Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.
Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.
Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :
Copyright © 1998-2024 Home Solutions
• CGU Site
• CGU Logiciel
• CGV
• Cookies
• Design by Home Solutions
Page générée le 23/11/2024 à 00:31:19 en 0.0933 sec
La suite et, déjà, la fin dans ce T2 du run, très moyen, de Brian M. Bendis et d’Alex Maleev sur Moon Knight. Sentant déjà sûrement venir l’annulation prochaine de la série, l’histoire ne connait plus aucun nouveau développement, se contente de ronronner et d’amener tranquillement le lecteur au combat final entre le Chevalier de la Lune et le comte Nefaria (Moon Knight 2011, #8-12).
Si les douze numéros ont été publiés en deux tomes, ils ne constituent en réalité qu’une seule et unique intrigue dont nous lisons ici la fin. On peut par ailleurs toujours l’attendre mais cette série régulière, devenue maxi-série, aurait bien méritée un épais Deluxe (à l’instar de celui dédié au run de Charlie Huston sur le personnage). S’il n’y avait qu’une chose à retenir de cet album, ce serait la relation amorcée précédemment entre Moon Knight et Echo qui s’accélère et connait son dénouement. Tandis que du côté de l’intrigue principale, le combat final contre le comte Nefaria est vite expédié dans le cadre on-ne-peut-plus ordinaire d’un commissariat. Décevant.
En conclusion, l’histoire n’aura jamais franchement décollée et c’est donc sans surprise que la série est annulée au bout de douze numéros (une habitude pour notre héros qui ne bénéficie pas d’un très grand lectorat). Si j’apprécie habituellement les super-héros plus urbains et matures, cet ersatz de Batman, encapé de blanc et un peu dépressif, ne m’aura pas particulièrement enthousiasmé. Alors si l’on y ajoute le scénario sans surprise de Bendis et, exception faite de ses superbes couvertures, le dessin perfectible de Maleev... On peut cependant reconnaître au titre le mérite d’avoir su conserver son duo Bendis / Maleev durant une année – ininterrompue – de publication et aux auteurs d’avoir essayé, en vain, de reproduire le succès qu’ils ont connu avec Daredevil.
Après Charlie Huston et Mike Benson sur la précédente itération du Moon Knight, puis Gregg Hurwitz sur le très mauvais Vengeance of the Moon Knight, c’est au tour de l’inlassable duo composé de Brian M. Bendis et d’Alex Maleev de reprendre les rênes du Chevalier de la Lune sans toutefois réussir davantage à replacer ce personnage de seconde zone sur le devant de la scène (Moon Knight 2011, #1-7).
Au même titre que Daredevil ou le Punisher, le titre a été relancé grâce à l’initiative "Marvel’s Big Shots" visant à remettre en avant ces super-héros plus urbains aux ventes plutôt modérées. Mais, si la paire de renom Bendis / Maleev constitue un de mes duos d’auteurs préférés en matière de comics, il faut bien reconnaître que tous leurs travaux ne se valent pas, à l’instar de leur précédente collaboration sur Spider-Woman (en 2009) ou sur Moon Knight donc (en 2011).
En effet, avec Bendis, les références au dieu égyptien Khonshu disparaissent et le trouble dissociatif de l'identité de Marc Spector est remplacé par des visions de Captain America, de Spider-Man et de Wolverine... En somme, le personnage devient un banal super-héros "street-level", un peu paumé, taciturne et, à la vie civile, producteur d’une série télévisée inspirée de son ancienne vie de mercenaire. Une tête d’Ultron est au cœur de l’intrigue qui traîne en longueurs et ne m’a jamais paru d’un grand intérêt, notre super-héros semble presque sortir de sa retraite contre son gré et ses adversaires ne sont guère enthousiasmant (des petites frappes, Snapdragon, le comte Nefaria). Je ne retiens de ce T1 que ce début de romance avec Echo (voir le roman graphique Daredevil : Echo pour les amateurs) et des dialogues toujours bien écrits.
Même le dessin de Maleev, dont je suis pourtant habituellement fan, ne m’a pas paru aussi travaillé cette fois-ci. Il n’y a bien que ses couvertures peintes et leur symbolique qui m’ont poussées à relire ce run.
Un colosse noir, presque un super-héros, débarque de nulle part en 1927 dans une petite ville du Mississippi aux Etats-Unis. Entre le racisme, la ségrégation, l’exploitation par le travail et le Ku Klux Klan, l’époque est évidemment loin d’être favorable aux gens de couleur et l’inondation qui guette ne contribue qu’à rendre le climat local plus tendu encore. Et pourtant, cet homme va rester (Strange Fruit 2015, #1-4).
Le titre de l’album, Strange Fruit, est une référence évidente à la chanson de blues de Billie Holiday interprétée en 1939 et reprises par de nombreux autres artistes par la suite. Mais, si ce "fruit étrange" désigne initialement le lynchage des noirs dans le sud des Etats-Unis dans les années qui suivirent la fin de l’esclavage, il prend ici un autre sens avec l’étrange apparition de ce colosse noir à Chatterlee.
On ne saura cependant rien, ou si peu, de ses origines ou de ses motivations, il ne dira d’ailleurs pas le moindre mot de tout l’album, se contentant de sauver la population sans se préoccuper outre mesure du reste (la disparition d’un enfant, les querelles entre blancs ou les conséquences économiques de l’inondation). Ce qui se révèle très frustrant lorsque l’on referme l’album ; d’autant plus que la fin de l’histoire et les derniers instants de notre héros me paraissent précipités. J’aurais presque préféré que cet homme se contente de retrouver son vaisseau et s’en aille en laissant la population se noyer, il ne s’agissait pas de son combat après tout.
Ce qui m’a surtout poussé à lire cette mini-série, ce sont les superbes planches de J. G. Jones, qui assure aussi le scénario en compagnie de Mark Waid. Le style est certes très éloigné de ce que les comics nous offrent habituellement mais cette peinture et ces couleurs sépia n’en sont pas moins belles et rappelleront le travail d’Alex Ross ou de Gabriele Dell'Otto.
Au début de sa carrière, Sean G. Murphy travailla sur deux mini-séries de complément aux séries Hellblazer et American Vampire. Étonnement, alors que l’auteur n’était pas encore la star qu’il est aujourd’hui, ces mini-séries furent parmi les premières publiées par Urban Comics en 2012 et sorties avant même une réédition de leurs grandes sœurs. L’album qui nous intéresse ici est donc Hellblazer : Mauvais sang, une histoire au cours de laquelle John Constantine enquête sur une affaire de sang contaminé, le sien (Hellblazer: City of Demons 2010, #1-5).
Si le scénariste, Si Spencer, est un illustre inconnu (du moins en ce qui me concerne), il n’en a pas moins très bien compris l’essence de la série-mère. On retrouve ainsi l’ambiance poisseuse d’un Hellblazer et l’humour noir et désabusé de Constantine. Cet album se montre toutefois plus grand public, plus moderne, fait moins appel aux ressorts fantastiques et est très plaisant à suivre du début à la fin. Et il n’y a nul besoin de connaissances préalables de l’univers d’Hellblazer pour entamer sa lecture, une introduction / historique est d’ailleurs là pour guider le néophyte.
Si cette histoire de sang contaminé dans un environnement à mi-chemin du médical et de l’occulte est correcte, dépeint quelques beaux portraits et avance vite, il faut avouer que c’est surtout pour le trait de Murphy que j’ai relu cet album. Son trait est encore un peu anguleux et moins relâché qu’il ne l’est aujourd’hui mais son dessin est déjà dynamique, fin, précis et modernise l’aspect du personnage, notamment sa garde-robe. Quelques scènes paraîtront certes un peu gore par moments mais elles participent à l’atmosphère et à l’esthétique de l’album. Bref, c’est très très beau, loin du dessin souvent quelconque auquel la série principale a souvent été abonnée.
De retour au scénario comme au dessin sur le personnage de Daredevil près de trois ans après l’avoir confié à Bob Gale puis à Brian M. Bendis, Joe Quesada imagine ici une histoire sur la traque d’un tueur en série. Cependant, comme le titre le laisse à penser, l’essentiel est ailleurs : le thème principal de cet album sera l’héritage des relations père-fils des différents protagonistes, au premier rang desquels Daredevil (Daredevil: Father 2004, #1-6).
En introduction, si l’on ne peut que remercier Quesada pour la renaissance de Daredevil sous le label "Marvel Knights" en 1998, il faut également souligner que son rôle de rédacteur en chef l’a progressivement éloigné de cette mini-série au point d’en arriver à des délais de publication invraisemblables (deux ans et demi pour publier à peine six épisodes).
Pour peu que l’on s’intéresse au passé du personnage, suivre le déroulement de l’intrigue, de la fausse piste et du dénouement inattendu est passionnant du début à la fin. C’est assurément un très bon scénario et un très bon "Marvel Graphic Novels". Il est toutefois difficile de faire abstraction des incessantes prises de parole journalistiques – destinées à marteler au lecteur qu’un serial killer sévit en ville (et qu’il fait chaud...) –, difficile aussi de voir dans les Santerians autre chose qu’un groupe de super-héros ridicules et difficile enfin de prendre au sérieux ce Daredevil déguisé en samouraï.
Sur le plan graphique, je ne partage pas du tout ce choix de donner à Daredevil l’allure d’un colosse. "Mon" Daredevil, c’est celui de Bendis & Maleev ou de Brubaker & Lark (publié de façon régulière au cours de la même période, soit dit en passant), au physique certes athlétique mais presque normal et plutôt mince pour un super-héros ; soit, en somme, un physique en rapport avec sa personnalité. Et non ce surhomme aux muscles hypertrophiés et corps manifestement disproportionné imaginé par Quesada. Quant au reste de la partie graphique, même en tenant compte des années écoulées et malgré quelques belles planches, cela reste un travail banal qui ne s’éloigne pas du style et des postures super-héroïques de base.
Dans ce dernier volet de la trilogie "Mon nom est...", c’est au tour de Bane de prendre d’assaut la ville de Gotham dans une histoire qui va recoller les morceaux entre les différentes sous-intrigues et protagonistes rencontrés depuis le premier épisode (Batman 2016, #16-20 et #23-24).
Si, à première vue, il est étonnant de voir Bane faire son retour – celui-ci ayant été défait dans le tome précédent, on aurait bien aimé voir quelqu’un d’autre dans le rôle du boss final –, on comprend que sa présence est surtout destinée à faire de cet ultime combat une opposition simple, basique, épique mais surtout bourrine (avec le retour au dessin de David Finch qui imagine un Bane colossal mais disproportionné). Le schéma du tome précédent tend à se répéter : à nouveau, on retrace l’enfance comparée des deux personnages pour mieux marquer leur différence. Pendant que Bane vocifère et martèle son nom, Batman garde son calme et se remémore les conseils de ses parents, le tout sur fond de discours grandiloquent sur la peur, le courage et la mort. Des thèmes récurrents chez Batman mais qui collent plutôt bien avec la caractérisation faite du personnage depuis les débuts du run de Tom King.
Ce discours de fond, c’est aussi un excellent moyen de raccrocher dans ce T3 avec Gotham Girl, enfin heureuse et que l’on avait un peu laissé de côté depuis quelques épisodes. Et avec Catwoman, en ce qui concerne l’aventure sentimentale : on avait débuté cette histoire en trois actes avec un Batman prêt à se sacrifier, on la termine avec un Batman prêt à s’engager. On peut évidemment ne pas aimer la direction prise mais il faut reconnaître une certaine cohérence dans la progression / construction de l’ensemble ; d’autant plus qu’il ne s’agit là que du premier tiers d’un run qui s’achèvera au numéro 85 avec donc encore une multitude de références et d’imbrications à venir.
A noter, après avoir sauté le crossover "The Button" (DC Univers Rebirth : Le Badge, en VF), un épisode spécial mettant en scène Batman et Swamp Thing à l’occasion de la disparition de Bernie Wrightson. Les fans de la créature du marais, et de Tom King, pourront également lire Swamp Thing Winter Special #1 (2018), dernier comics scénarisé par Len Wein également disparu la même année.
Seul – très léger – bémol : ce choix d’utiliser la couverture de l’épisode 11 pour illustrer un album qui ne contient pas l’épisode en question. Cela dit, elle est très réussie et loin d’être inappropriée.
Dans ce second volet de la trilogie "Mon nom est...", Batman compose son propre escadron suicide et se lance à l’assaut de l’île de Santa Prisca où Bane s’est retranché en compagnie du Psycho Pirate. S’il s’agit, au fond, d’un tome entièrement tourné vers l’action, c’est aussi, à l’inverse, un tome qui voit naître le récit de la relation au long cours entre Batman et Catwoman destinée à culminer au cinquantième numéro (Batman 2016, #9-15).
Après avoir sauté le crossover "Night of the Monster Men" (Batman : La Nuit des Monstres, en VF), débute la composition de cet escadron suicide relativement anecdotique (il n’existe d’ailleurs que pour faire écho à la tentative de suicide évoquée plus tard dans l’album). Seule Catwoman a un réel intérêt dans cette histoire tandis que Poli et Chinelle sont agaçants au possible. Le plus intéressant dans ce T2 – pour peu que l’on lise des comics avec un regard d’adulte –, c’est en premier lieu l’enfance comparée de Batman et de Bane, le véritable antagoniste de cette première partie de run : tous deux se sont retrouvés brisés et enfermés, tous deux devront s’en sortir pour redécouvrir ce qu’ils sont aujourd’hui.
Et puis, il y a cette relation naissante entre Batman et Catwoman remarquablement bien écrite dans les épisodes 10 et 12 (sous forme épistolaire) et dans les deux épisodes sur les toits de Gotham (illustrés par Mitch Gerads). Ils décrivent une introspection mélancolique et juste et une relation tout en finesse entre deux personnages qui se connaissent par cœur et qui n’ont pas besoin de beaucoup de mots pour se comprendre. Certains trouveront sans doute naïfs, voire exaspérants à la longue, ces échanges répétitifs entre "Bat" et "Cat". Je trouve au contraire que Tom King écrit là une relation amoureuse sensible, moderne et de long terme et qui, surtout, sert son schéma d’ensemble ; beaucoup plus réaliste en tout cas qu’un baiser anecdotique comme on le rencontre trop souvent dans les comics.
Publication bimensuelle oblige, la partie graphique est désormais assurée par Mikel Janin qui prend le relais de David Finch. Le dessin est moins typé "comics super-héros" et plus nuancé dans ses couleurs et c’est tant mieux. Et l’astuce graphique consistant à dessiner plusieurs scènes successives en une même grande case est bien utilisée.
En 2016, cinq ans à peine après le dernier relaunch, DC Comics relançait de nouveau toutes ses séries au numéro 1. Et c’est Tom King, un ancien agent de la CIA récemment reconverti scénariste de comics, qui reprenait la plus lue d’entre toutes, Batman, à la suite de l’indéboulonnable duo formé par Scott Snyder et Greg Capullo. Le scénariste avait déjà œuvré sur The Omega Men et The Sheriff of Babylon mais c’est surtout la série régulière Grayson consacrée au personnage de Nightwing qui le propulsa vers le titre-phare (Batman Rebirth 2016, #1 et Batman 2016, #1-6).
Comme toutes les séries relancées à cette occasion, Batman débute par un numéro "Rebirth" qui s’avère particulièrement réussi. Co-écrit par Snyder et King, il fait office de transition / passation entre les deux scénaristes et offre plusieurs niveaux de lecture notamment quant à l’éternel recommencement des comics (qui plus est, il est illustré par Mikel Janin, le dessinateur de la série Grayson mentionné plus haut).
Passé ce numéro spécial, débute une première intrigue en trois volets dont le titre scande "Mon nom est..." et qui est probablement ce que King aura entrepris de plus cohérent sur l’ensemble de son run. Sa première partie voit débarquer en ville deux nouveaux super-héros, Gotham et Gotham Girl, dont le traumatisme originel fait écho à celui de Batman. Ils devront, au travers d’une collaboration malaisée, lutter contre un adversaire inédit dans les comics : le terrorisme. On devine cependant que l’intrigue dépassera le cadre de ces apprentis super-héros et que le Psycho Pirate et Hugo Strange, dont il est question dans ce T1, ne sont que les premiers pions mis en travers de la route de Batman. Si ce dernier demeure un véritable héros, King lui écrit une caractérisation mélancolique, presque sinistre. Batman est avare de ses mots, on découvre un héros malheureux, beaucoup plus sombre et à l’opposé de la figure à laquelle Snyder nous avait habitué.
Ce premier volet est illustré par David Finch et c’est évidemment très très beau à voir. Il y a certes toujours un peu trop de muscles et des mâchoires un peu trop carrées mais le trait est fin, précis, dynamique, l’encrage superbe, on sent qu’il a tout compris du personnage et que c’est un plaisir pour lui de l’illustrer (voir Batman: The Dark Knight 2010 et 2011 pour les amateurs).
Quant au travail d’édition d’Urban Comics, pour ne pas devoir le répéter à chaque nouvel album, il offre tout ce qu’un lecteur de comics peut espérer : une véritable introduction, un chapitrage, des crédits détaillés, des pages numérotées, des couvertures alternatives et divers autres bonus en fin d’album. Bref, un travail dont l’éditeur concurrent ferait bien de s’inspirer.
Un premier titre édité par Netflix depuis le rachat de Millarworld – la société d’édition de Mark Millar – et son adaptation au petit écran annoncée dans la foulée de sa publication, on aura probablement plus lu dans la presse, spécialisée ou non, sur les à-côtés de ce comics que sur le comics en lui-même (The Magic Order 2018, #1-6).
Si Millar a œuvré sur des genres divers et variés, il n’y avait pas encore la magie dans sa bibliographie. Voilà qui est chose faite avec The Magic Order, une histoire de familles de sorciers / magiciens qui s’entre-déchirent de la plus violente des manières. Cette dernière précision est utile car leurs pratiques qui sont ici dépeintes sont très éloignées de celles auxquelles Harry Potter a pu nous habituer : meurtres sordides, enterrements, sexe, violence graphique, déprime passagère et petits tracas de la vie de tous les jours, il s’agit résolument d’un comics adulte. Le plus intéressant dans cette histoire ne se situe d’ailleurs pas tellement dans cette querelle de magiciens vite expédiée mais dans les relations entre les membres de la famille Moonstone (qui rappellera les relations familiales d’un autre titre du scénariste : Jupiter’s Legacy). On passe ainsi beaucoup de temps sur ces six épisodes à apprendre à connaitre chacun d’entre eux, au point qu’il ne reste que bien peu d’espace pour le développement de l’intrigue. Mais, si le scénario n’est pas le fort du livre – ils se battent pour un obscur bouquin magique en gros –, cela n’en reste pas moins une lecture très très plaisante.
La fin ouverte laisse en tout cas à Millar le loisir d’imaginer d’autres péripéties à ses sorciers et d’étendre cet univers. Seul regret : la suite – déjà annoncée – ne sera pas dessinée par Olivier Coipel. On risque donc fort s’assister au même schéma que pour Chrononauts : sans l’artiste star original – en l’occurrence Sean G. Murphy –, la suite n’aura, et de loin, pas la même saveur. Car la grande force de cette mini-série c’est avant tout le travail de son illustrateur. Le dessin de Coipel est comme toujours de toute beauté et, habitué jusqu’alors aux super-héros (House of M, Siege, Thor / Mighty Thor / Unworthy Thor), c’est un plaisir de le retrouver sur un genre plus conventionnel. Il m’apparait enfin comme une hérésie d’éditer une version en noir et blanc de cet album : le dessin est en effet bien plus lisible, détaillé et agréable à l’œil avec les couleurs de Dave Stewart.
Rares sont les artbooks traitant du manga ou de leurs auteurs traduits en français. Celui-ci, BLAME! and so on, est sorti en 2003 au Japon pour accompagner la fin de la publication de BLAME! et est resté longtemps inédit dans une quelconque autre langue (c’est pourquoi il est encore aujourd’hui vendu à des prix exorbitants sur internet). Nous ne devons d’ailleurs sa traduction en français qu’à la récente réédition en grand format de BLAME! et à l’exposition "Arpenteur des futurs" consacrée à son auteur – Tsutomu Nihei – au FIBD d'Angoulême 2019.
L’ouvrage se veut une traduction fidèle de son équivalent japonais (exception faite de sa couverture souple). Ainsi, il traite majoritairement de BLAME! et de quelques travaux annexes de l’auteur (notamment NOiSE et Wolverine: Snikt!) mais en aucun cas des autres mangas réalisés par la suite (Abara, Biomega, Knights of Sidonia, etc.). S’il s’agit d’un joli recueil de couvertures et d’autres illustrations en couleurs, celles-ci ne sont accompagnées que d’un commentaire lapidaire et, en ceci, cet artbook est particulièrement décevant. On y retrouve également des interviews avec Enki Bilal et Guillermo del Toro dont on apprend surtout qu’ils sont fans l’un de l’autre.
La partie la plus intéressante du livre est constituée des définitions / explications / réflexions de Nihei et de son responsable éditorial sur l’univers, les personnages et les mécanismes de BLAME!. Le texte est dense et technique et il est recommandé d’avoir une très bonne connaissance du manga – voire de l’avoir sous les yeux – pour en comprendre tout le propos (d’autant plus que le manga est lui-même assez cryptique).
En 2003, Marvel lança "Tsunami", une collection au nom peu inspiré destinée à faire découvrir les comics aux lecteurs de manga (comprendre au très jeune lectorat). De la dizaine de titres publiés, on peut notamment retenir Runaways de Brian K. Vaughan, Sentinel de Sean McKeever ou New Mutants de Nunzio DeFilippis. Mais un seul de ces titres aura pour auteur un mangaka (Wolverine: Snikt! 2003, #1-5).
Lorsque cette mini-série est publiée, Tsutomu Nihei sort à peine de BLAME!, le manga qui, depuis 5 ans, l’a révélé au grand public. Il serait donc fort logique que SNIKT! et BLAME! partagent quelques similitudes. On a toutefois comme l’impression qu’il ne s’agit là que d’un ersatz de BLAME! auquel on aurait maladroitement greffé Wolverine tant les points communs sont nombreux entre les deux titres. Il y a tout d’abord ce héros mutique et maigrichon (ce qui sied d’ailleurs assez mal à Wolverine). Puis les personnages de Fusa, du Colonel et des Mandates, homologues respectifs de Cibo, de Sanakan et des Exterminateurs. Enfin, il y a cet impénétrable scénario où notre héros avance et explose tout en chemin sans bien comprendre ce qu’il lui arrive. De leur univers post-apocalyptique, de la cybernétique, du design froid et longiligne des personnages, des systèmes urbains souterrains et jusqu’à l’onomatopée servant de titre, ces deux séries ne font presque qu’une.
C’est d’ailleurs surement la faiblesse de cette mini-série. Autant, celle-ci plaira aux fans de Nihei et de son univers (BLAME!, NOiSE, Abara et Biomega) – quoique la couleur ne soit pas du plus bel effet – autant, il est peu probable qu’un lecteur de comics américain biberonné aux super-héros se prenne au jeu de cette narration et de ce style de dessin. Un titre auquel la collection "Marvel Graphic Novels" se prête donc bien mieux.
Après une première mini-série par Bruce Jones et Sean Phillips, publiée en 2003 et consacrée à l’ascension du Caïd, voici la seconde beaucoup plus intimiste. Point de super-héros ici, le scénario de Matthew Rosenberg (le scénariste de Civil War II: Kingpin, une autre mini-série dédiée au Caïd) traite de la rédemption – réelle ou feinte – de Wilson Fisk et de l’écriture de sa biographie (Kingpin 2017, #1-5).
Sa biographie, c’est justement l’élément déclencheur de l’intrigue et le moyen trouvé par Fisk pour tenter de se refaire une virginité auprès de ses concitoyens qui le connaissent surtout comme le parrain de la pègre. Ce dernier aspire en effet à être mieux considéré et à jouer, sous peu, un rôle plus important à New York. Il faut dire que cette mini-série – à l’instar des deux autres, inédites en VF, consacrées à Elektra ou Bullseye – est estampillée "Running With The Devil" et a surtout pour objectif de préparer tranquillement le lecteur au prochain gros évènement éditorial (à savoir le relaunch Marvel Legacy touchant Daredevil).
Mais, pour l’instant, il ne s’agit pour le Caïd que de manipuler et d’amener dans ses filets une journaliste dont la carrière, les finances et la vie familiale s’étiolent petit à petit. Une histoire sympathique et sans prétention, presque un face-à-face, sur fond de combat de boxe, entre deux personnages aux principes moraux radicalement opposés. On aurait cependant aimé que le changement d’idéaux ne s’opère pas que dans un seul sens. Et c’est là ma seule déception : gangster un jour, gangster toujours, le Caïd ne changera jamais...
L’histoire est illustrée par Ben Torres, un tout jeune artiste que l’on a déjà pu voir sur un récent Annual de Daredevil. Si le trait est fin et l’ambiance sombre bien retranscrite, l’aspect colossal du Caïd me parait surjoué. Enfin, pour une mini-série d’à peine cinq épisodes, il est regrettable qu’un second artiste ait dû prendre le relai.
La première mini-série ayant probablement été un succès, voici que Cullen Bunn en scénarise la suite directe... mais avec moins d’idées il faut bien le reconnaitre (Return of the Living Deadpool 2015, #1-4).
Exit les zombies, quoiqu’il en reste encore quelques-uns, le monde est désormais menacé par Deadpool ou plus exactement par d’innombrables Deadpool zombifiés. Autant dire que l’on a abandonné le ton mi-sérieux mi-humoristique de la mini-série précédente, abandonné les références au genre cinématographiques et simplement étiré en longueur le twist final pour faire de cette histoire un bon gros délire à la gloire de Deadpool. Ça reste bien sûr une lecture plaisante et l’humour est toujours au rendez-vous mais on sent qu’il n’y a plus trop de scénario autre que celui consistant à défoncer du Deadpool tout du long des quatre épisodes. Dommage.
Enfin, le dessin de Nik Verella conserve l’esthétique en nuances de gris de la mini-série précédente. Mais, si son trait est précis en ce concerne les personnages – Deadpool et Liz, sa partenaire ramassée en chemin, en tête –, on ne peut pas en dire autant des décors qui sont souvent bâclés.
En résumé, deux mini-séries sympathiques, sans prise de tête, mais qui jamais n’en vaudront l’achat. Surtout à 16 € l’album. Pourquoi donc ne pas les avoir publiées au préalable en kiosque à l’instar de la trilogie "Deadpool massacre..." (Deadpool Killogy en VO) ? Au prix de 5.50 € dans le magazine Marvel Saga, cela avait déjà plus d’intérêt.
La collection Marvel Dark regroupe des mini-séries plus matures et, généralement, cela signifie simplement qu’elles sont plus violentes et non plus intelligentes. Dans celle-ci par exemple, Deadpool affronte des zombies ; autant dire que l’on va pouvoir reposer son cerveau à la lecture du scénario de Cullen Bunn (Night of the Living Deadpool 2014, #1-4).
Si le scénariste est un habitué du personnage, notamment connu pour sa trilogie "Deadpool massacre..." (Deadpool Killogy en VO), ce titre vaut quand même le détour. Car, à la différence des mini-séries estampillées Marvel Zombies et de leur humour noir, celle-ci se veut en effet plutôt sérieuse et ressemble à un survival adapté en comics. Si le scénario reprend quelques poncifs éculés de ce genre cinématographique, cela reste un bon moment de lecture sans prise de tête (il en faut parfois avant de reprendre un titre plus réfléchi). Et s’agissant d’une histoire mettant en scène le mercenaire disert, le personnage multiplie comme à son habitude les réparties bien senties quitte à ce que le lecteur butte, parfois, sur des références insaisissables.
Quant au dessin de Ramon Rosanas, il est propre et précis et sa colorisation en nuances de gris censée rappeler les vieux films de zombies de George A. Romero est d’un bel effet. Toutefois, on a le sentiment qu’il est un peu trop appliqué, qu’il lui manque un je-ne-sais-quoi de personnalité pour franchir un cap.
Enfin, l’album se termine inexplicablement par une courte histoire en dix pages publiée des années auparavant et sans le moindre rapport avec l’histoire de zombies qui précédait. Un nouvel exemple, en sus de l’habituelle absence de chapitrage, de la piètre qualité éditoriale de Panini Comics.
Dans ce troisième tome, la suite et la fin de cette série où Brian M. Bendis et Michael Gaydos vont intelligemment confronter Jessica Jones aux démons de son passé (Jessica Jones 2016, #13-18).
Avant d’entamer cet album, il est préférable de relire la fin d’Alias. En effet, le personnage au cœur de cette dernière partie – Zebediah Killgrave alias l’Homme Pourpre – partage une histoire complexe avec Jessica Jones que les quelques lignes d’introduction ne sauront retranscrire. C’est encore une fois une intrigue bien plus psychologique que super-héroïque, presque un long dialogue entre deux personnages qui se retrouvent froidement après une dizaine d’années, qui amène Jessica Jones à mener une profonde introspection sur ses choix passés et sur la vie à laquelle elle aspire. Une dernière intrigue assez sombre, en accord avec le tempérament du personnage, mais dont le dernier épisode laisse aussi transparaitre une lueur d’espoir. En conclusion, une excellente série, écrite sur le ton du polar, du premier au dix-huitième épisode.
Finalement, mon seul regret tient au choix de Panini Comics d’utiliser des couvertures variantes d’Alex Maleev, Martin Simmonds et Tim Sale pour illustrer ces trois tomes. Depuis Alias, le travail de David Mack était pourtant indissociable du personnage et aurait mérité cette exposition.
On pourrait enfin s’étonner de voir deux autres tomes publiés alors que la série s’achève dans le troisième. Il s’agit en réalité de deux mini-séries – Jessica Jones: Blind Spot (2018) et Jessica Jones: Purple Daughter (2019) – écrites par Kelly Thompson, dessinées par Mattia De Iulis et publiées initialement au format numérique dans la collection "Marvel Digital Originals" dans le but d’accompagner la série télévisée Netflix. L’héroïne étant cependant irrémédiablement liée au duo Bendis & Gaydos, il est parfaitement possible de faire l’impasse sur cette suite.
Dans ce deuxième tome, Jessica Jones partage la vedette avec Maria Hill, la directrice du S.H.I.E.L.D. (Jessica Jones 2016, #7-12).
Reconciliée avec Luke Cage et profitant d’une vie familiale nouvellement retrouvée, Jessica Jones n’est pas tirée d’affaire pour autant et doit déjà venir en aide à Maria Hill pourchassée... par elle-même. La relation de défiance puis de fraternité entre les deux femmes est très bien écrite et sert de fil conducteur tout au long de l’album. Et Brian M. Bendis replace enfin Jessica Jones dans son rôle premier de détective, les aspects super-héroïques n’étant désormais plus que l’histoire ancienne. Aussi, contrairement à la série télévisée de Netflix qui insistait lourdement sur son alcoolisme et son addiction au sexe, ici ces aspects ne sont qu’effleurés et le personnage, bien que toujours un peu paumé, est surtout en quête de quiétude et de normalité.
Une nouvelle fois, et c’est heureux, de multiples personnages féminins sont de la partie. Outre, Jessica Jones, sa fille et donc Maria Hill, on retrouve aussi Sharon Carter, Mary Thiphoïde et plusieurs autres de passage. Sans faire pour autant de ce comics une série féministe, cela démontre bien qu’il y a dans cette industrie de la place pour autre chose que des bodybuilders en collants.
Seuls points négatifs : la couverture colorée qui ne reflète pas l’ambiance qui se dégage de l’album et le dessin de Javier Pulido sur les quelques pages de flash-back. Son style simpliste et coloré, presque enfantin, est à l’opposé du superbe dessin brut, réaliste et très encré de Michael Gaydos. C’en est à se demander ce qui a pu motiver cet étrange choix.
Plus de dix ans après la fin d’Alias – une des premières séries matures publiées en 2001 par Marvel sur son label Max Comics – et probablement bien aidée par le récent portage par Netflix du personnage sur petit écran, Jessica Jones et ses auteurs reprennent du service (Jessica Jones 2016, #1-6).
Le lien avec Alias n’est pas seulement évident du fait de son personnage principal mais aussi parce que l’on retrouve avec Jessica Jones le même scénariste (Brian M. Bendis), le même dessinateur (Michael Gaydos), le même coloriste (Matt Hollingsworth) et jusqu’aux aquarelles en couverture de David Mack. Si le dessin est aujourd’hui plus précis et les couleurs plus nuancées, il est particulièrement plaisant de retrouver tous ces auteurs pour un design et une caractérisation inchangés du personnage, le même art de mener une conversation, la même ambiance noire et urbaine et les mêmes intrigues toujours plus proches du polar que du véritable comics de super-héros.
Dans ce premier tome, Jessica Jones sort de prison et n’aspire qu’à retrouver une vie normale avec sa fille loin de sa vie de couple chaotique et de ses démêlés tant avec les super-vilains qu’avec les super-héros. L’introspection du personnage, son réalisme, son humanité et la richesse des dialogues rendent la série très prenante. A conseiller en particulier à ceux qui ont aimé le run de Bendis & Maleev sur Daredevil.
Il faut noter enfin la grande place accordée aux femmes dans cette série : outre l’héroïne, sa cliente et son adversaire du jour, on retrouve aussi Misty Knight, Spider-Woman, Captain Marvel et quelques autres personnages de second plan. Un casting très majoritairement féminin qui compense malgré tout assez peu le fait que les femmes continuent d’être les grandes absentes des comics de super-héros.
Dans un univers alternatif (elseworld en VO), et en trois épisodes scénarisés par Mike Mignola et Richard Pace, Batman rencontre tout ce que Gotham compte comme créatures fantastiques et démoniaques (Batman: The Doom That Came to Gotham 2000, #1-3 et Batman: Legends of the Dark Knight 1989, #54).
Il faut le dire d’emblée, ce n’est pas du tout l’album de Batman auquel on a habituellement affaire. Point d’enquête, de vilains mafieux ou d’affrontements super-héroïques, nous sommes loin des fondamentaux et seule la frange fantastique de l’immense univers de Batman est ici exploitée. On navigue donc entre le fantastique, l’occultisme ou le religieux, à réécrire l’histoire de Gotham, de la famille Wayne et d’une obscure une menace ancestrale ; des sujets qui, à mon sens, n’ont pas de raison d’être dans Batman – autant lire Hellblazer si l’on est fan – et qui ne poussent pas à m’intéresser plus que ça à cette lecture. On peut certes y voir un hommage à l’univers de Lovecraft, mais encore faudrait-il bien connaitre l’auteur (qui ne se résume pas à de grosses bébêtes).
Du côté du dessin, c’est la "tromperie" habituelle : Mignola se charge de réaliser de jolies couvertures tandis que les intérieurs n’ont que peu de rapport avec celle-ci. Le dessin de Troy Nixey – un illustrateur inconnu dont la seule publication en VF est Jenny Finn – est quelconque, ses visages sont souvent moches et on peine à reconnaitre Batman et les personnages habituels du Batverse...
Ces trois épisodes sont suivis de Sanctuaire (Sanctum en VO), un numéro publié en 1993 dans la série "Legends of the Dark Knight". Illustré par Mignola, il s’agit donc là d’une nouvelle incursion de l’auteur sur Batman après le one-shot "Batman: Gotham by Gaslight" sorti en 1990. Toutefois, l’histoire est encore portée sur l’ésotérisme et, bien qu’elle suive de peu les débuts de Hellboy et que l’on y reconnaisse déjà le trait de Mignola, il n’est pas encore aussi épuré et anguleux qu’aujourd’hui et les couleurs sont franchement criardes. Recherchez plutôt en occasion sa version noir et blanc éditée en 2004 par Rackham.
En conclusion, il s’agit d’un ouvrage à réserver aux inconditionnels de Mignola ou à ceux qui aiment vraiment voir Batman sortir des sentiers battus. Pour les autres, les lecteurs traditionnels de Batman, ils n’y retrouveront pas grand-chose de l’univers auquel ils sont habitués.
Suite et fin plutôt mitigée de la série hebdomadaire Batman Eternal. Une lecture dont on ressort avec le sentiment que le scénario de Snyder et Tynion IV s’est perdu dans tellement d’intrigues et de personnages secondaires que le pitch de départ en est complétement oublié (Batman Eternal 2014, #40-52 et Batman 2011, #28).
Entamer les 52 épisodes de Batman Eternal c’est en avoir au moins pour toute une dense après-midi de lecture... et on est bien content quand on referme enfin ce T4. Il faut dire que les derniers épisodes n’ont plus guère de lien avec l’intrigue policière de départ. On s’ennuie au contraire avec des intrigues secondaires vite résolues et les pirouettes des jeunes de la Bat-Family. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser que ces trop nombreux sidekicks ont des rôles quelque peu forcés, en particulier Harper Row. Et il est vraiment pénible de voir un nouvel adversaire sortir opportunément du chapeau presque à chaque nouvel épisode ; il n’y a plus aucune hiérarchie ni cohérence, tout le monde veut dominer tout le monde. Ce n’est pas parce que le Batverse est innombrable qu’il faut procéder de la sorte pour garder l’attention du lecteur. Bref, ce ne sont pas des albums qui marqueront l’histoire de Batman, ni même que l’on relira un jour.
Mais l’exercice, bien qu’un peu longuet, reste intéressant pourvu que l’on accepte de se farder tout le casting – des héros comme des vilains – et que l’on soit bon public (c-à-d. sans pester à chaque fois que le scénario se perd dans ses méandres et à chaque nouvelle apparition téléphonée). L’histoire aurait sans doute gagné à être moitié moins longue. Elle serait plus simple, moins dispersée et le dessin gagnerait en régularité (on finit avec quasiment un dessinateur différent par épisode). Mais l’on aurait alors perdu la symbolique des 52 numéros et c’était finalement sans doute là le seul intérêt éditorial de la série : réussir à sortir un épisode par semaine et, ce, quel que soit la qualité – très moyenne en l’occurrence – de la série.
Alors que l’on était reparti du bon pied avec une histoire de Batman terre-à-terre, ce troisième volume s’ouvre avec la suite et fin de l’intrigue entre Batwing, Corrigan et Blackfire. Probablement le pire volet de Batman Eternal à ce stade ; que vient donc faire le surnaturel dans cette histoire ? Il est sans intérêt, si ce n’est de permettre opportunément l’évasion de quelques personnages d’Arkham… Heureusement cela ne dure qu’un temps et l’on retrouve rapidement la machination orchestrée par Silence et Jason Bard (Batman Eternal 2014, #27-39).
Deux points d’ordre général à noter :
1/ La très bonne écriture de Catwoman : un profil solitaire mais qui n’oublie pas sa relation particulière avec Batman et qui cède à ses tentations criminelles tout en conservant ses bons sentiments ; un bon préambule avant de poursuivre la lecture du personnage dans "Catwoman Eternal".
2/ La désagréable impression d’assister à un passage en revue des derniers méchants encore inutilisés du Batverse (Killer Croc, Bane, l’Épouvantail, la fille du Joker, Poison Ivy, Mr. Freeze, le Sphinx). Si à petite dose il est toujours agréable de retrouver ces vieux briscards, ils débarquent ici en trop grand nombre et sans la moindre subtilité. Et puis, on avait débuté l’intrigue de Batman Eternal avec des mafieux (Pr. Pyg, Falcone, le Pingouin, Silence, voire Jason Bard) et on la termine avec des bêtes de foire... A croire qu’il fallait obligatoirement les placer quelque part dans cette série anniversaire.
En ce qui concerne le dessin, une floppée de dessinateurs de succèdent pour un ensemble encore très cohérent, dynamique et agréable à parcourir ; on a toujours l’excellent Jason Fabok, seul Andrea Mutti est un cran en dessous. Il faut en profiter car la suite et fin s’annonce bien plus hétérogène.
Cet album peut se lire de deux manières. Soit comme une variation hors continuité sur la mort de Batman avec son lot d’hommages, de nostalgie et de discours grandiloquents sur la nature du Chevalier Noir. Ou, au contraire, comme l’épilogue des deux arcs qui précédent cette histoire, "Batman R.I.P." et "Final Crisis", publiés en 2008 et scénarisés par Grant Morrison (Batman 1940, #686 et Detective Comics 1937, #853).
Dans ces deux épisodes, Neil Gaiman a convié l’habituelle galerie des alliés et adversaires que Batman a connu durant son existence et, au cours d’une bien étrange veillée mortuaire, chacun y va de son macabre souvenir pour célébrer le défunt Chevalier Noir. Le scénario et le dessin multiplient les clins d’œil et les références bien senties que seuls les passionnés de longue date parviendront toutes à déceler. La multiplication des hommages et les caméos de certains personnages tendent d’ailleurs à prendre le pas sur l’histoire qui peut se résumer de la sorte : Batman est une légende et les légendes ne meurent jamais.
Le dessin d’Andy Kubert et l’encrage de Scott Williams sont de toute beauté, d’une grande précision et technicité dans le style comics et fourmillent de détails. On sent une parfaite adéquation entre le scénariste et le dessinateur, chacun se montre très respectueux du personnage – et de son histoire – et la longue postface de Gaiman est très intéressante à découvrir.
Si l’on passe assurément un bon moment de lecture, il n’est pas sûr en revanche que ces deux petits épisodes, totalisant 60 planches, valent les 15.50 € demandés par Urban Comics. Car si l’album affiche 152 pages au compteur, c’est surtout parce qu’il contient en supplément la version crayonnée – ou unwrapped comme on dirait en VO – de ces deux épisodes. Déjà, l’édition publiée en 2011 par Panini avait été gonflée avec trois courts récits scénarisés par Gaiman et vendue au prix fort (18 €). Bref, recherchez plutôt en occasion le kiosque "Batman Universe 1" sorti en 2010 ou, mieux, empruntez l’album à la bibliothèque.
En 2011, DC Comics a clôturé sa période "Classique" et débuté sa période "Renaissance". Pour justifier ce reboot – autrement que pour d’évidentes raisons commerciales –, l’éditeur a publié Flashpoint, cette mini-série en cinq épisodes dont le Flash en serait autant le personnage principal que l’architecte du renouveau du multivers (The Flash 2010, #8 et Flashpoint 2011, #1-5).
Et la justification apportée à ce reboot est plutôt bien pensée. Le Flash a, en toute bonne foi bien sûr, commis l’erreur de retourner dans le passé, provoqué la transformation du monde en un lieu méconnaissable et va littéralement rebooter le système pour le faire redémarrer à zéro. Le tout avec l’aide de la Force véloce à laquelle on prête des propriétés bien pratiques... L’intérêt de cette mini-série réside cependant moins dans le scénario de Geoff Johns, qui n’est finalement qu’un prétexte éditorial, que dans son immense galerie de personnages. Qu’ils jouent un rôle actif dans le déroulé de l’histoire ou n’y fassent que de la figuration, les héros sont si nombreux que l’album est à réserver aux lecteurs de longue date pour être pleinement apprécié et remis dans son contexte.
A l’exception du vilain travail de Scott Kolins sur l’épisode introductif, cet album est d’autant plus agréable à parcourir qu’il bénéficie du dessin d’Andy Kubert qui est comme toujours excellent, d’une grande précision et d’un grand niveau de détail. A vrai dire, en dehors du dessin de Jim Lee, de Greg Capullo, de David Finch, de Jason Fabok ou de Tony S. Daniel, on trouve aujourd’hui difficilement mieux dans ce plus pur style super-héroïque.
S’il n’y avait qu’un bémol à formuler, il serait pour l’édition d’Urban Comics. Il est dommage en effet que le recueil publié en librairie se contente de la mini-série principale et omette du contenu pourtant publié dans les trois magazines Flashpoint en 2012 (les premiers sortis en kiosque par l’éditeur). Nous passons donc à côté de la fin la série The Flash ainsi que des ties-in "Flashpoint: Project Superman" et "Flashpoint: Knight of Vengeance".
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, malgré un immense lectorat et un sujet qui s’y prêterait parfaitement, il n’y a encore à ce jour aucune adaptation en comics ou en bande dessinée du Seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien. Seule une faible adaptation du Hobbit, réalisée par Charles Dixon, Sean Deming et David Wenzel, a vu le jour en 1989.
De prime abord, sa lecture se révèle assez ardue. D’une part, le trait de Wenzel est clairement daté, même pour son époque. A l’aquarelle, tout en rondeurs et en couleurs pastel, il dépeint un univers de fantasy très classique, presque cliché. Un autre lecteur faisait référence à "Blanche-Neige et les Sept Nains" et il se dégage effectivement du dessin une ambiance enfantine à l’opposé de la trilogie beaucoup plus mature portée en 2012 au cinéma par Peter Jackson. Et il est bien difficile aujourd’hui de s’immerger pleinement dans cette lecture en faisant abstraction de cette référence.
D’autre part, Dixon et Deming paraissent avoir eu bien du mal à s’éloigner du roman pour l’adapter en une bande dessinée. Et cela s’en ressent au travers de ces récitatifs longuets et de ces multiples bulles de texte. Quitte à être à ce point fidèle et retranscrire ainsi une bonne partie du matériel d’origine – parfois mot à mot –, autant lire le roman... Il n’y a donc aucune fluidité dans le déroulement de l’action, rien de naturel dans l’expression des personnages et la lecture est trèèès longue.
Enfin, ayant lu l’édition de Vents d’Ouest sortie en 2001, on ne peut que regretter le choix de l’éditeur d’avoir façonné artificiellement une BD franco-belge. Pourquoi ce grand format inadapté qui laisse de grandes marges blanches ? Pour ce découpage en deux tomes alors que rien, dans le séquençage de l’aventure, ne le justifiait ? Pourquoi ces nouvelles – et plutôt jolies – couvertures d’Eric Hérenguel qui ne reflètent en rien le contenu intérieur ? Bref, un choix déroutant.
Après "Batman : Empereur Pingouin", Urban Comics continue de publier en librairie, avec un retard certain, le run de John Layman sur Detective Comics initialement publié en VO entre 2012 et 2014 (Detective Comics 2011, #22-29 et Annual #2).
La première partie de ce volume est excellente tant pour son scénario que pour son dessin. Un nouvel individu riche et mystérieux arrive en ville, le commissaire Gordon et sa police corrompue sont omniprésents, Gotham est très bien représentée et Batman enquête et retrouve un adversaire à sa mesure. C’est bien évidemment très classique, l’enquête est vite expédiée et l’on devine le dénouement à des kilomètres mais, en trois épisodes, Layman démontre qu’il a parfaitement compris l’esprit d’un titre tel que Detective Comics. Qui plus est, le numéro 24 qui suit, entièrement consacré à Gordon, est un régal d’enquête, de noirceur et de sensibilité. Ajoutons à cela le dessin précis, dynamique, très encré, musculeux et surarmé de Jason Fabok – un des meilleurs artistes actuels pour ce qui est du comics de super-héros – et l’on obtient forcément un très bon moment de lecture.
Malheureusement, le reste de l’ouvrage n’est pas au même niveau. Il y a tout d’abord cet épisode annuel composé de diverses courtes histoires toutes consacrées au lieutenant Bullock mais au final assez peu intéressantes car on ne ressent pas pour ce personnage le même attachement que l’on a pour Gordon. Il y a aussi ces backs-up consacrés au personnage de Man-Bat qui l’on nous avait déjà teasé dans le tome précédent ; il faut vraiment être fan de ce personnage secondaire pour apprécier cette chauve-souris immonde et ce n’est pas mon cas. Enfin, il y a la seconde partie de ce volume où Batman se retrouve une fois de plus à affronter l’éternelle galerie des meilleurs vilains du Bat-verse dans une énième variation du gaz phobique de l’Epouvantail ; bref, une seconde moitié fort peu enthousiasmante et le dessin de Fabok sur une partie de celle-ci n’y change rien.
Le Phénix ne disparait jamais bien longtemps des séries estampillées X-Men et le voici déjà reprendre respectivement possession des corps de Jean Grey et des Stepford Cuckoos dans ces deux mini-séries en cinq épisodes chacune scénarisées par Greg Pak (X-Men: Phoenix – Endsong 2005, #1-5 et X-Men: Phoenix – Warsong 2006, #1-5).
Tuée en 2004 par Grant Morrison au cours de son run sur les New X-Men, Jean Grey revient bon gré mal gré à la vie un an plus tard dans une première mini-série intitulée "Le chant du Phénix". Il n’y a guère de surprise dans le déroulé de l’histoire, il ne s’agit en effet que d’une énième variation sur le fait d’accepter ou de rejeter une Force Phénix malfaisante et incontrôlable et, ce, quel que soit son hôte. L’histoire en elle-même a peu d’intérêt, n’a aucune répercussion sur le long terme et il faut vraiment être fan du trio amoureux que forment Jean Grey, Cyclope et Emma Frost pour l’apprécier un tant soit peu. Quant au dessin de Greg Land, il est très propre (voire trop propre) et bénéficie parfois de jolies compositions mais il est aussi dans l’ensemble beaucoup trop informatisé.
Un an plus tard, une nouvelle mini-série intitulée "Chant de guerre" voit la Force Phénix faire son re-retour et prendre cette fois-ci pour hôte les Stepford Cuckoos, ces quintuplées devenues triplées de l’Institut Xavier déjà entraperçues précédemment. A l’inverse de la précédente, cette mini-série mise tout sur l’action et sur un programme Weapon Plus délirant. Difficile également de prêter un quelconque intérêt à ces adolescentes froides et inconnues plus habituées aux seconds rôles qu’à jouer les personnages de premier rang. Quant au dessin, il est lui aussi l’œuvre d’un quasi inconnu – Tyler Kirkham – dont le trait mainstream et sans personnalité n’est pas à la hauteur des couvertures de Marc Silvestri.
Dans ce deuxième tome, le lecteur ne découvrira pas une nouvelle aventure de son héroïne déguisée façon steampunk mais uniquement la fin de l’aventure précédemment (Lady Mechanika 2010, #4-5).
Je ne reviendrai pas sur l’histoire en elle-même, je n’évoquerai que le travail d’édition honteux de Glénat. Lorsque l’éditeur a entamé en 2016 la publication du premier volet – intitulé Le mystère du corps mécanique –, celui-ci savait qu’il s’étalait sur cinq épisodes puisque sa publication était alors terminée en VO. Pourtant, Glénat a choisi de diviser artificiellement ces cinq épisodes en deux tomes et de les sortir à quatre mois d’intervalle. L’éditeur n’apporte aucune explication à ce choix, difficile en effet de justifier le fait de vendre une même histoire deux fois. Il est donc nécessaire de débourser 28 € pour les 132 planches constituant cette première aventure.
L’éditeur pourrait rétorquer que ce deuxième tome fourmille de bonus (48 pages tout de même). Or, le lecteur de comics paye avant tout pour des planches de bande dessinée et non pour toute autre forme de matériel. Les bonus que l’on retrouve habituellement en fin d’ouvrage ne doivent leur présence qu’au dernier cahier entamé qu’il faut intelligemment remplir et ne sont pas une manière artificielle de gonfler un livre. Or, dans ce deuxième tome, les bonus occupent une place comparable à celle de la bande dessinée. Pire, la nature de ces bonus interroge... Que viennent faire ici des extraits du troisième tome (10 pages) ou d’une autre série (8 pages) ? A court de pin-up, l’éditeur semble s’être reporté sur du matériel sans rapport avec l’aventure en question.
Si la démonstration de l’incompétence de Glénat n’était pas encore faite, il suffirait de prêter attention aux multiples éditions de ce deuxième tome pour s’en convaincre. Car, à défaut de savoir éditer correctement un comics, Glénat sait très exploiter un filon et Lady Mechanika en est le meilleur exemple. Il existe ainsi l’édition variante (voire des variantes A et des variantes B pour les derniers tomes), l’édition collector de 2016 (au doux prix de 29 € pour le même matériel, planches et bonus compris), une édition finalement pas si collector que ça puisque celle-ci ressort à l’identique en 2019.
La surexploitation de cette série aboutit aujourd’hui à un total de dix-huit éditions différentes (toutes ne sont pas encore répertoriées dans la bédéthèque). Tandis que d’autres séries du même éditeur n’iront même pas jusqu’à leur terme (voir l’interview donnée par celui-ci en mai 2019). Les lecteurs savent désormais quelle politique ils encouragent lorsqu’ils achètent un comics chez Glénat.
Déjà six tomes au compteur, encore du matériel en cours de publication en VO et une présence constante en librairie, Lady Mechanika est une des rares séries à succès de Glénat Comics (Lady Mechanika 2010, #0-3).
La série développe un univers steampunk riche et coloré, plein d’inventions "mécaniques" et se déroule durant époque victorienne revisitée. L’histoire repose essentiellement sur la personnalité de son héroïne et malheureusement celle-ci est plutôt antipathique. La quête de ses origines apparait confuse et il reste encore de très nombreuses interrogations une fois la lecture terminée. On sent que cette mémoire perdue va être exploitée pendant encore un bon nombre d’épisodes.
Aussi, le côté steampunk, voire Art nouveau, est constamment exagéré ; à tel point que l’on a plus l’impression d’avoir affaire à une jeune femme dans un de ses multiples déguisements de cosplay qu’à une véritable aventurière (ce qui serait paradoxalement en cohérence avec l’inspiration de l’auteur évoqué dans la préface). Son attitude hautaine et sa manière de poser en pleine page ne participent pas non à ce que l’on s’attache à elle. Enfin, l’auteur a sans doute voulu donner aux dialogues un ton prétendument proche de celui du XIXe siècle mais cela ne fait que leur donner un style pompeux et pénible renforcé par cette multiplication de phylactères.
Le dessin très précis sauve un peu l’ensemble et on peut reconnaitre à l’auteur d’avoir persévéré durant plusieurs années pour développer son projet. Mais les pages sont surchargées, le découpage part dans tous les sens et l’héroïne – comme les autres personnages féminins – est en permanence représentée à la manière d’une pin-up (les nombreuses couvertures alternatives en fin d’ouvrage en sont remplies et donnent l’impression que la série ne repose que là-dessus).
Après "Off Road" et "Punk Rock Jesus", voici le dernier travail en date de Sean G. Murphy en tant qu’auteur complet, un récit qui inaugure en VF la collection DC Black Label. Et en un mot, le scénario est intelligent et le dessin sublime (Batman: White Knight 2017, #1-8).
La première chose qui frappe en débutant la lecture de cette histoire, c’est le réalisme de son contexte. On a déjà lu tellement d’histoires dans lesquelles les personnages se contentent de jouer leurs rôles de super-héros contre super-vilains que l’on se doit de souligner celle-ci qui sort du lot par son intelligence et sa subtilité. Son environnement est en effet très actuel, il ferait presque l’actualité s’il ne se déroulait pas à Gotham. Si la trame de fond de ce White Knight est l’irresponsabilité de Batman dans sa lutte contre le crime, d’autres sujets s’y raccrochent telles les limites du vigilantisme, les violences policières, les inégalités sociales, la représentativité des laissés-pour-compte ou encore la corruption. En somme, des sujets conférant une tonalité politique que l’on a peu l’habitude de rencontrer dans un comics, qui plus un comics de super-héros.
Au-delà du contexte, le scénario est lui aussi très bon. L’idée de base tient en l’inversion des rôles de Batman et du Joker, le premier sombrant dans la violence tandis que le second est guéri de sa folie. La relation d’amour et de haine entre les deux personnages est très bien comprise et retranscrite par Murphy, leurs échanges sont honnêtes et posés et l’on en aurait bien repris pour un ou deux épisode(s) supplémentaire(s) afin d’approfondir les accusations et retrouvailles de part et d’autre. Le divertissement n’est bien sûr pas oublié et l’on retrouve la passion de l’auteur pour les voitures et les courses-poursuites. Enfin, entre la Bat-family, Harley Quinn, Clayface et consorts, l’Histoire de Gotham et les références cinématographiques à gogo – à la série animée des années 90 notamment –, les fans de l’univers de Batman seront ravis.
Je n’ai finalement que deux reproches à faire à cette histoire. D’une part, sa fin qui nous ramène au statu quo initial. D’autre part, profitant de cette rare opportunité de réaliser en solo une mini-série sur Batman, l’auteur parait y a mis toutes ses idées et tous ses personnages favoris. A tel point que l’ensemble apparait par moments surchargé (une impression toutefois minorée par les couleurs de Matt Hollingsworth). Une suite est prévue – Batman: Curse of the White Knight, toujours en cours de publication en VO –, puisse-t-elle être moins exubérante.
Un mot sur l’édition française : les huit épisodes sont réunis en un unique volume au format Deluxe avec quelques bonus en fin d’ouvrage ; même la très belle édition en noir et blanc, au format un peu plus grand et au papier un peu épais, est proposée à un prix raisonnable (29€). Un travail de qualité dont l’éditeur concurrent ferait bien de s’inspirer.
A l’instar du lecteur, Hellboy prend invariablement un an de plus à chaque publication. Et c’est à peu près tout ce qu’il y a à signaler concernant ce quatrième tome (Hellboy and the B.P.R.D.: 1955 – 2017, #1-5).
Au menu de cet album, il y a d’abord ces deux petites histoires en un épisode chacune. Des histoires de démons et de sorcellerie comme on en lit depuis si longtemps en suivant ce personnage. Rien d’exceptionnel tant au niveau scénario que du dessin, on notera cependant l’effort apporté à la leçon d’Histoire : la ségrégation raciale aux Etats-Unis pour l’une et la découverte de l’Amérique pour l’autre.
Plus intéressant, il y a surtout cette autre histoire un peu plus longue en trois épisodes. On sent qu’il y avait davantage de place pour le développement d’une intrigue et une petite machination se trame dans le dos du B.P.R.D. dont tous les membres occupent ici une bonne place. Dommage cependant qu’il faille attendre le volume suivant pour en découvrir la suite... A noter que l’on y retrouve le joli trait légèrement cartoony de Brian Churilla qui avait déjà officié sur le volume précédent.
De courtes histoires, Mignola en couverture, une vilaine bébête, un peu de paranormal, quelques nazis, une rapide enquête et une bonne droite de l’Enfer pour finir, en somme la recette habituelle d’un Hellboy. Bien sûr, lorsque l’on aime le personnage et son univers, la sortie annuelle est toujours un agréable moment de lecture. Agréable mais désormais sans enthousiasme. Au bout de vingt ans, et malgré le renouvellement des auteurs, cela finit nécessairement par ronronner et l’on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine lassitude. Pendant combien de temps encore additionner ces volumes qui n’offrent plus guère de surprise ? Assurément, la question de bien des fans.
Huitième et dernier volume de la série des préquels Before Watchmen, cette fois-ci consacré au personnage le plus emblématique de la série originale : le Dr. Manhattan. Et pour résumer mon avis, le récit ici proposé par J.M. Straczynski a beau être le dernier de la frise, il est de très loin le meilleur des huit tomes (Before Watchmen: Dr. Manhattan, #1-4).
Il y a plusieurs raisons à cela et la première d’entre-elles tient au personnage de base. Si l’on se contrefout par exemple de Spectre Soyeux – de la mère comme de la fille –, on aime au contraire Rorschach ou Ozymandias et on adore généralement le Dr. Manhattan. Il est dès lors plus facile d’écrire une bonne histoire quand son personnage principal est le plus intéressant et emblématique de Watchmen. Les passables préquels de personnages aussi ennuyeux que Moloch ou le Hibou, tous deux également scénarisés par J.M. Straczynski, le démontrent parfaitement.
Il y a ensuite la tonalité du récit. Le personnage se rapprochant plus du dieu que du super-héros, son histoire est racontée en parfait accord avec son statut : c’est-à-dire de manière intelligente, contemplative, presque philosophique. L’idée d’utiliser l’expérience du chat de Schrödinger comme base de construction du scénario fonctionne très bien et les facultés de voyage dans l’espace et le temps du Dr. Manhattan sont bien exploitées. A l’inverse, on aurait sans doute pu se passer de ces inévitables nazis, la question de la destinée et du choix est réduite à une bête option binaire gauche/droite et l’on a par moments l’impression que l’auteur se perd lui-même dans ses explications "quantiques".
Enfin, si la lecture fut aussi agréable, c’est aussi en grande partie dû au dessin d’Adam Hughes. Un artiste bien trop rare et que l’on connait surtout pour ses super-héroïnes sexy en couvertures variantes. Rien de cela ici, juste quatre numéros au joli dessin et aux bonnes idées de composition.
Un livre emprunté à la bibliothèque sans conviction doublé d’une lecture sans enthousiasme pour ce cinquième tome des aventures de James Bond. Il faut dire que les précédents perdaient en qualité à mesure qu’ils étaient publiés et, sans surprise, on se trouve donc ici face au plus faible volume de la série (James Bond: Black Box 2017, #1-6).
Après Warren Ellis et Andy Diggle, c’est au tour de Benjamin Percy – un romancier américain devenu scénariste de comics – de reprendre la main sur les aventures du plus célèbre espion anglais. Et celui-ci semble avoir confondu le personnage avec un de ses super-héros lambda tant on ne retrouve ici rien du James Bond de Ian Fleming (c’en est d’ailleurs à se demander pourquoi la licence continue d’être exploitée vu les piètres scénarii pondus jusqu’à présent).
Son espion n’est qu’un commando voire un assassin sans flegme ni charisme qui accumule des scènes d’action ne recélant plus la moindre surprise. Le personnage se comporte comme un Jason Bourne interprété par Jeremy Renner : il a les attributs d’un Jason Bourne mais on aurait largement préféré retrouver Matt Damon... Bref, c’est une déception. Il ne suffit pas de glisser çà et là quelques références "James Bond-esques" (le pistolet, la voiture, la fille facile, etc.) pour fabriquer une histoire de James Bond. Le thème du vol de données personnelles constituait pourtant une menace actuelle mais il est ici traité de manière simpliste et orchestré par des adversaires caricaturaux (mention spéciale au ridicule homme de main du vieux japonais...).
Quant au dessin de Rapha Lobosco, il a beau ressembler vaguement à celui d’Eduardo Risso il n’a pas sa personnalité. A vrai dire, on ne saurait reconnaitre le dessinateur tant le dessin et les couleurs sont peu inspirés. Finalement, il n’y a à retenir de ce cinquième tome que sa couverture plutôt stylé. Mais elle est sans rapport avec le contenu et ne suffit pas à elle-seule à rattraper un T5 sans intérêt.
Même l’éditeur se moque de cet album puisque le lettreur VO est crédité aux couleurs...
Une mini-série mettant en scène la relation compliquée – quoique fort basique – entre Daredevil et le Punisher, une histoire de super-héros dont le scénario se résume malheureusement à une simple course-poursuite que l’on aurait étiré sur une grosse centaine de pages. Publiée initialement au format digital, celle-ci aurait mieux fait d’y rester (Daredevil/Punisher: Seventh Circle 2016, #1-4).
La mini-série est scénarisée par Charles Soule, le scénariste de la série régulière consacrée à l’Homme sans Peur depuis 2016. On ne s’étonnera donc pas de retrouver un jeune héros de sa création au casting – Blindspot –, un bon moyen de lui donner du temps de jeu tout en nous gratifiant de quelques acrobaties supplémentaires...
Le pitch est extrêmement simple : Daredevil et son apprenti escortent un mafieux russe, le Punisher se met en travers de leur chemin et tous les quatre vont se courir après de la première à la dernière page. En fait, il ne s’agit que d’une longue, bien trop longue, scène d’action agrémentée de pirouettes, de courses-poursuites et de fusillades dont tout le monde se sort évidemment indemne. Il n’y a aucune réflexion, aucun rebondissement, ça se lit en dix minutes et même un scénariste débutant aurait imaginé une histoire plus subtile.
Il n’y a bien que le dessin de Szymon Kudranski à sauver. Il est précis et brut à la fois, la mise en page est très dynamique (encore heureux vu le type d’histoire) et l’ambiance urbaine et noire qui est en ressort convient parfaitement à ces deux super-héros. Un bémol toutefois : l’aspect bodybuildé de Daredevil ne correspond pas à ma vision du personnage.
Infinity est un très gros event comme Marvel en produit tous les ans mais, à la différence de bien d’autres, celui-ci a été unanimement bien reçu par la critique. Difficile à croire cependant tant le scénario de Jonathan Hickman est bourrin (Infinity 2013, #1-6).
Comme d’habitude, l’histoire débute en dévoilant au lecteur la dernière menace en date : les Bâtisseurs, une race d’extraterrestre dont l’unique motivation est de tout détruire sur leur passage. Ni originalité ni subtilité, il ne s’agit que d’un adversaire lambda destiné à remplir le livre d’affrontements cosmiques. Certes, les planches de Jim Cheung, Jerome Opeña et Dustin Weaver sont très réussies – en particulier celles de Jerome Opeña – et le rendu est précis, coloré, dynamique, épique ; bref, le dessin est clairement au top de ce qui se fait en comics de super-héros. Mais l’on est en droit d’attendre un peu plus d’un event qu’une succession de batailles.
La seconde intrigue qui se déroule en parallèle, celle qui justifie un tant soit peu le titre de l’ouvrage, envoie Thanos attaquer la Terre sous prétexte qu’une poignée d’Avengers sont partis faire la guerre aux aliens. Ici aussi, on aura déjà vu plus subtil. Il y a bien quelques bonnes idées comme ces cinq pseudo-cavaliers de l’Apocalypse et le truc du défi / tribut. Mais, la diplomatie mise à part, les Avengers restent des héros, Thanos la grosse brute et tout le monde se retrouve dans le dernier épisode pour un combat final précipité. Il n’y a pas à crier au génie pour ce genre de scénario basique.
Enfin, il est à noter qu’il est préférable d’avoir une bonne connaissance préalable de la période Marvel Now! en ce qui concerne les Vengeurs. En effet, d’une part la présentation du contexte et de la tripotée de personnages est plus que sommaire et probablement inaccessible au lecteur néophyte. Et, d’autre part, l’event se prolonge dans le tome 4 de la série "Avengers" et le tome 2 de la série "New Avengers" ; des tie-ins dont la lecture, sans être obligatoire, se trouve être plus intéressante que la série principale.
"Terreur Sainte" – Holy Terror en VO – devait être un roman graphique traitant du combat de Batman contre Al-Qaïda. Un affrontement contre un adversaire plus ou moins inspiré de faits réels comme il en existe tant d’autres dans les comics. Mais au final, par la pauvreté et la radicalité de son propos, son absence de nuance et sa méconnaissance du sujet, il s’agit surtout du combat de Frank Miller contre l’islam.
Bien que Miller ait récemment reconnu, sans pour autant le renier, ne plus être aujourd’hui capable d’écrire ce genre de livre, ce roman graphique restera comme une vilaine tache dans sa bibliographie. Sorti en 2011, cela lui laissait pourtant dix longues années après les attentats du 11 septembre pour mûrir, si tel était son souhait, une histoire traitant de l’intégrisme religieux voire du terrorisme islamiste avec l’intelligence et le recul nécessaire à ce sujet. Au lieu de cela, le scénario qui est ici proposé se résume à une vengeance brutale en forme de réaction épidermique, radicale et islamophobe d’un auteur qui n’a manifestement pas étudié ou compris son sujet.
Aussi, bien qu’il ne s’agisse officiellement plus d’une histoire de Batman, on ne peut s’empêcher de reconnaitre, dans les personnages de l’Arrangeur et de la Chat-pardeuse et de la relation qu’ils entretiennent, des ersatz de Batman et de Catwoman. Ainsi, malgré le refus essayé dès 2006 de la part de DC Comics, il est regrettable que Miller ait choisi de conserver des personnages aux traits de super-héros et d’entretenir par là même l’idée que Batman pourrait se livrer à la torture et au meurtre. Car, bien que son Dark Knight de 1986 ne constitue pas la plus fine et subtile des interprétations du chevalier noir, jamais il n’en arriverait à de telles extrémités.
Reste le dessin en noir et blanc, qui fait aussi indéniablement penser à son Dark Knight ou à Sin City (voire à 300 pour le format). Si certaines planches demeurent somptueuses, particulièrement celles se déroulant la nuit sous la neige, le trait de Miller est toutefois un peu plus carré et grossier qu’il ne l’était dans les années 90. Il a tendance à abuser des mêmes effets et la représentation de son héroïne en bas résille est surannée. Reproduisant les quelques touches de couleurs à la manière de Sin City, il semble même en avoir oublié le sens et colore inexplicablement des éléments sans intérêt tel des chaussures en rouge, un masque en vert ou l’eau en rose.
Suite des nouvelles aventures d’Harley Quinn où il est encore une fois question de faire plus ou moins n’importe quoi durant six épisodes mais où l’on décèle aussi un début de caractérisation autour des relations entretenues par le personnage avec Poison Ivy ou le Joker (Harley Quinn 2016, #8-13).
Ce T2 s’ouvre par un WE entre copines. Harley Quinn et Poison Ivy choisissent fortuitement de se rendre sur une colonie naturiste afin de rappeler au lecteur de comics moyen qu’il paye plus pour la plastique de ses héroïnes que pour le scénario qui leur est offert. Si l’on excepte cet aspect racoleur, il est assez plaisant de constater qu’Harley est enfin caractérisée comme un personnage sensible et non plus comme une éternelle écervelée. La romance de longue date entre les deux personnages culminera d’ailleurs de la plus belle des manières avec le numéro 25 et les plus enthousiastes pourront même se jeter sur une mini-série qui a débuté récemment : "Harley Quinn & Poison Ivy".
Puis, la seconde intrigue explore une romance plus ancienne encore puisque le Joker est une fois de plus de retour (s’il s’agit bien de lui...). Faite d’amour autant que de haine, la relation entretenue par l’ex-psychiatre et le clown prince du crime y est bien décrite, joliment illustrée par John Timms – le seul artiste qui sorte du lot – et conforte l’idée que le personnage d’Harley Quinn est bien plus intéressant sous ce jour qu’en criminelle inconsciente et délurée tel qu’elle est trop souvent représentée par le duo Conner / Palmiotti.
Difficile toutefois de faire abstraction de la tripotée de gags basiques qui accompagne ces histoires, d’autant plus que le recueil se termine par un numéro spécial Noël complètement absurde.
La série consacrée à l’ex-psychiatre délurée et à ses branquignols repart de zéro en 2016 à l’occasion du relaunch "DC Rebirth". Pourtant, celle-ci conserve ses scénaristes, ses dessinateurs et sa tonalité tragi-comique ; bref, on reste dans la droite ligne de l’itération précédente et rien ne la différencie vraiment du titre de l’ère "New 52" (Harley Quinn 2016, #1-7).
Harley Quinn ne me disait rien, mais alors rien du tout. Je me suis efforcé d’emprunter les deux premiers tomes à la bibliothèque, de les lire attentivement – et dieu sait que c’est navrant – et le résultat est aussi décevant qu’attendu. Certes, il faut reconnaitre que le titre apporte une grosse dose d’humour, de fraicheur et de couleur plus que bienvenue dans un monde où les super-héros se prennent en permanence bien trop au sérieux. Mais Amanda Conner et Jimmy Palmiotti abusent du grand n’importe-quoi et des réparties bien senties et cela en devient très rapidement insupportable.
La première aventure voit Harley et sa bande zigouiller des zombies parce qu’ils ont mangé des hot-dogs contaminés à la viande extraterrestre... Écrire le pitch suffit déjà à se rendre compte qu’il n’a aucun sens. La seconde intrigue se veut un peu plus sérieuse et Harley infiltre un groupe de rock punk. Malheureusement, celle-ci est encore polluée par une succession de gags à base de pipi / caca, d’allusions sexuelles ou d’humour à deux balles.
Une lecture pénible en somme dont il n’y a à sauver que le trait fin et élégant de John Timms en deuxième partie d’ouvrage et la galerie de couvertures alternatives de Bill Sienkiewicz. Bien trop peu au regard du succès inexpliqué du personnage. Félicitons quand même le traducteur qui a dû se creuser les méninges devant les multiples références et jeux de mots intraduisibles.
Marvel débuta en 2013 une nouvelle collection appelée "Marvel Original Graphic Novels", ou Marvel OGN, permettant à une poignée d’auteurs de renom de travailler sur un personnage ou une équipe dans un récit hors continuité. La collection ne décolla pas et aura au final surtout servi à héberger les deuxième et troisième trilogies de l’infini de Jim Starlin mais c’est un autre album qui nous intéresse ici. Le second roman graphique de cette collection met Spider-Man à l’honneur et le moins que l’on puisse dire c’est que l’écart est grand entre le scénario proposé et le dessin qui l’accompagne (Amazing Spider-Man: Family Business 2014, #1).
Et en effet, on ne lira surement pas Family Business pour le maigre scénario construit par Mark Waid et James Robinson. La sœur de Peter Parker, sensée procurer un nouveau défi et tenir les lecteurs en haleine – dixit l’introduction par Dan Slott, un fin connaisseur de l’homme-araignée –, ne fera pas long feu, l’espionnage façon spec ops est quelconque, l’aventure en mode touriste est clichée et l’intrigue enchaine les situations catastrophiques dont Parker se sort évidemment toujours indemne. Et puis c’est très très court. Tout au plus est-il plaisant de retrouver le Caïd dans une histoire qui lui est entièrement dédiée (bien qu’il aurait pu s’agir de n’importe quel autre super-vilain).
On lira au contraire cet album pour le magnifique dessin reconnaissable entre mille de Gabriele Dell'Otto (Werther Dell'Edera assurant le crayonné). Si l’on est habitué à ses couvertures et à ses multiples variantes, il se fait beaucoup plus rare sur les intérieurs ; ses seules créations restent d’ailleurs à ce jour Secret War, X-Force et le roman graphique dont il est ici question. Sa peinture ne ressemble à rien de ce que l’on voit habituellement dans les comics et c’est tant mieux, les couleurs et reflets sont superbes et les grandes cases et pleines pages sont parfaitement adaptées à son style et à la mise en place des personnages. Bref, tout l’intérêt du livre repose sur ses illustrations et c’est suffisant pour mériter trois étoiles.
Dans cette seconde saison, probablement écrite en réaction à l’élection de Donald Trump, notre justicier se montre paradoxalement un chouilla plus sensible tandis que ses adversaires ultra-riches frisent désormais le ridicule (Renato Jones: Freelancer 2017, #1-5).
Un président des Etats-Unis qui se transforme en monstre hypertrophié, des missiles nucléaires russes en pagaille, des ersatz de nazis à la Maison-Blanche, cette seconde saison de Renato Jones ne fait toujours pas dans la subtilité et accentue au contraire les scènes d’action, la démesure et la caricature. Exit la chasse aux ultra-riches, l’un d’entre eux est maintenant arrivé sur la plus haute marche du pouvoir et l’affaire devient personnelle pour notre aspirant Punisher. Le personnage principal amorce toutefois un virage plus humain auprès de son entourage, la personnalité de ses amis s’étoffe et cela fait plaisir à voir. Il n’est toutefois encore nullement question d’une remise en cause de ses actes...
A l’instar du premier tome, le délire aurait pu être réussi – d’autant plus avec ce dessin toujours aussi brut, relâché et beau à voir – s’il n’y avait pas eu ce léger doute quant au propos que Kaare Andrews a voulu transmettre. Sa postface, modestement intitulée "Le monde est en feu" dans laquelle il compare son pauvre scénario à l’élection présidentielle américaine de 2016, démontre que l’auteur à, au mieux, un égo démesuré, au pire, une méconnaissance profonde de la politique américaine.
Un justicier en mode Punisher flingue à tout-va et sans réelle justification des ultra-riches dans une intrigue bien maigre inspirée par le mouvement "Occupy Wall Street" (Renato Jones: The One% 2016, #1-5).
S’il l’on sent bien qu’il s’agit d’une satire, on ne peut cependant s’empêcher de penser à la lecture de la préface (où l’auteur joue les donneurs de leçon) ou du scénario (qui ne laisse place à aucune nuance) que Kaare Andrews avait une certaine frustration à évacuer au travers de ce comics. Mais si l’on fait abstraction de cette vision politique réduite, la lecture de Renato Jones s’apprécie comme un défouloir rapide, fun et déjanté. Sexe, drogue et violence sont au menu, la couverture ne ment pas, c’est du Punisher jusque dans ses ridicules exagérations super-héroïques. On pourrait toutefois regretter que le background du personnage principal et de sa petite amie Bliss soit aussi simpliste, que le personnage ne se remette jamais en question (car même le véritable Punisher montre parfois des signes de remords) ou que le propos sur les ultra-riches soit aussi caricatural.
Finalement, au mauvais scénario répond un très bon dessin qui sauve le titre. Brut, relâché, parfois un peu sale, hyper dynamique avec un petit côté stylé, le trait ressemble par séquences à celui de Frank Miller sur Sin City (particulièrement sur celles en noir et blanc). Un style assez différent de celui auquel Andrews était jusqu’alors habitué dans ses séries de super-héros et que l’on pouvait déjà retrouver sur son run consacré à Iron Fist en 2014.
Après ses débuts avec le roman graphique "Arkham Asylum", Grant Morrison poursuit au début des années 90 son galop d’essai sur Batman dans une anthologie narrant ses premières luttes contre le crime. Une histoire hors-continuité et ici opportunément publiée en tome 0 de la série "Grant Morrison présente Batman" (Batman: Legends of the Dark Knight 1989, #6-10).
Gotham, des mafieux et un vilain inédit lié à un traumatisme de son enfance, le récit à tout pour constituer une bonne histoire du Chevalier noir. Ajoutons-y quelques aller-retours dans un passé plus moins lointain, de la poésie, une petite dose de surnaturel et déjà un voyage pour percevoir ici les prémices de ce qui constituera la patte de Morrison bien des années plus tard. Toutefois, à la différence de sa production future, cette histoire est très facile d’accès.
On notera évidemment quelques références un peu datées tels la technologie, les gadgets de Batman ou cette mauvaise habitude que de lui laisser tout le temps nécessaire pour s’échapper mais cela ne nuit pas à l’histoire. Tout au plus, ces références lui confèrent-elles un sympathique aspect old school.
Enfin, l’histoire est illustrée par Klaus Janson, aujourd’hui davantage connu pour son encrage que pour son dessin. Bien que vieux de près d’une trentaine d’années, son trait n’a toutefois pas tant vieilli que ça – au contraire du costume de Batman – et pourtant il s’agissait également de ses débuts sur le personnage en tant que dessinateur. Par contre, la colorisation est, elle, clairement datée et à ranger aujourd’hui dans la catégories des archives aux couleurs vieillottes.
Une mini-série aussi brillante que déconcertante où les personnages principaux et secondaires sont tous des super-héros mais dont le propos est, à l’inverse, tout sauf super-héroïque. Un étonnant mélange des genres entre les enjeux cosmiques habituels propres à ce genre de comics et des considérations plus intimes, les petites banalités du quotidien, la paternité et la dépression ; presque un exercice de style (Mister Miracle 2017 #1-12).
Si l’aspect super-héroïque est bien présent, notamment au début pour expliquer les origines, pouvoirs et missions de Scott Free alias Mister Miracle, ce volet de l’histoire est sans intérêt. On se moque véritablement des enjeux auxquels font sans cesse référence Orion, Lightray, Darkseid et compagnie. Il ne s’agit en réalité que d’un prétexte pour y juxtaposer des scénettes délirantes et autres dialogues abracadabrantesques. A titre d’exemple, un épisode entier est consacré à une parodie de procès dans un canapé, un autre à un échange sur la décoration d’intérieur entre Mister Miracle et Big Barda, un autre encore à une comptine fredonnée sur le champ de bataille et il en va ainsi tout du long des douze numéros. La narration de Tom King est inhabituelle pour un comics et elle en rebutera à coup sûr certains dès les premières pages (c’est une lecture à déconseiller évidemment aux lecteurs bourrins). Mais la série a été récompensée par deux Eisner Awards alors il faut persévérer – voire lire le livre une seconde fois avec attention – pour en apprécier son humour pince-sans-rire, ses running-gags à rallonge, ses références subtiles réservées aux initiés et surtout appréhender le propos de fond.
D’autant plus que le dessin de Mitch Gerads est lui aussi très particulier et dans le même temps parfaitement en adéquation avec le scénario. Pas tant dans le dessin ou les couleurs qui sont en elles-mêmes excellentes mais dans la mise en scène. En effet, le dessinateur use et abuse de la grille à neuf cases, des cases répétées à l’infini et des plans farfelus (le plateau végétarien, le looonnng crachat, le verre de whisky qui se vide, etc.). On pourrait à juste titre trouver ce choix lassant à la longue.
Si vous avez apprécié le style, foncez lire "Sheriff of Babylon" (des mêmes auteurs) ou "Heroes in Crisis" (traitant du même sujet, prochainement disponible en VF).
Les débuts remarqués de Grant Morrison sur Batman, il y a 30 ans de cela. Un roman graphique qui explore et illustre autant le thème de la folie que la psychologie des pensionnaires – au premier rang desquels se trouve évidemment le Joker – du tristement célèbre asile d’Arkham (Arkham Asylum: A Serious House on Serious Earth).
Si le succès, mérité, a été immédiatement au rendez-vous et si l’ouvrage est encore aujourd’hui une référence, il ne s’agissait pourtant pas d’une évidence. D’une part, si Morrison avait déjà quelques réussites à son actif, il n’était pas encore le scénariste star d’aujourd’hui. Aussi, il s’agissait de sa première incursion sur un personnage emblématique dont le traitement serait scruté par un grand nombre de lecteurs (au contraire d’Animal Man...). D’autre part, il y a le sujet de son histoire : la folie / la maladie mentale, pas le sujet le plus grand public qui soit, qui plus avec ce traitement un peu perché loin des standards super-héroïques (la symbolique est très présente, on ne s’y bat pas ou peu, Batman n’y est représenté que sous la forme d’une ombre, il en est presque un personnage secondaire).
Quant au dessin de Dave McKean, il ne ressemble à nul autre dans l’industrie du comics. A vrai dire, il serait plus approprié de parler de peinture tant son trait et ses couleurs s’éloignent du traditionnel dessin encré auquel les amateurs de comics sont habitués. Il rebutera sans doute au premier abord car il est inhabituel, exigeant et demande de l’attention au lecteur ; toutefois, il participe pleinement à dépeindre l’ambiance qui règne en ce lieu et l’état d’esprit de ses pensionnaires.
Au final, je ne parlerais pas de chef-d’œuvre car l’histoire en elle-même est une déambulation dans une galerie de personnages agrémentée de quelques flash-back, mais c’est assurément un très bon album d’une grande originalité. Pour découvrir les arcanes de cet établissement, lire également "Les patients d’Arkham" de Dan Slott et Ryan Sook.
Dans cette deuxième intégrale, nous retrouvons Matthew Roth dans deux aventures, oscillant entre action et journalisme "fouille-merde", dont les sujets sont fortement inspirés par les controverses qui accompagnaient il y a une dizaine d’années de cela l’actualité de la guerre en Irak (DMZ 2005, #13-28).
Dans le premier arc, "Travaux publics", la guerre n’est toujours pas finie qu’il est déjà question de reconstruction. L’entreprise mandatée, Trustwell, est accusée de profiter du conflit et de mille autres maux ; Matty est alors embarqué bien malgré lui – en sa qualité d’indécrottable looser – dans une enquête où il passera entre les mains de tous les belligérants qu’ils soient terroristes, de l’O.N.U. ou des Etats libres. Et dans le second arc, "Tirs amis", il est cette fois question d’une belle grosse bavure de l’armée américaine ; sujet pour lequel Matty interviewera les protagonistes de tous bords pour faire la lumière et donner un visage sur cet incident tout en suivant en parallèle le procès de son principal responsable.
S’il est fort plaisant de voir que le volet journalistique est de retour et que notre héros reprend l’initiative et subit moins les évènements, il est en revanche dommage que les sujets traités ici, et inspirés de faits réels rappelons-le, aient été exagérés au point d’en être décrédibilisés. Car, qu’une entreprise ait prospéré sur la guerre est une chose, mais qu’elle l’ait encouragée en est une autre. Qu’il y ait eu des bavures est une chose, mais qu’elles se chiffrent en centaines de mort en est une autre. Cela est d’autant plus dommage que la série tend à rester neutre dans ses conclusions.
Ces deux arcs sont suivis d’un troisième, intitulé "La guerre cachée", consacré aux portraits de six personnages que l’on a déjà croisé auparavant (les petites amies de Matty par exemple) ou de nouveaux personnages qui, par leur histoire, illustrent diverses manières de vivre la guerre au quotidien dans Manhattan. Des épisodes de transition avant d’embrayer sur de nouvelles aventures.
Quant au dessin, si Riccardo Burchielli reste l’artiste principal de la série, il est ponctuellement secondé par d’autres artistes dont les styles s’accordent bien avec le sien.
Matthew Roth est un apprenti photojournaliste propulsé sans ménagement – comme le lecteur par ailleurs – dans une guerre civile en plein New York. Un excellent récit d’anticipation scénarisé par Brian Wood, publié en VO sous l’imprint Vertigo, réaliste et inspiré de la guerre en Irak et dont le cœur du sujet est le journalisme de terrain (DMZ 2005, #1-12).
Les motivations de cette "seconde guerre de sécession" sont encore assez floues dans cette première intégrale et l’on a, au début du moins, un peu de mal à concevoir Manhattan comme une zone de guerre. Ceci dit, on rentre très rapidement dans cette histoire où l’on suit au jour le jour les pérégrinations de Matty entre son arrivée plus que mouvementée dans la fameuse DMZ, ses premières rencontres, tant amicales qu’hostiles, son travail de journaliste auquel il s’accroche tant bien que mal et ses petites misères du quotidien. Et après quelques épisodes d’introduction dans l’arc "Sur le terrain", notre héros débute réellement ses aventures avec l’arc suivant intitulé "Le corps d’un journaliste" et devient bien malgré lui le messager des deux camps en guerre...
En développant une petite galerie de personnages atypiques et en s’attardant longuement sur des scènes de la vie quotidienne, la série lorgne assurément du côté du récit feuilletonnant. Il est à ce propos étonnant qu’elle n’ait encore jamais donné lieu à une adaptation télévisée, le comics étant idéalement adapté à ce format. On s’attache à suivre Matty dans ses mésaventures, on aime découvrir peu à peu le contexte de ce conflit et le propos sous-jacent est juste et intéressant (le scénario se concentre sur la vie des laissés-pour-compte dans la zone démilitarisée, sans véritablement prendre parti entre les Etats-Unis et les Etats libres).
Le dessin de Riccardo Burchielli est bon, homogène tout du long mais dans les standards de la production. Rien qui ne fasse de son trait ou de la couleur quelque chose d’exceptionnel. Au contraire des couvertures de Brian Wood qui par leurs collages et leurs symboles donnent un rendu journalistique façon "street art" et définissent à elles-seules l’esthétique de la série.
Après "House of M" en 2005, voici "Siege", un nouvel event réalisé par le duo Bendis / Coipel et publié en 2010 pour conclure la triste période Dark Reign (Siege: The Cabal 2010, #1, Siege 2010, #1-4, Siege: Loki 2010, #1, Siege: Secret Warriors 2010, #1, Siege: Spider-Man 2010, #1, Siege: Young Avengers 2010, #1, Siege: Captain America 2010, #1 et Sentry: Fallen Sun 2010, #1).
A défaut d’une réelle remise en contexte ou d’un résumé correct en début d’ouvrage, il est préférable de lire au préalable le Deluxe "Secret Invasion" (pour se rappeler qui est Norman Osborn et la raison de son arrivée au pouvoir) ainsi que le premier tome du relaunch de Thor par J. M. Straczynski (pour découvrir pourquoi Asgard flotte au-dessus de l’Oklahoma) avant d’entamer cette lecture. Cela fait, l’histoire est très facile d’accès, grossière et bourrine comme il se doit pour un event de chez Marvel et son scénario se calque sur la trame d’un autre event bien connu : Civil War. On y retrouve en effet à l’identique les réticences initiales, la catastrophe, les constitutions d’équipes et la grosse bagarre engendrant son lot de destructions et de décès.
C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on pourrait faire au scénario de Brian M. Bendis : ne pas avoir été particulièrement inventif et avoir conclu la trop longue période Dark Reign comme il l’avait ouverte, c’est-à-dire par un bête affrontement alors qu’il y avait sans doute plus subtil à écrire (notamment en insistant sur le volet politique déjà très présent ou par une reprise en main discrète du S.H.I.E.L.D. par Nick Fury). Cette tentative d’invasion d’Asgard par Norman Osborn était d’ailleurs perdue d’avance et assez maladroite, ce dernier s’étant déjà montré plus malin par le passé notamment avec les Dark Avengers.
L’event a au moins le mérite ne pas trainer en longueur – il tient en seulement quatre numéros, le reste n’étant constitué que de tie-ins globalement peu intéressants – et bénéficie surtout de la présence de l’excellent Olivier Coipel au dessin (et dans une moindre mesure du non moins excellent Michael Lark sur le numéro introductif). Sans toutefois gommer les défauts cités précédemment, "Siege" est un bon exemple d’event où un très bon dessin peut, pour partie, rattraper un mauvais scénario.
Qu’il est laborieux de suivre – voire simplement de comprendre – les aventures de Thor par Matt Fraction lorsque l’on est pas hyper spécialiste du personnage. Ni hyper convaincu d’ailleurs, cela n’aidant pas (Mighty Thor 2011, #12.1-22 et Journey into Mystery 1952, #642-645).
Ce second Deluxe débute par un sympathique one-shot, le numéro 12.1, un peu bouche-trou et convenu sur les bords, mais qui rappelle à quel point Thor est depuis toujours lié et admiré par ses partenaires sur le champ de bataille.
Par contre, la suite est, elle, au mieux folle au pire incompréhensible... Si j’ai bien compris, Thor réveille les Songes, d’horribles créatures qui provoquent un cauchemar collectif, pour être finalement sauvé grâce à un adolescent métalleux aidé du personnage au nom ridicule présent sur sa pochette d’album : le Deconsecrator ; le tout pendant que l’Enchanteresse parle littéralement à la tête tranchée de Donald Blake. Que les rêves et cauchemars permettent au scénariste de s’affranchir de certaines réalités est une chose, mais de là à partir dans un délire à en perdre le lecteur...
Et le crossover qui suit entre Thor et le jeune Loki est du même acabit ("Everything Burns" en VO). Il est globalement question d’une guerre contre Surtur mais celle-ci parait réservée aux lecteurs ayant un bac +5 en mythologie asgardienne. J’ai eu beau faire l’effort – car c’en est un – de lire au calme l’ensemble de l’arc, pas moyen de rentrer dans l’histoire. Ce qui est fort dommage car les épisodes de la série spin-off "Journey into Mystery" sont joliment illustrés par Carmine Di Giandomenico (et le dernier est superbement illustré par Stéphanie Hans).
Espérons que la suite par Jason Aaron soit plus facile d’accès.
Un énième relaunch de Thor, où l’on passe d’un scénario de Matt Fraction à... un autre scénario de Matt Fraction, où Asgard flotte encore et toujours au-dessus de l’Oklahoma et où l’intrigue se trouve être la suite directe du numéro #621. Bref, un relaunch pour rien, uniquement motivé par la sortie du premier film Thor par Kenneth Branagh (Mighty Thor 2011, #1-12).
Ceci dit, le scénario est tout de même bien meilleur qu’il ne l’était dans les précédents numéros. Et, bien que le côté cosmique soit toujours présent, il n’est plus aussi perché qu’auparavant. Ainsi, dans le premier arc, le Surfeur d’argent et Galactus arrivent sur Terre et ne sont étonnamment pas accueillis à bras ouverts. Heureusement, Thor et son marteau sont là pour calmer tout le monde... Cette première intrigue ne brille pas par son originalité ou sa finesse mais elle est efficace. Elle bénéficie surtout du très beau dessin d’Olivier Coipel – que l’on a déjà vu à l’œuvre lors de relaunch de la série par J. M. Straczynski en 2007 – avec une mention particulière pour les jolis reflets du Surfeur d’argent. Malheureusement, celui-ci quitte déjà le titre au bout des six premiers numéros et les dessinateurs qui prendront la relève sont très loin de son niveau.
En plus de ce changement regrettable, le scénario de Fraction s’effondre lui aussi dans le second arc. D’une part, il est indispensable d’avoir lu au préalable l’event "Fear Itself" – également scénarisé par Fraction – au risque de ne rien comprendre à ce que va vivre Thor dans la seconde moitié de ce Deluxe (et en particulier le numéro Fear Itself 7.2 qui aurait bien mérité sa place dans ce recueil). D’autre part, même en ayant encore vaguement l’event en tête, l’intrigue est désespérante. Spoiler : Thor est mort, on ne s’en émeut même plus et un autre asgardien prend déjà sa place. Cette seconde intrigue, qui couvre une période appelée "Shattered Heroes" en VO, nous prouve une fois de plus qu’on ne reste jamais mort bien longtemps chez Marvel... Bref, c’est bourrin, fantastico-cosmique à s’y perdre, improbable et mal dessiné, je n’ai même pas réussi à aller au bout.
Event annonciateur de la triste période Dark Reign, "Secret Invasion" n’est qu’une succession navrante d’affrontements aussi bourrins qu’inutiles. A croire que Brian M. Bendis n’avait qu’un pitch en tête et l’a délayé sur huit épisodes grâce aux habituels bourre-pifs propres aux comics de super-héros (Secret Invasion: Prologue 2008, #1 et Secret Invasion 2008, #1-8).
Pour la remise en contexte, cet event se situe juste après Civil War mais il ne reste déjà quasiment plus rien de ce dernier. A défaut d’un véritable scénario, Bendis a tout au plus eu l’idée de substituer certains super-héros par des extraterrestres Skrulls. La ressemblance est frappante, chacun s’interroge, se méfie, doute et cela aurait pu donner un event malin à base d’infiltration ou d’espionnage (en l’occurrence quelque chose en lien avec le secret). Au lieu de ça, toutes les équipes de super-héros, des plus connues aux plus obscures, affrontent sans finesse des Skrulls à longueur de pages jusqu’à ce que Norman Osborn tue leur chef. Sans doute fallait-il un – mauvais – prétexte pour faire passer ce dernier du statut mineur auquel il était cantonné à celui de super-vilain et de personnage central de la – toute aussi mauvaise – période Dark Reign qui couvrira toute l’année 2009.
Prolifique et bien aidé par sa renommée, Bendis est donc capable du meilleur comme du pire et c’est du pire dont il est malheureusement question ici. Tout n’est pas à jeter cependant, le dessin de Leinil Francis Yu est très correct, voire bon par moments. Mais, pour ces premiers travaux, il a encore tendance à faire en permanence dans l’exagération et le super-héroïque avec ces héros musculeux et ces héroïnes sexy. Il reste tout de même appréciable qu’un même artiste illustre l’entièreté d’un event et apporte ainsi une uniformité au dessin des huit épisodes, chose beaucoup plus rare aujourd’hui.
Daredevil enfile son costume d’avocat pour tenter de sauver trois jeunes du couloir de la mort dans une affaire bien mal embarquée (Daredevil: Redemption 2005, #1-6).
Daredevil n’est jamais aussi intéressant à lire que lorsqu’il est Matt Murdock et cela tombe bien puisque, dans cette histoire, il est surtout question du second. Arrivé à Redemption, dans le sud des Etats-Unis, il reprend une affaire jugée d’avance dans laquelle trois jeunes sont accusés du meurtre d’un jeune garçon. Si leur profil de métalleux satanistes fait d’eux les coupables idéals, rapidement, Murdock va percevoir des failles dans l’accusation et les croire innocents.
Le scénario de David Hine est malheureusement inspiré d’une histoire vraie et, entre l’incompétence de la police, l’extrémisme religieux de la Bible belt et les mœurs ignominieuses des petites villes, le contexte de l’affaire joue les premiers rôles. Il est rare de lire une histoire de Daredevil où le droit occupe une place aussi centrale et celle-ci vient contrebalancer ses pirouettes habituelles ; sa lecture est par ailleurs très prenante et l’on espère jusqu’au bout une fin heureuse...
Quant au dessin de Michael Gaydos, il convient parfaitement à cette intrigue criminelle et à l’univers de Daredevil (brut et très encré pour accompagner la tonalité sombre de l’histoire / avec beaucoup de gros plans sur les visages pour accompagner le texte).
Après les très bon runs de Brian M. Bendis et d’Ed Brubaker, ce fut au tour d’Andy Diggle de reprendre pour une courte période les rênes de la série Daredevil jusqu’à son peu glorieux crossover Shadowland. Daredevil y fait tout l’inverse de ce que l’on attend d’un super-héros et finit par fuir Hell’s Kitchen. Dans l’attente du relaunch de la série-mère par Mark Waid, Andy Diggle – toujours lui – nous raconte dans cette mini-série la rédemption de Daredevil suite aux derniers évènements qu’il a vécu (Daredevil: Reborn 2011, #1-4).
On retrouve ainsi Daredevil errant dans le désert en quête d’apaisement. Mais, très rapidement, une mauvaise rencontre avec des policiers ripoux et des truands va le forcer à reprendre du service. S’il y a bien quelques scènes d’introspection, un adversaire qui lui rappelle ses vieux cauchemars et un petit garçon aveugle pour lui remonter le moral, en seulement quatre numéros, c’est une rédemption / renaissance à vitesse grand V. Comme s’il fallait se débarrasser à la hâte du passé pour lancer la nouvelle série...
Enfin, en ce qui concerne le dessin de Davide Gianfelice, on n’est pas beaucoup mieux servi ; il est certes assez dynamique avec tout juste ce qu’il faut comme détails mais le rendu est trop mainstream, il manque la patte de l’artiste.
Un mini-Deluxe – moins de 200 pages – où l’on suit le travail de l’ombre d’Hank McCoy, alias le Fauve, dans sa vaine tentative de comprendre voire de défaire les terribles évènements survenus à la fin de l’event "House of M" (X-Men: Endangered Species 2007, #1 et les back-up de X-Men 1991, #200-204, Uncanny X-Men 1963, #488-491, X-Factor 2006, #21-24 et New X-Men 2004, #40-42).
Pour les rares amateurs de comics qui auraient manqué cet épisode marquant de l’histoire des X-Men, la population mutante se chiffre désormais à moins de deux cent individus après la catastrophe d’"House of M". "Espèce en danger" en constitue la suite directe et a été traitée au travers de dix-sept back-up sur les quatre principaux titres consacrés aux X-Men. Si le numéro introductif scénarisé par Mike Carey et illustré par Scot Eaton nous présente les X-Men en deuil au détour d’un banal enterrement, le cœur de l’intrigue est consacrée au Fauve. Génial scientifique, il désespère de ne pas trouver d’explication à la crise que traversent ses congénères et envisage de sombres possibilités pour enrayer la disparition du gène mutant. A commencer par solliciter de vieux ennemis, s’allier avec son double maléfique Dark Beast, renier ses principes éthiques, convoquer la magie etc.
L’histoire diffère quelque peu des comics habituels, elle touche davantage à l’exploration et à l’échange qu’à l’affrontement (même si l’on n’échappe pas à ce dernier). Si le ton est réfléchi et la lecture agréable, on pourra tout de même regretter que l’histoire ne mène finalement nulle part et ne constitue qu’une sorte de prologue à l’event suivant : "Le complexe du Messie". On regrettera aussi qu’il ait fallu autant d’artistes pour scénariser et dessiner de simples back-up (c’est-à-dire quelques pages dispersées chaque mois de çà et là). Et on ne s’étonnera même plus du choix de Panini Comics de publier cette histoire en Deluxe plus 10 ans après la sortie d’House of M...
Dernier tome de la série et donc dernières possibilités pour Dylan d’échapper – ou pas, va savoir – à la malédiction familiale qui le poursuit et lui rend la vie impossible depuis qu’il a tenté de se suicider (Kill or be killed 2016, #15-20).
La caractérisation de Dylan aura été régulière du premier au dernier tome : d’abord, la conviction quant au bien-fondé de ses meurtres, puis les premiers remords naissants, puis le doute quant à la réalité même de son démon intérieur et maintenant la folie. Ce dernier tome se déroule ainsi entièrement au sein d’un hôpital psychiatrique où Dylan est interné pour y apprendre à gérer ses crises, s’il s’agit bien de cela...
Ce T4 est sans doute du meilleur volet de la série, le plus dense aussi, où toutes les pistes personnelles, relationnelles, mafieuses et policières ainsi que tous les personnages se rejoignent dans un grand final. Jusqu'au bout l’intrigue concoctée par Ed Brubaker est passionnante, jusqu’au bout le dessin de Sean Phillips est superbe et jusqu'au bout on a hâte de découvrir de ce qu’il adviendra du personnage principal (qui peut jouer au type ordinaire sur une page et reprendre son rôle du justicier impitoyable la page d’après). En somme, il n’y aura pas eu un seul moment de relâchement ; de bout en bout, les vingt épisodes auront été une franche réussite.
Un mot en particulier sur le dernier épisode : alors que Dylan – et donc Brubaker – nous aguichent à chaque épisode avec ces flashbacks d’ouverture et alors que l’on suivait les pensées du narrateur depuis ses débuts au travers de ces multiples récitatifs, la fin de l’histoire apparait totalement inattendue. Elle fait certes retomber l’intrigue comme un soufflé et décevra peut être ceux qui s’attendaient à un final héroïque mais cette conclusion a le mérite d’être réaliste, originale (quoiqu’il en existe quelques rares exemples en littérature) et surtout définitive.
A mi-chemin de la vingtaine d’épisodes qui composeront la série, une grosse révélation vient remettre en cause le caractère réel – ou non, va savoir – du démon qui hantait jusqu’alors Dylan. Et la mafia russe concentre désormais l’essentiel de ses préoccupations quotidiennes et donc de l’intrigue de ce troisième tome (Kill or be killed 2016, #11-14).
C‘est toujours un excellent moyen de relancer l’intérêt d’une série (si tant est qu’il ait ici diminué) : faire douter le héros et, par la même occasion, le lecteur, de la réalité de tout ce sur quoi reposait l’intrigue. Dylan doute donc désormais de plus en plus des visions qui l’intimaient "d’assassiner pour survivre" et part en quête de leurs origines. Son médecin, sa nouvelle ex-copine, sa mère et son colocataire, tout ce petit monde va l’accompagner à sa manière dans le but de lui faire retrouver sa vie d’avant. Seulement voilà, la mafia russe est tenace et Dylan va devoir en parallèle régler cette affaire une bonne fois pour toutes.
Si ce T3 est un poil plus orienté vers les scènes d’action que les précédents (la préparation et l’exécution du plan contre les mafieux étant relativement longuets), il marque aussi un important changement de statu quo que l’on ne voyait pas venir. Dylan restant un jeune homme ordinaire, l’ensemble est traité avec beaucoup d’humanité et de réaliste de la part de tous les personnages et il est toujours agréable sur lire ses – très nombreuses – pensées. Dans la même veine que les deux tomes précédents, ce T3 se maintient à un haut niveau tant pour le scénario d’Ed Brubaker que pour le dessin de Sean Phillips. Vivement la conclusion !
Il y a des events que l’on oublie aussitôt le livre refermé. Et il y en a d’autres, au contraire, dont on se souvient et qui vont profondément marquer l’univers Marvel. House of M est de ceux-là avec ses implications durables pour de nombreux personnages – et pas uniquement pour les mutants, même s’il est surtout question d’eux – ou de futurs évènements (House of M 2005, #1-8).
Avant d’entamer la lecture d’House of M, il est préférable de relire le crossover Avengers Disassembled (publié en VF dans le Deluxe "The New Avengers : Chaos" ou "Avengers : La séparation") afin de comprendre ce qui est effectivement reproché à Wanda Maximoff, alias la Sorcière rouge, au début de cet event. Cela fait, l’idée de Brian M. Bendis qui se trouve à la base de l’intrigue est une des plus intéressantes que j’ai lu : envoyer le monde entier dans une réalité alternative où les mutants règneraient désormais en maître absolu. C’était sans compter la vigilance de Wolverine et de quelques-uns de ses camarades bien décidés à mettre fin au règne de la Maison Magnus.
Si la résolution de l’intrigue est très classique (un combat bourrin et, hop, c’est réglé), c’est surtout son déroulé qui doit être souligné. D’une part, l’histoire n’est pas linéaire ; on saute d’un personnage à un autre ou d’une scène à une autre (ce qui pousserait à aller lire les mini-séries annexes si elles n’étaient malheureusement pas exclusives à des kiosques sortis en 2006 et aujourd’hui introuvables...). D’autre part, à la suite du fameux "No more mutants", l’histoire amène quantité de questions sur le devenir de certains personnages, des X-Men comme des Avengers voire de l’univers Marvel tout entier.
Et c’est finalement cela qui fait encore aujourd’hui de cet event une référence : avoir durablement redéfini un univers pour de nombreuses années. Sans compter qu’il s’agissait en 2005 d’une des toutes premières occasions de voir le magnifique travail d’Olivier Coipel. Si aujourd’hui son trait est encore plus précis et ses couleurs plus naturelles et moins informatisées, il faut bien admettre qu’à l’époque la barre était déjà très haute. Une prestation qui a probablement contribué à lancer sa carrière.
Pour la suite directe de cette histoire, lire le Deluxe "X-Men : Espèce en danger".
Dernier volet de la trilogie, "Le retour du Messie" – ou "Second Coming" en VO pour rester dans le registre religieux – constitue la réelle suite, tant dans son ambition que dans sa réalisation, du premier crossover consacré à Hope Summers (Second Coming: Prepare 2010, #1, X-Men: Second Coming 2010 #1-2, Uncanny X-Men 1997, #523-525, New Mutants 2009, #12-14, X-Men: Legacy 2008, #235-237 et X-Force 2008, #26-28).
Hope est désormais une adolescente mais elle demeure toujours aussi mystérieuse. Alors qu’elle et Cable font leur retour dans le présent, une nouvelle menace et un nouvel adversaire, dénommé Bastion, se dévoilent nécessitant de nouveau l’intervention de tous les mutants pour les contrer.
Le pitch de ce troisième et dernier volet de la trilogie du Messie est donc sensiblement similaire au premier. Il est à nouveau question d’unir toutes les forces mutantes contre un puissant adversaire, de donner au passage un rôle à chacun des participants sans négliger aucune série et de laisser une grande part du scénario à la bagarre. Malgré tout, on notera quelques avancées notables concernant certains personnages et un avenir qui s’annonce plus souriant pour les mutants en général.
Il ne faut toutefois pas s’y tromper, si ce crossover est plus abouti que "La guerre du Messie" (ils sont même difficilement comparables), il repose encore en grande partie sur l’action et nous n’en apprendrons pas davantage sur le destin de Hope Summers. Cette absence de réponse concernant ce personnage-phare – le Messie – constitue une réelle frustration puisque tous ces événements ont démarré il y a plus de trois ans avec sa naissance et que son existence semblait mettre en péril l’avenir de l’humanité. Il faudra malheureusement s’en contenter...
Du côté du dessin, il y en a à nouveau pour tous les goûts et, à voir le nombre d’artistes impliqués, on passe d’un style à un autre à chaque nouvel épisode. Il n’y a cependant pas à s’en étonner s’agissant d’un crossover impliquant quatre séries. A l’instar du crossover de 2008, on pourra souligner l’excellent travail de David Finch sur l’épisode introductif ainsi que sur les couvertures variantes.
Le crossover "Le complexe du Messie" ayant été un succès commercial, celui-ci connait une suite un an plus tard. Malheureusement, ce T2 est très loin d’être au niveau de la première itération tant dans son ambition que dans sa réalisation (X-Force/Cable: Messiah War 2009, #1, Cable 2008, #11-15, X-Force 2008, #14-16 et X-Men: Hope 2010, #1).
En effet, tandis que "Le complexe du Messie" touchait tous les titres relatifs aux mutants, ce nouveau crossover ne concerne que deux séries mineures dédiées, pour l’une, au personnage de Cable et, pour l’autre, à l’équipe X-Force. Son ambition est donc bien moindre, son envergure également (il court sur sept épisodes au lieu de treize) mais cela se ressent surtout dans son scénario.
En résumé, faisant directement suite aux évènements du crossover précédent, Cable emmène la jeune Hope Summers toujours plus loin dans le futur pour tenter d’échapper à Bishop qui les poursuit inlassablement jusqu’à finir par les acculer. C’est là que Cable et Bishop vont respectivement recevoir le soutien de la X-Force et de Stryfe et que tout le monde va joyeusement s’affronter de la première à la dernière page. Ni réflexion sur ces évènements ni développement de la personnalité de Hope – pourtant au cœur de l’intrigue –, il ne sera question que de combats bourrins, violents et pénibles.
Et ce n’est pas le dessin qui aidera à apprécier l’event : les différents dessinateurs à l’œuvre dans ce volume ont un style ultra-informatisé et sombre. Un style peut-être adapté pour ces séries de niche mais fort peu facile d’accès pour des lecteurs ordinaires de séries plus grand public.
Enfin, il faut une nouvelle fois souligner la pauvreté du travail éditorial de Panini Comics avec l’absence d’introduction (un rappel du contexte du précédent crossover aurait été utile) et l’absence de chapitrage (devenu une triste habitude). Et du côté du contenu : l’ajout d’épisodes n’ayant que peu de rapport avec le crossover en question (les épisodes 11 et 12 de la série Cable et le dernier épisode sur le personnage de Hope, par ailleurs horriblement illustré par Steve Dillon) et l’absence de trois épisodes qui étaient au contraire introductif au crossover (X-Men: The Times and Life of Lucas Bishop 2009, #1-3).
Le complexe du Messie est un crossover paru au cours de l’hiver 2008 entre tous les titres X-Men d’alors, une immense bagarre entre de multiples acteurs pour la garde d’un nouveau-né (X-Men: Messiah Complex 2007, #1, Uncanny X-Men 1997, #492-494, X-Factor 2006, #25-27, New X-Men 2004, #44-46 et X-Men 1991 #205-207).
Suite aux évènements de "House of M", les mutants ne comptent plus qu’un nombre réduit de membres dans leur rang et plus aucune naissance parmi leur espèce... jusqu’à ce qu’un nouveau-né apparaisse sur le radar pour disparaitre aussitôt. C’est alors que toute la fine fleur des mutants se met en branle et part à sa recherche. Les X-Men, les Maraudeurs, les Purificateurs, les Acolytes, les Nouveaux X-Men, les Reavers, la X-Force et bien d’autres se poursuivent, s’allient, s’affrontent, bref tout le monde, héros comme vilains, se bagarre joyeusement sur une douzaine d’épisodes.
Le crossover est orchestré par Ed Brubaker et partagé entre tous les scénaristes des titres impliqués mais l’intrigue est particulièrement basique : faire collaborer et s’affronter toutes les équipes de mutants sans que cela n’occasionne trop de conséquences sur leur avenir. En résumé, il ne s’agit que d’une longue course-poursuite. Le complexe du Messie n’a pour le coup rien d’un complexe puisque les motivations des uns et des autres ne sont jamais explicitées et puisque le dilemme final est rapidement évacué. En somme, un crossover bourrin, à lire pour le fun et sans prétentions intellectuelles.
Un mot sur le dessin : qui dit crossover, dit plusieurs dessinateurs qui se relaient à tour de rôle sur leur titre respectif (Marc Silvestri, Billy Tan, Scot Eaton, Humberto Ramos et Chris Bachalo). Le dessin présente donc une véritable hétérogénéité entre le style hyper réaliste et détaillé des uns et celui très cartoonny et exagéré des autres mais c’est la règle pour ce type de production. L’ensemble est malgré tout d’un excellent niveau avec des artistes de renom au top de leur forme (et complétés par David Finch aux couvertures pour doper les ventes).
Deadpool est accusé d’un meurtre qu’il n’a, pour une fois, pas commis. Tandis que le Punisher se met en chasse, Daredevil et Spider-Man lui viennent en aide et l’on devine déjà que tout ce petit monde va joyeusement s’étriper durant cinq numéros avant de retrouver le véritable coupable (Deadpool: Suicide Kings 2009, #1-5).
C’est une histoire au scénario on ne peut plus classique, écrite par Mike Benson et Adam Glass et illustrée par Carlo Barberi, des habitués de l’insolent mercenaire. De gros flingues, de grosses épées, de grosses poitrines, des répliques impertinentes et des références à deux balles tout du long, pas de doute, on est bien en train de lire une histoire de Deadpool. Malheureusement, celle-ci est tellement classique qu’elle ne réserve aucune surprise, ne procure à l’occasion qu’un rare sourire au détour d’une référence bien sentie et ses auteurs donnent l’impression de ronronner comme s’ils avaient déjà raconté dix fois la même histoire.
Bref, il s’agit clairement du genre d’histoire qui ne méritait pas d’être éditée au format Deluxe et qui se satisfaisait très bien d’un kiosque à bas coût (Marvel Icons Hors-série n°19). Pour les amateurs, à emprunter, à lire en dix minutes et à rendre aussitôt à la bibliothèque.
Suite dans ce T2 d’une excellente série typée thriller/polar urbain (et très légèrement teintée de fantastique) qui, le contexte étant désormais connu et les présentations faites, prend le temps de s’appesantir sur les amis et ennemis du personnage principal (Kill or be killed 2016, #5-10).
Un escroc en affaires, un lobbyiste véreux et un mafieux russe, les cibles que Dylan choisit chaque mois avec grand soin deviennent de plus en plus compliquées à atteindre (sa "conscience" de tueur en série l’empêche sans doute de choisir des cibles faciles). D’autant plus que la police est désormais sur ses talons, qu’elle a déjà identifié un suspect et que la mafia ne va pas le lâcher après qu’il ait assassiné un des leurs. Bref, les péripéties que connait Dylan s’accélèrent et ses proches commencent à s’inquiéter – au premier rang desquels son ex-petite amie auquel un épisode est entièrement consacré.
Si le rythme des meurtres s’accélère, le rythme de la narration est, lui, inchangé et Ed Brubaker prend le temps de nous montrer les interactions que Dylan entretient avec ses proches. Ce qui contribue à rendre cette histoire – assez dingue au fond – très réaliste et humaine, et, étonnamment, on finit même par se prendre d’affectation pour ce meurtrier-justicier malgré lui. Qui plus est après qu’il ait commencé à déchanter et à réaliser enfin la portée de ses actes. Bref, la série ne faiblit pas, la qualité est toujours au rendez-vous, l’intrigue est toujours aussi excellente et le dessin de Sean Phillips est toujours aussi bon.
Une fois n’est pas coutume, je suis impatient de lire la suite !
Kill or be killed est la dernière série du duo formé de longue date par Ed Brubaker et Sean Phillips. Si le thème change – un chouilla seulement, on reste tout de même dans le thriller voire le polar urbain –, le style de narration, le type de personnages rencontrés et le dessin sont inchangés pour le plus grand plaisir du lecteur (Kill or be killed 2016, #1-4).
Dylan est un jeune ordinaire, mal dans sa peau, éternel étudiant, un peu paumé qui navigue entre ennui et déprime. Alors qu’il réchappe de justesse de sa dernière tentative de suicide, sa vie bascule lorsqu’un démon lui apparait dans sa chambre et lui ordonne de tuer pour continuer à vivre (les lecteurs habitués auront reconnu à ce moment-là la petite dose fantastico-horrifique de Fatale). C’est ici que Dylan va apprendre bien malgré lui à tuer, à justifier abondamment ses meurtres... et, petit à petit, à y prendre goût.
Comme souvent dans les titres du duo Brubaker / Phillips, les récitatifs sont très présents. Outre la possibilité de jouer avec le lecteur, ils permettent de préciser les pensées du principal protagoniste qui, bien que peu bavard, se montre à l’inverse particulièrement introspectif (à l’image d’un personnage comme Daredevil par exemple). Le parcours de Dylan est très intéressant, le cheminement qui l’amène à commettre son premier meurtre également et le personnage en lui-même est intriguant de réalisme. C’est là peut-être le seul bémol que je vois (qui n’enlève cependant rien à la qualité de la série) : les idées politiques de Dylan, bien qu’exprimées de manière confuse, rejoignent celles de Brubaker et l’on se demande parfois si le personnage est juste cynique ou si les auteurs partagent, au travers de celui-ci, les justifications qu’il donne à ses actes.
Quant au dessin de Phillips, il est désormais bien plus fin et précis qu’il ne l’était sur ses premiers travaux. L’absence de trait autour des cases rend très propre, de même que les larges marges blanches sur certaines des planches. Bref, c’est en tout point un véritable plaisir que de parcourir ce livre.
Un grand scénariste (Mark Millar) et un grand dessinateur (Sean G. Murphy) s’associent pour réaliser un grand n’importe quoi sur le thème du voyage dans le temps (Chrononauts 2015, #1-4).
Deux scientifiques – un tantinet irresponsables – inventent une combinaison pour voyager dans le temps, le premier voyage se passe évidemment mal et c’est le début d’une course-poursuite déjantée et à toute allure à travers les époques. L’occasion de nous offrir une succession de scènes plus improbables les unes que les autres (zigzaguer entre les dinosaures, offrir un crucifix à Jésus, jouer du bazooka au Moyen-Age, filmer les fesses de Christophe Colomb, etc.).
Il y a certes un maigre scénario mais il ne s’agit clairement que d’un prétexte pour faire voyager nos deux dingues et leur faire vivre de folles aventures, tous flingues dehors, à bord d’une DeLorean. Car Chrononauts est à n’en pas douter une célébration du trentième anniversaire du film "Retour vers le futur" sorti en 1985. A la différence près que nos deux voyageurs temporels s’amusent à semer la zizanie sur leur passage. L’histoire est très divertissante et superbement illustrée (c’est typiquement le genre de registre dans lequel Sean G. Murphy est à l’aise). En un sens, ce comics tient donc bel et bien sa promesse. Cependant, il s’agit plus d’un délire étiré sur une centaine de pages que d’une bonne histoire ; sans renier le grand spectacle, il aurait été pertinent d’y intégrer un élément de réflexion, même minime, par exemple sur les conséquences de tels agissements irréfléchis dans l’Histoire.
Une suite, Chrononauts: FutureShock, est annoncée pour la fin de l’année ; malheureusement sans son meilleur atout, Sean G. Murphy, occupé par d’autres projets.
Ce quatrième tome, toujours co-scénarisé par Peter J. Tomasi et Patrick Gleason, démarrait bien avec ce mystère entourant la petite ville d’Hamilton, l’intriguant voisin des Kent-Lane, la disparition de Batman, l’implication croissante de Superboy et puis c’est devenu grandiloquent (Superman 2016, #20-26).
Après le crossover "Superman Reborn" entre les séries Superman et Action Comics, l‘homme d’acier reprend du service dans une nouvelle aventure intitulée "Aube noire" pleine de mystères et qui débute agréablement bien. Malheureusement, elle prend rapidement une tournure pompeuse avec ces monstres gigantesques sortis de nul part, ce super-vilain de seconde zone – Manchester Black – et ses super-alliés invraisemblablement infiltrés au sein de la tranquille population d’Hamilton. On a même bien du mal à croire que tout ce remue-ménage ne visait finalement qu’à refaire l’éducation de Superboy...
Ce T4 se termine par un nouvel épisode sous forme d’interlude développant la relation père-fils entre Superman et Superboy. Un épisode illustré par Scott Godleski comme on a l’habitude d’en lire régulièrement sur cette série et qui apporte un peu de répit entre deux séquences d’affrontements lourdingues. Malheureusement, ces quelques bons épisodes sont rares et ne suffisent pas à tirer la série vers le haut.
Du côté du dessin, si l’on retrouve enfin nos deux dessinateurs attitrés – Patrick Gleason et Doug Mahnke –, il est navrant de constater qu’ils se partagent encore de multiples encreurs pour des résultats finaux assez différents. Si la pratique est habituelle dans l’industrie du comics, elle ne contribue pas à la cohérence à la stabilité d’un titre pourtant majeur comme Superman.
Toujours co-scénarisée par Peter J. Tomasi et Patrick Gleason, la série Superman poursuit classiquement son chemin en alternant les joyeuses séquences familiales – notamment avec Suberboy – et celles plus classiques apportant la dose d’action règlementaire (Superman 2016, #14-17 et Annual #1).
Ce troisième tome débute par l’Annual #1 qui prend la forme d’une rencontre mouvementée entre Superman et Swamp Thing. Les vieux lecteurs de comics ne trouveront plus rien de très original dans le sempiternel triptyque rencontre-affrontement-réconciliation, mais il s’agit d’un épisode indépendant qui reste malgré tout assez divertissant. Qui plus est lorsque l’ensemble est de toute beauté avec Jorge Jiménez au dessin.
S’ensuit un très court arc, intitulé "Mes doubles et moi", dans lequel un super-vilain lambda cherche à capturer le Superman russe, le Superman chinois, le Superman lapin, bref tous les Superman possibles et imaginables. Ses motivations sont floues, ce qui touche au cosmique et au Multivers me déplait au plus haut point et l’histoire elle-même n’est qu’un prétexte à l’affrontement.
Enfin, le dernier épisode embarque Superboy et sa voisine dans la campagne en pleine nuit (superbement retranscrite par Sebastián Fiumara). La tonalité de l’histoire, plutôt légère et bienvenue après le concentré d’action qui a précédé, fait penser à Alice au pays des merveilles et servira surtout à introduire l’arc suivant.
Pour finir, un mot sur le dessin, car en effet il y a matière à râler. Pour illustrer l’histoire principale de ce T3, qui, rappelons-le, ne courre que sur trois petits épisodes, il aura fallu la collaboration de pas moins de treize artistes (dessinateurs, encreurs et coloristes) ! Comment peut-on espérer parvenir à un résultat homogène en morcelant à ce point le travail ? D’autres séries bimensuelles ont, elles, su trouver leur équilibre sans recourir à un tel procédé...
La seconde collaboration entre Brian Azzarello et Lee Bermejo concerne une fois de plus l’univers DC Comics et s’attarde cette fois-ci sur le personnage de Lex Luthor présenté sous un jour plus humain et moins super-vilain qu’à l’accoutumée (Lex Luthor: Man of Steel 2005, #1-5).
Luthor, dominant Metropolis depuis son gratte-ciel, s’interroge sur la nature de Superman, se demande pourquoi le peuple en a fait son héros alors qu’il n’a rien d’humain, ouvre son cœur autant qu’il rumine sa haine et assène au lecteur moultes autres considérations pseudo-philosophiques. Dans cette mini-série, Luthor débute du bon côté de la loi tandis que Superman est l’alien dont il faut se méfier ; un postulat proche de celui du comics "Batman: Dark Knight" de Frank Miller ou plus récemment du film "Batman v Superman" de Zack Snyder. La suite de l’histoire est toutefois très différente et, entre l’immobilier, la recherche génétique ou le terrorisme, Luthor retombe rapidement dans ses travers et se prépare à créer un homme d’acier qui correspondrait davantage à sa vision du héros.
Le scénario est bien construit, les interrogations de Luthor sont légitimes – quoiqu’évoquées à maintes reprises dans bien des comics – et il est plaisant de lire pour une fois une histoire abordant le côté humain, voire intime, d’un super-vilain bien connu. Toutefois, l’histoire aurait pu faire l’impasse sur la séquence totalement inutile mettant aux prises Batman et Superman et s’étendre au contraire plus longuement sur la relation entre Luthor et sa nouvelle création. Une relation naissante qui, en cinq épisodes, n’aura finalement été que très brièvement décrite.
Un mot sur le dessin. Reconnaissable entre mille, il s’affine et participe avec la même force que le scénario à la qualité du duo Azzarello / Bermejo. Aussi, c’est une bonne chose qu’Urban Comics ait conservé la couverture façon mug shot tirée de l’Absolute Joker/Luthor (dommage cependant de ne pas en avoir fait autant avec leur édition du roman graphique Joker).
Si l’on continue bien évidemment dans ce deuxième tome à suivre l’enquête menée sur la mort d’un dirigeant de la banque Caïna-Kankrin, ces quatre nouveaux épisodes se montrent beaucoup plus généreux en révélations sur les forces occultes à l’œuvre dans le milieu de la finance. Paradoxalement, l’histoire perd à cette occasion un peu du mystère qui faisait sa force (Black Monday Murders 2017, #5-8).
NB : A noter qu’il est recommandé de relire le premier tome avant de se lancer dans la lecture du second afin d’avoir tous les personnages et les liens qui les unissent bien en tête.
Tandis que l’inspecteur Dumas assouvit sa soif de connaissance sur l’ésotérisme, les familles américaines et russes à la tête de la banque règlent leurs comptes. L’histoire cesse dès lors de jouer dans le registre du polar et prend une tournure beaucoup plus fantastique et sanglante qu’à ses débuts. Et c’est sans doute un peu dommage car cette rencontre inévitable avec Mammon me semble précipitée ou du moins arriver beaucoup trop tôt dans le récit. Il eut été préférable, afin de préserver le mystère entourant ce dieu de l’argent, de la réserver pour l’un des derniers épisodes. Aussi, si l’aspect horrifique voire gore était déjà présent par petites touches dans le premier tome, on est désormais en plein dedans et l’on perd donc au passage un peu en subtilité.
Un changement de registre, une accélération du rythme de la narration ou tout simplement un enchantement moindre qui n’enlèvent toutefois rien à la grande qualité du scénario de Jonathan Hickman comme à celle du dessin de Tomm Coker. La conclusion, encore inédite en VO, est attendue avec impatience !
Il faut le dire en introduction : la lecture de Black Monday Murders n’est pas des plus faciles. Elle se veut sérieuse et documentée et demande un minimum d’attention et de culture financière pour l’aborder avec aisance. Et il ne faut pas non plus être hermétique aux théories de complot puisque l’on nage en plein dedans : le cœur du sujet étant la finance et les Rothschild qui gouvernent le monde... (Black Monday Murders 2017, #1-4).
Passé cet éventuel écueil, c’est une lecture extrêmement intelligente que livre ici Jonathan Hickman, un mélange habile entre une enquête policière et la destinée familiale d’une banque aux origines mystérieuses, la Caïna-Kankrin, le tout nous amenant à plonger dans le milieu d’une finance occulte. Sur quatre épisodes, on navigue entre les époques, entre les séquences réalistes et celles plus ésotériques en suivant quelques personnages très bien campés. Aussi, l’intrigue ne se précipite pas, les révélations viennent de manière très progressive, le rythme est lent et l’on termine la lecture de ce premier volume avec mille interrogations. Enfin, il y a matière à lire, à revenir en arrière pour être sûr de n’avoir rien manqué et à relire tellement le scénario est bien ficelé.
Un autre point fort de ce comics est qu’il n’est pas seulement constitué des classiques planches de bande dessinée mais que celles-ci s’entrecoupent aussi de textes divers, de définitions, d’organigrammes, de PV d’auditions, de schémas, etc. Le tout est présenté de sorte à être le plus réaliste possible avec ces fausses censures, ces multiples détails ou ce soin apporté à la mise en page (de la table des matières jusqu’aux crédits). Loin d’être anecdotiques, toutes ces pièces apportent un véritable plus à l’œuvre et renforcent l’immersion dans le récit à l’instar des caractères inventés pour la langue du dieu Mammon.
Enfin, cerise sur le gâteau, le dessin de Tomm Coker est lui aussi une très grande réussite. Auteur rare (que l’on a pu voir il y a quelques années sur "Daredevil Noir"), son style est brut et en même temps très précis, l’ambiance est sombre et parfaitement adaptée à un polar noir teinté d’horreur et d’ésotérique, ses visages sont très expressifs et les couleurs de Michael Garland apportent une unité de ton à chacune des séquences. En un mot, une lecture indispensable.
Si la collaboration entre Brian Azzarello et Lee Bermejo est aujourd’hui ancienne, celle-ci a débuté il y a une quinzaine d’années par ce crossover basique entre Batman, un des personnages phare de DC Comics, et Deathblow, un personnage bien moins en vue – et aujourd’hui oublié – issu de l’univers Wildstorm (Batman/Deathblow: After the Fire 2002, #1-3).
Et en un mot, c’est très moyen. Batman enquête à sa manière, c’est-à-dire qu’il fait surtout acte de présence et joue les chauves-souris le moment venu (on a déjà vu le "plus grand détective du monde" en meilleure forme), et Deathblow tient le rôle de la grosse brute, du barbouze à la gâchette facile. Le scénario tourne autour de l’arrivée d’un pyrokinésiste fou à Gotham, d’incendies en cascades et du double jeu d’agences gouvernementales si secrètes qu’elles-mêmes finissent par s’y perdre.
Les flashbacks et le discours axé sur l’espionnage / les black ops / la CIA donnent au scénario d’Azzarello une illusion de complexité alors qu’il n’en est rien, les dialogues sont pauvres voire, par moments, clichés et les personnages sont tous caractérisés comme de gros durs... Bref, si ce crossover fait certes le job, il fallait être deux pour qu’il soit réussi et malheureusement l’acolyte du jour de Batman avait clairement un potentiel de départ limité.
Il n’y a que le dessin à sauver. On reconnait immédiatement la patte de Bermejo – qui, ceci dit, n’a pas franchement évolué depuis ses débuts, tout juste a-t-il aujourd’hui un trait un tout petit plus précis –, c’est assez beau pour peu que l’on aime ce style très particulier, tout en ombrages, sombre et poisseux. Un style qui colle bien à l’univers de Batman et à Gotham mais qui se fait répétitif à la longue.
La première crise de l’univers DC Comics eu lieu en 1985 avec "Crisis on Infinite Earths". Vingt ans après, l’éditeur célèbre cet événement avec un nouvel event lui faisant directement suite (Infinite Crisis 2005, #1-7).
Et cet event scénarisé par Geoff Johns est particulièrement complexe à suivre et sa lecture à réserver aux initiés de longue date. Il intègre la quasi-totalité des personnages de l’univers, multiplie les références à la longue histoire éditoriale de DC Comics et s’étale, en comptabilisant les tie-ins, sur près d’une centaine de numéros. Ce Deluxe – un des rares édités par Panini pour le compte de DC Comics – se contente des sept épisodes au cœur de l’intrigue et cela est déjà bien suffisant pour s’y perdre...
En résumé, des super-héros étrangers à la Terre-1 y font leur retour, oublient rapidement les politesses et entendent bien recréer leur Terre-2 disparue dans l’event précédent au dépend de leur Terre hôte. Il faut aimer les histoires cosmiques et grandiloquentes, il faut aimer les rencontres au sein du Multivers, il faut aimer la multiplication jusqu’à l’overdose des personnages et, c’est bien dommage, rien de tout cela ne me plait. Enfin, pour peu que l’on préfère Batman à Superman et les intrigues terre-à-terre, il n’y a plus grand-chose auquel se raccrocher. Bref, trop d’éléments qui ne me font pas adhérer à cette histoire.
Même le dessin n’est pas exceptionnellement beau. Illustré en majorité par Phil Jimenez et George Pérez, leur style est correct et même sans doute bon pour le milieu des années 2000, mais c’est aussi tout ce que le comics de super-héros a de plus mainstream et manque cruellement de personnalité. Il n’y a qu’Ivan reis qui sort du lot sur ses quelques planches, et encore, il a grandement progressé depuis.
Identity Crisis est l’event concocté par DC Comics pour l’année 2004. Bien qu’il s’agisse davantage d’une enquête que d’une crise affectant le Multivers (comme son titre pourrait le laisser penser), il met tout de même à mal le petit monde des super-héros (Identity Crisis 2004, #1-7).
Sue Dibny est l’épouse de l’Homme-élastique. Son meurtre sera bientôt suivi d’autres menaces touchant les proches de plusieurs super-héros. La Ligue de Justice – et bien d’autres équipes encore – va alors tout mettre en œuvre pour retrouver les responsables. Suspicions, fausses pistes, interrogatoires : la particularité de cette histoire scénarisée par Brad Meltzer est qu’elle prend l’allure d’une enquête tout du long de ses sept épisodes. Pas une enquête policière bien sûr, mais une enquête menée par des super-héros à la recherche d’un super-vilain.
Et celle-ci est assez prenante, on a envi de savoir qui s’en prend ainsi aux proches des super-héros. D’autant plus que l’aspect super-héroïque est secondaire, il est en effet surtout question des relations de travail et des relations familiales voire intimes entre les personnages. En somme, un event qui s’attache plus à leur côté humain, à leurs dissensions comme à leurs convergences, qu’à leur habituel côté héroïque.
On pourrait cependant regretter que certains aspects pourtant au cœur de l’intrigue, tels le deuil ou le traumatisme, aient été rapidement évacués mais cela reste un comics après tout, pas un essai. Aussi, la multitude de personnages secondaires demande d’avoir au préalable une bonne culture en comics pour les repérer et donne finalement une impression de catalogue à l’histoire. Enfin, l’abus de récitatifs, notamment par Green Arrow, est pesant à la longue.
Le dessin de Rags Morales est correct pour son époque. Mais il faut aimer le style comics de super-héros du début des années 2000 et la colorisation informatique, heureusement cela ne dure que sept épisodes.
A l’occasion de la sortie du film Venom en 2018, Panini Comics réédita au format Deluxe trois mini-séries précédemment publiées aux formats "100% Marvel" puis "Marvel Dark". Des histoires qui se suivent chronologiquement et dont le personnage principal est toutefois moins Venom que Carnage.
Dans la première histoire scénarisée par Peter Milligan (Venom vs. Carnage 2004, #1-4), Venom et Carnage s’affrontent, se découvrent un nouveau rejeton – Toxine –, hésitent entre le protéger et le tuer avant que Spider-Man et la Chatte noire ne s’interposent. Les considérations psychologiques sont rapidement mises de côté et le scénario se limite grosso modo à un affrontement permanent et confus entre symbiotes.
Le niveau remonte quelque peu dans les deux histoires suivantes, cette fois-ci scénarisées par Zeb Wells (Carnage 2010, #1-5 et Carnage: U.S.A. 2012, #1-5). Il est question d’expériences scientifiques hasardeuses, de l’inévitable retour de Cletus Kasady, de coopération plus ou moins réussie avec d’autres super-héros mais surtout de nouveaux symbiotes en tout genre (à croire que l’on peut "symbioter" à peu près tout et n’importe qui ou n’importe quoi). Au look de Carnage, on se doutait bien qu’on ne se trouverait pas ici face à une lecture très spirituelle mais l’ensemble reste malgré tout fort divertissant.
Outre le personnage de Carnage, ces mini-séries sont réunies dans ce Deluxe par leur dessin. En effet, elles sont toutes les trois illustrées par un seul et unique artiste : Clayton Crain. Entièrement réalisé en numérique, son dessin est donc dépourvu des contours et aplats d’encre noire auxquels nous sommes habitués et sa couleur apparait par moments un brin artificielle. Surtout, l’assistance de l’ordinateur lui permet d’apporter un niveau de détail très voire trop poussé (jusqu’à en observer par exemple les moindres veines, tendons ou muscles des symbiotes). Si l’on ne peut nier que son style est original, qu’il se distingue dans le milieu du comics et qu’il est même époustouflant sur certaines séquences, il reste difficilement supportable sur plus de 300 pages d’affilé. Il est donc conseillé de diviser la lecture de ce Deluxe en trois temps.
Dans ce quatrième tome, Ed Brubaker recrée du lien avec ses précédents scénarios au travers de l’histoire d’un auteur de comic-strip manipulé par la femme dont il est éperdument amoureux (Criminal 2008, #4-7).
Ainsi, nous suivons Jacob (les lecteurs attentifs l’auront reconnu dans le T2 après avoir aperçu ses strips dans le T1), depuis sa rencontre charnelle – et finalement pas si fortuite – avec Iris jusqu’à sa descente aux enfers alors qu’il croise inéluctablement la route du crime. Le personnage central, encore une fois relativement ordinaire, est très intéressant et s’avère bien moins innocent et démuni qu’il ne transparaît au premier abord. Manipulations, criminels, FBI, femme fatale, tous les ingrédients d’un bon – mais classique – polar sont réunis. Et il faut souligner une petite originalité du côté de la narration : le personnage de fiction issu des strips, Frank Kafka, accompagne activement l’auteur dans ses mésaventures.
Il est par contre regrettable de constater que l’unique femme du récit soit de nouveau cantonnée au rôle d’aguicheuse et de Marie-couche-toi-là. Déjà, dans les trois précédents tomes, les personnages féminins se limitaient à tomber rapidement sous le charme du héros et à satisfaire ses besoins sexuels. Certes, la série se déroule dans un milieu d’hommes, de surcroît des criminels, mais le scénario se complait dans ces figures arriérées.
Quant au dessin de Sean Phillips, il est constant depuis le premier épisode, le duo Brubaker / Phillips fonctionne à merveille, il sera donc inutile de se répéter.
Ce troisième tome marque le début de la seconde saison de Criminal. Si les personnages changent, l’ambiance de polar noir et ses ressorts scénaristiques restent heureusement inchangés (Criminal 2008, #1-3).
Les trois premiers épisodes réunis dans ce volume racontent les destins croisés et tumultueux de trois personnages – un boxeur, un vétéran et une strip-teaseuse – au travers de leurs liens plus ou moins étroits avec la mafia locale. Si les trois histoires sont en apparence indépendantes, elles se rejoignent toutefois autour du personnage de Sebastian Hyde, le boss de la mafia, et forment au final un puzzle cohérent où plusieurs pans de leurs histoires respectives s’entremêlent. Comme ce fut le cas lors de la première saison, il est toujours intéressant de constater que ces personnages somme toute ordinaires sont si facilement poussés au crime alors qu’ils n’aspiraient qu’à mener une vie tranquille.
Comme dans les deux premiers tomes, les récitatifs d’Ed Brubaker sont une nouvelle fois très présents (si bien que l’on a, par moments, l’impression de lire une nouvelle illustrée plutôt qu’une bande dessinée) ; cela participe toutefois toujours au charme de la série. Finalement, le seul reproche que l’on pourrait adresser à cette seconde saison serait ne pas s’être renouvelée et d’avoir usé des mêmes ficelles que sur la première.
Le dessin de Sean Phillips est inchangé et mon avis à son sujet l’est donc également (si son aspect brut convient très bien à l’ambiance du récit, il aurait mérité d’être plus travaillé afin d’y gommer quelques approximations).
Si Bruce Banner est génial, la créature en laquelle il se transforme lorsqu’il est énervé l’est beaucoup moins. Et, malheureusement, ce n’est que d’Hulk dont il s’agit dans cet event catastrophique (World War Hulk Prologue: World Breaker 2007, #1, World War Hulk 2007, #1-5 et World War Hulk: After Smash 2008, #1).
Précédemment, Greg Pak a expédié Hulk dans l’espace, lui a fait découvrir bon gré mal gré la vie de gladiateur et l’a un peu énervé sur la fin. Il le fait désormais revenir sur Terre pour lui permettre de se venger. Une des premières phrase qu’Hulk prononce dans ce comics est "Je viens pour tout casser" et elle résume tristement l’entièreté du scénario. Au fil des pages, le lecteur n’assiste qu’à une succession interminable d’affrontements toujours plus bourrins et inutiles contre la galerie habituelle des super-héros dont le rôle se limite ici à faire office de chair à canon (ou en l’occurrence de chair à Hulk). Il n’y a pas un échange construit, pas une once de réflexion, pas une lueur d’espoir dans la caractérisation du personnage qui restera cette brute épaisse du début à la fin. Il ne fallait certes pas attendre grand-chose de celui-ci mais, le temps d’un event qui lui est entièrement consacré, on aurait peut-être pu lui faire dire quelque chose de sensé.
Le dessin est assuré par John Romita Jr. et l’évocation de ce seul nom suffit en général à faire soupirer les amateurs de comics. Son style caricatural voire grossier, difficile à se représenter à l’écrit, rend la lecture désagréable et n’apporte aucune plus-value à un scénario déjà bien maigre. Pour tout dire, il n’y a que cinq pages à sauver dans ce Deluxe : les cinq couvertures de David Finch à retrouver en fin de volume...
A noter qu’il est préférable d’avoir lu au préalable le Deluxe "Planète Hulk" pour connaitre plus en détail le contexte de cette histoire (on peut aussi se contenter de visionner le film Thor: Ragnarok dont il s’est inspiré). Cela est toutefois loin d’être indispensable au vu de la pauvreté de leurs scénarios respectifs.
Dans ce quatrième et dernier Deluxe, la série renoue avec des considérations mythologiques laissées longtemps de côté – tel l’Arbre-Monde – mais sombre comme jamais avec cette longue et inintéressante histoire dont le dessin est à l’avenant (Thor 1966, #615-621 et #620.1).
Matt Fraction prend la suite de Kieron Gillen et va amener la série à son point le plus bas sur la période considérée (09/2007 - 05/2011). Si le tome précédent pouvait être défini comme globalement mauvais, celui-ci est encore pire. Certes, son titre aurait dû me mettre la puce à l’oreille : "Les dévoreurs de mondes", on ne pouvait guère faire plus ridicule comme entame. Les adversaires du jour, les Uthana Thoth, ne sont que des barbares à la peau rouge sans une once d’originalité et dont on ignore tout de leurs motivations si ce n’est qu’ils ont pour projet de massacrer le monde entier... Après des pages et des pages de combats et de palabres vains, la solution vient d’un gros monstre et de sa grosse épée... Comment peut-on laisser publier cela ? Car ce n’est pas le dessin de Pasqual Ferry qui rattrapera le scénario. Les gros plans à profusion, le manque de détail, le trait imprécis, les couleurs pastel informatisées, on croirait voir ici le travail d’un dessinateur amateur et non d’un professionnel.
De ce volume, il n’y a que l’épisode 620.1 à sauver. Un one-shot déconnecté de l’intrigue qui le précède et probablement commandé par Marvel pour pallier à un éventuel retard de publication. Le scénario et le dessin sont dans la norme, font efficacement le job mais n’ont guère d’envergure. Maigre consolation.
Et c’en est enfin fini de ce titre qui aura couru sur presque quatre ans, commençant de manière plutôt intéressante avant de se conclure de manière lamentable. Pour la suite, il faudra lire "Mighty Thor" (le relaunch de 2011 avec Olivier Coipel que l’on retrouve au dessin) ou "Jouney into Mystery" pour les aventures du nouveau Loki.
Panini Comics aura attendu près de quatre ans avant de publier la suite de ces aventures de Thor. Et à la lecture de ce troisième Deluxe, intitulé "Le contrat", on comprend malheureusement pourquoi. Déjà, malgré quelques bonnes séquences, la série n’était pas une franche réussite. Mais depuis que J. M. Straczynski en a confié son scénario à Kieron Gillen, elle va de mal en pis. Les idées lancées dans les épisodes précédents sont certes poursuivies mais, dans l’ensemble, la prestation de Gillen se résume à une succession d’affrontements sans intérêt (Thor 1966, #604-614).
Dans la première histoire, Fatalis manigance sur trois numéros un plan contre les derniers Asgardiens pour être finalement défait quelques bourre-pifs plus tard puis lâchement s’enfuir (l’éternel recommencement des comics...). Loki est évidemment de la partie jouant sans surprise son rôle de traitre (à nouveau, l’éternel recommencement des comics...).
On poursuit notre lecture avec les tie-ins tout à fait dispensables de l’event de l’année 2010 "Siege". Bien que celui-ci soit directement lié au royaume d’Asgard, ces tie-ins n’apportent rien de plus à l’intrigue principale si ce n’est nous offrir un combat final Thor contre Ragnarok dont on connaissait par avance le vainqueur.
Enfin, la dernière histoire voit Thor et Hela faire équipe contre les Dises. Ces Walkyries zombifiées sont navrantes de classicisme, le prétexte à l’histoire est incompréhensible, le fameux contrat m’a complètement perdu si bien que j’ai parcouru les dernières pages sans même les lire...
Au dessin, Billy Tan est bon sur les trois premiers épisodes avant d’être malheureusement secondé par d’autres dessinateurs moins talentueux que lui sur les suivants. Mais surtout, comment a-t-on pu avoir cette idée saugrenue de confier à Doug Braithwaite l’illustration d’épisodes éparts (soit les épisodes 610, 612 et 614) alors que son style est en décalage total avec celui des autres dessinateurs ? Décidemment dans ce T3, du scénario au dessin, rien ne sera épargné au lecteur. Si fait.
Un relaunch pour rien – une habitude chez Marvel, juste histoire de coller à la période All-New Marvel NOW! – et voici que débute la seconde partie du run de Paul Cornell sur la série régulière consacrée à Wolverine (Wolverine 2014, #1-12).
En premier lieu, il faut souligner la roublardise de Panini Comics qui a choisi d’intituler cet album "La mort de Wolverine : Prélude" alors qu’il ne s’agit que de la seconde partie du run de Paul Cornell (entamé dans l’album "Wolverine : La chasse est ouverte"). Et puis s’il s’agissait réellement d’un prélude, il n’aurait pas été publié en VF plus de deux ans après l’évènement en question...
Quant au contenu, Wolverine apparait bien loin d’être mort dans la succession indigeste de combats auxquels il prend part (tout au plus avait-il déjà perdu son facteur auto-guérisseur). Il s’interroge – ou plutôt ses amis l’interrogent – sur sa peur de la mort, sur sa nouvelle manière d’appréhender sa vie ou sa condition de super-héros. N’étant d’ordinaire pas très dissert, il aurait été intéressant de profiter de cette situation plus humaine, moins animale, pour percer la personnalité de Logan. Au lieu de cela, le scénario se contente de le rendre quasiment hermétique à tout sentiment et préfère se concentrer sur la traque de son ennemi de toujours : Dents-de-Sabre (qui l’avait laissé vivre dans le volume précédent, admirez la logique...). Durant douze numéros, c’est à celui qui rugira le plus fort, qui bandera le plus ses muscles ou qui prendra la posture la plus virile ; en somme, une histoire particulièrement puérile.
Le dessin est à l’avenant. Cinq dessinateurs se relaient et ils font tous dans l’exagération, voire dans la caricature. Bref, ce que le comics de super-héros a de pire à offrir ; il n’y a que la série de cinq couvertures de Steve McNiven à sauver, c’est dire...
Un sixième tome qui ne constitue pas réellement une suite au volume précédent puisqu’il vient compiler une série de six one-shot – toujours scénarisés par Greg Rucka mais illustrés cette fois-ci par six dessinateurs différents – visant à explorer l’univers de la série via des personnages ou des familles secondaires (Lazarus: X+66 2017, #1-6).
S’ils sont globalement de bonne facture, et une fois passée la petite déception à la découverte de l’album, il est raisonnable de s’interroger sur le bien-fondé de ces one-shot. Certes, l’univers est riche et il y a matière à en développer certains de ses aspects mais pourquoi le faire sous cette forme ? L’histoire principale aurait pu aisément se poursuivre à son rythme lent habituel en intégrant ces sous-intrigues. Mais la raison est peut-être ailleurs. Il fallait probablement soulager le dessinateur attitré, Michael Lark, qui, bien qu’excellent, illustrait ces derniers temps ses épisodes à un rythme difficilement compatible avec une série à suivre.
Ce sont donc six artistes différents, aux styles malgré tout adaptés à l’ambiance noire et réaliste de la série, qui vont tantôt illustrer, en l’an X+66, le parcours d’un soldat, d’autres lazares ou de serfs, tantôt d’une vieille connaissance de la famille Carlyle... Inévitablement, la qualité du scénario et du trait varie d’un épisode à l’autre mais l’on peut souligner la réussite en tous points du numéro #5 illustré par Bilquis Evely.
Pour finir, on peut aussi s’interroger sur la raison qui a poussé Glénat à placer le nom de Michael Lark en couverture de ce T6 alors que celui-ci n’en dessine donc pas la moindre planche. Erreur ? Tromperie ? Au moins, l’édition VO se montrait plus respectueuse des différents artistes à l’œuvre sur ces six épisodes.
La suite d’une excellente série dont, chose rare et c’est à souligner, la qualité ne recule pas d’un pouce au fil des épisodes (Lazarus 2013, #22-26).
Forever se remet doucement de sa blessure et découvre partiellement ses origines, sa jeune successeur poursuit son entrainement, leur père entre en convalescence, les serfs font de la figuration, les manœuvres familiales continuent et la guerre se poursuit par lazares interposés (soit le "génocide programmé" du titre qui force un peu le trait).
Bref, cinq épisodes où l’on continue tranquillement de suivre nos personnages désormais bien connus, sans jamais se précipiter, ni se répéter ou s’ennuyer la moindre seconde. Au contraire, le déroulé des événements raconté par Greg Rucka apparait naturel, les idées nouvelles sont amenées avec cohérence (la médecine, les médias, le lazare monstrueux) et la lecture reste passionnante de bout en bout, bien aidée par le dessin toujours aussi magnifique de Michael Lark. En résumé, un comics qui se maintient à un haut niveau sur la durée et il est fort dommage de constater que l’on arrive déjà au bout du premier cycle.
S’il y avait malgré tout un bémol à mentionner, il serait pour ces scènes de combats qui durent sur des pages et des pages. Certes, le lazare est un personnage destiné avant tout à être le bras armé de sa famille et, certes, la série insiste fortement sur l’aspect militaire de la société dans laquelle se déroule l’intrigue, mais il n’était probablement pas nécessaire de réserver dix pages pour un simple combat à l’épée...
Après le Wolverine de Jason Aaron (à retrouver dans la collection Marvel Omnibus), voici pour débuter la période Marvel NOW! celui de Paul Cornell. Sur deux ans, il va fort maladroitement lui faire perdre son facteur auto-guérisseur, lui faire multiplier les affrontements toujours plus bourrins et le mener à l’événement éditorial que constituera sa mort, rien que ça (Wolverine 2013, #1-13).
Si Wolverine constitue un personnage aussi intéressant, c’est d’une part par sa grande violence qui détone du reste des super-héros et d’autre part pour son facteur auto-guérisseur qui lui permet d’encaisser à peu près n’importe quoi. Le perte de cette faculté devrait constituer un événement digne d’intérêt mais, malheureusement, la manière dont Cornell l’amène démontre tout l’inverse.
Wolverine part ainsi à la recherche d’un pistolet laser capable de manipuler mentalement son porteur (déjà, ça commence mal...). Ce qui l’amène à affronter des scientifiques fous, puis le S.H.I.E.L.D. rendu fou, puis des armures au design des années 70, pour enfin perdre son pouvoir à cause d’un nano-virus insectoïde, trouver le coupable en faisant un détour opportuniste par le Wakanda, affronter un super-héros français pratiquant la savate (le ridicule de cette scène est à souligner) pour finir par les ninjas de la Main et le sempiternel Dents-de-Sabre. Il n’y a que l’épisode 7 à sauver – celui où Logan vit sa première journée de réflexion sans son facteur auto-guérisseur – sinon tout le reste est mauvais du début à la fin. A déconseiller à tous et en particulier aux amoureux de Wolverine.
Le dessin ne permet même pas d’apprécier un tant soit peu cette lecture tellement Alan Davis et Mirco Pierfederici ont un style cliché et rassemblent dans ce volume tout ce que le comics de super-héros à de plus mainstream.
On arrive petit à petit au bout de cette série de huit one-shot sur les personnages principaux de Watchmen. Place dans ce septième volume aux origines peu convaincantes et surtout très partielles d’Eddie Blake – alias le Comédien –, mort dès la première scène et dont la vie est pourtant au cœur de l’intrigue (Before Watchmen: Comedian #1-6).
Sous la plume Brian Azzarello (le second personnage sur lequel il officie après Rorschach), Blake aura quasiment tout vécu. La mort de Marilyn Monroe, l’assassinat de John F. Kennedy, le premier titre de champion du monde de Mohamed Ali, l’entrée en guerre des États-Unis au Vietnam, les émeutes de Los Angeles, le massacre de Mỹ Lai, l’assassinat de Robert F. Kennedy... A trop vouloir coller aux plus grands événements de l’Histoire américaine, le personnage perd grandement en réalisme. D’autant plus qu’il ne lui est attribué qu’un unique trait de personnalité : celui du gros dur-à-cuire se moquant éperdument de toute moralité.
Alors qu’il aurait été, au contraire, intéressant de raconter le basculement du personnage vers cet odieux connard raciste ou de s’attarder sur d’autres périodes de sa vie évoquées dans la série originale Watchmen. Et non de faire dans la caricature ou de se focaliser uniquement sur ces quelques moments à la fin des années 60. L’histoire se laisse tout de même lire mais n’apporte au final peu, voire rien, à la caractérisation du Comédien ou à son rôle dans l’œuvre de Moore.
Le dessin de J. G. Jones est dans la même lignée : ni franchement bon, ni franchement mauvais, il est d’un grand classique et manque de personnalité.
Un nouveau Deluxe sur les X-Men encore une fois bien pauvre tant du côté du scénario que du dessin, vite lu et aussitôt oublié, à réserver aux inconditionnels complétistes des mutants (X-Men 1991, # 200-204 et Uncanny X-Men 1997, #487-491).
Tout d’abord, il faut prévenir de potentiels lecteurs de ces épisodes qu’il est impératif de lire auparavant les Deluxe précédents, et ce, dans leur ordre de publication (Golgotha, Le sang d’Apocalypse, Supernovas, La chute de l'empire Shi'ar) au risque de ne rien y comprendre. Et lorsque l’on a la situation des deux titres impliqués bien en tête – X-Men et Uncanny X-Men –, ça ne s’améliore guère...
La première histoire voit basiquement s’affronter les X-Men et les Maraudeurs. Cette équipe de super-vilains de second plan cherche les "Livres de la Destinée" sans que l’on en saisisse jamais l’enjeu. De toute manière, il y a fort à parier qu’il s’agissait juste pour Mike Carey de proposer une nouvelle fois un scénario à base de baston tout en partageant le temps d’exposition entre toute la galerie des mutants et rien de plus. Bref, c’est nul et le dessin d’Humberto Ramos est indigeste, tout en exagération, dans un style cartoony proche du manga. Il n’y a en fait que quelques pages de Chris Bachalo à sauver. Tout au plus, les fans de Malicia et de Mystique y trouveront leur compte, et encore, s’ils sont écervelés...
La seconde histoire, par Ed Brubaker, n’est guère plus enthousiasmante, juste un cran au-dessus de la précédente. Les Uncanny X-Men – à savoir Warpath, Tornade, Hepzibah et Caliban – affrontent les terroristes fanatiques de Morlocks. En somme, deux équipes de parfaits inconnus se disputent une nouvelle fois les "Livres de la Destinée", et pour ne pas varier, sans véritable explication. Le dessin de Salvador Larroca est bon mais gâché par une colorisation hyper réaliste. Enfin, ce n’est qu’après ces quelques scènes fugaces du Pr. Xavier et de Magneto que l’on comprend d’où vient le peu d’intérêt à cette dizaine d’épisodes : il ne s’agissait en réalité que de remplissage en vue de l’event d’ampleur à venir : le Complexe du Messie.
Un deuxième tome, indépendant du premier mais dont l’action se situe dans le même univers, toujours aussi bien réalisé par l’immuable duo Brubaker / Phillips, et dont l’intrigue sort cette fois-ci davantage des sentiers battus du polar (Criminal 2006, #6-10).
Si l’histoire reste profondément ancrée dans le milieu de la pègre, son point de départ diffère quelque peu de la précédente. Le scénario de Ed Brubaker nous fait désormais suivre Tracy, un militaire supposé "impitoyable" en désertion, qui va s’acoquiner avec des criminels dans l’unique but de faire la lumière sur la mort de son frère, lui aussi passé par le crime. De la manière dont il va rejoindre ses nouveaux complices, à son histoire personnelle racontée par petites séquences émouvantes, en passant par le braquage en lui-même, tout concourt à faire du scénario une franche réussite. Et celui-ci a le mérite d’être un peu plus original que l’accumulation de poncifs du premier tome (bien que l’on n’échappe à nouveau pas à la femme fatale qui couche au premier regard...).
Le dessin de Sean Phillips ne varie pas du tome précédent, et s’il est toujours aussi efficace dans le registre du polar, il lui manque toujours quelque chose – un peu plus de détail, un trait plus relâché, une mise en page novatrice – pour être au niveau du scénario qu’il accompagne.
Un antihéros un peu plus intelligent que la moyenne des autres criminels, des amis peu fiables, des flics ripoux, des truands, l’incontournable femme fatale, des armes, des voitures, une valise bourrée de drogue, bref un comics qui additionne tous les clichés du polar mais dont le résultat final est malgré tout très satisfaisant (Criminal 2006, #1-5).
Leo est un braqueur qui étudie méticuleusement tous les aspects de ses casses, il est prévenant, jusqu’à la dérobade, voire "lâche" pour certains. Embarqué bien malgré lui dans le braquage d’un fourgon blindé, ce dernier tourne, évidemment, mal et les ennuis débutent alors pour lui et la petite galerie de personnages qui l’accompagne. Le personnage est attachant – et il s’agit pourtant d’un sale type –, l’intrigue concoctée par Ed Brubaker se lit d’une traite et est très prenante, quoiqu’un brin classique lorsque l’on est habitué à lire du roman noir. Et on aurait pu aisément en reprendre pour deux voire trois numéros supplémentaires histoire de détailler les relations entre certains personnages.
Le petit bémol vient du dessin de Sean Philips qui est certes très bon pour ce qui est de créer une ambiance de polar en parfaite adéquation avec le scénario mais dont la mise en page reste fort classique avec toujours ces trois mêmes bandes. Et puis certaines cases auraient mérité d’être un poil plus travaillées.
Avec ce Deluxe intitulé "Supernovas" (un terme qui étrangement n’apparaitra dans aucune des histoires de ce recueil), débute le run globalement bourrin et rarement intelligible de Mike Carey sur les X-Men. Un run qui courra tout de même sur plus de soixante-dix numéros si l’on y inclue le relaunch "X-Men Legacy" opéré en 2008 (X-Men 1991, #188-199 et Annual #1).
Pour sa première histoire, les X-Men affrontent les Enfants de la Crypte, des humains enfermés pour des millénaires dans un navire hors du temps et qui ont évolué jusqu’à posséder des pouvoirs semblables à ceux des mutants. Leurs motivations sont basiques (tuer tout le monde en résumé), leurs membres ou leurs pouvoirs ne sortent pas de l’ordinaire (pour qui aurait lu ne serait-ce que quelques comics) et le résultat de leur affrontement était couru d’avance (spoiler : ils perdent). Le seul élément scénaristique qui soit digne d’intérêt dans cette histoire est la composition de l’équipe des X-Men avec Malicia à leur tête et une présence renforcée de Cable et de Dents-de-Sabre. Une bien maigre consolation...
A part ça, le dessin de Chris Bachalo est plutôt bon. Il se situe évidemment dans le plus pur style des comics de super-héros avec ses petites exagérations et son petit côté cartoony mais il faut reconnaitre qu’il a une patte qui lui est propre. Les couleurs lui siéent également très bien et cela produit au final un résultat immédiatement reconnaissable, ce qui est toujours une bonne chose au milieu de la multitude de dessinateurs au style mainstream.
Si l’épisode annual intermédiaire est oubliable, la courte histoire suivante l’est tout autant. Les X-Men affrontent le super-vilain Pandemic sur trois numéros pour mieux le défaire en quelques cases. C’est mauvais comme le dessin d’Humberto Ramos à un point tel qu’on en zapperait presque cette lecture... Qui donc peut aimer cela ?
Enfin, la dernière petite histoire voit le retour de Bachalo au dessin (ce qui constitue déjà en soi un point positif aussi mauvais le scénario soit-il derrière). Et si ce scénario est justement à base de baston, l’adversaire du jour est plutôt original puisqu’il s’agit d’un Mummudrai, une gigantesque entité mi-physique mi-fantomatique issue de la technologie Shi'ar. La manière dont elle est représentée par Bachalo, avec cet aspect proche de l’extraterrestre du film Alien est très réussi.
Ce cinquième tome vient conclure l’histoire de Josephine et de Nicolas Lash et apporte autant de réponses qu’il fait naitre de nouvelles interrogations et de frustrations (Fatale 2012, #20-24).
Nous sommes désormais en Californie du Nord en 2014, c’est-à-dire à l’époque contemporaine lors de la publication de ces cinq derniers épisodes. C’est le temps des révélations et Ed Brubaker fait enfin avancer son intrigue ; on en apprend donc beaucoup sur le passé de la protagoniste principale, sur ses liens et son histoire d’amour avec Nicolas Lash, sur l’origine de sa malédiction ou encore sur l’histoire de son adversaire à la tête de poulpe et de sa secte.
Comme lors de la première saison, l’intrigue se résout dans un bain de sang très graphique sans toutefois apporter de réponses à toutes les questions que l’on se pose. Le rôle de Jo restera ainsi en grande partie très mystérieux, de même que les motivations qui l’ont conduites à entrainer dans son sillage ces dizaines hommes vers la mort ou la folie... Bref, si le personnage d’une femme "fatale" était intéressant à développer et si l’aspect polar teinté d’horreur devenait agréable à suivre, il est fort dommage d’avoir eu à ce point recours à la solution fantastico-ésotérique pour conclure l’histoire. Mais il faudrait cependant relire d’une traite les tomes 1, 2, 4 et 5 pour se faire une idée meilleure idée de l’ensemble.
On peut tout de même souligner l’unité graphique remarquable du dessin de Sean Phillips sur ces vingt-quatre épisodes. Si j’étais initialement un peu réticent à l’aspect mal fini de son trait, on finit par s’y habituer et à rentrer dans l’univers.
Après un troisième tome en forme d’interlude historique, retour aux affaires dans ce T4 pour la mystérieuse Jo embarquée cette fois-ci, à Seattle en 1995, au sein d’un groupe de rock sur le déclin (Fatale 2012, #15-19).
Pour raconter son histoire, Ed Brubaker continue d’user de la même recette éprouvée sur le premier et le deuxième volume : Josephine rencontre un homme au hasard, influence et pervertie bien malgré elle ses proches jusqu’à les mener à leur perte à tous. Seul le contexte change puisqu’il est désormais question de musique grunge et que nous avons progressé jusqu’au milieu des années 90.
La narration est comme d’habitude très présente, traduit les pensées de tous les personnages et guide la lecture du début à la fin de l’intrigue de manière très, voire trop, didactique (le dessin en deviendrait par moments secondaire face à la multiplication des récitatifs). Si cela est efficace et si le dessin de Sean Phillips est toujours aussi bon, on pourrait toutefois regretter le manque de renouvellement et d’originalité de cette seconde saison de Fatale (on retrouve le flic véreux, les crimes sanglants et gratuits, le côté marie-couche-toi-là, la touche d’horreur et de fantastique, etc.). D’autant plus que, si l’histoire personnelle de Jo s’étoffe évidemment, celle de Nicolas Lash ne progresse que bien peu. Enfin, il n’y a plus qu’un tome, espérons que la conclusion soit à la hauteur de la réputation de cette femme fatale...
Ce troisième tome de Fatale constitue davantage un hors-série, ou un tome de transition avant le début de la seconde saison, qu’une suite au T2 car, en effet, il s’agit d’un recueil de quatre histoires indépendantes les unes des autres. Ou presque, puisque le résumé nous assure qu’elles "s’entremêlent" (Fatale 2012, #11-14).
Des chevaliers aux nazis en passant par les cow-boys, du Texas à la Roumanie en passant par la France, ce volume balaye les époques et les destinations en nouant de très très minces liens entre elles. L’objectif (hormis de nous faire voir du pays) ? Montrer que Josephine, la femme "fatale" dont on suit les sanglantes aventures depuis le premier tome, est victime d’une malédiction qui prend sa source des siècles auparavant et que d’autres femmes l’ont précédée. Mais c’en est à se demander, à voir leur personnalité et leur physique à peu près semblables, s’il ne s’agit en réalité pas de la même femme tout du long...
Malheureusement, il n’y a rien de très original ni de très palpitant dans ces quatre histoires plus ou moins imbriquées – on pourrait même les trouver un brin clichées par moment – et, à défaut de faire progresser l’intrigue, elles ont le mérite de renforcer le background du personnage principal. Toujours scénarisées par Ed Brubaker, elles sont également toujours illustrées par Sean Phillips et, si l’on quitte temporairement le registre du polar pour celui du voyage, le dessin est encore fort bon.
Après l’immense run de Grant Morrison sur les New X-Men, ce fut au tour de Peter Milligan de reprendre les rênes de la série X-Men en 2005. Et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est dans l’ensemble plutôt très bon (X-Men 1997, #166-176 et Black Panther 2005, #8-9).
Trois histoires sont au menu de ce volume. La première voit la petite équipe des X-Men enquêter sur une nouvelle menace apparue au pôle Sud. Un immonde insecte, surnommé Golgotha, a le pouvoir de perturber la psychologie de ceux qui croisent son chemin, faire ressortir leurs sentiments les plus obscurs, jusqu’à créer des dissensions parmi notre groupe de mutants. Car le plus important dans cette histoire n’est pas la chasse au monstre, finalement assez secondaire, mais ces relations et cette vie de groupe perturbés. Contrairement à beaucoup d’histoires de super-héros, ici on ne perd pas son temps dans des affrontements sans fin ; au contraire, on s’y explique beaucoup et les personnalités des uns et des autres sont bien travaillées.
La deuxième histoire se déroule intégralement à l’Institut Xavier et continue intelligemment à développer la personnalité des X-Men plutôt que de miser sur l’action pure. Une mystérieuse élève, Foxx, intègre l’école et son charme ne laisse pas indifférent professeurs et pensionnaires (notamment le couple formé par Gambit et Malicia). Il est question de la confiance et du doute dans les relations amoureuses, un sujet intéressant dans la vie d’un petit groupe tels les X-Men.
La dernière histoire est un crossover avec la Panthère noire et son niveau est clairement en-deçà des intrigues précédentes. Les X-Men sont envoyés en Afrique faire la lumière sur un trafic de singes intelligents organisé par un savant fou aux idéaux communistes. Bref, du grand n’importe quoi.
Un des points forts de ce recueil est assurément son dessin, en grande majorité fruit du travail de Salvador Larroca. C’est fin et précis et les personnages ont des postures et des mouvements naturels. Le dessin de comics devrait toujours veiller à rester simple comme c’est le cas ici et éviter de tomber dans l’exagération.
Deuxième tome pour les aventures du nouveau Superman co-scénarisées par Peter J. Tomasi et Patrick Gleason, un volume qui ressemble à un pot-pourri de diverses petites histoires, certes plutôt sympathiques, mais sans grande ambition (Superman 2016, #7-13).
Dans la première histoire, la Super Family va à la fête foraine (à rapprocher de l’arc "SuperFriends" dans la série régulière Batman). Dans la deuxième, père et fils rejouent Jurassic Park. Dans la troisième, Superboy et Robin se chamaillent gentiment sous les yeux de leurs pères respectifs (à poursuivre dans la série Super Sons pour les amateurs). Et enfin dans la quatrième et dernière historiette, la Super Family rencontre Frankenstein.
Voilà, rien de bien transcendant, juste une succession de petites histoires en un ou deux épisode(s) confiées en alternance aux trois mêmes illustrateurs que sur le volume précédent – Patrick Gleason, Doug Mahnke et Jorge Jimenez – et probablement racontées dans le but de faire vivre le sentiment d’une famille presque ordinaire. Cela change du rythme effréné de bien des comics de super-héros, cela différencie totalement le titre de l’ambiance dramatique d’un Batman ou d’un Detective Comics, mais il ne faudrait pas non plus que cela dure. Pourvu qu’une histoire plus ambitieuse se profile dans le prochain tome.
Superman est mort, vive Superman ! Clark Kent – le Superman de la période New 52 – voit Clark White – celui de la période Rebirth – lui succéder et c’est reparti pour les nouvelles aventures de l’homme d’acier (Superman: Rebirth 2016, #1 et Superman 2016, #1-6).
Si l’histoire de sa mort est évidemment bien plus complexe que cela (à retrouver dans "Superman - Requiem"), elle s’en trouve bien résumée dans le numéro introductif et les deux Superman sont indifférenciés. Seuls petits changements avec l’ancien Superman : le nouveau a un super-fils, un super-chien et ses aventures sont plus familiales qu’auparavant. Ainsi, la première histoire voit toute la Super Family affronter l’Eradicator (quel nom ridicule...), sorte de gardien de l’eugénisme kryptonien pour qui un enfant mi-humain mi-extraterrestre est évidemment une hérésie.
Si les interactions entre les parents et leur fils au sujet de son éducation ou de l’appropriation de ses super-pouvoirs sont intéressantes, quoique très classiques, ce premier tome est malheureusement une grosse déception. Exclusivement consacré à cet affrontement basique avec l’Eradicator, ces six premiers numéros, co-scénarisés par Peter J. Tomasi et Patrick Gleason, étirent inutilement le combat en longueurs et les protagonistes se répètent à chaque échange. D’autant plus que son issue était connue d’avance... Il faut toutefois souligner le ton général de l’histoire, toujours positif, sans ombre menaçante au tableau, un feel good comics en quelque sorte.
Trois dessinateurs – Patrick Gleason, Doug Mahnke et Jorge Jimenez – se partagent alternativement le dessin de ces premiers épisodes. L’ensemble est assez cohérent mais ma petite préférence va au travail de Mahnke.
Suite et fin de cette histoire d’anticipation mêlant une sacrée bonne dose d’action déjantée – et un tantinet violente – à une histoire d’amour impossible (Tokyo Ghost 2015, #6-10).
Debbie et Teddy sont de retour à Los Angeles et ils sont plus éloignés que jamais. La première est entrée dans la clandestinité pour poursuivre son combat contre l’intoxication technologique de Flak Corp tandis que le second a repris du service comme gros bras du divertissement télévisuel. Leurs retrouvailles vont faire des étincelles...
Si le rythme est inchangé, si l’univers continue d’être aussi riche et plaisant à découvrir et si les scènes de l’enfance sont toujours aussi touchantes, il faut bien admettre qu’il a moins d’idée dans ces cinq derniers numéros. Le scénario de Rick Remender se contente de pousser jusqu’à l’extrême ses personnages aux opinions radicalement opposées pour nous offrir un final explosif et un brin caricatural (accéder à la vie numérique ou revenir à la vie sauvage).
Ceci dit, l’ensemble est très cohérent, les personnages sont bien campés, le dessin de Sean G. Murphy est superbe (tout particulièrement en N&B) et, en conclusion, Tokyo Ghost reste bien évidemment une excellente histoire. Il lui manque juste une seconde partie qui amènerait une idée nouvelle ou alors un peu de finesse dans la résolution de l’intrigue.
Deux auteurs stars du moment, Rick Remender (Black Science, Low) et Sean G. Murphy (Punk Rock Jesus, The Wake), réunis dans un comics d’anticipation complètement déluré sur le thème de la dépendance à la technologie (Tokyo Ghost 2015, #1-5).
Los Angeles, 2089. Les Etats-Unis sont devenus accros à la technologie, la société de consommation est poussée à son paroxysme, le sexe, la drogue et la violence font partis du quotidien et la télévision contrôle littéralement la vie de millions d’américains. Au milieu de cette folie, Debbie et Teddy, les deux héros de cette histoire, forment un couple pour le moins antinomique. L’une est radicalement opposée à toute forme de technologie, tandis que l’autre est drogué par ses écrans, ses émissions de télé et ses publicités trashs. Envoyés au Japon, ils vont découvrir un monde coupé de toute technologie, revenu à des valeurs ancestrales et vont devoir réapprendre à se connaitre eux-mêmes.
Pour peu que l’on apprécie l’univers cyberpunk déjanté développé par Remender, l’histoire est très prenante, hyper dynamique et ultra riche. Et on y alterne les moments de tendresse et ceux qui tiennent plus lieu de défouloir. Tout au plus, pourrait-on reprocher au propos de fond d’être un peu caricatural et coincé entre les pro- et les anti-tech. Quant au dessin de Murphy, il est précis et brut en même temps et il grouille de détails. Et si la couleur de Matt Hollingsworth apporte assurément un plus pour apprécier cette multitude de détails, l’édition noir et blanc avec son format légèrement plus grand et son papier légèrement plus épais reste un très bel objet.
Seul petit bémol : le choix d’Urban Comics de diviser la publication de cette histoire en deux volumes. Il aurait été plus sage d’attendre patiemment la sortie des dix épisodes en VO avant de publier le tout en VF sous forme d’intégrale.
Chaque tome de Lazarus à son sujet et, après l’ascenseur social du petit peuple dans le T2 puis un diner entre dirigeants dans le T3, voici venu dans ce quatrième tome le temps de la guerre (Lazarus 2013, #16-21).
L’opposition, jusqu’alors relativement diplomatique, qui couvait entre les familles Carlyle et Hook dégénère en conflit armé et c’est encore à Forever que l’on va demander de mener ce combat. L’occasion d’apprécier sur le champ de bataille ses aptitudes aussi diverses qu’extraordinaires – voire surhumaines sans trop rien en dévoiler – pendant une bonne moitié des scènes. Et de donner ainsi au scénario de Greg Rucka un petit côté Metal Gear Solid pas déplaisant.
Mais le plus intéressant est ailleurs. Il est à découvrir dans le suivi, en parallèle, des tractations qui se jouent en coulisses autour de l’état de santé du chef du clan Carlyle et des répercussions que cela pourrait avoir sur les alliances avec les autres familles. Les deux sujets sont intelligemment liés tout du long de l’histoire, même si l’on ne progresse au final toujours pas des masses sur le fond. Bref, on a toujours autant envi de découvrir la suite, d’autant plus avec ce cliffhanger totalement inattendu en dernière page.
Le dessin de Michael Lark est toujours au top, mention spéciale pour ses scènes sous la neige.
La suite d’un des meilleurs comics d’anticipation du moment où le scénario et le dessin sont tout aussi excellents l’un que l’autre (Lazarus 2013, #10-15).
Si l’on continue, par séquences, à suivre les doutes grandissants de Forever quant à ses origines, l’intrigue principale de ce troisième tome est consacrée à une réunion des familles – un "Conclave" – organisée dans le but de solder un différent autour de la défection/trahison d’un des leurs. Costumes, petits-fours et amabilités, les invités se comportent en parfaits gentlemen... du moins quand il ne s’agit pas de comploter les uns contre les autres. Finalement, l’affaire se réglera une nouvelle fois entre les lazares des familles Carlyle et Hook. Ce qui nous permettra d’apprécier durant presque un épisode entier ce charmant anachronisme qu’est le duel à l’épée alors que ceux-ci ont disparu depuis le milieu du XXe siècle.
Au-delà de cet aspect, si le personnage de Forever gagne au fil des épisodes un peu en épaisseur et en humanité, il faut tout de même souligner que l’on progresse encore très lentement dans l’évolution de sa personnalité. A ce rythme-là, il faudra bien à Greg Rucka une centaine d’épisodes avant qu’elle n’ouvre les yeux et ne prenne conscience du monde qui l’entoure.
Quant au dessin, mon avis est inchangé par rapport aux deux précédents tomes : le travail de Michael Lark est remarquable.
Un comics d’anticipation, teinté de science-fiction et d’horreur, à vingt mille lieues sous les mers et qui revisite le mythe moderne de la créature remontée des abysses (The Wake 2013, #1-10). Publié en VO sous l’imprint Vertigo de DC Comics.
Le scénario de Scott Snyder se veut le plus réaliste possible et multiplie à cet effet les explications tout du long – jusqu’à en être par moments très bavard – pour que le lecteur s’immerge, littéralement, dans l’histoire. La première moitié de l’histoire se déroule de nos jours et ressemble à un film catastrophe de série B voire à un survival : une créature est remontée des océans lors d’un forage pétrolier, elle s’avère bien plus dangereuse que prévue et la fine équipe recrutée pour l’occasion cherche alors à tout prix à sauver sa peau. Si le gros de l’histoire est là, le scénario multiplie les flash-back à plusieurs périodes de l’Histoire et fait naitre quelques interrogations... sans apporter immédiatement les réponses souhaitées.
L’histoire a la particularité d’être divisée en deux parties fort distinctes – voire malheureusement avec bien peu de lien entre elles – et sa seconde moitié tient davantage de l’anticipation post-apocalyptique. Deux cents ans plus tard, la Terre est inondée, les créatures mi-sirènes mi-piranhas sont toujours à l’affût et une jeune femme cherche des réponses. Le récit continue à multiplier les explications (cette fois-ci sur l’origine de ces créatures, de l’Homme ou de la vie), jusqu’au sentiment de trop-plein. Qui plus est, il se poursuit sans temps mort jusqu’à la fin.
S’il s’agit assurément d’une très bonne histoire et d’un très bon moment de lecture (auquel participe grandement le dessin), le scénario souffre de son rythme effréné. Il aurait été préférable d’inclure des temps de respiration ou de faire l’impasse sur certaines idées pour simplifier le propos.
Quant au dessin de Sean G. Murphy, il est tout bonnement magnifique. Son style est brut et hyper-dynamique et accompagne parfaitement le rythme de l’histoire, le découpage est varié, l’encrage est très appuyé (à observer dans les éditions noir et blanc de Tokyo Ghost ou Batman: White Knight) et il semble aussi à l’aise sur les personnages qui sur l’abondante technologie. Tout au plus a-t-on parfois l’impression de cases surchargées par une profusion de détails, mais cela participe aussi à son style. La couleur de Matt Hollingsworth n’est pas en reste, tout en pastel avec des effets visant à la rendre la plus naturelle possible.
Les origines d’un personnage important de Watchmen ou l’histoire d’un Hibou qui vient à succéder à un autre (Before Watchmen: Nite Owl #1-4).
Etonnement, à la lecture de cet album on se rend rapidement compte que son sujet n’est pas tant des origines du Hibou que celles du Hibou et de Rorschach tant les deux personnages semblent liés dès le début de leur carrière de justiciers. Et contrairement au T3 par Azzarello et Bermejo où l’on n’apprenait rien des origines de Walter Kovacs, on lui découvre ici une enfance similaire à celle du Hibou (des repères parentaux violents, une approche difficile de la gente féminine ou encore une peur de la sexualité).
L’histoire débute donc avec l’enfance de Dan Dreiberg et sa fascination pour le justicier masqué se faisant appeler le Hibou. Cette fascination le poussera à s’en rapprocher puis, quelques années plus tard, à prendre sa succession sous le même nom. Le scénario de J.M. Straczynski nous fait suivre sa première enquête sur la disparition de plusieurs call girls ; une enquête qui fera se rencontrer et collaborer le Hibou et Rorschach et qui redéfinira leur relation respective à la sexualité et à la religion ("The end is nigh").
En quatre numéros, l’histoire est courte et dans le fond assez peu subtile (son côté racoleur est par exemple évident). Et, si un grand nom du comics – Andy Kubert – est au dessin, son trait manque tout de même de finesse et de détails notamment sur les gros plans.
Ozymandias est, à égalité avec le Dr Manhattan, un des personnages les plus intéressants de Watchmen ; ce sont ses origines, son ascension fulgurante et les prémisses de sa machination qui sont racontées dans ce volume (Before Watchmen: Ozymandias #1-6).
Adrian Veidt est un petit garçon très intelligent. Trop intelligent même. Et plus il grandira, plus cette intelligence le poussera au sommet et fera naitre chez lui une ambition démesurée pour le monde dans lequel il vit (éducation, science, culture, richesses, pouvoir, etc.). Sa réussite sans pareille et son ego démesuré sont au cœur du scénario de Len Wein mais il conserve quelques aspects qui rendent le personnage intéressant. Son premier amour, sa relative absence d’empathie, sa rencontre avec le Comédien, son obsession pour le Dr Manhattan, ses plans pour sortir le monde de la guerre froide, tous ces éléments contribuent malgré son côté odieux à faire de lui un homme et non un dieu.
L’histoire est prenante, d’autant plus qu’on la découvre chronologiquement de la bouche même d’Ozymandias et ce jusqu’à ce qu’il vienne frapper une dernière fois à la porte du Comédien... Le dessin est signé Jae Lee et il faut bien reconnaitre que son style si particulier et ses inspirations art déco peuvent en rebuter plus d’un. Il est toutefois très soigné, doté d’une mise en page originale et cela lui permet de se distinguer/démarquer du reste de la production.
Un comics d’anticipation, de Sean G. Murphy en tant qu’auteur complet, mêlant la religion et la musique, et qui hésite entre son discours sérieux et sa réalisation carrément déjantée (Punk Rock Jesus 2012, #1-6). Publié en VO sous l’imprint Vertigo de DC Comics.
Dans un futur proche, les avancées scientifiques en matière de biologie vont bientôt permettre le clonage humain. L’exploit devrait se suffire à lui-même mais une entreprise choisit pour premier sujet de cloner Jésus de Nazareth et de faire de sa vie une émission de télé réalité ! Le postulat de départ de cette histoire est donc plutôt absurde mais, une fois celui-ci dépassé, on se prend à découvrir la "seconde venue" de Jésus – rebaptisé Chris – et de la petite galerie de personnages qui l’entoure.
Car Chris n’est pas seul sur l’île privée sur laquelle il est enfermé sous l’œil avide des caméras. Il y a Gwen, sa mère porteuse, le Dr Epstein, la scientifique qui l’a conçu, Thomas, son garde du corps au passé trouble, et Slate, un homme d’affaires véreux à l’origine de cette folle expérience. Plus quelque autres. Loin de mener une enfance tranquille, des tensions naissent, l’éducation du jeune garçon en prend un coup, il se rebelle et l’histoire prend un tournant lorsque Chris rejoint le groupe de rock punk auquel le titre le prédestinait.
Au-delà du scénario et de ses moultes péripéties et scènes d’action, il y a un discours sous-jacent sur l’opposition entre le libre-arbitre et la religion et ce comics prend radicalement le parti d’être un pamphlet anti-religieux. Il ne faut toutefois pas en attendre un argumentaire très poussé et on est ici proche de la caricature (les croyants se résumant par exemple à une brute épaisse passée par l’IRA et à une bande d’intégristes surarmés...).
Le principal atout de cette histoire est sans conteste son magnifique dessin. Le trait de Murphy est brut, précis, détaillé et les noirs sont sublimes ; nullement besoin de couleurs, le noir et blanc suffit amplement et permet pleinement d’apprécier un scénario un brin simpliste.
Après la succession d’affrontements basiques auxquels nous avons assisté dans les deux précédents tomes, la qualité du scénario de Geoff Johns remonte ici légèrement, surtout en ce qui concerne sa seconde partie (Justice League 2011, #30-39 et Justice League of America 2013, #14).
Deux histoires sont au menu de ce T8. La première fait directement suite à Forever Evil et l’on retrouve Lex Luthor, auréolé de sa victoire contre le Syndicat du crime, qui demande son intégration parmi la Ligue de Justice. Une idée saugrenue qui laisse tout autant incrédule certains de ses membres que le lecteur et, si Luthor intègre bon gré mal gré ce cercle de super-héros, on devine déjà que ses bonnes intentions feront long feu... Si ce n’était déjà suffisant, le scénario aborde aussi le retour ennuyeux de la Doom Patrol ou l’arrivée de la nouvelle Green Lantern : Jessica Cruz.
La seconde histoire est pour le coup bien plus simple mais aussi bien plus prenante. Le laboratoire de Luthor est attaqué par un mystérieux ennemi, le virus Amazo est libéré à cette occasion et les humains se transforment peu à peu en zombies développant des super-pouvoirs. Une partie de la Ligue est touchée et va affronter l’autre moitié tandis que Batman et Luthor tentent de trouver un sérum. On s’y bat tout du long bien évidemment mais on passe aussi beaucoup de temps à découvrir les motivations de Luthor et, enfin, cela fait du bien de se poser un instant et de développer sa personnalité. Et puis, il y a l’excellentissime Jason Fabok au dessin et il rapporte à lui seul une étoile supplémentaire à la note globale.
Suite et fin du crossover Forever Evil avec un recentrage sur l’intrigue principale (soit Lex Luthor et Cie. contre le Syndicat du crime) mais aussi l’apparition de sous-intrigues venant diluer inutilement l’histoire (Forever Evil 2013, #5-7 et Justice League 2011, #26-29).
Batman et Catwoman sont de retour, Cyborg retrouve ses jambes, les vilains dissidents s’unissent et globalement le camp du Bien reprend du poil de la bête. Tout du long de ce second volet du "Règle du Mal", on assiste à la revanche d’un camp sur l’autre avec son lot habituel d’affrontements et, un peu moins habituel, d’exécutions.
Une fois encore, le scénario de Geoff Johns est dans l’ensemble bien bourrin et il n’y a que les personnages de Cyborg et Nightwing pour apporter un peu d’humanité à l’histoire. Cette fois-ci, plus de tie-ins au programme mais l’intrigue se délaye avec l’apparition d’énièmes équipes de héros tels la Doom Patrol ou les Metal Men. Il y avait pourtant déjà une foultitude de personnages au casting sans qu’il n’y ait besoin d’en rajouter... Au final, on ressort de la lecture de ces deux tomes de Forever Evil avec le sentiment d’avoir assisté à un nouveau défouloir entre super-héros sans véritable caractérisation sur la durée. On peut encore continuer comme ça pendant longtemps mais le titre restera alors tout aussi moyen voire mauvais.
Au dessin, on retrouve David Finch pour le cœur de l’intrigue et c’est toujours aussi beau (quoique fort en muscles comme à son habitude). Et il est accompagné par le non moins agréable Ivan Reis sur les épisodes de la Ligue de Justice. En conclusion, seul le dessin est au niveau dans cet event.