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Être pilote dans l’Aéropostale, quel métier merveilleux ! Franchir la Cordillère des Andes, par exemple. Tempêtes de neige, bourrasques, pluie, brumes… Il paraît qu’il faut être très courageux pour voler dans de telles conditions. Courageux ? Cinglé semble un terme bien plus approprié…
Critique :
Que vivent les intégrales ! Celle-ci reprend les deux tomes de « Au-delà des nuages ». Une magnifique histoire, complètement imaginaire, qui démarre avec un de ces pilotes tarés qui prenaient des risques insensés pour transporter le courrier sur des coucous peu fiables, dotés de très peu d’instruments et volant dans des contrées quasi inconnues. Histoire imaginaire, certes, mais qui retranscrit bien l’atmosphère de cette époque dans le monde des fous de l’aviation. Notre héros est un Français : Pierre Lucas-Ferron. Il connaît une mésaventure peu commune avec son coucou qui tombe en panne et s’écrase au sol dans une chaîne de montagnes, que, sans exagérer, on peut qualifier de très inhospitalière. Il est secouru par un autre pilote, Allan, un Américain, dans des conditions rocambolesques. Les deux hommes vont devenir amis malgré les distances qui les séparent.
Pierre a une fiancée, une très jolie starlette qui rêve de se voir en tête d’affiche au cinéma. Si je vous dis que les deux hommes seront épris de la même femme serez-vous surpris ?
Les années passent et il arrive aux deux pilotes de s’affronter dans des courses d’avions. Pierre va connaître une mésaventure qui va bouleverser sa vie à une époque juste avant qu’un vilain quart de moustachu, moche comme pas deux, embrase l’Europe. Les deux pilotes vont à nouveau voir leurs routes se croiser…
Le scénario de Régis Hautière n’a d’historique que le contexte. Ne cherchez pas ses deux héros et la charmante Marie dans Wikipédia ou ailleurs. L’atmosphère de cette période d’entre-deux-guerres est admirablement rendue, de même que les émotions que vivent les pilotes de chasse durant la Seconde Guerre mondiale, où leur espérance de vie était… disons… assez courte. Le tout est formidablement mis en images par Romain Hugault qui nous sert des coucous plus vrais que vrais. Les décors sont splendides. Seul bémol, les visages des personnages qui laissent par moments un peu à désirer.
Le dessinateur nous donne à voir des avions qui sont des raretés, plus beaux les uns que les autres.
Voilà qui devrait intéresser les passionnés d’aviation, mais pas que ! Ceux et celles que les romances intéressent y trouveront sans doute leur compte même si celle-ci est très convenue et qu’on la sent venir de très loin.
50 Av. J.-C.
Quand César veut quelque chose, il s’en donne les moyens. Et que veut le grand César ? Un griffon ! Créature mythique qu’aucun Romain n’a jamais aperçue, et pour cause, on ne trouverait cet animal mi-aigle, mi-lion, avec des oreilles de cheval, que chez les Sarmates, en plein Barbaricum (le nom dit bien ce qu’il veut dire). Qu’à cela ne tienne ! Une expédition est organisée avec le savant Terrinconnus pour la guider (la tête de ce savant vous dira peut-être quelque chose). Il faut dire que les Romains disposent d’un atout exceptionnel, une prisonnière Sarmate, une Amazone pour être précis. Ils lui proposent de les guider jusqu’au griffon en échange de sa liberté. Le belle, fière et courageuse, refuse mais Terrinconnus interprète très librement ses propos.
Des mois plus tard, nous retrouvons un quatuor gaulois bien connu dans les steppes glacées recouvertes de brouillard que pas un bruit ne vient troubler… Ou presque… Le druide Panoramix est en bien mauvaise condition et ses éternuements déchirent le silence. Nos amis ont répondu à l’appel du shaman Cékankondine. Son tambour sacré lui a fait savoir qu’un grand nombre de Romains se dirigeraient vers le territoire de son peuple pour lui dérober le griffon, son animal sacré…
Critique :
A l’heure de #metoo, quoi de plus normal que d’avoir des guerrières sans peur et sans reproche qui s’en vont guerroyer pendant que les hommes restent pour s’occuper du home, sweet home ? C’est le cas chez les Sarmates dans cet épisode d’Astérix où, comme du temps de Goscinny, les jeux de mots, les allusions à l’actualité et à l’histoire foisonnent, sans oublier les noms des personnages (dont toute ressemblance physique avec des personnalités connues vivantes, ou un peu moins, est voulue).
En ces années d’après l’ère Trump, vous ne vous étonnerez ni du nom, ni du comportement d’un légionnaire du nom de Fakenius…
Un très bon cru qui ferait presque oublier qu’Uderzo et Goscinny nous ont quittés.
NB : La version « de luxe » de cet album est à un format nettement plus grand (268 x 371 mm) que celui des albums classiques. Elle comprend 128 pages, à savoir, en plus de la bande dessinée en couleurs, la reproduction des planches au crayon et les « coulisses de la création ». Dans celles-ci, une planche couleur qui annonce l’histoire que vous trouvez dans le 39e album. De nombreuses esquisses agrémentent ces pages. Vous en saurez plus aussi sur les shamans, les Amazones et bien d’autres choses. Un vrai parcours culturel.
Inverness. Décembre 1715.
Le général anglais Wade se déleste de son prisonnier dont personne ne doit voir le visage avant de se mettre en route pour Glenscone. En cours de route, il tombe dans une embuscade…
Les Ecossais ayant survécu à la bataille sont bien mal en point. Peu de vivres, quasi pas de munitions, obligés de se tapir dans les forêts, ils vivent avec le sentiment d’avoir été trahis par l’un des leurs, les Anglais semblant avoir été particulièrement bien informés…
Critique :
Ce que je déteste par-dessus tout dans une série, c’est qu’elle reste inachevée, raison pour laquelle, ces dernières années, je n’achète pratiquement plus que des intégrales ou des albums dont le récit s’achève à la dernière page. Voici donc une série dont j’ai attendu la fin avant d’en entreprendre la lecture. Ne voyant rien venir, plus d’une dizaine d’années après l’avoir acquise, je me suis enfin décidé à en entamer la lecture. Il va de soi que je ne recommande pas l’achat d’une série inachevée et qui le restera.
Août 1715. Baie de Cromarty, nord-est des Highlands. Ecosse.
Le duc de Mar est attendu avec impatience. Le bateau qui l’amène de France a à peine accosté que le duc est entraîné par MacKenzie pour une réunion qui doit décider du sort de l’Ecosse. L’heure de la révolte a sonné. Il ne manque plus que le roi Stuart III, toujours réfugié en France, le pays qui soutient la révolte écossaise.
Deux mois plus tard, c’est au deuxième fils MacKenzie de rentrer au pays. Gordon y retrouve Flora, son amour de jeunesse. Enfants, les deux jeunes gens s’étaient promis l’un à l’autre… Mais Flora s’apprête à épouser le frère aîné de Gordon…
Critique :
Voilà une histoire plutôt originale puisqu’elle nous entraîne en Ecosse au moment où l’une des dernières révoltes des Ecossais (si pas la dernière) se prépare. Cependant, elle ne nous narre pas que les préparatifs de la bataille à venir. Elle nous plonge aussi dans les tourments amoureux du jeune Gordon qui se sent trahi à l’annonce du mariage de son frère aîné avec l’élue de son cœur.
La haine entre clans écossais est très présente. L’histoire est manichéenne. Les méchants font ami-ami avec les Anglais et les gentils se battent pour le retour du roi « légitime » (je ne suis pas certain qu’un roi soit « légitime »).
Les trahisons sont au rendez-vous, de même que l’inaptitude au commandement. La noblesse n’est pas forcément un gage de compétence militaire.
La qualité du dessin est correcte mais sans plus. Quant au scénario, si la trame de fond est intéressante, le traitement laisse à désirer. Le lien entre les divers événements n’est pas toujours très clair donnant l’impression que l’on saute parfois des chapitres.
1602. Espagne.
Un moine franciscain sentant sa dernière heure venir se met à écrire ses souvenirs de jeunesse.
1538. Rome. Le pape envoie le jeune moine Marcos en mission au Mexique, conquis depuis peu par Cortès. Le pape est convaincu que seuls ceux qui parleront avec amour aux Indiens obtiendront des conversions auprès des dits Indiens. L’empereur Charles Quint a eu l’intelligence de nommer comme vice-roi, Antonio de Mendoza. Un homme aux talents diplomatiques sûrs qui gère avec intelligence la Nouvelle-Espagne.
Lorsque notre bon Franciscain débarque dans la ville de Mexico, il y rencontre un inquisiteur qui voit des hérétiques partout et qui ne jure que par les bûchers… Justement, il veut voir rôtir un conquistador noir qui refuse d’abjurer sa foi en l’islam… Un conquistador, ancien esclave, formé au maniement de l’épée par Nuño Beltrán de Guzmán, grand noble espagnol, qui se prépare à épouser, contre son gré à elle, la fille de l’empereur Moctezuma, Isabel…
Critique :
Les dessins sont d’un classicisme dépassé par ce qui se fait de nos jours, la mise en couleur n’a rien d’extraordinaire. Voilà, c’est dit ! La couverture de très grande qualité est trompeuse…
Passons au scénario… Mouais… Je n’apprécie pas trop les bandes dessinées « historiques » lorsqu’elles prennent beaucoup de libertés sans qu’il ne soit mentionné qu’il s’agit d’une uchronie. Oh ! Eh ! On se calme ! J’en vois qui sont prêts à me crucifier ou à me faire rôtir sur le bûcher. Bande d’inquisiteurs à la petite semaine !
Les personnages laissent entendre qu’Antonio de Mendoza, vice-roi s’il vous plaît, est un juif originaire de Grenade… Allons ! Un peu de sérieux ! Antonio de Mendoza appartenait à une famille de zélés serviteurs de l’état appartenant à la noblesse. Il est effectivement né à Grenade… en 1495, soit trois ans après la chute de la ville tombée aux mains des Espagnols. Peut-on imaginer un instant, l’empereur Charles Quint nommer comme vice-roi un juif, fut-il issu d’une famille convertie de fraîche date !
Dans l’histoire, l’horrible Guzmán s’apprête à épouser, contre son gré, Isabel, fille de Moctezuma. Sauf que le « charmant » Guzmán, dans la réalité historique, a été condamné par le vice-roi Antonio de Mendoza et, accusé de corruption et mauvais traitements infligés aux indigènes, Guzmán fut envoyé et emprisonné en Castille en 1538. Dès lors, le récit perd toute crédibilité historique (vous comprendrez pourquoi à la fin du deuxième album).
Autre point, je n’ai pas fini de tirer sur l’ambulance, Isabel, la fille de Moctezuma, héroïne de cette histoire, avait épousé successivement trois empereurs aztèques : « Elle était l'épouse des empereurs aztèques Atlixcatzin, Cuitlahuac et Cuauhtemoc et en tant que telle la dernière impératrice aztèque. » (Merci Wikipédia.)
Elle a ensuite été violée par le « gentilhomme » Cortes, vainqueur des Aztèques. Elle donna naissance à une fille, Leonor Cortés Moctezuma. Elle épousa trois Espagnols (pas tous en même temps), et fut veuve cinq fois… On est très loin de l’Isabel de ce récit…
Encore un dernier point, et puis je laisse la carcasse fumante de l’ambulance se consumer en paix : difficile de croire que l’infâme Guzmán ait formé à l’escrime un esclave noir et musulman pour en faire un compagnon.
Bref ! Si vous décidez de lire cette bande dessinée, ne croyez pas un mot de son caractère « historique » car vous serez complètement bernés. Abordez-la comme une uchronie et vous l’apprécierez peut-être. Moi, je n’ai pas pu.
Afrique du Sud. Une vingtaine d’années après l’apartheid.
L’apartheid, c’est terminé ! Vive la société « Arc-en-Ciel » voulue par Neldon Mendela !
Mouais. Trop beau pour être vrai. Les blancs continuent de posséder la majorité des terres. La loi sur la redistribution pourrait à son tour créer de nouveaux problèmes car, aussi généreuse soit-elle sur papier, dans la réalité, il manque un certain savoir-faire aux bénéficiaires.
Dans ce contexte très houleux au parlement, d’autres problèmes viennent se greffer. Dans la ferme des Pienaar, Afrikaners pure souche, les ennuis se succèdent pour ces producteurs de vin. Après la grêle qui a massacré les feuilles de vigne, la sécheresse ! Les ouvriers noirs, très mécontents de leur sort, exigent une augmentation de salaire. Pour ne rien arranger, un bébé disparaît dans une petite ferme toute proche. Ah, encore un détail, enfin… Un peu plus qu’un détail… Un ouvrier de l’exploitation vinicole est trouvé mort au pied du tracteur qu’il conduisait après, apparemment, s’être battu.
C’est dans ce contexte qu’une tête brûlée, l’inspecteur Shane Shepperd de la police du Cap est chargé de l’enquête à propos du meurtre. C’est ce même inspecteur qui couche avec la fille d’un célèbre politicien « colored », fille qui n’est autre que la maîtresse du leader afrikaner d’extrême-droite qui est le principal opposant politique du papa de la sublime demoiselle… Vous voyez l’imbroglio ?
Dans le pays, une espèce de bande armée terrorise les petites fermes des blancs en y mettant le feu. Ambiance de guerre civile garantie !
De plus en plus de Sud-Africains noirs se tournent vers les sangomas pour se soigner de maladies telles que le SIDA. Pas les sangomas, soigneurs sortis des universités, nooon ! Les sangomas à l’ancienne… Plutôt le genre sorcier avec des rites magiques assez… Heu…
Une ambiance qui donne clairement envie d’aller passer ses vacances au Cap, non ?
Critique :
Une BD avec un scénario de polar noir de noir (pas parce qu’il se passe en Afrique). Des bandes armées, des terroristes, de la haine à profusion, de la misère et encore de la misère ! Vous n’en voulez plus ? Tant pis, je vous en remets une couche ! Du sexe (un peu, on devine plus qu’on ne voit). Des problèmes sociaux et politiques.
Cette bande dessinée est grandiose par la qualité de son scénario, bravo Caryl Férey, de son dessin, louanges à toi, Corentin Rouge, et de sa mise en couleur, bénis soient Corentin Rouge et Alexandre Boucq !
Une bande dessinée dans une partie du monde à laquelle nous, Français, Belges, Luxembourgeois, Suisses et Canadiens ne sommes pas du tout habitués et qui nous restitue une partie de l’ambiance qui règne dans un pays où il y a des coins extrêmement dangereux.
Sachez encore que notre vaillant inspecteur va se voir doter d’une coéquipière de poids qui est là pour tenter de l’empêcher de faire trop de bêtises. On se retrouve avec un couple à la Laurel & Hardy, mais qui n’est pas là pour rigoler, même s’il y a de nombreuses touches d’humour.
Petit aperçu en vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=CJYf2TESfaY
Yoni rêve de construire un golem de combat. Les golems ont sauvé l’empire Dunn lors de la guerre des goules, mais une fois la paix revenue, leur rôle se limite à des affrontements dans les arènes pour le plus grand profit du propriétaire vainqueur.
La maman de Yoni est gravement malade. Il ne comprend pas pourquoi son père, réputé être un des plus grands runistes, continue à fabriquer des golems fermiers qui ne rapportent rien. Avec l’aide de son grand-père, qui n’est pas son grand-père, mais bien le mage qui a formé son père, Yoni s’est lancé dans la conception d’un petit golem de combat. Son rêve est de concevoir celui qui sera invincible dans l’arène afin de pouvoir acheter les plantes qui guériraient sa maman et qui coûtent une fortune. Un soir, alors qu’il se trouve chez « son grand-père », il voit le ciel s’illuminer d’une lueur orangée : le village où habite sa famille est la proie des flammes. Quand il arrive sur place, tout est détruit et les habitants tués par des golems de combat…
Critique :
Certaines critiques négatives ont considérablement retardé ma lecture de cette bande dessinée. Les ayant quelque peu oubliées, je me suis dit qu’il serait peut-être temps de lire ce 6e album de la série des mages alors que le 7e est déjà paru.
Verdict ?
Il tranche avec les autres tomes de la série. On aurait pu s’attendre à une suite du deuxième… Pas du tout ! Nous nous retrouvons avec de nouveaux personnages dans un nouveau lieu. Une histoire de vengeance voulue par un enfant suite à l’assassinat de ses parents et des habitants de son village sur ordre du crapuleux seigneur de la région.
Le style de dessin des personnages est semi-réaliste et paraîtra sûrement caricatural à outrance pour ceux qui ont des goûts très classiques. J’ai beaucoup aimé les dessins de Giovanni Lorusso et la merveilleuse mise en couleurs d’Elodie Jacquemoire.
Un album qui ne fera pas l’unanimité mais que j’ai beaucoup apprécié.
Jésus, tout là-haut, s’ennuie. Zach, un petit garçon, le sait bien, c’est pourquoi, de temps en temps, il prend une échelle et l’appuie contre un nuage permettant ainsi à Jésus de descendre sur Terre et de s’amuser avec lui… Mettez-vous un instant à sa place, celle de Jésus : des hommes l’ont placé sur une croix, et depuis 2000 ans l’y ont laissé. Avouez qu’il y a mieux comme Paradis ! Heureusement, grâce à l’échelle de Zach, Jésus revient sur terre…
Dans un premier temps, les adultes, curé en tête sont incrédules, d’autant qu’ils voient un petit garçon et non un adulte barbu portant les stigmates de la crucifixion…
Critique :
Pas foncièrement drôle, ce roman graphique est davantage porté vers la philosophie et le questionnement. Jésus est-il un sauveur ou est-il là pour proposer un chemin que suivent ceux qui le désirent ? La déception de certains croyants est évidente tant le comportement de ce Jésus redevenu enfant est loin de ce qui leur a été enseigné. Où est passé le « J’ai souffert pour vous sur la croix » ?
Avec ce Jésus, ni prêche, ni sermon, mais un jeu d’enfant… Embêtant pour des gens qui attendaient un guide qui leur dise comment se comporter !
Le plus grand des paradoxes n’est-il pas d’avoir fait de l’amour de Dieu la plus grande crainte ? Comment être crédible si l’on ne propose pas une vie de sacrifices, prônée depuis des siècles par la plupart des religions ?
Les dessins très expressifs et caricaturaux à souhait sont amusants. L’intérêt que vous porterez à cet ouvrage dépendra en grande partie de votre goût pour les réflexions philosophiques.
Après avoir quitté un Eden souterrain au sommet d’une montagne, un univers peuplé de phallocrates, Zanoo, qui a volé le trésor constitué des meilleurs gènes d’Eden, négocie son admission dans la cité Mong, un Eden céleste composé de montgolfières. Le poids y est strictement contrôlé car tout gramme nécessite une dépense d’énergie. Eden n’est pas seule. Elle est accompagnée de Nostromo rencontré dans l’Eden souterrain et qui veut se rendre utile. Zanoo est aussi habitée par l’esprit de Réno.
L’Eden céleste est dirigée par un matriarcat, véritable dictature, menée par trois femmes, les Trois Mères. Les hommes y sont dominés et subissent une sorte de castration chimique qui les rend dociles, obéissants, et leur enlève toute ardeur sexuelle.
Vu l’importance que revêt le poids, les Mères veulent faire perdre à la superbe Zanoo du poids. Selon leurs critères, Zanoo est obèse ! Zanoo va-t-elle accepter liposucions, se laisser coudre l’estomac, une double mastectomie, et j’en passe ?
Critique :
François Maret nous propose un univers original. Ses dessins fourmillent de détails (il dessine merveilleusement)… Et pourtant, je n’accroche pas à cette histoire…
Prélude :
Catastrophes climatiques, guerres, armes chimiques et bactériologiques s’abattirent comme la peste sur la planète, non seulement sur les troupes ennemies mais aussi sur les foules en colère.
Pour échapper aux virus, il fallut monter en altitude. Grâce au froid, les virus sont moins actifs. Les puissants bâtirent en secret l’Arche d’Eden pour abriter les meilleurs des meilleurs. Hélas, ils durent revêtir des combinaisons proches des scaphandres et pas question de se toucher la peau. Cela fait vingt générations que la population vit ainsi avec un brassage des gênes bien trop faible. La rébellion voudrait ouvrir Eden au monde extérieur mais ce n’est pas du goût des dirigeants.
Arrivée de Zanoo :
Zanoo est une jeune femme sexy en diable avec des gênes d’une pureté extraordinaire. Elle vient de l’extérieur, là où pullulent des pollutions de toutes sortes. Elle est là pour permettre à la race humaine de se régénérer (à l’insu de son plein gré). Elle est supposée recevoir des implants mémoriels, sans qu’elle ne soit avisée des conséquence, implants qui doivent déterminer sa personnalité issue d’une femme du passé. Mais, Réno, un membre secret de la rébellion décide qu’il en sera autrement…
Critique :
Encore un livre sur un monde postapocalyptique, me direz-vous ! Oui ! Mais celui-ci est traité avec humour. Un humour qui devient un peu lassant car tournant toujours autour du sexe. Il est vrai que Zanoo est sexy en diable et que les pauvres diables qui vivent dans l’Arche éprouvent certains manques… Mais c’est un peu juste pour susciter vraiment l’intérêt même si on sent bien que c’est un album d’introduction à de nouvelles aventures.
Au fait, où sont les femmes ? Ouille ! La réponse ne va pas plaire, alors, comme je suis un peu lâche, je vous dirais qu’elles sont bien présentes dans l’aventure, mais que… (Trou de mémoire ! Cela arrive même aux meilleurs…)
Les dessins de François Maret, tout en rondeurs, sont très réussis, ainsi que les magnifiques couleurs d’Hernan Cabrera.
Paris XVe arrondissement. La nuit. Quatre heures du matin.
Une jeune femme semble poursuivie. Par qui ? Un coup à assommer un taureau suffit à la mettre KO. Elle est jetée dans une camionnette blanche et…
Le commissaire Verhoeven est de retour sur le terrain après une longue absence de quatre ans due aux événements antérieurs (lire ‘Irène »). Il est déjà sur une affaire de meurtre lorsqu’il reçoit un appel de son supérieur et ami, Le Guen, l’homme qui divorce plus vite que son ombre. Une affaire d’enlèvement… Enlèvement ? Voilà bien ce que Verhoeven déteste le plus ! Il n’en veut pas de cette affaire pourrie ! Mais Le Guen lui fait comprendre qu’il n’a que lui sous la main et que le juge lui met la pression. Il pourra toujours passez la main à Morel quand celui-ci rentrera de son colloque…
Critique :
Probablement l’enquête la plus originale du commissaire Verhoeven avec des flash-backs qui trouvent leur pleine justification quand on arrive au terme de l’histoire. Une fois encore, Camille Verhoeven va être confronté à une enquête sordide qui surprendra le lecteur ! Effet garanti et pari réussi pour l’équipe qui s’évertue à mettre en images les célèbres investigations imaginées par le génial Pierre Lemaitre. Les coloristes ont joué sur les couleurs pour faire comprendre au lecteur ce qui se passe dans le passé et ce qui se déroule au moment de l’enquête.
Vous allez découvrir Alex, une jeune fille pas tout-à-fait comme les autres, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle en a bavé dans sa p… de vie !
Le meilleur des trois albums des enquêtes du commissaire Verhoeven. La question maintenant c’est « Y aura-t-il une suite ? ».
Ne lisez pas cet album avant d’avoir lu les précédents pour bien comprendre le contexte. Attention ! Les albums ne sont pas numérotés. J’ai commencé par celui-ci sans savoir qu’il était le dernier paru et sans me rendre compte de l’intérêt à les lire dans le bon ordre.
Camille Verhoeven a toutes les raisons de se réjouir. Son épouse Irène lui apporte un bonheur quotidien qui est d’autant plus grand qu’elle attend un heureux événement. Ce n’est plus qu’une affaire de quelques jours.
Alors qu’il construit le berceau pour le bébé en maudissant un constructeur de meubles suédois bien connu, il reçoit un appel urgent. Un double meurtre. Deux jeunes femmes trouvées dépecées dans un entrepôt de Courbevoie. Ce n’est que le début d’une série de meurtres en série inspirés directement de thrillers ou des romans policiers noirs de chez noirs. Le début ? Est-ce vraiment le début ?
Critique :
Une fois encore, un roman du génial Pierre Lemaitre est porté en bande dessinée. C’est déjà le deuxième pour la brigade Verhoeven. Le lecteur va être mis sous tension tout au long des pages au fur et à mesure que les cadavres s’alignent en respectant scrupuleusement le scénario d’un roman policier célèbre ou moins connu. Mais comment le journaliste du journal LE MATIN, cette hyène de Buisson, fait-il pour être si bien informé ? Ne bénéficierait-il pas d’informations livrées par le tueur lui-même ? Mais comment se fait-il qu’il soit aussi bien informé sur l’état des enquêtes au sein même du commissariat ?
Les auteurs nous entraînent sur les chapeaux de roues dans cette enquête qui tombe bien mal pour le commissaire Verhoeven qui avait pris congé puisqu’il s’attend à devenir père dans les jours qui viennent.
Un petit bémol pour certains dessins qui rappellent davantage des esquisses qu’un dessin pleinement abouti. On m’expliquera que c’est pour simuler la panique, la vitesse, la précipitation… Mouais…
Camille Verhoeven reçoit un candidat qui souhaite se joindre à son équipe. Jean-Claude Maleval est très bien noté à la BAC, bien que parfois trop impulsif. Le supérieur de Camille, et néanmoins fidèle ami, se marie dans deux heures… Pour la troisième fois. Et Camille sera son témoin… Comme d’habitude !
Soudain, une explosion se fait entendre jusqu’au quai des Orfèvres et des panaches de fumée sont visibles depuis les fenêtres des bureaux du commissaire…
Critique :
Transformer un roman de Pierre Lemaitre en bande dessinée est loin d’être une chose aisée. Bertho et Corboz y sont-ils parvenus ? Cela fait plusieurs années que le roman attend d’être lu. Je ne puis donc comparer les deux. Cependant, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt le développent de cette enquête qui tient solidement la route.
Pour ceux qui n’auraient pas encore lu ces polars de Pierre Lemaitre, il convient peut-être de présenter le principal personnage, le commissaire Verhoeven ! Bien qu’accumulant les succès, Camille Verhoeven souffre d’un complexe de taille : il est très petit. Il ne souffre pas de nanisme, mais il est très petit. Visiblement, ses relations avec sa mère, artiste-peintre décédée au moment des faits rapportés dans ce récit, ont entrainé quelques blocages dans leur relation. Toutefois, il a hérité ce celle qui l’a mis au monde un talent fou pour le dessin. Contrairement à certains policiers impétueux, Camille approche avec intelligence les suspects, non pour les piéger forcément, mais pour tenter de comprendre leur psychologie. Il se montre même extrêmement compatissant. Il sait avouer quand il a été berné. Certaines rumeurs disent de lui qu’il est « chiant » …
Yannick Corboz a opté pour un dessin assez épuré, tout en permettant de distinguer clairement chacun des personnages. Les expressions sont en parfaite adéquation avec les circonstances et les caractères.
Quant à la couverture, son graphisme est une pleine réussite.
Pari réussi pour la nombreuse équipe qui s’est attelée à mettre en BD ce roman de Pierre Lemaitre.
C’est l’histoire de Nestor Makhno. Ce récit est plein de flash-backs (décidément très en vogue, dans les BD actuelles). Au début du récit, on le découvre à Paris à la fin de sa vie, où, atteint de tuberculose, il travaille chez Renault et écrit chaque soir quelques pages de ses mémoires.
Orphelin de père, adopté par une très riche famille bourgeoise car sa mère n’a plus les moyens de le nourrir lui et ses frères, ni même de les chauffer, il va repousser l’éducation qu’on lui prodigue, en même temps que quelques coups de fouet vont tenter de le soumettre car il est particulièrement désobéissant…
Critique :
Sommes-nous face à une biographie historique ? Non ! Le scénariste Philippe Thirault prend beaucoup de libertés avec le passé du héros de cet ouvrage, Nestor Makhno. Cela peut se comprendre. Pensez à Robin des Bois. Cela peut irriter aussi… Je trouve que ce personnage, dont j’ignorais l’existence jusqu’à ce qu’un ami m’offre cette splendide intégrale, avait eu une vie suffisamment riche en événements historiques pour qu’il ne soit pas nécessaire de lui coller des événements complètement imaginaires qui n’ont rien à voir avec son vécu, et notamment, cette romance avec une sœur adoptive qui aurait été l’amour de sa vie.
Mais qui était le véritable Nestor Makhno ? Difficile à dire puisque la propagande bolchévique l’a transformé en bandit de grand chemin, en assassin. En Europe occidentale, on ne l’aimait pas. Il avait combattu les Russes blancs et redonnait la terre aux paysans. Pour de bons capitalistes, fussent-ils « démocrates », c’était impardonnable. L’histoire est écrite par les vainqueurs, chance que Nestor Makhno n’a pas eue. Pendant quatre ans, il va, avec son groupe d’anarchistes, libérer une bonne partie de l’Ukraine de l’emprise tzariste qui, pour rappel, pratiquait le servage sur une très large échelle, puis, il va affronter les Allemands puisque le camarade Lénine fait don aux Austro-Allemands de l’Ukraine, puis les Russes Blancs, avant d’être trahi par cette raclure de Trotsky. La propagande soviétique l’a présenté comme antisémite, alors que nombre de juifs se sont battus à ses côtés. La propagande, cette saleté aux ordres de Lénine et de Trotsky a voulu lui faire porter le chapeau des pogroms !
Pour autant, était-ce un héros sans peur et sans reproche ? Surmontant sa peur, certainement. Pour le reste, difficile de porter un jugement sur un homme qui a vécu à une telle époque. Le pouvoir impérial russe n’était pas soucieux du respect des droits humains, Lénine, Trotsky, et le champion, le Petit Père des Peuples, Staline, encore moins.
Ayant apparemment découvert l’anarchie en prison, Nestor Makhno devint anarchiste. L’idée que nous nous faisons aujourd’hui de l’anarchie est bien faussée puisqu’on la présente comme un synonyme de « chaos » … Ce qu’elle est parfois. Mais cela ne semble pas du tout avoir été le cas sous Nestor Makhno. La terre était distribuée équitablement, les chefs étaient élus, la commune était basée sur un travail libre fondé sur les principes de l’égalité et de la solidarité.
Certains reprocheront à cette histoire de manquer de discernement et d’être trop manichéenne. Pourtant quand on lit des témoignages du comportement des diverses troupes qui ont foulé le sol ukrainien, on ne peut pas trouver ces personnages si excessifs que cela !
C’est une bonne BD d’aventures historiques qui a le grand mérite de nous en apprendre un peu plus sur le passé de cette Europe de l’Est que nous connaissons si mal.
Je vous recommande l’intégrale qui rassemble les deux albums. La qualité du dessin et des couleurs va en s‘améliorant au fil des planches.
Pour en savoir un peu plus sur ce personnage, je vous invite à découvrir la vidéo sur YouTube :
https://www.youtube.com/watch?v=6atC5oSM9jY
Berlin 1936.
Cela s’agite beaucoup dans la ville de Berlin… Les jeux olympiques approchent. Les SA vont même jusqu’à enlever les panneaux qui stigmatisent les juifs ! C’est-y pas beau, ça ? Mais… Tout le monde ou presque devient nazi… Pas Bernie Gunther qui a quitté ses fonctions de policier à la Criminelle, persuadé que s’il ne s’en allait pas de lui-même, les nazis le mettraient à la porte à grands coups de bottes au cul (oui, mais des bottes bien cirées, tout de même).
Le voilà donc détective privé. Après une soirée de mariage bien arrosée, en sortant de la salle des fêtes, il est invité à rencontrer un avocat qui le conduit chez un monsieur fort riche, Herr Doktor Hermann Six. La fille de ce dernier et son beau-fils sont morts brûlés dans leur maison. Ce n’est pas seulement l’assassin que doit retrouver notre brave inspecteur… Il y a aussi des bijoux de très grande valeur qui ont disparu…
Critique :
J’avais adoré la trilogie berlinoise de Philip Kerr… Alors, la retrouver en BD… Est-ce une bonne ou une mauvaise surprise ? Levons tout de suite le voile pudique sur cette angoissante question ! Le choix des auteurs pour un dessin ligne claire nous replonge des décennies en arrière quand ce style était omniprésent dans la bande dessinée franco-belge… Et c’est une magnifique réussite car cela contribue à nous ramener en 1936. Les couleurs dans les tons bruns ou beiges majoritaires participent pleinement à cette ambiance rétro. Les rares couleurs plus vive étant strictement réservées aux robes des jolies femmes.
Quant au scénario, il met parfaitement en place la manière d’enquêter d’un Bernie Gunther, personnage sarcastique qui ne se fait plus guère d’illusions sur le genre humain, légèrement alcoolique, dragueur impénitent, antinazi à une époque où il ne faisait vraiment pas bon l’être. Un homme qui n’a aucune antipathie envers les juifs, sentiment très en vogue à l’époque du petit Adolf… Mais rien pour non plus ! Il se fait que les juifs disparaissent à son époque et que l’essentiel de sa clientèle lui demandant de retrouver ses disparus, ils constituent l’essentiel de son gagne-pain. Hélas, le plus souvent, il n’a que des mauvaises nouvelles à annoncer… Aujourd’hui, nous savons bien pourquoi.
Lorsqu’il démarre son enquête pour Herr Doktor Six, Bernie se rend vite compte que le gendre idéal était un nazillon plus que convaincu, un fanatique, que les disputes étaient KOLOSSALES entre Herr Six et son gendre, que la femme de celui-ci était devenue alcoolique et ne semblait jamais aussi heureuse que lorsque son mari était absent. Ajoutons que le gendre « idéal » avait dans sa poche des boucles d’oreille qui n’appartenaient pas à sa femme.
Qu’ajouter de plus sinon que les fans de l’œuvre de Philip Kerr ne devraient guère être déçus par cette adaptation que je trouve géniale… Mais vous avez encore le droit de ne pas partager cette opinion… Pour l’instant… Profitez-en… Il se pourrait que cela ne dure plus très longtemps…
Prenez un tueur professionnel. Placez-le au service de l’Etat. Donnez-lui une couverture de cadre dans une bonne entreprise.
Il est sur place et prêt à intervenir. La cible ? Le maire local, une belle enflure, un bon populiste, qui se verrait bien ministre… Et qui est en bonne position pour se retrouver à ce poste… Alors que c’est en prison qu’il devrait loger !
Ah, oui ! C’est vrai ! Il y a aussi de potentiels terroristes islamistes… Des dealers… Parfois ce sont les mêmes…
A la grande surprise de la police, les affreux du coin semblent s’exterminer entre eux. Certains petits nouveaux étaient même inconnus des forces de l’ordre. Quelle tristesse ! Les policiers n’ont même pas eu le temps de faire leur connaissance qu’ils sont déjà morts ! Snif ! Ce n’est pas du jeu ! Si les affreux s’exterminent entre eux, les flics vont se retrouver au chômage.
Critique :
Voilà une BD dont je n’ai pas lu les deux premiers tomes. Il va falloir y remédier !
Cet album-ci me faisait de l’œil avec sa couverture très tranchante, ses couleurs jaunes, orange et verdoyantes, un personnage à lunettes, au visage à peine esquissé, et un fusil pour tireur d’élite. La première question qui m’est venue à l’esprit, c’est : « Il est gentil ou méchant, le monsieur au fusil ? ». Vu le titre « Le tueur », je pencherais plutôt pour le rôle du méchant ! Eh, bien, NON ! Le gentil, c’est lui ! Il est là pour débarrasser la France d’ordures corrompues qu’un grand nombre de citoyens apprécient, parce qu’ils ignorent le vrai fond de ces personnes. Une balle bien placée, pas de traces, ou alors juste ce qu’il faut pour mener à des fausses pistes… Et puis, on pourra faire de belles obsèques nationales et ne dire que du bien de la victime qui était le meilleur d’entre nous, bla bla bla…
Le scénario de Matz se lit avec grand plaisir. Grâce aux histoires dans les histoires et la façon dont le Tueur gère sa vie privée et sa mission, notamment.
J’ai tout de même un bémol : l’auteur laisse sous-entendre que beaucoup d’hommes politiques sont corrompus… Je n’aime pas trop cette idée car elle finit par convaincre des tas de gens qu’une dictature, ce n’est pas si mal… Mouais… Je n’en connais pas de bonnes, moi. Historiquement parlant, même si certains dictateurs ont fait quelques bonnes choses, souvent au début de leur « règne », très vite de mauvaises habitudes s’installent, et pour longtemps, ou jusqu’au prochain coup d’état. Mussolini a eu quelques effets positifs à ses débuts, mais très vite il s’en est pris à tous ceux qui osaient faire de la politique et qui n’étaient pas d’accord avec lui, sans parler de ses rêves de grandeur. Il n’hésita pas à gazer les Ethiopiens parce qu’ils l’empêchaient de s’emparer de leur pays. Alors, oui, il y a des hommes politiques corrompus. Non, ils ne le sont pas tous… Et posons-nous la question : qui les a élus ? Ou qui n’a pas été voter alors qu’il en a le droit (et le devoir, en Belgique, le vote est obligatoire) ?
D’abord un peu réticent quant au dessin de Luc Jacamon, j’ai fini par apprécier l’ensemble qui se lit comme on regarderait un bon thriller.
Bon, je vous laisse, je vais aller acheter les deux premiers tomes…
Les Sorajis ont quitté leur île et se sont déversés sur le Continent Central Sylvaestrien. Autrefois esclaves de Sylvastris, ils s’étaient révoltés et avaient acquis leur liberté en se réfugiant dans l’Archipel Extérieur où ils étaient devenus la proie des guerres et des persécutions.
Le Royaume les repoussait sans cesse ce qui ne les a pas empêchés de s’emparer de la ville de Valestiel, la cité sainte de l’Ekklesia. Ils y sont encerclés, affamés et assoiffés, mais continuent de résister malgré l’armée de Sylvaestris, des paladins de l’Ekklesia… Et depuis peu, des renforts du prince bâtard Crimson Nyx et de ses chevaliers.
Sous cette pluie de flèches enflammées, dans une mer de feu et de sang, se bat celle que l’on appelle « l’Amazone des Chevaliers de Nyx »… Vesper !
Critique :
Dans cette série, Jérémy fait tout tout seul, et il le fait bien ! Voilà encore une BD d’heroic-fantasy qui vient faire la nique aux innombrables BD du genre des éditions Soleil, mais pas que… La question que le lecteur est en droit de se poser, c’est : « Jérémy, au scénario, Jérémy au dessin, Jérémy à la couleur… Combien de temps faudra-t-il au lecteur pour avoir une saison complète ? »
Le grand risque, c’est de ne jamais voir la fin des aventures de Visper, même si Jérémy a démontré qu’il savait travailler vite et bien… Très bien même ! Rappelez-vous Barracuda et les Chevaliers d'Héliopolis. Il faudra probablement attendre un an pour obtenir un tome 2 des aventures de Vesper. La qualité du dessin (et de la couleur) est telle que cela mérite bien de patienter.
Et le scénario ? me demanderez-vous. Eh bien, on pourrait tout aussi bien intituler cet album « Trahison et Ingratitude » ou, plutôt, « Ingratitude et Trahison ». Vous découvrirez bien assez vite que loin d’être reconnaissants au prince bâtard Crimson Nyx et à ses chevaliers, et surtout à Visper, de vilains sournois vont tout faire pour s’en débarrasser et de bien vile manière, une fois la victoire acquise sur les Sorajis !
L’Ekklesia, véritable pouvoir dans l’état, repousse tout ce qui n’est pas conforme à sa doctrine… Et quand je dis « pas conforme », cela va très loin. Cette Ekklesia est notamment représentée par une enflure de première classe, le cardinal Murgleis. Sans oublier que le prince Crimson a dans sa famille une belle-mère qui le hait et est prête à tout pour s’en débarrasser. Et dire que toutes ces braves personnes sont en principe dans le même camp ! On n’est jamais aussi bien trahi que par les siens !
Paris 2040.
Lire ou posséder un livre est un crime ! Les forces de l’ordre interviennent dès qu’un drone en repère un… Et les flics cognent, même des prisonniers attachés. (Remarquez, c’est plus facile, alors pourquoi se gêner ?)
Washington 2032.
Le fondateur de Fatalbook, monsieur Z, est devenu président des USA dans un contexte de pandémie mondiale. Pour parvenir à ce poste, il a bénéficié de la collecte universelle des données personnelles des électeurs. Les GAFAM sont entrés à la Maison Blanche consacrant la victoire absolue des géants du numérique. Une lutte mortelle est engagée contre un virus qui mute plus vite que son ombre. Les dirigeants du monde et les leaders du Net s’entendent sur un projet : le port d’un masque connecté qui permet à la fois d’être protégé d’un virus mortel et d’être en contact avec les informations numérisées.
Les livres papier doivent disparaître ! D’aucuns seront numérisés, d’autres devront carrément disparaître définitivement. Ce sont des éléments de subversion !
Critique :
Voilà un livre angoissant où l’auteur, François Durpaire, joue sur les peurs actuelles, un virus mutagène très meurtrier et le pouvoir de plus en plus prégnant des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).
Il nous décrit une société où les livres ont disparu ainsi que l’écriture à la main, adieu les stylos, les écoles, les bibliothèques, les librairies, les imprimeries… Et où tout est diffusé via un masque numérique. Mais ne voilà-t-il pas que subitement des enfants se mettent à disparaître ! Les autorités ne font même pas mine de les rechercher.
Dans l’ouvrage, l’auteur retrace l’histoire de l’écriture et cette tendance de la part de certains dirigeants, quelle que soit l’époque, quelle que soit la religion, de vouloir faire disparaître les ouvrages qui peuvent gêner l’établissement d’une nouvelle doctrine. C’est la partie que je trouve la plus intéressante, même si personnellement, je n’ai rien appris de nouveau. Je ne doute pas que certaines personnes trouveront ces informations très intéressantes.
La fin du récit ne m’a pas convaincu du tout pour des raisons que je ne puis évoquer sans « divulgâcher ».
Mer des Antilles.
Quoi de mieux que la mer et la solitude pour profiter pleinement de la vie ? Tango est aux anges. Sa solitude serait presque parfaite s’il n’était accompagné par Mario. Mario et ses jérémiades ! Mario et sa soif insatiable. Une soif de rhum et de vodka. Plus une goutte ! Le pauvre va défaillir s’ils n’accostent pas bien vite pour faire le plein. Heureusement, la Barbade n’est pas loin. Eh puis, un homme peut avoir d’autres besoins à satisfaire ? Une escale est la bienvenue.
Ensuite, départ pour une île paradisiaque… Bon ! D’accord, il faut d’abord essuyer une « onde tropicale » durant trois jours. Le paradis, ça se mérite. En cours de route, ils rencontrent un petit bateau de pêche abandonné. Quand ils arrivent à destination…
Critique :
Tango s’est fait un nouvel ami en la personne de Mario, rencontré dans l’épisode précédent. Celui-ci, bien qu’Argentin, pratique un humour plutôt british. Dans cet épisode-ci, après un démarrage plutôt banal, le calme avant la tempête, au propre et au figuré, les ennuis, pour Tango et ses amis, oui ! oui ! il a d’autres amis ! se multiplient pour le plus grand bonheur du lecteur. Matz, à défaut d’offrir un scénario original et totalement imprévisible, sait jouer avec le rythme de l’histoire pour la rendre suffisamment passionnante pour qu’une fois la lecture entreprise, on ne lâche plus cette bande dessinée.
Comme d’habitude, les dessins de Xavier sont d’un grand réalisme, avec profusion de détails dignes des plus belles scènes cinématographiques. Les couleurs de Jean-Jacques Chagnaud transforment en cartes postales colorées ces magnifiques planches de Philippe Xavier, pour nous transporter dans cette mer des Antilles, bien loin du désert de cailloux du premier album. Le contraste est saisissant.
Quelque part dans la Cordillère des Andes.
Il s’appelle Tango… Du moins est-ce ainsi que ce gringo se fait appeler par ici dans ce désert de pierres. Qu’est-ce qu’il fout là ? Il est beau, jeune, costaud… Une vraie gravure de mode… Et plein de fric ! Mais nous l’avons accepté parmi nous depuis quatre ans car il est sympa. Il a de d’humour. Il est toujours prêt à donner un coup de main et il n’emmerde personne. Une sorte de voisin idéal en quelque sorte. C’est peut-être trop beau pour être vrai…
Critique :
Ce serait un roman, on le qualifierait de « page turner ». Cela commence tranquillement par de magnifiques décors, pour ceux qui aiment les déserts et le soleil. Le lecteur découvre un Tango qui cherche des pointes de flèches incas en compagnie d’un môme intelligent et passionné. Ce n’est pas le sien. Diego est le fils d’Anselmo. Du moins, c’est ce que Tango a toujours cru… Mais Tango, lui-même, qui est-il ?
Matz, le scénariste nous a concocté un magnifique polar, ou thriller, inutile de nous disputer pour une question d’appellation, qui se déroule à toute vitesse, un peu dans le genre de XIII, sauf que notre héros n’a pas perdu la mémoire et qu’il se rappelle très bien son passé qui lui saute à la gorge au moment où il vient en aide à un ami. Il est comme ça, Tango ! Il ne supporte pas de laisser un copain dans le pétrin, ce qui va attirer l’attention sur lui de gens qui ont quelques raisons de lui en vouloir. Des rancuniers, ça existe ! D’autant plus s’il y a du fric en jeu… Beaucoup de fric…
Le dessin réaliste de Xavier est splendide et laisse une large part à des décors très peaufinés qui nous transportent sur place aussi bien que le ferait un beau film tourné dans de grandioses espaces naturels.
La question, à la fin de cet album est : Tango va-t-il enfin retrouver une saine quiétude ? M’enfin ! Ceux qui le recherchent ont encore plus de raisons de le traquer. Non seulement, il n’a pas rendu les biftons, mais en plus il a fait bobo aux envoyés du boss ! Sûr qu’il doit se sentir frustré le caïd…
Bien, je vous laisse… J’ai du sable rouge qui m’attend…
Forthys, le directeur de l’Union Minière du Haut-Katanga, n’en mène pas large lorsqu‘Orsini, l’ancien agent secret français, au service des intérêts de sa compagnie et des indépendantistes katangais lui annonce que le Ministre de l’Intérieur est au courant pour les diamants d’une valeur de dix millions. Forthys a raison de transpirer à grosses gouttes. Jamais le ministre ne le laissera quitter le pays malgré le bobard qu’il lui a servi. Les caves très animées et bruyantes du ministère les attendent Orsini et lui…
Pendant ce temps, les mercenaires poursuivent leur route « en mission diplomatique » chez le Mwata Motu, le maître du Kasaï, un homme qui n’a de comptes à rendre à qui que ce soit ! Cantor, le mercenaire en charge de l’opération, continue de couver Charlie, le noir qui sait où se trouvent les diamants, véritable objectif de Cantor.
Ah, petit détail mais qui compte : ils sont en plein territoire des terribles Balubas, et ceux-ci détestent les Lunda… Le Ministre qui les accompagne pour la mission diplomatique est un Lunda. Il a bien raison de se demander ce qu’il fabrique là…
Critique :
Voici la suite des aventures tonitruantes des mercenaires et de leurs commanditaires. Les vies ne valent pas cher, que ce soit à Elisabethville dans le monde « civilisé », ou dans la brousse avec les Balubas et les mercenaires pour qui faire couler le sang des autres n’est ni un problème technique ni un problème moral. Ces soldats de fortune vont verser des hectolitres d’hémoglobine et les Balubas ne seront pas en reste.
Pour ceux qui se poseraient la question « y-a-t-il des gentils dans cette histoire ? », la réponse est NON ! Clairement, NON ! Mais toute la subtilité de Fabien Nury consiste à mettre en évidence des émotions qui s’apparentent presque à du désintéressement chez certains protagonistes. Mais l’immense majorité des personnages n’est guidée que par leur égoïsme. Vous éprouverez sans doute de l’empathie pour certains que vous ne jugerez sans doute pas si mauvais que ça.
Une fois encore, le trait de Sylvain Vallée fait merveille pour nous faire ressentir la moiteur de cette Afrique tropicale, la peur qui suinte par tous les pores de la peau, l’avidité dans les regards venimeux, l’hypocrisie, mais aussi certaines formes de tendresse. Son dessin mi-caricatural, mi-réaliste est parfait pour ce scénario qu’on croirait sorti du cinéma des années soixante, lorsqu’un Lino Ventura crevait l’écran avec sa stature de catcheur et sa tête de mec à bouffer les emmerdeurs qui feraient mine de se dresser sur son chemin. Du grand art !
Ah, encore une précision : c’est une BD adulte ! Ne la laissez pas traîner dans les mains délicates de votre progéniture. Elle pourrait en subir un traumatisme avec des dégâts irréparables…
Allez ! Assez causé ! Passez au troisième et dernier tome !
Katanga 1960.
Contexte ;
Quatre-vingts ans de colonialisme belge au Congo se sont achevés le 30 juin 1960. Moins de deux semaines plus tard, Moïse Tschombé devient le président du Katanga, riche province minière du Congo. Le Katanga s’est déclaré indépendant au grand dam du Congo et des instances internationales. Mais vous savez ce que c’est ! La médisance va vite et les mauvaises langues affirment que derrière cette indépendance et Moïse Tschombé se trouve en réalité une entreprise belge, l’Union Minière du Haut-Katanga. Ah, ce que les gens peuvent être médisants ! Evidemment, tout ça ne se déroule pas sans de nombreux massacres et exodes de population. L’ONU décide donc d’y envoyer les casques bleus.
Petite page d’histoire :
Il y a toujours eu des mercenaires au Katanga. On prétend même qu’il serait la création de l’un d’entre eux ! Oh, non ! Pas un blanc ! Non ! Un Africain : Msiri ! Pas vraiment un enfant de la région (ni un enfant de chœur). Il est né en 1830 entre le lac Tanganyika et le lac Victoria. Il était l’un des fils d’un chef de la tribu des Nyamwezi qui tirait sa fortune du trafic d’esclaves en vendant des filles aux négriers de Zanzibar. Msiri qui prenait part aux expéditions se réservait les plus belles. Charité bien ordonnée…
Fermons ici cette page historique et revenons à 1960.
Tout ça pour vous dire qu’il va falloir que les autorités katangaises embauchent des mercenaires. Heu… Qui va payer ? Le Katanga est une jeune nation et… Ne vous fatiguez pas ! L’Union Minière du Haut-Katanga règlera la note ! Tant que le cuivre coulera à flots, la société se chargera de ces menus frais et de quelques autres…
Critique :
Ah, sacré Français ! Ce Fabien Nury quel scénariste ! Bien sûr, il prend quelques libertés avec l’histoire ! En fait, même un peu beaucoup, mais c’est pour nous concocter un scénario brillantissime qui tient du polar et du récit d’espionnage, mais c’est aussi un thriller politique rondement mené même si certains stéréotypes sont bien présents tels que cette espèce de Lino Ventura qui sera le personnage principal de cette super production. Les autres principaux « affreux » sont bien typés et ont des caractères très différents. Certains plus sympas que d’autres (ou moins antipathiques).
Si des mots tels que « nègre » vous mettent hors de vous et que vous envisagez de lapider les auteurs et de brûler la maison d’éditions Dargaud, plongez-vous la tête dans un seau d’eau glacée, ou carrément de glaçons, et respirez profondément (pas quand vous avez la tête sous l’eau ou dans les glaçons). N’oubliez pas le contexte de l’histoire : on n’est pas à l’époque de « Black lives matter » ! C’est une société coloniale profondément raciste où les idées de sous-hommes sont très présentes.
Les dessins de Sylvain Vallée sont légèrement caricaturaux mais conviennent si bien à cette histoire que je les applaudis des mains et des pieds.
Je ne vous recommande pas la lecture de ce premier tome, « Diamants », si vous n’êtes pas en possession du coffret avec l’intégrale car vous allez souffrir si vous ne disposez pas directement de la suite ! En homme prévoyant, après avoir été frustré à la lecture du premier album ne disposant pas de la suite non encore dessinée et diffusée, j’ai patiemment attendu de disposer du coffret pour les enfiler d’une traite… Rââââhhh ! Que c’est bon !
Incapable d’en faire la critique tellement j’étais sous le charme, j’ai laissé en sommeil durant quelques semaines ces merveilles. J’ai repris le coffret pour me délecter une fois encore de ce bijou (diamants serait plus de circonstance) afin d’en tirer une critique.
A retenir :
1. Achetez le coffret pour éviter une longue et trop pénible frustration !
2. Lisez bien les albums dans l’ordre !
3. Si vous êtes allergique à des mots tels que « nègre » et que vous êtes plutôt bienpensant, évitez de vous donner un gros coup de marteau sur les orteils car à la fin les méchants gagnent toujours !
4. Couper vos téléphones, prévoyez du ravitaillement, ligotez et bâillonnez vos enfants, faites croire à vos proches que vous êtes parti en Amazonie dans une zone blanche, barricadez-vous chez vous, volets fermés pour que tout le monde vous croie absent, pour profiter pleinement de ce bijou ! … Pardon de ces diamants si finement taillés sous la plume brute de Fabien Nury et le dessin étincelant de Sylvain Vallée.
1917.
Winston Dover Smith découvre à quel point, il ne fait pas bon être un étudiant de première année à Eton. N’étant pas du même rang social que la très grosse majorité des étudiants (il est boursier) il va devenir le souffre-douleur de « Bismark », l’étudiant qui est le leader des étudiants de dernière année. Les châtiments corporels ne manqueront pas ! Les humiliations non plus ! Va-t-il être en mesure de résister ? Saura-t-il aussi modérer ses sentiments amoureux envers Julia Wilkinson, l’épouse d’Adam, directeur du collège qui l’a formé et qui paie ses études à Eton ?
Critique :
Anna continue de découvrir l’autobiographie de Winston Dover Smith dont elle a hérité bien malgré elle. Elle n’est plus trop pressée de quitter la montagne et la chambre d’hôtel qu’occupait ce même Smith tant elle est plongée dans ses écrits et a envie de retrouver les traces de ce mystérieux écrivain.
Reprenons le cours de l’ouvrage de Dover Smith. Nous voilà à Eton en compagnie d’un Winston qui cherche sa place dans un milieu dont il n’est pas issu. C’est là qu’il va faire la connaissance de Aldous Huxley (Le meilleur des mondes) l’un de ses professeurs et d’Eric Blair que nous connaissons mieux sous son nom de plume de George Orwell (1984) étudiant très contestataire dont il sera fort proche.
Il n’échappera pas à un certain snobisme et prendra de plus en plus de distances à l’égard de sa pauvre mère qui en pâtira beaucoup.
Ses sentiments amoureux pour Julia Wilkinson vont conduire à un drame.
Christian Perrissin continue de nous balader dans cette « autobiographie d’un auteur que le temps a oublié malgré sa vie extraordinaire ». On retrouve avec plaisir les dessins et les couleurs sépia (mais pas que) d’un Guillaume Martinez très en forme.
Encore un album formidable ! Que demander de plus ? … La suite évidemment !
1984.
Au téléphone, un certain Paul Durand prétend parler à Alice Laurens. Mais quel est ce plaisantin ? Alice est morte depuis quatre ans ! Sa fille n’apprécie que modérément. Cependant, le plaisantin continue : il y aurait un héritage d’un certain Dover Smith à aller quérir à l’hôtel du Grand Tétras de Saint-Véran, dans les Hautes-Alpes. Anna Laurens accepte de se rendre sur place depuis Nice où elle tient un commerce d’antiquités. Mais quel lien un bonhomme de 80 ans pourrait-il bien entretenir avec sa défunte mère ? A priori, aucun !
Critique ;
Christian Perrissin construit magnifiquement bien son récit en débutant par cet échange téléphonique entre Anna Laurens et Paul Durand avant d‘entamer le récit de la vie de Winston Dover Smith racontée dans son autobiographie inachevée « Une Vie ». L’auteur britannique qui tente d’être admis comme boursier au très réputé collège d’Eton a eu une vie d’aventurier remarquable… Mais il se décrit lui-même comme un imposteur et un lâche.
Pour l’instant, dans ce premier album, nous le trouvons à Land Priors, où il pleurniche facilement et est la cible de la plupart de ses camarades.
Les dessins de Guillaume Martinez contribuent à rendre cette atmosphère lourde que vit le jeune Winston Smith, orphelin, dans une école réputée où il n’aurait jamais dû mettre les pieds, puis son remarquable parcours scolaire et son attachement pour l’épouse de son directeur.
Mais cet auteur oublié, ce Winston Dover Smith, a-t-il seulement existé ailleurs que dans l’esprit tortueux de Christian Perrissin ? Cet écrivain oublié qui aurait côtoyé les plus grands auteurs de ce XXe siècle, dont George Orwell qui aurait donné à son personnage principal dans « 1984 » le nom de Winston Smith a-t-il vraiment existé ?
1984 ? Vous avez dit 1984 ? Serait-ce un hasard si c’est l’année où disparaît, sans laisser de trace, notre mystérieux écrivain dont je ne trouve nulle trace sur Internet ?
Vivement la suite !
Bienvenue dans l’état le plus riche du monde, Monaco. Enfin, bienvenue si vous êtes millionnaire… Vous comprenez bien que sur une si petite superficie, on ne saurait accueillir que les personnes qui peuvent payer un loyer de 4900 EUR par mois pour un deux pièces de 42 mètres carrés. Mais ne soyez pas petit joueur ! Pourquoi ne pas louer un duplex de 1300 m² pour la modique somme de 900000 EUR par an plus 30000 EUR de charges et 20000 EUR pour 4 parkings en sous-sol ? Cher ? Mais pas du tout, voyons ! Terrasse privative de 900 m² avec sa piscine et son jacuzzi !
Dès lors faut-il s’étonner de l’assassinat de la femme la plus riche de Monaco, Hélène Pastor, 77 ans, la plus grosse fortune dans l’immobilier monégasque ? L’assassinat s’est produit à Nice où elle venait rendre visite tous les jours à son fils hospitalisé. (Cela aurait été bien compliqué de la liquider à Monaco avec des caméras de surveillance à tous les coins de rue et des policiers partout.)
Mais d’autres affaires aussi donnent une autre image moins idyllique de la vie sur le rocher que ces photos que l’ont retrouve dans les magazines people : la corruption des policiers hauts gradés et d’un ministre par un oligarque russe qui détient les 2/3 des actions de l’AS Monaco…
Critique :
Hélène Constanty transpose dans cette BD les enquêtes qu’elle a menées à Monaco et dont l’acte final devant les tribunaux doit encore se jouer, des reports ayant eu lieu à cause d’un dénommé COVID.
Le découpage de l’histoire n’est pas toujours clair avec des allers-retours dans le temps. Les dessins de Thierry Chavant ne m’ont pas vraiment conquis. Ils sont assez rudimentaires bien que les visages puissent être assez expressifs.
« Merci ! Mais non ! Je ne vous dis pas « merci » ! J’vous parle de Merci ! Comment ? Vous ne connaissez pas Merci ? … Non ! Je ne prétends pas que vous êtes impoli ! Je vois juste que vous n’êtes pas de Bredenne ! Si vous étiez du coin, vous sauriez qui est Merci ! Seize ans et déjà beaucoup de tags à son actif : « Le Parmentier gros PD » en est une belle illustration… Sans parler des poubelles incendiées… Et son style gothique… Jeunesse perdue, j’vous dis, moi ! Rien de bon dans cette graine-là ! Ferait mieux de soulager sa pauvre mère qui a eu un accident cérébral il y a huit ans. Heureusement pour elle, elle est tombée au tribunal des enfants sur le juge Pirlot, cet hurluberlu ! Moi, cet’ gamine-là, je te la foutrais en prison vite fait pour lui apprendre le respect ! Au lieu de ça, elle est envoyée au conseil communal pour prester 150 heures ! Avec 3500 euros en prime pour développer un projet ! Avec not’pognon ! C’est-y pas scandaleux-ça ? Des juges pareils faudrait les expédier chez les canibales en Amazonie-Nouvelle-Crimée ! »
Opinion anonyme. Sans nul doute, un membre de l’opposition communale…
Critique :
Un peu sceptique au départ avec ce livre qui m’a été offert… Un truc pour ados ! Pfff ! J’ai dépassé la date de péremption depuis longtemps ! Eh, bien… Non ! Je me suis beaucoup amusé ! Merci est un personnage très touchant qui a besoin de créer un projet. A l’image de beaucoup de jeunes, elle ne trouve pas sa place dans la société, ce qui est très démotivant et pousse à faire des co…, des bêtises ! Mais puisqu’on lui donne la parole au sein du Conseil communal, elle va la prendre et s’en servir !
Et qui a dit que la poésie était morte et que c’était un truc de vieux ? Hein ? Dénoncez-vous que diable !
Suivez les échecs et les réussites de Merci… Comme dirait son grand-père : « Seul celui qui n’est tombé de l’arbre qu’une seule fois a peur d’y grimper à nouveau. »
Ils sont trois. Trois enfants, mais il n’y en a qu’un qui creuse. Soudain, ils tombent sur un grand disque très travaillé qu’ils tentent de soulever. Subitement, les mioches voient des espèces de lianes noires surgir du trou et les attirer au fond d’un gigantesque puits…
A peu près au même moment, Shannon, devenue la magicienne protectrice de sa cité, se rend compte que des mercenaires sont passés à côté de sa ville sans qu’elle ne s’en rende compte. Ils se dirigent vers le territoire des Elfes rouges. Sûr que leurs intentions sont aussi honnêtes que celles d’un voleur qui s’est introduit dans une salle au trésor. Elle se met en route avec celui qui est devenu le champion de la cité, Tyrom…
Shannon a failli à sa mission de protectrice de la cité. Quand elle revient, l’immeuble auquel elle tient le plus est en feu. La maison des archives brûle ! Pourra-t-elle arrêter les flammes avant que l’immeuble ne soit détruit et que le feu se soit propagé dans toute la cité ?
Critique :
J’étais ravi de retrouver Shannon et Tyrom qui avaient fait l’ouverture de la série des Mages dans le numéro 1. Shannon a grandi et est devenue une puissante magicienne qui rêve d’ailleurs, d’endroits où il se passe des choses. Finalement, les événements vont venir à elle sous une forme de magie très puissante.
Je n’ai pas été pleinement convaincu par ce scénario de Jean-Luc Istin. Un sentiment de déjà vu de multiples fois. Je pourrais bêtement ajouter « trop de magie tue la magie ». Oui, je sais c’est idiot comme formule, mais je me sens stupide après la lecture de cet album qui ne brille pas par son originalité.
Il reste les magnifiques dessins de Kyko Duarte et Ornella Savarese avec la splendide mise en couleurs de l’Indien J. Nanjan.
Ah, encore une chose ! Nous n’en avons pas fini avec les aventures de Shannon ! Attendons-nous à une suite clairement annoncée à la toute fin de cet album ! Espérons qu’Istin sera mieux inspiré que pour celui-ci.
451 Ap. J.-C.
C’est l’anniversaire de Clodion, le chef de la tribu. Pour marquer ce jour par un événement heureux, Clodion décide de gracier un prisonnier. Problème : il n’y a qu’un seul prisonnier, l’infâme Coleric !
Suite à sa libération, Coléric décide d’offrir une corne contenant un breuvage « filtre d’amour » à la fille du chef, en hommage à son charme et à sa beauté. Il a fait appel aux talents de Malvina, la sorcière. Mais comme il arrive à tout le monde de se tromper, Malvina a confondu deux numéros de page et a produit le terrible Tabasco…
Critique :
Bara, le créateur de Max l'Explorateur, nous entraîne ici dans une gentille aventure comique pleine de jeux de mots et d’allusions. J’ai retrouvé cet album dédicacé en 1987 par l’auteur « en faisant de la place » pour de nouvelles publications. J’ai passé un très bon moment en relisant cette BD que je n’avais plus ouverte depuis 34 ans…
Berlin, 6 juin 1945.
Presque un mois que la guerre est finie. Mais de quelle guerre parle-t-on ? Ah, oui, contre les nazis ! Oui ! Oui ! Celle-là est finie, mais une autre se poursuit au cœur des services secrets soviétiques ! Elle a pour enjeu le cadavre d’Hitler ! Hitler est-il bien mort ? Heu… Cela dépend des versions…
Critique :
La lutte interne entre le Smersh et le NKVD se poursuit. Lequel va s’attirer les bonnes grâces de Staline ? L’équipe du perdant à tout à perdre connaissant l’empathie du « Petit Père des Peuples » ! Autour du cadavre d’Hitler, mais est-ce bien le sien ? va se mettre en place tout une machinerie d’intoxication, désinformation, manipulation, de premier ordre. Comment le lieutenant Elena du Smersh va-t-elle tirer son épingle du jeu, elle qui n’a pas froid aux yeux et à qui il reste un brin d’amour pour la vérité et le respect de la vie de ses hommes ?
Jean-Christophe Brisard complexifie le scénario à un point tel qu’il faut lire et relire certains passages pour savoir qui est qui, sachant que les dessins anguleux d’Alberto Pagliaro ne facilitent guère l’identification de beaucoup de personnages…
Surprise ! Surprise ! A la fin du 1er tome, je m’imaginais que celui-ci serait le dernier… Eh bien, non ! L’histoire va se poursuivre… En espérant que cela ne traîne plus trop sous peine de devenir lassant…
Ange Tomassini, jeune adolescent qui a découvert récemment qu’il était un « dizhi » doté de pouvoirs incroyables a l’intention de pourrir le business de son mafieux de père.
Pourquoi ne pas s’en prendre à un de ses entrepôts de « poisson » où est dissimulée une grande quantité de cocaïne ?
Critique :
Ne voilà-t-il pas que le petit Ange découvre subitement les liens du sang ! Ce n’est pas parce que son père est un individu cruel et mafieux qu’il doit accepter de laisser les adversaires du paternel, aussi peu fréquentables que lui, s’en prendre à son papounet chéri. Et son ami Franck ? Qu’est-il réellement ? N’est-il vraiment que ce fragile adolescent à lunettes ?
L’aventure se poursuit à un rythme effréné. On y découvre ce que sont les dizhis et leurs origines, ainsi que leurs premiers affrontements.
Le scénario d’Ozanam se complexifie encore. Les dessins et les couleurs de Jurion sont toujours aussi dynamiques et servent bien le propos de cette bande dessinée fort inspirée des mangas et des comics, mais en mieux… Tel est mon humble avis (et je le partage) malgré des critiques parfois fort négatives concernant notamment le scénario auquel certains ne comprennent rien…
Vendredi, 12 septembre 2031.
Ange Tomassini est la proie, dans son établissement scolaire, de ces lâches vauriens qui adorent s’en prendre, à plusieurs, point trop de témérité, à plus petit et plus faible qu’eux. Passer le zizi au cirage ou faire boire l’eau des cuvettes de WC font partie des belles idées qui les animent. Encerclé de toutes parts par des petites frappes, il se pourrait que son heure soit venue… Mais c’est sans compter sur sa transformation en tigre ! Evidemment lorsqu’il raconte ça à son ami Frank, celui-ci ne peut que le prendre pour un mytho, surtout lorsqu’à la piscine, Ange manque d’être noyé par Kurt, le copain très musclé de Lisa, fille dont Ange est amoureux. Pourquoi ne s’est-il pas transformé en tigre alors que sa vie était en danger ? Sans l’intervention de Lisa, cet abruti de Kurt-aux-gros-bras lui aurait fait avaler son extrait d’acte de naissance en même temps que l’eau de la piscine…
Critique :
Il est tout de même assez rare qu’un adolescent bénéficie d’un chauffeur-garde du corps, ce qui est le cas d’Ange. La raison officielle ? Son père a la plus grande entreprise de poissons surgelés du pays et cela lui vaudrait quelques inimitiés… Mouais… La raison officieuse, c’est… Ce que vous découvrirez en lisant cette bande dessinée !
Joël Jurion au dessin et aux couleurs réalise un travail remarquable et original avec un trait très dynamique et des expressions corporelles qui rendent ses personnages étonnamment vivants. Quant au scénario d’Ozanam, s’il semble plutôt s’adresser aux adolescents, mais ce serait dommage de le cantonner dans cette seule catégorie. Il peut intéresser un public bien plus large.
Base de la 3e Division Blindée US. Spearhead (Angleterre). 1944.
L’instructeur vient de terminer son laïus à propos du char Sherman. Les hommes savent maintenant que leur boîte de conserve n’est pas de taille face aux chars allemands Tiger et Panther… Sans oublier le terrible canon anti-aérien de 88mm ! Le casse-pipe les attend ! Ils n’ont donc aucune chance ? Le seul avantage qu’ils pourraient avoir, c’est la cohésion de l’équipage. Ils sont cinq par char. De leur bonne entente et de leur excellente coordination dépend leur survie…
Critique :
Une fois encore, nous suivons l’équipage d’un char dans son engagement au cœur des combats. Ici, nous en aurons deux pour le prix d’un ! D’abord un M4 Sherman… Pas sûr que son canon puisse être efficace contre les chars lourds allemands… Il sera remplacé plus tard par le M4A3E8(76) qui, grâce à son canon de 76mm pourra faire autre chose que chatouiller les chars lourds allemands, mais malgré un blindage renforcé, il ne peut pas résister aux obus de 88mm, notamment.
Suivons donc le sous-lieutenant Anderson et son équipage : Comanche, le pilote : Guetty, copilote et mitrailleur : Sam, le tireur : Ralf, le chargeur. Ils baptisent leur char « Dream Team », l’équipe de rêve. Dès les premiers jours après être arrivés en Normandie, ils sont engagés dans un tir aux pipes ! Devinez qui sont les pipes ? Survivant miraculeusement, ils apprennent vite ce qu’il faut éviter de faire s’ils ne veulent pas périr carbonisés car, une fois touchés, leur Sherman s’enflamme comme un briquet. Nous les suivons sur les routes de France et de Belgique, puis en Allemagne. Vont-ils survivre à la fin de la guerre lorsqu’ils s’engageront dans une Allemagne qui est vaincue, mais où les Allemands ne semblent guère au courant de la nouvelle ?
L’histoire de cet équipage est prenante. Il y a de l’humeur (un peu) et des drames (beaucoup). La situation des tankistes est bien rendue. Ma seule (petite) réserve concerne les portraits des personnages.
Shania Rivkas, alias Lady S, est en vacances en Indonésie. Vacances peut-être, mais pas de tout repos car elle a avec elle sa tante Ivana Rodchenko. La pauvre femme n’y peut rien : elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Cela ne manque pas de poser quelques problèmes avec le vigile de l’hôtel, notamment…
Shania profite de ce séjour pour revoir une ancienne connaissance, Doug Adams, avec qui elle a, autrefois, passé des moments mémorables. Il travaille pour l’ambassade US et a pour pénible mission de faire du renseignement économique pour contrer les Chinois qui se livrent à une lutte féroce sur le terrain.
Il l’invite ainsi que sa tante dans sa superbe et grande maison où un orage très violent le pousse à proposer à Shania et à sa tante d’y passer la nuit.
En pleine nuit, Lady S assiste à l’arrivée de la secrétaire de Doug, la sino-américaine Celina Wong. Descendant reprendre le carnet où sa tante note tout ce qu’elle a fait durant la journée, Lady S surprend une conversation : se pourrait-il que Doug trahisse son pays pour de l’argent ?
Critique :
Les dessins et les couleurs sont toujours aussi agréables, mais on dirait que Lady S se fait vieille ! Elle refuse de tirer dans le dos d’un vilain garçon animé de très mauvaises intentions… Et même pas fichue de s’évader de prison ! Elle se fait vieille, je vous dis ! Elle subit plus qu’elle n’agit !
Cette BD permet d’évoquer le cas de la maladie d’Alzheimer et aussi la situation des femmes dans les prisons indonésiennes où règnent la corruption et les petits négoces. (Mais la corruption et les petits trafics est-ce propre aux prisons indonésiennes ?)
Un bon album mais où il manque le souffle des premiers scénarios. Ne boudons pas notre plaisir puisque Lady S continue à nous entraîner à travers le monde.
Texas, Huntsville.
Cooper est ingérable. C’est sa mère qui le prétend. C’est vrai que comme adolescent, on a déjà vu plus ordonné, plus poli, plus aimable…
La faute à qui ? Au père évidemment ! Jack ! Jack qui doit quinze mille dollars de pension alimentaire à son ex-femme qui a décidé de refaire sa vie avec Barry, un brave homme, mais pas le modèle qui plaît à Cooper qui n’a d’yeux que pour son père, ancien « champion » de boxe.
Jack, pour gagner sa vie, est obligé de travailler au pénitencier local qui abrite des tueurs patentés qui n’hésiteraient pas à découper leur propre mère en morceaux pour un dollar… Enfin, peut-être deux…
Cooper ne veut pas que son père le dépose à l’école. Le père y tient… Mais voilà, son ex-femme, furieuse de ne pas recevoir son fric, lui a piqué sa caisse pendant qu’il discutait avec son fils. Jack appelle un collègue et ami, Buck, pour l’emmener au boulot. Faute de temps pour le déposer à l’école, Cooper l’accompagne au pénitencier où Jack doit assumer ses fonctions. Ce n’est peut-être pas le meilleur des jours pour cela… Trois des pires crapules se sont évadées, non sans avoir laissé leurs sanglantes signatures…
Critique :
Scénario de série B… ou Z… J’hésite… Ethan Hawke repassera pour ce qui est de l’originalité. Cependant, j’ai été ébloui par le dessin de Gregh Ruth. Un dessin très réaliste vif et mordant avec des scènes très cinématiques et un traitement des couleurs dans les tons beiges et les variantes de gris. Beaucoup de planches se retrouvent sans une parole (tout mot serait parfaitement inutile, le dessin parlant de lui-même).
Voilà un polar transformé en roman graphique dans un style très américain tant quant au contenu qu’à la forme.
Si vous aimez les dessins hyper réalistes traités avec une variété de plans, faites-vous plaisir et achetez cet ouvrage… que vous veillerez à ne pas laisser traîner entre les mains d’enfants mineurs tant la violence y est omniprésente dans toute sa cruauté.
S.T.A.R., c’est quoi ? (Science et Technologie, Analyses et Recherches)
Résumé de l’épisode précédent :
Des scientifiques de S.T.A.R. ont été chargés de mettre au point un système permettant à un individu totalement paralysé, K2CM, de communiquer via un ordinateur connecté à son cerveau. Petit-à-petit, l’individu apprend à s’en servir. Mais pourquoi Kaminsky, directeur de Pharmanova tenait-il à leur confier ce malade bien particulier ? Malgré sa paralysie, l’individu semble disposer d’un cerveau en excellent état…
2e épisode
K2CM a disparu… Qui a bien pu l’enlever ? Serait-ce Chantal, cette jeune femme fragile qui n’a rien d’un agent secret ?
K2CM est dans un véhicule médicalisé, et c’est elle qui le conduit. Il a besoin de médicaments mais Chantal n’a pu se procurer tous les produits vitaux nécessaires à la survie de son employeur. Elle est préoccupée et souhaite le conduire à l’hôpital Saint-Pierre.
Justement, à l’hôpital se trouve Stefan, le mari de Claire Johansson, biologiste, membre de S.T.A.R. Il est inconscient et son état est lié à la disparition de K2CM. L’arrivée de Delafontaine, travaillant pour Pharmanova énerve la scientifique au plus haut point. Le cadre proteste de son innocence et accable Kaminsky. Il demande au professeur Nora Stanford, de S.T.A.R., de le conduire à lui pour tirer cette affaire au clair…
Critique :
Il arrive qu’on oublie un livre perdu dans la masse… Un livre non lu depuis près de deux décennies… Et puis, un jour, en faisant le vide pour pouvoir accueillir de nouvelles parutions, on retrouve un album dont on avait oublié jusqu’à son existence… C’est le cas de ce tome 2 de S.T.A.R. ! Commence alors une rencontre avec une BD qui se basait sur des études scientifiques qui, bien qu’ayant l’air d’être de la science-fiction, n’en étaient pas moins développées au début des années 2000, la BD ayant été publiée en 2003. Et là, on commence à se dire qu’il aurait fallu lire cette BD à l’époque car elle ne manque pas de qualités. Le dessin de Thierry Cayman est d’une très agréable facture classique et la mise en couleur de Franck Cureghian n’a rien à envier à ce qui se fait aujourd’hui.
Malheureusement, à lire les rares commentaires sur cette série qui comprend quatre tomes, l’auteur se perd dans son scénario et le quatrième et dernier tome est un plantage total. Dommage, le début de l’histoire était passionnant.
Ambassade américaine à Helsinki (Finlande). Début 1961.
Un individu se présente au portail et, très sûr de lui, exige de rencontrer le chef de poste de la CIA ! Rien que ça ! Il se présente comme étant un major du KGB faisant défection, le major Anatoli Trifonov. Ce monsieur prétend détenir des informations très importantes concernant des fuites au siège de l’OTAN (en France à l’époque). Une partie des informations qu’il détient concernent directement le SDECE (le contre-espionnage français). Kennedy envoie donc un courrier personnel à de Gaulle pour l’en informer. Quatre agents, deux du SDECE et deux de la DST, sont envoyés à Washington pour interroger le transfuge russe…
Critique :
Philippe Richelle, le scénariste, met la main dans une histoire compliquée et il ne facilite pas la compréhension du lecteur en usant et abusant de cette nouvelle manie des auteurs de changer sans arrêt d’époque et de lieu. Et vas-y que j’avance de dix ans dans le temps pour ensuite reculer de deux… Passe encore quand toute l’histoire tient en un album, mais ce n’est pas le cas ici, puisque nous n’en sommes qu’au début de l’affaire. Résultat, une grande confusion qui retire une grande partie du plaisir de la lecture. Dommage, j’étais habitué à mieux avec Philippe Richelle. Pourvu que la suite soit plus intelligible.
Usine Octobre Rouge (Tankograd). Février 1945.
Un bébé survitaminé vient de sortir des chaînes de montage de l’usine Octobre Rouge : le Joseph Staline 2. Un monstre ! Il est doté d’un canon de 122mm ! Un calibre qu’aucun char n’a encore jamais adopté. De surcroît, il dispose d’un blindage des plus conséquents comme nul char russe n’en a jamais bénéficié. Son papa n’est autre que l’ingénieur Sergueï Souvarov. Souvarov envoyé au goulag par Staline. Puis, sur ordre du Petit Père des Peuples, il en a été extrait pour construire des chars. Où ? A Stalingrad ! Pendant les terribles combats, les chars T-34 sortaient de l’usine de tracteurs « Barricade » pour être immédiatement envoyés au combat. Souvarov porte un soin tout particulier à son 500e char. Il fait peindre une dédicace sur la tourelle de ce colosse : « Cette machine tue les fascistes ». En unité, ce tank recevra le n° 101. Il va être engagé dans la terrible bataille de Berlin où les pertes des Soviétiques seront terribles.
Par quel miracle ce char va-t-il se retrouver en 2001 en Afghanistan ?
Critique :
Le scénariste Pécau nous invite à suivre les aventures extraordinaires d’un char Joseph Staline 2 qui parti de Russie ira combattre en Allemagne, sera présent en 1956 pour écraser les velléités de liberté des Hongrois, sera ensuite livré aux Cubains, retraversera l’océan Atlantique pour appuyer les forces du MPLA en Angola… Et terminera sa carrière dans les montagnes afghanes de Tora Bora devant l’un des repères d’un certain Oussama Ben Laden…
Les dessins sont de bonne facture. Un cahier de 7 pages achève l’ouvrage avec des données techniques, des tenues de tankistes, le JS3, son successeur, et le char Tigre allemand.
C’est un scénario intéressant, mais je n’ai pas été touché par la grâce en le lisant.
Île de Mactan. 27 avril 1521.
Ici s’achève la route d’un des plus extraordinaires explorateurs, Fernand de Magellan en français, Fernão de Magalhães en portugais, Fernando de Magallanes en espagnol. Comment est-il mort ? Officiellement ? Une flèche empoisonnée aurait eu raison de celui qui contre vents et marrées s’est battu pour effectuer le tour du monde par l’ouest prouvant ainsi que la Terre est une sphère, en parfaite contradiction avec les affirmations de l’Eglise disant que la Terre est le centre de l’univers et qu’elle est plate…
Critique :
On croit connaître l’histoire de Magellan, l’homme qui a accompli un exploit surhumain, et pourtant il s’en est fallu de peu qu’il ne tombe complètement dans l’oubli. Pourquoi ? Magellan, en bon soldat et marin portugais proposa à son roi, Manuel Ier, d’ouvrir une route vers l’Orient, non en contournant l’Afrique comme le faisaient les Portugais depuis Vasco de Gama, mais bien par l’ouest. Malgré ses exploits de soldat, les grands du Portugal, grands ingrats et jaloux, ont terni son image aux yeux du roi alors qu’il avait si bien servi son pays. Ne trouvant pas de soutien au Portugal, ne disposant d’aucune fortune, il s’en est allé proposer ses services au jeune roi d’Espagne, un certain Charles qui règnera jusqu’en 1555. Charles l’écouta et lui confia une flotte de cinq navires. Un Portugais aux commandes d’une flotte espagnole ? Comment les capitaines espagnols peuvent-ils accepter pareille infâmie ? Qui a dit qu’ils l’acceptaient ?
Christian Clot propose ici un scénario qui va au-delà de ce qu’on raconte d’habitude sur Fernand de Magellan. Il fournit une autre explication sur la mort du génial explorateur transformant cette aventure en thriller. Est-ce vrai ce qu’il raconte ? Impossible à dire. Le bougre s’est redoutablement bien documenté et à la fin de l’album il fournit huit pages d’informations qui accréditent sa version… Mais je vous en laisse la surprise !
C’est un sacré travail d’équipe qui a été ici fourni, puisqu’il y a pas moins de trois dessinateurs…
L’histoire est passionnante et fort bien illustrée. Si vous croyiez tout savoir sur l’exploit de Magellan, je vous invite à vous confronter à ce récit qui sèmera le doute dans vos certitudes !
An 777 ap. J.-C.
En Vasconie (grosso modo la Navarre) des soudards francs incendient une maison isolée avec la notable intention d’en griller les Vascons qui l’occupent. Voilà dix ans que les Vascons ont dû se soumettre à celui qui deviendra empereur en l’an 800, Karolus Magnus, mais qui pour l’heure ne porte pas encore ce titre. Deux vaillants Vascons qui passent par là se débarrassent facilement des guerriers francs malgré que ceux-ci soient huit.
Au même moment, très loin de là, à Paderborn, capitale de Charlemagne, arrive une ambassade venue quémander l’aide du puissant roi des Francs. D’où viennent-ils ? Le gouverneur de Saragosse, Wali, un musulman, implore l’aide de Karolus l’assurant qu’en échange de son soutien contre l’Ommeyade Abdelrahman, il promet d’ouvrir toutes les portes des cités qu’il gouverne dès que le très puissant roi franc se présentera…
Au moment de l’arrivée de cette ambassade étrangère, Karolus statuait sur le sort d’un jeune homme vascon qui se refusait à devenir moine dans le Monastères des Brumes. Il s’était enfui en faisant passer de vie à trépas deux des gardes… Pas sûr que sa tête puisse rester fixée à ses épaules…
Critique :
Les éditions Soleil nous ont habitués à des standards de dessin très élevés, n’hésitant pas à aller quérir des talents hors de France. C’est encore le cas pour cette nouvelle saga avec Eon, né en France à Lyon et établi en Italie. De son nom complet, Eon Joseph Viglioglia. Jusqu’ici davantage connu pour ses dessins érotiques, c’est sa grande entrée dans la bande dessinée francophone. Il se charge lui-même de la mise en couleurs. C’est de l’excellent travail.
Pendant des décennies, ce « brave » Charlemagne, Karolus Magnus pour être plus précis, n’a pas beaucoup emballé les auteurs de bandes dessinées. Il semble enfin sortir de l’ombre, les scénaristes se disant que le gaillard a du potentiel puisqu’il eut un très long règne au cours duquel il unifia une bonne partie de l’Europe occidentale en soumettant les uns après les autres ses voisins, portant ses frontières (marches) toujours plus loin. Il le fit « en douceur » à la pointe de l’épée. Il ne faut donc pas s’étonner si dans cette bande dessinée-ci, Jean-Claude Bartoll, le scénariste, le présente comme l’empereur des barbares… Surtout vu du point de vue des Musulmans.
On y retrouve Roland, son neveu, qui a soumis les Bretons et qui, malgré ses exploits ne semble pas fort récompensé par son tonton chéri…
Il va de soi, qu’assoiffé de conquêtes, Karolus va accéder à l’appel à l’aide. Petite pierre dans son soulier, il lui faut traverser les Pyrénées avec une nombreuse armée… C’est qu’il va falloir nourrir tout ça, ma bonne dame… Et leur fournir du fourrage pour les bêtes… Sans oublier du bois pour que les hommes puissent se réchauffer et cuire leurs aliments… Et qui va devoir fournir tout ça ? Les Vascons ! Or ceux-ci n’apprécient pas vraiment les Francs… Et si les Vascons des pleines sont soumis, il n’en va pas de même pour ceux qui vivent dans la montagne !
Cependant, les Vascons n’en mènent pas large : les Francs au nord, les Sarrasins au sud…
Sachez que Charlemagne peut compter sur une maîtresse espionne en la personne de la Saxonne Brunhilde von Bruck, autant maîtresse de Charlemagne, qu’espionne.
Le décor est planté pour la suite des aventures…
Si vous n’avez pas lu le tome 1, vous n’allez pas comprendre grand-chose… Et si vous l’avez lu, vous comprendrez à peine davantage où Denis-Pierre Filippi veut nous emmener…
Quelques magnifiques planches de Patrick Laumond ne suffiront pas à sauver cette bande dessinée du naufrage tant le scénario est brouillon.
Pour une fois qu’il y avait du steampunk au programme servi par un dessinateur talentueux, on pouvait espérer une histoire plus captivante sans ces nombreux dialogues convenus.
Le découpage entraîne le lecteur dans un voyage où après quelques planches en plein cœur de l’action, on remonte en arrière de cinq heures (et en ce court laps de temps, nos « héros » vont se retrouver au-dessus de la mer au départ de Paris). Qui a dit qu’il fallait nécessairement ajouter de l’invraisemblance à l’invraisemblance parce que c’est une uchronie steampuntesque ?
Terra prohibita… La Terre interdite… Mais de quoi parle-t-on que diable ? L’Angleterre, vous connaissez ? Eh, bien, l’Angleterre n’est plus ! C’est un pays dévasté, envahi par des organismes exogènes aux effets effrayants et incontrôlables. D’aucuns pensent pouvoir les traiter pour en faire un bon usage…
Critique :
Voilà ce que rapporte le résumé de l’éditeur, Glénat. Ah ? J’ai dû louper un passage… Ou il manque des pages dans mon album parce que ce n’est pas clair du tout pour l’esprit simple que je suis de déduire cela des planches de ce premier album !
Comme beaucoup, j’ai été attiré par la couverture très steampunk et les pages que j’ai feuilletées. Les dessins de Patrick Laumond sont grandioses et encore mis en valeur par la mise en couleur réalisée par Arancia Studio. Voilà les points que j’ai appréciés.
Malheureusement, je me suis égaré plus d’une fois dans ce scénario. Denis-Pierre Filippi, le scénariste, n’a jamais dû entendre dire : « Qui trop embrasse, mal étreint ! ». Ou comme disait l’un de mes instituteurs : « Qui trop embrasse rate son train ! ». Le scénario part dans tous les sens et on se retrouve avec une bouillabaisse (ou un waterzooi pour les Belges) dans laquelle, on finit par se noyer. On ne sait plus pour finir qui est au service de qui, quelle est la mission (les missions ?) et quelle est la nature du drame, si drame il y a.
On débute, en Afrique, avec un tueur à gages, Dorian Singer, qui s’en vient liquider le biologiste qui découvre l’étendue des dégâts provoqués par cet organisme et ses effets incontrôlables et qui pense que le mieux à faire est de tout brûler. Visiblement, le bureau central est déjà au courant et ne partage pas cet avis puisque Dorian Singer est là, envoyé par le bureau, pour liquider ce gêneur. Seulement, Dorian Singer, biologiste, lui aussi, compte bien profiter de cette mission pour se livrer à ses propres expériences, en se servant, in vivo, du corps du scientifique… Pendant qu’il se livre à son expérimentation, il discute avec une apparition. Non, nous ne sommes pas à Lourdes ou à Fatima ! Qui est-ce ? Eh bien, l’apparition est « lui », en plus jeune. Vous suivez toujours ?
Ensuite, on se retrouve dans une cité aérienne britannique, avec monsieur Dorian Singer, encore lui ! J’en reste là pour ne pas spoiler. Comme j’ai acheté les deux albums en un coup, je m’en vais tout de même lire le deuxième… Et surtout profiter des fabuleux dessins…
Et si tout le monde ou presque y trouvait son compte ?
Votre pays est sous embargo, vous avez des voisins hostiles, peu de pays vous aiment… Quelques obus venant alimenter votre artillerie ne seraient pas un luxe…
Vous avez une usine, 2000 personnes qui travaillent pour vous… Et vous êtes à deux pas de la banqueroute. Il faudrait un miracle pour sauver votre usine… Ce miracle ne peut provenir que d’une affaire pas trop nette… 2000 emplois perdus, vous vous rendez compte ?
Vous êtes un jeune énarque ambitieux, un ami vous propose de faire le nécessaire auprès du ministre pour qui vous travaillez pour qu’une livraison d’obus puisse se faire auprès d’un pays considéré comme hostile… Ce service est grassement rémunéré… Bien entendu, vous toucherez votre « petite » commission…
Votre ministre serait prêt à couvrir une vente d’armes fort peu légale et en opposition apparente à la position officielle de votre pays… A condition d’augmenter les rétrocommissions…
Critique :
Philippe Richelle se lance dans une nouvelle série de scénarios dans la collection « Affaires d’Etat » chez Glénat. Lui, c’est le « département » Jihad qui lui a été confié et il nous met l’eau à la bouche avec ce premier album qui n’est qu’une introduction à une série que l’on espère très prometteuse. Le dessin d’Alfio Buscaglia, à la fois moderne et réaliste sert merveilleusement bien le scénario. Claudia Boccato colorise parfaitement bien l’ouvrage.
Si vous voulez vous plonger dans les affaires sales de la République française, ne détournez surtout pas le regard de cette série qui promet d’être très intéressante d’autant que Philippe Richelle a déjà démontré par le passé tout son talent dans des histoires réalistes : Amours fragiles ; Les mystères de la troisième république ; Les mystères de la quatrième république ; Voltaire, Le culte de l'ironie ; Les mystères de la cinquième république, etc.
Les affaires d’état sont sa tasse de thé. Pour autant, il fignole les personnalités des petits personnages, en particulier ceux de la DST, avec leurs petites affaires privées et pas seulement des enquêtes.
Vivement la suite !
Quels liens peut-il exister entre une arrestation d’un juif en mai 1943 à Paris, l’attentat à la bombe à Madrid en décembre 1973 contre l’amiral Carrero Blanco que Franco, fort malade, a désigné comme étant son successeur, et l’assassinat de Dupré en France en 1978, Dupré collecteur de fonds pour le parti d’extrême-droite de Jean-Maurice Le Guen, le Parti National ? Vous ne voyez pas ? … Moi, non plus ! … Et pour cause, « Un homme encombrant » est le premier tome de la nouvelle collection de Glénat « Affaires d’Etat – Extrême droite » …
Critique :
Toute ressemblance avec des personnages connus de la politique française de la fin du XXe siècle n’est pas une pure coïncidence, mais ce n’est pas non plus une BD historique rapportant fidèlement des faits réels. Philippe Richelle recrée l’atmosphère qui vit naître un parti d’extrême droite en France dans les années 1970, mais ce n’est là qu’une base de travail pour proposer un thriller de bonne facture avec des personnages antipathiques au possible dans les milieux d’extrême-droite, une extrême-gauche dont on ne sait pas trop bien si elle roule pour elle-même, si elle est manipulée ou si certains de ses membres sont corrompus… Heureusement, à Rouen, il y a le commissaire Pommard, en plein divorce, père aimant, en pleine procédure de divorce, qui a une fille qui souffre de surpoids, pour apporter une touche d’humanisme. Ses deux adjoints sont aussi différents que possible : Bernès qui joue les durs avec toute la délicatesse d’un bulldozer cueillant des pâquerettes et Jacquet, le fringuant inspecteur très policé qui s’apprête à convoler en justes noces avec une fille dont le papa est extrêmement riche…
Philippe Richelle, au scénario, a l’air de s’y entendre pour créer le suspense et un thriller avec de nombreux intervenants. Pierre Wachs au dessin fait preuve d’une grande maîtrise de la ligne claire et sait donner mille et une expressions aux visages de ses personnages. Claudia Boccato maîtrise la couleur et contribue à rendre l’album très lisible. Vivement la suite !
Les secrets de famille, cela vous parle ? Peut-être y en a-t-il chez vous ?
Edo Brenes, dessinateur, graphiste, rentre au Costa Rica, son pays natal, depuis l’Europe. Il n’a que quelques jours devant lui pour exploiter les photos de famille. Il s’est mis en tête de retracer le parcours de son grand-père maternel auquel il ressemble beaucoup physiquement et de sa grand-mère.
Au départ, il compte filmer les interviews, mais autant les gens parlent avec aisance en découvrant les photos qui leur rappellent les souvenirs de leur jeunesse, autant ils considèrent qu’ils n’ont rien à dire quand on les filme. Edo comprend qu’il doit renoncer à filmer et se contenter de prendre des notes pour que ses témoins s’expriment librement. En discutant via Internet avec son épouse restée en Europe, il découvre la nécessité de dresser deux arbres généalogiques : un pour la famille de maman et un pour la famille de papa. Au fur et à mesure qu’il rencontre des cousins, des cousines, des oncles, des tantes, il se concentre sur trois personnages inséparables : la belle Rosario (sa grand-mère maternelle) et les deux frères : Virgilio, le plus jeune de six ans, et Osvaldo l’aîné qui a la lourde charge de devoir aider sa mère, son père étant décédé.
Rosario et Osvaldo ont le même âge. Ils semblent très proches même si la timidité et le sérieux d’Osvaldo sont de lourds handicaps. Virgilio est tout le contraire de son frère ! C’est un casse-cou, très doué, mais qui ne va jamais au bout des choses. Il a un talent fou pour le football… mais il se met à picoler…
A la surprise générale, la belle Rosario, très courtisée, que tout le monde s’attend à voir épouser Osvaldo, se marie avec Virgilio, six ans plus jeune qu’elle et quelque peu (beaucoup même) alcoolique et infidèle…
Critique :
Edo Brenes a plongé dans son histoire familiale pour raconter au travers de ce roman graphique un secret de famille dont le lecteur est loin de se douter. Derrière des tas de témoignages anodins, il commence à découvrir qui était réellement son grand-père maternel, Virgilio, mort depuis longtemps, mais surtout les curieuses relations entre sa grand-mère Rosario, son grand-père et Osvaldo, son grand-oncle. Le récit se construit à la fois grâce aux photos du passé mais aussi aux témoignages de ceux qui ont connu les trois protagonistes.
C’est aussi l’occasion de découvrir une certaine vie, durant plusieurs décennies, au Costa Rica, seul pays d’Amérique centrale qui n’a pas d’armée, supprimée en 1949 ! Il fut même le premier pays à se passer d’armée. En contrepartie, cet état a considérablement investi dans les soins de santé et l’éducation. Un exemple trop peu suivi, hélas, particulièrement en Amérique latine.
Mais revenons à Edi Brenes que j’ai eu l’occasion de rencontrer à Bruxelles le samedi 11 septembre 2021. Son dessin, très ligne claire, est assez figé… Et pour cause… Il reproduit les fameuses photos de famille. Tout l’art et l’intérêt de cette bande dessinée repose sur le côté innocent et anodin de cette recherche effectuée par l’auteur pour en savoir davantage sur sa famille et en particulier son grand-père et sa grand-mère du côté maternel. Vu comme cela, on pourrait se dire « Bof ! Bof ! Et rebof ! » et certains ne manqueraient pas d’ajouter « Rien à cirer de ces histoires de zoulous guatémaltèques ! » … Heu… Il n’y a pas de zoulous au Costa Rica qui n’est pas le Guatemala… Et ils auraient tort car cette histoire est bien plus proche d’un roman que d’une bande dessinée classique. Tout l’intérêt repose sur la fin de l’histoire…
Quant au graphisme, très sobre, il est dans la veine des romans graphiques actuels. En temps ordinaire, je ne suis pas particulièrement fan de ce type de couleurs et de dessins « trop minimalistes » mais j’avoue qu’après lecture, ils me semblent parfaitement adapté au style du récit, permettant au lecteur de se concentrer sur l’essentiel.
Côte sud de l’Angleterre. 1940.
Les Anglais n’en mènent pas large : jour après jour leurs aérodromes sont attaqués. Les pilotes sont à bout, les nouvelles recrues sont à peine formées et ne font pas long feu… Ou plus exactement périssent dans les flammes de leurs zincs. La situation est désespérée surtout lorsque les Allemands s’en prennent au système de radars qui permet aux Anglais de savoir quand une attaque va avoir lieu permettant à leurs pilotes de décoller à temps pour intercepter leurs ennemis. Qui plus est, la population du village à côté de la base de Vic est de plus en plus hostile à l’égard des pilotes après le meurtre et le viol d’une jeune fille par « un homme en uniforme ».
Vic est amoureux d’une prostituée qui a trouvé dans cette activité le moyen de gagner de l’argent pour subvenir aux soins que réclame son jeune fils. Ce que Vic ignore, c’est que Ruby fait bien plus que se prostituer…
Critique :
Les dessins de Thomas du Caju et la mise en couleur sont sublimes. Les amateurs d’avions apprécieront ! L’ambiance est parfaitement rendue dans les planches. Malheureusement, le scénario est plein de clichés et n’assure aucune surprise au lecteur tant toutes les situations sont téléphonées. Le Brésilien, Antunes, devait expédier ce deuxième album en un minimum de pages puisque dès le numéro 1, il était annoncé que tout se terminerait en deux volumes. Pas le temps de peaufiner un scénario digne de ce nom, alors recours aux grosses ficèles. Triste.
Si vous aimez les avions bien dessinés, passez outre le scénario et profitez de l’excellent travail de du Caju. Par contre si vous tenez à découvrir un scénario surprenant plein de rebondissements originaux, passez votre chemin, vos neurones risquent de mourir de faim car il n’y a pas grand-chose à grapiller, on se croirait dans « Les Feux de l’Amour » …
1940. Bataille d’Angleterre.
Ce n’est pas un jour de chance pour Vic Stone. A bord de son Hurricane, déjà nettement désavantagé par rapport au Messerschmitt BF 109E, avoir sa radio en panne, l’avion endommagé et à court de munitions, c’est le genre de rencontre mortelle qu’il vaut mieux éviter. Mais Vic n’a aucun moyen de l’éviter. Aussi, malgré ses indéniables talents de pilote se voit-il contraint de se poser avec son appareil en feu. Le pilote allemand s’apprête à le mitrailler alors qu’il se pose avec difficulté et qu’il n’est pas sorti de sa boite d’allumettes incendiée. Et là, miracle ! Le nazi se fait descendre par un autre Hurricane. Ce n’est pas encore aujourd’hui que Vic échangera ses ailes de pilote contre celles d’un ange…
Critique :
Wander Antunes, Brésilien, nous fait revivre la Bataille d’Angleterre… Mais pas que ! Il nous invite à partager une histoire double, voire triple. La Bataille d’Angleterre, bien sûr, mais aussi une enquête pour viol et meurtre dans le village proche de la base. Un homicide commis sur une jeune demoiselle. Un crime qui aurait été perpétré par un homme en uniforme. Les relations se gâtent entre la population qui réclame justice et les militaires qui envoient sur place le très antipathique Collins. Tiens donc, Vic et Collins se connaissent et un vieux différend les oppose… Et puis, l’atterrissage contraint et forcé de Vic lui fait découvrir une femme magnifique grâce à son gamin, fou d’aviation, et qui se cherche un nouveau père. Vic lui conviendrait tout-à-fait… Problème que Vic ignore : la jolie Ruby est connue de toute la base ! Son corps, elle est obligée de le vendre pour nourrir, habiller et protéger son fils. Elle voudrait arrêter son activité qu’elle ne pourrait pas. Le crapuleux Peter, son souteneur, ne tient pas à perdre sa poule aux œufs d’or.
Ah, j’allais oublier… Il y a aussi une affaire d’espionnage…
Un récit qui devrait s’achever avec le deuxième album, en espérant qu’il ne tarde pas trop.
Ducaju, le dessinateur belge, s’était déjà fait remarquer par ses splendides dessins pour la série « Betty & Dodge » qui se déroulait… pendant la Seconde Guerre mondiale offrant aux avions une place de choix. C’est certainement un des meilleurs dessinateurs d’avions de la Seconde Guerre mondiale. Et ses personnages ne sont pas en reste. Précipitez-vous pour acheter l’album de la première édition. Il est accompagné d’un cahier graphique d’une qualité rarement atteinte.
New York. 1887.
Comment rendre folles des femmes qui ne le sont pas ? La recette est simple : le froid d’abord, l’ennui ensuite ! Enfin la fatalité et l’obéissance. La faim et l’ennui ramollissent l’esprit. Si elles ne deviennent pas folles, elles peuvent toujours mourir du manque d’espoir ou sous les coups des infirmières, à moins que ce ne soit à cause de l’incompétence des médecins. Le manque de fruits frais affaiblit les malades et fragilise les femmes saines d’esprit. Voilà un régime qui n’a certainement pas pour but la guérison des patientes. Il faut dire que certains en vivent très bien à commencer par le directeur de l’institution…
Voilà ce qu’a découvert Nellie Bly en se faisant passer pour folle durant dix jours afin d’enquêter sur les traitements infligés sur l’île de Blackwell à ces dames dont beaucoup se trouvaient là pour des raisons qui n’avaient rien de médical : un fils voulant se débarrasser de sa mère pour ne pas avoir à la nourrir malgré qu’elle l’ait élevé ainsi que ses petits-enfants, un mari trouvant sa femme trop encombrante, un fiancé qui rompt ses fiançailles, une pauvre fille malade et sans le sou dont l’hôpital se débarrasse en l’expédiant à l’asile ou tout bêtement une femme qui ne parle pas anglais et qui n’arrive pas à se faire comprendre. Si elles ne sont pas encore folles, elles ne tarderont pas à le devenir…
Critique :
Nellie Bly voulait être journaliste. Comment ? Mais c’est un travail d’hommes, voyons ! Ils sont beaucoup plus polyvalents. Ah, bon ? Elle décide alors de faire ce qu’aucun homme n’a encore fait, se faire passer pour folle pour vivre dix jours en immersion, incognito, pour voir le fonctionnement de l’institution de l’intérieur et rapporter les faits à l’extérieur via la presse et tenter ainsi de modifier les choses. Elle a toutefois pris ses précautions avant de se lancer dans ce reportage car une fois entrée dans cet enfer aucune chance d’en sortir autrement.
Virginie Ollagnier et Carole Maurel ont su donner vie à Nellie Bly et leur roman graphique est un solide témoignage des conditions de vie des femmes au XIXe siècle aux Etats-Unis. Les flash-backs permettent de suivre l’existence de Nellie Bly depuis son enfance jusqu’à la fin de cette affaire de mauvais traitements et d’incompétence médicale qui abusait des deniers publics. Le moins qu’on puisse dire c’est que ses premières années furent celles d’une enfant choyée qui adorait son père qui lui donnait une éducation d’avant-garde favorisant son autonomie, sa curiosité et son esprit de découvertes. La mort de ce papa adoré, qui n’a pas su préserver juridiquement sa famille, va plonger sa femme et ses enfants dans une extrême pauvreté. Cette femme était exceptionnelle et ce livre lui rend hommage aussi fidèlement que possible. Les autrices ont fait un excellent travail qui rend cette lecture incontournable.
Village de Folies. Août 1931.
Madeleine a six ans. Elle adore lire. Elle est fille d’instituteurs. Son père et sa mère pour éviter d’être séparés à la fin de leurs études à l’école normale ont accepté d’être envoyés là où personne ne voulait aller : dans la Somme, terre dévastée ô combien meurtrie par la Grande Guerre.
Là, elle s’acoquine avec les garçons du village les moins recommandables aux yeux de sa mère qui est leur institutrice. Ils la mettent au défi de se joindre à eux pour participer à un jeu dangereux : désamorcer un obus non explosé, pour en vendre le cuivre, matière première très recherchée. Des obus comme ça, on dirait qu’il en pousse partout dans la région puisqu’ils y ont été semés par millions…
Critique :
Parfois, il n’est pas nécessaire d’inventer une histoire extraordinaire. Il suffit de faire parler ceux qui les ont vécues. C’est le cas de Madeleine Riffaud. Lorsqu’elle était jeune, elle a pris part à un réseau de résistance. Ce qui nous paraît tellement extraordinaire, à nous, aujourd’hui, lui semblait au contraire tout à fait normal à son époque. Était-ce si normal que ça ? Non ! L’immense majorité des jeunes de son âge ne se sont pas impliqués comme elle l’a fait.
Pour rapporter son histoire, il a fallu d’abord la convaincre qu’il était indispensable qu’elle confie ses souvenirs avant qu’il ne soit trop tard et qu’ils ne soient perdus à jamais. Les auteurs retracent cela très bien dans la version « tirage de tête » (999 exemplaires numérotés) sous forme d’illustrations et de texte en supplément à la fin de l’album. Ils y précisent aussi les portraits des principaux protagonistes. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié.
Sachez que les aventures de Madeleine ne sont pas complètes avec ce premier album. Il y aura forcément un second tome… Et peut-être davantage car l’album se termine alors qu’elle entre enfin dans un groupe de résistants… et la guerre ne fait que commencer… Sans oublier que la vie aventureuse de Madeleine ne s’est pas achevée à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Les auteurs ont pris le parti de n’utiliser qu’une famille de couleurs dans les tons bleu-gris qui confère à l’ensemble une solennité de par ses tons froids… L’époque manquait cruellement de chaleur. Cela rappelle les photos en noir et blanc ou sépia, mais cette tonalité bleue confère une grande élégance à l’ensemble. Les dégradés sont magnifiques. Dominique Bertail a fait de l’excellent travail ! Mais comme j’ai envie de me montrer cruel, je vais jeter une pierre dans son joli jardin : un mauvais point pour le dessinateur qui représente en mai 1940 des Stukas modèle G équipés de canons de 37mm en guise de mitrailleuses. Ces Stuka-là seront le dernier modèle de cet avion de combat de bombardement en piqué à être produit. Les premiers G n’apparaitront qu’à partir de 1942. Que cette remarque ne gâche pas votre plaisir et ne vous empêche nullement d’apprécier l’ensemble de cette BD qui, je l’espère, connaîtra une longue vie et sera lue par les plus jeunes qui voudraient se faire une idée de ce qu’à pu être l’occupation, en particulier pour des adolescents.
Au terme du premier tome des aventures de monsieur Vadim, nous l’avons laissé en bien fâcheuse posture, suspendu à l’arbre d’où il s’apprêtait à accomplir sa mission de tireur d’élite sur trois cibles fort antipathiques et extrêmement puissantes dans la région de la Côte d’Azur. Avoir vu son petit-fils parmi les invités l’a complètement déstabilisé, au propre et au figuré.
Dans le parc où a lieu la cérémonie de mariage de la fille du boss, mafieux d’entre les mafieux, c’est la panique ! Mayo qui l’attend à l’entrée du parc en voiture prend peur lorsqu’il voit la foule des invités surgir en hurlant. Il démarre et, en trombe, vient s’encastrer… dans la limousine conduite par quelqu’un qui a un œuf de dinosaure à peler avec lui…
Critique :
Voulez-vous de l’action ? De l’humour ? Du suspense ? Des intrigues ? Un dessin cocasse et dynamique ? Des couleurs variées et parfaitement adaptées aux circonstances ? Alors, n’hésitez pas ! Si ce n’est pas encore fait, procurez-vous le premier tome des aventures de Monsieur Vadim avant de poursuivre avec celui-ci. Et si vous faites partie des bienheureux qui ont eu l’occasion de suivre les heurts et malheurs (surtout pour les autres) de notre tranquille pépé dans ce premier volume, le deuxième va enfin mettre un terme aux angoissantes questions que vous vous posez. Oui, il s’agit bien d’une fin… Ou plutôt d’une conclusion car ce serait dommage que les auteurs en restent là avec ce magnifique personnage de légionnaire retraité ayant subi un AVC, martyrisé par l’arthrose et des souvenirs tragiques. Ce personnage en or mériterait de vivre encore bien des aventures… Malgré lui, bien sûr !
J’espère que Gihef, Morgann Tanco, Cerise et la collection Grand Angle m’entendent et ne se limitent pas à ces deux excellents albums des truculentes aventures de Monsieur Vadim, un paisible retraité qui n’aspire qu’à vivre en paix avec son petit-fils et auquel le lecteur s’attache très vite ! Tout comme à Mayo, ce jeune que les féées ont oublié à la naissance et qui n’a connu que déboires depuis son entrée à l’orphelinat. Il se contente de peu de choses et le fond est bon. On peut dire qu’entre Vadim et lui des liens se tissent même si Mayo a l’art de commettre des gaffes… Pour notre plus grand plaisir !
Région niçoise.
Les Chrysanthèmes de l’Esterel, vous connaissez ? Non ? Normal, vous êtes encore jeunes et bien portants. (En tout cas, je vous le souhaite.) C’est dans cette maison de retraite que monsieur Vadim s’est retiré. Après de nombreuses années passées à la Légion étrangère, le décès de sa femme, puis celui de sa fille, son arthrose aidant, ayant toujours vécu au sein d’un groupe, il y passe des journées tranquilles. Pas question pour lui de rater à 14 :45 le feuilleton télévisé « Les coquillages de l’amour ».
Une pénible nouvelle attend monsieur Vadim lorsque l’assistante sociale, accompagnée de policiers s’en vient le trouver. Monsieur Vadim se retrouve sans un sou ! Il va devoir quitter sa maison de retraite n’ayant plus aucun moyen pour régler la facture. Il a été victime d’un escroc, monsieur Canesta, qui, profitant de son état au lendemain de son AVC, lui a fait signer des documents lui donnant carte blanche pour gérer ses biens. En clair, cette fripouille de Canesta a tout détourné, y compris sa pension de retraite de la Légion.
Ne disposant plus que de quelque menue monnaie, se retrouvant à la rue, le ventre vide, monsieur Vadim entre dans un snack belge, le Noir Jaune Rouge, et demande ce qu’est une « mitraillette », spécialité bien belge, une demi-baguette de pain avec viande et sauce au choix et garniture de frites. Il est occupé à régler sa commande lorsque trois malfrats cagoulés pénètrent dans l’établissement et exigent la caisse, les portefeuilles des clients et tout ce qu’ils ont dans leurs poches. L’un des gangsters menace directement monsieur Vadim avec son arme…
Critique :
La morale de cette histoire pourrait être : « Faut pas faire ch… les vieux ! ». Gihef, scénariste et dessinateur de bandes dessinées belge est à la base de ce très original scénario qui voit un paisible retraité de la Légion étrangère reprendre du service, malgré lui, dans le milieu du grand banditisme sur la côte niçoise. L’humour est omniprésent tout en offrant un scénario finement construit digne des meilleurs polars. Les dessins du Toulousain Morgann Tanco illustrent parfaitement les aventures géniales que le senior vit malgré lui. Cerise met le tout en couleurs dans des tons qui conviennent particulièrement à cette atmosphère très Côte d’Azur. Le tout en immersion dans la « culture » belge puisque l’un des protagonistes, appelé simplement « le Belge », nous abreuve de formules venues du plat pays. Il mélange allègrement expressions flamandes et wallonnes et il est propriétaire de deux snacks bien « belches » où il ne vend pas que des frites… Ce qui lui vaut quelques ennuis avec la toute puissante « Trinité », une organisation mafieuse gérée par trois hommes aux profils très différents qui ont la police et toutes les autorités à leur botte.
L’aventure n’est pas terminée au terme de ce premier tome, bien au contraire. Les deux premiers tomes étant parus maintenant, je ne puis que vous en recommander l’achat simultané car vous vivrez une grande frustration à la fin du premier volume si vous ne pouvez enchaîner avec le deuxième !
Ce polar efficacement construit et plein de surprises, drôle et fort bien mis en images devrait toucher un très large public. Régalez-vous ! C’est du bon, c’est du franco-belge !
A France Enquêtes, c’est l’inquiétude : Jacques Gipar a disparu depuis trois semaines ! Petit-Breton, son assistant, est chargé de le retrouver. Il commence par se rendre à l’appartement de Gipar… Quelqu’un s’y trouve…
Critique :
Cette fois-ci, Thierry Dubois, l’auteur nous entraîne dans une affaire d’espionnage débutée dans « L’Echo de la Taïga », le 8e album, à lire de préférence avant d’aborder celui-ci. Les Russes semblent s’intéresser très fort à la nouvelle centrale atomique de Saclay. Y aurait-il des traîtres parmi l’équipe d’ingénieurs ? Et Jacques Gipar va-t-il réapparaître ? Difficile, en si peu de planches, de donner un côté crédible à cette histoire d’espionnage. Le livre se laisse lire tout de même, d’autant que Jean-Luc Delvaux nous immerge dans les années 50 grâce en particulier aux véhicules de l’époque auxquels il donne vie.
Il existe une version en noir et blanc de cet album qui présente en vis-à-vis des pages crayonnées et en noir et blanc. Il s’agit d’un tirage limité à 699 exemplaires.
Mais pourquoi donc un simple représentant de commerce, célibataire et pratiquement sans famille, se fait-il assassiner à côté de sa voiture ?
Hmm… On raconte qu’il ne passait pas la nuit seul à l’hôtel des Alliés où il avait ses habitudes… Les bruits courent qu’il serait l’amant de la femme du notaire… Se pourrait-il que le notaire… Hmm… Difficile ! Le notaire se fait assassiner à son tour… Puis, c’est au tour du clerc de notaire ! Mais pour l’inspecteur Général, Général c’est son nom, le coupable est tout trouvé : un gitan du nom de Manolo ! Jacques Gipar trouve le raisonnement beaucoup trop simpliste d’autant que des crimes sont commis après l’arrestation de Manolo…
Critique :
Difficile de ne pas penser à Gil Jourdan et à Maurice Tillieux lorsqu’on déguste cette série. Le cadre des années 50 est bien restitué, en particulier pour ce qui touche aux voitures dont Jean-Luc Delvaux est un grand fan. L’enquête en 44 planches est menée avec autant de suspense que ce format autorise. Le rebondissement final est bien pensé.
Impossible pour moi de ne pas songer à la série Gil Jourdan, et même si comparaison n’est pas raison, je regrette l’absence d’un personnage aussi truculent qu’un Libellule. Petit-Breton, le compagnon de Jacques Gipar ne sert pas à grand-chose. J’étais convaincu qu’il deviendrait le personnage comique de cette série. J’espère qu’il le deviendra un jour.
Régalez-vous avec cette ambiance de roman noir des années 50, surtout si vous êtes amateur de voitures de cette époque.
Bienvenue en l’an de grâce 1347… Enfin… Bienvenue… Bienvenue… Pas si sûr que ça…
Baldus et ses frères Hospitaliers naviguent en Méditerranée. Leur mission ? Expurger le « Mare Nostrum » de la présence des Turcs. Sur leur route, une galère… Une galère byzantine… Une galère qui se laisse facilement aborder… Et pour cause… Ils sont tous morts à bord ! L’air de la mer ne saurait chasser la pestilence qui règne sur le navire. Dans sa cabine, le cadavre du capitaine s’accroche à un coffret, comme si, même mort il voulait interdire à quiconque de s’en emparer… Baldus le saisit… L’Hospitalier l’ouvre. Et…
Critique :
J’aurais pu passer un excellent moment de lecture si l’auteur, Cédric Simon, s’en était tenu à des faits historiques et nous avait narré la grande peste de 1348 à travers un chouette récit d’aventures réalistes. Mais voilà, un peu d’ésotérisme et de fantastique, un peu beaucoup même, lui ont paru de circonstance pour rendre son récit plus intéressant. Et c’est là que j’ai décroché et que je me suis ennuyé plus d’une fois. Le découpage de l’histoire finit par perdre le lecteur à cause de cette manie de certains auteurs de vouloir glisser de la magie (ou de la sorcellerie, ou un châtiment divin) dans un récit où les faits historiques suffisent amplement à l’histoire. Je n’achèterai donc pas le deuxième et dernier tome de ce récit finalement plus fantastique qu’historique malgré les qualités indéniables du dessin d’Eric Stalner (qui a aussi participé au scénario). Claudia Palescandolo réalise une belle mise en couleurs.
Amis sorciers, exorcistes et autres mages, ce livre est fait pour vous. Historiens et autres passionnés d’authenticité passez votre tour !
Studios MGM, Beverly Hills. 1960.
Andrew est jeune et rêve de travailler dans le monde du cinéma. Il a le rôle ingrat d’un petit assistant. Le réalisateur le charge d’aller chercher la doublure de l’acteur principal pour faire les réglages lumière. Problème : la doublure a la gastro…
Le jeune assistant a une idée : pourquoi ne pas demander à l’acteur principal de venir lui-même ? Le réalisateur lui offre alors le choix. Soit il ramène la vedette en question pour se prêter à ces réglages, soit il est viré. C’est plein d’inquiétude qu’il va frapper à la porte de la loge de monsieur Buster Keaton.
Là, il va entreprendre un voyage dans le temps qui va lui faire découvrir celui qui fut le premier Roi d’Hollywood… Fatty ! Fatty qui ? Quoi ? Connais pas…
Critique :
Si vous vivez déjà depuis six décennies ou plus, vous vous souvenez certainement de ces films en noir et blanc du cinéma muet avec Charlot, Laurel et Hardy, Buster Keaton… On les diffusait le dimanche à la télévision (qui n’émettait qu’en noir et blanc) et ils étaient souvent programmés dans les cinémas de quartier le dimanche avant LE grand film en couleurs. Je vous parle des années ’60…
Vous souvenez-vous aussi de Fatty ? Je gage que non ! Ce nom ne vous dit pas grand-chose. Et pour cause… Il va se retrouver mêlé à un des pires scandales auquel le cinéma américain ait été confronté. Roscoe, c’est ainsi que ses amis l’appelaient, avait un talent fou, selon les critères de l’époque, et était connu et admiré dans toute l’Amérique. Dans toute l’Amérique, mais pas par toute l’Amérique. Une vague de puritanisme envahit le pays et dans ses films, Roscoe « Fatty » qui est acteur et réalisateur, n’hésite pas à placer des scènes de meurtres, de beuveries, des jolies filles en maillot de bain… et il se moque avec délectation de la police. La consommation d’alcool va être interdite dans les années 1920 et Hollywood n’est pas en reste. Hollywood veut « moraliser » la profession.
Fatty, Roscoe Arbuckle, donne des fêtes somptueuses où l’alcool coule à flot, où la drogue est présente et où les jolies femmes sont les bienvenues. Ces fêtes ont souvent lieu dans des hôtels, les lits ne manquent pas. C’est au cours d’une de celles-ci qu’une jeune et très jolie actrice, peu ou pas connue, va se retrouver en train de mourir dans la chambre de Fatty. S’ensuit alors une accusation lourde de conséquences pour celui qui est le Roi d’Hollywood. Il sera accusé de viol et d’homicide involontaire. Les dirigeants de la MGM, plutôt moralistes ne tardent pas à lâcher leur acteur fétiche, d’autant que, comme toujours, des foules de « justiciers » se pressent pour réclamer la tête du monstre, Fatty, et justice pour Virginia (du déjà vu et qu’on verra encore). L’affaire tombe bien pour Matthew Brady, procureur de San Francisco. Il a besoin d’une belle affaire pour gagner en popularité et devenir le prochain gouverneur de San Francisco. Au besoin, s’il manque des preuves, la police se chargera d’en fabriquer… Pardon, d’en trouver ! Et si certains témoins font des déclarations en faveur de l’accusé, les services du procureur, et donc la police, vont vite s’empresser de les discréditer ou de les faire changer d’avis. J’ajoute encore que la presse à scandale en rajoute plusieurs couches… Et pour cause, cela fait vendre et assure la fortune de ceux qui publient ces soi-disant informations.
C’est la vie, la gloire et la chute de ce premier roi d’Hollywood que julien Frey retrace dans ce fantastique scénario au travers du témoignage de Buster Keaton qui devait à Fatty d’avoir embrassé ce métier d’y avoir rencontré le succès.
A ce splendide scénario, relatant plutôt fidèlement les faits, viennent s’ajouter les dessins pleins de vie aux magnifiques couleurs issues d’une jolie palette d’aquarelles de Nadar.
Vous n’aimez pas la BD ? Vous lui préférez des romans ? Essayez donc ce roman graphique. Il serait étonnant que vous ne soyez pas conquis !
Le monde des gangsters américains est un monde d’hommes. Les femmes n’y ont leur place que dans le lit de ces messieurs ou pour les servir… C’est une règle, et comme toute règle, elle souffre une exception. Une exception d’autant plus étonnante qu’il s’agit d’une femme noire… Bienvenue à New York, plus précisément à Harlem, dans l’Entre-deux-Guerres, en 1933 !
Critique ;
En lisant « Queenie, la marraine de Harlem », vous allez immédiatement imaginer qu’il s’agit d’une fiction pour s’aligner sur les critères à la mode aujourd’hui où l’on veut rendre aux femmes une place égale à celle des hommes, et si en plus il s’agit d’une femme de couleur, alors, BINGO ! (Un exemple ? « La Ville de Bruxelles a choisi de la nommer rue Eunice Osayande. Cette travailleuse du sexe nigériane avait été sauvagement assassinée en juin 2018 derrière la gare du Nord. »)
Eh, bien, détrompez-vous car il ne s’agit nullement d’une fiction ! Stéphanie St-Clair a bel et bien existé et ce roman graphique en noir et blanc retrace son parcours alors qu’elle règne sur Harlem, mais avec des va-et-vient dans le temps pour comprendre comment cette femme née dans une famille à l’extrême de l’extrémité de la pauvreté s’est construite et a su s’imposer comme LA souveraine de la partie de New York peuplée par un nombre très conséquent de noirs, Harlem.
Le scénario d’Aurélie Lévy et d’Elisabeth Colomba est grandiose. Il donne une vision, probablement assez juste, de ce que cette femme a accompli, et même si c’est une gangster, on ne peut qu’être admiratif devant tous les obstacles qu’elle a su surmonter au cours de son exceptionnelle existence. Une fois ce roman graphique ouvert, vous ne pourrez plus le lâcher avant d’en avoir achevé la lecture.
Elizabeth Colomba au dessin a opté pour un noir et blanc, très ligne claire, d’une grande lisibilité. C’est un travail magnifique, d’autant plus beau que la couverture se présente dans un style très Art Déco, élégant et raffiné.
De tels personnages réels dépassent tellement ceux issus de la fiction qu’on en vient à croire qu’ils sont imaginaires…
Samuel fête ses trente-cinq ans ! Youppie ! Happy Birthday, etc. Stop ! Ne vous emballez pas ! Samuel fête son anniversaire, certes, mais tout seul ! Pas un ami pour partager le gâteau et une coupe de Champagne avec lui !
En désespoir de cause, il téléphone à son ex-épouse qui l’a quitté depuis huit ans en constatant son manque d’ambition. Elle en a marre qu’il l’appelle tous les ans à la même époque. Tout ce à quoi elle aspire, c’est qu’il ne l’appelle plus jamais ! Il peut crever, du moment qu’il ne l’importune plus…
Constatant qu’il n’a personne à qui parler, et ne se souvenant que d’un seul numéro de téléphone, il le forme. C’est le numéro de la maison de son enfance. Ô surprise, un enfant décroche…
Critique :
Ce roman graphique est tiré du roman de Cyril Massarotto, roman que je n’ai pas lu mais que je lirai peut-être… dans une autre vie… quand j’en aurai fini avec tous ceux qui m’attendent sur trois étages.
Malgré les recommandations multiples qui me poussaient à le lire : « Antonio, c’est mon coup de cœur de la rentrée ! » ; « Antonio, c’est génial ! Lis-le ! Si tu n’apprécies pas, je te le rembourse ! », je me faisais tirer l’oreille, non que j’aie douté un seul instant de la qualité des appréciations des personnes qui me le recommandaient, mais bien parce que je restais bloqué sur le graphisme et les couleurs. Finalement, j’ai fini par céder. Perdu au milieu d’une dizaine de bouquins achetés le même jour, je me disais que je ne le lirais sans doute jamais. Mais voilà, la confiance que je porte aux personnes qui me l’ont recommandé m’a entraîné à me plonger dedans… pour mon grand bonheur… J’ai même fini par apprécier les dessins extrêmement expressifs de ce roman graphique. Les couleurs me restent encore en travers de la gorge… Question de goûts ! Mais alors, l’histoire en elle-même, chapeau ! On avale les 256 pages avec une curiosité pleine d’attachement pour le petit garçon et puis pour ce Samuel qui a tout raté dans sa vie, ou presque ! L’auteur, Grégory Panaccione, a su donner à son ouvrage une humanité incroyable. Je me suis vite trouvé noyé dans les sentiments divers et variés véhiculés dans cet ouvrage. Mais au risque de faire de la peine à plusieurs ami.e.s, mon coup de cœur à moi c’est « Jour de sable »…
Bien entendu, je vous en recommande la lecture… De « Jour de sable » ? … Evidemment ! Mais aussi de « Quelqu’un à qui parler » !
Bon ! Renault, vous connaissez ? Evidemment ! Quelle question idiote ! Vous roulez peut-être dans un véhicule de cette marque… Mais savez-vous d’où vient ce nom ? Une famille ? Oui, en quelque sorte…
Bien qu’issu d’une famille fortunée qui produisait des tissus et des boutons, Louis Renault décida de ne pas suivre d’études au grand dam de son père. Louis est un manuel ! Il adore plonger ses mains dans le cambouis. Il décide de construire des voitures et s’illustre particulièrement dans les courses intervilles, des courses particulièrement mortelles tant pour les équipages que pour les autres usagers de la route ou les spectateurs. C’est dans une de ces courses que Louis perdra son frère Marcel, le financier des entreprises Renault.
Louis a, osons le dire, un caractère de cochon et n’accepte pas telles quelles les idées de ses collaborateurs jusqu’à ce qu’il les appréhende et puisse les présenter comme siennes.
Lorsque la guerre éclate en 1914, Louis Renault est appelé à l’armée… Mais comme il construit des moteurs d’avions, il n’ira pas au front… Puis, on le convoque pour fabriquer des obus. Il ignore tout des obus. On l’envoie voir aux arsenaux de Bourges. Il proposera une solution inédite ! Refusée ! Mais devant les pertes terribles en hommes et le besoin d’obus, on demande à Renault de fabriquer ses obus et de les faire tester… C’est un succès ! Tout au long de la guerre, Renault va se battre avec une administration et des esprits bornés peu capables d’entrevoir des solutions du futur. Néanmoins, grâce à sa volonté indomptable, Renault va arriver à ses fins. Il devient un héros, notamment grâce à ses chars FT-17, les chars de la victoire !
Sautons deux décennies… La Seconde Guerre mondiale démarre. La France est vaincue. Que vont devenir les usines Renault ? Et Louis ?
Critique :
Cette géniale BD retrace la vie d’un homme hors du commun avec un caractère bien trempé qui rendra d’énormes services à son pays jusqu’à ce que…
Benjamin Benéteau et Antoine Lapasset nous proposent de découvrir la vie d’un capitaine d’industrie hors du commun, qui n’a pas fait d’études, dont l’énergie se retrouve pleinement dans le trait de la bande dessinée. Cette biographie, somme toute assez complète, permet de découvrir, au travers des 80 pages, les grandes heures, et les erreurs, de Louis Renault.
Une BD de très grande qualité qui ne peut que toucher un très large public.
11 septembre 2001… A moins de vivre sur une autre planète, il est quasi impossible que vous n’ayez pas entendu parler de cette date, même si vous n’étiez pas encore né.
Pour rappel : ce jour-là, quatre avions ont été détournés aux USA par 19 terroristes, dont une majorité de Saoudiens. Un plan finement orchestré qui verra deux avions frapper chacun une tour du World Trade Center, pendant qu’un autre ira s’écraser sur le Pentagone et qu’un dernier s’écrasera en rase campagne, probablement suite à la révolte des passagers qui auraient appris le sort des autres avions détournés…
Il semblerait que l’organisation terroriste islamiste al-Qaida, et son leader, le Saoudien Ben Laden, en soient les responsables…
Le monde entier reste abasourdi. Depuis Pearl Harbour (dans le Paifique), le 7 décembre 1941, c’est la première fois que les USA sont attaqués sur leur propre sol.
George W. Bush, son président, est un républicain entouré de faucons (dont certains sont tout de même des vrais). Très vite la guerre est déclarée à l’Afghanistan, gouverné par les Talibans qui refusent de céder Ben Laden aux USA… Et pour faire bonne mesure, les USA déclarent aussi la guerre à l’Irak de Saddam Hussein, l’accusant, faussement, de détenir des armes de destruction massive…
Contrairement à la Première Guerre du Golfe, déjà contre Saddam Hussein, cette fois-ci les Américains n’auront que peu d’alliés pour les suivre dans leur invasion de l’Irak. Invasion que l’ONU désapprouve puisqu’aucune preuve sérieuse n’a été fournie démontrant que cet Etat produit des armes de destruction massive…
Nous connaissons les tristes résultats de ces deux invasions : cela n’a en rien empêché d’autres attentats, a causé la mort de milliers de soldats américains et autres et de centaines de milliers de civils irakiens et afghans… Sans parler des destructions, des déplacements de populations, etc.
Critique :
On suit ces événements historiques à travers le regard d’une jeune femme vivant en France, adolescente le 11 septembre 2001, devenue adulte en 2021, et se rendant aux USA pour y rencontrer sa cousine vivant à New York. Sous ce prétexte, Baptiste Bouthier retrace les événements qui ont bouleversé la planète depuis ce jour fatidique. Le dessin très moderne d’Héloïse Chochois ne ravira pas tout le monde, car peu réaliste, mais comblera d’autres lecteurs qui apprécieront ce côté graphique assez « simple » qui laisse toute la place à l’histoire, se centrant sur l’essentiel.
Si vous voulez découvrir ce qui s’est passé le 11 novembre 2001, ce roman graphique est un merveilleux conteur, facile à appréhender, pour un sujet d’une grande complexité. C’est 20 ans de terrorisme en Occident qui sont ici rapportés, de même que les innombrables erreurs politiques commises par divers gouvernements américains. Et n’oublions pas le trop fameux « Patriot Act » qui autorise les agences de renseignements américains à faire à peu près tout et n’importe quoi sans avoir à rendre de comptes à la justice. Si je me fie à l’instruction que j’ai reçue, lorsque des organes de l’exécutif n’ont plus à respecter les lois fondamentales, on n’est plus en démocratie, puisque n’importe qui peut être arrêté sur de simples suspicions et être enfermé sans même qu’un juge ne soit au courant.
Le titre « 11 septembre 2001 le jour où le Monde a basculé » est on ne peut plus clair !
Un massacre a eu lieu. Mais peut-on parler de massacre lorsqu’il s’agit de se débarrasser de cette vermine apache qui menace et ose s’en prendre aux honnêtes citoyens de Tucson ? D’ailleurs Sid en sait quelque chose puisque ces sauvages lui ont brûlé les mains ! Sid Beauchamp est le très populaire shérif de Tucson qui l’accueille dans la joie lorsqu’il y revient avec ses prisonniers dont la redoutable apache Salvaje (Sauvage, tout un programme). Mais l’ambition de Sid ne s’arrête pas là ! Il veut épouser la femme la plus riche de la ville. Pour ce faire, il a été chargé d’une mission : ramener le corps de Caleb, le fils de Joséphine Barclay, la « charmante » et richissime dame qu’il compte marier. Pour ramener le corps, il a fait appel à son ancien compagnon de jeunesse, Jonas Crow, devenu croque-mort… Tout est bien qui finit bien ?
Critique :
Le graphisme (Ralph Meyer) et les couleurs (Caroline Delabie et Ralph Meyer) ne manquent pas d’attrait : le dessin est vif et confère une très forte impression de mouvement, les poses sont naturelles et les expressions des visages, très fortes. De l’excellent travail en somme puisque l’ambiance est très réussie.
Et le scénario, alors ? Un côté déjà vu et très tendance : les Indiens sont les gentils et les blancs sont les méchants à de rares exceptions près (John Wayne doit se retourner dans sa tombe). Mais bon, ce n’est que justice après toutes les vilainies que les blancs leur ont fait endurer en se faisant passer pour les gentils grâce à Hollywood et aux BD de mon enfance…
Le fait que le héros de ces histoires soit un croque-mort est l’atout de cette série. Et même si la fin a quelque chose de prévisible, je n’ai pas boudé mon plaisir à lire cette histoire.
Je n’entrerai pas dans le débat, Blueberry, c’était mieux. Je trouve que cela n’a pas raison d’être même si, incontestablement, Giraud a marqué l’histoire de la BD avec son lieutenant fort peu conventionnel…
Une petite remarque : je déteste ces macarons que les éditeurs font apposer sur les couvertures et qui parfois s’enlèvent difficilement et laissent de vilaines traces. C’est vendeur ? Il m’arrive parfois de ne pas acheter un livre parce que cette manie publicitaire m’énerve…
Arizona 1875.
Un homme, assis sur un cheval, bras liés dans le dos, a le cou enserré dans une corde attachée à une solide branche.
Tentative de suicide ? Ah, oui ? Avec les bras attachés dans le dos ?
Disons qu’il est peut-être victime d’un malentendu. Le colonel Terrence B. Helena, qui dirige un groupe de marshals voulait s’assurer que monsieur Bass, un Noir, le presque mort, n’était pas en réalité un certain Bill Derby, malfaiteur qui effraie même les hommes du marshal. Celui-ci semble avoir réglé l’affaire, et après avoir vérifié l’identité du presque pendu s’en vient le délivrer. Il le délivre, mais n’en reste pas là ! Il lui fait une proposition… Honnête !
Critique :
Scénario violent, âmes sensibles s’abstenir ! Darko Macan met en scène un personnage inspiré de Bass Reeves, shérif adjoint qui a réellement existé et qui aurait procédé à plus de 3000 arrestations. Mais son Bass à lui mène une existence bien différente du personnage réel.
Dans ce premier tome, on assiste à l’engagement de Bass comme marshal pour contrer un gang de blacks particulièrement violent. Bass reçoit pour mission de l’infiltrer…
Le dessin de Kordey plaira certainement à beaucoup de monde. Je n’ai pas été particulièrement séduit.
L’histoire tient la route. J’ai cependant du mal lorsqu’on prend un personnage qui a réellement existé et qu’on lui fait faire autre chose que ce qu’il a accompli, alors que cet individu était extraordinaire et qu’on aurait pu narrer sa véritable existence. Manque de documentation ? Paresse du scénariste ? Envie d’originalité ?
New York. Février 1862.
Moïse, qui a perdu un bras, cherche en vain du travail. C’est dans ces circonstances que surgit un bien étrange pasteur noir qui cite des passages de l’Ancien Testament à tout bout de champ. L’homme est bien décidé à constituer une troupe de « soldats » noirs dont il s’affuble du titre et de l’uniforme de général…
Pendant ce temps, Charles Berthier se bat courageusement avec ses zouaves contre les troupes nordistes. En face de lui, celui qui est devenu un ennemi farouche depuis West Point, Custer, lorsque ce « gentleman » avait tenté de violer la sœur de Charles. La situation est nettement en faveur de Custer…
La plantation est gérée par Joséphine, la sœur de Charles, qui s’appuie sur Pete qui a échappé à l’enrôlement justement pour jouer le rôle de contre-maître à White Plain. Mais Pete attend beaucoup plus de Joséphine…
Critique :
Dans cet album-ci, l’auteur apporte des réponses aux questions posées dans le premier tome, donnant de la consistance à l’histoire même si elle reste plutôt invraisemblable. Si l’on fait fi de cet aspect, le récit se déroule comme un film avec ses innombrables soubresauts. La qualité du dessin d’Antoine Giner-Belmonte s’est sensiblement améliorée.
Plantation de Shannon Cross. 1848.
Charles Berthier, âgé de onze ans et fils d’un riche propriétaire terrien assiste au châtiment d’un esclave qui a tenté de s’évader : trente coups de fouet, suivi d’une mise aux fers… Charles est le prototype de son milieu : un petit seigneur fier de son appartenance à cette caste de blancs qui pratiquent l’esclavage dans leurs plantations pour leur plus grand profit, sans aucun respect des vies des hommes qu’ils achètent et vendent, n’étant pour eux que des objets. Il est arrogant et désobéissant… A cela vient s’ajouter sa jalousie envers Moïse, un enfant Noir du même âge que lui. Pourquoi ? Il ne supporte pas les attentions de sa mère envers ce négro…
Pas sûr que ces deux-là se réconcilieront un jour…
Critique :
Le scénario d’Édouard Chevais-Deighton part un peu dans tous les sens et le dessin taillé à la serpe d’Antoine Giner-Belmonte ne facilite pas la compréhension de l’histoire. Il m’est arrivé de devoir relire et observer les personnages pour voir à qui j’avais affaire.
Dans l’histoire, il y a plusieurs mystères : pourquoi la maman de Charles cède-t-elle au chantage de Cutler, qu’elle fait engager comme contremaître de son mari ? Pourquoi prête-t-elle autant attention à Moïse, cet enfant noir ? Qu’est-ce qui a fait perdre à monsieur Berthier son influence pour qu’il soit rejeté par le parti démocrate et que les gens de sa caste le fuient ? Quel(s) secret(s) cache sa femme ?
Cet album pose beaucoup de questions. Le deuxième devrait y répondre…
Léningrad, janvier 1962.
Kalinka Alexandrovna, premier violon à l’orchestre de l’opéra se présente au commissariat et demande à voir l’homme qui a interrompu son concert la veille. Elle est bien décidée et ce n’est pas le jeune flic qui la nuit précédente a arrêté le « terroriste » qui va l’en empêcher.
Critique :
Le second volume reprend l’histoire au moment où nos quatre mousquetaires russes se retrouvent dans Léningrad assiégée où l’on crève de faim et de froid, le terrible hiver russe étant bien présent là. Thomas du Caju donne à voir de magnifiques scènes hivernales. Son dessin est toujours aussi beau et expressif.
Le scénario de Jean-Claude Van Rijckeghem ne cache rien des atrocités subies par les habitants de la ville assiégée, y compris le cannibalisme.
Face aux horribles violences de la guerre, l’amitié entre les quatre amis va-t-elle tenir ou va-t-on assister au chacun pour soi ?
Livre tout public qui devrait particulièrement accrocher les adolescents.
Léningrad. Janvier 1962.
La salle est comble pour assister à la représentation de la Symphonie n° 7 de Chostakovitch, intitulée… Léningrad !
Soudain… Un coup de feu dans les coulisses ! Un policier tient en joue une espèce de clochard. Une arme git sur le sol à ses pieds. Le Premier Violon, Madame Alexandrovna accourt. Elle n’a pas le temps de voir le visage de l’agresseur qui est emmené au commissariat où il prétend s’appeler Vasili Ivanovitch Chapayev… Difficile à croire pour la commissaire qui l’interroge que cet olibrius qui pue à lui tout seul autant qu’une porcherie puisse porter le nom de l’un des plus illustres héros de l’Union soviétique !
Cependant, la commissaire est bien plus intelligente que ce à quoi on pourrait s’attendre dans un commissariat soviétique. Elle lui demande de raconter son histoire.
Ils étaient trois garçons et une fille…
Critique :
Jean-Claude van Rijckeghem, au scénario nous entraîne à Léningrad en compagnie d’un quatuor aux origines variées : Maxime, le fils d’un membre éminent du Parti communiste, Pyotr, dont le père est un écrivain, et la mère une guide de musée, Grygori, qui a vu son père pilote être fusillé pour avoir critiqué l’état lamentable de son avion, et puis, celle qui tient l’église au milieu du village et dont ils sont tous amoureux, Anka, fille de musicien et excellent violoniste elle-même. Ces quatre amis, en compagnie d’autres enfants, reconstituent des combats entre les Romanov et les soviets. Lorsque la guerre arrive, ils sont envoyés dans une colonie avec des centaines d’autres enfants pour éviter la guerre. Très vite, il leur faut fuir car les Allemands ne sont plus très loin. A partir de là, ils vont aller de drame en drame jusqu’à se retrouver à Léningrad assiégée d’où ils étaient partis pour se mettre à l’abri.
Les dessins de Thomas de Caju sont toujours aussi beaux et la mise en couleurs est parfaitement réussie.
Pour les férus d’histoire, il y a des invraisemblances dans le scénario, mais qu’importe ! Alexandre Dumas s’en est-il tenus aux faits historiques pour écrire « Les trois mousquetaires » ? Ceci est une fiction et doit être lue comme telle. Ce n’est pas une série historique rigoureuse. Si c’est cela que vous cherchez, passez vote chemin.
L’aventure devrait plaire à un large public, et aux jeunes en particulier.
Malgré que l’Afrikakorps soit une émanation d’un pouvoir nazi, pouvoir détestable s’il en est, qui s’est porté au secours de son allié Mussolini, il est intéressant de comprendre ce qu’ont vécu ces soldats dans des conditions extrêmes.
Généralement, dès qu’on traite de ce sujet, tout tourne autour d’Erwin Rommel, le stratège allemand qui en a fait voir de toutes les couleurs aux Alliés.
La qualité première de cette bande dessinée, c’est de placer le lecteur au niveau de l’homme de base, du combattant de première ligne, de celui qui va en chier, tout en reconnaissant l’humanité des alliés italiens qui depuis un an se battent contre les Britanniques, Australiens, Néo-Zélandais, Indiens, Sud-Africains. L’ennemi n’est jamais méprisé par le Leutnant von Richter, le personnage que nous suivons au fil du récit, qui rend hommage à son courage, tout en faisant ce pour quoi il est là, éliminer les adversaires de l’Allemagne.
Les problèmes rencontrés par l’Afrikakorps sont très bien décrits ainsi que les mises en situation des combats. Le matériel est suffisamment détaillé et fidèle à son emploi sur le terrain. Olivier Speltens a effectué de magnifiques recherches pour nous offrir un point de vue rarement évoqué, celui du futur perdant qui s’est battu le plus souvent en infériorité numérique avec un courage inouï. En fait, peu importe le camp dans lequel ont évolué ces hommes : ils ont eu à affronter des conditions horribles et ont perdu nombre des leurs.
15 novembre 1941. Aux environs de Tobrouk.
Nous retrouvons le Leutnant von Richter dans les sables de Libye au moment où l’Afrikakorps doit faire face à une attaque des Anglais alors même que les Allemands s’apprêtaient à lancer leur propre offensive.
Von Richter rentre d’un mois de permission et le moins qu’on puisse dire, c’est que le moral de ses hommes n’est pas au zénith malgré que leur Panzer III ait été bien amélioré. Il se voit confier la section du Hauptman Priler, considéré comme perdu au combat.
Ses nouvelles responsabilités vont vite l’amener à faire preuve de débrouillardise pour sortir ses camions de ravitaillement des sables dans lesquels ils sont embourbés. Il faut dire que les tempêtes sont légion et ne font pas qu’érafler la peinture des véhicules. En nette infériorité numérique les Allemands vont devoir affronter des Britanniques disposant de chars soit plus rapides, les Crusader, soit mieux blindés, les Matilda.
L’équipage de von Richter et lui-même vont-ils s’en sortir indemnes de cette nouvelle confrontation sachant que le taux de pertes au sein des troupes blindées est des plus élevés ?
Critique :
Les dessins sont jolis et précis, mais cela n’en rend pas la guerre belle pour autant. Olivier Speltens rend fort bien compte de la vie de ces hommes embarqués dans un conflit loin de chez eux qui risquent sans arrêt leurs vies pour gagner un jour ce qu’ils vont perdre le lendemain en laissant nombre d’entre eux sur le terrain.
Le lecteur s’habitue aux différents membres de l’équipage qui ont chacun leur vie propre, leurs pensées, leurs secrets.
De l’excellente BD historique !
Idéfix en vedette ! Les amis des bêtes se réjouiront de voir le petit chienchien à Obélix mener sa bande de copains taquiner du Romain dans trois courtes aventures :
1. La baballe de Chevrotine ;
Chevrotine, vous voyez qui c’est ? Comment, non ? M’enfin ! Chevrotine ! Le chienne de Camulogène, le grand chef gaulois qui défendait Lutèce contre les Romains ! Ah, comme votre manque de culture me désole ! Mais bon, ne nous égarons pas ! Cette balle est une pièce historique confectionnée par Camulogène lui-même pour sa fidèle chienne. Il ne faudrait absolument pas qu’elle tombe entre les sales pattes des clebs romains !
2. Fluctuat N-Hic ! Mergitur !
Une épidémie se répand parmi les Gaulois de Lutèce. Ils attrapent le hoquet et ne parviennent à s’en débarrasser. Seul le druide Amnésix pourrait fournir un remède. Seulement, voilà : tous les druides sont interdits à Lutèce sur ordre de Labienus. Mais depuis quand Idéfix et ses irréductibles se plient-ils aux ordres de Labiénus ?
3. Labienus, tu n’auras pas !
Le jeune et talentueux (question de goûts) Goudurix interprète de vive voix « Quant à toi, général, de moi tu n’obtiendras que dalle ! » Admettez qu’il y a de la provocation qu’un Romain ne saurait tolérer. Alors, le petit Goudurix va se faire arrêter, pour sûr ! Que peut faire Idéfix pour le délivrer ?
C’est gentillet, très bien dessiné, mais plutôt pour enfants.
L’heure du match fatidique a sonné pour le Lycée Quanfrin. En cas de défaite, plus d’équipe de football !
Louca se sent bien seul… Où est passé Nathan ? Ce dernier a maintenant le pouvoir de quitter l’enceinte du lycée et son premier réflexe est d’aller rendre visite à sa famille.
Le début du match ne laisse aucun doute quant à la différence de niveau entre les deux équipes ! Sans Nathan, Louca n’est que Louca-le-Maladroit…
Critique :
Une histoire très émouvante puisque Nathan, le fantôme, « retrouve » sa famille, que Louca qui risque l’humiliation totale devant son petit frère et la fille qu’il aime veut faire bonne figure. Mais vouloir et pouvoir sont deux verbes aux sens différents.
Va-t-on enfin découvrir comment Nathan est mort ? Et l’équipe du Lycée Quanfrin va-t-elle survivre à cette rencontre ?
Un excellent album !
Louca, notre ado qui rate à peu près tout, a bénéficié de l’aide de Nathan, un fantôme qu’il est seul à voir et remarquable footballeur. Ayant « accompli » quelques exploits, Louca décide d’adopter un look hyper fashion top tendance. Nathan ne peut que se moquer de lui. Il faut dire que Louca a mis au point une stratégie pour séduire les filles, lui qui n’ose même pas leur adresser la parole. Pourtant, il est follement amoureux de Julie, une élève de sa classe très douée qui semble beaucoup s’intéresser à Louca… Mais Adel, qui joue dans la même équipe que notre maladroit se rapproche de Julie en l’absence de notre « champion ». Julie n’a pas l’air contraire au grand dam de notre fantôme qui ne peut rien faire !
Critique :
Second album de la série, seconde réussite de Bruno Dequier qui nous entraîne dans le passé afin de comprendre ce qui est arrivé à Nathan, jeune footballeur de l’école hyper talentueux, celui-là-même qui aide Louca le maladroit. Les scènes footballistiques sont d’un dynamisme fou.
L’équipe de Louca va devoir affronter celle de Hugo, une équipe pleine de qualités, d’autant qu’Hugo est un joueur aux multiples talents plus remarquables les uns que les autres. Mais l’enjeu de la rencontre entre les deux équipes est bien plus important que ce que les joueurs imaginent et les conséquences d’une défaite seraient tout simplement désastreuses.
Rien ne va plus pour la petite Momo. Pourquoi ne peut-elle pas retrouver sa grand-mère. Sa tristesse fait peine à voir. Françoise, l’adolescente qui l’a prise en sympathie, lui propose un chewing-gum, mais rien n’y fait. Momo ne le prend même pas.
Dans la maison, derrière elle, les débats quant à son sort se poursuivent : qui va s’en occuper ?
La coiffeuse explique qu’elle a déjà deux enfants et qu’avec son commerce, il est extrêmement difficile de s’occuper d’un troisième enfant. D’aucuns râlent de ne pouvoir joindre son père, marin au long-cours, suscitant la hargne du poissonnier qui leur demande s’ils croient vraiment que le papa de Momo fait ce métier de gaîté de cœur. C’est alors que le poissonnier propose de s’occuper de la petite. Mais sait-elle seulement que sa grand-mère est morte ?
Critique :
Les aventures de la petite Momo se poursuivent de façon très émouvante grâce au magnifique scénario concocté par Jonathan Garnier, toujours aussi bien mises en lumière par Rony Hotin. On y découvre de faux durs au grand cœur, des méchants foncièrement gentils, mais aussi des cons… cons…
Comment, une petite fille va-t-elle se rendre compte que sa grand-mère, qu’elle adore, elle ne la reverra plus ? Ce livre pose des questions existentielles traitant du deuil en se plaçant dans la peau de Momo. Il faudra attendre la fin de l’histoire pour que les couleurs gaies réapparaissent et remplacent les fonds gris et pluvieux qui noient l’histoire dans le chagrin de la petite fille.
Un magnifique ouvrage !
La petite Momo vit avec sa grand-mère dans un village de Normandie en attendant que son papa, marin au long-cours revienne à terre. Parti pour de longues semaines, son papa lui manque. Sa principale consolation consiste à se rendre au pied d’un phare d’où elle voit passer le bateau de son papa.
Que faire d’autre chez Mamy si ce n’est se rendre chez le poissonnier pour acheter du poisson, poisson qu’elle déteste manger ! Le poissonnier est un barbu à lunettes au format plus qu’imposant qui s’amuse à se quereller avec la petite fille.
Ses incursions en ville ne semblent d’ailleurs pas sans danger car il lui arrive de rencontrer un homme, une sorte de SDF qui ressemble davantage à un épouvantail qu’à un être humain et qui se complait à effrayer la petite fille. Un jour qu’elle observe trois garçons qui veulent faire exploser une grosse bouse avec un pétard, elle s’en approche, mais elle est loin d’être accueillie à bras ouverts. Se disputant avec le blond de la bande, qui dit pis que pendre de sa mamy, elle en vient à le frapper violemment à la tête…
Critique :
Jonathan Garnier nous offre un récit plein d’émotions en nous narrant la vie de Momo, cette petite fille qui vit seule avec sa grand-mère, bien vieille, bien mal en point. Il trace des portraits pleins d’humour, parfois angoissants et fort crédibles de tous les protagonistes qu’ils soient enfants, adolescents ou adultes.
L’ennui des jeunes dans ce village est permanent, facilitant la création de petites bandes qui se déplacent à mobylette dès qu’elles le peuvent.
C’est aussi l’occasion pour l’auteur de raconter, les amours naissantes entre Françoise, une jeune ado qui a quitté le village, mais qui est « condamnée » à passer ses vacances chez ses grands-parents dans ce trou paumé alors qu’elle rêve de boutiques à New York, et un fils de paysan, « Banane », qui se veut chef de bande.
La solitude des personnes âgées est aussi remarquablement mise en scène par cette grand-mère qui attend à côté de son téléphone un coup de fil de ses enfants ou de ses petits-enfants, coup de fil qui ne vient jamais.
Le coup de crayon et la mise en couleurs effectués par Rony Hotin est en parfaite adéquation avec ce récit et sert à merveille les propos du scénariste.
Si vous ne craignez pas de vous plonger dans une aventure « sentimentaliste » et pleine de bons sentiments, n’hésitez pas à vous plonger dans ce petit chef-d’œuvre.
Plage de Keristos, 2 mai 1915.
Détroit des Dardanelles (Turquie).
Un sous-marin allemand débarque le professeur Offenstadt qui n’est pas venu les mains vides. Il offre au colonel turc Ziman de l’Apfelkuchen de Berlin, du Riesling de sa réserve personnelle, quelques petites sucreries à la pâte d’amande…
Faire venir un sous-marin jusque dans les Dardanelles pour ça ? Ils sont fous ces Germains !
Ah ! oui, j’oubliais un détail, mais il a peut-être son importance : Offenstadt livre aussi une sorte d’armure offrant à celui qui la porte la capacité de vaincre Taillefer en route pour les Dardanelles. Le professeur pense à un Allemand pour s’en revêtir, mais pour le colonel turc qui l’accueille, il ne saurait en être question ! Un Turc la portera. Il a son héros : Kamal, ancien Maître égorgeur de la secte Hadjid, déserteur de la Légion française, engagé volontaire turc et major dans le régiment du colonel Ziman.
Les Sentinelles vont-elles venir à bout de Kamal ?
Critique :
L’auteur, Xavier Dorison, suit l’évolution de la guerre et n’hésite pas à aborder sur de nouveaux rivages, en l’occurrence, les Dardanelles en avril 1915. Voilà un secteur, où sur ordre de Churchill débarquent essentiellement des Néo-Zélandais et des Australiens. Les Dreadnoughts britanniques qui devaient écraser les forts sous les coups de leurs obus n’y parviennent pas. Les Australiens et autres Néo-Zélandais, une fois débarqués sur la plage ont une falaise à gravir. Les Turcs sont bien commandés et n’ont aucun mal à abattre les malheureux fantassins. Les canons de leurs forts, intacts, pulvérisent les embarcations qui arrivent à leur portée. Très vite, les Australiens et les Néo-Zélandais se retrouvent dans une situation peu enviable : faim, soif, manque de munitions, dysenterie, choléra et autres joyeusetés, essentiellement véhiculées par les mouches achèvent de liquider ce corps expéditionnaire. C’est dans ce contexte que les Sentinelles vont intervenir… Enfin… Si elles y arrivent…
Il y a toujours ce mélange entre faits historiques et fiction steampuntesque qui rend l’histoire addictive tout en faisant découvrir une page d’histoire à ceux qui ne connaissaient pas cet épisode de la Grande Guerre.
A la fin du récit, l’auteur donne des chiffres qui font froid dans le dos, ceux de ce monumental échec où on va présenter la retraite comme une victoire ! On se console comme on peut…
Région d’Ypres (Belgique). 18 avril 1915.
Les ordres se suivent et se ressemblent : absurdes ! Toujours les mêmes conneries journalières de l’état-major : préparation d’artillerie, assaut, soldats hachés menus, pluie, pas de possibilité d’évacuer les blessés, faim… Le lieutenant Taillefer a beau manifester son opposition à ces ordres absurdes, rien ne change. Ah, si ! Le nombre de morts et d’estropiés ne cesse d’augmenter au même rythme que le moral s’effondre…
Pendant ce temps, le baron Hubert Marie de Clermont démontre qu’il n’est pas manchot dans le maniement de l’épée, remportant un tournoi. La rencontre entre lui et monsieur son père est glaciale. Mais que reproche-t-il donc à son père ?
Critique :
Troisième album des Sentinelles. Nouvelle découverte : les attaques par les gaz, cette arme qui causa plus de 200.000 morts sans à aucun moment s’être montrée décisive. Juste un macabre jouet de plus dans l’arsenal pourtant déjà très riche des moyens dont dispose l’homme pour exterminer son semblable.
Dans ce numéro, le capitaine de Clairmont devient Sentinelle à part entière, et quelle Sentinelle ! Pégase ! Point de cheval ailé, mais bien un humain doté d’une fusée et d’ailes pour manœuvrer. Les Boches connaissaient déjà l’adjudant Djibouti et le lieutenant Taillefer. Les voilà confrontés à un nouvel adversaire aux pouvoirs dignes des super-héros américains qui revêtent leur slip au-dessus de leur collant. Au moins, les Français savent s’habiller !
Vous pensez bien que les Allemands ne vont pas rester les bras croisés alors qu’ils sont à la pointe des sciences et des technologies. Eux aussi vont produire leur monstre, un « Übermensch » bien décidé à venger ses deux fils morts sur la Marne.
Mais surtout, ils vont se livrer pour la première fois à une attaque aux gaz. Une arme qui fait horreur jusque dans leurs propres rangs. Voilà qui ne va pas arrêter ceux qui décident qui ne sont pas les mêmes que ceux qui subissent…
Un avion de reconnaissance est en mission du côté de Soissons. Mais où sont donc passés les Allemands ? Pas le moindre Boche à l’horizon. Le capitaine de Clermont, décide de descendre près du sol. Ce n’est pas la meilleure des idées car il n’y a effectivement pratiquement aucun Doryphore… Pratiquement aucun… C’est bête un camion en panne avec des zigues qui, voyant un avion français pointent leur Mauser et abattent l’aéroplane. Avant d’être abattu, le capitaine a eu le temps d’envoyer un message signalant la non présence des Allemands.
Ce message revêt une importance capitale aux yeux du général Gallieni. Cela signifie que l’armée allemande s’est coupée en deux et qu’une brèche existe. Gallieni pense possible d’attaquer le flanc droit de l’ennemi avec les soldats stationnés à Paris. Mais pour convaincre Joffre de le laisser mener son opération, il lui faut des preuves ! Et des preuves, il en a… Enfin… Presque… Les photos sont dans le Kodak du capitaine de Clermont… Capitaine qui n’est pas rentré… Ce qui signifie qu’il a dû être abattu dans une zone tenue par les Allemands…
La mission des Sentinelles est donc très simple : retrouver l’avion dans une zone aux mains des Boches, ramener les clichés…
Critique :
Dans ce deuxième tome des sentinelles, nous en sommes à peine au troisième mois de la guerre, en septembre 1914, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à moins d’un miracle, L’ennemi va prendre Paris… Et la France est foutue ! Quand tout semble perdu, il ne reste qu’à recourir à une arme secrète : les Sentinelles ! Il suffit de leur adjoindre une section et de les envoyer débusquer cet avion. Sur papier tout est simple. Sur papier…
Encore un scénario de Xavier Dorison qui mêle l’histoire vraie et ses personnages steampuntesques. C’est bien amené.
Dans ce numéro, les Sentinelles vont s’enrichir d’un troisième individu, et pas n’importe lequel : un capitaine fier de ses titres de noblesse et du passé de tous ses ancêtres. Tous ? Pas trop vite, il semblerait qu’au moins un ait failli à défendre la France et donc son honneur. Et que pourrait-il y avoir de plus important pour un de Clermont que l’honneur ?
Je sais que les dessins d’Enrique Breccia en décevront plus d’un. Pourtant, je me suis habitué à son trait avec des visages extrêmement expressifs et caricaturaux. Finalement, ils permettent à la série de se démarquer d’autres.
Maroc (Le Rif). 1911.
Ah ! Comme ils sont intelligents ces beaux officiers de Saint-Cyr ! Charger à la baïonnette contre les fellouzes ! Ah, les cons ! Les Allemands ont fourni aux Marocains des mitrailleuses Maxim qui se régalent à faucher nos fantassins…
Moi, adjudant Djibouti, j’ai pour mission de faire en sorte que nos « sentinelles » ne tombent pas entre les mains de nos ennemis. Les sentinelles font partie d’un programme très secret, alors ne comptez pas sur moi pour vous le dévoiler. Sachez juste que ce sont des pauvres types plus morts que vivants sur lesquels on a greffé des membres artificiels. Ils sont presque indestructibles. Presque… Car une fois leurs batteries à court de jus, ils s’effondrent. Pas encore morts, mais plus vraiment en état de vivre. Alors, c’est à moi de jouer…
Critique :
Mêlant habilement véritables infos historiques et steampunk, Xavier Dorison nous plonge au tout début de la Grande Guerre en compagnie d’un lieutenant de réserve, Féraud, qui détient une pile révolutionnaire, une pile au radium. L’armée, en la personne du colonel Alphonse Mirreau, voudrait s’approprier sa découverte. Gabriel Féraud, qui, bien qu’officier de réserve ne porte pas l’armée dans son cœur, refuse que sa pile serve à massacrer des gens. Le colonel a beau lui dire que ce que l’armée est prête à payer chèrement aujourd’hui, elle l’obtiendra gratuitement demain par le miracle de la réquisition. Le scientifique préfère cacher sa découverte et ses plans en attendant que la guerre se termine. Féraud va partir à la guerre et très vite va connaître sa douleur. Il aurait bien besoin d’une petite pile…
Ce scénario passionnant est servi par le dessin très caricatural d’Enrique BRECCIA, avec des personnages vraiment typés. Pas sûr qu’il plaise à tout le monde tant il se démarque mais il est fort bien adapté à ce récit.
On découvre enfin le lien entre le lieutenant Marais et le capitaine Ackerman. Marais, fantassin, est sorti de sa tranchée au péril de sa vie pour sauver celle du pilote Ackerman abattu par une mitrailleuse allemande alors qu’il effectuait une mission de reconnaissance aérienne. L’avion d’Ackerman était en feu, ce qui n’a pas empêché Marais de plonger dans les flammes pour en extirper Ackerman.
Marais n’étant plus là, le capitaine veut que Lafitte prenne la tête de l’escadrille. Ce dernier n’en veut absolument pas ! Un, il n’est pas convaincu que Marais soit mort. Deux, Lafitte est un solitaire…
Critique :
Dernier album de la trilogie, comme il se doit, cet album permet de comprendre bien des énigmes des albums antérieurs. On va enfin découvrir qui est ce lieutenant Stipetic, dernier pilote chevaleresque qui refuse d’abattre un adversaire désarmé. Ce qu’il va accomplir est tout simplement incroyable.
Les coups de théâtre vont se suivre jusqu’à l’apothéose finale. Le scénario de Thierry Lamy n’est pas historique, mais il est sacrément riche en turbulences. Le dessin de Cédric Fernandez est à la hauteur des meilleurs dessinateurs d’avions et la mise en couleurs de Franck Perrot est tout-à-fait convaincante. Un album plein de (bonnes) surprises.
Un avion n’est pas rentré. « Normal, c’est la guerre ! », direz-vous. Oui, mais le combat s’est passé au-dessus des lignes françaises. S’il avait été abattu, on l’aurait vu ! C’est encore cet avion porte-poisse ! Ce maudit « Fer-à-Cheval » …
Et le lieutenant Marais ! Qu’est-ce qu’il a le lieutenant Marais ? Il est présent physiquement, mais pas spirituellement… Ah ! Des nouvelles du « Fer-à-Cheval » …
Critique :
Encore et toujours de magnifiques combats aériens, avec des actions vertigineuses, mais aussi plusieurs couches dans le scénario : Marais, qui rentre de permission, complètement chamboulé par ce que la superbe Gabrielle, qui s’offre à lui, lui a demandé ; une disparition tout bonnement incroyable ; un homme fusillé ; Lafitte qui veut s’offrir le très redouté as allemand Stipetic qui continue de décimer les Faucheurs…
Il s’en passe des choses dans cet album ! Des histoires dans l’histoire et encore des voiles à lever… Pas vraiment historiquement pur, mais bon, très agréable fiction.
Messire Sten est un Viking. Mais pas comme les autres ! Sa tactique tranche avec celle que les gens de son peuple pratiquent d’ordinaire : l’attaque frontale !
Non ! Lui, il étudie son adversaire jusqu’à ce qu’il le connaisse parfaitement : chaque détail, chaque mouvement, chaque habitude… Il attend patiemment que le moment soit venu… Et alors, seulement, il frappe !
Il rentre au pays avec une jolie fortune, mais celle-ci n’est rien en regard de celle qu’il a laissée sous la garde d’un fidèle et qu’il viendra cueillir plus tard.
Il ignore qu’au moment-même où il approche du royaume de son père, celui-ci est mourant. Mais ce ne sera pas la seule surprise qui l’attendra…
Critique :
Voilà un scénario original écrit par Bruno DE ROOVER et mis en images et en dessin par Przemyslaw KLOSIN. Une histoire de deux fils. L’un fidèle aux dernières volontés de son père, le très respecté Magnulv le Bon, l’autre dévoré d’ambition qui n’envisage la vie que sous de continuels pillages pour accumuler encore plus de richesses et agrandir son royaume. L’aîné, l’héritier du trône accepte la conversion de son père à la nouvelle religion. Une religion de paix et de tolérance. L’autre vomit cette soumission à un nouveau dieu qui prive les Vikings de ce qu’ils sont, selon lui : des guerriers pillards et sanguinaires… Mais il cache parfaitement son jeu et tisse sa toile d’araignée pour s’emparer d’un pouvoir qui ne lui revient pas.
Malgré la qualité du scénario, je n’ai pas totalement accroché, en particulier au dessin qui me rappelle un peu trop Thorgal dont je ne suis pas fan. Mais ici, rien de magique, rien d’extra-terrestre ! Rien que de la bonne vieille roublardise. Peut-être aurais-je dû attribuer quatre étoiles, mais, suite à une overdose de Vikings, comme je ne me sens pas attiré par la suite de l’histoire…
Camp de concentration de Sobibor.
A l’arrivée du train d’Amsterdam dans le camp, par haut-parleur, la bienvenue est souhaitée aux nouveaux arrivants. Tout est mis en œuvre pour faire croire aux nouveaux-venus qu’ils séjourneront quelques temps en ce lieu avant d’être transportés en Ukraine pour s’y établir dans « un état juif indépendant » voulu par le Reich…
Faisant partie de la triste comédie, Moïse est là, au micro, pour recruter une personne qui va l’assister dans son boulot de coiffeur. Il sait quel triste sort attend ceux qui ne seront pas choisis. Cinq candidats se présentent prétendant connaître la coiffure. Un.e seul.e peut être sauvé.e…
Critique :
Toujours aussi fort, ce tome 3 montre la fourberie des nazis et comment ils s’y prennent pour que les juifs se rendent docilement à la chambre à gaz. Ce scénario très dur de Luc BRUNSCHWIG est, une fois de plus, remarquablement servi par les dessins des talentueux Etienne LE ROUX et Loïc CHEVALLIER, et la fabuleuse mise en couleurs d’Elvire DE COCK.
Selon une technique devenue habituelle, le scénariste nous balade dans le temps pour compléter les aventures des frères Rubinstein. C’est ainsi que l’on va découvrir que Moïse a été accepté au Lycée Henri IV à Paris en 1933, et que brillant élève, tout le monde souhaite travailler avec lui, y compris des personnes très à droite et franchement fascisantes. Quelle ne sera pas la surprise de Moïse de découvrir les origines d’Albert Lipp, encarté aux Croix de Feu, une association patriotique de droite dure ! Albert va l’introduire dans des milieux nauséabonds… Pratiquement au même moment, Moïse apprend que son frère, Salomon, s’est évadé de la colonie pénitentiaire où il était détenu pour un crime qu’il n’avait pas commis mais il avait accepté de se rendre afin que son frère cesse d’être inquiété et puisse poursuivre sa brillante scolarité…
A Sobibor, Moïse fait son choix parmi les cinq candidat.e.s, sachant quel sort attend les quatre qui ne sont pas retenus…
C’est un nombre incroyable d’aventures dans l’aventure qui vous attendent dans ce nouvel opus extraordinaire de la saga des frères Rubinstein.
Camp de Concentration de Sobibor.
En pleine nuit un officier SS pénètre dans le baraquement de Moïse Rubinstein. Il cherche celui qui se dit « coiffeur ». C’est ainsi que Moïse s’était défini en arrivant dans le camp de concentration. L’officier l’emmène à l’extérieur pour qu’il procède à une rapide toilette, puis il le conduit dans un bâtiment où se trouvent correctement rangés et pliés des tas de vêtements. Moïse doit s’équiper. Il se voit même proposé de choisir un parfum de luxe. Chaque matin, une heure avant les autres, il devra se lever, faire sa toilette s’habiller correctement avant de jouer au coiffeur pour le compte des SS. Voilà le programme ! Oui, mais… Seulement s’il réussi le test qui l’attend puisque le commandant du camp, en personne, va venir tester ses compétences en étant son premier client…
Critique :
Le scénario de Luc BRUNSCHWIG est toujours aussi prenant. Avec, aux dessins Etienne LE ROUX et Loïc CHEVALIER, et à la couleur Elvire DE COCK, nous vivons pleinement les différentes atmosphères dans lesquelles nous embarque ce récit composé d’allers-retours dans le temps et en divers lieux donnant une suite au premier album de la série.
Voilà donc Moïse, l’intellectuel pur et très doué mais peu débrouillard, arrivé à Sobibor. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il fut coiffeur à Paris, alors qu’il était en fuite puisque son frère était accusé d’une abomination qu’il n’avait pas commise, mais dénoncé par la volonté d’un témoin indigne qui détestait les juifs et que les autorités ne demandaient qu’à croire sans se soucier de procéder à une enquête.
Moïse est coiffeur chez un professionnel réputé. Là, à la demande de la fille du patron, pour lui être agréable, il va commettre une gaffe qui va l’obliger à fuir ce salon de coiffure (où il oeuvrait et logeait). Pendant ce temps, son frère, Salomon, qui travaillait dans un atelier de confection, en veut terriblement à ses coreligionnaires qui, pour les sauver, l’ont séparé de Moïse dans le but de les dissimuler plus facilement à la police. Par ruse, il retrouve la trace de son frère et s’en vient le rencontrer lorsqu’il le découvre en pleine fuite…
Les péripéties se suivent et montrent le sens de la débrouillardise de Salomon. Mais on en revient encore et toujours à cette accusation qui a entraîné la fuite des frères Rubinstein, et bien d’autres drames, en la personne d’un témoin crucial.
Dans le camp de concentration, les nazis vont se payer la tête de Moïse qui essaie de sauver l’un ou l’autre juif d’une mort certaine à leur arrivée à Sobibor.
Si mon texte vous semble un peu décousu c’est parce que dans l’histoire, il y a des allers-retours perpétuels dans le temps. Le lecteur grapille élément par élément et l’histoire se poursuit toujours aussi prenante avec des dessins et des couleurs dignes des meilleures productions actuelles.
Chastity, chasseuse de primes, pensait avoir juste à ramener un petit malfrat, Dino, qui avait « oublié » de se présenter devant la justice. Du moins, c’est la version qu’on lui a servie… Elle se retrouve avec, en fait, le comptable qui aide un trafiquant de drogue à blanchir son argent, mais le comptable en question, Dino, a informé des flics très ripoux, qui le faisaient chanter, d’une transaction pleine de gros billets entre son employeur colombien et des yakuzas japonais qui voulaient ramener la paix dans la bonne ville de Los Angeles en se partageant les différents secteurs. De plus, Dino travaille aussi pour LE big boss de la pègre russe aux USA qui l’a chargé de remettre une mallette très importante à l’occupant d’une chambre d’hôtel de Las Vegas. Dino n’a pu s’acquitter de sa mission vu qu’il a fait une mauvaise rencontre dans la ville des casinos.
Chastity embarque donc Dino et sa nouvelle copine. Sans le savoir et sans le vouloir, elle se retrouve avec, derrière ses très jolies fesses, deux Colombiens qui veulent récupérer leur fric et faire des papouilles à Dino, des flics ripoux qui veulent récupérer leur butin « honnêtement gagné » en volant les Colombiens et qui soupçonnent Dino de les avoir légèrement entubés, et trois Russes qui ont pour mission de récupérer la mallette et de présenter l’addition pour services non rendus au sieur Dino ! Planquez-vous ça va barder…
Critique :
Vos neurones sont fatigués ? Il n’y a rien à la télé ? Vous avez déjà tout vu sur Netflix ? Votre patron (ou vos collègues, ou votre compagnon/compagne, ou vos mômes, ou le concierge, ou le chien du voisin, ou…) vous tapent sur le système et vous avez besoin d’un défoulement ? Eightball est fait pour vous ! De l’action, des entourloupes, de magnifiques décors, des jolies nanas qui ont chaud, très chaud, et qui s’habillent en conséquence, et du pognon ! Attention ! On regarde sans toucher autre chose que le joli papier satiné sur lequel est imprimée cette aventure issue du cerveau de Michel Koeniguer et magnifiquement mise en images et en couleurs par Callixte.
Petit jeu, offert en prime : saurez-vous reconnaître les personnalités qui ont prêté, bien involontairement, leurs traits à divers personnages intervenant dans le récit ?
Les constructions pour la grande exposition universelle de Paris avancent à grands pas. Il y a notamment cette grande tour de fer construite par monsieur Eiffel qui commence à être visible de toutes parts alors qu’elle n’est pas encore terminée. C’est dans ce décor que nous retrouvons Ecoline.
Ecoline, qui ? Visiblement son nom ne vous dit pas grand-chose. Ecoline est une chienne. Une chienne un peu SDF vu qu’elle loge sous les ponts de Paris et qu’elle est en bien mauvaise posture. Son père l’avait prévenue. Elle a jeté la honte sur son géniteur, un chien de garde remarquable, en n’arrivant pas à donner l’alerte alors que des voleurs s’étaient introduits dans la ferme dont son père assumait la garde. A Paris sa sœur, Germaine, l’a abritée quelques jours mais sa présence commençait à déranger. Elle a dû s’en aller.
Ecoline n’était pas faite pour être chienne de garde, mais elle a un talent…
Critique :
Avec ses couleurs dans la veine impressionniste, Ana Teresa Martinez, pourrait nous faire croire qu’il s’agit là d’un livre pour enfants. Mais l’œuvre est bien plus subtile et finit par toucher un très vaste public tant pour l’histoire, qui se rapproche d’un conte, que par les illustrations qui font immédiatement penser à l’univers des Impressionnistes. Eh bien, figurez-vous que c’est voulu ! Ecoline, dont malheureusement l’histoire de la peinture n’a pas retenu le nom, est une chienne qui vit à l’époque de l’impressionnisme et joue avec les couleurs tout comme ces peintres-là, voire même mieux. C’est un ouvrage que l’on appréhende à différents niveaux et qui convient pour tous les âges.
Au début, j’étais dérouté. Finalement, je l’ai lu d’une traite en en appréciant les clins d’œil à de nombreuses toiles de mes peintres préférés.
John s’est fait un solide ennemi en la personne d’un yakuza sans foi ni loi : Sato !
Ce dernier est monté en puissance en éliminant le chef de clan Sagawara et en faisant porter le chapeau à John. La fille du défunt déteste Sato (pas difficile) et souhaite son élimination. Elle requiert l’aide de son oncle, qui a aussi un œuf (de gros dinosaure) à peler avec l’aimable Sato, pour fournir à John l’artillerie nécessaire afin de dézinguer l’affreux. Petit problème, le tonton yakuza n’a pas de calibres en stock…
Critique :
Il faut attendre la huitième planche pour trouver un gars qui en aura besoin de six. Michel Koeniger nous avait habitués à davantage d’hémoglobine dès les premières pages. Je vous rassure, c’est normal ! On est dans la phase « diplomatie ». Les tractations se suivent dans les deux camps. Mais rassurez-vous, bande de vampires, vous l’aurez votre dose de globules rouges.
Cet album clôture la mini-série de façon très prévisible. Bon défoulement sans que les neurones n’aient à s’user à la tâche.
Brooklyn NYC.
Cinq mafieux attachés sur des chaises attendent la seule issue possible, une issue fatale. Les Yakuzas qui les détiennent n’ont pas l’air gentil quand ils posent des questions. Pour accélérer les réponses, un coup de feu éclate de temps à autres diminuant le nombre de personnes aptes à répondre. Mais qu’est-ce qui a justifié le déplacement de ces Japonais dans la Grosse Pomme ? Eh, bien, je vais vous le dire…
Une autre fois…
Peut-être…
Critique :
L’auteur et dessinateur Michel Koeniguer nous la joue grand cinéma avec un scénario efficace même si nous ne sommes pas ébahis par son originalité : il y a ceux qui ne veulent pas parler par fierté machiste et mafieuse, mais si on trouve le bon argument ils se mettent à table ; il y a celui qui veut venger la mort de son fils chéri qui a payé son choix de vouloir être le digne héritier de son papa dans le milieu du crime ; il y a la gentille fille qui a quitté le milieu du crime et qui va aider notre héros ; il y a le fou sanguinaire qui veut toujours plus de pouvoir et qui est absolument sans morale et prêt au pire… Tous les ingrédients sont réunis pour obtenir un film très riche en actions plus violentes les unes que les autres. Un film ? Aurais-je écrit « un film » ? Pardon ! Une bande dessinée, mais tellement riche en mouvement que l’on en oublie que ce n’est pas une superproduction hollywoodienne. Attention aux éclaboussures de sang !
Japon. 1955.
Le petit Masanori est conduit par son oncle chez le Père O’Brian. Sa mère est décédée, quant à son père… C’est un soldat américain qui les a abandonnés... L’oncle estime que ce métis n’a pas sa place au Japon. En a-t-il une pour autant aux Etats-Unis ?
New York. De nos jours.
John Masanori est devenu un homme costaud qui sait y faire… en matière d’assassinats. Il est devenu tueur à gages… Il a rendez-vous avec un certain Zimmerman. Celui-ci lui apprend qu’il n’a plus que six mois à vivre. Est-il devin ? Un peu. Il est oncologue et les derniers examens ne laissent aucun doute : son cancer du colon est à un stade trop avancé. John n’a plus qu’une envie…
Critique :
Le scénario de Koeniger est du genre classique pour un polar. Un métis qui doit se faire sa place, qui pour cela n’hésite pas à se bagarrer, au point qu’il devient un tueur patenté. Ses dernières volontés ? Retourner là où il était né, au pays du Bushido.
Cela dézingue à-tout-va dans le meilleur des mondes mafieux. Notre héros refuse à la dernière minute d’accomplir sa dernière « commande » pour ne pas violer ses « valeurs morales ». Du coup, il y a plein de méchants qui lui en veulent tout plein au point de souhaiter sa mort ! Si ! Si ! Ils sont souvent comme ça les méchants. Il faut dire qu’en refusant d’abattre sa dernière cible, il place un méchant dans une position très difficile qui pourrait lui valoir au minimum la prison à vie, et sans doute parce qu’il est aussi contribuable, il ne souhaite pas que les sous de l’état soient dépensés pour l’héberger. J’édulcore à peine.
Le dessin est très dynamique sans être fabuleux (un peu trop « comic » à mon goût). Je trouve plutôt réussie la mise en couleur d’Oscar Escamilla. Certains la trouveront sans doute tapageuse, mais nous sommes dans le milieu de la Mafia où les critères de bon goût diffèrent quelque peu de celui des du Beaugenre de la Clef des Champs de Mine de Patatras, vieille famille traditionnelle qui a su préserver la bienséance et le bon goût à la française.
Un bon défoulement.
Amiens. Juin 1937. Hortillonnages.
Luigi œuvre avec amour à la culture, notamment, des fraises qui lui serviront pour confectionner ses confitures. Le journaliste qui s’intéresse à la vie en Allemagne durant la guerre débarque pour poursuivre son enquête. L’histoire reprend au moment où ils arrivent dans le camp de prisonniers. Surprise : l’homme qui les attend à l’entrée est un Français, un chef de zone du camp, Onésime Decombray. Il les conduit dans un baraquement occupé par des « droit commun ». Pour Onésime, ces jeunes gens ne sont ni plus ni moins que des criminels. Nos Lulus n’en reviennent pas. Très vite, ils deviennent copains avec deux petits voyous, peut-être pas si mauvais que ça…
Critique :
On retrouve la même équipe que pour le premier album de « La Perspective Luigi ». J’avoue avoir moins apprécié les dessins et la mise en couleur, quant au scénario de Régis Hautière, il s’intègre parfaitement dans ce que nous savons déjà des Lulus.
Camps de prisonniers civils : un pour les hommes, un pour les femmes. Les quatre garçons ne voient leur copine Luce que trois heures par jour. Le restant du temps, hommes et femmes restent enfermés dans leurs camps respectifs. En cette année 1916, les conditions ne sont pas roses pour les prisonniers, surtout en hiver, mais des colis leur parviennent. Pour nos Lulus, habitués depuis le début de la guerre aux conditions de vie très difficiles, ce n’est pas plus terrible que ce qu’ils ont déjà connu. Mais rester là à attendre la fin de la guerre, ce n’est pas dans l’esprit des Lulus. Ils vont tout faire, malgré les risques, pour s’évader… Comment faire pour emmener Luce qui est dans l’autre camp ?
Amiens. Octobre 1936.
Luigi est attablé dans un petit troquet. Face à lui, un homme qui recherche toute personne ayant vécu en Allemagne durant la Grande Guerre pour recueillir des témoignages de ce qu’était la vie là-bas…
Rappelez-vous, nos quatre Lulus plus une, espérant se rendre en Suisse, se sont trompés de train. Celui-ci est arrivé à destination. Berne ? Zürich ? Neufchâtel ? … Genève, peut-être ? … Hm… Non ! Berlin ! … Berlin ? Mais ce n’est pas en Suisse, ça ! … C’est bien là tout le problème…
Critique :
Changement dans l’équipe. Régis Hautière est toujours au scénario, mais au dessin, c’est maintenant le jeune et talentueux Damien Cuvillier et David François à la couleur. Cela en décevra certains, d’autres n’y prêteront pas trop attention puisqu’on entre dans une autre perspective, celle de Luigi.
Changement d’époque aussi. 1936… Mais c’est pour mieux revenir vingt ans plus tôt en 1916. Nous allons enfin découvrir ce qu’il est arrivé aux Lulus en Allemagne… Mais comme je ne suis pas corruptible, vu que vous ne me payez pas assez cher, je ne vous en dirai pas un mot.
Bon, allez, pour cesser de voir la demoiselle en beige arrêter de sangloter, je vais vous confier quelques éléments. Ils vont rencontrer des orphelins allemands dont un qui déteste particulièrement les Français, vu que son père a été tué au combat dans ce maudit pays (c’est son point de vue, pas le mien, inutile de sortir vos fusils de chasse). Les Lulus vont découvrir qu’à Berlin beaucoup de gens ont faim à cause du blocus naval qui empêche de ravitailler le pays avec des denrées produites ailleurs.
Je n’en dirai pas plus, même si vous torturez ma petite sœur !
Janvier 1919. Quelque part en Picardie, là où les combats ont été parmi les plus violents.
Lucien et Luigi partagent un morceau de pain sur des champs, ou des bois, allez savoir, labourés par des obus. Ils veulent se rendre à Valencourt où se trouvait leur orphelinat, persuadés que ce serait le premier endroit où leurs deux amis disparus, Ludwig et Lucas, songeraient à se rendre. Soudain, ils sont mis en joue par deux soldats. Pourquoi ?
Critique :
Les auteurs continuent leur excellent ouvrage. Voilà une suite entièrement consacrée à Luigi et à Lucien qui ne veulent plus être séparés. Lucien et sa jambe de bois, Lucien qui ne peut plus galoper comme avant. Au cours de ce périple, ils vont retrouver quelques têtes connues ou en entendre parler. La tension est élevée et l’humour du premier album semble bien loin, et pour cause, tout n’est que ruines, morts et disparitions… Ajoutons-y la faim, même si les Allemands ne sont plus là pour piller la nourriture. Les Allemands ne sont plus là ? Ah, ben si ! Il en resterait bien un…
Toujours aussi passionnante, l’aventure se poursuit. Le prochain numéro devrait mettre à l’honneur Luce ! La petite Belge qu’ils avaient recueillie et qui, devenue demoiselle se devait de rester en Belgique occupée avec sa grand-mère.
Troyes. 11 novembre 1918.
Les cloches sonnent à toute volée. Que se passe-t-il ? La guerre ! La guerre est finie ! Tout le monde se réjouit. Tout le monde ? Non ! Lucien qui a perdu une jambe et qui n’a eu la vie sauve que grâce à Luigi se morfond. Une jambe et ses trois amis, plus que des frères, en moins… Pas de quoi fêter ça !
Critique :
La guerre s’est achevée. Lucien est dans un triste état. Même si côté physique, il fait de gros progrès, le moral est en berne. Heureusement pour lui, une gentille infirmière veille… Ce qui n’est pas particulièrement bien vu par la hiérarchie qui estime qu’elle passe trop de temps auprès de ce patient.
Pour lui faire penser à autre chose, l’hôpital où il est soigné étant un orphelinat avant la guerre, et découvrant que Lucien avait vécu dans un établissement semblable, la brave Adélaïde lui fait raconter son histoire : comment il est devenu orphelin, qui étaient ses amis, ce qu’ils sont devenus.
Cet album permet de découvrir l’arrivée de Lucien à « La Maison des Enfants trouvés », comment il se lie avec Luigi, Ludwig et Lucas pour former la bande des Lulus et affronter celle d’Octave composée de grands qui mènent la vie dure à tous les autres.
L’inquiétude de Lucien est d’autant plus grande que, même si la guerre est terminée, il est toujours sans nouvelles des trois autres Lulus et de leur amie restée en Belgique occupée par les Allemands.
Janvier 1918. Une forêt quelque part dans le nord de la France.
Les 4 Lulus sont dans de sales draps. Encore ? Ben, oui et on ne peut pas dire qu’ils l’aient fait exprès. Ils ont quitté la Belgique dans le but de rejoindre l’abbé et les autres orphelins en France non occupée, en passant par la Suisse. Dans une immense forêt, ils ont déniché un très grand chalet. Ils se demandaient s’il était habité. Ils connaissent la réponse : ils sont attachés et bâillonnés dans l’une des caves de la demeure…
Critique :
Des cinq premiers albums, celui-ci est le plus sombre. La guerre touche à sa fin, mais ça, ils ne pouvaient le deviner. Malgré eux, ils font la connaissance de quelques membres de la Société des « Gentils Hommes » qui vont leur proposer un marché qui provoquera l’éclatement du groupe. Faim, froid, humidité, danger, peur, trahison sont au rendez-vous de cette cinquième aventure qui verra la fin de la guerre… Certes ! Certes ! Mais pas la fin des aventures de nos quatre orphelins mousquetaires.
L’histoire des Lulus est rapportée par un très vieil homme, un arrière-grand-père. C’est l’un des Lulus, mais lequel ?
Los Angeles.
D’un côté, des Japonais. De l’autre, des Colombiens. Point commun : mafieux.
Ces « gentlemen » s’apprêtent à « signer » un accord historique : un traité de paix qui délimite les territoires où chaque gang exercera ses lucratives activités. Mais comme tout a un prix, les Japonais casquent une jolie somme dont le montant donnerait le tournis, même à des gens qui ne sont pas des sans-abris. Tout se passe bien. La confiance entre les deux gangs est aussi élevée que possible (c’est-à-dire très limitée) lorsque la famille Simpson débarque en survêtements verts, braque les gangsters des deux « familles », fauche les biffetons et se taille. Les protagonistes des deux gangs ont la « haine », et même un peu plus, je vous la mets quand même ? La confiance n’est plus de mise, mais on ne va pas se canarder avant d’avoir retrouvé le pognon laborieusement acquis ! On fait partie du grand monde (du banditisme) !
Et les auteurs de ce braquage sont…
Critique :
Du cinéma hollywoodien en BD ! Diagnostic, docteur ? De l’action, de l’humour, des stars au générique, dessins de Callixte qui manie aussi avec brio la palette des couleurs, scénario testostéroné de Michel Koeniguer, assurent un thriller très agréable à suivre où l’on ne s’ennuie pas une seconde. Une histoire de ripoux, de gangsters, d’indics… Et une chasseuse de primes au physique avantageux et à la baston facile, le tout baignant dans une ambiance de filles peu vêtues et faciles, pour ceux qui ont le billet vert généreux. Justement, c’est le cas de Dino qui est un comptable qui a su vendre quelques informations, ce qui n’est pas nécessairement du goût de tout le monde. Notre belle Diane chasseresse se voit confier la mission d’appréhender Dany de Vito… Pardon ! Dino ! il ne s’est pas présenté à un contrôle judiciaire. C’est le comptable par qui les infos permettant le braquage ont fuité. Dino qui va se rendre à Las Vegas, chargé de mission par un gangster russe, Arnold Schwarzen… Heu… Monsieur Oulianov ! Sa mission ? Une chose toute simple : remettre, sans y jeter un œil, une mallette à l’occupant de la chambre 652 du Caesars Palace. Simple comme bonjour, non ? Au cas où il faillirait à sa mission, il recevrait la visite des lieutenants du caïd russe, Igor et Grishka, accompagnés du petit Joseph, genre petit musculeux dans les deux mètres de haut et qui, en des temps différents, menait des interrogatoires pour le KGB.
Notre belle héroïne, elle, elle aimerait bien récupérer la garde de sa fille. Elle a besoin de temps pour effectuer du rangement chez elle en vue de la visite de l’assistante sociale. Visite qui déterminera si Chaz pourra récupérer sa gamine. Son boss doublant la prime pour la capture de Dino, elle se sent obligée d’accepter de filer à Las Vegas.
1917. Belgique.
Rappelez-vous : nos quatre Lulus, plus une, pensaient être montés à bord d’un train à destination de la Suisse, d’où ils se rendraient en zone française non occupée. Malheur ! Ils se sont trompés de train et, du coup, se sont retrouvés en plein cœur du Reich allemand. Que faire ? Reprendre un train en espérant que ce soit le bon et qu’il arrive bien en Suisse. Dans le wagon de marchandises où ils prennent place, ils crèvent de chaud. Ils ont faim. Ils ont soif. Peut-être que les caisses embarquées dans le wagon de marchandises contiennent ce qu’il leur faut ? Pas de bol ! Des uniformes allemands ! Et de drôles de masques. Enfin… Drôles si on veut. On dirait des têtes de monstres.
Voilà un bon bout de temps que le train est à l’arrêt. Luigi n’en peut plus. Il lui faut un peu d’air frais. Il ouvre la porte coulissante du wagon… Et est aussitôt repéré par…
Critique :
Encore une aventure pleine de rebondissements. Cette fois-ci, elle a pour cadre la Belgique. Plus précisément, la partie francophone du pays, la Wallonie. Pourtant, on pourrait se croire en Afrique ou en Inde vu que la charrue est tirée… par un éléphant !
De nouvelles rencontres avec une population belge affamée attendent nos cinq aventuriers. Ils crèvent de faim. Mais à la campagne, les fermiers arrivent toujours à dissimuler quelques petites choses aux Doryphores (surnom donné en Belgique aux Allemands qui ne laissaient pratiquement rien à manger à la population. Une patate en poche suffisait à vous faire arrêter). De là à leur faire partager leurs provisions, faut pas rêver ! Sauf si on est un photographe un peu escroc sur les bords…
Entre Luigi et Lucien ce n’est plus l’entente cordiale. La cause ? Une femme, bien entendu ! Et quelle femme ! Vous ne voyez pas ? Vraiment pas ? Alors, vous non plus, vous n’avez pas remarqué que la petite Luce avait bien changé ? C’est qu’avec les habits adéquats, elle est devenue une petite demoiselle très jolie et nos deux grands ne sont pas insensibles à son charme…
Malheureusement, toutes les personnes rencontrées ne sont pas nécessairement dignes de confiance…
Les Lulus ne seront bientôt plus que quatre…
Une fois de plus, les auteurs se renouvellent et parviennent à toucher un public très large.
Décembre 1915. Quelque part dans une forêt du nord de la France.
Sur les conseils du pilote français qui a tué leur ami allemand Hans, les Lulus ont fui leur cabane en quête d’un endroit où la guerre ne les atteindra pas.
Dans une forêt, ils tombent sur un sabotier, Gaston, qui les aide comme il peut mais ne saurait nourrir cinq bouches supplémentaires. Les Allemands volant tout ce qui se mange, il n’est même pas certain d’avoir encore le minimum pour s’alimenter lui-même. Cependant, il leur conseille de quitter les bois, décidément trop fréquentés par les Boches et de se rendre en ville où ils passeront plus facilement inaperçus. Les Lulus se mettent en route pour Guise, une « grande » ville de six mille habitants. Vont-ils seulement y parvenir et si oui, dans quel état ?
Critique :
L’air de rien, cette BD est très didactique. Après avoir abordé les menstruations dans l’épisode précédent et « peut-on être ami avec un ennemi », cette fois-ci les auteurs vont nous faire découvrir le Familistère de Guise. Une création de l’esprit du scénariste ? Pas du tout ! Un bâtiment voulu par l'industriel Jean-Baptiste André Godin pour l'hébergement de ses ouvriers. N’hésitez pas à vous renseigner à propos de ce bâtiment et de son histoire très captivante, mais vous en saurez déjà beaucoup en lisant la bande dessinée. On y découvrira aussi des soldats allemands écœurés par la guerre, en convalescence, et pas pressés d’y retourner se faire charcuter. Les Lulus s’y plaisent dans ce Familistère mais une rumeur leur laisse entrevoir un avenir plus souriant, d’autant que les Boches occupent les étages les plus bas du Familistère…
Et si Staline, Hitler, Castro, de Gaulle, Elvis Presley avaient utilisé Internet avec des applications telles que Facebook, Snapchat, ebay ou s’étaient inscrits sur de multiples sites de rencontres… Qu’est-ce que cela aurait pu donner ?
Imaginez Landru sur le site « Rencontres SM » ou ouvrant l’ « Agence matrimoniale des Enfants de Jésus »… Le blog de Trotski où il se paie la tête de son compère Joseph… Joseph qui ? Mais Staline, bien entendu ! Le petit Père des Peuples… Et comment Staline aurait-il réagi ?
N’oubliez pas de jeter de temps en temps un coup d’œil aux petites annonces « leboncoin.fr », actuellement, par exemple, un certain Kim-Jung-Il cherche une bombe atomique neuve ou d’occasion pour usage domestique… S’il vous en reste et que vous ne savez pas quoi en faire…
Grâce au blog de Fidel Castro, vous pourrez découvrir le succès faramineux de son ami le Che qui explose la vente des T-shirts et des bérets à Auchan où une foule se presse dans l’un des magasins pour obtenir sa dédicace.
Et comment le petit Adolf va-t-il réagir quand sa mouma chérie va l’appeler pour le gronder parce qu’il est méchant avec des tas de gens ?
Critique :
Comme d’habitude avec Reuzé, le second (ou le troisième, voire le quatrième) degré est de mise. L’idée de confronter ces hommes politiques qui ont marqué l’histoire, pas toujours en bien, avec nos technologies Internet d’aujourd’hui est vraiment cocasse. Les dessins de Reuzé et de Fayol, très joliment caricaturaux, contribuent à faire de cet album un must ! Je ne comprends pas pourquoi il n’a pas connu le succès de « Faut pas prendre les cons pour des gens ». Peut-être était-il trop novateur ?
Janvier 1915. Froid et humidité.
Les 4 Lulus, Lucien, Lucas, Luigi et Ludwig, sont très embêtés : que faire de leur prisonnier allemand ? Ils ont faim. Ils ont froid. Leur cabane prend eau de toute part… Et ils ont un prisonnier sur les bras !
Luce est celle qui en souffre le plus. Sa fièvre pourrait bien l’emporter. Le breuvage conseillé par l’Allemand semble faire effet. Elle serait peut-être morte si elle n’avait pas avalé ce traitement.
Les Lulus se demandent s’il ne serait pas temps de le libérer. Luigi n’est pas d’accord… Et c’est Luigi qui tient le fusil de l’Allemand. Dans son agitation, Luigi presse la détente. Le soldat s’écroule…
Critique :
Un beau scénario montrant l’aide apportée par ce soldat allemand, Hans, à cette bande d’orphelins afin de les aider à mieux surmonter leurs dures conditions de vie. L’amitié règne entre eux. Leurs provisions s’accroissent. Tout va pour le mieux. Tout ? Quand Hans est parti à la guerre, sa femme était enceinte… Hans, le déserteur qui porte sur ses vêtements le sang de son meilleur ami, Hans qui vomit la guerre et ses atrocités, Hans a hâte de la revoir…
Voilà une histoire qui humanise le « Boche ». Au sortir des deux guerres mondiales, et même des décennies plus tard, pareil récit aurait été considéré comme une trahison tant l’ennemi était chargé de toutes les tares et jugé incapable de se comporter avec humanité. Il aura fallu beaucoup de décennies après le dernier conflit pour qu’on puisse enfin écrire que tous les ennemis n’étaient peut-être pas des salauds.
C’est cet aspect qui est mis en évidence dans cet album moins cocasse que le précédent, surtout si on y ajoute que Luce devient une jeune fille et ignore tout des changements qui s’opèrent en elle. Mais un ange gardien veille…
Une excellente série jeunesse, mais que même les « vieux » peuvent avoir du plaisir à lire.
Bessie n’est encore qu’une enfant lorsque son frère rentre de la guerre en France où il a été très surpris de constater que les Noirs n’y étaient pas traités de la même façon qu’aux Etats-Unis. Il ramène à sa sœur un cadeau inestimable : une photo dédicacée par le grand aviateur noir, Eugène Bullard, le héros préféré de Bessie, celui qu’elle rêve d’imiter.
Quelques années plus tard, elle vole à bord de son propre avion pour le compte … d’Al Capone, soi-même ! La voilà chargée d’une mission qui doit la mener, elle et son boss, à Saint-Pierre et Miquelon. Al Capone doit expliquer l’une ou l’autre petite règle de savoir-vivre à un Français qui lui fournit des bouteilles de bon alcool pour éteindre les gosiers en feu des Américains, asséchés par la prohibition.
Pendant ce temps, le Ku Klux Klan n’a pas oublié qu’il a un petit différend à régler avec cette petite métisse…
Critique :
Une fois de plus Henriet s’est dépassé au dessin. Mais peut-on encore se dépasser quand on atteint une telle maîtrise ? Les couleurs d’Usagi sont splendides. Ok ! Et le scénario ? Je ne suis pas sûr d’avoir bien tout digéré. Trop de lieux et d’époques se mélangent même s’il y a une justification à cela : les deux soldats noirs américains qui sauvent un pilote noir, la fin de la guerre où l’un d’entre eux devient cuisinier pour Al Capone, des petits gosses, copains de notre Black Squaw, qui jouent un rôle important, la rencontre entre Al Capone et Bessie, le Ku Klux Klan qui n’oublie pas sa vengeance… J’ai l’impression que les raccords entre toutes ces histoires sont quelque peu boiteux, et même si j’ai beaucoup apprécié cette bande dessinée, je n’en ai pas profité pleinement.
L’édition spéciale, tirée à 999 exemplaires, un tirage de tête, bénéficie d’un dessin inédit signé par le dessinateur. Il y a aussi une « sur-couverture » avec un dessin inédit.
Eugène Bullard a bel et bien existé et a accompli suffisamment d’exploits que pour être apprécié comme un authentique héros. Le racisme empêchera cet homme d’être reconnu pour ses nombreux mérites.
Eh bien, voilà, c’est fait ! Les humains ont réussi à bousiller la Terre. La voilà plongée dans un hiver sans fin. Les reliquats de l’humanité se trouvent embarqués dans un train aux centaines de wagons. Ce train circule à toute vitesse et ne doit en aucun cas s’arrêter sous peine de voir tous les hommes trépasser. Alors, il roule ! Il roule mû par une force vivante quasi magique.
Tout le monde ne voyage pas en Première Classe. Loin de là. Un nombre important d’individus a réussi à pénétrer dans les wagons de queue, ceux où étaient stockées les conserves. Il règne un froid de canard, mais comme ils sont nombreux, cela réchauffe. Mais surtout… Ils ont des vivres… Au début… Et puis…
Critique :
Transperceneige est l’une des histoires postapocalyptiques en bande dessinée qui marque. Cette œuvre marque tellement qu’un Sud-Coréen en a tiré un film… Mais ce n’est pas le propos du jour.
Que nous narre ce récit ? L’histoire d’un survivant. D’un homme qui s’échappe de son wagon à bestiaux de queue de convoi où il ne reste quasi plus de vivants et qui, affrontant le froid extérieur et le déplacement du train, parvient à casser une fenêtre des toilettes et à s’immiscer dans la « bonne » partie du train. Pas de bol : des militaires veillent et il se fait arrêter. Dans le convoi, certains s’émeuvent des conditions de vie de leurs semblables en queue de train et apprenant la nouvelle, une jolie jeune fille exige de rencontrer le prisonnier…
A partir de là, le lecteur découvre l’organisation qui prévaut dans cet univers fermé.
Ayant eu l’opportunité de me procurer l’édition de luxe, j’ai pu en apprécier la qualité de la reliure, du papier et des commentaires en fin d’ouvrage. Cependant, l’histoire n’est pas terminée et nul ne sait quand paraîtra la suite en version « luxe ».
Encore une petite précision : c’est du noir et blanc. Si vous êtes allergiques à ce type d’album, vous voilà prévenus…
Une petite cité balnéaire. Des putes. Les deux se marient plutôt bien, non ?
Est-ce encore le cas lorsqu’on retrouve une jeune prostituée, Giorgia Bocelli, 17 ans, sensée être jeune fille au pair, travaillant en réalité comme entraîneuse au « Phare », morte, défigurée après avoir subi d’atroces souffrances, cinq dents arrachées à vif et trois ongles de pieds ?
Quelques jours plus tard, « Miss Barbecue », 23 ans, Adriana Totti pour l’état-civil, est retrouvée atrocement brûlée. Italienne, comme la première victime. Sera-ce la dernière ou la série ne fait-elle que commencer ? Qui leur en voulait à ce point pour les torturer de pareille manière ? Pour l’inspecteur, Assane Ndiaye, « Nutella » et son co-équipier « Light » impossible de croire qu’il s’agit là juste de crimes sadiques… On a voulu faire « parler » ces filles ? Mais que voulait savoir celui qui les a ainsi torturées ?
Critique :
Boum ! Dès les premières planches le lecteur non averti se ramasse un coup de massue sur la tête dont un Neandertal n’aurait pas désavoué la finesse ! Vous refermez le livre et vous allez relire sur la couverture le nom de l’auteur… Zidrou ! … LE Zidrou ? … Apparemment, oui, on n’en connaît pas d’autre… Là, il a quitté sa « zone de confort ». Un polar dur ! Non seulement par le récit, mais également par le trait de Laurent Bonneau (amusant nom pour un dessinateur dont une bonne partie des planches se passe dans la piscine ou à la mer – dans l’amer). La violence du trait et des lavis désarçonne. Je n’en suis toujours pas revenu : dois-je faire Beurk ! Beurk ! Beurk ! tellement le trait diffère de ce que je vois habituellement en BD ou dois-je crier au génie ? Un peu des deux, mon fils ! C’est un album dérangeant. Voilà qui conduira certains à parler d’art. Pas si artistique que cela car « je ne trouve pas ça beau », diront d’autres… Et voilà ! Le débat est lancé.
Ce qui me perturbe, c’est le découpage du récit que je trouve quelque peu brouillon, côté brouillon accentué par le trait de Laurent Bonneau. Bref ! C’est un livre à lire qui ne ménagera pas votre sens critique et suscitera admiration ET perplexité chez beaucoup d’entre vous, voire même du dégout.
10 mai 1940. Ardennes françaises.
Quatre cheminots à bord d’une locomotive, la Louison, discourent de l’état de l’engin, qui aurait bien besoin d’une réparation urgente, mais aussi des jeunes cheminots mobilisés pour faire face à une Allemagne où un vilain bonhomme avec un ersatz de moustache a des idées plus que belliqueuses. Ces quatre cheminots sont un peu l’image de la France : divisés !
Quand ils arrivent en gare de Sedan, il y a foule ! Cela sentirait-il les congés payés ? Oh, que non ! Cela sent plutôt la poudre d’escampette…
Critique :
Bien que pas du tout crédible, le scénario est distrayant car très vite le lecteur se trouve plongé dans la multitude qui fuit l’avance des troupes allemandes avec une crainte particulière : les Stuka ! Ceux-ci font des ravages parmi les civils.
La rencontre des cheminots avec une fille habillée en ouvrier et d’un militaire peu orthodoxe rend l’aventure hollywoodienne ! Là, on peut dire adieu à toute vraisemblance historique ! Ne pleurez pas ! Rappelez-vous les films avec Jean-Pol Belmondo et profitez du cinéma !
Cette jeune demoiselle, jolie, mais fort masculine par certains aspects, a participé à la Guerre d’Espagne où elle côtoyait les anarchistes dans les brigades internationales. Elle a une obsession : rencontrer un des trois hommes au nom figurant sur le restant de photo auquel elle tient plus qu’à tout. Une photo d’une très jolie femme. QU’est-ce donc qui la lie à cette magnifique dame ?
Les dessins des personnages ne m’ont pas du tout convaincu. Il n’empêche que je lirais bien la suite des aventures…
USA. 1937.
John Clark , 22 ans, est photographe. Dans le pays, c’est encore la misère pour beaucoup de monde. La crise de 1929 à Wall Street a entraîné des chutes d’entreprises en cascade. La misère touche bien des gens. Elle est clairement visible dans les villes.
Et dans les campagnes ? La situation n’est guère brillante. Pourtant, il existe un endroit qui est carrément l’enfer sur Terre : le Dust Bowl… Vous ne connaissez pas ? Les Américains non plus ! Cette région est balayée par des vents très puissants qui soulèvent un sable qui s’immisce partout à cause d’une sécheresse qui dure depuis des années. Pas une goutte d’eau ! Pas une ! Ceux qui habitent cette région n’ont qu’une solution : migrer vers la Californie… s’ils en ont les moyens. Autrement, il ne leur reste plus qu’à mourir de faim, de soif ou les poumons envahis par cette saleté de poussière qui vous asphyxie.
C’est pour attirer l’attention des masses qu’un organisme gouvernemental, la Farm Security Administration, a été créé. Quel moyen employer pour faire connaître au pays l’état dramatique dans lequel se trouvent les fermiers du Dust Bowl, région à cheval sur l’Oklahoma, le Texas et le Kansas ? La photographie ! Une mission cruciale attend John Clark…
Critique :
Un des livres les plus poignants de ces dernières années vous tend les bras ! N’hésitez pas à vous procurer « Jours de Sable », un roman graphique magnifiquement mis en images et en couleurs, servi par un texte sensible qui ne dit que l’essentiel pour ne pas distraire le lecteur. Aimée de Jongh réalise là un travail d’historienne mettant à la portée de tous la compréhension d’un phénomène climatique qui va transformer, par la faute des hommes, un petit paradis vert en un désert où le soleil chauffe l’air qui entraîne ses tourbillons de poussière au point que les gens se voient plongés dans la nuit en plein jour. (Voilà qui devrait nous servir d’avertissement au moment où, sur tous les continents, nous désertifions à qui mieux-mieux !)
L’auteure se livre à un découpage quasi cinématographique de son ouvrage en variant les plans. Certaines doubles pages donnent envie de les agrandir et de les placer bien en vue pour rendre hommage à la subtilité précise de son travail.
Aimée de Jongh a, certes, inventé une histoire, un personnage aussi, mais celle-ci est basée sur des faits historiques indéniables illustrés dans l’album par des photos d’époque.
La subtilité du récit fait que l’auteure garde comme fil conducteur ce jeune photographe de vingt-deux ans qui avait besoin d’un gagne-pain et qui se voyant confier cette mission y trouve une planche de salut. Ce qu’il va découvrir va le métamorphoser en profondeur au contact de ces personnes qui fuient devant son objectif qui fait même pleurer les enfants. Autant à Washington et New York les gens sont familiarisés avec les appareils photographiques, autant dans ce désert, un inconnu avec une étrange boîte fait peur et dérange. John Clark, qui n’est pas idiot, va changer son approche, parfois en trichant, en manipulant, y compris auprès de personnes dénuées de tout, même d’un simple litre d’eau, jusqu’à ce qu’il se rende compte du côté atroce de son comportement et change radicalement.
Amie lectrice, ami lecteur, ce serait bien le Diable si vous aussi vous ne vous laissez pas prendre à la gorge par ce récit, par ces personnages merveilleux qui gardent leur dignité face à des conditions de vie épouvantables.
Voilà un livre qui mérite de figurer dans toutes les bonnes bibliothèques ! Un pur Chef-d’œuvre ! Il n’attend plus que vous…