois, l'humain et les relations sont au cœur des discussions. Les personnages ont une sexualité décomplexée et libre. L'autre sujet qui touche le cycle est la place de la femme dans cette nouvelle société d'expatriés, qui démontre une certaine réalité et remet en cause la vision de la famille, de la grossesse et des enfants. Les dessins sont toujours aussi réussi (toujours un peu rigide par moment), une faune et une flore riche, et pleine de découverte. Une série qui continue de surprendre avec tous les éléments nécessaires pour en faire une excellente bande dessinée et ainsi une série culte.
Toujours dans la même veine que les deux cycles précédents "Antares" est un cran au dessus au niveau de l'hostilité, une planète vraiment anxiogène et qui démontre la difficulté d'y vivre et de s'installer. Les personnages sont toujours aussi attachants (malgré la terrible coupe mulet pour Kim et Alexa) et remplis d'humanité. Cette série à le dialogue facile, car le sujet, le bestiaire et les personnages sont complexes. Moins d'actions et plus de réflexions, mais cela ne gâche pas le plaisir de la série. La venue de Lyn est peut être pour moi un arc narratif excessif, même s'il ajoute une vrai touche de SF. La forme et la complexité de la faune s'essoufflent aussi, même si cela reste un travail de qualité. Je trouve d'ailleurs les couleurs très agréables dans cette série.
Dans le style graphique de Bastien Vivès, "Polina" est un peu moins mon univers, d'une part car le monde de la danse me parle moins. Deuxièmement, le dessin est un peu trop minimaliste à mon gout, contrairement au "Le Chemisier" ou "Une Soeur" ou les traits sont plus interessants. L'oeuvre se lit tout de même bien, mais il lui manque quelque chose qui pourrait me satisfaire.
"Le Chemisier", l'idée part de pas grand chose pour prendre des proportions assez délirantes, mais qui restent cohérentes. Bastien Vives avec son style minimaliste propose une œuvre complète qui fait plaisir à parcourir. La première œuvre que je lis de Bastien Vivès, et ce manque de détails, avec des formes et traits suffisants pour comprendre de quoi il est question donne au dessin un charme fou. Une œuvre portée sur la sexualité et la féminité qu'on prend le temps de voir venir sur 200 pages.
"Le Beau Parleur" fait preuve d'humilité au travers d'un récit simple qui s'oriente vers une lecture tout public (c'est un parti pris). Les dessins et les couleurs signés Turconi sont très verdoyants dans les paysages d'un Brésil chaud et radieux. Les personnages sont simples avec une belle dynamique. Concernant le récit, l'ensemble est linéaire et se lit sans encombre, avec quelques rebondissements ça et là. Pedro est le personnage principal, il a 11 ans, il a un regard d'enfant sur le monde et le fait savoir au travers de multiples commentaires au fil des pages. Je trouve que l'ensemble est un peu trop édulcoré pour justement que le récit soit 'Tout public', un exemple avec le Dulce de Leite et son addiction, qui fait clairement penser à un traffic de drogue pour Bisounours. En conclusion, l'ensemble est un peu trop gentillet pour satisfaire les lecteurs comme moi, mais cela reste un très bon One shot pour le jeune public en quête d'histoire riche et pleine de vie.
"Rosa" est un souffle de bonheur dans le monde la BD, jusque là François Dermaut a toujours prouvé son talent de dessinateur au travers de séries historiques comme "Les chemins de Malefosse" ou les débuts de "Souvenirs de Toussaint". Ici, Dermaut se livre à une œuvre plus intimiste, lui permettant d'essayer à un genre nouveau, mais toujours dans ses cordes comme le scénario se déroule à la fin du XIXème siècle. "Rosa" est une femme honnête et croyante, sujette aux fantasmes des hommes, à la manière du très bon film "La Fiancée du pirate" de Nelly Kaplan. Rosa va se lancer dans une aventure humaine riche et sensible, d'autant plus pour l'époque. Avec un tome 1 plus que réussi, et un tome 2 qui conclut le diptyque en beauté, l'ensemble se lit très bien grâce à des personnages hommes ou femmes très humains avec une personnalité riche, ils deviennent rapidement tous attachants en plus de l'univers créé autour de de ce village de campagne. Une poignée d'hommes qui sur un pari un peu débile au départ, finissent par montrer leurs cordes sensibles, car chez "Rosa" la virilité est mise de coté et laisse place a des hommes avec leurs envies, leurs peurs, leurs faiblesses, leurs douceurs. Le tableau présente des hommes tous très différents dans l'intimité et qui montre un autre visage au bar en fin de journée en partageant quelques bières et une partie de carte, au même titre que Rosa qui doute de sa condition féminine et ses croyances chrétiennes puis s'émancipe au fur et à mesure. Le thème aurait pu vite sonner putassier, mais ce n'est pas du tout le cas. Concernant le dessin, c'est au travers de traits forts que Dermaut s'exprime, proche de la caricature pour certains personnages : long nez, pommettes saillantes, traits du visage marqués avec un univers détaillé, coloré et bien équilibré, c'est un vrai plaisir de parcourir ce genre d’œuvre, un peu comme une bulle hors du temps.
Quelle étrangeté, cette série "Grimion Gant du Cuir", d'une part par son dessin, assez laid sur le T1 et T2, il s'améliore un peu dans le trait sur le T3 et T4, mais les couleurs font terriblement passées, d'un style qui oscille entre le comic et la ligne claire bien grasse, l'identité graphique me plait difficilement. Coté scénario, c'est la même chose, un tome 1 difficile à lire, j'ai du revenir dessus pour comprendre les fondements du propos, en plus du dessin, de la couleur, et des dialogues d'un autre temps qui trompent parfois le lecteur. Ce qui nous tient en haleine est le mystérieux "Gant de Cuir" autour duquel les mythes prennent vie. Mais cela ne suffit pas nous tenir éveillé, car chaque tome semble introduire une nouvelle thématique toujours plus loufoques, et s'enlise un peu plus dans les choses abstraites au delà du récit fantastique. On a une impression d'ensemble que le récit ne se tient pas, l'auteur ouvre de nouvelles portes souvent, mais aucune ne se ferme, rien ne se conclut vraiment, c'est une sensation incomplète et étrange. Le T4 marque la fin de la série, toujours avec l'armertume ne n'avoir pas su capter l'essence de la bande dessinée, même au delà d'un dessin passé, le scénario n'est pas à la hauteur de mes attentes, dommage.
"Carcajou" est une excellente surprise sur de nombreux points, notamment avec un scénario en béton qui amène une tension incroyable sur toute la longueur, un western trépidant avec de nombreux personnages atypiques aux caractères bien trempés. Le dessin peut sembler naïf et caricatural à première vue, mais je le trouve ultra expressif dans l'approche en plus du détail, des couleurs et de l'ambiance des paysages canadiens. Une plongée dans la fin du 19 siècle, surtout pour un twist qui vaut sont pesant d'or (ou de pétrole). L'approche du scénario et le découpage sont vraiment réussi, cela donne une œuvre plein de caractère, à lire absolument.
"Ceux qui me restent" parle d'une maladie toujours difficile à comprendre dans les faits : Alzheimer. Il n'y a pas beaucoup d’œuvre qui traite du sujet correctement et pour comprendre comment fonctionne la maladie et rentrer dans l'esprit du malade. Le film "The Father" de Florian Zeller parvient à quelque chose de construit mais le cheminement est plutôt long. Tandis que le découpage de la bande dessinée permet de prendre des raccourcis plus évident dans l'espace et le temps ; ainsi la construction du scénario est efficace et touchante, elle nous permet de comprendre les fondements de cette folie/maladie incomprise, Florent a beau savoir qu'il a une fille, il ne l'a reconnait pas ; sauf parfois dans des moments de lucidité, quand son cerveau fait finalement le lien entre le temps qui s'est écoulé et Lili (Aurélie) qui n'est plus aussi petite que son cerveau l'a mémorisé, c'est une très belle approche. Graphiquement , l'ambiance est réussie avec un bon choix concernant la palette de couleurs. En revanche, certains traits manque d'assurance et de définition. Ainsi, les nez pointus en ligne claire et les cheveux dessinés grossièrement rebutent un peu l'aspect graphique général de l’œuvre. Le roman graphique se lit rapidement, mais cela n'entache pas le plaisir de lecture.
La série "Péché Mortel" sonne vraiment années 90, dans son propos avec le VRH qui fait largement penser au VIH, ces couleurs plutôt saturées et criardes qui ne vieillissement pas forcément bien et les dessins de Béhé, avec une ligne claire un peu hésitante sur le T1, mais qui s'affirme au fil de la série. Le propos a peut être vieilli, mais l'intrigue tient la route avec de beaux rebondissements surtout dans le T1 qui permet d'entrevoir une suite intéressante pour cette série. Le T2 et T3 présentent quelques longueurs dans la forme qui complexifient quelque peu le scénario, mais n'en reste pas moins intéressante. Le T3 présente des longueurs, beaucoup de dialogues, assez peu d'actions concrètes, la série en perd un peu de sa superbe, pour un T4 réussi mais toujours gourmand au niveau des dialogues, au travers d'un style très vite politique. Il y a plusieurs longueurs, mais grâce à un dessin réussi, on arrive à être tenu en haleine face à la montée de l'autoritarisme et du fasciste. C'est bien pensé, c'est une belle série.
"Les Éternels", un titre qui ne parle pas vraiment et qui je trouve ne dessert pas le lecteur ; il est ici question de trafic de diamant. Et dans son ensemble, ça sonne très classique pour le genre (Polar, Thriller). Ce que je retiens c'est le dessin réussi de Meynet et ses pin-up : lèvres pulpeuses, poitrines avantageuses, tenues moulantes, ces demoiselles sont sujettes à quelques fantasmes selon les situations mise en avant. Concernant la plastique, nos héroïnes ont de beaux atouts, mais est-ce suffisant ? Car au delà de l'esthétique, la personnalité est l'essence même de ce que recherche un lecteur (les héroïnes pulpeuses inondent vite le marché de la BD et du cinéma) seules les plus charismatiques et uniques pourront sortir du lot. Au niveau personnalité, Uma ne déçoit pas, mais ne régale pas non plus, le ton de la série se veux plus ou moins léger et semble au final vite anecdotique. De même que l'action présente se déroule de manière très classique et tous les éléments de l'intrigue sont imbriqués de manière un peu trop évidente qui fait qu'on a cette étrange impression que tout est déjà prévu d'avance. Je m’arrête au T2 pour cette série, car elle ne m'apportera rien de plus qu'une lecture agréable (c'est déjà bien).
Le "Carnet de Pérou" de Fabcaro est dans l'absolu un trompe l’œil. Quelques croquis et clichés du Pérou remplissent la moitié des pages, de l'autre coté, nous avons le droit à l'humour grinçant de son auteur, à prendre ou à laisser. Clairement, je n'ai pas aimé les coupures incessantes entre son voyage et ses moments d'humour purs et durs, c'est trop répétitif, même si certains gags sont bons, voir très bons. Mais cela ne suffit pas à remplir son carnet de voyage qui reste assez anecdotique. Les dessins et les croquis sont plaisant, en bichromie, mais cela manque quelque peu de contenu pour en faire une œuvre complète. Au niveau de la couverture, elle est en papier souple sans protection plastique, elle a l'avantage d'absorber l'eau ou tout autre substance liquide donc d'une durée de vie très limitée si le livre n'est pas couvert.
"Oh Lenny" surprend par son graphisme très doux, en comparaison d'un scénario dramatique assez violent. Le dessin avec une ligne claire épaisse et ronde ainsi que des couleurs marquées rassurent, sauf que le registre est quelque peu différent d'une simple fiction. Cependant, certaines scènes oniriques fonctionne difficilement par son dessin, même si on ressent la bonne volonté de son auteur. Une œuvre qui se lit rapidement et addictive dans sa lecture et son propos, c'est original et cela a le mérite de sortir des sentiers battus, malgré que le couple June/Brad sonne très "cliché" à première vue. Il manque tout de même un brin de folie pour rendre l’œuvre et sa chute encore plus surprenante, mais la lecture vaut le coup.