Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.
Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.
Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :
Copyright © 1998-2024 Home Solutions
• CGU Site
• CGU Logiciel
• CGV
• Cookies
• Design by Home Solutions
Page générée le 22/11/2024 à 21:36:07 en 0.0673 sec
Les aventures de Philémon continuent et, petit à petit, Fred devient Fred. ce tome 3 encore ne démontre pas la transformation. Fred demeure encore dans le cadre normé et aux dessins normatifs d'une bande dessinée des années 70. Et, malgré cette sagesse, il règne sur ce nouvel album un accent de renouveau.
Oui, cette histoire est bougrement pété de ressorts scénaristiques faciles voire même carrément miraculeux. les retrouvailles entre Philémon et Barnabé en sont la preuve, autant que l'ancre qui attrape le paletot et sauve la vie du héros, autant que la porte ouverte qui est LA porte de sortie parmi des milliers.
Oui, mais " Le piano sauvage" est d'abord l'histoire d'un rêve et, le parti étant pris, tout fait corps dans cette allégorie de l'ennuie et du jeu mondain à tout prix ( jusqu'à la justification d'un procès) mais aussi de l'errance et de la perte de repère. car, au delà de la belle poésie et des superbes dialogues d'un piano magique à dresser d'une gamme, d'un zèbre prison et d'une cours de justice ou tout est illogique, c'est bel et bien d'ennuie et de solitude dont on parle ici. Solitude de tout un groupe social, solitude d'un puisatier car il n'est jamais heureux du moment présent et nostalgique du temps passé. Solitude du père de Philémon qui se refuse à voir l'évidence farfelue de sa réalité. Solitude même d'une traversée en solitaire de l'océan. Et de ces solitudes découlent l'ennuie, l'envie de jeu, et de règlement qui permet d'avoir des ressenties forts lorsque l'on est offusqué par les dites règles. Et tout se clôture par un labyrinthe d'une comédie ou tout n'est que perception.
La poésie de l'œuvre est à la fois magique avec des saillies humoristiques superbes tout en décalage et bons mots truculents mais le sentiment de fond demeure une nostalgie et une tristesse latente. L'œuvre de Fred est unique en cela. L'ambiance d'un album de Philémon est tellement atypique. et dès ce second tome, nous y sommes. La petite musique surannée et magnifiques sera toujours fredonnée.
Question dessins, Fred commence à décortiquer un peu l'art du cadrage. Il est à noter toutefois que, sur une des deux petites histoires (le spéléologue) qui suit l'aventure du piano magique, Fred construit une planche superbe qui narre l'agrandissement du corps du spéléologue sur trois cadrages, construisant le visuel du corps entier tout en donnant une notion de ce physique qui s'allonge. C'est la première planche véritable d'un auteur qui va nous offrir les plus visuels narratifs, fait d'intelligence et de beauté.
Philémon voyage sur les lettres-iles imaginaires de l'océan atlantique. L'histoire est connue et cela a tant offert de plaisir à lire pour les enfants-lecteurs de Pilote.!
L'histoire est si connue que l'univers de Philémon est entré dans le Parthénon de la BD Franco-belge. Le naufragé du A est l'introduction féérique et bourrée d'imaginaire poétique à un univers qui s'étalera sur 16 tomes, tous plus farfelues les uns que les autres.
Ici, Les ressorts sont multiples de contemplativités. Les idées foisonnent de drôlerie, de simplicité et de poésie à l'état pur. Tout est irréel et tout existe. Malgré un récit de 68, la narration est fraiche, drôle sans excessivité et va de surprise en surprise. Toutes les situations sont innovantes, les parties pris détonnant dans la folie d'un auteur avec qui tout est possible.
Fred reste toutefois dans le cadre. La mise en page est classique mais déjà les pieds de nez apparaissent. Un radeau de la méduse pour touriste, des lampes de salon agressives qui veulent des naufrages, Un cabanon, royaume de la solitude qui est un palais. on ressent bien que Fred se libère petit à petit du carcan classique. Même si dans cet opus, nous ne sommes qu'au frémissement.
S'en suit ensuite deux petites histoires dont l'une possède un charme fou: Faire dégourdir les pattes des animaux de son manège. L'idée est d'une simplicité métaphorique rafraichissante. Et il n'y a que Fred qui peut nous raconter cela.
Fred, le maitre du 9ème art, a fait comme tout le monde. En cette année 1968, il dessine deux histoires su personnage qui n'est pas encore LE Philémon d'anthologie pour courir les magasines de l'époque afin de se vendre. "Spirou" n'en veut pas mais Goscinny et "Pilote" adore. "Goscinny m'a sauvé la vie" racontera Fred.
Pourtant la parution des 2 histoires ne plaira pas aux lecteurs de Pilote.. Trop naïf, trop d'incompréhension poétique, un dessin trop maladroit. Les lecteurs ont raison. Fred étire jusqu'à la limite deux intrigues qui tiennent sur post-it. Il n'y a pas d'inspirations particulières, pas de trouvailles poétiques qui font rebondir la narration. Et son dessin est scolaire, pétri de faux raccords et même parfois proche de l'amateur.
Pourtant les lecteurs ne voient pas ce que ressent Goscinny: Une formidable promesse d'un auteur visionnaire. Ici, on sent déjà les champs du possible. Fred, déjà, s'amuse à construire des lettrages qui offrent l'émotion et, en toile de fond, oui, il y a déjà un univers d'une belle poésie qui pointe son bout du nez.
Pourtant, et c'est là l'incompréhension, Fred a déjà publié ce qui est à mes yeux son chef d'œuvre dans les pages d'Hara-Kiri: "Le petit cirque". Peut être que Fred voulait faire comme tout le monde: Une structure narrative carré, une mise ne page en gaufrier, une histoire avec un début, un milieu et un fin. Et, ainsi, obtenir le sésame de l'édition en entrant, ainsi, dans le moule. Peut être qu'à la rédaction du "Petit cirque", Fred n'en avait rien à fiche du moule pour vivre de son art. Et puis ce chef d'œuvre est une multiplicité de courtes scènes alors qu'ici Fred apprend l'histoire qui dure plus de 4 pages. Bref Fred veut faire comme tout le monde et pouvoir payer son loyer.
heureusement pour nous, l'auteur sortira des sentiers battus dès le véritable 1er tome de la série. Et deviendra le magnifique poète d'illustration que nous aimons tant. "Avant la lettre" est une curiosité à lire.: celle de découvrir les gammes d'un auteur en devenir immense.
Revenons dans le passé. Durant la période Hara-Kiri, Fred écrit "Le petit cirque", son chef d'œuvre en même temps qu'il crée la race des "Manu-Manu" en de courtes scènes de deux pages, tout pareil que le petit cirque, mais en moins bien. Il y aura également une étude sociale de l'animal. Le tout sera publié en un seul album bien des années plus tard et je ne vous le conseille pas.
Fred reprend son animal fétiche pour l'intégrer à l'univers de lettres de l'océan atlantique tout en l'habillant littéralement du monde du guignol lyonnais. L'île des brigadiers est grâce à cela bourré de riches idées savoureuses. Le plaisir de découvrir cette île est succulent. Certes l'auteur aurait pu oser d'avantage, aller plus loin dans l'absurde ( il est à mon goût trop timoré dans son plaisir à déconstruire les codes du genre marionnette) mais le fonctionnement sociétal ubuesque reste génial de trouvaille.
Côté dessin, Fred continue à s'amuser dans le cadrage et les décors qui font le lien entre plusieurs cases. Le passage du bateau immobile naviguant sur des décors en mouvement lui permet d'aller un peu plus encore dans un travail novateur pour l'époque (nous sommes en 1975). Rien de transcendant si l'on compare ce tome au précédent mais suffisant pour prendre un plaisir visuel sur toute une planche.
A noter toutefois que cette aventure est la première à ne pas posséder une aventure plus courte dans son édition. Désormais, Fred tient ses 46 planches.
Voila on y est.
Fred sort des sentiers battus, la narration est visuelle avant tout. L'auteur nous offre une multiplicité de jeu dans le dessin et le cadrage. Le gaufrier a explosé. Les cases se font échos les uns aux autres racontant, par l'ensemble de la planche, autre chose. Fred est sorti des cases ( il y était trop étriqué) pour narrer visuellement au travers de la planche entière. Et le bonheur est total pour le lecteur. D'ailleurs, l'une des planches ( celle ou Philémon erre sur Simbabbad) est parfois étudiée en cours de 9ème art. Fred en était fier de cette planche ( il avait raison) et il l'avait conserver dans sa bibliothèque.
Du côté de l'histoire, là encore, Fred se lâche. Ce ne sont plus des scénettes collées les unes aux autres, formant un tout parfois malhabiles entre elles que Fred nous propose mais bel et bien une échappée poétique qui rencontre la philosophie, l'absolu tout dans le rien infini. L'auteur ose aller ou personne en 74 n'avait été: l'absurde qui résonne et qui donne du sens à l'iconoclaste.
Ici, le monde des lettres de l'océan atlantique est décortiqué. L'océan est un tapis; le monde, un chien; l'eau de la mer, de la bave; le ciel, des ronds de fumée. Et l'univers n'est plus simplement poétique. Il va bien au delà de la perception.
"Simbabbad de Batbad" parle certes toujours d'errance mais il en parle avec gravité, avec une pointe de suspens surannée.. La lecture de Philémon est adulte malgré tous les enfantillages qui n'en sont pas tant que ça.
A noter enfin que la seconde histoire de l'histoire se joue totalement des codes du 9ème art. Une histoire de guimauve qui assume être dans l'univers codifié d'une bande dessinée et qui cassent tous ces codes pour construire l'enjeu, le mouvement et le rythme même de l'histoire. Et c'est absolument réjouissant!!!
Le chef d'œuvre de Fred! Et Peut être même un chef d'œuvre absolu du 9ème art. Et pourtant...
"Le petit cirque" est constitué de courtes scénettes de deux pages publiés dans Hara-Kiri, journal crée par Fred, Choron, Gébé, Reiser bref toute la clique des anticonformistes à l'époque des années 60. Fred n'a donc que deux pages. Il écrit des histoires méchantes dans une urgence fébrile et cette fébrilité construit une multiplicité de thématiques que Fred veut exprimer. Poésie, absurde, pamphlet sordide, méchanceté ( tous les personnages le sont) et...errance. Et cette fébrilité résonne à chaque page comme des cris morbides mêlant poésie et cynisme.
"Le petit cirque" est la première œuvre de l'auteur. Il fait ses gammes en tant que dessinateur et raconteur d'histoire. Et le dessin est maladroit, parfois gauche, rude et brouillon. Mais l'ambiance est superbe, les couleurs au lavis incroyable de tension. Les visages approximatifs sont d'une émotion grave, incroyable d'intensité. Les dessins sont pour moi comme des œuvres d'art brut et naîf comme le douanier rousseau et les autres de cette catégorie de peinture. Et perso j'aime l'art naïf.
Dans "le petit cirque" il y a tout ce que sera Fred. Déjà, il y a des recherches sur le lettrage afin de mettre en lecture des sensations émotionnelles. Déjà il y a des cadrages qui se jouent du haut et du bas, de la perspective fuyante, du jeu avec le gaufrier.
Dans "le petit cirque" il y a surtout l'errance, le thème majeur de toute son œuvre. Fred raconte que ces histoires racontent aussi l'errance de ses parents, de leur long voyage et de leurs désarrois à l'arrivée. .
Alors, oui, pour moi, "Le petit cirque" est un chef d'œuvre du 9ème art. Pour l'auteur, c'était sa création préférée de toute son bibliographie. Alors ça tombe bien. On est raccord.
Dans les œuvres de jeunesse de Fred, période ou Fred certes maitrise les codes du 9ème art sans encore les sublimer, celle-ci est certainement ma préférée (A l'exception du "petit cirque" qui, selon moi, est son chef d'œuvre).
Car, déjà, il y a ce ressenti que Fred sait enfin construire une histoire qui possède un corps entier. Car, oui, les précédents opus sont comme des scénettes (très réussis) qui se collent l'une à l'autre sans véritable souci de cohésion. Ici, la théâtralisation et son univers offre à cette errance océane une continuité harmonique dans les affres poétiques et surprenant de l'auteur. La poésie est folle. la comédie humaine, inquiétante et les bons mots multiples.
Car, ici aussi, le dessin offre véritablement une homogénéité admirable entre les émotions des personnages secondaires qui sont une multitude dans cet univers ou la surprise fait loi bien qu'il y ait des échos nombreux avec notre société. Et Fred construit des pages superbes ou le cadrage raconte merveilleusement ce que l'on lit. Et puis il y a enfin ces autres cases qui se partagent les décors marins, ou Fred retourne au collage d'illustration d'époque, ou un mouvement en plusieurs cases sont décorés du rideau pourpre de théâtre. Fred, enfin fait du Fred. C'est encore timoré mais c'est un ravissement.
Et puis il y a les personnages haut en couleur. Cet incrédule, donc, qui décide de ne rien voir jusqu'à trouver les escaliers dans l'eau et considère cela comme logique, SA logique. Philémon, qui est un peu le Tintin de Fred, par qui l'aventure saugrenue se passe sans qu'il n'en décide rien. Et les acteurs marins, les critiques pirates et insulaires...Et bien sur, ce troupeau de souffleur.
Cette œuvre est, après plusieurs tomes de cette série, le premier album digne successeur du "Petit cirque" . Certes, Il y a encore trop de classicisme par certain côté et encore quelques liaisons maladroites. Mais le plaisir de lire est tout de même total.
Fred construit deux albums publiés en 1973 ( le tome 3 et tome 4 de la série). C'est une période ou l'auteur est prolixe et l'on peut considérer que ce tome est la suite du précèdent même si c'est bien deux histoires bien distinctes.
Oui, c'est deux histoires se ressemblent. Les ressorts, toujours détonantes, se multiplient sur cette nouvelle errance dans ce monde, certes poétique mais aussi violent, de notre jeune héros. Il y a des moments, des lieux qui ravissent l'imaginaire (Une baleine-métro, un chemin lumineux d'un hibou-phare, un château suspendu par une corde) mais, la lecture demeure confortable, sans vraiment de surprise. Fred est un merveilleux poète mais Fred, dans ce tome, n'est encore pas révolutionnaire. Il va bientôt l'être.
En terme de dessin et de narration visuelle, là encore, Fred demeure dans un certain classicisme. Même si, enfin, il se permet d'agrandir ses cases pour se permettre de plus beaux décors, de plus belles ambiances (pour notre plus grand plaisir). Mais, dans ce tome, on peut remarquer que Fred déploie un plaisir sincère à travailler ses lettrages. C'est encore frémissant.
Mais Fred commence à se déployer dans sa chrysalide pour devenir, au fil des tomes, un artiste de génie.
Découvrir des séries des années 80, courtes car elles n'ont pas connu pas les succès escomptés est un petit bonheur en soit. Elles sont comme des pépites, au détour d'un chinage en brocante et l'on se prend à chercher avec satisfaction les autres albums de la (petite) série.
Ici on découvre Taxi, une journaliste freelance qui n'a pas froid aux yeux et qui est une casse cou absolue pour un bon scoop. Détail intéressant, l'héroïne bien que trop mignonne et sexy n'est jamais vu comme une nympho, ni une femme fatale. elle n'est d'ailleurs jamais nue ( mêmes si elle est légèrement dénudé sur une ou deux cases de manière gratuite). c'est quand même rare dans ces années là et c'est à souligner. Au delà de ça, taxi est parfois écervelée, naïve mais elle fait preuve d'un sacré sang froid et d'une âme d'aventurière.
Le scénario est franchement bien foutu même si ce côté écervelée peut paraitre "très" écervelée et donc agaçant. les rebondissements sont nombreux et la narration secondaire (celle de taxi) prend la place du déroulement est devient principale à la lecture. Ce qui m'a totalement satisfait me concernant dans la lecture des rebondissements de l'histoire et de sa conclusion.
Mais là ou le plaisir absolu réside est dans le dessin. Bon dieu que ce classicisme est magnifique! Les décors du périple dans le désert sont somptueux. l'ambiance nocturne du réseau ferroviaire est incroyable de noirceur et de technique. Et les visuels à Barcelone et au Caire, incroyable de précision. Et l'auteur est un orfèvre surtout dans les mouvements de ses personnages et l'action entre protagonistes.
Si la narration visuelle et scénaristique sont d'un classicisme certain, il n'empêche: c'est franchement bien foutu et c'est dessiné par un auteur qui connait parfaitement son job.
Les aventures de Philémon continuent et, petit à petit, Fred devient Fred. ce tome 3 encore ne démontre pas la transformation. Fred demeure encore dans le cadre normé et aux dessins normatifs d'une bande dessinée des années 70. Et, malgré cette sagesse, il règne sur ce nouvel album un accent de renouveau.
Oui, cette histoire est bougrement pété de ressorts scénaristiques faciles voire même carrément miraculeux. les retrouvailles entre Philémon et Barnabé en sont la preuve, autant que l'ancre qui attrape le paletot et sauve la vie du héros, autant que la porte ouverte qui est LA porte de sortie parmi des milliers.
Oui, mais " Le piano sauvage" est d'abord l'histoire d'un rêve et, le parti étant pris, tout fait corps dans cette allégorie de l'ennuie et du jeu mondain à tout prix ( jusqu'à la justification d'un procès) mais aussi de l'errance et de la perte de repère. car, au delà de la belle poésie et des superbes dialogues d'un piano magique à dresser d'une gamme, d'un zèbre prison et d'une cours de justice ou tout est illogique, c'est bel et bien d'ennuie et de solitude dont on parle ici. Solitude de tout un groupe social, solitude d'un puisatier car il n'est jamais heureux du moment présent et nostalgique du temps passé. Solitude du père de Philémon qui se refuse à voir l'évidence farfelue de sa réalité. Solitude même d'une traversée en solitaire de l'océan. Et de ces solitudes découlent l'ennuie, l'envie de jeu, et de règlement qui permet d'avoir des ressenties forts lorsque l'on est offusqué par les dites règles. Et tout se clôture par un labyrinthe d'une comédie ou tout n'est que perception.
La poésie de l'œuvre est à la fois magique avec des saillies humoristiques superbes tout en décalage et bons mots truculents mais le sentiment de fond demeure une nostalgie et une tristesse latente. L'œuvre de Fred est unique en cela. L'ambiance d'un album de Philémon est tellement atypique. et dès ce second tome, nous y sommes. La petite musique surannée et magnifiques sera toujours fredonnée.
Question dessins, Fred commence à décortiquer un peu l'art du cadrage. Il est à noter toutefois que, sur une des deux petites histoires (le spéléologue) qui suit l'aventure du piano magique, Fred construit une planche superbe qui narre l'agrandissement du corps du spéléologue sur trois cadrages, construisant le visuel du corps entier tout en donnant une notion de ce physique qui s'allonge. C'est la première planche véritable d'un auteur qui va nous offrir les plus visuels narratifs, fait d'intelligence et de beauté.
Philémon voyage sur les lettres-iles imaginaires de l'océan atlantique. L'histoire est connue et cela a tant offert de plaisir à lire pour les enfants-lecteurs de Pilote.!
L'histoire est si connue que l'univers de Philémon est entré dans le Parthénon de la BD Franco-belge. Le naufragé du A est l'introduction féérique et bourrée d'imaginaire poétique à un univers qui s'étalera sur 16 tomes, tous plus farfelues les uns que les autres.
Ici, Les ressorts sont multiples de contemplativités. Les idées foisonnent de drôlerie, de simplicité et de poésie à l'état pur. Tout est irréel et tout existe. Malgré un récit de 68, la narration est fraiche, drôle sans excessivité et va de surprise en surprise. Toutes les situations sont innovantes, les parties pris détonnant dans la folie d'un auteur avec qui tout est possible.
Fred reste toutefois dans le cadre. La mise en page est classique mais déjà les pieds de nez apparaissent. Un radeau de la méduse pour touriste, des lampes de salon agressives qui veulent des naufrages, Un cabanon, royaume de la solitude qui est un palais. on ressent bien que Fred se libère petit à petit du carcan classique. Même si dans cet opus, nous ne sommes qu'au frémissement.
S'en suit ensuite deux petites histoires dont l'une possède un charme fou: Faire dégourdir les pattes des animaux de son manège. L'idée est d'une simplicité métaphorique rafraichissante. Et il n'y a que Fred qui peut nous raconter cela.
Fred, le maitre du 9ème art, a fait comme tout le monde. En cette année 1968, il dessine deux histoires su personnage qui n'est pas encore LE Philémon d'anthologie pour courir les magasines de l'époque afin de se vendre. "Spirou" n'en veut pas mais Goscinny et "Pilote" adore. "Goscinny m'a sauvé la vie" racontera Fred.
Pourtant la parution des 2 histoires ne plaira pas aux lecteurs de Pilote.. Trop naïf, trop d'incompréhension poétique, un dessin trop maladroit. Les lecteurs ont raison. Fred étire jusqu'à la limite deux intrigues qui tiennent sur post-it. Il n'y a pas d'inspirations particulières, pas de trouvailles poétiques qui font rebondir la narration. Et son dessin est scolaire, pétri de faux raccords et même parfois proche de l'amateur.
Pourtant les lecteurs ne voient pas ce que ressent Goscinny: Une formidable promesse d'un auteur visionnaire. Ici, on sent déjà les champs du possible. Fred, déjà, s'amuse à construire des lettrages qui offrent l'émotion et, en toile de fond, oui, il y a déjà un univers d'une belle poésie qui pointe son bout du nez.
Pourtant, et c'est là l'incompréhension, Fred a déjà publié ce qui est à mes yeux son chef d'œuvre dans les pages d'Hara-Kiri: "Le petit cirque". Peut être que Fred voulait faire comme tout le monde: Une structure narrative carré, une mise ne page en gaufrier, une histoire avec un début, un milieu et un fin. Et, ainsi, obtenir le sésame de l'édition en entrant, ainsi, dans le moule. Peut être qu'à la rédaction du "Petit cirque", Fred n'en avait rien à fiche du moule pour vivre de son art. Et puis ce chef d'œuvre est une multiplicité de courtes scènes alors qu'ici Fred apprend l'histoire qui dure plus de 4 pages. Bref Fred veut faire comme tout le monde et pouvoir payer son loyer.
heureusement pour nous, l'auteur sortira des sentiers battus dès le véritable 1er tome de la série. Et deviendra le magnifique poète d'illustration que nous aimons tant. "Avant la lettre" est une curiosité à lire.: celle de découvrir les gammes d'un auteur en devenir immense.
Simplicité et poésie. Et peut être même un petit majeur tendu bien haut de la part de Fred. Car, si monsieur Mousse ( puisque l'on ne voit pas le visage) ce serait Fred lui-même ? Alors son propos serait délicieux.
Lui qui n'a pas la télévision, qui vit dans son propre univers et ses propres histoires à l'ombre même de la lune céleste. Et moi j'aime cette idée que c'est peut par là la source du bonheur: la déconnexion, le cocon de l'imaginaire. Et cette simple histoire pleine de poésie à l'allure de conte pour enfant deviendrait une allégorie philosophique sur le choix, aussi, de vivre déconnecté de tout. Ne rien faire que rêver dans son lit. Et monsieur Mousse vit dans son lit. Ne faire qu'écouter les histoires. D'ailleurs Monsieur Mousse est peut être malade pour garder toujours le lit durant toute l'histoire . Comme Fred qui, durant cette période, a beaucoup garder le lit en hôpital.
Car le message final est également un message plein d'amertume sur le monde connecté, ce peuple dans l'impossibilité de rêver par soi même. Le final est d'une infinie tristesse. Alors que toute l'allégorie était à la fois cynique et naïve.
Du coté des dessins, Fred explore toujours autant les cadrages du gaufrier qui déborde de toute part, les lettrages qui racontent bien plus que les simples mots. il y a toujours chez Fred, le plaisir absolu des planches bourrées de trouvailles et d'émotions visuelles.
La lecture est double de poésie. Visuelle d'abord ou le plaisir curieux de découvrir à chaque planche une narration visuelle qui en met plein les mirettes et plein les émotions. sémantique ensuite car les mots de Fred sont toujours empreint de légèreté et lourdeurs car l'émotion prime toujours chez cet auteur incroyable.
Album atypique ou la couverture est la représentation exacte d'une case de l'album ( d'ailleurs assez moche et peu représentative de l'histoire) que celui-ci.
Ici, nous suivons les premières aventures de Taxi, enquêtrice casse cou et journaliste canon qui ose tout malgré une naïveté sur les évènements qu'elle engendre. Et cette héroïne qui connaitra deux autres aventures traduites en français (nous y reviendrons) ne sera jamais représentée nue ou sexuée par l'auteur espagnol. Ce qui est un évènement pour les femmes en papier des années 80/90!
Dans "Le labyrinthe du dragon", l'intrigue est somme toute classique pour un polar conspirationniste des années 80. Une multinationale, un organe de presse à sa solde, des meurtres racistes sous couvert d'une épidémie et d'un parti à l'extrême droite...bref, tous les ingrédients sont présent. Mais le final détonne. le petit arrangement entre amis offre un propos plus réel, donne un vertige plus grand.
C'est du coté du dessin que le plaisir est total. Alfonso Font illustre une ville espagnole avec superbe, osant des contre plongées magnifiques et des scènes fluides d'une maitrise absolue. Ici, un accident de voiture est dantesque de précisions. le détail des décors, les corps en mouvement offrent une immersion totale dans ce monde des années 90 parfaitement daté dans les vêtements, les véhicules et les modes de communication et de technologie.
Un beau retour en arrière, vers le passé avec toutes les thématiques matricielles de ces années qui fleurent bon tout de même ceux d'aujourd'hui.
D'abord Hipp n'est plus Hipp. Son visage qui était acéré, vénéneux, reptilien avec une coupe de cheveux parfaite de dandy impeccable n'est plus. Sa transformation, car Berthet évolue dans son travail de dessinateur, est tristounet. le voici devenu bonhomme et rondouillard avec une prestance capillaire brouillonne. Le charisme n'est plus. son regard alors perçant est devenu vague.
Ensuite, il y a Hollywood qui disparait. L'enquête a lieu ailleurs. sur un yacht et dans une contrée américaine profonde. alors que, dans les deux premiers albums, La cité des rêves était la toile de fond et une merveilleuse plus value. Un privé à Hollywood...c'était ça le bonheur de lecture. Ici, le choix des lieux rend l'album des plus communs.
Enfin, il y avait les cadrages, découpages qui empruntaient allégro aux codes des films noirs de la période ou progresse Hipp dans ses aventures. Et c'était le kiff en terme d'ambiance. Dans cet album, rien de tout cela. Ici, aucune narration visuelle qui ne raconte autre chose que l'histoire. C'est propre mais sans saveur particulière.
Alors, oui, La narration est pro. L'histoire, bien foutue et, oui, intégrer Connie la secrétaire comme personnage principale est réjouissant. Mais, malgré tout Connie finit en princesse en détresse qu'il faut sauver (en plus par le personnage le plus répugnant de l'histoire) et c'est dommage. Construire un personnage détective féminin qui enquête avec savoir faire et se sorte de toutes les situations aurait été bien plus pertinent.
Et, oui, le scénariste connait son job tout comme le dessinateur qui a un vrai talent mais cela n'excuse pas le ronflant du récit. On ne s'ennuie pas mais presque.
C'est classique, déjà vu un peu partout alors que les deux premiers albums avaient été si incisifs et détonnant. Dommage....
Bon...Ok. On a beau vouloir défendre un auteur oublié au trait génial, à l'ambiance éclectique, féérique des années folles et à l'architecture formidable des années 20, c'est quand même pas toujours possible.
Ok on essaye de sortir de l'abime un artiste injustement disparu, parfois même maudit qui vécu une dépression sévère et un décès trop brutal., mais on ne peut pas le défendre mordicus sur tout.
"Le mystère Van Hopper" est tout pété de "deus ex machina" qui, carrément, s'amoncellent dans une seule et même pièce au fur et à mesure des révélations toutes les plus verbeuses les unes que les autres. Pris au second degré, c'est très drôle. Ils se retrouvent dans la serre à plus de 100 persos ( car il y a aussi toute une secte dont les membres sont entichés d'un masque égyptien et on ne sait pas pourquoi).
Faut l'avouer, le final n'est pas loin du nanar scénaristique. C'est jubilatoire pris au troisième degré. On dirait un Adèle Blanc-Sec qui s'est pris les pieds dans le tapis. On dirait du Jules vernes qui ne sait pas quoi faire de son histoire et doit la clôturer en 46 planches. C'est tout foutraque, sans queue ni tête et c'est sympatoche voire marrant parce que c'est tout foutraque, sans queue ni tête.
Même les dessins de Wininger, d'habitude dantesque, est mis de côté tellement il y a de persos et tellement il y a de textes dans les cases. Il n'en demeure pas moins des moments superbes d'ambiance. Au début d'abord, dans une ambiance pluvieuse, l'auteur nous traine nostalgiquement dans un port aux navires effilés et somptueux. Et aussi dans un paris en noir et blanc ou l'on déambule dans un métropolitain pétri de féérie verte.
Autre chose enfin positive, la trilogie se clôture véritablement. Pas de cliffhanger non résolu, Nicéphore Vaucanson nous quitte comme il est venu....tranquillement en voguant vers d'autres aventures que nous ne connaitrons pas.
Il faudra bien l'avouer un de ces quatre....mais oui, les scénarios de Wininger ne valent pas tripette. Pas d'enjeu, ni de ressorts dramatiques. Pas de suspens et les résolutions viennent par la bonne destinée. C'est linéaire malgré le fantastique.
Peut être bien que oui mais moi j'aime bien ce fantastico-romantique, cette déambulation surannée qui se veut être un thriller mais qui n'est juste qu'un périple extravagant dans un siècle féerique à la Jules Vernes. Wininger fait du Jules en BD sans son génie mais, malgré tout, avec son talent.
Et puis il y a ce dessin tout à la fois figé dans les corps et si ressemblant dans les visages mais aux décors absolument superbes parfois même lyriques et aux couleurs vanille et délavées.
Ce qui est agréable dans la lecture de Wininger, c'est l'ambiance fantasmée du début du 20ème siècle. C'est les voyages des personnages par bateaux et voitures dans les différentes villes de France et Iles du monde. C'est aussi la visite guidée d'un siècle ou tout était possible avant 14 et ou tout était à explorer et découvrir.
Wininger, pour cela, est un guide génialissime.
Nicéphore Vaucanson (un ancêtre de Herbert Vaucanson de la saga Donjon???) s'en va sur une île mystérieuse pour résoudre une enquête. Enfin, non...Il se pose des questions à haute voix (pour nous lecteurs) qui se résolvent par le truchement du destin.
Tout comme Tintin, Nicéphore est journaliste, porte une tenue proche du petit belge à la houppette et se laisse guider pas sa destinée, témoin privilégié d'une histoire extraordinaire en cours..
Tout comme Tintin, Il est accompagné d'un docteur spécialiste et d'un illuminé maniant le pendule ( le prof Tournesol), d'un capitaine (Haddock) et même de deux presque-jumeaux enquêteurs ( Les Dupont et Dupond) voguant tous, donc, vers une île mystérieuse ou la flore est intense de mystère. Wininger reprend tout de chez Hergé avec en particulier ce fameux album à champignon pour en faire une aventure bretonne sérieuse.
Et, moi, j'adore!!!!
La précision du trait qui conte une aventure marine de toute beauté. L'auteur est un orfèvre dans la représentation des bateaux à voiles et de leurs intérieurs. Il l'est également pour nous conter cette histoire dans une atmosphère iodée et maritime, ou le bois craque. Même l'île est superbe de mystère durant une première partie. Et même si le suspens véritable fait couac lorsque la solution pointe son nez, même si les ressorts scénaristiques font tout même pschitt dans leurs conclusions, l'aventure est celle de Gentlemen qui sont d'une courtoisie savoureuse et d'une délicatesse vaporeuse. Et cela donne là aussi une atmosphère british qui, moi, me ravit.
L'aventure est douce, sans heurt avec ce je ne sais quoi d'exotisme breton qui fleure merveilleusement les périples des bateaux à voiles. L'album est atypique en cela et c'est en cela qu'il fait qu'il est unique.
C'est une BD Okapi. Rien que cela donne le sentiment nostalgique. Et bien la lecture l'est tout autant et c'est savoureux.
Attention petite perle de derrière les fagots dans le monde merveilleux du 9ème art !!!! Et cette critique espère remettre en avant cet album des années 90 réaliser par un artiste méconnu mais incroyable de talent.
Ici, c'est 7 histoires ou l'on suit 7 personnages formant un tout global, une évolution dramatique. 7 histoires qui poussent la logique mercantile et capitaliste de notre société d'aujourd'hui jusqu'à l'extrême et l'ubuesque. c'est glaçant de drôlerie avec tant de passage pertinent avec notre civilisation.
Par exemple, Les étudiants des écoles normales supérieures considèrent que la condition ouvrière est à 5 pour cent de la population alors qu'elle est est à 20 ( disparition donc de celle-ci). Par exemple, les influenceuses ressemblent tant à ces personnages féminins qui vivent dans l'album dans leurs seuls besoins reptiliens. Par exemple, le propos d'un plan mondial resonne parfaitement lorsqu'on compare ce propos avec la communication des multinationales d'aujourd'hui. "Stratos" serait-t-elle prophétique?
Au delà de ces références qui font mouche, le dessin d'un noir de plomb, ces décors surchargés de poncifs mercantiles, ces visages torturés par une société qui sclérose donne un ton noir profondément torturé qui assoit le propos de fin du monde. l'ambiance glauque pourtant offre un ton d'humour glaçant. Le noir du trait raconte autant que les cases d'une blancheur extrême. Ubu ici est roi. Kafka serait en terrain conquis.
La structure narrative est d'une pertinence inouïe. Du détail des vies abscons de chaque personnage dans les premières histoires, l'auteur construit un discours profond au travers d'un monde qu'il construit avec intelligence dans les dernières.
Prado raconte la société des années 90 et ce qu'elle pourrait devenir dans ses travers et son jusqu'au boutisme mercantile et totalitaire. Nous sommes en 2020, et je considère qu'il fait mouche sur bien des aspects de notre société d'aujourd'hui.
Convenons-en, lire Wininger est un plaisir véritable afin de ressentir l'ambiance sirupeuse de ce Paris 1910. Sous la neige de l'hiver, on déambule tranquillement ( malgré l'histoire policière) entre Javel et Montsouris tout en se baladant surs les rives du Nil sous la Seine.
Il y a biens des meurtres, des poursuites et une intrigue atypique de deux bandes rivales qui sont pourtant de la même secte. Mais les meurtres sont planplans, les courses poursuites aux ralenties et les ressorts dramatiques bien faciles. Si le second tome de cette trilogie rappelait les histoires d'Adèle Blanc-Sec, le dernier album de la série Victor Billetdoux se veut apocalyptique sans surprise. Les héros ne sont que des spectateurs inoffensifs d'une guerre fratricide entre les 2 clans possédant tout deux des armes de destruction massive surannées à la sauce science fictionnelle de l'époque ( et ça c'est savoureux).
Et puis, il y a ce final ou un champignon atomique pète sur le Nil et en plein Paris. Le final de la trilogie est sans appel. Tout le monde y passe même les héros qui, au final, n'ont été que témoins à peine privilégiés d'une histoire foutraque dans des décors splendides.
Wininger avait pourtant tenté de construire un 4ème tome à cette série durant l'année 1987., alors qu'il travaillait déjà sur 2 autres albums. Que s'est-il passé? Il a tout arrêté pour revenir à la BD plus de 10 ans après. On parle d'une dépression importante durant cette décennie de silence. Et voila pourquoi le final est sans appel. Le cliffhanger au départ est devenu le point de conclusion. Et, moi, j'aime bien ce final là. Pourquoi les héros devraient toujours s'en tirer? Ils ne quittent pas tous leurs aventures solitaire et au soleil couchant. Et puis il n'avaient pas qu'à être là au mauvais endroit et au mauvais moment. Surtout que clairement ils n'ont rien fait pour inverser ce qui devait être. Et la secte voulait être arroseuse de destruction et elle est arrosée. Et cela convient parfaitement avec le ton de la trilogie.
Rotundo au début de sa carrière est déjà un grand en devenir. Décor, cadrage, personnage, tout y est déjà dans le plus pur style de ce que sera le grand Rotundo. Nous en sommes aux balbutiements d'un trait certain et d'un savoir faire d'artiste génial. Mais ce balbutiement est déjà si beau!!!
Coté scénario Ferrandino fait aussi le job avec un twist final bien sympatoche, lié à un objet qui fait la trame de la narration ( qui ramène cette fiction dans la chronologie des évènements historiques). Et même si la narration n'est pas tant rythmée que ça, il y a toutefois de beaux moments et de beaux dialogues.
Les personnages certes ressemblent à tous le personnages des années 80 avec leurs archétypes et leurs caractères mais ici rien n'est manichéen et surtout pas les protagonistes qui sont de véritables études aux naturels du livre sacré dont l'album est la quête. "Le vol des dieux" raconte une comédie humaine en déliquescence jusqu'au raz de marée des sentiments qui ramène chacun d'entre eux à leurs véritables natures puisqu'auparavant, ils ne portaient que des masques.
Un album qui ramène aux années 80 avec tout le meilleur de la période.
Wininger serait-il un Tardi en mieux? Je sais. L'affirmation peut déplaire mais je m'explique.
Car Wininger ( un artiste injustement oublié dans le 9ème art) lorgne vers l'Adèle Blanc sec de Jacques ou des groupes éclectiques et atypiques se coursent les uns derrière les autres dans un paris en l'époque du début du siècle dernier.
Et si on demeure dans cette seule période Tardienne alors il faut se plonger dans les œuvres Wininger.
Car l'auteur suit à la lettre les déroulés scénaristiques d'Adèle avec des personnages hauts en couleurs tout pareil avec un mélange tout pareil d'ésotérisme, d'égyptophilie et tout un tintouin d'autres choses qui sent bon l'uchronie et le modernisme vu à l'époque. Wininger, tout comme Tardi, est grave fortiche pour nous créer un melting pot de thématiques qui sent bon l'imaginaire de l'époque. En cela, les ombres de nulle part ( Mais quel titre!!!!" ne diffère pas d'Adèle Blanc Sec et égalise en qualité le rythme, le déroulé et le suspense narratif.
Mais je préfère le dessin, le cadrage, les séquences de Wininger. Et Bon dieu que l'atmosphère de ce Paris-là est superbe. Que la finesse du trait des personnages autant que les décors sont superbes! Que les couleurs offrent une nostalgie sincère autant qu'une noirceur visuelle! Wininger est un orfèvre dans le cadrage de ces décors. Certes le rythme a cette lenteur sirupeuse de ce début de siècle-là et la lecture de ce BD, pour ado reconnaissons le, est d'un vrai régal.
La pseudo enquête et les pseudos sciences occultes sont prétextes à nous faire déambuler dans Paris 1901 magnifique de neige, de pluie, période dans laquelle une crue centennale se déclenche. Et là encore le crayon de Wininger est somptueux de précision et d'ambiance nostalgique.
Voila un Tardi en scénario qui nous en met plein les mirettes à la Wininger.
Que les choses soient claires, les 13 premiers albums de Michel Vaillant sont tous (quasiment) des chefs d'œuvre du 9ème art. C'est dit, on n'y revient pas. je ne suis pas objectif.
Et Jean Graton est un visionnaire. Car en 1962 ( date de publication dans le journal de tintin du 8ème pilote), il n'existe pas d'école de pilote chez les grandes marques automobiles. Certes, l'auteur utilise ce ressort scénaristique pour élaborer un huis clos sportif ou la comédie humaine tourne autour d'émotions simples mais riches pour la structure.
En 1962, nous sommes également en pleine guerre froide et Jean Graton, amoureux de la fraternité entre les peuples, construit sa trame principale autour d'un duo de pilotes dont l'un est russe et l'autre américain. Et l'auteur choisit de privilégier le russe. Le choix aussi se tourne sur le rapport social entre un marseillais à la condition modeste et le reste du groupe gravitant dans l'aristocratie et l'industrie.
Comme toujours Graton, construit sa narration avec, en toile de fond, la course automobile. Ici, il parle de courses "ville/villes" (courses interdites depuis un certain temps déjà). Et c'est avec bonheur que l'on redécouvre l'ambiance du Liège Sofia Liège, course mythique.
Sous des aspects naïfs, Graton propose une histoire plus complexe qu'il n'y parait. Et même si les valeurs (de l'époque) du sport et humaines sont les thématiques maitres de l'opus, il y a sous jacent une narration sur l'incompréhension des uns aux autres par le prisme sociale et politique. J'aime beaucoup le personnage d'Yves Douléac dans cette histoire qui offre, par son parcours, une vrai leçon de vie aux lecteurs.
Oui, c'est trop verbeux mais c'est l'époque qui voulait cela et oui c'est foisonnant de bon sentiments, de classicisme dans les hautes valeurs humaines. Nous sommes en 1962. Une période ou l'on va à la messe de minuit, ou les échanges se font à la poignée de main. Et alors? On peut construire une belle histoire avec de beaux sentiments. Et puis il y a ces moments de plaisir à lire les anecdotes d'une famille autour de la table. Ce n'est pas du remplissage. Ce sont des brèves de vie drôles et intimes réjouissantes.
Et le dessin de Graton, comme les couleurs de sa compagne, sont toujours un vrai bonheur de lecture avec des décors superbes, des physionomies qui racontent parfaitement l'émotion et, évidemment, des courses automobiles incroyables de mouvements et de vacarmes.
Je suis toujours subjugué par le Jean Graton de l'époque qui construira chaque années et durant 13 ans des histoires de 62 planches d'une telle qualité graphique mais aussi scénaristiques dans la condition humaine des 30 glorieuses. C'est toujours juste.
Enfin, l'ouvrage prépare, en de nombreuses planches, le retour de Steve. Et j'aime moi les hors champs qui permettent de nous situer sur le futur.
Chapeau bas l'artiste
En 1978, dans le journal PIF Gadget, est publiée une petite histoire à propos d'un héros à la Zorro sous le règne de Louis 13. Fort du sucés des lecteurs du magasine, il y aura plusieurs petites histoires du héros "Masque rouge". Les auteurs ne savent pas vraiment ou ils vont véritablement mais ils ne se doutent pas encore que débute ainsi une grande saga.
Ce tome 1 regroupe les 3 premières aventures riquiquis de ce Zorro à la française. Au delà d'être d'abord une curiosité à lire, on pressent vite le potentiel du héros et de ce qu'il va devenir. Cothias construit donc 3 aventures distinctes qui vont vite, évidemment trop vite allant à l'essentiel pour une conclusion rapide. Les personnages sont à peine effleurés malgré le fort potentiel de beaucoup d'entre eux. La narration est coupée au scalpel avec de grosse facilités scénaristiques pour que tout rentre en 6 ou 8 planches et les histoires sont parfois à la limite de l'anecdote. On se demande par exemple pourquoi Masque rouge apparait comme dans la dernière histoire de ce tome ou il donne juste son point de vue avant d'être attaqué par une dizaine de soldat.
Mais malgré tout cela le scénariste construit une ambiance, une légende autour de son héros. Il apporte une tonalité mystique autour de lui qui donne envie et qui subjugue. Le héros est tour à tour fantôme revenu des morts, symbole de justice pour le peuple, figure christique du sauveur. Et c'est par là que ce tome 1 est bien plus qu'une simple compilation d'aventure publié dans un mensuel, il y a presque déjà 40 ans.
Et cette ambiance de légende est merveilleusement portée par un dessin superbe. Certes Julliard est encore ici dans l'apprentissage de son art. Mais la maitrise est déjà présente dans les décors, les personnages et les combats à l'épée. Il y a même parfois des moments de grâce absolu dans le coin d'une case, sur le visage d'un personnage secondaire, une rue, un cadrage brumeux d'un cheval au galop.
Et il m'est toujours agréable de lire une œuvre majeure en devenir. Ce tome 1 comme les deux suivants sont comme des madeleine de Proust pour ceux qui aiment les 7 vies de l'épervier. Voila le véritable intérêt de cet album.
Attention plaisir coupable.
La chatte est une super héroïne serbe dans un New York à la Marvel dans les années 80 et qui a des pouvoirs de chatte ( elle retombe sur ses pattes et possède des griffes).
Mais son souci premier reste ses costumes qui ont une propension terrible à s'arracher à tout va. Evidemment "la chatte" est un pastiche avec les codes (maitrisés) du comics américain. Ne nous y trompons pas, même s'il est sexué, l'album n'est pas pornographique (Il n'y a pas de sexes masculins ou féminins visibles et il n'y a pas de scène porno).
Ici Les femmes ( super vilaines ou super héroïnes) sont très exhibes à fond et les hommes ( sidekicks et super méchants) sont très très habillés. mais là encore ne nous y trompons pas. Ce sont les femmes qui ont (presque toutes) du caractère et de la personnalité. les hommes, eux, sont des brutes épaisses, des abrutis finis, des couillons absolues dans tous les clichés possibles du con de base.
Les dialogues sont tous idiots, alliant les blagues potaches, les parodies aux douzièmes degrés et le scénario n'a aucun intérêt. Et c'est en cela que c'est drôle de bêtise. C'est un pastiche. au scénario grossier mais aux dessins très fins à la Jim Lee.
Et la maitrise est incroyable, du combat, du cadrage et des perspectives ainsi que de les corps tout est méticuleux, vifs, en mouvement, propre et cela permet de profiter encore plus de ce pastiche pas finaud pour un sou. Il y a même du Will Eisner dans la présentation des épisodes avec le nom de l'auteur dans le décor et les titres qui racontent une histoire. mais la correspondance avec Eisner s'arrête là car si celui-ci était un vrai maitre de la finesse, Bane Kerac est un orfèvre de la lourdinguerie scénaristique. Et c'est ça que c'est bon.
Pour qui a fantasmé de voir les costumes de supers héroïnes, dessinés par le grand Jim Lee, se déchiraient aux endroits adéquats va adorer le non sens du bousin. Et qui veut voir des méchantes avec des seins comme des citrouilles ( littéralement), aussi. Ensuite tout est dans le pouet pouet ( avec parfois de vrais moments dramatiques bien foutus) et perso j'adore ce genre de bd pour préado qui se fend la poire sur un prout.
J'avais découvert La Chatte dans USA magasine, il y a fort longtemps. Et j'avais acheté l'album car oui j'adore cette chatte catin et chatoune au cœur d'artichaud, belle comme le jour dans des postures de combats superbes et coquines ( comme dans un comics des années 80 finalement mais avec le costume déchiré en plus). Et le chiffre "1" préconisait des suites et c'était que du bonheur. Hélas les éditions USA ont mis la clé sous la porte dans un claquement de doigt. Même l'album n'est plus réédité et même que d'occasion y a pas non plus.
Et je suis sur que vous allez être deux à lire la critique tant La Chatte est partie dans le monde de l'oublie. Ce qui veut dire que je dois être le seul en France à un être un fan absolu de La Chatte, super héroïne qui décidément devrait prendre des leçons de couture.
Certes il y a du rythme comme presque toujours dans un album Donjon. Certes il y a des personnages bien écrits, drôles, touchant, avec toujours ces détails supplémentaires qui les rendent attachant. Certes, ceux, nouveaux, le sont autant que ceux du premier tome. Certes, il y a des rebondissements bien menés ( L'appel du quotidien notamment qui oblige à l'évasion, excellent!) et Certes le twist final renverse le lecteur de sa chaise.
A cela, on rajoute un dessin percutant parfois, superbe à d'autres moments autant que simplistes sur certaines planches. Vince est parfait en illustrateur à la fois post industriel et dans la jungle.
Enfin j'ai aimé comment on pouvait transformer son histoire lorsque l'on a peu de preuves historiques (tel est la quête de l'album). Ainsi l'atlas ( personnage assez génial) mélange antipode - et Crépuscule dans son explicatif historique ( soit 10100 albums de différences, ce qui est lot de tout historien amateur qui mélange les époques croyant sincèrement que cela peut coïncider)
Mais tout cela n'a pas suffit pour que ma lecture soit poussive. Elle fut juste agréable tout au plus. car si le début et la fin sont géniaux ( mickey mouse obèse en voyou de banlieue excellent!!!), l'essentiel de la trame à la Indiana Jones ne m'a pas plu. Trop de deus ex machina (avec une enquêtrice pile poil au bon endroit parce qu'elle est en filature), et un passage dans un sanctuaire trop mystérieux et dangereux. car à peine est-on rentré qu'il se détruit. le passage en jungle prend trop de temps dans la recherche et pas assez dans la fouille. On ne s'est rien. On ne saura rien. D'ailleurs est ce utile de savoir? Les auteurs ont une propension à faire toujours tout péter et parfois trop vite. Là c'est le cas. Même pas le temps d'appréhender le lieu que c'est fini.
Et puis, nous sommes déjà au second tome et toujours rien dans connexions avec l'univers Donjon ( à part le twist final biensur). Et je me dis de plus de plus que je lis une série qui n'a rien à voir avec l'univers que j'aime tant.
Bref de la frustration avec un énorme passage à vide ( passage qui ne servira à rien dans la série, j'en mettrai ma main au feu) malgré un début et une fin rythmé en diable et bien écrit.
Et voici une nouvelle série à 10000 albums de "Cœur de canard". Les auteurs aiment à multiplier les univers même si celui-là est loin de Donjon. Mais comme tout album, il faut les lire avec un regard neuf presque naïf à l'univers pour les saisir et passer un agréable moment de lecture.
Ici l'univers est industriel. Les automates de Vaucanson sont remplacés par des robots empruntés aux Kaîju japonais. Mais si l'emprunt de cet univers est inspiré aux mangas robotiques, les décors sont d'un parisien à la Tardi. Il me rappelle "Avril et le monde truqué" très américanisé avec du "Métropolis" de Fritz Lang pour le nouveau Donjon qui est à la fois la demeure des Vaucanson et l'usine des robots. On est en plein monde supra industriel.
Y-at-il des correspondances avec l'univers Donjon? Nullement bien qu'il y ait des allusions par ci et par là. Robert de Vaucanson est rouge avec un surnom qui fleure bon le grand Khan. Il y a aussi les automates donc qui sont désormais des robots. Et pis c'est tout.
Cette série pourrait donc n'avoir rien à voir avec le Donjon dont elle est affiliée mais je doute que les auteurs en reste là et c'est en cela que ce nouvel univers est savoureux. Cela va venir. Il ne peut en être autrement.
Malgré tout, cette introduction est bougrement fraiche. Toutes les inspirations des auteurs y sont mis pèle mêle avec panache et un certain bonheur. L'univers carcéral, la mafia, une civilisation mortifère et tyrannique sont autant de thématiques qui rythment diablement la narration. Et le nouveau personnage principal ainsi que les secondaires sont, comme toujours, bougrement bien écrit dans leurs schémas psychologiques.
De plus, Vince fait un joli travail d'illustration. L'univers Disney dans un univers violent, voila ce qu'il nous propose. Les décors sont souvent réussis, la technologie aussi. Il y a de vrais cases lyriques ( tel que l'évasion) et des moments de violences inouïes édulcorés par le personnage de Jo-Mimi si drôle dans son incapacité à comprendre ses gestes de morts. Vince colle bien à ce nouvel univers. Qui l'aurait cru.
Bref, la narration est limpide, fluide. Les scènes de combats bien illustrés. La rythmique est soutenu par tant de thématiques. Et tout a un sens . C'est réussi et ça donne envie de connaitre la suite avec l'espoir que cela se connecte avec l'univers Donjon.
Une introduction réussie.
Et voici une nouvelle série à 10000 albums de "Cœur de canard". Les auteurs aiment à multiplier les univers même si celui-là est si loin de Donjon.
Ici l'univers est industriel. Les automates de Vaucanson sont remplacés par des robots emprunté aux Kaîju japonais. Mais si l'emprunt de cet univers est inspiré aux mangas robotiques, les décors sont d'un parisien à la Tardi. Il me rappelle "Avril et le monde truqué" très américanisé avec du "Métropolis" de Fritz Lang pour le nouveau Donjon qui est à la fois la demeure des Vaucanson et l'usine des robots. On est en plein monde supra industriel.
Y-at-il des correspondances avec l'univers Donjon? Nullement bien qu'il y ait des allusions par ci et par là. Robert de Vaucanson est rouge avec un surnom qui fleure le grand Khan. Il y a aussi les automates donc qui sont désormais des robots. Et pis c'est tout.
Cette série pourrait donc n'avoir rien à voir avec le Donjon dont elle est affiliée mais je doute que les auteurs n'en reste pas là et c'est en cela que ce nouvel univers est savoureux. Cela va venir. Il ne peut en être autrement. Sinon, cela n'aurait aucun sens contrairement à "Antipodes -" qui, elle, a du sens.
Malgré tout, cette introduction est bougrement fraiche. Toutes les inspirations des auteurs y sont mis pèle mêle avec panache et un certain bonheur. L'univers carcéral, la mafia, une civilisation mortifère et tyrannique sont autant de thématiques qui rythme diablement la narration. Et le nouveau personnage principal ainsi que les secondaires sont, comme toujours, bougrement bien écrit dans leurs schémas psychologiques.
De plus, Vince fait un joli travail d'illustration. L'univers Disney dans un univers violent, voila ce qu'il nous propose. Les décors sont souvent réussis, la technologie aussi. Il y a de vrais cases lyriques ( tel que l'évasion) et des moments de violences inouïes édulcorés par le personnage de Jo-Mimi si drôle dans son incapacité à comprendre ses gestes de morts. Vince colle bien à ce nouvel univers. Qui l'aurait cru qu'il puisse.
Bref, la narration est limpide, fluide. Les scènes de combats bien illustrés. La rythmique est soutenu par tant de thématiques. Et tout a un sens . C'est réussi et ça donne envie de connaitre la suite avec l'espoir que cela se connecte avec l'univers Donjon.
Une introduction réussie.
Le Donjon Crépuscule n'est plus. Le roi poussière et le grand Khan non plus. Les scénaristes toutefois continue l'épopée avec deux personnages secondaires qui deviennent principaux et qui l'étaient déjà dans l'opus "haut septentrion". J'ai nommé Zakutu et Marvin le rouge.
Un fond philosophique sur la place du héros dans l'histoire avec un grand H est saupoudré par ci par là au détour de quelques conversations et les questionnements bien légitime de Zakutu. Mais cette démarche n'est pas le sel de cette œuvre qui utilise tous les codes du rônin, ces samouraïs sans maitre. Car le début de l'opus utilisent tous les codes des films de sabre.
Puis vient le gros de l'histoire. Marvin se fait courser le train par une nouvelle entité démoniaque " le démon des profondeurs". Cette poursuite est poussive voire énervante. Trop de cris, trop de répétitions, trop poussives aussi. Et les auteurs clôturent le combat du bien contre le mal dans le même album. alors qu'avec l'entité il aura fallu au minimum une dizaine. On dirait d'ailleurs un résumé.
Mais si le développement est harassant, le final lui est réussi. Le roi poussière revient ainsi que la cité des Olfs et les invisibles. les éléments du Donjon cumulés permettent un duel final dès plus réussis. Et on prend plaisir de savoir le roi poussière dans une retraite heureuse.
Zakutu, elle, est toujours bougrement bien écrite dans ses désillusions, sa notion réelle des choses et sa soif insatiable de reconnaissance. Marvin le rouge est lui aussi parfait dans tout ce qu'il représente d'énervant, de stupide et d'adolescence perverse.
Le dessin D'Obion sert bien le propos d'un japon féodal. Il est lisible, agréable et construit même parfois une patte qui sublime la bible graphique de Donjon. Contrairement à son précédent opus dessiné. L'auteur fait un job qui sied bien à cette histoire toutefois sans rythme véritable dans son déroulé, à l'exception du final.
Malgré tout, je ne peux m'empêcher de penser que cette aventure est un prequel à la série qui suit "antipodes +". En effet, ce donjon très identifiable au moyen âge japonais et ses samouraïs laisse place à un "Rubeus Khan" qui va emprunter tant au films de monstres ou Kaîju de cette même culture japonaise. De plus, on retrouve en ennemi ce fameux Démon des profondeur.
Les auteurs nous préparent au futur de Donjon. Peut être est-ce le seul intérêt de cet album...
Donjon Crépuscule se clôt avec son narratif principal. Et il faut lire simultanément "Haut septentrion" et " la fin du donjon" pour comprendre combien la conclusion est dantesque car, sans cela, les deux œuvres semblent bâclées, bourrées de trous scénaristiques. Et c'est en dansant dans la lecture avec l'un et l'autre que l'on comprend mieux le génie des scénaristes et que l'on prend un plaisir fou à lire cette conclusion apocalyptique.
Car dans "Haut septentrion", le début de l'histoire est tellement parsemé d'incompréhensions que le rythme de lecture se désagrège au fur et à mesure. C'est à la lecture de "La fin du Donjon" que le rythme de lecture reprend. C'est en jonglant avec l'un et l'autre que l'on saisit la portée de l'histoire qui nous mène tambour battant vers les confrontations finales époustouflantes: Dans "haut septentrion" (le duel des objets du destin) et dans "la fin du donjon" ( la mort de l'entité noire).
On assiste aussi à une boucle logique entre "le grand animateur" ( 1er album de la quête de l'entité noire) avec la "fin du donjon" et les réponses aux questions, nombreuses dans ce cycle de l'entité noire, sont faites pour notre plus grande joie de lecteurs avides de compréhensions narratives. Les boucles sont bouclés. Parfois de manières curieuses (Cormor ne sert à rien en fait), parfois de manières violentes (certains personnages principaux meurent) et parfois de manières abruptes (les situations sont trouvés aux hasards).
C'est donc un grand foutraque qui permet la conclusion. Mais n'est ce pas, après tout, l'identité même de Donjon?
C'est en tout cas riche, gourmand et la lecture ( cumulé "la fin du donjon" et "haut septentrion", je le rappelle) est copieuse de situation drôle, épique autant que ridicule et drôle.
Et il est amusant de côtoyer l'épique des grandes batailles avec un tripotage de nichons et le passage aux cabinets. Il est jouissif que la grand bataille soit dans la grande salle pendant qu'un combat stupide se mène entre Marvin et Herbert dans le couloir. Et il marrant de voir que la sagesse des deux héros principaux ne servent à rien face à la colère, la hargne de Zakutu et Marvin le rouge. L'univers Donjon est bâti sur des pieds de nez et des pieds de nez et des pieds de nez encore..
Car C'est bel et bien Zakutu qui devient le personnage principal de la saga. Incroyable guerrière, stratège bourrine et d'une grande intelligence à comprendre les situations, elle est parfaite dans son duo avec Marvin le rouge qui s'interchange.
Hélas, le dessin d'Alfred dans "haut septentrion" fait le job sans être foufou de générosité en décors et bataille. Il s'en sort mieux à la fin durant le duel final. Mazan, lui, fait mieux et nous régale parfois, bien que les décors là encore soit minimalistes. Hors un monde en reconstruction aurait pu envoyer du lourd question décor. Dommage donc que du coté dessins cela ne suivent pas.
Et hélas, si on ne lit pas en simultanée les 2 albums ( l'un en lecture et l'autre sur les genoux à la page de là ou on a laissé l'histoire pour lire la suite sur l'album que l'on lit...vous avez compris le mode d'emploi? ) on passe à côté de tout. On peut même être énervé par le saccage final. Le parti pris est donc osé. il peut ne pas plaire. Il peut même être détester.
Enfin dans le final de "haut septentrion" on assiste aux départs à l'aventure de nos 2 nouveaux héros. C'était devenu un lightmotif de tous les albums de Donjon Crépuscule. Mais cette fois-ci on change de protagonistes. Donc la possibilité de nouvelles aventures?
Dans le final de "La fin du donjon", on assiste à un coucou entre un Marvin heureux et un Herbert travaillant sur un bureau comme le gardien du Donjon Hyacinthe. Y aurait il un nouveau Donjon dans la suite des aventures ?. Sachant que celui du gardien est bel et bien en ruine. Et le final de celui-ci est très jolie poétiquement en de très belles cases du temps qui passe.
Donjon Crépuscule se clôt avec son narratif principal. Et il faut lire simultanément "Haut septentrion" et " la fin du donjon" pour comprendre combien la conclusion est dantesque car, sans cela, les deux œuvres semblent bâclées, bourrées de trous scénaristiques. Et c'est en dansant dans la lecture avec l'un et l'autre que l'on comprend mieux le génie des scénaristes et que l'on prend un plaisir fou à lire cette conclusion apocalyptique.
Car dans "Haut septentrion", le début de l'histoire est tellement parsemé d'incompréhensions que le rythme de lecture se désagrège au fur et à mesure. C'est à la lecture de "La fin du Donjon" que le rythme de lecture reprend. C'est en jonglant avec l'un et l'autre que l'on saisit la portée de l'histoire qui nous mène tambour battant vers les confrontations finales époustouflantes: Dans "haut septentrion" (le duel des objets du destin) et dans "la fin du donjon" ( la mort de l'entité noire).
On assiste aussi à une boucle logique entre "le grand animateur" ( 1er album de la quête de l'entité noire) avec la "fin du donjon" et les réponses aux questions, nombreuses dans ce cycle de l'entité noire, sont faites pour notre plus grande joie de lecteurs avides de compréhensions narratives. Les boucles sont bouclés. Parfois de manières curieuses (Cormor ne sert à rien en fait), parfois de manières violentes (certains personnages principaux meurent) et parfois de manières abruptes (les situations sont trouvés aux hasards).
C'est donc un grand foutraque qui permet la conclusion. Mais n'est ce pas, après tout, l'identité même de Donjon?
C'est en tout cas riche, gourmand et la lecture ( cumulé "la fin du donjon" et "haut septentrion", je le rappelle) est copieuse de situation drôle, épique autant que ridicule et drôle.
Et il est amusant de côtoyer l'épique des grandes batailles avec un tripotage de nichons et le passage aux cabinets. Il est jouissif que la grand bataille soit dans la grande salle pendant qu'un combat stupide se mène entre Marvin et Herbert dans le couloir. Et il marrant de voir que la sagesse des deux héros principaux ne servent à rien face à la colère, la hargne de Zakutu et Marvin le rouge. L'univers Donjon est bâti sur des pieds de nez et des pieds de nez et des pieds de nez encore..
Car C'est bel et bien Zakutu qui devient le personnage principal de la saga. Incroyable guerrière, stratège bourrine et d'une grande intelligence à comprendre les situations, elle est parfaite dans son duo avec Marvin le rouge qui s'interchange.
Hélas, le dessin d'Alfred dans "haut septentrion" fait le job sans être foufou de générosité en décors et bataille. Il s'en sort mieux à la fin durant le duel final. Mazan, lui, fait mieux et nous régale parfois, bien que les décors là encore soit minimalistes. Hors un monde en reconstruction aurait pu envoyer du lourd question décor. Dommage donc que du coté dessins cela ne suivent pas.
Et hélas, si on ne lit pas en simultanée les 2 albums ( l'un en lecture et l'autre sur les genoux à la page de là ou on a laissé l'histoire pour lire la suite sur l'album que l'on lit...vous avez compris le mode d'emploi? ) on passe à côté de tout. On peut même être énervé par le saccage final. Le parti pris est donc osé. il peut ne pas plaire. Il peut même être détester.
Enfin dans le final de "haut septentrion" on assiste aux départs à l'aventure de nos 2 nouveaux héros. C'était devenu un lightmotif de tous les albums de Donjon Crépuscule. Mais cette fois-ci on change de protagonistes. Donc la possibilité de nouvelles aventures?
Dans le final de "La fin du donjon", on assiste à un coucou entre un Marvin heureux et un Herbert travaillant sur un bureau comme le gardien du Donjon Hyacinthe. Y aurait il un nouveau Donjon dans la suite des aventures ?. Sachant que celui du gardien est bel et bien en ruine. Et le final de celui-ci est très jolie poétiquement en de très belles cases du temps qui passe.
Une histoire dans l'histoire.
Cela pourrait avoir son charme que de suivre Marvin dans son périple de morceau de terre en morceau de terre afin de nous raconter un propos philosophique. Star trek ( la série originale) allait bien de planète en planète pour nous raconter les thématiques contemporaines des années 60 aux états unis? Ici les auteurs nous parlent évidemment de l'aliénation des peuples, des sociétés patriarcales dans un contexte de mythe de Sisyphe. Et c'est drôle plutôt. Pas mal intéressant dans une belle ambiance anxiogène de morts.
Certes le propos a de quoi questionner mais on est loin de l'univers Donjon. Rien de nouveau à part cette petite histoire philosophique dans la grande histoire du Donjon.
Et j'aurais vraiment adoré ce propos à la Albert Camus si le dessin était au diapason. Hélas, les premières planches sont visuellement incompréhensibles, les décors inexistant et les personnages au brouillon. Pire, la narration s'oublie. Pipistrelle disparait. Ok...on ne l'avait pas remarqué. Puis il faut aller le chercher. Ok...on ne remarque pas d'avantage quand on le récupère. Et pourquoi a t-il disparu? Comment s'est il perdu ? Aucune idée. Pourtant cette péripétie est importante dans a narration. Et puis la matrone disparait aussi. Ok. Ou est-t-elle? Aucune idée.
Et tous ces éléments brouillons en plus d'un dessin bâclé ( selon mes gouts) m'ont fait sortir de la narration plusieurs fois. Une narration qui pourtant offrait quelque chose de différent depuis longtemps. Dommage. L'hypnose n'a pas marché.
Que l'après Armageddon est réjouissant!
Drôle, relevé, enjoué cet opus comme le précédent dénote d'un partie pris jovial alors que dans la trame général de l'univers on parle bel et bien de fin du monde. C'est un pied de nez salutaire comme aiment à le faire nos scénaristes. Car précédemment les cycles de potron minet n'étaient pas à la gaudriole et ceux de Zenith entrent dans une période complexe sur la nature humaine, l'ère de Crépuscule choisit l'allégement.
Et malgré une comédie humaine torturée et une réflexion politique de l'après tyrannie plutôt bien foutue ( on assiste aux désirs de pouvoir d'une multitude de groupe familiale ou de caste et aux manières de l'obtenir) sur lesquels l'ancien grand Khan manœuvre avec brio, l'humour reste potache et les retrouvailles entre les personnages principaux sont pétries de plaisirs.
Le final un peu en l'emporte pièce prouve clairement du besoin de Marvin à être ce que fut Herbert au début du Donjon Zenith alors que notre canard de Vaucanson, lui, est devenu responsable de ses actes avec des valeurs qui lui sont propres comme le fut Marvin au début de Zenith. Ce revirement de personnalités assoit une longue narration extrêmement bien construit. De plus, la conclusion promet de nouvelles et belles aventure futures ludiques alors que, pourtant, Terra Amata se disloque plus encore jusqu'au risque de disparation mortifère.
Ce parti pris de rire de la fin du monde, d'être jovial dans la destruction, de ressentir la joie dans l'anéantissement prouve une nouvelle fois le savoir faire de Sfar et Trondheim qui aiment surprendre et qui réussit à le faire pour notre grand plaisir de lecture.
Le dessin des sieurs qui se cachent sous le patronyme de Kerascoët est sublime à certains moments comme il peut être brouillon à d'autres. Le plaisir de lecture s'en ressent un peu. Certes la chartre graphique est respectée, les ombres, les nocturnes et les décors offrent une ambiance de conspiration et de fin du monde tout à fait pertinents mais les personnages sont hélas parfois cassés par des traits maladroits dans leurs mouvements. Rien de grave mais à noter tout de même.
Après l'Armageddon et le monde Terra Amata disloqué, voici la respiration ludique avec un petit gout de paradis.
Marvin le rouge et le roi poussière s'offre une parenthèse heureuse et joviale. et ce souffle détonne par rapport à l'ensemble des œuvres de Donjon souvent mortifères, cyniques, violentes.
Dans ce Lagon, le moment de plaisir et de bonheur prime. Et il est agréable de voir un roi poussière détruire ses valeurs religieuses pour juste vivre en paix, il est heureux de le voir Papy gâteau et homme amoureux. Marvin devient ce que fut Herbert au premier tome de donjon Zenith car Herbert ne voulait en définitive qu'une vie simple et fut emporté par sa lignée et les objets du destin.
Du coté de Marvin le rouge, c'est l'adolescent à la sève qui ne cesse de monter. Et le sexe prend une place importante dans cet opus. Comme si la jouissance était le seul lien du bonheur.
Bref tous les personnages masculins se transforment pour être plus juste et plus heureux, ouvrant leurs yeux sur l'inutile rigidité religieuse (Baal, Orlandow et Marvin) grâce aux femmes de l'histoire qui rappelle les nécessités simples pour une vie heureuse. Toutefois, seule Zakutu refuse l'Eden, assoiffé par ses privilèges alors que tous les quittent tels des oripeaux pour vivre à l'Adam et Eve.
Le dessin coloré, chaud et plein de ciel bleu et d'horizons superbes narrent à la perfection cette chaleur humaine et ce petit goût du bonheur.
Une très belle respiration heureuse
Cet album ne peut être lu qu'avec "Armageddon" et " la carte majeure. En effet, ces trois tomes racontent la fin du monde ( l'Armageddon) au travers de trois personnages et tous sont interconnectés, construisant ainsi une narration complexe mais ludique.
De cette expérience a trois albums, c'est celui-ci le plus réussi car le plus noir et le moins drôle. Sfar et Trondheim construisent ici un magnifique Herbert. Ses doutes, ses angoisses et sa transformation sont ici merveilleusement narré. Les auteurs prennent le temps de nous raconter le grand Khan. il n'était que le némésis lointain durant un grand nombre d'albums qui narrent le crépuscule. Ici, on l'aborde avec toute la complexité d'un gentil qui est devenu très méchant. Son parcours mais aussi la réflexion politique d'une aire tyrannique qui pourrait changer de main est formidablement décrit.
Biensur il y a les interconnexions avec les autres albums qui donnent beaucoup de plaisir de lecture mais, contrairement, aux deux autres albums qui ne narrent en définitive que deux périples distincts, ici on suit une transformation tout en conservant le cynisme, le savoir faire politique d'un Herbart désabusé par le monde qui l'entoure et par ses actes propres en tant que grand Khan, autant génocidaire que nécessaire selon lui.
Raconter les affres d'un tyran sanguinaire que l'on a tant aimé avant, voila le propos principal de cet opus bougrement intelligent dans ses partis pris.
Pour couronner le tout, le dessin de blanquet ne minaude pas dans le trash et le violent. Au diapason d'u trait gras et boursouflé d'agressivité, il sert parfaitement le propos à la fois naïf animalier et coléreux, frénétiques du personnage.
Un sans faute.
Cet album ne peut être lu qu'avec "Armageddon" et " le noir seigneur". En effet, ces trois tomes racontent la fin du monde ( l'Armageddon) au travers de trois personnages et tous sont interconnectés, construisant ainsi une narration complexe mais ludique.
Car Sfar et Trondheim ont la possibilité de construire des narrations multiples sur une même période tant l'univers Donjon est complexe, multiple et tant le nombre de tome est pharamineux. Enjoy donc car le principe est absolument savoureux.
Ici nous suivons le parcours de Marvin le rouge dans sa quête d'une carte. Tour à tour idiot du village et grand guerrier, le personnage oscille entre plusieurs comportements tout à fait immature. C'est étonnant voire parfois ridicule construisant par là toujours les ressorts drolatiques de l'album. Mais ces divers changements ne facilitent pas la narration. Dommage.
Il n'en reste pas moins de pur moment de doubles lectures savoureuses tel que ces moines qui attendaient la fin du monde dans le silence et la chasteté. Oui, leurs récompenses à cet ascétisme apparaissent ( les femmes et la terre de miel) mais la réalité altère la prophétie ce qui engendre de vrais moments très drôles tout en y instillant de vrais réflexions sur l'après religiosité. Nos moines ne sont pas préparés, se comportent comme des adolescents alors qu'ils ont construit toute une vie de philosophie.
Mais à part cela, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. La faute principalement à notre protagoniste principal qui est trop changeant. On aimerait tant assister au passage de Marvin rouge à la vie d'adulte. malgré tout, le plaisir reste total. car ce tome se lit avec les deux autres cités plus haut et l'expérience de ce moment suivi par trois protagonistes est absolument réjouissant dans les interconnexions. Peu importe les quelques lacunes par ci par là. C'est l'expérience globale qui donne le plaisir pur de lecture.
Le scénario se veut ludique, léger et drôle. Il tient à merveille ses promesses.
Le dessin d'Andréas est reconnaissable entre mille. la structure de ses cases ainsi que le trait si atypique du génial artiste notamment. Malgré tout, ce génie sert le propos et dessine sans déparasiter la bible graphique de l'univers graphique. Et c'est en cela que l'on sait qu'un artiste est grand. Il ne tire pas la couverture à lui et demeure un artisan qui sait intégrer tout un univers déjà fort étoffé. Bravo à lui d'avoir été si humble.
Cet album ne peut être lu qu'avec "la carte majeure" et " le noir seigneur". En effet, ces trois tomes racontent la fin du monde ( l'Armageddon) au travers de trois personnages et tous sont interconnectés, construisant ainsi une narration complexe mais jubilatoire.
Ici donc on suit Marvin avec les dessins du chat du Rabbin car Sfar change une nouvelle fois son trait dans Donjon Crépuscule pour adopter celui qui fait son succès dans cet autre série. Alors, oui, Sfar est un génie du trait simple qui raconte le complexe et le beau. Mais je regrette tout de même qu'il ne fasse pas un choix propre et unique à Crépuscule. Ceci dit le plaisir de lire reste entier.
Dans cet opus, on rigole un peu dans tout un tas de scène à l'hémoglobine florissante. Les batailles se multiplient avec hystérie et violence. Et toutes les histoires narrées ont du sens psychologique et narratif lorsque l'on lit les autres parcours des autres personnages tel que Marvin le rouge ( la carte majeure) et Herbert ( le noir seigneur, l'album le plus réussi des trois ). Mais sans cet obligation à lire les autres tomes, on peut passer à côté d'une multitude d'évidence tel que les Olfs étaient civilisé mais ne le seront plus car un roi légendaire vient de réapparaitre.
Réjouissant, l'album reste le plus drôle des trois. Gilberto plane à 100000, le procès est d'une bêtise crasse mais il y a aussi les moments de vérité tel que celui de Pipistrelle la chauve souris concernant sa mère et qui rappelle que les destinées ne sont pas toujours heureuses.
Un bel album qui fonce de péripéties en péripéties mais qui s'attarde aussi à nous faire réfléchir.
Musidora a enfin sa BD Bio! Quelle belle idée que voila et le boulot est fait, propre sans bavure avec un dessin suranné qui fleure bon la nostalgie de cette belle époque et de ce temps de guerre que la France a connu au début du siècle dernier.
Ne vous méprenez pas. Musidora est connu pour être la première star internationale du cinéma français qui, à l'époque, était le plus important du monde. Dans ces rôles tel que Irma Vep (les vampires) et dans Judex, elle est une égérie absolue. Elle est aussi devenue une icone véritable du mouvement existentialiste.
Hélas, dans cette biographie illustrée tout y est trop sage. Les histoires de vie de la future actrice passe sur elle sans émotion, ni véritable passion. On ne la connait pas d'avantage dans ses ressenties. Elle qui pourtant a bousculé la sensualité sur pellicule, a choqué tant et tant les valeurs de l'époque, a tapé du pied dans la fourmilière de cette civilisation machiste.
Cette bio, très joliment dessinée, ne gratte qu'à peine, passant à la surface de l'essentiel. Quid de son rapport à Colette? Furent-elles amantes? Quid du rapport de Musidora sur ce siècle bien sombre. On ne sait que peu et parfois même rien. Le scénariste ne fait qu'énumérer un trajet d'existence bien lisse.
Et même dans ce si joli dessin nostalgique, je regrette que la narration visuelle ne fasse pas de réflexions plus profondes sur les affiches magnifiques de l'époque ainsi que du travail existentialiste superbe dont Musidora fut la muse. Il y aurait pu avoir des interprétations ou des reprises de toutes ces magnifiques illustrations. Hélas non. Tout y est trop sage.
Enfin, l'ouvrage se clôt au dernier épisode des vampires. Musidora est alors au sommet. Mais cette actrice aura aussi un magnifique rôle dans Judex, réalisera de superbes films muets, vivra en Espagne avec un toréador une relation passionnelle. et aura un fils dentiste dans un petit village français avec qui, je crois, elle va finir sa vie. Qu'il est donc dommage de clôturer ainsi cet unique album. On espère même un second tome mais il semblerait que non. Ce sera tout.
Il n'empêche. L'album narre merveilleusement la folie de Feuillade, l'onirisme de Colette, l'enfance de Musidora et les coulisses de cette machine à faire des films français triomphant mondialement.
Et puis oser faire une BD sur cette actrice extraordinaire ( que personnellement je vénère) mais désormais absolument inconnue ( Comme Sarah Bernard ou Harry Baur, tous deux aussi des montres sacrés de notre culture) dans notre culture franchouillarde est déjà en soi un très beau projet.
Merci à vous pour cela.
Merci à vous d'avoir sorti Musidora du silence.
L'apocalypse et le sacré selon Donjon.
Au détour de quelques drôleries savoureuses, Voici un opus qui clôture le propos messianique du 1er tome lors de la rencontre entre deux figures légendaires dans ce monde détruit. Alors qu'autour du Grand Khan et du roi poussière se dressent religion, légende et rapport mystique, leur rencontre au sommet (d'os) démystifie la totalité du parcours. Certes ils restent des personnages d'une grand force par des talents violents mais entre la légende et réalité, la conversation popotte , en plus d'être drôle par la déconnexion, rappelle qui ils sont vraiment et quel est le véritable parcours. Entre l'un qui possède des pouvoirs gigantesques par hasard mais qui n'en voulait pas et l'autre qui en voulait par religion mais croit en avoir d'avantage, Donjon Crépuscule raconte avant tout une farce malgré tout apocalyptique. Et c'est là la force de cette série.
Puis viendront le temps de la famille et de la transmission au duché de Vaucanson qui est devenu le mal. Les auteurs alors écrivent sur la famille et de nombreuses informations Donjon viennent à nous avec truculence et actions haletantes.
Sfar, on le sent, prend plaisir à dessiner. D'un trait assez passe partout dans le premier tome, le voici identifiable à la patte du maitre. Sfar sait tout illustrer...même de l'héroïque fantaisie a à la sauce Bébête.
Du pur plaisir
Retrouver nos deux personnages rigolards, bagarreurs et colériques autant que fêtards dans des comportements quasi bibliques est d'un engouement total pour le lecteur que je suis.
On découvre le destin d'Herbert à la fin de l'opus. C'est donc un sorte de "Dark Vador" qui, de main de maitre, terrorise Terra Amata. Il est le mal absolu. Mais l'album suit le parcours de Marvin, le "Yoda" sage qui se croit magique. Il est un ermite qui prendra la route pour enfin aller mourir, accompagné de deux trublions. Marvin le rouge, vrai révolutionnaire adolescent et Pipistrelle, à la candeur d'enfant. Ces 3 personnages qui représentent les 3 étapes d'une vie d'homme avancent vers la mort alors que le monde autour d'eux ne bouge plus pour vivre. L'allégorie est belle, empreint de culture et de personnages empruntés à la pensée juive. Le Golgotha, la géhenne et tous ces rapports au destins et à la mort. Marvin est messie pour un enfant et un ado qu'il ne pourra pas tuer car il est trop fatigué pour cela. Alors que Marvin tue et tue encore pour que cesse de bouger le monde et qu'il n'explose pas.
Bien sûr, il y a du drôle. ces courses poursuites aux multiples poursuivants rappellent les poursuites de Tardi (Adèle Blanc-sec) et de Winninger (Victor Billetdoux) et apportent une drôlerie bienvenue, un peu foutraque. Le parcours de Marvin est jonché d'épreuves singulières et inattendues. Et le dessin de Sfar ( qui voulait tant dessiner un Donjon) est en harmonie avec le propos.
Car La série sera celle qui narrera le sacré dans l'apocalypse, le sens du religieux et du divin. le 1er tome, l'introduction, est très réussie en cela.
Voici Une OBDNI (Objet Bande dessinée non identifiable) dès plus singulier. Lorsque le temps est perdu alors il faut le remplir et, parfois à perdre ce temps-là, on déambule et on a tout à y gagner.
Frank scénarise lui même son œuvre et fait, évidemment, la part belle à ses dessins superbes. Ici, beaucoup de campagne à horizons magnifiques, d'arbres à caractères millénaires, d'images oniriques aux couleurs chaudes. Frank magnifie cette campagne qui se trouve de l'autre côté de la fenêtre. Nu besoin de voyager pour en prendre plein les yeux. Il suffit de regarder au dehors.
Et dans ce temps-là à perdre, Frank nous porte de rencontres fantasmagoriques, avec des propos écolos qui sont trop too much à mon gout (trop sectaire autant que trop naïve), en rencontres végétales, avec des badineries philosophiques qui, elles, touchent juste....Jusqu'à la rencontre du faune.
C'est long et c'est contemplatif. Il n'y a pas de narration particulière dans cette nuit si atypique ou Broussailles écrit pendant que que Catherine dort. Mais ça fonctionne parfaitement. Le contemplatif et la réflexion poétique suffit à nous faire déambuler au fil d'une histoire chapitrée uniquement en idées.
Frank propose des réflexions faciles et même parfois irritant de naïveté, et parfois la pertinence est tellement subtile que le plaisir de comprendre vient après la lecture de la case.
Une œuvre poétique qui déambule dans ce temps que l'on perd à y gagner quelque chose ? Une vrai OBDNI je vous dis.
Deux histoires superbement illustrés. Enfin, deux histoires n'exagérons pas tout de même. Je m'explique:
La première "histoire" est d'avantage une carnet de voyage au japon. C'est clairement superbe et Frank nous ravit d'illustration merveilleuse de poésie et de réalisme. Mais pour l'histoire...non.
Brou et Kat se perdent de vue et vont essayer de se retrouver en visitant un peu partout. Perso, si je perds ma femme en voyage, je pars au commissariat. je plaque des photos d'elle partout, Je file au consulat ( vu qu'ils se sont perdus plus de 48h les jeunes adultes!) et j'angoisse à mort. Je comprends que le propos est un prétexte pour nous faire visiter le japon par les dessins sublimes de Frank. Mais quand le prétexte est tout pourri comme celui-là, on l'évite et on assume un carnet de voyage avec un Broussaille et Une Catherine, main dans la main. J'aurais préféré même. Une bête histoire d'amour en voyage, c'est bien aussi. Dans ce cas-là, je suis sorti totalement du contemplatif pour être dans l'incompréhension.
La deuxième histoire, elle, est ravissante. ça utilise tous les codes, c'est cousu de fil blanc. Mais tous les personnages sont attachants. L'histoire familiale fonctionne. Broussaille ne cherche pas à solutionner quoi que ce soit comme à son habitude et, comme à son habitude, il réussit à changer les choses. Et le personnage de la grand mère est bougrement bien écrit. Mais cela est aussi un carnet de voyage. Frank est un vrai maestro au japon comme en Afrique. son trait est superbe, apporte la poésie là ou elle doit être dans le propos et le réalisme avec des lumières splendides.
Mais il est vrai que "la nuit du chat" est pour moi un chef d'œuvre et je suis déçu de retrouver mon couple d'amour à la "Bidouille et Violette" dans un japon sublime, certes, mais dans un scénario bidon et prétexte. J'en fus même agacé.
Une véritable claque!
L'un des opus les plus aboutis de la série et, peut être même, un chef d'œuvre à part entière de tout le 9ème art.
Ici, la narration est à l'estampe. Un texte narratif colle à l'illustration tout comme les premières Bd de 1840. Mais contrairement à "Crève cœur (à oublier)" et "Réveille toi et meurs" ( une tuerie visuelle), il n'y aucune bulle de dialogue. La liberté est donc à 100 pour 100 totale pour Bezian qui construit des illustrations absolument superbes en collant au sentiment du texte.
Car le texte, monologue intérieur d'un soldat animal, est reptilien.. Il narre l'existence d'un être résigné dans la simplicité intellectuelle la plus totale, la plus abscond.. Et pour que la vie est un sens tout de même, on suit ce personnage avec ses valeurs bancales, sa profession de foi idiote, sa raison d'être sans réflexion. Bien que pour lui, tout fait sens: De son éducation, à ses superstitions, de ses valeurs approximatives de soldats jusqu'à son destin mortifère. Car même au final de l'album, il n'aura aucune réaction de refus de sa condition. Sa résilience est totale, sa bêtise crasse aussi, sa violence surtout.
Car les deux frères ne sont pas sympathiques. On suit le parcours de véritables anti-héros, de méchants féroces, de violents personnages et qui aiment la violence et le sang. Deux reptiliens qui pensent comme des reptiliens. Pas de réflexions, que des reflexes. Et des reflexes violent puisqu'ils ne connaissent que cela.
Le dessin de Bezian transmet le mortifère, la violence, la bêtise mais aussi cette résilience qui leurs collent à la peau. Des hachures millimétrées, des ombres anarchiques. Des ambiances toujours grises, glauques, boueuses ou caniculaires....toujours mortifères et oniriques. Avec un travail de décor architectural qui frôle le superbe de perfection en arrière plan avec des ruines qui nous prouvent pourtant le superbe d'avant.
Les sensations de lecture sont toutes cela à chaque case visionnée, à chaque phrase lue. On quitte alors au mot "fin" avec une âpreté dans la bouche, par ces destins tragiques et pourtant tant mérités.
Une œuvre rare de génie.
Tout comme "Crève cœur" et "Des soldats d'honneur", Sfar et Trondheim font la part belle à l'illustrateur. Tout comme Rodolphe Töpffer, les scénaristes construisent leurs narrations sous forme d'estampes sur laquelle est intégrée un texte souvent lyrique dans sa conception, non dans son fond.
Ainsi donc l'artiste dessinateur peut laisser pleinement court à son trait puissant, à sa vision graphique. On dirait que Sfar et Trondheim sont des fans de ses auteurs puisque ce choix ne permet plus un scénario haletant, bourré de péripéties et de drôleries, de mouvements. Mais, si le dessinateur, aux talents atypiques, est au diapason de cette chance fabuleuse, alors le plaisir de lecture est avant tout visuel. Carlos Nine dans "crève cœur" n'aura rien compris et rendra une copie paresseuse...
Alors que David B. nous en met plein la vue!
Car entre le cadrage, la couleur et surtout l'ancrage David B m'émerveille dans sa précision millimétrique pour que chaque case soit d'une harmonie rare en même temps que hors du temps. Ce sont de multiples peintures, estampes, illustrations que nous offrent le singulier artiste. Un vrai bonheur!
Car, oui, pour que se déchaine la virtuosité de l'artiste, le scénario pâlit un peu de lenteur même si le plaisir de lire une bonne histoire reste entier. Car il y a aussi des fulgurances dans la narration. Retrouver Alexandra et Hyacinthe de la sorte, personnages principaux, est aussi renversant que le final de l'album est singulier et saisissant. Cela implique tout de même qu'ils ont été enterré dans la même tombe. Rencontrer Marvin et Herbert et comprendre les raisons qui les poussent à se battre comme à s'aimer. Et on revoit Isis et son fils, Gilberto, Horous ( qui n'est plus spectre contrairement dans "Du Ramdam chez les brasseurs") Les pièces du puzzle continuent tranquillement à se positionner, tout en nous faisant poser autant de questions.
Mais l'histoire est avant tout une histoire de bataille. Gargantuesque, gigantesque. C'est ça le cœur du thème de l'album. Ses estampes qui l'illustrent, proches de l''art naïf est homérique, superbe.
Plein la vue!
C'est pour moi l'un des albums sacré de ma collection que je considère comme un chef d'œuvre du 9ème art.
Et pourtant cela ne paye pas de mine de prime abord. Un album d'une petite série pour ado gentil et naïf. Une histoire simple ou un jeune homme cherche son chat toute une nuit, ou un ado au crépuscule sera un homme à l'aurore. Car "la nuit du chat" raconte le passage d'une vie à une autre, à un " je veux plutôt qu'à un je voudrais".
Pé nous livre une illustration superbe, au découpage quasi cinématographique et haletant alors que le propos ne l'est pas. Bom créant dans son scénario de longues planches silencieuses, il permet à Pé une superbe narration visuelle. Ou les différentes émotions de Broussailles se ressentent par le biais du crayon. Tristesse et joie, nostalgie et angoisse, mal être et tristesse. Tout y est. tout y passe par le dessin uniquement.
Et Bom construit une quête du félin qui va porter le personnage principale à toutes les réflexions. mais l'enfance aussi rejaillit dans ses considérations d'adulte. La rencontre de ce vieux que pourrait être Broussaille plus tard ( les mêmes rêves d'enfants, la même passion du greffier et une photo d'une identique amoureuse) est superbe. car il semblerait que ce mineur qui a réaliser son rêve de gosse, a lui aussi vécu sa nuit du chat.
Et ces non-dits sont d'une poésie rare. Ces situations hors champs d'une si belle humanité.
Alors Broussaille voit la vie qui défile sous ses yeux lorsqu'il est voyeur au travers de fenêtres d'immeuble: se disputer, avoir des enfants, la routine alors peut être vaut il mieux vivre dans les étoiles? Mais il oublie qu'avant cela il y a le présent: l'amour et la passion de l'instant présent à être deux.
Alors Broussaille connaitra la tentation, le doute et la colère mais il traversera les épreuves pour, qu'à l'aurore, il fasse le bon choix.
Véritable "Happy BD" et ses faux airs de Bd pour ados, cet album est bougrement intelligent, nous propose des pistes de réflexions sans nous faire de leçon, nous permet d'être bien tout simplement dans cette déambulation nocturne ou un jeune homme devient un adulte.
Car Broussaille ne fera pas le choix de créer une plage dans sa chambre mais de sonner à la porte d'un appartement. Un choix que n'a peut être pas fait le vieux dans sa nuit du chat à lui.
Une œuvre rare d'âpreté et sublime de violence crue, nauséeuse à la lecture. Et il est rare d'avoir ce genre de ressenti dans une lecture d'héroïque fantasy, un ressenti méticuleusement scénarisé et dessiné par les auteurs. Et c'est en cela que c'est du grand art. Peut être l'un des plus réussis de la saga Donjon.
Killofer est incroyable dans le cadrage qui mélange le haut du bas, la gauche de la droite. Il illustre à la perfection une civilisation marine qui, dans l'eau, n'a plus de points cardinaux, ni lignes de fuite, avec des mouvements spatiaux qui utilisent toutes les dimensions. De plus, sa précision architecturale est incroyable de finesse, sa violence sanguine est répugnante. Ce monde aquatique est un violence ou l'on se nourrit avec ses œufs, ou le racisme est partout légitime et nourricier, et ou la résilience est totale. Chaque cadrage, chaque personnage, chaque mouvement illustrent à la perfection tous les thèmes de l'histoire.
Et le scénario est extraordinaire. haletant et violent, on suit une jeune poisson qui d'adolescence deviendra guerrière boursouflée de colère. La dernière case de l'album est d'un onirisme extraordinaire en la comparant à la première. Biensur il y des éléments de l'univers Donjon qui alimentent la saga lorsque l'on quitte l'eau. Herbert fait peur. Sa domination est totale.
Mais l'œuvre peut être lu seule tant son intensité se suffit à elle même. Ce monde aquatique est un monde à part, et les auteurs ont construit ici un densité sociologique qui leurs permettent de raconter l'histoire de jeune femme qui vivra l'horreur avec un brio rare.
Cet opus est assurément l'un des plus réussis de la série mais également de tous le 9ème art de France.
Était-il fondamental d'écrire un tome entier sur la génèse du sortilège du "Poutpoutpapillon"? Clairement pas. Était-il nécessaire de le répéter plus que de raison qu'"on est pas des Poutpoutpapillon"? Non, ça non. Et pourquoi les Poutpoutpapilloneurs sont-ils aussi débiles ? Faire tout le contraire parce ce que c'est juste drôle ? Sérieux ! Car, en plus que cela ne soit pas drôle pour le lecteur non plus, cela n'a aucun sens!!! Les héros bêtes peuvent être, certes, savoureux mais l'excessivité devient insignifiant à un certain pourcentage. Et là on atteint des records!.
Certes, le propos sur le racisme fait mouche sans pédagogie ni manichéisme. Certes le personnage de Horous est véritablement tordant de drôlerie tant son désir de construire une sociabilité à son fils est prégnant alors que lui est un sociopathe notoire. Certes le professeur des écoles est, lui aussi, amusant dans sa déconnexion pédagogique sur la réalité. Et certes, le dessin, sans être foufou d'identité personnelle et bien délavé au mir laine pour les couleurs, possède une identité à lui tout en s'inscrivant dignement dans les chouettes illustrateur du Donjon.
Mais Le personnage secondaire, Pirzuine, que l'on suit dans cette histoire, la traverse sans réaction, ni émotion particulières. Et, si à la toute fin, elle devient femme forte en réaction à l'inefficacité des personnages masculins, c'est trop tard. On aura rien appris sur elle. Dommage.
J'ai décroché très vite de la lecture car la trame principale basée sur la bêtise abyssale de deux crétins pathologiques sur autant de planches m'a dépassé. Surtout que le personnage logiquement principal les suit sans dire mot. Scénaristiquement c'est gratuit et facile.
A vouloir mettre des baffes à des protagonistes parce qu'ils nous gâchent littéralement le plaisir de lire une bonne histoire, m'a fait tomber sans cesse l'album des mains.
Donjon Monsters permet de découvrir à chaque album un dessinateur différent puisque Sfar et Trondheim invitent ceux qu'ils aiment. C'est le vrai plus de la série. Parfois la détestation du dessin est totale, mais sur Monsters c'est infiniment rare. Car , me concernant, je trouve ce parti pris si intelligent que j'ôte de la lecture mes préférences et habitudes d'illustration pour découvrir l'univers d'autres, sans à priori premier. Après la lecture des trois premières planches de ce tome, j'ai commencé à aimer le travail de Yoann pour être totalement emballer à la fin. Son travail de coloriste qui prime sur celui du trait et cette fausse naïveté dans les personnages m'ont totalement séduit, marquant pour moi l'un des plus beaux donjons visuellement avec Blutch, Killofer, Bezian et Baudoin notamment.
Quand au scénario, lire une quête menée par Grogro est véritablement hilarant. De multiples scénettes construisent la quête d'un personnage bête comme ses pieds car son cerveau se situe uniquement dans son estomac (physiquement car les yeux est à la place d'un crane inexistant). Il n'a pas d'émotions que celui de manger, pas de réflexion que celui de se nourrir immédiatement, pas de sympathie aux autres que celui de les bouffer. Son art de la guerre est celui de l'avalement. Il est même d'un égoïsme crasse laissant tomber ses compagnons (dont il a voulu en manger un par appétit immédiate). Considérer que Grogro est un enfant serait inexact car les enfants peuvent avoir une certaine empathie et le besoin d'aller vers les autres. Non. Grogro est un ventre. Et cet album est hilarant au possible par une multiplicité de scénettes qui est d'une totale logique puisque le ventre est cerveau.
Et puis il y a Tonfa qui est extraordinaire englué dans ses valeurs chevaleresques et son phrasé tortueux qui est le symbole véritable de sa déconnexion au monde. Et puis il y Marvin le rouge drôlissime pour cette première apparition dans l'univers Donjon. Et puis il y a des lapins transformés ( un clin d'œil à Peyo et ses schtroumpfs noirs?). Et puis il y a même un cousin de Casimir.
Les scénettes se succèdent sans véritablement de liant entre elles, aux hasards, heureux ou non. Et comme un ventre ne peut réfléchir aux actions autres que celui de bouffer, Grogro est la plupart du temps la cause des péripéties. Tonfa suit sans jamais comprendre ce qui l'entoure, seulement en fantasmant ses valeurs chevaleresques sur sa réalité ( par contre c'est un sacré combattant). Et, en même temps, il ne peut y avoir de continuité entre les actions, ni de sens de trajectoires puis que l'histoire est celui d'un ventre?
Et, en même temps, le final apporte une évolution à ce ventre qui réfléchit. Car, grâce à cette quête foutraque, Ce ventre de Grogro saura faire autre chose que bouffer. Il saura désormais balayer. Et, à la dernière case, on voit ce personnage extrêmement satisfait et heureux de cette évolution extraordinaire: il sait faire désormais deux choses.
C'est vraiment drôle, tordant même parfois, réjouissant et frais. et visuellement très agréable. Et le parti pris, l'air de rien, fonctionne à merveille.
Si Trondheim et Sfar sont des scénaristes émérites, ils sont aussi de grands dessinateurs et c'est peut être pour offrir à Boulet du champ libre qu'ils ont construit un scénario plus simple qu'à l'accoutumée.
Car Boulet s'en donne à cœur joie dans cet opus. Pour son plaisir et pour le notre, il illustre de magnifiques cases. Car d'habitude, les cases sans bulles sont rares dans l'univers Donjon et ici elles sont nombreuses, laissant aux dessins le bonheur de s'exprimer, aux émotions simples de l'attente ou de la beauté le bonheur de virevolter dans une lecture qui reste tout de même drôle et haletante sur la fin. Les décors de Boulet sont sublimes, l'ambiance à la fois tranquille et violente aussi. Les personnages (surtout les dragons) ont des caractères propres à chacun juste par l'image. Mais là ou il est très fort c'est dans les actions de combats. Le tout dernier de l'album est visuellement magnifique d'action et de cadrage. Boulet fait du grand art.
Et l'histoire, si elle est simple, n'est pas simpliste. On en sait tellement plus sur l'ubuesque religion draconiste. Et ce kafkaïen sacrée permet tant de nous faire marrer. Il y a aussi le rapport entre Marvin et Herbert qui, toujours un peu plus, touchent le lecteur. Cette amitié est si bien narrée, sans manichéisme en épousant les complexités de la nature humaine avec brio. Et puis il y a la blague sur la brosse à dent qui m'a fait personnellement hurler de rire.
C'est si agréable pour moi qu'un album de Donjon prenne le temps alors que tous les autres n'en prennent jamais ou rarement. L'histoire est plus intime, évoluant dans une sphère réduite à quelques personnages et un seul lieu simple. Et, pourtant, elle apporte son lot de nouvelles informations et l'introduction de personnages importants (bien foutu les intro surtout pour Gilberto) dans Donjon Crépuscule. On respire. On profite pleinement de Marvin ( extraordinairement touchant dans cet opus) et de Herbert ( qui a de plus en plus la confiance sans prétention car, désormais, il écoute son instinct sans en douter).
Certes, si les auteurs prennent leurs temps dans ce genre de respiration scénaristiques, ils vont être nombreux les albums Zenith pour le raccorder à Crépuscule.
Mais bon, moi ça me va. et Même très bien.
Les histoires de "Donjon Monsters" suivent l'existence de personnages secondaires. Dans cet opus, le personnage secondaire l'est tellement qu'il n'apparait seulement dans l'univers "Donjon" que sur la couverture de l'album " Hors des remparts" et sur une seule case du même album. Ce personnage, au départ de décor, au fil de l'histoire, deviendra l'héroïne nationale qui va transformer, de manière irrémédiable, les gènes fondamentaux de son peuple (peuple absolument raciste qui va accepter, grâce à ce personnage de décor, un autre peuple diamétralement opposé à lui).
Et franchement j'adore l'idée.
Bonnie Malone, le personnage principal, n'est tout de même pas une héroïne nationale auréolée de sainteté. Bien au contraire. Elle n'est certes point raciste mais tue sans état d'âme. Elle ne cherche pas à transformer sa société mais faire du profit. Elle ne veut pas être une sainte, elle tue tout ce qui bouge par reflexe ou par vengeance. Et c'est par ses besoins de voyage qui lui apportent la connaissance, elle ne le fait que parce qu'elle est ainsi. Différente. D'ailleurs dans ce parcours ou elle devient une égérie nationale, c'est par une incongruité bête qu'elle le devient. Un lapin rentre dans la roulotte du poisson ( rien que cette phrase prouve la folie du Donjon!) et mange une part de cake. Et il dira cette phrase légendaire " ça irait bien avec de la bière". Tout est dit dans le traitement cynique des auteurs sur les héros nationaux.
Son parcours raconté dans cet opus est d'une grande violence, peu drôle et d'une grande noirceur. Le magnifique dessin de Quignon, tout d'ombres et de nocturnes, est en parfaite harmonie avec le propos difficile. Les ombres surtout apportent une épaisseur supplémentaire dans ces ténèbres car les villes aussi sont horribles (surtout poisson ville) comme les rapports filiales ou familiaux.
Et puis Jean-Michel réapparait ! Heureux de retrouver ce salopard absolue qui comme toujours s'en sort toujours comme une fleur.
J'ai adoré cet opus. Et j'en redemande car Je veux en savoir plus sur Bonnie Malone, sur pourquoi cette personnalité bipolaire et la suite de son destin avec son amie tueuse professionnelle.
Il y a des œuvres attachantes dans le 9ème art. Broussaille en fait partie.
Nous sommes ici dans la jeunesse d'un lycéen des années 80 qui retourne sur ses lieux de vacances. Et même ces endroits sont proches de la rêverie car, déjà, les villages des années 80 étaient tout bitumés. Hors, Pé l'illustre, magnifiquement d'ailleurs, dans une végétation luxuriante et ocre de terre.
Dans ces décors suspendus entre deux époques, évanescents en songe de printemps et superbes d'une nature foisonnante, l'aventure que vit Broussaille est fait de hasards heureux, de découvertes lors d'une sieste ou dans les aléas d'une déambulation nocturne ou en suivant un enfant qui suit un cochon. D'ailleurs, c'est la rêverie qui permet la découverte puisque l'oncle, lui, cherche et ne trouve pas. et quand l'oncle découvre et résout les énigmes, les auteurs ne nous les explique pas. Cela n'a aucune importance car le propos est ailleurs, car le trésor n'est qu'un rêve lui aussi. Un rêve éveillé, certes mais un rêve tout de même.
Cet album est une vrai réussite émotionnelle. Ils sont rares ces histoires en BD qui nous font juste déambuler, nous font cheminer dans les cases absolument superbes d'un illustrateur de génie. Il nous faut biensur un peu de ressorts dramatiques, un peu de rebondissement nerveux pour ne pas pas nous ennuyer et ils y sont en intégrant parfaitement le propos jusqu'à la conclusion finale, le retour à la réalité ou les hommes détruisent les rêves des autres par conviction monomaniaque.
Alors, oui, il y a aussi beaucoup de naïveté dans le propos ( des écologistes contents? Une usine à zéro émission et totalement adaptée dans la nature? Mouais…) mais cette naïveté est positive, optimiste malgré tout et cela fait du bien durant 44 planches jusqu'au deux dernières ou le pessimisme de la vraie vie revient...On s'est réveillé.
Certes le dessin de Boulet est toujours superbe, osant désormais des découpages qui quittent ce que fut ceux de Trondheim au début du Zenith, étant plus organique, les corps et réactions des corps plus en phase avec la nature respective des personnages, ayant des décors véritablement superbes, des visions quantiques magnifiques et des mouvements harmoniques.
Certes le scénario se déroule toujours sans temps morts, pétillant de drôlerie, particulièrement liés aux interactions des personnages, rebondissant d'actions détonantes, construisant ainsi un déroulé toujours surprenant.
Certes, l'idylle naissante entre Pirzuine et Marvin est franchement réussi à l'écriture, touchante et drôle avec des illustrations parfois magnifique ( celui du premier baiser). Certes le couple entre Herbert et Isis l'est tout autant tout comme celui entre Marvin et Herbert et Isis avec Pirzuine. Et ces rapports amoureux et amicaux "animalièrement" humain font la force véritable de l'opus.
Certes tout ça ..
Il y a quand même des hics. Des hics fondamentaux qui m'ont fait sortir littéralement de la lecture.
C'est quoi cet Ordre des pourvoyeurs executaires ? Ordre si capital, si fondamental sur Terra Amata qu'on en a pas entendu parler depuis les 20 premiers albums ? Tellement important que même si Hyacinthe récupère son donjon, ils viendront le détruire. Hein ? Pourquoi viendraient-ils le détruire? Et pourquoi alors Hyacinthe se démène autant à le récupérer? Et puis bon de dieu de bon dieu, c'est quoi cet ordre? A quoi il sert véritablement ? A rédiger la loi ? Mais alors pourquoi il y a des avocats ? Des villes entières avec des lois farfelues en totale antinomie avec les lois des autres villes? De toute façon pas besoin d'en savoir plus. Aussitôt découverte, l'ordre est aussitôt détruite par un Herbert au sommet de sa forme burlesque.
Et puis Marvin rencontre l'entité noire. Mais pourquoi l'entité noire vit et dort dans le tourbillon ? Quel est son lien avec l'ordre des pourvoyeurs executaires? Aucune visiblement. Et Pourquoi le réveiller? Quel utilité à le faire pour la mission de Marvin? Aucune idée.
C'est bien la première fois que les scénaristes utilisent des ressorts aussi facile, et sans aucun sens dans la narration.
Pour moi, une déception car cet opus se lit juste très agréablement sans plus value particulière et, pour la première fois dans la saga (que je lis de manière chronologique pour construire ces critiques -critiques que j'opère avec uniquement avec ma collection personnelle-), je trouve que les auteurs usent de facilités et de paresses.
Au delà de lire une aventure si haletante, débutant de manière si légère pour se clôturer avec une telle gravité (conclusion réellement palpitant, détonnant autant que dramatique), c'est ici par le dessin que l'on déconstruit les codes du genre et c'est franchement bien vu.
Je m'explique:
Keramidas a un trait si connoté Disney que lorsque celui-ci bascule dans un drame adulte, la lecture ouvre alors de nouvelles perspectives. C'est comme si on lisez une histoire dans les magasines mensuels "Mickey Parade" ou "Journal de Mickey" avec des morts, des instants psychologiques violents et des rebondissements graves. C'est tout le sel de cet opus, génial scénaristiquement. Proposé à Keramidas d'illustrer un Monster est un coup de maitre voire de génie.
Au delà de ces dessins frais, palpitant, généreux dans le mouvement, l'histoire suit le parcours de deux personnages qui cheminent leurs vies dans leurs valeurs respectives, chevillées aux corps. Il y a Guillaume de la Cour, méchant versatile et capitaliste, absolument génial qui suit les valeurs du profit maximal qui impose des situations grotesque et drôle autant que génocidaire et destructeur sans réfléchir aux conséquences de ses actes (ça c'est le méchant). Et il y a l'autre, le professeur Cormor qui va en faire tout autant mais qui y réfléchira sans cesse, doutant de ses choix pourtant obligatoires puisqu'il est formaté de la sorte, étant un automate.
Ici on suit deux personnages pas si différent que ça mais qui prennent des chemins et des conclusions aux antipodes. C'est là que réside le propos principal de ce tome. D'ailleurs, le grimoire qui aurait du être l'artefact autour duquel se construit l'histoire n'est que source de drôlerie et de blagues. La manière qu'ont les personnages de le récupérer est toujours imprévisible, hasardeuse voire stupide. Ici encore, les scénaristiques décortiquent les codes de la quête de l'objet qui fait l'histoire ( l'anneau des seigneurs de anneaux ou tous les artefacts magiques que doivent trouver les superhéros gentils avent les superhéros méchant dans le MCU).
Et c'est un régal de lecture.
Alors que le cycle de Zenith à son apogée s'est clôturé par le précédent album, voici qu'un nouveau cycle se profile autour du monde de Vaucanson. Et si le précédent cycle était formidable de lecture, de décorticage des codes du genre et de suspens, celui-ci commence ici et augure un bien bel avenir.
D'abord parce que Boulet est au dessin. Et c'est un travail ou l'organique, la précision du décor et un travail de découpage plus cinématographique est d'une beauté sans pareille. Avec Blain, Boulet est l'un de mes illustrateurs favoris de la série. Et cela tombe bien car il est désormais récurrent sur la saga Zenith.
Ensuite parce que les scénaristes sont toujours autant inspirés. ce nouvel univers autour du duché de Vaucanson est d'un grand réalisme. Les domaines du sociologique, du politique et même de l'historique sont d'une grande immersion facilitant ainsi l'évolution des personnages dans une narration haletante. si l'humour est toujours présent, le dramatique grave, les failles psychologiques et les résonnances amères du passé apporte à l'histoire un intensité viscérale. Et comme toujours, le déroulé est toujours palpitant avec des rebondissements toujours faisant sens en même temps que détonnant.
Alors que Hyacinthe perd tout ces combats pour reprendre son donjon ( il est d'un égoïsme rare car les seules actions qu'il mène sont dans ce sens, n'épaulant jamais Herbert ou Marvin), Herbert retourne vers ses racines. Hélas, ce qu'il espérait n'est pas. Ses parents exigent des chose de lui qu'il ne souhaite pas. Prendre place dans l'histoire avec un grand H alors que lui ne veut que vivre sa petite histoire est toute la narration de cet album.
Bien sur Herbert revivra les colères de son enfance ( génial fin vu aux tomes 2). Ceux à quoi, il ne pourra la contenir jusqu'à devenir le mal lui même. Marvin , comme toujours, suivra avec précision les valeurs de sa religion, ce qui construira des drames autour de lui.
Cette notion de l'histoire est d'ailleurs tout à fait savoureuse. depuis Potron minet jusqu'à Zenith, les personnages qui ne louvoie pas autour des actions du monde violent de Terra Amata mais qui veulent exister au travers uniquement de leurs valeurs sont ceux qui détruisent toujours les espoirs d'une vie heureuse. Ici par exemple, Marvin met le feu à la forêt en détruisant les reliques du passé glorieux de Vaucanson et les archives qui auraient pu rendre le Donjon au gardien. Mais Marvin ne se pose aucunes questions existentialistes (ni d'ailleurs les autres personnages qui ne lui en font pas grief) puisqu'il agit au travers de ses valeurs religieuses.
Et puis il ya Isis, toujours la femme forte, toujours celle par qui la réussite, le courage et le combat héroïque vient. et puis il y a les autres personnages nouveaux. Multiples et si bien écrit, si bien construit.
Cet opus est d'une grande réussite même si il manque un semblant d'âme supplémentaire pour être absolument parfait. Mais c'est le lot des œuvres charnières entre deux cycles, entre deux histoires majeures qui veut cela. Et ce premier tome d'un nouveau cycle est tellement réussi que l'on ne doute pas une seconde du parfait du cycle entier.
Et si Le donjon débutait sa longue chute ? Est ce la fin du Zenith pour entrer dans le crépuscule. Si le début est réjouissant, le final est tragique dans le dépouillement et le départ, les poches vides.
D'abord le début. Qu'il est réjouissant de savoir ce qu'est devenu l'arbolesse, les lutins (Alcibiade a un frère). Certaines de mes questions ont enfin des réponses. Qu'il est drôle de voir Herbert essayer de voir Isis. Les chutes multiples sont drôlissimes dans les dialogues entre les personnages. Qu'il est hilarant de voir Marvin dans sa cuisine et en quête du trésor. Et que le gardien est tel un héros grec en quête de retourner le destin à sa faveur alors que celui-ci est inexorablement tragique.
Puis patatras , le tragique se déclenche lorsque Herbert n'est plus lâche en décidant de s'enfuir avec celle qu'il aime. Herbert devient adulte et le déclin s'entame. Et ce tragique est magnifiquement écrit. La violence du combat entre Marvin et Herbert n'est pas drôle. Les valeurs monastiques de Marvin qui sape le plan du Gardien ( plan ou tout le monde aurait été content) ne l'est pas d'avantage. Herbert est devenu grave. Le final sera violent de tragique. la fin du Donjon. d'ailleurs il pleut.
La faute à quoi une tel réussite ? Des personnages magnifiquement écrits. Isis est la vrai héroïne classique de cette histoire. Elle sauve, elle se bat et elle est va au bout de son but sans la moindre hésitation. Les autres sont englués dans leurs valeurs paternelles et patrimoniales (le gardien et le père), leurs passages à la vie d'adulte ( Herbert) et leurs valeurs religieuses ( Marvin). Et qui aurait cru qu'un personnage kafkaïen administratif pouvait faire un méchant extraordinaire ? à la fois drôle, machiavélique, lâche et sans charisme, il est incroyable dans le némésis de l'album.
Et puis il y a le dessin de Boulet. Plus organique, plus détaillé, au décors plus flamboyant, le style du dessinateur est superbe et reprend le flambeau avec maestria. Boulet est une vrai plus valus dans ce Donjon Zenith magnifique. Il ose les visions en champ, contre champ, les plongés et contre plongés. Il modernise le propos narratif.
Un superbe Donjon.
Mais quelle créativité! Quelle imagination !
Cet opus prend le temps de l'immersion à Cochonville durant les préparatifs du mariage. Pas longtemps car la narration monte crescendo jusqu'au final tambour battant. Mais ce moment de déambulation en ville permet de déployer une inventivité remarquable dans la création d'un monde, d'un univers clos. Les auteurs sont si talentueux dans leurs univers Donjonesque.
Toutefois, il y a une erreur: Non, les terres de Cochonville n'ont pas été achetées par les magiciens mais léguées par celui qui a exclut les magiciens de Antipolis (dommage) et certes il y a un trou narratif : qu'a fait Isis avec son chevalier servant magicien durant tout ce temps (suspens, j'aime bien ce genre de trou chez Donjon). Mais le tome est extraordinairement réussi. la course poursuite des modérateurs, la drôlerie de type ""cours de récréation" entre deux personnages pas si différent que ça ( Guillaume et Herbert), la manière de récupérer un autre objet du destin. Bref tout est réussi jusqu'au dessin de Trondheim qui prend plus de temps sur les décors et les cadrages.
Certes il n'y a pas de décorticage de code littéraire, de genre cinématographique. L'histoire se suffit désormais à elle même car elle étonne, détonne, surprend toujours. Rien n'est consensuel. Et plus que tout les choix narratifs ne ronronnent pas de propos éculés. Tout est neuf. Tout est frais. Tout est réjouissant de surprises.
Le final de cet opus en est la preuve. il est rare de clôturer une lecture avec surprise. Dans les albums de Donjon, c'est souvent le cas. Dans celui-ci en particulier.
Le parti pris des auteurs dans la série "Donjon Monsters" de faire venir des artistes au traits atypiques peuvent heurter les lecteurs. Moi même, j'ai décroché de l'album "Crève cœur" pour cela. Et ce parti pris casse gueule fera toujours des mécontents flagrants autant qu'il fera des aficionados sur le même tome. C'est tout ou rien.
Je suis de ceux qui sont exaltés pour "Le géant qui pleure" car j'ai adoré la violence des courbes, les aplats graves jusqu'au décors de JC Menu. Je trouve que cela va parfaitement avec l'univers Donjon et ce tome en particulier.
Car clairement celui-ci est déjanté, fou. Deux ingénieurs que l'on peut considérer comme sociopathes sont en quête hors des murs du Donjon. Et toutes leurs solutions, notamment pour se sortir de mauvaises situations, sont hilarantes de folie. Mais si nos héros antisociaux sont pétés du bulbe, les autres personnages le sont tout autant. ce qui rend savoureux tout l'album.
Evidemment, détourné les codes de la princesse enfermée dans une tour d'ivoire amène des situations hilarantes, des défis détonnant au machisme inversé, des moments de questionnement ubuesque. Et on rit pleinement.
Mais il y a aussi et comme toujours, de vrais moments dramatiques car un meurtre et un suicide se commettent tout de même dans cette histoire. Et ils n'ont rien de drôles. Comme si on ne pouvait se moquer impunément de la nature humaine sans retour morbide du bâton. et c'est pour cela que j'aime autant cet univers. Son cynisme tragi-comique.
Et même si je regrette la mort (trop) rapide d'un personnage Donjon qui aurait pu compter dans cet univers que j'aime tant et même si ce tome ne le construit guère, cet aparté est l'un de mes préférés tant ce n'importe nawak à l'extrême est rudement bien écrit....et si bien dessiné.
Il est vrai que j'aime les doubles lectures ou les décorticages des codes du genre et Sfar-Trondheim le font à la perfection hilarante dans cette série.
Ici, c'est clairement celle de la princesse enlevée que le prince va se marier à la fin du conte. Le détournement est flagrant et drôlissime. car, encore une fois tout est détourné. la princesse se fait elle même séquestré pour se marier et son prince charmant se fait bouffer en deux cases. Elle a un enfant avant mariage jusqu'au mariage final, ou le prince charmant, pour la blague, propose un autre prince pour l'union.
Mais le détournement ne construit pas une réflexion profonde. Il est là juste pour que la narration soit détonante, hors des sentiers battus d'une histoire classique. Et c'est le cas. Les péripéties sont nombreuses, les personnages nouveaux sont bien écrits et la lecture est sans temps mort comme toujours, surprenante et drôle comme d'habitude. Le plaisir est toujours entier, irrésistible.
Mais il y a aussi des moments difficile comme la déchéance finale et aveugle du méchant en quête de rédemption dans la mort. Et ces moment tragiques construisent aussi une narration qui mêle à la perfection le froid tragique avec le chaud comique.
Cet opus construit toujours un peu plus l'univers Donjon ou les personnages évoluent avec sens, ou les liens entre les uns et les autres ne sont pas manichéens ( cela ne gène pas le gardien que Herbert puisse mourir, il n'est pas une valeur ajouté pour son entreprise, mais fera tout pour sauver Marvin) Et le dessin, simple et coloré, limpide et précis dans les mouvements et les émotions, de Trondheim illustre parfaitement le propos.
Un très bel opus une nouvelle fois.
Que j'aime quand les auteurs décortiquent les codes d'un genre pour les mettre à la sauce Donjon!!! ce tome est certainement un des plus réussis de la saga pour cela!
Ici ce sont le genre de l'apprenti et du maitre qui est passé à la moulinette pour ma plus grande joie. Peu importe la notion de temps ( 10078 portes en 2 planches, la manipulation psychologique de deux peuples en à peine 3) et de génocide ( tout de même un million de Gobelins et tout un peuple détruit sur une île c'est pas rien), les auteurs se moquent de la réalité et de la logique des choses puisqu'ils exagèrent absolument tout afin de montrer l'absurdité du genre: une arme massive peut être une plume car si nous vivions dans un monde inversé ce serait le cas dixit Marvin (What the funny fuck!), on tue plus d'un million de gobelins pour une paire de chaussette mais ça fait de l'entrainement et dans les tests pour devenir l'apprenti, c'est le plus pleutre, calculateur et personnel des candidats qui est le préféré du maitre. Bref, en allant au bout du bout du bout de la logique de ce thème-là, les scénaristes nous régalent de non-sens drôle et réjouissant.
Et malgré tout, les conclusions font sens. Herbert devient un guerrier, Marvin prend le chemin de la sagesse. Car ici peu importe le chemin pris ( même les plus ubuesques comme dans cet opus), seul compte les protagonistes et leurs complexités. C'est par là que se font de belles histoires. D'ailleurs les retour en arrières sur la jeunesse de Herbert amènent aussi da la profondeur et de l'inquiétude.
Tout ici n'est pas que gaudriole dans l'ubuesque des situations. Il y a surtout un univers Donjon qui s'étoffe toujours plus pour nous offrir de quoi réfléchir.
Et puis Sonia la ronde est irrésistible.
D'abord les illustrations superbes d'Alexis Nesme sont les atouts principaux de l'album. La lumière et les pastels, les perspectives et les profondeurs, tout ici nous rappelle des enluminures modernes car Donjon est d'abord de l'héroïque fantaisie avec les lois du moyen Age fantasmées par les légendes. Et Nesme est un orfèvre dans les décors et les personnages mais surtout dans cette reprise moderne des illustrations de cette époque. Du grand art et un vrai plaisir visuel absolu.
Ensuite le scénario à la fois surprenant et prévisible. Trondheim et Sfar ont une archi bonne idée scénaristique dans le principe de la halte garderie pour parents guerriers. Les ressorts ne pourront que être drôles ( et c'est le cas!), violentes ( et c'est le cas avec la mort d'enfants et le traitement humoristique de la chose) et détonantes ( avec le comportement de nos monstres pas toujours gentils face aux caprices et perfidies de ces rejetons-là). Clairement Sfar et Trondheim se s'empapouillent pas du politiquement correct et s'amusent des concepts psychologiques sur la protection de l'enfance au travers du comportement d'Herbert, psychologue de comptoir.
Mais malgré de très bonnes idées et un humour toujours pêchu, la narration est assez convenue. J'aurais préféré une histoire avec de vrais enfants innocents face à la violence mortifère du Donjon ( qui est un peu celle de la vie) mais les auteurs ont choisis le complot et des minots pas si chérubins. Dommage.
Alors la lecture est agréable, sans temps mort, infiniment drôle et aux ressorts certes convenus pas toujours logiques ( comment font les enfants pour retrouver leurs parents dans cette immensité qu'est le Donjon par exemple) mais efficace.
C'est un donc un bon donjon qui n'as pas osé.
La couverture n'est plus un gag à elle toute seule et c'est bien dommage. Ici elle explique quel est la "technique Grogro" par le biais du dessin.
Cette petite histoire ( trop petite) narre le messie prophétique. Et les auteurs déconstruisent les codes du genre pour nous faire rire. Le messie sera stupide en la personne de Grogro et son binôme avec Zongo est absolument hilarant. L'intelligence sera toujours perdante et c'est la bêtise naïve qui sera le graal de la quête. C'est d'ailleurs par la bêtise naïve que disparaitra toute une civilisation, porter par l'absolutisme de la sainte parole. Le final, en cela, de cet album est absolument génial.
Ici, Marvin et Herbert sont secondaires. Grogro et Zongo font la paire par des situations et remarques entre eux qui sont si drôles mais aussi si tendres. Transformer aussi la dangereuse épée du destin pour en faire un guide accompagnateur m'a fait aussi beaucoup rire. Le passage à Divinacorpus ( qui ressemble tant aux pirates d'Astérix en carrément plus violent et mortifères) également.
Hélas, j'ai l'impression que désormais Larcenet fait le minimum ou il n'a pas le temps ou cela l'ennuie. Le plaisir de lecture s'en ressent.
Il y a aussi, me semble-t-il, une incohérence entre ce tome et celui de "Survivre aujourd'hui". Personne, ici, au Donjon ne sait ce qu'est un Péléen. Hors dans le tome "survivre aujourd'hui" deux personnages du Donjon savent que Grogro est un péléen. En cela en ressort des gags de répétitions.
M>ais malgré cela cet opus est excellent de drôlerie avec un final particulièrement pertinent dans cette utilisation en satire du propos messianique.
Même le gag de couverture n'est pas particulièrement drôle...
Remake de " 20 000 sous le mer (2), voici un périple en fosse septique ou la bouse est la matière première de tous les décors.
Et pourtant, j'ai tant aimé le début: Une sortie scolaire. J'avais adoré l'idée d'une salle de classe et d'un professeur dans le donjon. Découvrir le Donjon et son fonctionnement au travers du regard d'enfants dont les parents sont des tueurs de héros.
Seulement voila, les auteurs décident de faire dans le scato au sens réel du terme jusqu'à nous mettre du caca absolument partout: Peuple et animaux, jardin et maison jusqu'à des tsunamis géants. Les scénaristes vont jusqu'au bout du bout du bout de la civilisation des profondeurs.
L'idée de départ aurait été détonante si les ressorts n'étaient pas cousus de fil blanc, si les actions n'étaient déjà vus et archi revus ailleurs, et si Larcenet avait été inspiré avec ce décors de caca boudin. Même le final cataclysmique est triste par la destruction du paradis perdu.
Seul le personnage de Grogro est vraiment drôle car le reste de la lecture est d'un emmerdement lascif. C'est Une contre performance.
D'abord le gag de couverture! Celle-ci m'a fait mourir de rire. On dirait la couverture d'un fluide glacial au sommet de son humour, de ces couvertures qui nous font tant rire tout seul en pleine boutique tabac presse.
Cet album diffère des deux premiers. Il n'est pas satire mais un remake de "Piège de cristal" ou Herbert Willis deviendrai Bruce le canard. Et c'est carrément génialement drôle! Marvin le rejoindra toutefois vite car Donjon Parade, c'est surtout " une aventure de Herbert et Marvin".
Parce que d'abord le suspens est curieusement bien foutu. Suite aux premières pages ou le plan d'attaque machiavélique se dresse contre le Donjon, je n'ai eu qu'une envie: savoir comment ils allaient s'en sortir car c'était clairement pas gagné ! Et les solutions sont aussi drôles que bien fichus. Les scénaristes ne nous prennent pas pour des idiots. Et même le "Deus ex machina" ( parce qu'il y en a un: celui du messie) est tellement drôle et si bien amené qu'on le rend comme acquis.
Parce qu'ensuite, on aime cette famille de monstres gentils qui s'entraident et s'aiment à leurs manières.
Parce que le scénario n'arrête jamais. Aucun temps mort. Pas un répit entre gaudriole et actions.
Parce qu'enfin le dessin de Larcenet est parfait de mouvement, de lisibilité superbe. Il va à l'essentiel dans un vrai savoir faire.
"Donjon parade", c'est un peu le "Mickey parade" de l'univers Donjon. C'est bourré d'humour avec un coté enfantin drolatique mais avec aussi un double langage, bref une sorte de satire pour grand enfant.
Ici c'est au principe philosophique stoïcien que se permet d'attaquer les scénaristes. C'est une quête d'un Socrate vieillissant pour savoir quel dernier vœu faire. Ici on parle du peuple esclave, de la notion de sagesse, du destin et même jusqu'au jardin de Candide. Tout y passe dans les thèmes philosophiques pour une finalité pipi, caca qui m'a mis personnellement dans le vent.
J'ai adoré la narration. C'est vivace, haletant, sans le moindre temps mort. J'ai adoré le dessin. Larcenet est au diapason avec le mouvement, la couleur du propos et c'est rudement bien dessiné. Et, parfois, j'ai aimé les pieds de nez, le propos philosophique qui se prend les pieds dans le tapis.
Mais les longues planches de pets? Non. Désolé. Et à cause de ça je suis passé à côté. C'est bête, je sais. Mais je suis resté sur cet élan pestilentielle. Et puis le rapport philosophique est un peu foutraque. Le renversement du 1001ème vœux trop facile scénaristiquement mais si c'était très drôle.
Bref, quelques couacs par ci par là qui n'en font pas un indispensable.... mais qui reste tout de même très réussie.
PS: encore une géniale couverture qui fait le gag seul sans avoir de rapport avec l'histoire.
Utiliser ses personnages dans une bulle temporelle entre le tome 1 et 2 afin de faire ce qu'on veut avec et qui ne nuira pas à la chronologie des événements et construire quelques satires et critiques de notre société ( dans ce tome-ci, de consommation), c'est ça pour moi Donjon Parade.
Et ces satires, toujours grinçantes, sont toujours drôles. Ici c'est aussi la libre concurrence, le marchandising et la contrefaçon qui sont passés à la moulinette de l'humour cynique de nos auteurs. les personnages d'ailleurs ne sont pas en reste puisque les scénaristes les utilisent pour dénoncer le versatile même de la nature humaine. Et même si on ressent que Donjon reste une grande et vrai famille de Monstres gentils, et enfantins il y a des couacs sur leurs besoins ( d'où des situations très drôles).
Peyo, avec ses Schtroumpfs, faisait de même. Utiliser des personnages enfantins pour, en seconde lecture, narrer pour les adultes un propos plus sérieux tout en satire. Donjon Parade utilise tous les codes de la seconde lecture, du propos sous le propos. Et c'est en ça que la série est géniale. Une vraie possibilité de pouvoir s'indigner sans mettre à mal la ligne de évènements.
Et Larcenet rend tout cela encore plus joyeux et colorés par un dessin absolument génial de fluidité, de mouvement et au diapason de l'univers visuel choisi par Trondheim.
Mention spéciale à la couverture qui est en soi un gag à elle toute seule.
Peut on critiquer une œuvre matricielle? Une œuvre matricielle d'un univers héroïque fantaisie de plus de 50 histoires et qui se nomme "Cœur de canard"? Peut on critiquer "Un nouvel espoir" ( ouvre matricielle de Star Wars? Non. peut-on critiquer "Dies Irae" le court métrage d'où débute la saga Kaamelott? Non plus. "Terminator" ou "Rocky" ou "Rambo" ? Tout pareil...non.
Trondheim et Sfar s'en donne à cœur joie. C'est foutraque et pétillant, novateur et n'importe nawak. Alexandra n'est pas un serpent ? Le château n'est pas un arbre ? on s'en fiche. l'imaginaire débridé des auteurs va arriver bien vite.
Là c'est drôle, à contre courant, pétillant avec tous les codes de l'héroïque fantaisie. Et on en redemande. Les personnages secondaires ne sont encore que des silhouettes? On s'en fout. les personnages principaux n'ont encore pas de véritable existence à part celui du moment? On a bien le temps.
L'album en lui même se suffit. il est haletant, drôle, piquant bourré de référence geek ( Aaaaaaah Dark Vador!) et le relire après la lecture de tant de tome Donjon est une bouffée d'oxygène.
On aime.
On ne peut critiquer car de ce petit objet, de cette petite histoire s'est extirpé l'un des plus beaux univers de la bande dessinée.
Après le nihilisme d'antipode moins et la poisse noire de Potron Minet ( si l'on suit le fil chronologique de lecture), voici que nous entrons dans les couleurs vives et la joyeuseté de Zenith. Cet album en est une introduction séduisante.
4 monstres gentils et puissants, naïfs et viandards sont en quête d'un paradis ou leurs différences au monde ne seraient plus jugés, ou ils pourront vivre avec d'autres comme eux. C'est un peu "Les vieux de la vieille" de Gilles Grangier en mode héroïque fantaisie animalier. et cet Eden est Donjon.
Bien sur, ils choisiront comme guide le pire d'entre eux : Guillaume de la Cour. Personnage incroyablement pleutre, mauvais, cynique mais qui s'en sort toujours grâce à son manque évident de valeurs humaines et d'ego. Un personnage absolument génial pour toute narration cynique et ironique. Et Guillaume ( Guy Delcourt? Sérieux!) va les conduire dans une quête commerciale d'arnaque en arnaque (qui prouvent leurs incapacités à s'adapter dans ce monde) véritablement drôle et truculente.
C'est à mourir de rire, pétillant. Chaque élément narratif qui construit l'univers Donjon ( le héros, l'épée du destin, les villages et monde que traversent cette équipe de bras cassé) permettent des ressorts drolatiques à leurs dépens pour la plupart du temps. Et parce que nous rions à leurs dépens que nous nous attachons vite à ses personnages touchants, à ses gentils monstres.
L'album se construit autour de la dramaturgie d'une quête. C'est une équipe avec un guide, Ils ont un but, des défis et des énigmes et tous ne sortiront pas vivant de ce périple. Mais bien sur, les auteurs décortiquent les codes pour extraire de l'absurde, du rigolo, du sautillant pour nos zygomatiques.
Le dessin de Mazan, coloré, éthéré avec espace et silence, est en harmonie avec le propos de l'histoire même s'il manque toutefois un peu de caractère.
Cette quête débute dans une auberge rouge pour se clôturer dans une auberge espagnole....et on trinque à rire avec nos monstres gentils.
Et si "survivre aujourd'hui" est le dernier tome de la saga Potron minet? Cela ne me dérangerais pas. Car il construit la jonction entre Potron Minet et Zenith.
Certes des questions resteront sans réponse. Que deviendrait Alexandra ou Jean-Michel?
Peu importe car nous ne savons pas non plus comment est mort l'oncle Florotte ou encore pourquoi et comment Hyacinthe se marie avec Elise. Cette dernière longue ellipse a eu lieu entre "une jeunesse qui s'enfuit" et "mon fils ce tueur" et elle a permis une narration de ce dernier tome plus vive et plus haletante faisant de "mon fils ce tueur" un excellent opus.
Dans ce tome, il faut bien l'avouer l'histoire est écrite sans inspiration. Les ressorts sont poussifs voire trop étonnant. Il y a trop de hasard heureux pour y croire sincèrement. Mais les auteurs font la jonction avec Zenith et satisfont ainsi les fans de l'univers " Donjon" dont je fais parties.
Mais plaire aux lecteurs en remplissant les trous ne permet pas de faire de bonnes histoires en règle générale. Cet album en est la preuve. Mon plaisir est entier mais sans saveur, sans surprise.
De plus le dessin ne me plait guère. Trop d'aplat, trop naïf et sans ligne fluide. Le dessin est en antinomie totale avec les couleurs et les courbes de toute cette série proposée au départ par Christophe Blain. Mais est-ce le but puisque l'univers graphique de Zenith est tout le contraire?
Alors Mr Sfar et Mr Trondheim ne remplissait pas les trous si vous ne sentez pas suffisamment bonne votre histoire qui le ferait. Même si il est nécessaire, il est vrai, de faire jonction entre les séries pour nous, pauvres lecteurs tellement exigeants.
Un tome nécessaire mais tout en facilités et fadeur...
Il est toujours compliqué d'écrire une histoire de reprise qui suit un cycle aussi parfait que celui d'Antipolis. Et pourtant, c'est réussi en tout point dans ce nouveau tome.
D'abord parce qu'il clôture ce cycle dans la destruction totale des grandes familles d'Antipolis suite à la vengeance ( final magnifique de cet opus).
Parce que le dessin de Gaultier est somptueux. Le détail des décors épouse la bible graphique de Blain. Les cases, certes parfois trop petites, sont toujours dans cette noirceur qui caractérise la saga Potron-Minet et le mouvement des personnages sont toujours d'une grande fluidité.
Parce que le scénario est bougrement intelligent. Antipolis est donc détruite et ses poussières de stupre et de de vices se seraient déversés sur Terra Amata. Et durant la quête épique et chevaleresque d'Arakou, accompagnée par le personnage magnifique et torturé d'Alexandra, l'ancienne vie dont il est le symbole va se télescoper avec celle qui fut dans la ville du vice. Et peut être même que pour éviter la désillusion (voire la mort sinistre) sur la condition humaine, il faut faire comme Miguel.
Car au delà des moments drôles autour de Cormor et de sa naïveté positive ainsi que du Troll au pont en quête d'un nouveau pont, "Sans un bruit" est poisseux, inquiétant et le drame monte crescendo jusqu'au final ultra violent autant que salvateur.
Encore un coup de maitre.
Album qui clôture la période "Antipolis" de Donjon. Et la fin, tout comme le cycle ( à part le triste "crève cœur") est magistrale.
L'histoire passionnelle entre Alexandra et Hyacinthe est la matrice de cet opus. Tour à tour mortifère, proche de la folie des sens, vulgaires ( la scène de la prostitué) et courtoises ( Alexandra en blanc lors de la convalescence), violente et destructrice autant que douce et infantile, cette relation dévorante est magnifiquement bien écrit avec deux personnages torturés, cyniques, suicidaires car leurs vies et leurs émotions ne coïncident en rien avec leurs désirs et leurs besoins de maturité.
Que j'aime le personnage d'Alexandra, tour à tour domina et soumise, violente et douce, son rapport au monde est dans la chair et la passion la rendant folle au cheveux hirsutes autant que blanche et belle au bois dormant allongée et pleurant son prince broyé dans son lit.
Et Blain construit autour de cette relation un décorum tentaculaire et tortueux de rues et de toits qui symbolisent la passion de ce couple. la ville, autant nocturne, pluvieuse que lumineuse, épouse les émotions. Jusqu'à sa destruction plus symbolique qu'architectural dans le dessin. Blain a fait d'Antipolis un personnage à part entière qui s'exprime par ses dédales et ses toitures. Du grand art pour un illustrateur génial.
Et tout le capitalisme décomplexé de la ville l'amène à sa destruction. Elle meurt donc par là ou elle a péché. Antipolis, c'est Sodome. Antipolis est biblique dans son existence. Biblique aussi dans sa conclusion. Il suffit d'un jour pour les hommes redeviennent des bêtes. Ils étaient donc des animaux sans âme auparavant. seul la ville leur en donnait un semblant.
Le final est absolument magnifique enfin. Epique et sanglant, on assiste peut être à la première quête d'aventuriers en mal d'aventure qui sera la raison du DONJON. Les monstres sont lâchés. Il y a un trésor. Le Donjon est donc prêt à rentrer dans son ZENITH.
Encore du grand Art.
Alors que le cycle Antipolis de potron Minet est une réussite totale grâce aux crayons de Blain, Blutch et Vermot-Desroches, alors que Joann Sfar et Trondheim ont été d'une inspiration géniale durant ce même cycle, voici l'album à oublier vite mais alors très très vite.
D'abord le dessin. Nine, d'habitude incroyable dans ses espaces, son architecture et ses couleurs livre ici le minimum syndical. Ses estampes sont ici proche du "j'en ai rien à f...". Les personnages sont figés dans une posture toujours identiques ( Comment alexandra peut-elle rester si propre, ses cheveux si fluides en étant rester des semaines dans un cloaque?), ses décors ne sont que des formes grises et ses couleurs, la force originelle de l'artiste, sont sans aucune motivation. Certes, cet auteur est très atypique et son travail d'illustration est toujours proche de l'œuvre. Ici, rien.
Pourtant, il me semble que les scénaristes ont tout fait pour lui rendre la tache plus aisée. Car, pour moi, lire une histoire si décousue de deux scénaristes- orfèvres à l'accoutumée implique une raison et cette raison est celle-ci: permettre à Nine de construire confortablement ses dessins.
Certes, j'ai aimé que l'histoire prenne le temps sur la détention d'Alexandra dans l'égout-cachot comme j'ai trouvé pertinent et accrocheur émotionnellement le traitement du personnage de la souris prisonnière. Mais le reste...bon dieu...le reste que c'est étrangement mauvais! L'interview prétexte à un guet apens fait tellement "deus ex machina". Les 3 tentatives d'empoisonnement font chuter le rythme de lecture qui prend déjà tellement son temps en interview et en prison. Mais c'est La réaction de Hyacinthe vis à vis d'Alexandra lors de leur rencontre finale qui est le pire. Ayant tout fait pour la sauver jusqu'à séquestrer des dizaines de personnes, il la rejette car elle est rentrée chez lui ( maisonnée gigantesque) et qu'il est en famille? Sérieux ? Alors oui cela tente d'expliquer le meurtre d'Elise dont on ne sait quasiment rien. On l'a quitté folle excitée par Horous pour la retrouver mariée à Hyacinthe et si cynique à son endroit. A peine est-elle mariée qu'elle est morte. C'est dire le peu d'intérêt que le lecteur peut avoir sur son décès tant il y à d'incompréhension sur son sujet. Et, même, le personnage d'Alexandra qui est une surhumaine puisque elle n'est jamais exténuée malgré l'enfer, part folle et retourne dans le sensé comme qui rigole.
Question univers Donjon, on comprend comment Hyacinthe est devenu maitre des assassins et ça c'est bien.
Mais à part ça.....on oublie vite
Encore un opus dès plus réussi avec toutefois quelques regrets.
Le plaisir de voir Blutch dans l'univers Donjon d'abord. L'artiste construit des décors de la ville absolument somptueux de gothisme et de traits désordonnés construisant un tout harmonique architecturale. Les magnifiques cases ou la chemise de la nuit vole de toit en toit sont tout simplement superbes. Petit désidérata tout de même: les nuits de Blutch sont grises et non noires, les soirées trop colorées et cela entache la bible graphique de Potron minet. Du coté des personnages, les propositions du dessinateur sont magistrales. Horous est inquiétant. hyacinthe, tout en rondeur, est cynique.
Du coté du scénario, il y a un saut dans le temps qui ne permet pas d'entrer dans cette histoire policière pourtant haletante et à rebondissement, suite et fin de l'album de "la nuit du tombeur". Car Hyacinthe est marié et chef des assassins. Jean Michel est battu dans cette bataille entre lui et hyacinthe durant les 3 premiers tomes de Potron Minet. Il semblerait même que notre futur gardien soit désormais le chef de maison appartenant à son oncle. Tant de changement sans explication nous oblige à nous repositionner avant d'intégrer la narration qui apporte encore de nouvelles réponses à l'univers Donjon, tel que la mise au ban des magiciens.
Ce genre d'ellipse étonne. Et nos scénaristes aiment surprendre. Je ne suis pas contre d'ailleurs ces effets de saut dans le temps tant que l'histoire que je lis est surprenante. Et tel est le cas dans cet album sans temps mort ou le cynisme de hyacinthe est à maturité. Cet ellipse sert d'ailleurs le rythme de l'album, particulièrement drôle grâce au duo de Marvin enfant avec sa mère.
Car, oui, Marvin fait sa première apparition ici et c'est truculent. Il est le déclencheur de tous les rebondissements sans en comprendre les tenant et aboutissant comme un chien hilarant dans un jeu de quille.
Tout d'abord, le travail de Blain. Magnifique. les premières pages de nuit noire dans une ville noire le prouve. La violence du meurtre et la transformation du personnage de hyacinthe le prouve aussi. les premières planches sont tout simplement superbes d'intensité émotionnelle et de maitrise graphique.
Puis vient le périple ou deux types de justices (l'ubuesques et racistes de Xaumatauxisne et la kafkaïennes de Nécropolis) se télescopent avec celle de la chemise de la nuit, (courtoise et chevaleresque). Et cette quête de sens ou Hyacinthe (meurtrier et perdu) découvre les croyances et les facettes nombreuses d'une justice multiple lui permette enfin de voir juste, selon le taureau avocat ( meurtriers et rentre dedans). Derrière ses pleurs d'enfant se cache le passage à la maturité. Il n'empêche la cause reste noble puisque c'est pour sauver une princesse en détresse que notre adulte-enfin utilisera tous les ressorts et manipulations. pour gagner. Ainsi, si le but en soi est chevaleresque, les moyens pour l'obtenir, désormais, ne l'est plus. Hyacinthe suit le chemin de vie, pragmatique et calculateur, de Horous ( dans le tome "la nuit du tombeur").
Enfin, il y a dans cet album l'un des plus beaux fusils de Tchekov qu'il m'est été donné de lire: La bourse. Car il est surprenant et détonnant dans son obtention et son utilisation. Car il est un symbole parfait de transformation de Hyacinthe. Car il est utilisé avec les brous qui, dès le premier album, furent les premiers à commencer de détruire les rêves chevaleresques de notre personnage principal. Avec cette bourse, c'est eux véritablement qui le transforme.
Un sans faute pour un opus parfaitement réussi.
Lorsque le personnage principal d'une histoire est habillement écrit, cela donne presque toujours un excellent moment. C'est le cas dans cet album, peut être l'un des meilleurs de la saga Monster chez Donjon.
Ici Horous est le personnage central. Tour à tour, naïf et pragmatique, calculateur froid et amoureux puceau, s'il possède la froideur du scientifique mortifère il est également digne de valeurs fraternelles comme de fidélité. Autour de lui donc se trame une intrigue magique et policière dont il est victime assez haletant et son caractère particulièrement bien définie par les scénaristes permettent des rebondissements dans l'histoire détonant, surprenant ainsi le lecteur tout le long de la lecture.
L'humour est toujours présent au dépend souvent de la difficulté pour Horous de s'insérer dans la vie sociale, lui qui est, il faut bien le dire, un sociopathe. Et c'est par les visicitudes du destin qu'il y parvient. C'est drôle, haut en couleur jusqu'à la bataille finale dans la morgue qui est parfaite de maitrise. L'étonnement d'une narration haletante et bourrée de rebondissement font de cet opus l'un des meilleurs de la série.
On peut considérer que le désir féminin est caricatural dans ce tome. Les personnages féminins ne sont que des midinettes assoiffés de plaisirs, prêtes à tout pour obtenir de jouir. Mais Sfar sait d'habitude habillement les dépeindre dans tous les autres albums comme des personnages fortes. alors on peut croire que leurs comportements est le résultat d'un sortilège.
De plus, Le DONJON continue petit à petit sa construction pour entrer dans son Zenith. Ici ce sont les raison pour lesquels les monstres apparaissent dans le monde. Et c'est amené de manière drôle et pertinente.
Et les 46 planches, en plus d'être magnifiquement écrites sont superbement dessinées. Vermot est au diapason dans l'univers de Blain qui a construit la bible graphique de Potron minet. Et, en plus, il y met sa patte plus perfectionniste dans les décors et les personnages. Et c'est un sans faute.
C'est surprenant car cette histoire secondaire d'un personnage secondaire est peut être l'un des meilleurs de la saga.
A l'époque insouciante des années 60, la bande dessinée avait fort mauvaise presse pour les psychologues pour enfants et autres trublions des valeurs familiales. trop violent, trop peu littéraire et trop indiscipliné, les "petits mickeys" comme aimait nommé Goscinny par réactions aux mauvaises critiques, ces planches à dessin de distraction qui deviendront le 9ème art avaient fort à faire pour obtenir l'agrément des adultes bien pensant.
C'est pourquoi, le journal de Tintin aimait à faire du documentaire intelligent et verbeux. Les casse cou en est un digne représentant. Et c'est avec la rencontre de Gil Delamare que Graton trouvera son chemin à faire du docu BD.
Gil Delamare était LE cascadeur du cinéma français. Il mourra quelques années plus tard la parution de cet album dans les pages du journal d'Hergé dans une cascade pour un film avec Jean Maris ou son obsession du perfectionnisme le condamnera.
Dans cet album, Gil Delamare est un personnage aussi important que Michel vaillant. Il en est même un double du champion dans la vrai vie tant il est dépeint avec les mêmes valeurs humaines. Steve Warson , absent de l'album, n'est même pas mentionné ( ni ellipse, ni introspection). C'est dire combien cette amitié entre Vaillant et Delamare est importante aux yeux de Graton.
Certes, l'album est parfois trop verbeux. A vouloir être un documentaire précis sur la cascade au cinéma ralentit le rythme d'une histoire hybride. Certes l'historiette policière n'est qu'un prétexte à construire un peu de suspense et de rythme. Sans elle, il n'y aurait guère d'intérêt pour un lecteur des années 2000.
Il n'empêche et comme toujours les dessins sont superbes. La vaillante "Grand prix" est certainement l'une des plus belles vaillantes dessinée par Graton. Et les multiples histoires autour de l'intrigue principale font toujours mouches de drôleries humaines ou de constructions simples mais magiques des personnages secondaires. Ici on prend le temps de construire des cases pour, juste, dire ce que choisissent les personnages comme menu au restaurant. Et ce temps qui prends le temps est agréable et apaisante. Ici, on prend le temps de faire des cases pour raconter les émotions des personnages. Et ça aussi ça fait du bien.
Cet album est un triple documentaire en définitive. Sur la cascade au cinéma bien sur mais aussi sur les coulisses du cinéma des années 60. C'est surtout un documentaire sur la société des années 60 en France. Car à prendre tant de temps comme le fait l'auteur, il nous permet, comme dans ces 13 premiers albums, de prendre une machine à remonter le temps et, par la lecture, d'y passer du temps comme si on y était.
Et c'est aussi cela le plus magique de cet album curieux, atypique et si sincère dans son humanité et ses valeurs nobles.
Potron-minet au Zenith?
Le second tome de cette série est certainement presque aussi réussi que le premier. Au delà des petites histoires qui font corps à l'intrigue principale et qui construit l'arc narratif dans sa totalité de tous les tomes, ll y a la bataille homérique (et drôle aussi) entre le personnage principal et son némésis, entre ce qu'il veut devenir et ce qu'il risque d'être dans son avenir.
Quand Jean-Michel parle quasiment par phrase courte et vulgaire, Hyacinthe est lyrique. Quand l'un agit selon son cœur, l'autre le fait pour ses intérêts. Quand l'un est d'un égoïsme crasse ( il n'a aucune sympathie, ni d'attention pour celui qui le traite comme son fils), l'autre est entouré d'amis qui le sauvent d'ailleurs sans faire exprès ( le tabac de la pipe à bon dieu) et qui construisent son avenir ( le DONJON). Quand l'un baise, l'autre est un chaste amoureux ( avec toutefois une propension aux mains baladeuses- il reste aussi un ado-). Et parce que les deux forces sont diamétralement opposés, le duel à l'épée est dantesque sur de longues planches!
Comme le premier tome, l'histoire centrale est une totale réussite de symbole et de pertinence. Les ^personnages sont extraordinairement bien écrits et le rythme, l'humour ne cessent pas une seule seconde. Le tabac qui dénude, par exemple, est une drôlerie de pertinence.
Comme le premier tome, le dessin est superbe d'ombre et de lumière, de contraste et d'émotion. Christophe Blain est un orfèvre qui construits sur les lieux multiples ( la ville, la forêt, le futur donjon), des ambiances qui racontent et approfondissent plus encore l'histoire que l'on lit. Et il suffit parfois à Blain d'un seul trait pour raconter l'émotion vécu par le personnage.
Blain est un orfèvre qui se met au service du propos intense et superbe de Trondheim et Sfar. Du grand art.
Capitalisme et cape et épée:
"La chemise de la nuit" raconte la découverte d'un candide, jeune homme chevaleresque à la Chrétien de Troyes, dans les rues cloaques d'une capitale à la SIN-CITY. ( l'esprit pouvoir anarchique en plus). Et c'est magnifiquement raconté.
Toutes les anecdotes que rencontrent Hyacinthe le ramène à sa candeur infantile et son esprit romanesque face à cet univers du chacun pour soi ou tout est affaire d'argent.
Quand Hyacinthe accède à la capitale ou, sans argent, il faut se baigner de merde, s'imprégner de la ville pour y vivre. Quand Hyacinthe narre, noble, qu'il rédige un journal intime sur son cheval, son meilleur ami qui sera bouffé trois cases plus tard et dont ces écrits finiront en PQ. Lorsque Hyacinthe tente des actions d'adulte au cœur noble qui se clôture toujours par un bain ou les femmes l'infantilisent. A chaque fois que Le petit héros tente de s'émanciper en suivant ses rêves, cela se clôture par le retour maternant et la désillusion.
Et quand il réussit, il ne le fait guère exprès. Ce sont les autres qui réussissent pour lui. Ces autres-là qui sont bien les seuls à mériter d'être sauver de cette ville mortifère. Les lutins, L'arbolesse, Hyppolite ( Le père du Alcibiade du Donjon Zenith). Ce sont ces autres, enfin, qui, soudés autour de la personnalité généreuse , honnête et sincère de Hyacinthe, construisent les réussites de "la chemise de la nuit" ( ce double vengeur qui permet à Hyacinthe de ne pas succomber dans cette ville sombre). Tout comme ils construisent aussi ce qui deviendra le donjon à son zénith.
Car la ville est un personnage à part entière. les meurtres d'argent y prolifèrent. La police y meurt dans l'indifférence totale. Les rues y sont sales et les personnages honnêtes y sont salis juste d'y vivre. C'est la ville de la tentation et du marasme humain qui est magnifiquement dessiné par Blain.
Dans cette multiplicité de personnages savoureux, il y a le dessin génial de Blain. Son trait, ses ombres, ses perspectives toujours finement dessiné par un virtuosité de traits brouillons offrent à la lecture une ambiance nocturne et oppressive qui rendent aussi la ville omniprésente.
L'œuvre est donc un chef d'œuvre. Tout fait sens. Chaque action de hyacinthe, notamment, permet les symboles de ce qu'il est face au monde autour de lui qui va, on le sait, le bouffer. Car, dans Zenith, il est aussi un un capitaliste prêt à tout pour son trésor.
Et "Potron minet" va nous expliquer pourquoi.
Et oui j'ai hâte de la savoir.
Bon. Dans une série de plus de 50 publications, il faut bien des albums préférés comme des honnis. Et celui-ci est clairement en compétition avec les derniers du classement.
Car, ici, rien ne va. Tout est en carton pate.
Les personnages sont tous lissent autant que les comportements des automates. La bataille avec le mal absolu qui devait être dantesque est un pétard mouillé. Il y a tellement de rebondissement que c'est la tête à queue assurée dans la lecture. Et les ressorts ( du feu sacré qui ne sert à rien comme l'entité qui apparait comme par enchantement) sont des "deus ex machina" à répétitions.
Et, comme si tout cela ne suffisait pas, les dessins sont au diapason. Couleurs fades, aucune profondeur, les planches sont boursouflés de carrés, de ronds, de rectangles et de triangles pour tout mouvement et crayonné. Ces géométries en aplat constant ralentit le rythme de lecture alors que le scénario se veut rapide.
Je comprends ce choix de faire dans le naïf, comme les estampes du moyen Age dans les lignes de fuite, et le dessin d'apprentissage dans la géométrie. Nous sommes dans une genèse. Il est donc amusant de dessiner comme avant et comme au début. Mais cela ne fonctionne pas. Le parti pris est trop aux antipodes avec la série.
Et puis cette genèse est si décevante. Il y a certaines réponses en effet. Mais elles nous sont donnés rapidement et sans aucune pertinence. Certes, il y a de bons moments. Certes les repères fonctionnent parfois, mais cela ne suffit pas de surfer sur la nostalgie. C'est sans couleurs, ni relief. Sans savoir faire. Exactement comme le dessin.
Une génèse raté avec deux, trois bons moments.
A part un titre pas vraiment pertinent ( Si l'inquisiteur est la lie de l'humanité, il n'a pas le défaut de mégalomanie mais il faut bien un titre qui rime, non?), l'album est savoureux.
La première partie est d'un humour noir irrésistible. La dictature Elfique, proche du monde Orwellien, assujettie avant tous les esprits. Et de là découlent des dialogues si nihilistes dans la dénonciation, la peur des autres et de soi même, des actions si stupides dans le jusqu'au boutisme de la doctrine de peur. C'est un pur régal de cynisme. Seul Yoda, avant de mourir, dit une chose sensée....et ridiculement drôle.
Puis vient une seconde partie, légèrement moins drôle, mais qui n'a pas que ça à faire car le développement de l'histoire dans la saga est aussi important que son humour. Et, dans ce tome, les auteurs construisent à nouveaux et par petites touches l'univers Donjon. On découvre le proto-Donjon qui était déjà un lieu de trésor. On comprend comment les animaux deviendront bipèdes et loquaces. Et c'est franchement bien vu, pertinent avec des ressorts qui fonctionnent parfaitement. Et tous les personnages sont, comme toujours, très bien écrits.
Les dessins sont aux diapasons de l'univers graphique du Donjon durant sa période Potron-Minet et, moi, cela me plait cette harmonie des couleurs et de palettes. Certes Panaccione se prend les pieds dans le tapis durant les planches ou les dragons sont des personnages importants. ils sont tout petits petits ,rabougris et même gauche (aussi dans les grandes cases) mais cela ne gène pas le rythme de lecture car son dessin reste en mouvement et impulsif, tout en courbe et vivant...bref en osmose avec le scénario.
Bref du bon travail réjouissant.
Une histoire de chiens errants seraient à l'origine de l'univers "Donjon"? Le postulat de départ est savoureux.
Ici, on assiste à l'errance de deux cabots ayant des buts simples et opposés dans un monde forcément rude et barbare. Entre les peuples d'orques et d'elfes qui ont en eux la même violence et le même égoïsme individuel et les humains lâches et pleutres, le monde d'avant Donjon est aussi moche et misérable que celui de Donjon.
Dans cette périnigration à but trivial, les auteurs nous servent une multitude de personnages savoureux. jusqu'à un Yoda cynique et égoïste. Et seuls les deux chiens deviennent, petit à petit et malgré leurs souhaits de confort pour l'un et suicidaire pour l'autre, attachant. Particulièrement le chien d'orque qui est le seul à avoir un but un tantinet noble : mourir aux pieds de son maître. Lui même le dit, il est différent des autres car il est le seul dans ce monde à avoir un sentiment réel d'amour.
Les dessins sont tout de mouvement, vivant et rythmé. Les couleurs servent merveilleusement ce monde rustre et rugueux.
C'est une belle histoire digne d'un Donjon de parfaite facture. Les auteurs nous régalent par ce premier tome, augurant une nouvelle série qui sent bon le plaisir insatiable d'en savoir d'avantage dans cet univers à plus de 50 albums déjà..
histoire apocalyptique comme il était coutume d'écrire dans les années 80.
la terre est devenue acide par la pollution et la gestion capitaliste des hommes. La mer l'est plus encore. Et, les derniers animaux restant se sont adaptés à cet écosystème. Ils sont devenus aussi plus destructeurs. Alex, le personnage principal, est un loser beau gosse, marié à Marylin, belle, vénale et égoïste.
Il pèche, la nuit, l'alligator blanc en scaphandre et arme létale pour donner la belle vie que sa femme croit méritée.
Beaucoup d'action dans un rythme qui se veut haletant mais qui, par un mauvais découpage, casse la vitesse de lecture. Il y a de belles idées.: le sexe technologique, le fils déjà désabusé et une civilisation décrépit par des détails bien amenés, construisant ainsi une ambiance de fin de monde. Les couleurs sont glacés. Le dessin fait le minimum syndical et le final, étonnant de froideur émotionnelle, est une conclusion rapide, trop d'ailleurs, qui enfonce le clou au propos global. Un sorte de twist qui se veut surprenant mais qui tombe à plat car la raison du twist est expliqué verbalement pendant que, hors champ, cela se passe. On ne peut pas mieux faire pour désintéresser le lecteur à ce qu'il lit.
Il y a parfois de vrais et beaux moments de lecture visuelle ( L'ascenseur, les scènes de ville). Mais, à part cela, la lecture demeure froide.
Voila un one shot qui fait le job sans motivation particulière. Dommage.
La curieuse et ridicule traduction du titre ne doit pas minorer l'excellence de l'œuvre. Car, l'air de rien, c'est une petite pépite de derrière les fagots que nous avons là.
Grandement inspiré (évidemment) de "la moisson rouge" de Dashiel Hammett ( qui avait déjà inspiré le Yojimbo de Kurosawa puis le "Pour une poignée de dollars" de Leone ou le "Dernier recours" de Hill) Mignacco y ajoute une suite spectaculaire de rebondissements. Le final, inspiré lui du "Parrain" de Coppola est un twist assez savoureux. Le rythme, haletant en diable, empêche toutefois le développement des personnages. On ressent bien qu'il y a des tentatives de profondeur comme celui du personnage féminin, magnifique de nudité et à l'esprit machiavélique. Mais ces essais échouent malgré tout car l'œuvre se veut aussi bourré de scènes d'actions particulièrement réussies.
Du coté du dessin, Rotundo est un orfèvre du noir et blanc. Son dessin impressionnant de maturité, ses scènes d'actions parfaites et ses découpages oscillent à la perfection avec l'ambiance des romans noirs des Sam Spade, Mickey Spillane et Philip Marlowe.
Un pépite du polar bien noir que voila.
Que les choses soient claires, les 13 premiers albums de la série sauront toujours indispensables à mes yeux.
Le temps de lecture en 64 pages ou la tension monte toujours crescendo ? Graton sait faire.
Prendre le temps aussi pour raconter tout plein de petites histoires savoureuses, rieuses dans la grande histoire charpentant ainsi une structure narrative dense par la personnalité des personnages et les situations multiples qui racontent si bien les vies que l'ont suit par la lecture ? Graton sait carrément trop bien le faire.
Raconter la course automobile en ravivant des courses cultes et des lignes de voitures magnifiques? Graton est carrément là un génie.
Raconter les vrais coureurs automobiles, les rendre attachant? Graton débute ici en mettant en lumière les frères Bianchi qui sont devenus un peu éternel grâce à la série.
Des dessins splendides et des couleurs magnifiques? Graton et sa femme savent faire. D'ailleurs c'est la meilleure période à mes yeux pour Jean Graton en tant que dessinateur. Car ici les personnages sont aussi importants que les décors.
1ère trahison de Steve Warson ( et il y en aura bien d'autres), l'histoire certes raconte toujours un peu la même trame que le 1er tome, 3ème et 5ème tome. Certes, la conclusion n'est que du verbiage, certes cet album est moins réussi que les précédents dans son histoire principale. Mais Jean Graton publie quasiment 3 albums de 64 pages tous les 2 ans durant ces années là. Il est un stakhanoviste absolu du 9ème art. Alors, ce n'est pas si grave que ça.
Car les années 60 sont là, l'histoire est intense et la culture de la course automobile devenue éternelle.
Elles sont rares ses histoires ou la poésie et le vagabondage poétique priment sur la structure de la trame. Car Certes, l'histoire est une ineptie. Comment une baleine peut-elle vivre sous une bibliothèque depuis tant de décennie? Comment peut-elle transmettre ses pensées par télékinésie? Et, si tel est le cas, pourquoi à ce Mr Petit il y a 30 ans et ces deux ados aujourd'hui en particulier ?
Peu importe, le plaisir est ailleurs.
D'abord la ville et ses habitants. Franck par son dessin superbe de détails féconds et de rondeurs juvéniles en font des personnages aussi important que notre couple. L'ambiance morne et marine, gris et surannée est palpable dans sa chaque case de son dessin magnifique. L'ambiance d'un automne nostalgique coule littéralement en envahissant la lecture.
Puis il y a les cases qui par le simple dessin raconte la déambulation poétique. L'imaginaire lumineux qui enrobe la nostalgie monotone de cette ville grise.
L'enquête alambiquée est un prétexte pour nous proposer une palette de personnages secondaires plus savoureux les uns que les autres. Chaque visage raconte une émotion, chaque dialogue (même les plus anodins) aussi.
L'œuvre est faite pour les enfants sans les infantiliser. Elle est intelligente ou le fantastique ne sert que la poésie des émotions humaines et des rêveries humanistes (le passage de l'homme politique transformé en oiseau est savoureux).
Et le dessinateur adore "Kate" de Cosey. Alors il ne peut avoir que des qualités...
Il y a deux options critiques à la fin de la trilogie:
1- On reste médusé par l'ineptie finale, incrédule par tant d'intrigues non clôturées (jusqu'à la principale). Alors on file sur BDgest vérifier que la série n'est pas abandonnée. Et elle ne l'est pas. Alors on peste contre un auteur qui ne connaît pas son job à raconter des histoires. On lui colle quelques noms d'oiseaux au passage et puis on furète sur les réseaux pour connaitre l'avis d'autres et on reste ébaubie par tant de louanges. Et alors on passe ( peut être) à la seconde étape.
2- On réfléchit. Oui les 12 signes zodiacaux ont été poser dans chaque chapitre possédant une couleur spécifique. Oui Roosevelt nous offre un jeu de piste réflexif jusqu'à l'incompréhension. L'horloge est le symbole d'une vie. Une vie non rêvée. Le troisième tome narre la fin de vie. L'ïle. Avalon que nos héros rejoignent par la représentation des 3 formes de vie humaine, par le même ange en 3 anagrammes. Clôture-t-on les histoires lorsque la vie se tarit? Qu'est ce qui est le plus important la quête du Graal ou le Graal? Ce même Graal que personne jamais n'atteint durant une vie entière. Une fin de vie ou la résignation est la dernière énergie.
Les premiers chapitres narraient l'enfance dans cette dictature parentale ou la bienveillance est fait de couleurs et de lumière, sans savoir ni réflexion. Puis les chapitres suivant narrent la violence des émotions de l'adolescence et des chemins à prendre bon ou mauvais. Enfin la vie d'homme et les conséquences de ses actes et enfin la fin de vie, résiliente. Une vie qui se clôture sans rien clôturer.
Il y a donc deux choix possibles.:
1- Roosevelt est une feignasse. Sa trilogie est de la masturbation intellectuelle. Il est pas foutu de tenir ses trames et s'est pété les dents en se foutant de notre gueule.
2- Roosevelt est un génie. Sa trilogie est immersive, détonante d'ésotérisme avec une multiplicité de pistes afin que la réflexion du lecteur soit totale. Son jeu de piste, certes complexes, apporte des éléments majeurs à la pensée philosophique. Si Roosevelt les sème, il n'aide pas à l'arrosage et encore moins à la récolte. Tout est le fruit du travail du lecteur.
Au vue de ma note attribuée, vous savez quel est mon option. A vous maintenant de choisir après la lecture de cette trilogie qui détone littéralement dans l'œuvre de l'auteur.
Andréas demande à des copains de faire des scénarios sur 3 ou 4 pages. Avec ces histoires, ce génie construit des graphismes avec lesquels il quitterait son champ de confort. Et oui, il nous prouve encore et encore que c'est un orfèvre le gugusse. Mais non, il ne quitte en rien son champ confortable car toute sa carrière est d'une grande exigence et, presque, à chacun de ses albums, il nous en met plein les mirettes tant son champ confortable est justement de ne jamais y être!
Alors, oui, il y a quelques histoires qui résonnent plus que d'autres et, oui, le dessin est comme toujours détonnant de malice et de savoir faire.
Mais ce plaisir de lecture est tellement sautillant de courtes histoires en courtes histoires que l'ennuie nous emporte aussi. Ce genre-là irait bien dans un mensuel ou l'on découvrirait un épisode tous les mois avec toujours ce même plaisir béat à la prouesse technique et même à l'histoire souvent bien foutue...
Là non
Les historiettes ? ça fait un bon album? Ma réponse à moi est non. Même si c'est de l'Andréas au pinceaux.
4 nouveaux chapitres, 4 nouvelles heures. 4 nouveaux signes zodiacaux.
Dans le 5ème chapitre ( le lion), ce sont les préparatifs du voyage qui œuvre. Et les personnages retirent tout le savoir d'un coquillage pour en faire un véhicule afin de leurs permettre de voyage vers l'ouest. Là ou se trouve les réponses.
Dans le 6ème chapitre ( la vierge), ils échouent contre un mur immense et sont recueillis dans le verbiage et la connaissance saturée de présomption. Hélas, ces chants du savoir imbue causent la séparation. Et la nudité innocente de Vi se transforme elle aussi en prétention de marquise.
Dans le 7ème chapitre ( Balance), c'est les promesses qui seront non tenues, les cadeaux merveilleux qui ne dureront pas. D'ailleurs, c'est l'automne et les couleurs changent. Nos héros font semblant de trouver cela beau.
Dans le 8ème chapitre (le scorpion), c'est le retour à la réalité et la violence. La mort et la désillusion immédiate.
Roosevelt narre son propos aux travers de ses tableaux peints avant la rédaction de cette trilogie qui a l'apparence de la beauté mais qui s'enfonce petit à petit dans la désincarnation du mythe du savoir, dans la destruction du corps car ils ne sont plus en harmonie avec les émotions primaires.
La narration reste certes classique et le dessin, un brin naïf et peu détaillé, ne sert que le propos. Certes le cadrage est également très conforme aux cases des tintinophiles. Rien par là ne pousse à l'œuvre ambitieuse. Mais le montée crescendo vers le néant, vers la face viscéralement horrible de l'homme se ressent au fur et à mesure. Et il apparaît au tout dernier chapitre de ce tome dans la violence d'une exécution d'une jeune fille prisonnière (et qui le souhaite tant sa vie est décharnée) et dans l'avenir en cliffhanger de Vi.
on croit l'œuvre naïve. Il n'en est rien. Roosevelt sait gérer son propos, à sa manière indiscutablement différente et unique dans le 9ème art.
L'œuvre de Roosevelt est si atypique, L'univers de Juan Alberto plus encore. La trilogie de l'horloge est le premier caillou dans l'univers du Canard, double de l'auteur. Nous attendons le 4ème tome de Juanalberto, maitre de l'univers. Ici, on retrouve également Ian et Vi, qui seront les personnages principaux de "CE" , œuvres testamentaire de Roosevelt selon ses propres dires et ou apparait Juanalberto en personnage secondaire. On les reverra tous trois dans "la table de vénus" et "Juanalberto dessinateur".
Bref, ici apparaissent les personnages principaux, égéries et véritables doubles de l'auteur. D'ailleurs ( et est-ce une prémonition?) Roosevelt donne au visage du peintre aveugle le sien et se tue ( par meurtre ou suicide) dès le premier chapitre.
12 chapitres feront la charpente de la trilogie. les 4 premiers font le premier tome. 12 chapitres,, 12 signes du zodiaque, 12 heures dans une journée. Bélier, (le fauteuil), Taureau (les vases), gémeaux ( les orateurs), cancer ( la cueillette et le repas). 12 anges qui sont les acronymes (ou quasi) du même et unique ange.
Dans ce premier tome, il n'y a pas de dictature et on en parle. Ian, Vi et Juanalberto y vivent en plein dedans mais il y fait bon vivre. L'écriture, les dessins prohibés mais la vie est douce dans le monde des coquillages volants. Il y a les fêtes autour de la dernière œuvre du peintre (Roosevelt donc). Et il y a de la joie dans cette rareté. Il fait chaud, il fait doux. il fait bon vivre. Heureux les simples d'esprit.
Ce premier tome apporte une paisibilité tendre dans un monde merveilleux. Les dessins sont beaux et les personnages surannés et heureux. A part le premier tome, noir et déstructuré, les 3 autres chapitres ne sont qu'harmonie. Après la naissance ( Dans un endroit sombre, aveugle ou l'on n'entend que du verbiage incompréhensible) les 3 premiers temps de la vie sont colorés et joyeux ( l'enfance) ou les coquillages volent , ou le danger n'existe pas. Il y a dans ce premier tome, la sensation d'un agréable lecture et d'une construction d'univers mature.
Mais les tableaux qui ornent chaque chapitre sont, eux, d'une grande violence à la Dali ou dans l'univers du surréalisme. Mais Ian est en colère. On ne sait pourquoi alors que le peintre a parlé à nos trois protagonistes par le biais d'un rêve. Il faut partir à l'ouest. Pour trouver des réponses alors qu'ici personne ne s'en pose…
Vous l'aurez compris, rien chez Roosevelt n'est du déjà vu. Et la lecture se doit d'être intelligente car cela nous semble plutôt naïf et mal géré. Il n'en est rien . Roosevelt ne veut juste pas suivre les structures narratives communes.
Final d'une mini série dantesque! Et ce dernier épisode est certainement la plus importante raison pour lire tout e la saga!
Car celui-ci est d'une beauté graphique absolue. Brian Bolland nous démontre tout son savoir faire. Tout son génie du cadrage incisif, rythmé apparait dans chaque planche. Toute sa maitrise des corps et des émotions irradie chaque case. Bolland prend de la hauteur. Son trait est viscéral et précis. Il amène le ressenti profond dans les multiples sensations de la narration. Tous les corps sont magnifiés dans leurs laideurs ou leurs beautés. La chair est partout dans des décors magnifiques, des lignes d'horizons profonds.
Du côté de Barr, le final est absolument maitrisé. Certes l'apocalypse final n'est pas d'une limpidité scénaristique mais le côté ésotérique fonctionne à plein grâce au dessin de Bolland. Les émotions sont là, nombreuses. Et, les personnages sans âmes ont des finaux sans épaisseur mais ceux que nous avons suivi et ce sont écorchés l'âme, ont des conclusions de toute beauté. Jusqu'à une scène d'amour tendre lesbien qui devait être chose rare à l'époque.
Camelot 3000 est le préambule prémonitoire du comics pour adulte. Le temps de Moore, Miller, Millar viendront après. Et ils doivent beaucoup à ce genre de série qui préparait l'avenir de la BD étasunienne. Camelot 3000 est une référence outre atlantique contrairement à chez nous ou cette mini série est passée totalement inaperçu par feu les éditions AREDIT. D'ailleurs, dans cette revue, il y a aussi une publication de Warlord ( trop bien!). Mais ça c'est une autre histoire.
Cothias prend le temps et c'est tout bon.
Orn, un chien dans un corps d'homme, réapprend tout car il doit se réapproprier un nouveau corps. Cela se passe dans une île proche de l'Eden pour sa créatrice toujours nue, Orkaelle. Orn, le sauvage humain aux émotions de peur carnassière détruira cet Eden ou les animaux ont l'intelligence et la finesse de la parole philosophique. Cothias télescope les inversions. Ce sont les être humains (Orn et Orkaelle) par leurs désirs viscéraux ( la rage et la peur pour l'un et le désir de sexualité pour l'autre) qui détruiront le paradis des êtres de plumes et de poils intelligent et raisonnable. Orkaelle quittera sa création sans trop de regret. Le paradis est-il un lieu d'ennuie? Cothias est brillant dans ce second tome. il prend le temps ( trop parfois peut être) de nous raconter une pensée simple mais diablement bien écrit.
Taffin, de son coté, a une plume bien atypique. Si Orkaelle est sensuelle en mouvement gracile, si Orn le chien est, lui aussi, bien souligné dans ses attitudes d'homme en devenir et si le méchant reste particulièrement attirant de malice, de perversion et de mensonge, l'Eden est fade sous le trait et les couleurs du dessinateur. Le mouvement y est certes mais le trait est approximatif et les décors trop neutre et trop sirupeux. Taffin dessert le propos par trop de vide rempli par trop de couleurs en aplat.
Vraiment dommage...
Mike Barr veut tant raconter ! Il y a tant d'histoires secondaires attractives et tant de personnages si bien narrés. Mais voila, il faut conclure et ceci est une mini série. Alors, il y en a partout. ça déborde de propos et tout est évidemment désordonné. Mike Barr est un boulimique et nous fait profiter pleinement de cette soif de raconter. Même Bolland est perdu tant il a raconter dans ses planches. Et son dessin en pâtit malgré la beauté incroyable de certain cadres.
Bref,
Barr doit clôturer une œuvre intense et généreuse, et durant ces deux épisodes, il doit faire passer le tout dans un goulet.
Il n'empêche, c'est toujours réussi. les personnages toujours marquants et, même si l'intrigue file trop vite, on aime à suivre toutes ces personnalités si fortes, désaxées, objets à tous leurs désirs et leurs besoins. leurs pulsions de morts et de sexualités, l'entrave charnel des corps, le besoin de fidélités et d'infidélités. Le besoin d'être toujours quelqu'un d'autre.
Je ne possède que l'ancienne édition, celle en noir et blanc.
Wininger est un auteur oublié alors qu'il ne devrait pas l'être tant sa plume est superbe et ses histoires fantasques.
Dans "la pyramide oubliée" l'auteur fait ses gammes. Et déjà c'est superbe de finesse et de grâce dans le trait et les décors. Digne fils d'un Tardi avec son Adèle Blanc-sec, Wininger n'a pas à rougir de la comparaison sur ces prochains albums. Bien au contraire, je le trouve bien plus doué dans l'ambiance et la restitution d'un paris au début du siècle dernier.
Mais dans ce premier opus, le noir et blanc dessert la plume si précise de l'auteur. De plus, l'histoire , bien que merveilleuse dans la légende urbaine, est aussi une succession de facilité scénaristique. Ce n'est pas grave, le plaisir est entier car si la claque ( que j'ai personnellement eu à chacun de ses albums futurs) n'est pas, il en reste pas moins un plaisir véritable à lire une œuvre de jeunesse sans temps morts, plein de rebondissements foutraques, servie par un dessin qui fait du bien par sa précision et sa, encore une fois, finesse.
ça y est. On y est!
Après 4 épisodes ou Bar pose son intrigue, tel un comics de super héros des années 80, avec rapidité et ou Bolland fait ses gammes avec ses pinceaux, on y est dans la maturité. On y est dans ce qui est culte outre-Atlantique.
Certes le comics reste ciblé aux ados mais en toile de fond le shakespearien abonde, les personnages se densifient, le théâtre de la condition humaine avec ses pulsions et ses choix irradie la trame. Oui, il est regrettable que cette histoire soit patinée des obligations narratives des mini-séries des années 80. Mais nous assistons ici au prologue de ce qui sera plus tard Miller ( Dark night) et Moore ( Watchmen). Si la guerre contre les extraterrestres est secondaire, l'ambition narrative psychologique des personnages est présent avec une intensité rare pour l'époque. Toute la force se situe du côté de la table ronde jusqu'à la mort d'un personnage important par le personnage principal.
Le trait de Bolland est sublime. Ses cadrages, splendides. Il utilise merveilleusement ses planches pour créer une ambiance, une atmosphère. Les personnages sont magnifiés car le dessinateur sait, avec brio, leur transmettre leurs émotions même les plus anodines. Les couleurs également font preuves de maturité et l'érotisme, qui parfois s'amène, est troublant de grâce et de nudité ( ce qui est atypique pour une création de l'époque).
Oui, au départ Camelot 3000 est destiné aux ados comme toutes les productions de l'époque mais les auteurs intensifient leurs propos pour qu'elles puissent s'adresser à des adultes en devenir. Ils ne prennent pas leurs lecteurs pour de simples boutonneux.
Voila la réussite de cette mini série
second tome d'une saga culte outre-Atlantique et quasi inconnue chez les gaulois.
Ici est introduit le plus beau des personnages : Tristan. Réincarné dans le corps d'une femme, ce personnage va raconter tout le long de la série ce qu'éprouvent les êtres humains qui vivent dans le mauvais corps. C'est osé et précurseur pour une mini-série des années 80. Surtout que beaucoup de ces personnages ont des quêtes spirituelles au travers de leurs corps. La tentation de chair pour Lancelot et Guenièvre, être vivant alors qu'on doit être mort pour le samouraï, le corps d'un monstre et son comportement pour un autre chevalier...etc...
Par une trame, certes peu adulte et courant tout feu tout flamme d'une action à une autre, les sous intrigues, elles, apportent une réflexion étonnante sur les corps et l'âme. Même Guenièvre, la méchante, qui est la réincarnation par excellence du fantasme érotique dans une quasi nudité sur le long de la saga, est boursouflée de furoncles à cause de sa quête de pouvoir absolue. Chaque personnage est tiraillé par ses désirs, ses besoins entre le corps et l'âme. Seuls Keu et Gauvin sont des sous intrigues sans intérêt.
C'est surtout du coté du dessin que cela impressionne. Certes La cité de Camelot et les vaisseaux sont encore très kitsch, mais les cadrages entrent en maturité incisive et créatrice, les personnages et leurs mouvements sont d'une maestria incroyable ( mention spéciale pour Merlin) . Bolland devient le grand de la BD qu'il sera tout le long de sa carrière.
Curieuse histoire et vintage ouvrage que voila.
Dans l'ancienne collection "Histoire Fantastique " chez Dargaud durant les années 80, il y a eu des histoires psychédéliques, des narrations soixante-huitardes, des contes atypiques. "Orn" clairement fait partie de cette ancienne garde.
Cothias construit une narration ou se personnifient les éléments dans un monde de magie. Bien sur le plus méchant des éléments veut le pouvoir absolu et fait bobo aux autres pour tout obtenir. Alors, on fait preuve de malice pour préserver un de ces pouvoirs: Un adolescent (qui a le pouvoir de la terre) va prendre le corps d'un chien et le chien, celui de l'ado.
Et, c'est le chien dans le corps de l'ado qui devient le héros de cette saga en 6 tomes.
Histoire à rebondissement plutôt imprévisible et qui prend son temps au développement , son premier tome est une introduction à l'univers. Et la trame ne prend certes pas les sentiers rabâchés des histoires en bande dessinée mais son évolution reste conventionnelle. L'instigue , en tout cas, donne envie de connaitre la suite.
Côté dessin, Taffin ne rend pas grâce à l'histoire atypique. Il ne sait visiblement pas construire du décor et de la nature. Il y a donc une impression de vide absolu dans cet univers pourtant magique. Le mouvement des personnages-éléments restent cacophoniques. Et les ocres des couleurs ne permettent pas véritablement la perspective. Taffin fait le job sans inspiration.
Ce premier tome est une introduction à un univers pas banal avec le début de l'intrique qui fera la saga. C'est aussi un retour dans le passé. Une époque bénie ou Dargaud, dans cette belle collection, permettait toutes les envies (réussies ou non) de ses auteurs maisons.
Tout démarre comme un comics des années 80 lambda, de beaux dessins mais avec des décors tellement kitsch.
L'histoire du premier épisode est d'une grande naïveté. Il y a des gentils et des méchants et les méchants colonisent les gentils, en les tuant sans scrupule. La narration file vite, trop même, faisant des impasses et des raccourcis. mais cette mini-série de 12 épisodes doit appâter le lecteur au plus vite pour le fidéliser dans ces futurs achats.
Mais, dès le second épisode et le troisième publiés dans ce numéro , les choses changent. Le scénario va toujours trop vite certes mais les personnages sont aussitôt ni lisses, ni classiques. La reine n'est plus une jouvencelle mais une guerrière. Le roi Arthur est un être vociférant, impétueux mais sans la moindre once de sagesse ( un vrai ado!), Merlin est inquiétant et Lancelot, ce salop qui pique les gonzesses est d'une grand intelligence et d'une grande fidélité envers les valeurs et les hommes. Il y a même un samouraï suicidaire, un monstre à la Frankenstein et un pleutre dans la troupe de la table ronde.
Du coté du décorum, la civilisation humaine à détruit faune et flore. La dame du lac conserve Excalibur dans une usine de nourriture à pilule. On transforme des gens en des bêtes pour faire respecter l'ordre et la société est tellement de consommation que le symbole à la télé est acquis par l'ensemble des peuples totalement décérébrés.
Le comics qui démarra naïf devient vite complexe et écorne la société des années 80 tout en étant particulièrement prophète des années 2020.
Et Brian Bolland, bien qu'étant un bon artisan en ces premiers épisodes, va devenir, le long des 12 épisodes, un grand maitre du comics. Et c'est toujours magique de contempler la création d'une virtuosité graphique.
Il faut le savoir, si Camelot 3000 est passé inaperçu en France, le comics est une référence au états unis.
Et c'est carrément mérité.
Fin du cycle....enfin!!! Et pourtant
Nous assistons à une fin d'un monde et la lecture propose une grille de lecture plate. Absolument rien ne se dégage du scénario narrant juste les préparatifs logistiques du départ de peuples. Et si quelques scénettes sont tintées de réussites émotionnelles véritables, (J'ai adoré les retrouvailles de Pile ou face avec sa mère et son frère et j'ai beaucoup ri à la réaction de Wismerhill . J'ai également adoré l'apparition du premier des dragons jusqu'au départ de tout son peuple par la grande porte. ) d'autres sont plus préjudiciables...voire légèrement raciste ( des peuples entiers sont interdits de passage, pourquoi ? parce que leurs cultures guerrières sont incompréhensibles au peuple de Wiss?)….Et pourquoi les peuples premiers décident de rester ? Cela donne un peu d'émotion certes mais expédier en deux pages. Quel gâchis. Bref le scénario, malgré quelques fulgurances, est encore bâclé et c'est triste pour un final. Tant de pages sur les préparatifs et si peu sur les peuples.
Demeurent les dessins de Pontet...Et là c'est une claque absolue! Les passages sur les dragons sont proprement sublimes! Les personnages et les perspectives magnifiques et les décors grandioses. Les couleurs de Nicolas Guénet donnent tellement de profondeur et de majesté à la plume de l'artiste que j'avais tant détestée auparavant et j'adore tellement désormais.
Tout comme Ledroit au début de la saga, c'est Pontet qui fait tout le job pour cette saga qui se clôture sans émotion véritable scénaristiquement mais avec un style unique et sublime au dessin.
Pourquoi? Mais alors pourquoiiiiiiii?
Si du coté du dessin, Angleraud fait sa part du contrat ( largement et avec talent), le scénario est d'un ridicule sans nom. Pire, il est en antinomie totale avec les 14 albums qui suivent !!! Et ça c'est proprement extraordinaire d'incompétence et de ridicule.
Donc, Wismerhill est le fiston de Pazuzu qui le conçoit après un pari avec Lucifer qui, lui, va concevoir Hazel pour le gagner ce fameux pari.. Et Pazuzu va éduquer le Wiss pour en faire un méchant pas content puisqu'il est sur ses cotes tout l'épisode. Mais à la rencontre de Pile ou face, il disparait le papa pas gentil. Pour réapparaitre qu'au 12ème tome et vite fait, en plus. De plus, Hazel va le prendre sous son aile 8 tomes durant alors que dans le pari, il y a bien compétition entre les deux fistons ? Et de ce pari, pourquoi on en entend plus parler pendant les 14 tomes du 1er cycle de la saga!!!!
Alors on passe sur l'ineptie de la princesse qui chantonne du Disney et d'un seigneur qui, en dépression nerveuse pour aucune raison, fait du rien avec du rien, mais on reste en colère avec autant de contre vérité sur une saga entière.
Froideval se fiche de nous. Espérons qu'il ne le fasse pas exprès en plus.
Que se passe-t-il? La saga retrouve-t-elle son droit chemin?
Depuis une parenthèse de 6 albums ou c'est n'import-nawak autant dessin que scénario, ou ça tire en longueur avec des sous-intrigues qui possèdent des débuts mais rarement de milieux et jamais de fin, voila que tout se redresse. Enfin.
D'abord Pontet qui se débarrasse enfin de l'héritage de Ledroit pour construire sa propre identité visuelle. Et ça fait du bien. Et c'est beau! Les gouaches sont superbes, la profondeur des champs et les personnages tout autant. Si Pontet quitte Ledroit, il s'approche d'un Segrelles ou d'un Macedo. Et cette école, certes naïves dans l'émotion des personnages, mais si intense dans les décors, les perspectives et les couleurs. Et je dis bravo à ce dessinateur qui, enfin, me donne un vrai plaisir de lecture.
Ensuite Froideval. Comme toujours, il nous fait le coup des préparatifs avant la bataille et la bataille enfin. La troisième et dernière. Et, ça roule. C'est impressionnant visuellement et même si on n'a jamais peur une seule seconde car il y a pas d'enjeu ( par exemple, beaucoup de personnages meurent mais on sait que ça va ressusciter à tour de bras alors on ne frissonne pas une seule fois) et que la fin est prévisible ( ce tome ne s'appelle-t-il pas "La prophétie? ), cela reste rythmer et vif. Froideval sait faire quand il ne se perd pas même si la mort de Fratus est ridicule et les doutes du général incompréhensible car peu expliqué.
Le final de la saga est prévisible mais se recentre à l'essentiel avec des dessins superbes et maitrisés. Je respire donc. La conclusion ne sera pas gâché alors que les 6 albums précédents, totalement en roue libre, nous le faisaient craindre.
Là c'est croquignolesque. Papa revient. Le même papa qui, par sa mort supposé, a rendu fou de rage Wismerhill. Et, il frappe à la porte tranquille pour expliquer à son fiston qu'en fait il s'est fait avoir par le grand méchant vu qu'il est pas mort. Pourquoi maintenant et pas avant ? On n'en sait rien. Le temps de faire gouzi gouzi avec son petit fils et il repart aussi sec. Et forcément Wiss est encore plus colère vis à vis du grand méchant. Vous le sentez le rebondissement scénaristique nécessaire et opportuniste pour faire évoluer la trame ? Surtout que le dit papa ne reviendra plus du tout après. Froideval ne s'empêtre pas de réalité, ni de bon sens. Tout comme Pontet qui ne s'embête à faire du beau, ni du lisible.
Il en demeure pas moins de jolis moments. La prise de pouvoir par Murata de son fief par exemple ou celui de Ghorghor aussi. cela donne un peu d'épaisseur à ses deux personnages plutôt faire valoir d'habitude. Cela donne l'épaisseur aussi au royaume régie par Wiss.
L'érotisme de certaines planches aussi est toujours agréable. Cela n'a aucun sens mais c'est fantasmagorique tout de même du harem et du pouvoir absolu de Wismerhill malgré le peu de psychologie du personnage.
La bataille finale de la porte des enfers est bien foutu enfin. Visuellement Pontet s'éclate et nous fait plaisir même si le côté brouillon reste très marqué. Et puis Froideval crée (un peu) de tension même si le dénouement est encore un ressort scénaristique qui se veut détonnant mais qui, en fait, rajoute à l'incompréhension. Parsifal était logiquement dans un espace temps différent de cette terre. Alors comment Wismerhill a réussi à le contacter et pourquoi les chevaliers de la justice ont-ils acceptés. Cela n'a aucun sens.
Mais la recherche de sens et de pertinence est le cadet des soucis de notre scénariste semble-t-il. ou alors il explique vraiment mal.