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Les deux auteurs désormais célèbres du Port des marins perdus (un classique) continuent leur série spin-off qui contrairement à ce que l’on pourrait penser n’est absolument pas une démarche commerciale mais bien une envie créative de prolonger la découverte des occupantes de leur si beau bordel! Pour ceux qui connaissent le travail des deux auteurs ce ne sera pas une surprise tant un humanisme extrêmement profond et un positivisme absolu transpirent de tout leur travail. A chaque album, qu’il soit historique, jeunesse ou plus poétique, Radice et Turconi nous ravissent par une qualité d’écriture, une esthétique immense qui ne se contente pas d’emprunter ses plans au cinéma mais démontre que le neuvième art est le plus grand en réunissant toute la finesse littéraire avec le graphisme pure.
Deux histoires donc, entrecroisées mais qui auraient aussi pu donner lieu à un récit unique puisque l’histoire de Tess sur lequel commence l’album se poursuit jusqu’à la fin avec celle de Cinamon. La personnalité des filles transparaît incroyablement sous l’art intriqué du couple d’auteurs qui jouent d’un érotisme très doux, subtile et craquant (...]
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2023/03/28/les-filles-des-marins-perdus-livre-ii/
Les œuvres chinoises sont toujours un peu dérangeantes à prendre en main tant la société communiste s’est bâtie sur un formatage des esprits par une éducation très rigide qui influe forcément même les artistes les plus indépendants. J’avais ressenti cela lors de ma lecture du monument Le Problème à trois corps qui proposait déjà une double temporalité dans la ruralité « mythique » de la Chine communiste et dans un futur lointain. Sans juger une société différente, on ne peut s’empêcher de voir transparaître une vision simpliste du monde qui promeut un imaginaire national de l’essor du citoyen prolétaire par l’Ecole et au service de la Nation. Ainsi les aliens qui se retrouvent à devoir choisir quelle civilisation ils vont protéger peuvent symboliser un État tout puissant qui a le pouvoir de vie et de mort sur ses compatriotes pour le bien du collectif. Est-ce que Cixin envisage une critique a demi-mots de son Régime ou est-il inféodé à l’idéal du Parti? En tout cas il est certain que le projet d’un Fred Duval sur Renaissance (qui revêt un peu la même idée d’une civilisation extra-terrestre qui vient en aide aux terriens) semble plus complexe et plus riche.
Restent de superbes planches dans une technique traditionnelle qui devient rare de nos jours et donne une texture fort agréable à ces dessins. Si l’éditeur Mosquito (qui choisis de grands dessinateurs mondiaux pour son catalogue) a déjà publié plusieurs albums de Xiaoyu ce n’est pas pour rien! Les trois lois du monde est donc un one-shot à la lecture assez rapide, fort agréable aux yeux et qui ne révolutionne pas la SF mais est une excellente introduction au style de Liu Cixin ainsi qu’à des créations chinoises, encore assez inhabituelles dans nos contrées. Cela exige du reste le même recul que sur nos lectures comics, qui semblent plus familières mais finalement pas moins exotiques sur une société américaine aussi nationaliste que celle de Liu Cixin.
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Continuant à alterner auteurs européens confirmés et fine fleur de la BD chinoise, la collection des Futurs de Liu Cixin parvient à construire une anthologie SF d’une qualité assez remarquable. A la fois modeste par l’adaptation de nouvelles nécessairement condensées dans leur développement et ambitieux par les thèmes abordés par le maître de la SF chinois, ces albums ont le mérite de nous ouvrir à d’autres modes de narration et installent les obsessions et techniques narratives de l’auteur: un déroulé sur un temps très long (plusieurs siècles ici), un traitement hard-science très intéressant, la destruction de la Terre et de l’humanité.
L’adaptation par le chevronné JD Morvan est perturbante en ce que sur cent pages il arrive à installer cette chronique de l’apocalypse sur un temps très long tout en brusquant le récit par des sauts brutaux. Problématique des adaptation, on ne sera pas si c’est la source qui pose problème ou son adaptation (mais le fait que la nouvelle soit plus courte que la BD laisse une idée…). Ce qui est intéressant c’est que les auteurs nous plongent immédiatement dans un récit d’anticipation où l’humanité dispose déjà de vaisseaux spatiaux capables de la projeter dans le système solaire mais se retrouve confrontée à un adversaire dont la taille semble rendre vain tout espoir. Sur la partie la plus intéressante on nous relate le modus operandi des dévoreurs basé sur des explications scientifiques de ce qu’il se produirait sur le plan astro-physique si un corps de taille équivalente à la Terre venait se positionner tout proche. Très vite pourtant débarque sans avertissement cet émissaire d’aspect saurien, parlant la langue universelle et étonnamment kitsch, nous faisant passer en quelques pages de hard-science à un space-opera pulp nihiliste. Morvan n’aide pas beaucoup à ce stade, sur des dialogues parfois très primaires qui nous sortent là aussi du réalisme recherché.[...]
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Runberg et Montllo nous avaient enchanté sur la superbe saga Warship Jolly Rogers, où l’espagnol proposait un étonnant travail numérique issu de l’Animation. Toujours dans la SF mais dans un style beaucoup plus classique, ils décrivent ici à la suite de Liu Cixin le dilemme d’un tueur élevé dans la crainte du parrain et la violence de sa condition dès l’enfance. Alors que très loin dans le cosmos une révolte survient au sein d’ouvriers opprimés, nous allons suivre l’itinéraire d’un enfant-tueur plongé dans le monde du crime, des trafics et des mendiants dès son plus jeune âge. Le schéma est connu et le cœur devra être bien accroché à suivre les méthodes barbares du mafieux Dent et sa scie qu’il ne quitte jamais.
LES FUTURS DE LIU CIXIN - NOURRIR L'HUMANITÉ (Sylvain Runberg / Miki Montlló) - Delcourt - SanctuaryOn retrouve dans Nourrir l’humanité une problématique écologique et sociale (comment cohabiter à plusieurs milliards sur une même planète tout en résolvant les injustices les plus criantes) et la structure classique de l’écrivain en juxtaposant une trame space-opera avec un quotidien trivial de notre époque. Comme sur Les trois lois du monde, l’auteur nous fait suivre l’évasion d’un peuple parti loin dans l’espace à la recherche d’une solution à son problème en même temps que la dureté de la vie sur terre pour les gens de peu. On troque l’instituteur pour l’assassin mais les deux se retrouvent sur le refus des injustices et le sacrifice pour le bien commun.[...]
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Empruntant à des films sauvages tels que le 13° Guerrier ou le récent Northman, Adieu Aaricia sait créer d’intéressants personnages dont l’interaction nous frustre par sa brièveté. N’apportant au final rien de très nouveau aux chroniques de Thorgal Aegirson qui a tant vécu d’aventures, on ne sait si la conclusion bien sombre laisse présager des liens avec les séries principales (Thorgal se déclinant désormais en plusieurs trames) ou juste un tombé de rideau mélancolique. Si on imagine ce qu’un scénariste chevronné aurait pu tirer de la rencontre entre le jeune et le vieux Thorgal, Robin Recht propose donc un album graphiquement irréprochable, qui nous offre un pouce-café bienvenu pour tout nostalgique de l’ère Rosinski et nous ferait presque oublier l’origine commerciale du projet.[...]
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Le premier tome de cette nouvelle série de Dark-fantasy Ki-oon avait fait l’effet d’un électrochoc! Très curieux de voir ce que pouvait donner ce switch initial qui voit la toute puissance du Démon (dans un esprit qui rappelle Le dernier des dieux) j’avais été surpris à la fois par des dessins aux encrages magnifiques et par une rudesse inhabituelle. On reprend immédiatement après le premier opus qui avait laissé l’héroïne démembrée juste revenue à la vie par le sang maléfique du démon. S’ensuit une première partie de manga très énergique alors qu’Alicia tente d’éliminer les redoutables bandits. Cela nous donnera l’occasion de découvrir la détermination, les talents guerriers de cette championne mal en point mais aussi un artefact très puissant qu’elle devra conquérir en affrontant un démon ancien tapi au fond du lac. Totalement pris par le rythme on bascule ensuite dans des considérations stratégiques moins rythmées et qui, si elles permettent de développer l’univers (avec l’émergence d’un grand méchant très réussi), font un peu retomber la hype de lecture. Alors que le manga en est déjà à son cinquième tome au Japon on patientera en se disant que le passage du second volume est souvent synonyme de ralentissement et qu’avec une telle qualités moyenne basée sur un potentiel très riche on n’est pas du tout inquiet sur l’ambition de l’auteur de bâtir une mythologie et un récit fort en personnages et disruptif.
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2022/12/03/lostladlondon1-clevatess2-foolnight3/
Une fois n’est pas coutume, cette nouvelle série courts lancée par les très bons Ki-oon… m’a parue vraiment un ton en dessous de leurs habitudes. En annonçant une approche très européenne du fait du séjour de l’autrice en Angleterre l’éditeur semble justifier un dessin absolument minimaliste qui empêche selon moi de parler véritablement de BD, voir de manga. Le scénario et les personnages sont assez sympathique bien que l’on ne saisisse pas encore tout à fait l’intérêt de cet attelage entre un flic bourru dans le plâtre et un jeune adulte issu d’adoption. On lit donc l’album sans aucun soutien graphique et si l’on ne s’ennuie pas il faut avoir une vraie vibration soit pour les polar, soit pour le graphisme de l’autrice, pour trouver un intérêt de poursuivre sur la série. Pas mauvais mais manquant cruellement de quelque chose de plus, Lost Lad London est une surprise, mais pas dans le sens attendu…
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La nouvelle mouture des Kurosavoir qui piochent désormais dans la très qualitative collection documentaire de Kadokawa shoten monte sacrément le niveau de la collection en reproduisant une recette qui allie particulièrement bien le pédagogique et le loisir BD. Sur un graphisme simple, totalement dans les codes du manga (tirant sur le shojo), cet album traitant d’une des périodes les plus riches et complexes de l’histoire royale britannique vous apprendra énormément de choses, dans un style thriller historique, que vous soyez à l’aise en Histoire ou non.
Situé en pleine Renaissance, le règne de la fille de Henri VIII, (fondateur de l’Eglise d’Angleterre et dynaste compliqué) lancera le petit royaume insulaire comme grande puissance maritime et coloniale pour les siècles à venir. Ce qui fascine dans ce récit c’est à la fois le contexte mais aussi le nombre de rebondissements qui n’ont rien à envier à Game of Thrones: alors que la Réforme protestante est en plein essor, les concurrences entre Henri VIII, François 1er et Charles Quint se poursuivent sur un terrain politico-religieux via la très nombreuse descendance du roi d’Angleterre et les alliances matrimoniales tantôt de sa concurrente Marie Stuart, reine d’Ecosse avec le fils de François 1er, tantôt de la très catholique Marie Tudor avec le champion de Rome et fanatique Philippe II d’Espagne. On comprend rapidement pourquoi les règles de transmission du trône ont souvent été très cadrées sous l’Ancien Régime tant les divorces, remariages et descendance multiple de Henri VIII créeront directement mille difficultés qui mirent l’Angleterre au bord du précipice.
Après l’assassinat de sa mère par le roi, Elisabeth perd l’héritage directe du trône qui voit se succéder ses demi-frères et sœurs. Avec le conflit religieux qui voyait, comme en France, les factions craindre de voir le Royaume changer de crèmerie tous les coups étaient permis et Elisabeth passa deux ans en prison avant de monter sur le trône. Cette jeunesse exceptionnelle forgea son caractère et indique la fragilité de la couronne britannique juste sortie du Moyen-Age. Les complots, assassinats, assaut de l’Invincible Armada espagnole pour envahir l’Angleterre, la défense par les corsaires de Drake, tout cela semble sorti de l’imaginaire d’un … William Shakespeare, incarnation littéraire de cette époque Elisabethaine qui influença tant la culture anglo-saxonne voir européenne toute entière.
Avec ce contenu d’une richesse folle, le manga avance à mille à l’heure, on ne s’ennuie pas un instant en apprenant plein de choses dans un talent de synthèse déjà vu sur les derniers Kurosavoirs dédiés à Marie-Antoienne et Cléopâtre. Un must-read à offrir à tous les jeunes amateurs d’Histoire.
A partie de 10 ans.
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Le duo Filipi et Camboni a déjà 20 ans de carrière ensemble, d’abord sur la série Gargouilles (sept tomes achevés en 2012) puis sur le vernien Voyage extraordinaire dont la troisième saison s’est clôturée cette année. Entre temps ils nous ont offert deux magnifiques one-shot de la collection Mickey qui les ont mis sur le devant de la scène. Se réservant au genre jeunesse-ado pendant toutes ces années le duo expérimenté opte désormais pour un space-opera adulte et ambitieux qui tranche avec le style très « rond » du dessinateur italien. C’est la difficulté de passer d’un style à un autre avec une prise de risque qu’il faut saluer. Un autre auteur venu des albums ado a dernièrement heureusement passé le cap. Qu’en est-il pour les auteurs de Mickey et l’Océan perdu?
Sur la construction d’univers on n’est guère surpris de découvrir un monde à la fois mystérieux dans sa physique et foisonnant de hors-champ. Cette SF semble composée de dynasties politiques, de ports de pêche spatiale et d’une multitude d’aliens star-warsiens et autre faune galactique, mais aussi de plusieurs dimensions reliées par des trous de ver aléatoires sur lesquels on ne sait pas grand chose. L’album s’ouvre sur la fuite de la jeune Alba et sa garde du corps après une tentative d’assassinat avant de basculer sur le reste de l’album sur le très bigarré équipage de La Flêche, vaisseau aux airs de B-Wing de Star-Wars. Les auteurs arrivent ainsi à lancer une piste d’intrigue politique de fond avant de se concentrer sur cet équipage dont les interactions vont constituer le cœur de l’album et son intérêt. Les personnages sont en effet très bien écrits et caractérisés et leurs dialogues marchent bien, contrairement à certains enchainements d’action qui nous montrent que malgré une envie évidente Silvio Camboni n’est pas encore tout à fait à l’aise avec le genre Space-op. Il en ressort un paradoxe: pour un duo connu pour le chatoiement et la finesse de leurs planches la partie graphique de Prima Spatia n’est clairement pas la plus grande qualité de ce tome un. Rien de grave jusqu’ici mais on sent une certaine hésitation entre un projet adulte relativement technique et des habitudes cartoon qui font parfois tiquer.
On ressort de cet album avec un réel plaisir de lecture dans un genre où les réussites ne sont pas si nombreuses au regard des tentatives (comme par exemple sur le projet de Tarquin UCC Dolores). On aime toujours les équipages de vaisseaux et les mondes complexes ; en la matière Filipi et Camboni nous en donnent pour notre argent. Reste à voir si le dessinateur parviendra à calibrer son style vers quelque chose de plus réaliste et efficace et comment l’interaction politique/chasse aux monstres va s’articuler mais pour le moment les étoiles sont plutôt bien alignées en donnant envie de lire la suite.
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Depuis quatre ans Tom King est probablement le plus intéressants des scénaristes de l’univers DC (voir du monde des superslip dans son ensemble…). Après s’être fait remarquer sur son Sherif of Babylon et d’autres ouvrages en compagnie de son acolyte Mitch Gerads, il est à la tête de pas loin de trois albums majeurs en 2022 en collaborant avec la fine fleur des artistes US vers un graphisme plus grand public mais des projets toujours exigeants. Car contrairement à l’autre grand Tom, King se veut intello via des structures narratives complexes et déstructurées. En suivant ce modèle et en corrompant la base hyper-classiques il se permet de remettre au gout du jour des personnages totalement désuets tels que Mister Miracle, Adam Strange ou la cousine de Superman. Et ça marche!
Car sous l’habillage qui parlera aux fans des personnages Tom King aborde des questions primordiales des imaginaires et des légendes: le rôle du héros, de la vérité, le libre arbitre et le carcan social qui enferme tout un chacun, portant cape ou non. Dans ce très attendu Batman/Catwoman qui enjolive encore le déjà fort qualitatif catalogue du Black Label on a une nouvelle fois un abus de titre imposant un Batman là où il n’y en a presque pas. Non, c’est bien une aventure de Catwoman que vous allez lire: le récit destructuré de sa vie pendant et après sa vie commune avec le Dark Knight. L’origine du projet remonte au « christmas special » de King et Lee Weeks sorti il y a quelques années dans le recueil « A la vie, à la mort« , dont on retrouve le premier chapitre dans ce nouveau volume. Développer le concept sur un gros volume de presque cinq cent pages (King prend toujours beaucoup de place) était une gageure partiellement remplie.
La réussite revient d’abord aux dessins absolument exceptionnels de Clay Mann et son coloriste qui proposent une Catwoman dont vous tomberez obligatoirement amoureux! Menant la danse avec un chéri comme toujours empoté, bien plus à l’aise avec son costume qu’avec le smoking, elle virevolte dans le temps au travers de plusieurs trames temporelles infiniment croisée qui demandent un maximum de concentration pour être suivies en allant jusqu’à dissocier les textes des images. On suit ainsi l’enquête autour du meurtre d’un vieux Joker, dont est accusée Sélina Kyle autour de laquelle tournent sa fille la nouvelle Batman et le commissaire Dick Grayson, le premier Robin. l’autre temporalité suit les meurtres commis par la méchante Phantasm (apparue dans les dessins animés de Bruce Timm) et la danse macabre entre Catwoman, Batman et le Joker pour arrêter la criminelle ou le clown grotesque. Dans chacune de ces enquêtes on avance et l’on recule, les séquences de mélangent pour créer un kaléidoscope des personnages à différents moments de leur existence et de leurs relations. Ne se contentant pas de briser les règles figées du Batverse voulant que Batman et le Joker ne meurent jamais et que les méchants restent des méchants, King dresse un portrait de famille et d’une femme complexe à différents âges.
Il y a ainsi une évidente maestria technique tant dans le dessin que dans l’écriture, qui fait de ce one-shot une petite pépite BD et qui offre de la nouveauté à un univers si figé. Malheureusement le côté assez artificiel de la traque de Phantasm (malgré son design très soigné) dilue un peu l’intérêt qu’un album entièrement centré sur la minette aurait proposé. On a ainsi un indéniable plaisir tout au long des douze chapitres royalement mis en scène mais une regrettable impression d’un « a quoi bon » en clôturant le pavé, comme si l’idée d’enquête à la Batman avait été une fausse bonne idée à laquelle le personnage flamboyant de Catwoman ne laisse pas de place. Un album plus court dédié à la croqueuse de diamants aurait peut-être condensé le tout en un chef d’oeuvre. Pas loin… mais ce Batman/Catwoman reste cependant une pièce de choix pour votre collection DC.
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2023/01/06/batman-catwoman/
José Luis Munuera promène son talent cartoonesque sur la BD franco-belge depuis maintenant trente ans en compagnie de Joan Sfar, et JD Morvan, ayant endossé l’immense responsabilité de reprendre Spirou sur quatre albums après l’indépassable ère Tom&Janry. Depuis quelques années il semble s’orienter vers une esthétique rétro, adaptant des classiques de la littérature (Bartleby de Melville puis cette année Un chant de Noël de Dickens) avec une esthétique plus réaliste. A la manière d’un Umberto Ramos l’auteur semble tiraillé entre des racines cartoon marquées et une envie de textures et d’histoires plus sombres.
Avec un deuxième album cette année, il s’engage sur une anthologie d’histoires one-shot sur le thème des robots dans une ambiance rétro-futuriste en compagnie du duo de scénaristes BéKa. Outre la qualité indéniable des dessins (et des couleurs/textures) c’est l’analogie entre ce monde classique habité de technologies poussées et les Etats-Unis esclavagistes du début du vingtième siècle qui intéresse. En transformant les esclaves noirs en robots les auteurs parlent subtilement des problématiques d’alors, de cette proximité avec des serviteurs et nourrices de l’autre couleur, considérés dans la famille mais pas dans la société, de ces réseaux d’esclaves en fuite, des collaborateurs noirs qui virent dans le service aux maitres un moindre mal à leur condition, mais aussi de thématiques plus modernes comme la place des femmes ou l’émancipation par la culture et l’imaginaire.
Au sortir de cette histoire simple de poursuite on a le sentiment d’avoir passé un agréable moment sur un travail solide bien qu’il manque sans doute un peu d’ambition, notamment dans la justification du thème SF. Il faudra voir après plusieurs albums si la série permet de donner un intérêt plus large sur des albums dont la tonalité jeunesse peut se discuter. En attendant on savoure une intelligente parabole et des planches si agréables.
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2023/01/08/les-coeurs-de-ferraille-1-debry-cyrano-et-moi/
Nouvelle création d’une jeune autrice chez Ki-oon, qui reprend le schéma bien connu de la cité-prison (New-York 1997,…) pour nous parler de cette jeune fille au tempérament bien trempé qui se forme auprès des meilleurs combattants pour se plonger dans la fange pour réaliser l’improbable. En effet, lors de l’incident initial le lecteur n’a aucune information sur l’éventuelle survie de ce nourrisson tombé d’une hauteur vertigineuse en pleine tempête de neige du siècle. Pourtant… C’est sur un pitch très simple que l’autrice condense son récit en se basant sur une atmosphère très solide portée par des décors fort réussis. Sur des séries courtes il vaut mieux aller à l’essentiel sans complexifier outre mesure et Shiro Moriya ne se perd pas en chemin, s’appuyant sur sa compétence graphique pour dresser une ambiance nocturne de coupe-gorge où la jeune Chloé est devenue une combattante hors-paire. En posant dès le départ une galerie de personnages réussie et en rompant sa chronologie très vite, l’autrice nous tient en haleine avec l’envie de savoir si les alliés de circonstance de la jeune fille reviendront l’aider. De même le background nous titille puisque ce qui est décrit (et présenté) à l’image comme une société d’assassins renferme manifestement aussi des innocents ou du moins des condamnés de droit commun comme ce militaire au passé trouble qui opèrera comme mentor de Chloé.
Avec un démarrage prenant en tout point et sans temps mort, le premier volume ralentit ensuite pour poser le retour de Chloé dans la prison et son enquête pour retrouver son frère. Les combats et séquences d’action sont très efficaces, les visages un peu moins précis que les décors font néanmoins le job et on a hâte de connaître la suite pour cette entrée en matière pas révolutionnaire mais très solidement bâtie.
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Membre de la génération des grands auteurs de la BD franco-belge, ceux qui ont monté Metal Hurlant et occupé les pages de (A suivre), Jean-Marc Rochette marque depuis quelques années par ses albums sur la montagne, cette entrée des Alpes autour de Grenoble, le berceau de Glénat. Son chef d’œuvre adapté au cinéma, le Transperceneige marquait une évolution de son trait d’un style assez classique de la SF des années quatre-vingt vers une épure des encrages proche de l’abstraction.
Graphiquement Rochette n’est pas du tout ma tasse de thé. Trop sombre, trop estampé, pas assez concret dans le dessin. Ce magistral album déjà auréolé de pléthore de sélections et prix BD fait pourtant partie de ces occasions de sortir de sa zone de confort de lecteur BD en constatant l’évidence de la réussite (comme cela avait été le cas avec l’Age d’or par exemple). Car celui qui est capable de dessiner du cartoon comme du semi-réalisme justifie son épure par l’idée de l’évocation qui fait écho à la forme détruite du visage du héros comme à la sensation de l’artiste sculptant sa glaise et de ces paysages montagnards changeants au gré des lumières, des brumes et des ombres.
Sur le plan de l’écriture cet album est incontestablement une immense réussite (je ne serais pas en capacité de parler de chef d’œuvre puisque c’est le premier album de cet auteur que je lis). Par la simplicité de l’intrigue, en inscrivant sa petite histoire dans l’Histoire antédiluvienne jusqu’à l’Age de pierre pour décrire cette relation compliquée de l’humain avec sa nature tantôt hostile tantôt partagée, l’auteur touche juste et épure encore les sentiments. Ceux d’un homme simple, brisé, qui refuse l’oppression de cette civilisation qui ne sait que briser, qui rejette l’autre pour sa différence et à fortiori cette nature qu’il ne connaît plus. Loin d’être simpliste, l’histoire se concentre sur le cœur qui fait sens, celui des artistes qui cherchent la beauté ou le message, qui comprennent cette nature qui parle aux cœurs. Où l’on peut savourer les plus subtiles des repas dans une cabane en altitude en récoltant le fruit de la montagne et du troc et l’amour simple de la vie d’avant au pays de cocagne qui offre tout ce dont l’homme a besoin. Rochette a la grande intelligence de ne pas poser de pathos dégoulinant sur un destin tragique, celui d’un pauvre homme cassé par la guerre que l’on voit condamné à mort en introduction de l’album. L’histoire nous dira pourquoi et accentuera la force du portrait en rejetant tout attendu tragique. Car le drame n’est pas le propos de Rochette. Le drame est celui, intime, d’un enfant du Vercors dont l’immense résilience, celle de la roche, ne suffit pas à préserver ce paradis, cette paix si simple.
Si la pertinence du trait se rattache au projet sans contestation possible, il est pourtant dommage qu’une esthétique plus travaillée ne reflète cette paix de l’écriture. Les encres rageuses en clair-obscur dressent un monde qui semble n’être jamais sorti de Verdun. On en perd la pureté graphique qui aurait a mon sens renforcé ce grand album en le menant au chef d’œuvre. On n’en est pas loin. Chacun se fera son idée selon ses préférences graphiques, mais la Dernière reine est incontestablement un grand album qui mérite d’être lu.
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2023/01/11/la-derniere-reine/
Il y a peu de billets qui approchent son auteur d’une forme d’émotion. Après tout, si l’on tente de partager nos lectures sur ce blog ce ne sont que des moments, des fragments remplaçables. Pourtant certaines œuvres vous touchent dans votre vie de lecteur et revenir sur les derniers moments d’une lecture majeure fait quelque chose, comme le fait de refermer une porte sur une séquence qui vous aura changé. Modestement mais changé quand-même. Finir Eden est un peu de cela…
Conclure une série est le plus difficile, rarement réussi, rarement cohérent. Il manque toujours quelque chose. Après plus de quatre mille pages d’apocalypse glissant Hiroki Endo réussit là encore sa fin, sans surprise tant il aura maitrisé sa saga en free-style de bout en bout. Chronique majeure de l’Apocalypse, description chirurgicale de la pègre et de ses interactions psycho-sociales, pensée philosophique immensément supérieure à l’essentiel des manga SF, voici qu’Endo nous livre sur cette conclusion parmi les plus intéressants concepts scientifiques alors qu’il nous révéle l’origine de ce pilier gigantesque construit par le Colloïde. Et quand on a une ambition comme la sienne on n’aborde pas moins que le sens de l’origine du monde et de sa fin. Beaucoup ont émis des hypothèses associant la physique quantique, le multivers, le big Crunch, peu l’ont fait avec autant de clarté et de finesse.[...]
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C’est peu de dire que cet album s’est fait attendre, depuis la diffusion il y a bientôt un an de la sublime couverture et des premiers visuels fort alléchants et promettant un acme du space-opera militaire. Après moultes reports voici donc arriver ce gros volume équivalent à trois tomes de BD et qui malgré l’absence de tomaison s’annonce bien comme une série au vu de la conclusion.
Commençons par ce qui fâche: le style de l’auteur, Jean-Michel Ponzio. Conscient de sa maîtrise numérique, le dessinateur ouvre sa série sur des planches qui font baver tout amateur de SF, avec un design et une mise en scène diablement efficaces et qui n’ont rien à envier aux plus grands films spatiaux. Accordons-lui également la qualité des textures sur un aspect qui montre souvent des définitions grossières, pixélisées ou floues. Malheureusement aussitôt les personnages humains apparus on tombe de sa chaise et dans un véritable roman-photo qui détricote rapidement toute la puissance des objets techniques. Je ne cache pas que ce problème est ancien et commun à à peu près tous les auteurs qui travaillent en photo-réalisme à partir de photos d’acteurs. D’immenses artistes en subissent les affres comme Alex Ross et récemment j’ai pu constater à la fois le talent artistique d’un Looky et l’immense différence entre son travail numérique (sur Hercule) et un autre plus traditionnel (Shaolin, dont le troisième tome vient de sortie et très bientôt chroniqué sur le blog). Mais outre le côté figé des expressions et mouvements, Ponzio ajoute des costumes kitschissimes qui semblent nous renvoyer à de vieux sérials SF des années cinquante ou aux premiers jeux-vidéos filmés des années quatre-vingt-dix. Cet aspect semble tragiquement recherché puisque le bonhomme sait parfaitement redessiner ses formes et la différence entre le plaisir des combats spatiaux et les séquences avec personnages s’avère assez rude.[...]
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Très mal présentée, la trilogie Shaolin s’avère n’être finalement qu’un prologue, ce qui permet de comprendre un peu mieux l’étonnante construction chaotique des albums et de son héros totalement insignifiant sur les cent-cinquante pages parues…
A cette première étape on voit se confirmer une grande cohérence dans la qualité comme dans les défauts des auteurs. Je ne reviendrais pas sur la partie graphique qui m’a parue très réussie et confirme le statut d’auteur à suivre pour Looky, porteur notamment d’un design en fantasy asiatique particulièrement attrayant en fusionnant l’exotisme fantastique des grandes saga à la Conan avec l’esprit extrême-oriental. Même s’il est plus à l’aise dans les panorama et scènes de batailles (donnant à certaines planches un esprit Warhammer du plus bel effet) que dans les gros-plans, le dessinateur apporte un vrai plus à cet univers avec ses encrages conséquents et un instinct de mise en scène sans faute.
Après une mise en place assez péchue bien que mystérieuse sur le tome un, une orientation vers l’action avec la fort réussie guerrière Yuki (qui ressemble plus à une héroïne que Nuage blanc), ce volume de « conclusion » développe de grandes batailles au sein d’une montagne enneigée avec un traitement chronologique qui laisse perplexe. Car à force de garder le mystère de Nuage blanc dans l’ombre et d’ouvrir de petites portes à chaque album le scénariste agace un peu en refusant de nous révéler qui sont les personnages importants, qui sont les méchants, qui sont les héros. La trame principale est pourtant révélée avec ce roi maudit qui abusa du pouvoir de l’Arme tombée du ciel et ce obscure confrérie chargée de cacher cet artéfact. Mais si la chasse à laquelle se résume l’album est claire et très lisible, les interactions et rôles restent bien brumeux, voir incohérents par moments. En annonçant plus clairement une saga en plusieurs cycles l’éditeur aurait permis d’apprécier cette brique introductive pour ce qu’elle est. A défaut il prend le risque de rater son lectorat et d’avorter une série qui a un vrai potentiel. Avec des défauts certains sur le plan de sa construction mais beaucoup d’atouts dans sa manche, Shaolin mérite de poursuivre les aventures de Nuage blanc (… et de Yuki!) et d’attirer votre curiosité.
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Ce qui surprend dans ce nouveau cycle ce n'est pas tant le dessin qui change de style (tout en restant de grande qualité) mais le scénario qui semble perdre l'influence pop de Marini pour ne garder que l'aspect enquête historique. C'est très intéressant, notamment dans les hypothèses bibliques qui rejoignent les idées du premier cycle) mais on perd la deuxième jambe cape et épée et surtout l'esprit agaçant mais si héroïque du Scorpion. Du coup on a l'impression de lire une BD historique Glénat, ce qui change résolument les grandes qualités de la série d'origine.
Le potentiel reste bon, avec cette quête de la fille et ces ouvertures sur la Kabbale qui permettent tellement de possibilités ésotériques et conspirationnistes. Mais il ne faudrait pas trop tarder à retrouver l'esprit flirtant avec le fantastique qui avait apporté tant d'espoir avec le chevalier du trèfle de la fin des albums Marini...
On ne l’attendait plus, Jaouen Salaün lâche enfin les freins dans cet album charnière tout en révélations. Ce qui nous fait nous demander pour quelle raison il a opté pour un format en quatre plutôt qu’une trilogie plus équilibrée… passons. Outre le titre un peu wtf on a tout bon dans ce troisième volume qui aurait été un carton s’il avait été le premier. Gageons qu’il n’est jamais trop tard pour découvrir une série lancée!
Cette accélération de rythme nous prend de cours puisque les premières pages forment un surprenant flashback en mode rapide qui détonne diablement avec la torpeur et le contre-temps sur lequel était construite la série jusqu’ici. On nous raconte ainsi l’élimination brutale de cet être par ses proches avant les longues révélations que lui procurent un être synthétique au sein de la Bibliothèque de la Connaissance passée, logée dans une formidable croix formée par un séquoia géant. Le lien entre Joshua, les wastlands, les séquences spatiales et les combats épiques vus jusqu’ici se fait enfin pour notre plus grand plaisir!
On bascule ainsi résolument dans de la grande SF qui précise son propos sur le Transhumanisme ou le post-humanisme (sujet également abordé dans la récente réédition d’Eden en version Perfect ou encore le grand album récent qu’est Carbone & silicium). Le récit devient alors très classique mais passionnant grâce aux images toujours magistrales de l’auteur. On regretterait presque que la séquence passe si vite tant le déroulé de cette fin du monde nous happe par la richesse des thématiques abordées. Les séquences d’action ne sont pas en reste puisque si cette fois il n’y a pas trace de moins guerrier, l’affrontement mécanisé entre les puiseurs et le clan de Sylvio est tonitruant en une bataille tout à fait explosive. Entre les deux Salaün nous glisse une dénonciation du totalitarisme religieux, plus habituel mais logique dans cet univers, le tout avec un design aux élégances qui montent encore d’un cran.
Bref, on passe pas loin du coup de cœur pour un tome qui coche toutes les cases de la bonne et belle SF et qui réhausse très fortement l’intérêt d’une série qui, si elle maintient ce niveau pour son ultime volume pourrait bien être assez vite réévaluée comme une quadrilogie majeure…
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Zut, mille fois zut! J’ai une vraie tendresse pour Nicolas Siner, aussi talentueux qu’adorable et modeste et étais ravi de voir enfin arriver une nouvelle série aussi assumée dans le registre gothique. Malheureusement, si le premier tome réussissait parfaitement son entrée en matière entre fan-service vampirique et background travaillé, cet album charnière tome assez à plat en ne parvenant pas à relier l’introduction au combat final contre l’empereur du Mal. L’action tonitruante précédente laisse ici la place à une fort longue convalescence du héros mordu une fois par Camilla la vampire qui cherche à se venger de sa lignée mais qui va commencer à douter de la malfaisance de ce chasseur de dentus. Outre un rythme qui oublie d’alterner révélations historiques, action et scène intimistes pour laisser dérouler une assez interminable romance dans un château en ruine, l’intrigue tombe dans pas mal d’incohérences logiques: des loups-garou du titre on n’en entendra finalement guère parler, de la redoutable vampire transformée en douce servante on a du mal à imaginer le cœur guimauve qui la fait désobéir à la loi de la Nuit,… Alors soyons juste, de belles idées surgissent comme cet état d’Incube en sursis entre l’état d’homme et celui de vampire et les dessins magistraux de Nicolas Siner qui nous plongent dans une Ecosse où le jour ne semble jamais se lever. C’est d’autant plus dommage que l’on voit bien où voulait en venir Jérôme le Gris dans un format ternaire en faisant de cet héritier lisse un héros tragique en rupture avec son héritage, en liant le bon et le mal. Mais il semble se prendre les pieds dans son déroulé, gardant sans doute trop pour le final ce qui aurait dû alléger la linéarité sur ce second tome. Rien n’est perdu puisqu’avec un joli matériau graphique comme thématique la pente peut être remontée sur le final. Surtout avec une conclusion qui replace un état dramatique nécessaire en rendant le héros soudain plus intéressant. Le rythme est décidément un bien dur exercice en matière de scénario…
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Il était peu probable de me voir me plonger dans une aventure de Supergirl, son super-chien Krypto et son super-cheval capé Comète… Pourtant, un auteur aussi brillant que Tom King qui arrive depuis quelques années à utiliser la substantifique moelle des personnages DC (sur Mister Miracle ou Strange Adventures par exemple), associé à l’incroyable étoile montante des dessinateurs latino a suffit à me convaincre de tenter l’expérience… confirmant comme chaque fois que le Black Label est une garantie quasi absolue de must-read!
Commençons par les planches, juste sublimes de bout en bout et folles de détails. Dans une technique toute européenne, la brésilienne Bilquis Evely (qui a déjà sublimé la reprise de Sandman) nous subjugue dans une alchimie parfaite avec son coloriste Mateus Lopez. Alors que je constate une mode peu convaincante pour des colo criardes dans les comics, le duo reste très tradi avec des planches peu encrées mais fourmillant de détails, jusqu’à cet épisode final qui décroche la mâchoire. L’inspiration issue de Jean-Claude Mezière et ses galaxies foisonnantes est évidente, mais l’on peut également trouver du Lauffray, voir du Moebius dans ces décors extra-terrestres parcourus laborieusement dans des cars galactiques pourris et autres auberges orbitales puantes. Abusant de traits de mouvement et de perspectives, l’artiste n’est jamais avare de créativité et de contenu, donnant à ses deux voyageuses une élégance qu’accompagne un texte inspiré.[...]
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Retour de la grande série socio-politique avec un second cycle que l’on découvre, surpris, annoncé en deux albums seulement. Reprenant la construction temporelle complexe juxtaposant les époques sans véritables liens, Zidrou bascule ensuite dans un récit plus linéaire et accessible où l’on voit l’affrontement entre la naissance du mouvement des Suffragettes et la société bourgeoise qui ne peut tolérer cette contestation de l’Ordre moral qui étouffe le royaume. Les lecteurs de la série retrouveront ainsi les séquences connues, à la fois radicales, intimistes, sexy et violentes. Et toujours ces planches sublimes où Josep Homs montre son art des visages.
L’itinéraire de Jay et Kita se croise donc avec un échange épistolaire original à travers les années avec la fille de Jay, sorte de fil rouge très ténu qui court depuis le début sans que l’on sache sur quoi il va déboucher. L’écho contemporain bascule cette fois dans les années soixante (on suppose) où un policier enquête sur une disparition qui le mène sur la piste des Mères en colère. Pas plus d’incidence que précédemment mais l’idée est bien de rappeler que les évènements du XIX° siècle débouchent sur un combat concret à travers les époques.
Avec la même élégance textuelle comme graphique, Shi continue son chemin avec brio et sans faiblir. On patiente jusqu’au prochain avec gourmandise!
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[...] Maitrisant remarquablement ses gammes scénaristiques, Dominique Monféry nous laisse patauger, un brin manipulateur, dans une incertitude sur la menace elle-même. Utilisant la technique du huis-clos permettant le déclenchement de la sauvagerie dans un environnement sans cadre social il nous fait douter, cherchant à pénétrer les esprits de nos deux personnages d’amoureux que la réalité crue va projeter sur un mur d’incompréhension. Construit en trois parties dont il est impossible de prédire la suite, le scénario devient vraiment passionnant lorsque le conflit psychologique et moral survient, enfermés dans cette cabane en compagnie d’un meurtrier que rien n’explique. On sent parfois la tension du Polanski de La jeune fille et la mort quand seule la morale sociale peut décider de la vie ou de la mort d’un homme.[...]
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Sacrée surprise que cet album à cheval entre l’humour potache et la charge politique au vitriol tout droit sorti des Vieux Fourneaux. Encore qu’il serait injuste (malgré tout son talent!) de donner à Wilfried Lupano la paternité d’un genre que le magazine Fluide Glacial a érigé en art. Car dans ces Veuves électriques tout respire le Fluide glacial, du sujet au type d’humour appuyé en passant par les dessins… et les auteurs, tous deux habitués à la maison de Gotlieb et Maëster. On se demande juste ce qui a pu se passer pour que cette série atterrisse chez Delcourt. Passons…
les auteurs ne vont pas par quatre chemin puisque dès les toutes premières pages l’accident survient. Tragique certes mais sans oublier d’être drôle dans toutes les situations, l’album enlève toute tension et se donne des airs de Duhamel à cette charge énervée contre un pouvoir politique (et policier!). Les auteurs ne cachent rien puisque si aucun nom de ministre actuel n’est cité on reconnaît bien Macron jouant à cache-cache (ou plutôt touche-touche) avec son garde du corps (toute ressemblance…). Tous plus débiles les uns que les autres, les personnages vont foncer dans un engrenage où surnage juste un peu de compassion pour ces pauvres filles bien nunuches. Les journalistes proclament l’attentat après que le maire se soit malencontreusement pris une pancarte sur la tête, l’expert écolo est déclaré terroriste-misogyne après que ses propos aient été détournés, les ministres se déplacent en avion (fonctionnant au charbon à en croire le panache de fumée qui s’en dégage) et le jeune « Tanguy » va de lâcheté en lâcheté. Notre trio de pieds-nickelés bien que victimes de cet emballement multiplie les absurdités, et on rit franchement à cette succession de scènes que d’autres auraient monté en drame social. [...]
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Album correctement réalisé mais assez banal, dans un secteur très occupé et surfant sur la succès du Bureau des Légendes. Avec une intrigue un peu chaotique et un manque de personnages secondaires, le pitch semble un peu trompeur. A réserver aux fana du thème, pour les autres on renverra sur Le Tueur ou les albums de Pierre Christin.
Décidés à prolonger les aventures de leur héroïnes Angela qui cartonnent à chaque album Yann et Hugault sentent manifestement que la recette commence à s’essouffler puisque ce troisième cycle est annoncé en seulement deux tomes, ce qui sera bien suffisant étant donnée la finesse de l’intrigue. On commence à en avoir l’habitude depuis la début de la série, Angela n’est finalement qu’un prétexte à des histoires typiques des périodes de guerre (ici la récupération d’un prisonnier). Je reste très dubitatif sur l’absence de rôle majeur de l’héroïne qui continue à courir, éplorée, derrière les mésaventures de son chéri, au risque d’oublier tout le versant féministe que l’on avait vu sur les précédents cycles. C’est bien simple, Angela apparaît sur sept pauvres pages, en larmes sur la moitié, dans un ration avions/héroïnes assez catastrophique.
Ne boudons pas notre plaisir, les albums Hugault sont avant tout là pour leurs sublimes séquences aériennes (… pas que, les décors sont remarquables de précision également), mais un tout petit effort scénaristique aurait permis de rendre honneur au personnage éponyme en forçant un poil la vraisemblance historique. Après tout dans un histoire on fait un peu ce qu’on veut! Avec une conclusion qui aurait même pu s’achever en one-shot, il est temps que cette recette se conclue, quel que soit le (grand) plaisir que l’on a à la suivre.
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Avec son titre mystérieux et son héros en acier qui n’a peur de rien, Janardana est une nouvelle pépite réussie de bout en bout, qui plaira aux jeunes comme aux plus grands et noue permet de découvrir un auteur très solide à suivre dans la suite de ses projets! [...]
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[...] Ce gros album où l’on sent une grosse envie de partager un univers si évocateur est peut-être un tournant dans leur carrière, l’ouvrage de la maturité artistique. En se rattachant immédiatement à la révolte des gilets jaunes, les auteurs assument un propos éminemment politique en rappelant ce qu’étaient d’abord les pirates du XVIII° siècle: des hommes révoltés contre un système injuste et qui rêvaient de fraternité. Ce n’est pas rien et cela permet de comprendre le traitement scénaristique qui marque la seconde surprise.
Si l’ouvrage comporte bien son lot de batailles navales, de combats sanglants et ses plans de navires majestueux, le narrateur, un étonnant idéaliste au regard de rêveur donne le ton d’un voyage où l’on souhaitera longtemps le dénouement heureux pour ces hommes et femmes intègres. Le cœur du projet n’est ainsi pas une nouvelle course épique comme l’a si bien fait Lauffray sur son Long John Silver. Au travers d’un échange épistolaire qui parsème les parties nous assistons à l’affirmation de la liberté des hommes, qu’ils soient africains arrachés à leur terre ou marins soumis à la tyrannie de leur capitaine sur ces navires militaires ou marchands qui étaient un absolutisme en miniature au service du Capitalisme naissant et des puissants engagés dans un commerce maritime mondial. Le parallèle est ainsi évident mais subtilement tracé avec notre époque, par un scénariste qui connaît son Histoire et les fils qui lient les époques.[...]
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Assez faible album, tant dans les dessins (Pichelli a beaucoup progressé depuis) que dans une intrigue timbre-post qui n'est là que pour justifier la rencontre entre les deux spider-men Miles Morales et Peter Parker. Principal intérêt: la source évidente pour les films Far From Home et A new generation. Hormis cela, à réserver aux fana de l'homme-araîgnée.
Le temps passe, la mémoire trépasse. Ce très volumineux et dense album est là pour nous le rappeler. Cruellement, salutairement, comme un uppercut démocratique qui nous réveille d’un trop long cauchemar. Dès sa préface, le scénariste des 5 Terres et de Robilar (où il proposait déjà sa version du monument La ferme des animaux d’Orwell) se fait modeste, ne se réclamant ni du journalisme ni du politologue, demandant la bienveillance des lecteurs qui trouveront quelques facilités, quelques erreurs de dates dans cette quantité phénoménale de sources (dont les références seront listées en fin d’album). [...]
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L'album est construit comme une alternance entre l’enquête autour de ce « copycat » menée par un GTO (dépassé sans leader) et l’itinéraire de la rencontre entre Harleen et Jack Napier, bien avant que celui-ci ne devienne le Joker. Cette alternance permet de rentrer subtilement dans la trinité qu’est Harley: la veuve en galère avec ses marmots, l’héroïne en devenir et la psychiatre qui doit jouer entre son passé et sa dualité profonde. Modifiant profondément (à nouveau!) le passé du personnage et de la mythologie, Sean Murphy et sa compagne scénariste Katana Collins sortent assez franchement du canon super-héroïque pour proposer un très beau portrait de femme moderne.
Excellement écrit, parfaitement dessiné, profond dans ses thématiques intrinsèques comme dans sa variation sur Gotham, Harley Quinn est un nouveau strike du Murphyverse et du Black Label, avec des conséquences qui peuvent être profondes. Sean Murphy semble totalement libre de tordre les personnages de DC dans le sens qu’il lui plait et tant qu’il se passionne pour eux on le suivra jusqu’au bout du monde.[...]
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Projet très solide bâti sur un univers existant et un propos écologiste déterminé, La baleine blanche des mers mortes est une nouvelle réussite de l’éditeur, tant graphique que d’écriture, en déroulant une intrigue pas si facile à exposer et en tenant jusqu’au bout un suspens qui conclut très logiquement et poétiquement cette histoire. La brièveté du format et l’ambition modérée du projet ne se ressentent pas sur un travail (et ce n’est pas si fréquent sur ce format) parfaitement réalisé et qui sait proposer de la nouveauté dans le paysage éditorial BD. Une jolie trouvaille que je vous invite à découvrir.[...]
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Le premier volume de la nouvelle saga fantasy de Vatine et Cassegrain m’avait enthousiasmé en début d’année. On reprend directement après la dernière scène du précédent, alors que nos héros étaient enlevés par un Goliath éléphantesque soudainement arraché de sa roche… pour voir cette vision dantesque mise à bas immédiatement. On est un peu frustré de voir ce souffle mis sous l’étouffoir alors que la Fantasy est un genre exigeant de la démesure, de l’espace… et de la lumière. Et l’on retrouve le même problème d’éclairage des planches de Didier Cassegrain. Du coup, avec une intrigue qui se tourne vers une structure de one-shot avec la capture et l’affrontement d’un clan de crocodiles ce deuxième volume est un ton en dessous du précédent en se refermant sur des enjeux moins politiques et un terrain plus étroit. Notre héros recherche en effet ses amis avec l’aide d’une Léopard-sorcière sans aller bien loin dans sa quête et en nous donnant un peu l’impression d’un intermède (déjà?) dans la grande intrigue. Nous découvrons toutefois des informations sur l’humain et quelques passages chez les Ours font un peu avancer le schmilblick mais pas suffisamment pour maintenir l’enthousiasme initial. La difficulté permanente des tomes deux pour toute série… On savourera donc quand-même les jolies séquences d’action, les dialogues très bien tournés et tout de même les dessins du maître, en espérant un retour à l’épique dans le troisième volume.
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Avec trois parutions cette année Jaouen Salaün est prolifique! Le premier tome de son Elecboy avait marqué les esprits en début d’année, notamment par une partition graphique franchement impressionnante bien qu’un peu monotone dans les atmosphères. Avec un trait et une colorisation réalistes appuyés sur un design fort réussi, son Mad Max mâtiné d’Oblivion avait à moitié convaincu du fait d’un frein très appuyé sur la progression et la révélation des secrets. On avance dans une totale continuité avec ce second opus puisque dans une même structure scénaristique on démarre très fort avec une belle séquence d’action SF autour d’un voyageur très puissant avant de dérouler les affres du héros et de ses pouvoirs cachés. Globalement tout y est pour nous accrocher, avec un abominable méchant, des relations familiales complexe, une SF ambigüe entre éléments très technologiques et un environnement tout à fait wastlands. Pourtant l’auteur continue d’appuyer sur le frein pour des raisons qui m’échappent, comme cette rencontre entre les anges et le héros, brutalement coupée avant qu’elle ne s’affiche… La force du hors champ peut être redoutablement efficace quand elle est utilisée avec parcimonie. Ici elle casse le rythme en nous frustrant tout le long dans notre envie de rentrer dans le vif du sujet. Salaün semble assumer ce faux rythme. Cela n’enlève pas les grandes qualités de cette série post-apo mais l’empêche malheureusement d’être un blockbuster immédiat. Frustrant je disais…
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Le premier volume m’avait laissé mitigé de par le parti-pris d’un personnage rocambolesque d’anti-héros foireux, avec un dessin et des séquences qui faisaient la part belle à l’humour. Lauffray vise-t’il commercialement le très grand public ou sa fréquentation de Lupano lui a t’elle donné des envies de s’émanciper de son univers noir…?
Ce second tome de la trilogie enchaîne directement et va s’orienter vers une fuite de Raven, Darksee et ses sbires dans les tréfonds de l’île (aux jungles impénétrables et aux décors grandioses bien sur), jusque dans les entrailles du volcan, vers un trésor dont seul Raven sait s’il est réel ou chimérique… En parallèle aux évènements se déroulant dans le fort et la jeune femme et son fils au tempérament bien trempé, on est par moment pas loin du looney toones de par les cabrioles qui tirent plus vers les Pirates des Caraïbes que vers un réalisme à la Aguire. Perso j’aime bien la grande aventure irréel, pour peu que l’enchaînement et le rythme soient solides. Or ce tome confirme que Lauffray n’est pas Dorison et ses pages subissent un certain nombre de coupures sèches qui brisent le rythme de l’action et font hésiter dans sa lecture. Même si l’on voit où l’auteur veut nous emmener, le personnage de Raven n’est du reste pas particulièrement sympathique, du coup on consomme ce tome avec une forme de plaisir industriel propre au cinéma blockbuster mais on l’achève sans supplément d’âme, ni graphique ni scénaristique. Avec un peu le même sentiment que sur le UCC Dolorès de Tarquin, ces contrées infernales restent bien réalisées mais ne laisseront pas la trace indélébile que de précédentes réalisation de l’auteur de Long John Silver ont marquées dans l’histoire de la BD.
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Il serait malhonnête de critiquer l’aspect réaliste et fidèle d’un album documentaire. Pourtant à la conclusion de ce tome j’ai ressenti une forme de grande sagesse, de timidité (compréhensible) des auteurs devant l’œuvre qu’ile entreprennent. Le développement de cet album est éclairant en ce qu’il s’assume comme l’illustration fidèle d’un récit historique très précis (Madeleine semble avoir garder toute sa mémoire) et aucunement un travail de création. Dominique Bertail a beaucoup travaillé sur des projets documentaires par le passé (et a illustré le livre de Riffaud sur l’Hôpital). Première partie d’un triptyque, on n’en est bien entendu qu’aux prémices, déjà bien durs, d’une vie extraordinairement remplie. On découvre ainsi l’Exode, la drôle de Guerre, les conséquences très concrètes dans les villages de France et la réalité de la Milice. Celle d’une Résistance en zone libre également, qui très tôt participe à constituer les bases de ce qui deviendra une guerre intérieur à l’approche de la Libération. Ainsi le sanatorium de Saint-Hilaire du Touvet, près de Grenoble fut une plaque tournante du maquis alpin avec des prêtres et médecins fort courageux.
L’histoire est surtout celle d’une jeune fille fille d’enseignants, dotée d’un caractère bien trempée et victime de violences qui forgeront sa détermination. L’histoire commence à peine donc et l’on ressent malgré les difficultés de la Guerre la légèreté du Paris de Saint-Germain des prés, et de l’émancipation de la jeunesse même dans ces circonstances dramatiques. Sage je disais car il manque ce souffle romanesque qui aurait pu transporter cette BD au-delà de l’illustratif. Ce n’était semble t’il pas l’objet et l’on imagine le respect immense des auteurs pour leur témoin.
Plus documentaire précis qu’histoire BD, on parcourt ce premier volume à la fois fasciné par un des derniers témoignage de résistant français et frustré par la discipline qui parcourt le livre. A réévaluer bien entendu lorsque la trilogie sera conclue.
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Saga épique impériale entre Wagner et Dune, la nouvelle série de Philippe Ogaki est un choc SF aussi bien écrit qu’esthétique et a tout pour devenir une des grandes séries spaceop des prochaines années. ne boudez pas votre plaisir et lancez vous à l’assaut des étoiles![...]
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Plus qu’une simple chronique de vie Frederik Peeters nous propose un ouvrage sensoriel qui traduit la magie du dessin, ce que l’on aime dans ces traits qui expriment le monde sans le copier. Un regard artistique et humain sur notre existence. Un superbe moment et une lecture obligatoire pour tout amoureux de BD.[...]
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Rappelant par moment la perfection d’un Malgré tout dans son alliance symbiotique du texte, de la construction et de l’image, Le port des marins perdus est de ces ouvrages que l’on veut choyer d’une belle place dans sa bibliothèque, que l’on parcourt ensuite avec l’amour de feuilleter ses superbes dessins avec l’envie d’y replonger, un peu, juste ce qu’il faut entre le souvenir et le regard. Un album qu’il faut lire dans sa vie de lecteur.[...]
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Il y a deux ans Liéron et Dahan marquaient un grand coup dans le paysage éditorial avec la sortie du premier tome de Dans la tête de Sherlock Holmes. Véritable album-concept, à cheval entre le livre-jeu et la BD, l’ouvrage alliait la forme (avec cette fameuse couverture trouvée reproduite dans ce second volume) et le fonds, à savoir une véritable enquête tortueuse du plus grand détective. En utilisant le visuel pour nous guider au cours de l’enquête, les auteurs produisaient un redoutable effet d’immersion du lecteur et un plaisir de lecture total!
Passons sur le concept dont j’avais déj parlé pour revenir à l’intrigue qui se dévoile enfin ici. Sans spoiler, il est intéressant que les auteurs profitent de ce projet ludique pour interroger les incidences impérialistes des britanniques et le comportement brutal déjà largement décrit dans la saga Shi par exemple. Ainsi on surprend une complexité dans le propos en se demandant si tout à ses préoccupations de résoudre ses enquêtes, une morale viendrait in fine à Holmes ou si tout cela restera un simple exercice. Il est en effet plus simple d’affronter un Moriarty que des problématiques issues des injustices du Régime et la conclusion, à la forme là encore surprenante, laisse penser que les auteurs ne se contentent pas de l’exercice de style et de leur marionnette. De là à penser que le succès (inévitable!) de ce diptyque les poussera à prolonger l’exercice il n’y a qu’un pas que je franchis avec envie…[...]
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J’adore les expérimentations formelles en BD (comme Wika ou Saccages dernièrement) et avec cet album j’ai été servi! Dès la couverture (qui est l’une des plus réussies de l’année) on a une invitation à ouvrir l’album qui est construit à la manière des livres jeunesse mêlant histoire et jeu. On lit donc la page comme un jeu de piste, s’amusant à voir Sherlock traduire avec son système mental les diarrhées verbales d’informations qui lui arrivent des témoins, où il filtre le stricte nécessaire… Tout est réussi dans cet album, jusqu’au choix de l’intrigue en diptyque qui permet un cliffhanger tout à fait feuilletonesque de bon ton. Et quand on voit que la tomaison laisse envisager d’autres enquêtes sur le même modèle on ne peut que se réjouir. Dans la tête de Sherlock Holmes est l’excellente surprise de l’année, une jolie lecture rafraîchissante qui peut en outre (grâce à son système visuel) être lue assez jeune. [...]
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Ce qui pourrait apparaître comme une variante jeunesse de Sherlock trouve pourtant une pertinence qui densifie tout au long de ce premier volume les caractères de ces trois moussaillons des rues, tous trois dotés d’un caractère bien trempé et lancés à la rescousse de la jeune chérie de l’un d’eux, enlevée par un réseau de proxénétisme. Si l’intrigue est sommes toutes classique, c’est la percussion du rythme et des cadrages qui impressionne, appuyés sur les dessins magnifiquement colorisés par Etien (bien avant sa participation à Avant la Quête) mais pas que… Utilisant leurs talents d’acrobates et l’innocence de la jeunesse dans les yeux des badauds du XIX° siècle, les quatre (… on imagine que dernier larron est le chat!) lancent leur enquête à un rythme effréné, n’hésitant pas à aller affronter le roi des mendiants et autres coupe-jarret, permettant de belles acrobaties et contre-plongées vertigineuses. Cette originalité de cadrage et le chatoiement colorimétrique permet une grosse immersion dans ce décors que l’on aime tant, le Londres victorien, sale, foisonnant de pègre, prostituées et d’une population de la plèbe aux grands bourgeois, les auteurs aimant à habiller les décors de mille et un détails. Au final on sort tout à fait enjoué de cette introduction avec un format qui promet des stand-alone qui autorisent une découverte au choix.
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Mon principal regret sur cet album est une légère évolution du dessin de Meyer, moins net, utilisant beaucoup plus de brosses « sales » et effets estompés, ce qui atténue la force de son encrage. Cela ne change pas fondamentalement les planches, toujours aussi bien découpées et lisibles. Dans cette histoire on apprécie le refus du manichéisme, chaque personnage étant gris, avec ses propres motivations, et en cela crédibles, à commencer par l’ami de Jonas Crow tout à fait sincère dans ses ambitions comme dans sa fidélité envers notre héros. En cela Dorison évite soigneusement de tomber dans le piège des déjà-vus des mille et un personnages de salauds de western [...].
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On continue les montagnes russes chez Drakoo puisque après le très bon premier tome des Gardiennes d’Aether, le second et dernier Teleportation inc. confirme les craintes du précédent… Si les séquences d’action restent correctement montées et quelques touches d’humour font mouche, l’intrigue générale nous laisse totalement sur le carreau avec une complexité superflue et un projet qui manifestement a eu un gros problème de calibrage entre la simplicité destinée au public jeune (avec des couleurs flashy et des dialogues assez basiques) et une ambition de grand Space-opera que l’on sent poindre jusque dans une dernière planche qui laisse entendre un prolongement possible malgré l’annonce d’une série en deux volumes. Du coup la conspiration reste totalement vaporeuse, les échanges entre personnages sont artificiels et on survole ça avec un désintérêt à peu près complet. Les dessins de Sordet font à peu près le job malgré quelques problèmes de lisibilité de certaines scènes, mais c’est surtout le texte qui pèche avec une grosse faiblesse d’écriture, une absence de relecture et des sous-entendus qui passent complètement à côté. Un gros ratage en définitive.
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Récit aussi puissant graphiquement que dans son propos, Le dernier des dieux est jusqu'ici un projet ambitieux et d'un format idéal, sans défauts apparents et montrant un impressionnant travail sous des apparences sommes toutes classiques. Un récit de bruit et de fureur où l'espoir ne brille guère, tant et si bien que l'on se demande bien comment ces fétus de paille pourront corriger ce qui a été fait et quelle est cette faute originelle, si terrible, dont on nous parle depuis les premières pages...
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Ce premier volume apparaît comme une introduction où hormis l’apparition du héros et de sa troupe de soldats « ronin » intervenant dans les interstices entre les gigantesques armées des royaumes on ne saura pas grand chose de ces Brumes écarlates et l’on s’accrochera à saisir les subtilités de la politique locale. Restent ces grandioses panoramas fantastiques, ces couleurs parfaites et une partition graphique sans faute qui hisse cet album parmi les top 2021 dans la catégorie dessins.[...]
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/09/19/les-brumes-ecarlates-1/
Ce second tome continue sur la même tonalité que le premier à savoir une course du personnage principal (témoin-photographe) parmi les populations fuyant devant l'avancée meurtrière des martiens. L'intrigue est donc tout à fait linéaire et construite autour des destructions terrifiantes et des quelques lueurs d'espoir qui surgissent avant d'être étouffées. Quelques morceaux de bravoure humaines (un peu désespérées) viennent donc pimenter ce qui pourrait devenir redondant et on enchaîne ces cent-soixante-dix pages à grande vitesse et un plaisir non feint. Les dessins, pas virtuoses mais très correctes et portés par des cardages qui appuient le désespoir et le drame absolu portent ainsi bien ce récit qui confirme sa qualité et intrigue (pour qui ne se souviendrait pas par cœur du récit original) quand à son dénouement...
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/09/25/manga-en-vrac-18/
Superbe tranche de vie d'une troupe de circassiens qui naviguent entre leur envie de vie normale et leur passion pour un métier "différent". Sur de superbes planches très précises dans la gestuelle comme dans les decors, le duo nous remplis d'humanisme à la lecture de cette BD qui fait un bien fou! Un coup de coeur de cette rentrée!
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/09/22/le-zizi-de-lange-chroniques-dun-spectacle-vivant/
Belle anthologie, inégale bien sure, mais avec quelques jolies histoires et un personnage décidément très intéressant. A réserver aux fans et aux envies de découvertes graphiques.
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/09/26/harley-quinnbwr-bleedthemdry/
Grosse découverte graphique. En revanche même si on aime les histoires de vampires et la radicalité visuelle, le fait de transposer le mythe classique dans un polar SF ne suffit pas à proposer de la nouveauté. Ca reste donc très classique et linéaire. Dommage.
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Somptueux premier album d'un grand technicien à cheval entre Travis Charest et Juan Gimenez qui croque un personnage d'ordure finie qui mixe Conan, Elric et le Méta-baron. Le côté grandiose et galactique des planches ne cache malheureusement pas la linéarité et l'absence totale de drama de cette Chronique à sens unique. Pour les dessins et l'univers donc...
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Derrière les superbes planches d'un Fabrice Meddour très en forme et fort bien accompagné à la couleur, un scénario volontairement tortueux, déstructure, erratique mêlant les périodes, les narrations, posant des bulles de texte en décalé sur d'autres images et créant des visions souvent fort belles mais fort cryptiques. Il en ressort une belle impression esthétique, un peu sexy, où l'on saisit difficilement d'où on part et où l'on va. Sur seulement deux tomes il est un peu embêtant de perdre ainsi son lecteur. Dommage.
Légende barbare sublimée par les dessins mignolesques et superbes de Rebelka, La cité des chiens est un beau projet dans un univers très personnel fait de tyrans consanguins, d'amours impossibles et de sorcières telluriques. Une superbe édition GF noir et blanc proposée à prix modique par Akileos et une très belle découverte.
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Si ce premier tome met en place une histoire torturée, le background n’évolue guère qu’en toute fin sur un cliffhanger très efficace dans une atmosphère qui rappelle le danger d’un 2001 l’Odyssée de l’Espace ou d’un Alien. Avec ce risque omniprésent, les interactions se font essentiellement par radio, proposant de belles joutes verbales où excelle le scénariste Al Ewing. Des « Dieux » on n’en verra que des bouts, en fonds de texte de même que les vaisseaux mystérieux du fait d’une gestion de l’éclairage hypnotisante. Tout à fait manipulatoire, le scénario nous capte du début à la fin en nous envoûtant par les planches fascinantes. A la réserve que l’on ne sait encore que peu de chose de l’aspect fantastique (ou cosmogonique) de cette histoire qui emprunte plus à la chasse à la baleine et au manga Drifting Dragons qu’à Star Trek, We only find them réussit haut la main son passage en donnant très envie de lire une suite certainement aussi structurée que cette ouverture.[...]
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/07/30/we-only-find-them-when-theyre-dead-1/
Menant son scénario avec toujours autant d’habileté à la manière de ses découpages très graphiques et intéressants, l’auteur nous balade sans beaucoup d’indications sur les liens entre les scènes… qui ont pourtant toute leur importance dans le développement de l’histoire. En tant que lecteur on prend toujours le même plaisir de lecture (notamment graphique!!) même si l’on ne sait pas bien pourquoi on passe d’une guerre redoutable dans le précédent volume à une bataille magique ici.
A suivre dans un troisième tome de conclusion.
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Sur des dessins « classiques », le découpage lent et académique (qu’on peut retrouver chez Juillard par exemple) instille brillamment une atmosphère qui fait partie intégrante de ce projet de reconstitution d’une vie calme sous une dictature qui se ferait presque oublier sous la chaleur et les nuits de Fado. La couverture est en cela particulièrement bien trouvée en reflétant ces deux façades où de gentils papy peuvent cacher des informateurs de la police et où les geôles abritent autant de violentes brutes que de grande professionnels. Le Doutor nous rappelle le magnifique Matteo de Gibrat, comme une sorte de cousin lusitanien du beau parleur au nez aquilin qui traverse son époque tout en y participant. Et confirme par cette comparaison la très grande qualité de cet album.
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Malgré la sagesse de reconnaître la simplicité du projet sur un format adapté de deux volumes, Rick Remender oublie un peu ses bases en troquant sur Death or Glory son talent narratif pour un vernis explosif irréel. Si le fonds familial est par moment touchant et le nihilisme de l’auteur surprenant, la linéarité de l’intrigue de ce second tome déséquilibre un tout où le plaisir est certain mais très vite oublié. A prendre pour ce qu’il est donc, un énorme blockbuster routier décérébré entre Tarantino et Fast and Furious, Looney Toones et Mad Max Fury road... [...]
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Si Mathieu Reynes a montré qu’il savait parfaitement placer des cliffhangers redoutables dans sa série, il semble ici temporiser avec un flashback tout à fait artificiel qui a vocation à nous expliquer (un peu) comment Payne s’est transformé en homme-tigre à la fin du précédent opus. Du coup l’intrigue n’avance pas d’un iota pendant cet intermède et on rate complètement la chute de cycle qui aurait dû nous hyper à mort pour connaître la suite… Si le processus des flashback Harmony s’inscrit très logiquement dans la structure des scénarii de l’auteur, on dira que c’était ici plutôt malvenu sur un sixième tome. Bref. A part ça les qualités de la série sont toujours là à commencer par des planches toujours superbes et qui doivent particulièrement plaire aux ado.[...]
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Ce projet émotionnellement très puissant (on n’adapte pas Victor Hugo à la légère!) frise l’épure. Doté de très peu de textes, l’album porte essentiellement sur un découpage lent, répétitif mais extrêmement parlant, jouant sur les regards et les champs-contre-champs pour faire ressentir l’incompréhension d’un homme bon, calme, bon camarade qui assume sa faute (le vol de pains et de bois pour son fils et sa femme) en purgeant une peine qu’il ne conteste pas. Le cadrage suit Gueux à chaque instant et les planches ne visent pas le misérabilisme. Très fort pour croquer des visages réalistes, Springer apporte une matière à ses dessins par des estompes charbonnées. A la fois précis dans les décors et dans des gueules incroyablement expressives, il donne forme à la simplification documentaire que vise le texte original, comme un BRUT en format BD.[...]
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Pour rééquilibrer un peu les avis à sens unique qui semblent avoir très mal apprécié le propos politique de l'album, j'ai retrouvé pour ma part avec plaisir l'homme qui tire plus vite que son ombre. Alors bien sur certains canons sont loin: les Dalton apparaissent peu, la présence du Marshal, très sympa, sort du coup un peu Luke du rôle de héros et le changement de décors ne permet pas les bagarres de saloon. Mais une BD ancestrales jeunesse doit-elle éternellement rester neutre et ne pas poser de questions? Il me semble que Morris était plutôt pour politiser son personnage qui reste marqué par le sceau de l'héroïsme et le refus des injustices. Et c'est le cas ici! Le propos est donc éminemment politique et bienvenu pour rappeler les raisons racinaires des problèmes de l'Amérique d'aujourd'hui. On s'adresse aux enfants et je trouve plutôt chouette de raconter à des gamins la réalité du Sud américain au sortir de la guerre civile. J'ai lu ici ou là que l'album était raciste car les noirs y sont présentés comme des débiles peureux. Je lis ici que les blancs sudistes sont des gros méchants. Par-ce que cela a été autrement dans Lucky Luke une seule fois? Revisons nos classiques et apprécions le travail d'auteurs qui maintiennent le personnage dans une certaine modernité. Et profitons de l'aspect pédagoqique de ce monument de la culture populaire.
Outsiders est une nouvelle création originale des éditions Ki_oon, rangée en Shojo. Assez craintif de ce sous-genre « féminin » du mangaoutsiders-1-ki-oon j’ai été agréablement surpris par un ton moderne d’une génération d’auteurs qui semblent résolument détachés du modèle conservateur de l’archipel nippon. Une jeune fille découvre l’existence de vampires et de Loups-garous, s’affrontant depuis des temps immémoriaux. En présence des deux derniers spécimen de leur espèce, elle n’a pourtant pas du tout l’intention de se laisser dévorer et s’impose à eux comme une humaine fière de sa condition et prête à prendre tous les risques pour protéger sa sœur et découvrir la réalité des relations bien plus complexes qu’elle n’en a l’air entre les deux jeunes hommes… Sous couvert d’un trio très Shojo Outsiders propose dans cette introduction une vraie complexité relationnelle qui laisse un peu de côté les clichés éculés des combats vampire/garou. Les notes de l’auteur en fin d’ouvrage détaillent d’ailleurs son agacement dans la banalité des relations interpersonnelles de la célèbre saga ciné Twilight et sa volonté de donner du corps à ces schémas. Les planches assez chargées en bastons bourrines sont élégantes (dans un style qui rappelle The promised neverland) et utilisent l’humour à la Tex Avery avec ces deux personnages à peu près immortels qu’une poutre en acier dans la tronche n’effarouchent guère… Avec de très légers problèmes de lisibilité, le premier volume assure le cahier des charges introductif et se lit avec plaisir en dévoilant le début d’une intrigue autour d’une agence chargée de retrouver les brebis galeuses des deux espères, ce qui laisse présager de belles enquêtes avec ce trio bien efficace.
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Cette aventure est de celles qui cherchent l’omnipotence, les failles entre les mondes, la rupture du temps et la genèse des astres… de ces combats cosmiques qui voient créer et détruire des soleils, broyer des dimensions et renaître après la mort. Le surfer est théoriquement immortel et tout puissant, doté de la puissance cosmique et son affrontement originel avec le dieu des Ténèbres s’inscrit dans une boucle/paradoxe du grand-père. En revenant à l’Aube des Temps il génère son propre destin, sa propre condamnation tout en cherchant sa rédemption, traumatisé par les infinités de vies que Galactus lui a fait prendre. Il est toujours compliqué pour les héros cosmiques d’intéresser les lecteurs sur des préoccupations humaines (la dualité Norin Radd/Héraut de Galactus) mais cet album parvient à rendre acceptable ce conflit intérieur et cosmique qui fait du Silver-Surfer une cosmogonie à lui tout seul puisque son voyage sera à l’origine de sa propre existence, de celle de son maître mais aussi de l’itinéraire de Knull et Ego. Totalement syncrétique, Cates semble parvenir à rattacher de façon cohérente tout ce qui a été fait sur le surfer auparavant, comme ces références au « cancer » qui dévore Radd dans le magnifique Requiem que lui ont offert Straczynski et Ribic.
Avec la fraîcheur de la jeunesse Donny Cates, Tradd Moore et Dave Stewart proposent avec ce one-shot un classique immédiat dont on reparlera sans doute dans quelques décennies. Que l’on aime/connaisse ou pas ce personnage si particulier, le Silver Surfer est le seul qui permette de telles odyssées graphiques alliées à la profondeur des thèmes philosophiques de la SF la plus exigeante.[...]
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Après deux albums par an on boucle ainsi le premier cycle de cette série TRES inspirée par Game of Thrones. Il faut dire que ce rythme est absolument parfait pour maintenir un esprit de série avec juste ce qu’il faut d’addiction et de repos pour savourer le scénario parfaitement huilé. Si le principal problème reste cette très grande proximité avec le roman/série de George Martin, le fait que les itinéraires convergent sur ce dernier tome et que nous savons déjà que nous allons partir pour une autre Terre suffit à maintenir un intérêt très haut! Bien sur certaines résolutions sont attendues. Mais les auteurs savent toujours instiller le choc après le calme, sans faute de goût et sans redondances, c’est déjà pas mal. Le discours du roi laisse présager de sacrés changements politiques après qu’il ait étouffé la révolte étudiante, aussi tout semble imaginable. L’Histoire romaine ou médiévale regorgent de matériau pour imaginer d’incessants retournements et la principale interrogation qui perdure depuis le tout début de la série et ces quelques apparitions des ours est de savoir comment cette saga jusqu’ici totalement centrée sur le peuple félin va bien pouvoir garder des liens entre les cycles sans redondance. Soit en changeant le modèle soit en tissant une méta-intrigue dont on n’a pas encore perçu les prémices… mystères… qui couvrent d’autres ficèles, parfois grosses… mais tout l’art narratif n’est-il pas un peu comme la magie, une illusion?
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/06/27/bd-en-vrac-20-valhalla-hotel-2-crusaders-3-les-5-terres-6/
Le petit Patrick et son pote Fabien aimaient jouer aux voitures et aux pitou. Du coup ils en mettaient plein dans leurs histoires de vieux militaires et de savants-fous nazis. Comme ils avaient toujours rêvé de monter dans un hélico ils mettaient le Huey popularisé par la guerre du Vietnam dans les pattes de leur héros et comme les bases secrètes c’est cool ils en inventaient une pour les méchants et une pour les gentils, remplie de plein d’armes rigolotes! La bataille c’est marrant mais en grandissant on se met à parler de choses plus sérieuses alors ils disaient que leur sheriff débile était un doux intégriste et comme le racisme c’est mal ils donnaient une copine noire bad-ass à leur héroïne policière. Tout ça donnait des histoires drôlement animées avec plein de gros mots qu’on dit quand les parents sont pas là et des méchants qu’on avait le droit de taper parce qu’ils étaient très très cons ou très très méchants (ou les deux). Et c’était tellement rigolo qu’on n’avait plus envie de lâcher le guidon de la moto et la gâchette de la M-60 et qu’on se demandait aussitôt quand allait sortir le prochain épisode…
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On enchaîne directement après la conclusion du tome deux, sans résumé (discipline qui aurait été pertinente sur une série aussi touffue) mais avec une introduction très pédagogique qui nous résume la problématique de ce peuple maléfique qui cherche la destruction. Peut-être conscient de ses démons, Christophe Bec simplifie donc résolument son intrigue dans un cadre que tout bon space-op pourrait développer et apporte la complexité qu’il recherche dans les termes et concepts physique autant qu’astronomiques tout à fait pointus. A ce titre on est entre le métaphysico-épique des Meta-Barons ou de Druillet et la hard-science d’un Adam l’ultime robot. Et c’est sacrément réussi et digeste en alliant le texte au graphisme puisque de la même manière on alterne entre grandioses paysages cosmiques en doubles-pages, titanesques artefacts technologiques sur planches quasi muettes et séquences de conciliabules stratégico-politiques verbeux. Cette structure est tout à fait agréable et permet à l’intrigue d’avancer tranquillement, avec quelques scories qui semblent oublier des cases intercalaires dans cette volonté d’aller vite. Si on peut tiquer par moment, l’effort du scénariste est réellement louable pour proposer une SF accessible. Bien entendu ceux qui n’ont aucune bases de culture scientifique partiront peut-être de loin mais l’effort est utile pour croire à l’histoire de Christophe Bec. L’avantage de partir si loin dans les concepts théoriques c’est que l’on garde l’apparence du crédible avec la liberté de la fantasy! Et les auteurs nous régalent toujours d’idées dantesques comme cette planète vivante de la taille d’un système… Jusqu’ici s’il manipule la matière et l’espace à l’envie le scénariste n’ose pas entrer dans la tout à fait casse-gueule idée de manipuler le temps. La logique voudrait pourtant qu’une série aussi conceptuelle s’aventure dans ce genre d’idées, au risque de retomber dans le banal. En attendant on se régale en endossant le rôle de spectateurs que les personnages humains de Crusaders assument depuis le début, un peu comme dans un films catastrophe où les personnages ne sont là que pour créer un transfert émotionnel du spectateur vers le (très) grand spectacle.
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Déjà un second volume pour ce petit Tanuki et son grognon compagnon. Dans ce tome on va faire la connaissance des multiples déesses de la nature qui protègent des coins spécifiques avec l’aide de métamorphes. Cela va nous permettre de rencontrer différents animaux et donner lieu à de courts combats au milieu desquels la naïveté désarmante du Tanuki mets fin à toutes les tensions… Plus progressif mais tout aussi erratique dans les changements de scènes du fait des transformations des personnages, j’avoue que je m’y suis un peu perdu… Heureusement l’intrigue est simple et les dessins toujours aussi sympa, avec un aspect animalier-Disney encore plus prononcé. Il est indéniable que l’autrice maîtrise ses expressions canines avec humour, comme ce chien qui reste langue pendante face à ses potes loups bien sérieux! On commence à voir l’évolution de l’histoire vers une succession de missions positives qui doivent amener le renard vers la rédemption. Pour cela le duo va commencer à se métamorphoser en humains et se mêler des affaires des deux-jambes, parmi lesquels un lycéen passionné par les légendes traditionnelles qui risque bien de croiser la route des deux métamorphes… Bien plus court que le précédent, ce tome comprend un ajout de trente-quatre pages d’historiettes de l’autrice publiées sur les réseaux sociaux. On continue donc avec plaisir cette jolie histoire simple qui paraît idéale pour une lecture partagée parent-enfant.
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/05/29/manga-en-vrac-11-dr-stone-15-byakuya-le-renard-et-le-petit-tanuki-2/
Etonnant album entièrement réalisé par Boichi (dont l’appétence pour la technologie est indéniable depuis Origin) avec l’appui d’uns conseillère scientifique ayant séjourné sur la station spatiale internationale. Cela pour dire que la recherche de véracité scientifique, malgré le scénario totalement théorique, est de mise dans ce one-shot préquel à Dr. Stone: après un gros tiers d’album présentant Byakuya (le père de Senku) et l’équipage de l’ISS découvrir la pétrification et préparant leur retour sur Terre, on nous laisse en compagnie du petit robot conçu par le japonais et qui va passer plusieurs millénaires à maintenir l’ISS en état en attendant le retour de son maître. Si la première partie est assez ennuyeuse, le reste du volume reprend le schéma narratif de Dr. Stone pour nous expliquer comment on bricole une station spatiale en récupérant des matériaux dans l’espace avec un élément déterminant: le temps devant soi. On prend ainsi plaisir à imaginer les possibilités infinies pour une intelligence artificielle de bâtir des outils, vaisseaux bricolés, source d’énergie etc, avec un petit côté Apollo 13 dans le bricolage spatial. Avec des dessins toujours aussi qualitatifs et un final qui ouvre des perspectives assez sidérantes pour la conclusion de Dr. Stone, on prend grand plaisir à cette lecture découplée de la série principale et l’on apprécie le talent de l’auteur pour tisser sans cesse des liens entre toutes ses œuvres.
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Pour son premier scénario solo le breton propose un long trip visuel qui s’il nous ébahi esthétiquement comme toujours, peut laisser dubitatif quand à une intrigue tout à fait gelée. Long de cent pages, l’album commence excellement sur les bases d’un Highlander mystérieux monté comme un film d’action avant de nous faire pénétrer dans un milieu ésotérique feutré fait de canapés cuir, de belles cannes et d’érudit à la barbe impeccablement taillée… L’habillage est indéniablement agréable et il n’en faudrait guère plus pour nous happer dans une spirale d’action nocturne. Pris dans son propre trip graphique, Ledroit choisit pourtant de nous plonger dans une odyssée psychédélique à travers le temps et l’espace en oubliant un peu son histoire qui se conclut après avoir fait juste connaissance avec le héros mais aucunement avec la moindre problématique ou antagoniste. Du coup on referme l’album certes comblé par ce très joli art-book mais avec l’impression d’avoir lu un très long teasing de l’éditeur. Un peu frustrant.[...]
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/06/02/le-troisieme-oeil-1-la-ville-lumiere/
Le premier cycle qui se termine ici a mis huit ans à se réaliser, faisant rouler les dessinateurs de Recht à Telo, en solo sur cet opus, tout en parvenant à maintenir une relative homogénéité graphique sur les quatre volumes. Car comme tout gros projet tenu par un maître d’œuvre (je pense aux 5 terres) le travail de storyboard et de préparation graphique crée un liant important. J’avais un peu décroché sur les deux précédents tomes et je dois dire que j’ai apprécié le retour à Melniboné dont la démesure est un élément indéniable dans l’intérêt de cette adaptation par rapport à la ribambelle de BD de fantasy. La relation entre Elric, son épée et le dieu Arioch est particulièrement retorse et pathétique (littéralement) et crée un vrai intérêt bien que l’on reste toujours un peu sceptique devant cet empereur déchu d’un peuple ultra-violent devenu presque pacifique dans son adversité envers les dieux. En seulement cinquante pages l’histoire avance vite dans une construction dotée d’un prologue enchevêtré très originalement mis en scène par Blondel et Cano, où les morts seront bien sur nombreux, avant d’aborder une énième confrontation (sanglante) entre le dieu et l’albinos. Le thème du temps est abordé ici (sujet toujours passionnant) avant une attaque de l’île aux dragons un peu rapide bien que graphiquement flamboyante… Bref, on pourra principalement reprocher à cet album de ne faire que la taille d’un album normal au vu de la quantité de lieux et d’actions à entreprendre. On imagine qu’une pagination doublée aurait encore prolongé la production qui reste d’une très grande tenue en parvenant à vulgariser une œuvre classique dotée de sa personnalité propre.
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/06/03/gun-crazy-2-elric-4/
Le premier volume sonnait comme une superbe déclaration d’amour aux VHS pirates des années 80. Si Ramirez est la version Tony Scott luxueuse du concept, Gun Crazy est plus proche de l’univers défoncé de Michael Sanlaville et son Lastman. Maintenant que tous nos protagonistes sont à Vegas, il n’y a plus qu’à… Et en bon scénario tarantinesque ça ne se passe pas totalement comme prévu avec d’improbables incidents qui perturbent les plans biens huilés de ces anti-héros, à commencer par ce chien (le chien indiens-phobe de Chuck Norris pour rappel) redoutable et imprévisible. Jef se fait toujours autant plaisir à travailler ses planches par des couleurs baveuses délavées et autres effets eyefish qui laissent intrigués sur les optiques utilisés pour la réalisation du bidule… Après une mise en place si bien construite les personnages secondaires se retrouvent un peu relégués face à l’affrontement attendu entre Superwhite-man et les deux lesbiennes. Dans la continuité du premier tome on a de nouveau droit à un intermède publicitaire toujours aussi délirant et le tout se termine bien entendu dans des morts bien gores. Le cahier des charges était posé et on en a pour son argent pour peu que l’on accroche à ce délire graphique totalement maîtrisé bien qu’esthétiquement douteux. Une fois qu’on sait à quoi s’attendre il n’y a plus qu’à savourer cette série Z avec une bonne bière en regrettant peut-être que le « montage » ait pris le pas sur un scénario qu’on aurait pu attendre plus surprenant. Mais ne boudons pas le plaisir devant un boulot si rondement mené, maintenant qu’il est compliqué de pouvoir lire ce qu’il reste de vos vieilles K7…
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Si ce premier tome donne parfois l’impression de faire du surplace de par une difficulté à marquer des étapes claires dans la relation entre le père et le fils, le lien qui se tisse entre le héros et son ami est autrement plus intéressant. Les auteurs posent également un jeu de temporalité en nous insérant de brèves incursions d’un combat entre Spencer et le big boss de l’Aegis. On devine ainsi une révolte en préparation mais qui tarde à se manifester, comme si les auteurs en gardaient un peu trop sous le coude. Avec un schéma assez proche de Harry Potter (la société occulte codifiée et règlementée, l’héritier illégitime, …), cette série récente jouit d’un vrai attrait graphique, tant dans le design général fort élégant que par la dynamique des pages mais complexifie un peu trop une intrigue classique traitant du passage à l’age adulte et le souffle du changement sur les conservatismes. L’habillage général est très réussi, le développement plus capricieux, ce qui n’empêche pas de prendre un grand plaisir de lecture et de vouloir rentrer plus en détail dans une série avec un vrai potentiel, mais aussi avec un gros risque de déception vue la tournure de l’intrigue.[...]
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Remarquablement fidèle au premier tome, ce second volume confirme la maîtrise scénaristique du romancier Pierre Pevel et sa gestion aux petits oignons des informations, (ni trop ni trop peu) sur son univers foisonnant. Déterminé à permettre une lecture fluide et sans contraintes, il insère beaucoup de phylactères narratifs qui nous rappellent ce qu’il y a besoin de savoir. Non que l’intrigue soit complexe (on reste sur un complot attendu) mais ces inserts permettent de se dispenser la révision des tomes précédents pour se souvenir de qui est qui et huilent les transitions avec les nombreuses séquences d’action fort réussies. Côté graphique, si le décors est vraiment sympathique et semble plaire au dessinateur dans ses multiples détails, certains personnages semblent moins l’inspirer. Vu qu’on parle de BD jeunesse ce n’est pas trop grave, ces derniers sont caractérisés avant tout par leur arme et leur costume. Avec des assassins en chapeau-melon sortis tout droit d’Adèle Blanc-Sec, de l’espionnage 1910, de méchants allemands et une once de steampunk, ce second tome des Artilleuses se savoure toujours avec plaisir. Si l’habillage reste tout à fait attirant, on aimerait avoir plus d’empathie pour les trois héroïnes qui semblent bien passives hors des séquences de baston. Gageons que le scénariste muscle un peu ses personnages sur la conclusion du triptyque et surtout, prévoie un nouveau cycle qui nous permettra de faire plus connaissance avec son monde merveilleux.
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Album très surprenant à plus d’un titre que ce Greyson, Névo et Natch qui nous prend systématiquement à contre pied! D’une couverture indiquant donc une faribole pour la jeunesse on se retrouve avec ce triangle amoureux autour de cette belle Natch à la libido très développée (pas pour enfants je disais). Après une très chouette introduction basée sur l’univers vénéneux de cette série on réalise que ce décors n’est qu’un habillage avec bien peu d’implication sur l’intrigue… celle-ci se basant sur les sauts d’époque assez brutaux bien que maîtrisés. Ainsi après vingt pages on bascule vingt ans plus tard alors que le trio a été brisé. Aucun temps de mise en place, ce sera la seconde partie qui se chargera de détailler un peu le passé des trois lurons. Cet enchevêtrement complexifie un peu la lecture et enrichit une trame qui reste en substance très classique des ouvrages de fantasy.[...]
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Dragon & poisons reste une étonnante chronique amoureuse, bien mal vendue, et qui sait clairement marquer sa différence avec le tout venant fantasy. Les équipes artistiques féminines ont souvent cette qualité en BD et c’est tant mieux si cela apporte de la variété à un genre ultra-balisé! Un troisième tome aurait sans doute permis de détailler un peu tout cela mais il faut aussi parfois rester raisonnable et ne pas étirer un concept…[...]
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Album quasi-parfait jusqu’à la moitié du récit et l’irruption du fantastique pur, Plunge souffre alors malheureusement de la malédiction quasi-inévitable du genre. S’il évite la grandiloquence qui fait souvent sombrer les meilleurs pitch dans le n’importe quoi, Hill ne sait pourtant pas bien comment se dépatouiller de son histoire dès lors que les Grands anciens débarquent dans son intrigue. Reste les dessins somptueux de Stuart Immonen, qui justifient à eux seuls la lecture de ce (peut-être) one-shot... [...]
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L’immense qualité de cet ouvrage est de donner envie de se replonger dans le texte intégral après avoir été sidéré par la maturité de réflexions (sur elle come sur ses contemporains ) d’une jeune fille qui explose de vie à chaque page. Ce qui rend son destin d’autant plus tragique et émotionnellement profondément touchant.[...]
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On ne compte plus les tentatives d’adaptation et de poursuite fantasmée de l’ouvre de Jules Verne qui impulsa chez nombre d’auteurs l’envie de raconter (et dessiner) des histoires. La grande idée de Mariolle est d’avoir principalement prolongé un roman méconnu de l’auteur du Livre de la Jungle, auquel il a interfacé une suite de l’île mystérieuse. Ainsi il évite les attendus et une familiarité en nous maintenant tout le long de l’album un certain mystère tant sur le personnage de Némo que sur le héros lui-même, découvert en pleine opération. Hormis ceux qui auront lu le livre de Kipling, les lecteurs découvriront ainsi progressivement au fil d’échanges avec ses interlocuteurs (et chasseurs!) qui est ce personnage aux airs d’Indiana Jones mâtiné de Corto Maltese. Sachant maintenir beaucoup de mystère en révélant juste ce qu’il faut pour nous titiller, le scénariste pose une structure quasi-parfaite sur son histoire, se payant le luxe d’une grande variété de décors, d’ambiances et nous abandonne juste quand il faut: sur la découverte du fantastique vaisseau…[...]
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L'intrigue de ce premier tome est assez simple, sa linéarité temporisant l'émergence d'une véritable tension dramatique. Si l'on nous présente rapidement une intéressante galerie de personnages tout à fait identifiables (l'officier froid et martial, l'adjoint rebelle, le médecin idéaliste et ses deux filles, le groupe d'enfants,...), le mystère peine à s'installer malgré quelques visions fantastiques dont nous n'aurons l'explication que dans la conclusion du diptyque. En dévoilant trop (les enfants) ou trop peu (les créatures), Denis-Pierre Filippi semble partir sur un tempo de série longue alors qu'il devra résoudre ce qui a à peine commencé dès le prochain tome. On est du coup un peu sceptique sur les possibilités d'accroche sur le seul volume deux...
Reste une atmosphère feutrée loin de la fureur des tranchées, un monde des rêves que l'on soupçonne au travers de ces quelques visions fantasmagoriques non expliquées et des personnages nombreux qui permettent une avancée rapide et au lecteur de rester au contact en savourant chaque case. Ayant la forme d'un préambule, La dernière ombre ne convainc pas totalement (comme le récent Elecboy) tout en évitant de nous ennuyer, grâce à des dessins superbes, un art du dialogue très pro de Filippi et une once de mystère qui suffit à nous donner envie d'attendre les révélations du prochain opus.[...]
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L’ile entre deux mondes est entre le feel-good album et le contemplatif onirique, de ces créations japonaises qui rappellent la richesse des traditions dans la culture et l’identité d’un peuple schizophrène toujours tiraillé entre une hypermodernité mortifère et un passé animiste proche de Gaïa. Sur des planches sublimes tant par les encrages subtiles que les blancs lumineux l’artiste Asuka Ishii (dotée d’une formation artistique solide et également peintre) s’insère dans une atmosphère proche des films de Naomi Kawase où la spontanéité des relations interpersonnelles tranche avec la rigueur sociale habituelle du Japon et où les ambiances, les odeurs, les sensations priment. Sa maîtrise graphique parvient à nous immerger dans ce paradis insulaire fait de langueur et de communion, elle nous fait ressentir la chaleur du soleil, le bruissement des feuils, toutes ces sensations universelles qui ressurgissent ici des pages du manga. [...]
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Comme attendu, ce tome marque une certaine pause en concluant les multiples combats entamés précédemment et en reprenant l’itinéraire des jeunes héros de cette saga foisonnante. On l’avait déjà constaté, Jay Skwar a une ambition très élevée pour sa série et a tendance à se noyer (et nous avec) dans une intrigue qu’il maintient toujours très cryptique et une ribambelle de personnages que l’on finit par avoir du mal à identifier malgré l’indispensable dramatis personae d’introduction d’album. De même pour une fort jolie carte (conçue par l’auteur d’Albator) pas assez détaillée pour nous assister dans la géographie d’Egregor. L’action continue installée depuis le début permettait de maintenir une accroche, malheureusement lors des pauses on souffre un peu à la lecture de dialogues parfois très « djeun’z » et qui manquent de relecture. Si les dessins restent tout à fait agréables à l’œil et assez lisibles avec des designs toujours réussis, ils ne suffisent pas à compenser une histoire qui peine à s’installer. Du coup on espère la prochaine scène d’action en attendant que les auteurs nous aident à nous attacher un peu à quelques personnages dans ce maelstrom permanent.
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Petit accident dans ce quatrième volume qui passe un peu à côté avec cette histoire de bibliothécaire fou qui entraîne 2/3 de volumes en mode slasher gentillet et pas très intéressant… Cela permet tout de même d’approfondir de futurs antagonistes mais on lit ce volume en baillant et en attendant le retour des beaux dessins et un approfondissement de l’univers des soulsenders. C’est dommage car le volume précédent nous a renseigné sur les capacités martiales d’Alpi… qui seront finalement bien peu utilisées et son caractère qui a muri après le récit de Sersella ne semble pas avoir évolué ici. Cette intrigue un peu simpliste a tout de même le mérite de nous parler des traditions de colportage (que Magus of the Librarian traite plus en profondeur). C’est bien maigre et la quasi-absence d’Esprit divin sur ce tome est fort surprenante quand on se rappelle de la structure assez géométrique des tomes jusqu’ici avec deux esprits à chaque fois. On reprends espoir avec la confirmation d’un groupe désirant la suppression de toute religion en se disant que ce quatrième opus n’était qu’une introduction à un grand arc plus solide…
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L’originalité de ce premier tome est le traitement de la christianisation pour ce peuple attaché aux traditions. L’itinéraire de ce second fils revanchard fait se rejoindre la jalousie familiale et le rejet de la nouvelle religion pacifique. Le scénariste lance des pistes intéressantes sur la sédentarisation et le passage de ce peuple de pilleur à un peuple commerçant, qui sera peut-être développé dans la suite de l’histoire. D’une lecture agréable, ce premier Jylland est donc une plutôt bonne surprise qui parvient à nous intéresser dans un océan d’albums sur les navigateurs de drakkars.[...]
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/05/09/bd-en-vrac-19/
Si la stratégie machiavélique ravira les amateurs, le déroulement de ce tome reste un peu chaotique en ballotant le lecteur qui ne sait pas trop pourquoi on nous présente telle scène et pourquoi tel personnage disparaît soudain. Ce volume manque un peu de continuité, ce qui participe à l’inconfort sans doute recherché. La conclusion anticipée de la série a probablement joué également pour précipiter une fin un peu au milieu du gué qui ne résout vraiment rien. On sort ainsi de ces deux cycles (qu’il vaut mieux voir comme une vraie quadrilogie tant les quatre albums sont liés) vaguement déçu avec l’impression d’avoir participé par une fenêtre à une séquence historique sans début et sans fin. Un peu frustrant même si la qualité de ces albums restent dans le haut du panier en matière de bd médiévale.[...]
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Le récit prend la forme désormais classique du narrateur monastique modèle Le Nome de la rose qui témoigne de la croisade fondamentaliste d’une Église imaginaire mais bien inspirée du pire de notre Histoire. Sous des pinceaux réellement inspirés du jeune ScieTronc (qui avait déjà impressionné sur le premier Boris Vian, déjà scénarisé par Morvan), on en restera donc là après 48 pages où l’on ne fait que découvrir l’univers tout en architectures et contre-plongées visiblement inspiré par les dessins du Piranese (qui donne son nom au héros). C’est beau mais c’est maigre. C’est vraiment dommage car graphiquement l’univers mis en place accroche réellement notre intérêt en s’appuyant peut-être sur le design semi-historique de la série Game of Thrones, mais surtout sur un sens du cadrage qui permet de donner un cachet fou à la plupart des cases. Il n’aurait fallu que quelques séquences de plus pour semer l’envie de découverte au lieu de quoi l’effet retombe un peu comme un soufflet en oubliant l’envie. Difficile donc de se prononcer sur une série pas vraiment commencée. Il faudra donc attendre le second tome pour se faire réellement un avis.[...]
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Il y a d’abord Lanoya et Dolly, belles comme le plomb, semant la mort dans les boui-boui crasseux de l’Amérique trumpiste. John Saint-Pierre verse lui dans la punition des méchants prêtres. Le truc de Superwhiteman c’est la purge des races inférieures. Le Sheriff Nolti enfin, se débat avec la notion de justice… Tout ce beau monde se dirige vers Vegas, cité du péché, pour une réunion… explosive!
Les réjouissances avaient été lancées en 2018 par le génial Il faut flinguer Ramirez (et sa suite). Cette année on passe la quatrième avec un album plus classique mais encore plus déjanté avec le Valhala Hotel de Perna et Bedouel chez Comixburo (distribué par Glénat) qui nous amène à ce Gun crazy.
Si vous avez déjà lu l’un ou l’autre de ces albums (sinon il faut vous dépêcher sous peine d’être blacklisté de ce blog!) vous connaissez la formule: des filles (lesbiennes si possible), des flingues (des gros et en grand nombre), des chicanos/nazis/rednecks au choix, une grosse dose d’humour troisième degré matinée de gore et d’explosions thermonucléaires (dans ces univers issu du ciné B la moindre balle provoque une déflagration de 15 pétajoules minimum) et une grosse louche de mauvais goût tendant vers l’immoral… [...]
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Ces Premières armes sont des histoires solo présentant les premières missions de l’agent Nävis et dont le mérite premier est de permettre un retour du virtuose Pierre-Mony Chan, tellement apprécié sur l’excellente série Cross fire. Ce second opus se situe dans l’univers des pirates de l’espace et s’adresse clairement à un public Young adult avec une jeune Nävis invincible, directe, irrespectueuse, bien décidée à régler cette affaire qui lui fait perdre son temps… C’est donc bien sur les planches que vous allez baver devant une technique et un design parfaits du dessinateur qui semble se régaler en proposant des cases d’une minutie… encore améliorée par la colorisation sublime d’Alice Picard. L’attelage des deux auteurs est clairement une pépite graphique derrière laquelle se range le vétéran Morvan sur des textes un peu (trop) bavards et langage d’jeunz. [...]
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Ce volume est très orienté action puisqu’il consiste en une chasse (très prenante) de la blondasse transformée en serveur biologique des données cryptées du machiavel Dario Fulci par la tueuse Thundercat… Sous la protection de Vlad qui s’en prend plein la poire sans ses nanomachines, on traverse l’Europe, on bave devant les joujou techno de la tueuse et on réfléchit (quand-même) aux implications des manipulations génétiques qui ont abouti à la création de véritables créatures fantastiques (Centaures entre autres!) dans un univers SF. On pourra tiquer, les lecteurs de la série Carmen ne seront pas surpris, mais il reste que Travis est toujours une valeur sure de l’anticipation grand public et un vrai bon plaisir de BD! Ce cycle s’avère plutôt bon et on a hâte de lire la suite! [...]
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Drakoo alterne entre les très bonnes surprises issues des collaborations avec des auteurs de romans reconnus et des séries à la qualité et à l’originalité plus discutables dans le sillage du grand manitou Arleston. Teleportation inc. me faisait plutôt envie au vu des premières planches et du pitch qui proposait une idée assez novatrice, celle d’agent de récupération d’usagers de téléporteurs en fuite. Après lecture, si les dessins sont plutôt rigolo et efficaces malgré un aspect un peu plat (… ce qui n’avait pas empêché le Warship Jolly Rogers de Miki Montllo d’être une superbe série) et des des décors vides, c’est surtout sur le déroulé de l’intrigue que ça coince avec une enquête à laquelle on a du mal à accrocher du fait d’ellipses et d’une narration assez erratiques. Si l’humour et l’action sont au rendez-vous, les auteurs ne nous donnent pas franchement les clés pour suivre les séquences qui s’enchaînent sans qu’on comprenne bien de quoi il retourne. On finit la lecture un peu frustré avec l’impression d’une lecture-consommation. Laissons une chance au tome deux qui arrive très vite (au mois d’août prochain) et qui pourra peut-être donner une cohérence à l’ensemble.
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Si la couverture reflète très bien ce one-shot de SF « temporelle » (genre que j’adore, au même titre que Brane Zéro, Unité Z ou Alter), présentant les cinq « enfants » mutants, un ton gris bien froid qui habille toutes les cent pages du volume, et la grosse bébête… elle en résume aussi les limites comme pas mal de blockbusters ciné qui mettent tout dans leur affiche. Bon public, j’ai beaucoup aimé le trait épuré mais précis de Clarke qui rappelle les bonnes SF Delcourt des années 2000 (la seule première page montre la maîtrise technique du dessinateur sur les éléments mécaniques et architecturaux) et n’ai pas souffert d’une certaine monotonie des décors de destruction du fait de cadrages serrés provoquant le huis-clos et mettant en valeur des encrages profonds très chouettes. Les quelques séquences d’action pas du tout centrales donnent une respiration à une narration construite sur le mystère constant, la technique scientifique et les allusions cryptiques des scientifiques. Les codes du récit conspirationniste sont maîtrisés et le tout est heureusement porté par un art des dialogues tout à fait percutant. Et bien tout ça semble bien sympa vous dites vous! Oui, avec les limites inhérentes au genre et au format. Tout le monde n’est pas Bajram et à ma connaissance hormis quelques adaptations de romans SF magistraux, UW1 reste une singularité dans un genre qui exige une maîtrise scientifique et scénaristique très élevée. Comme les volumes cités plus haut Akkad jouit des mêmes atouts pour qui aime les concepts SF sophistiqués mais aussi des mêmes manques à savoir une conclusion frustrante qui fait tirer la moue devant le nombre de questions laissées en suspens et quelques facilités dans la résolution d’une intrigue par définition compliquée. Reste pourtant une réalisation sans faute, élégante, rythmée, fort alléchante et assez lisible qui titille suffisamment notre envie d’énigmes spatio-temporelles.
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Ce troisième tome (en six mois) reprend au milieu de l’affrontement contre l’esprit divin de la foudre rencontré au tome précédent. La confrontation entre la jeune Alpi et l’expérimentée Sersela fait beaucoup évoluer la maturité de l’héroïne dans sa compréhension du rôle des Soul senders et l’équilibre écologique entre humains et forces de la nature. Ce volume se concentre sur la jeunesse de Sersela et le récit de sa rencontre déterminante avec les parents d’Alpi (un gros flashback donc) avant de voir cette dernière se rendre dans la Cité-bibliothèque (tiens, on retrouve des éléments de l’Atelier des sorciers et de Magus of the librarian et ce n’est pas pour me déplaire!) pour retrouver leur trace… On reste ici sur la base de deux esprits purgés comme dans chaque volume), avec toujours les superbes dessins sous la jaquette et dans les pages intérieures qui restent un ravissement sur chaque page. Un peu d’action point également alors qu’on découvre les capacités martiales de la jeune fille. La série commence à prendre son rythme avec la densification de la personnalité de l’héroïne et l’apparition de personnages secondaires qui font avancer l’intrigue. Manque encore peut-être un grand antagoniste pour ajouter du drame à tout cela (… qui est peut-être justement sur le point d’apparaître) pour achever de faire de cette série un must-read.
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Série qui me faisait très envie de par le sujet (la peinture et son apprentissage) et une superbe couverture, je remercie Pika pour ce nouveau partenariat qui me permet de découvrir un album qui a énormément fait parler de lui sur les réseaux sociaux à sa sortie et qui a raflé plusieurs prix importants au Japon. Et pour cause puisque cette introduction est tout à fait prenante en plus d’être (surprise pour moi) tout à fait pédagogique. Sur des dessins assez épurés au trait fin que j’attendais un peu plus impressionnants, l’auteur nous surprend d’entrée de jeu en brisant le modèle du manga de lycée avec un héros qui n’est non pas introverti mais plutôt la star du lycée, beau, brillant dans toutes les matières, parfaitement socialisé et curieux qui plus est. Le gendre idéal! Mine de rien ça change des habitudes et attise tout de suite l’intérêt en posant un récit très positif qui cherche plus à creuser la naissance d’une passion que d’appuyer le pathos. Le récit nous perturbe également en proposant un personnage de travesti qui semble parfaitement inséré dans son milieu, si bien qu’on doute tout le long d’avoir bien compris qu’il s’agit d’un garçon à l’apparence d’une fille. Dans un Japon aux codes conservateurs on se surprend à tiquer avec nos codes occidentaux sur cette normalité inhabituelle… De façon très posée, simple, le héros va donc d’abord découvrir les émotions graphiques puis le club d’arts plastiques où une professeur passionnante va délicatement lui ouvrir l’esprit, ce qui va éveiller en lui la possibilité de s’inscrire dans une université de beaux-arts alors que la voie lui était tracée vers une école d’élite scientifique. Cela permet de jolis passages de vulgarisation qui parlera aux amateurs de manga en les titillant sur leur consommation qui pourrait déboucher sur de la création, pour peu qu’ils aient envie de s’entraîner sur des techniques simples mais qui nécessite un travail comme toute autre discipline. Une très belle introduction, très maîtrisée, qui a tout dans sa besace pour devenir une grande série.
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Classée en Shonen par l’éditeur, Elio le fugitif m’a vaguement déçu sur cette introduction, qui a néanmoins le mérite de ne pas perdre de temps (la vertu des séries courtes) puisque dès les toutes premières pages on découvre le héros, adolescent ayant grandit en prison pour le meurtre de son frère, gagner sa liberté en remportant son millième combat contre d’autres détenus. On comprend donc immédiatement que ce frêle jeune homme est doté de facultés martiales exceptionnelles qui lui permettent de rivaliser avec n’importe quel bretteur dans cette Castille du XIV° siècle. Très vite il va rencontrer une autres victime d’accusation abusive, une jeune noble qu’il sauve de l’échafaud. Commence donc une fuite dans le désert rigoureux de la Castille, d’abord pourchassés par les gardes puis par de redoutables assassins révélant un complot contre la jeune fille. Il s’agit donc d’une histoire plaçant un super-combattant au coeur d’une intrigue plus grande que lui et qui va devoir bien évidemment dépasser son égoïsme survivaliste pour la protection des plus faibles. Schéma classique du Ronin transposé en Castille médiévale. Graphiquement c’est assez correcte, notamment lors des combats. Ca ne défrise pas les mirettes mais la bonne gestion du cadrage, très serré, permet de ne pas avoir à se préoccuper de décors un peu pauvres. Je disais que j’en attendais plus car le contexte historique est vraiment très décoratif et n’apporte à peu près rien à l’intrigue et si l’album se lit sans ennui il reste très orienté action et ne révolutionne en rien le genre déjà rempli de pléthore de récits pseudo-historiques. Attendons la suite…
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Ce long récit se laisse très bien lire et apprécier dans tout son classicisme, sa radicalité bestiale et ses encrages en atténuant les aspects les plus datés du matériau originel. Le graphisme de Stevan Subic est brut, claque sèchement avec un encrage épais et massif qui suggère les décors et les formes. On se plait à (re)découvrir l’histoire originale qui a depuis tellement été adaptée, en se disant, comme pour Lovecraft et d’autres auteurs de l’époque, que les clichés qui leur sont attachés sont souvent plus issus des réinventions que des sources étonnamment adultes et évocatrices.[...]
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C’est souvent le tome deux qui déçoit après des entames tonitruantes… c’est l’inverse ici après un premier volume dont l’intrigue m’avait laissé mitigé. Car les reproches faits disparaissent ici dans un album qui assume enfin le côté totalement gore et action débridée… qui est quand-même ce pourquoi on est là! La coloration arthurienne reste donc dans l’Outremonde avec un Arthur toujours aussi benêt ; si l’on attendait peut-être Merlin (au design tout aussi réussi que ses comparses de la Geste de Camelot) un peu plus présent et central, le prix du méchant le plus charismatique revient à Beowulf, le légendaire guerrier conté dans un poème épique du premier millénaire de notre ère et dont le combat contre le démon Grendel donne le prétexte au scénario de ce tome. Car maintenant que la problématique (qu’on oublie assez vite) et les personnages sont posés, place à la baston avec une mamy Bridgette toujours aussi bavarde et maîtresse dans le lattage de cul d’entité maléfique.[...]
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SI on peut dire que ce premier tome n’esquisse qu’un début d’histoire, il ouvre suffisamment de portes passionnantes pour nous entraîner, malgré un dessin très marqué jeunesse et peut-être moins grand-public que celui d’Alice, dans une grande aventure qui se paie le luxe d’aller très vite tout en développant énormément d’éléments de l’univers partagé. Pour le moment pas de véritable croisement à prévoir avec le Château des Étoiles mais une grande aventure steampunk mélangeant bonnes idées et concept rétro volontairement datés comme ces dinosaures vénusiens. Les parallèles entre le Second empire et ce monde futuriste sont très imaginatifs et justifieraient sans doute d’autres spin-off ou même un film, qui ne serait guère étonnant quand on connaît la popularité de la série, les projets avortés d’Alice dans l’Animation et donc le style d’Etienne Jung qui donne l’impression de voir l’adaptation album d’un long métrage d’animation.
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A la fois moins ambitieuse mais abordant le cœur du mythe Cthulien, Celui qui hantait les ténèbres propose une magnifique introduction à Lovecraft, courte, facile de lecture et terriblement prenante. Et comme chaque fois l’on a envie juste derrière d’aller piocher à la bibliothèque l’intégrale des écrits du maître de Providence…
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Ce récit classique a la première qualité de justifier pleinement sa très volumineuse pagination qui permet, comme dans une grande fresque cinéma (les auteurs ont des attaches avec le monde du septième art, tiens tiens…) de prendre le temps de l’Histoire et d’une vie entière. Si certaines révélations sont attendues, la mise en scène reste très bien tenue, sachant imperceptiblement glisser de la tendresse pour ce pauvre homme et nous impliquer dans un récit plutôt tragique, vaguement dépressif, mais qui sait amener par le dessin comme par les dialogues la part de dérision qui procure la légèreté de mise, comme une note de piano.
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La Ballade de Ran est la seconde création de Yusuke Osawa et propose une courte et sympathique histoire évidemment inspirée par le monument Berserk. Si le trait assez précis de l’auteur s’inscrit dans l’école Miura, le format (deux tomes avec une sacrée différence de pagination entre les deux volumes) et le ton adopté se rapprochent plutôt du Shonen, même si l’aspect monstrueux des démons cible un public plutôt adolescent. Le récit nous narre la chasse aux créatures démoniaques (les Karma) du meilleur des Exterminateurs. Résolument timide et inadapté socialement, il est suivi par une jeune menestrelle décidée à devenir célèbre en contant ses aventures. Au fil d’affrontements (qui rappellent par moment le joli Alpi de par l’absorption de la Souillure maléfique par l’exterminateur) grands format il va rencontrer différents guerriers qui montreront que l’union fait la force contre un mystérieux manipulateur de démons qui s’avère relié à Ran…
L’aspect Dark fantasy est assumé mais est plaisant en évitant les aspects les plus malsains du genre. Le design général est franchement réussi avec des monstres bien cracra et énormes qui procurent des combats épiques très lisibles. La personnalité du héros le laisse paradoxalement un peu en retrait et il faudra plutôt chercher la complexité dans le passé du personnage et sa relation au méchant. Dans un format court l’auteur parvient à développer un univers solide avec une galerie de personnage que l’on aurait plaisir à retrouver, bien que l’histoire se termine a priori définitivement. Manga bref à l’ambition modeste, La ballade de Ran permet à de jeunes lecteurs de se frotter sans mal à un genre particulier et assume une structure simple où l’aspect Geste chevaleresque et l’équilibre général permettent un agréable moment de lecture.
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Dans la continuité directe du précédent opus ce volume continue sur l’action effrénée avec le passage à l’attaque de la très sexy et très dévêtue androïde Alma qui a désormais recouvré son autonomie. Pour la bataille finale l’auteur évacue tous les faibles humains pour lancer un affrontement épique entre Alma, Soma réfugié dans son cyborg détenteur de deux ex-arm et le fameux Ogre, coquille de combat à la pointe de l’armement, piloté par Akira. Il faudra bien tout cela pour confronter le redoutable Beta (dont l’identité n’a pas encore été dévoilée) dont la puissance absorbe tous les éléments mécaniques à proximité dans une redite du final d’Akira, le monument de Katsuhiro Otomo, en une citation à peine voilée. Alors qu’il ne reste plus que deux volumes pour conclure la série, on savoure toujours autant les planches grand luxe et les grandes références assumées. Si les auteurs auraient clairement pu éliminer un certain nombre de dialogues bouche-trou dans ce final entièrement dédié aux combats, on ne boude pas son plaisir, en attendant l’Anime…
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A cheval entre le récit mystique jodorowskyen/Druillet et la chevauchée badass de deux space-girls, le premier volume de Decorum nous laisse dans l’expectative d’un liant qui permettra de donner du sens à tout ceci. Ébahi par une beauté graphique certaine, on attend de voir si l’expérimenté Jonathan Hickman s’est oublié dans les délires de son comparse ou s’il compte au dernier moment nous confier les clés d’un univers fascinant…
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2021/03/17/decorum-1/
Très bien dessiné, d’une sophistication qui en laissera plus d’un sur le carreau, House of X/Powers of X est un projet de commande aussi ambitieux qu’industriel. En apportant des concepts motivants, il propose un roller-coaster temporel qui peut plaire mais s’adressera avant tout aux habitués de l’univers mutant et ceux qui envisagent sérieusement de continuer l’aventure sur les publications suivantes. Pour les autres il vaudra mieux se reporter sur des publications plus anciennes et plus accessibles.[...]
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