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Peut être le plus whats(euh)fuck des 22 publications de Mustang.
Jugez plutôt:
Dans Mikros les auteurs se mettent en scène. Mieux ils sont pétés de pognon, star du comics et possèdent voitures hors de prix et maisons secondaires de multimilliardaires. La mise en abime fantasmagorique est total et c'est franchement fendard. Même que le gros méchant (qu'ils ont inventé dans la série) est partout autour d'eux. Même que une explosion atomique fait qu'ils sont que tous les deux vivants dans le monde....Et même que le State building (qui est un vaisseau spatial, je le rappelle) est de retour de la lune avec nos sup 'héros. ….bref, ça part en cacahouète grave et c'est ça que c'est bon.
Après il y a Photonik qui raconte Tom Pouce. Retour en arrière salutaire. Sympa avec un final qui le fait.
Et puis, il y a la nouvelle série qui remplace le nanardesque "Mustang". Et c'est un space convenu et convenable qui fait plein feu sur l'action et qui est dessiné par un bon ( un très bon même ) du nom de Jean Yves Mitton...Celui même qui est un des deux survivants d'une explosion atomique.
Et là, je vous ai perdu....c'est sur...
Le premier Palmer ou plutôt "les" premiers Palmer!
Inspiré du foutraque de MAD, Pétillon nous régale dans le non-sens et le contre pied. Car à chaque à situation, chaque action du héros l'auteur prend le détonnant, l'inverse, l'antipode. Il y a toujours une histoire, il y aura toujours un début, un milieu et une fin. Mais pas une planche, pas une case, pas une bulle ne part pas en cacahouète, en tête à queue, en absurdie. Le lecteur n'a que l'embarras du choix pour bien se marrer parfois. Il y en a pour tous les gouts.
Pétillon fait du MAD, comme Fluide Glacial fait du MAD, comme Gotlib, Goossens, Edika font du MAD durant ces années 70. Et dans cet album sincèrement ça se ressent trop. Il n' y a pas encore la patte qui s'approprie les inspirations et créer ensuite une œuvre unique.
Alors parfois c'est drôle, parfois c'est même hilarant, parfois même la surprise est telle que l'hurlement de rire se fait dans une surprise totale ( j'en ai eu 2 ou 3). Et c'est bien tout ce qu'on demande au bousin, n'est ce pas? Et puis les dessins sont fluides, alertes. Ils servent le burlesque, uniquement au service de la bouffonnerie. Et c'est d'une vivacité qui va à l'essentiel.
Alors, on ne boude pas son plaisir. On lit un auteur, fan de MAD, et qui se débrouille très bien pour son 1er tome. Il faudra juste qu'il coupe le cordon ombilical avec son magasine étatsuniens préférés.
Des bouquins de Stefan Wul, la mort vivante est certainement le plus foutraque et le moins bon. Il est même vraiment pas bon et la fin est pire encore.
Olivier Vatine continue, chez un autre éditeur, l'adaptation des œuvres de l'artiste dentiste. Et là, comment faire....Le roman est vraiment pas bon. Wul a voulu écrire un bouquin sur la thématique de l'horreur et du gore. Et il s'est mis les deux pieds dans le plat, surtout que l'auteur écrit sans chercher véritablement une conclusion. Et là….
Alors comment faire. Réécrire ? Oui et non. C'est tout de même une adaptation. Vatine fait ce qu'il peut. Et son final va trop vite avec une conclusion trop hâtive et qui ressemble à tous les finaux de pulps à bon marché.
Et pourtant ...
Le début et le milieu de la narration sont empreint d'une ambiance Steam punk assez géniale. Et, le dessin l'est encore plus. D'ailleurs ce n'est pas du simple dessin mais une vrai recherche picturale aussi Steam punk que l'histoire. Le monstre est superbe. Les décors empiriques. Les personnages inspirés.
Un sacré bon moment. A part un final trop rapide et expéditif mais comment faire avec un livre qui n'avait pas grand chose à raconter?
1968,
Jeannot publie et publie encore et, comme toujours, c'est un vrai stakhanoviste de la planche. Et pis il faut trouver des idées. C'est pas si simple. Ici, Jean trouve l'excuse d'une course de route pour faire des simagrées avec Steeve et des personnages plus rigolos que méchants? Non, pas du tout. La querelle entre Betty et Steeve est un prétexte fourretout (qui est franchement réussi et hilarant!). Et avoir "5 filles dans une course" est un faire valoir ( Elles n'ont aucunes prise sur l'histoire). Certes, l'auteur met en avant Nicole Sol. Elle fut une grande de la route et qu'elle entre dans le panthéon gratonnien des coureurs automobiles est parfait.
Non, non...le plaisir est ailleurs.
Car c'est la course qui est vraiment le personnage principal. Cette course démente qui traversait, de nuits et de jours, un Portugal des années 1960/70 pauvre (voire misérable) et arriéré. L'opus, un peu trop verbeux, raconte la course des routes, folle et débridée avec des voitures de courses qui sortent de notre histoire automobile avec grande nostalgie. Nous vivons la course, nous la subissons, nous sommes dans l'habitacle. Et c'est pour cela que ce tome est à lire absolument: Le lecteur est en immersion dans une course des années 70.
Alors, oui Betty, son cousin, Steeve nous donne à rire et à vibrer. Mais la course est quand même bien masculine et nos "filles" font plutôt de la figuration. Alors que la vaillante commando, elle, est magnifique tout du long de la course.
Jan Karta est de retour à Berlin, le temps des jeux olympiques de 1936. Jan Karta n'est plus l'idéaliste, rêveur et neutre du 1er tome. Il n'est plus le dormeur qui ne veut pas se réveiller dans le second, ni l'homme désabusé du 3ème et en colère du 4ème, il entre dans la danse désormais. Il agit. Il tue même pour combattre le 3ème Reich.
Encore une fois Dal Pra fait évoluer son détective qui n'en est plus un. Il est un résistant pour certains ou un terroriste pour les autres mais la mort rode tout autour de lui. Et l'histoire, anxiogène au possible, est comme un rouleau compresseur de tension. La Wehrmacht est partout, écrase tout, anéanti tout . Et le petit groupe autour du personnage principal, lui, tente juste de sauver une vie ou peut être deux ou de diffuser une lettre. Et le prix à payer pour ces dérisoires succès est incroyable de morts et de tragédies. Mais vivre suivant ses valeurs n'a pas de prix. Il y a de "l'armée des ombres" (Melville) dans le récit. Le même gout amer du grain de sable devant un rouleur compresseur. Dal Pra, pour cela, nous produit une trame haletante, désespérée. La fin du monde est plus proche que jamais.
Torti , lui, change de style. Alors que j'avais tant aimé ses visages impressionnistes ou les traits de feutre font l'émotion du personnage, ici le dessinateur le simplifie son trait pour n'être que massif et rugueux. Comme du "Guess" mais en moins bien. Certes je comprends les gros plans, les visages durs et sans émotion. Oui cela prolonge l'anxiogène du récit et la violence des destins. Certes les mouvements et l'action sont bougrement menés. Oui Torti est un maitre du Fumetti. Mais il y a une déception folle. Ce changement de style ne ma ravit pas.
Mais malgré ce léger désidérata, Jan Karta demeure une série majeure et trop méconnue du 9ème art. Merci aux éditions Fordis de nous offrir ses aventures encore inédites en France.
Second cycle des carnets d'orient et Jacques Ferrandez s'attaque à du lourd, du très très lourd. Car, après 5 tomes ou l'auteur racontent une Algérie en de nombreuses de vies et cinq histoires, voici que l'auteur donne l'assaut à la guerre d'Algérie sur une grande fresque de 5 tomes à l'intérieur d'une grande fresque.
Comme toujours il tisse les liens, multiplie les magnifiques personnages , les fait s'entrechoquer les uns aux autres et bousculer surtout dans une grande histoire dont ils seront acteurs. Comme toujours le suspens monte crescendo, l'histoire détaille, précise et évolue dans une constante toujours plus violente. Comme toujours le maitre est un orfèvre dans la construction scénaristique. Le savoir faire est certes classique mais diablement efficace.
Car, même dans les dessins, le classique du gaufrier privilégie l'histoire pour rendre plus efficace cette tragédie humaine qui débute et qui sera irréversible. Et puis, dans ce classicisme solide, Ferrandez raconte aussi son Algérie avec des pastels et des ocres superbes en pleine et double page. Ce sont les seuls moments de respiration dans cette intrigue inquiétante et Ferrandez nous souffle du chaud, du désert, du superbe et du lyrique. Car Ferrandez est aussi un grand peintre.
Un début plein de promesse.
Classique et chef d'œuvre...et pourquoi donc cette intégrale intègre derechef le top 10 de mes albums préférés?
Parce que le trait: Hirsute et violent, dépressif et saccadés, des coups et des coups dans le geste violent du coup de poignet qui symbolise tout ce que ressent l'auteur pour notre monde et les êtres humains qui la composent. Franquin se disait dépressif chronique? On le ressent jusqu'au bout de sa plume. Et l'harmonique est totale avec le propos.
Parce qu'il y a les cadrages qui racontent bien plus que les bulles, le noir et blanc d'une maitrise absolue de malaisance, l'harmonique des onomatopées musicaux et littéraires, la maestria des dialogues qui vont à l'essentiel parce que le dessin est d'abord l'outil narratif principal.
Et bien sûr, il y a l'ironie, le sarcasme, la malice, la raillerie d'un auteur qui ne croit plus en l'homme. Et le maestria fait prémonition aussi. Le Covid, La pauvreté du peuple, les oligarchies et la fin du monde....tout absolument tout fait actualité. Alors que la publication première sont de 1981 et 84, Franquin raconte parfaitement le monde de 2024.
Oui, rien ,n'a changé
Delaf a mis plusieurs années à savoir dessiner comme le maestro. Bon, dessiner comme le King belge, c'est pas possible. Il faut dire que Franquin dessinait surtout avec violence, fébrilité et mal être aussi. Voila pourquoi chacun de coups de crayon était des vrais "coups" de crayons. Delaf, lui, va bien et c'est tant mieux. Car Delaf fait un magnifique faussaire avec un trait rien qu'à lui aussi. Delaf s'est approprié la patte, l'a mâchouillé jusqu'en extraire la substantifique moelle, le même ancrage et onomatopée, les mêmes mouvements et la même énergie. Et puis il y a (un peu) de Delaf aussi. Un peu par ci et peu par là. Ce n'est donc pas un simple faussaire génial mais un artiste incroyable qui a bosser comme un dingue pour être à la hauteur d'une reprise. Et il l'est grave à la hauteur.
Parce que du côté scénario c'est tout pareil. et c'est même par là qu'il a su moderniser le propos. D'abord, non, les histoires ont belles et bien lieu durant les années 80. Le téléphone "portable", et le vélo à batterie le prouvent. Et c'est drôle. Franchement drôle. J'espère juste que la jeune génération comprendront.
Et puis les jeux de mots qui s'allient aux mouvements sont aussi parfaits que ce du maitre, L'humour passant par les onomatopées (encore) sont franchement hilarant.
Mais, là, ou Delaf m'a réjouit se trouve dans la résolution finale qui se clôture en une longue histoire qui reprend un grand nombre de chutes sur les blagues d'une ou deux planches. Le tout peaufiné par le drame psychologique du Burn-out, du harcèlement moral car si on réfléchit bien c'est bien cela qui subit Fantasio et Prunelle. Delaf va au bout du bout de la démarche jusqu'à satiété (la psychologie est une thématique bien moderne) et ça marche bougrement. Les craquages en règle de tous les collègues de travail de Gaston? On rit bien de ce drame qu'est le harcèlement (Gaston ne le fait pas exprès mais il est fautif). Spirou et Fantasio vivant ensemble avec une case qui possède tous les symboles du couple mariés des années 70 (tel chez Boule et Bill)? J'ai hurlé de rire.
Maintenant espérons que la ligne éditoriale ne sera pas de publier un album par an pour éponger le talent de Delaf. Car la reprise est une réussite. Et le prochain sera meilleure encore s'il ose d'avantage.
.
D'abord le dessin. Quel maestria! Quels décors! quels détails! Quels précisions! Julliard est l'un de nos maitres du 9ème art et peut être que cette série est l'un de ses chefs d'œuvres. Sur une construction, somme toute classique et des gaufriers plutôt standard, on ressent bien que l'artiste a besoin de casser cette rigueur pour faire exploser son savoir génial sur le mouvement et la symbolique. Les passages de la vieille sont pour cela assez superbe. Cela manque encore un peu de maturité mais ça ne va pas tarder à être incroyable (Viendra bientôt d'ailleurs "Le cahier bleu" son chef d'œuvre).
Et du côté scénario, Cothias raconte la vie de deux enfants naissent le même jour: Louis 13 et Ariane. accouchement de mort glaciale et solitaire avec l'ultime geste d'amour maternel pour l'une et toute une palanquée de nobles à coté de l'âtre avec un papa qui ne cherche qu'à coucher pour l'autre. Cothias narre ensuite la société religieuse et de hiérarchie sur un parti-pris qui fait toutefois consensus chez les historiens. D'ailleurs Cothias ne raconte pas Henri 4 mais le vert galant qu'il était. Et il raconte bien. Il prend le temps. Il pose ses personnages. Tous avec un fond d'ésotérisme qui donne un caractère sacré à des histoires humaines.
Mais l'important est ailleurs. Cothias nous raconte Ariane et Louis 13. Il raconte leurs mentors, leurs recherches de valeur et l'évolution inéluctable de l'un et de l'autre. Un futur roi d'un côté (Henri 4 et Louis 13) et une future Zorro de l'autre ( Le premier puis la seconde).
Certes, l'histoire n'est pas encore posé. Cothias prend le temps. Tant mieux. C'est un bonheur.
Album atypique que celui-ci
D'abord le dessin d'une grande virtuosité d'ocres et de couleurs avec le choix physique de l'œuvre d'art, la contemplation de la case silencieuse, une ambiance comme une mélopée figée, de cases fixes, de grands angles et d'espace sublime. Loustal maitrise tant ses couleurs, ses cadrages que ce sont des tableaux figuratifs, patinés de chaleur palpable, d'érotismes désuets, d'un flot d'émotions lasses, de vies ennuyeuses et inutiles, d'une bourgeoisie qui s'ennuie dans ses perversions.
Et puis il y a les textes qui racontent les couleurs, les odeurs, les sueurs d'un monde bourgeois en déliquescence, d'ennuie toujours, d'amour qui n'ait que de la possession égoïste . Ces textes là sont beaux. Ils ne décrivent pas l'image, ils offrent d'autres émotions, en plus et autrement.
Et puis il y a les actions, barbares, violentes, dépravées et la mort qui rode, la chute inévitable.
Et malgré ses actions impitoyables, rustres, sadiques, la lecture est lasse, délibérément ennuyeuse. Les destins sont mortifères et on s'en fout. Tout est fait (dessin et texte) pour que le lecteur ressente les émotions désabusées, harassées des personnages.
Une lecture atypique est donc forcément rare.
J'ai beaucoup aimé.
J'aime bien Bom. Il a scénarisé "Broussaille" et j'adore "Broussaille". Alors j'ai tenté cette série inconnue, construite essentiellement pour les enfants. L'idée de départ est sympa. Il y a de la nature patinée de légende avec un soupçon de naïveté que, moi, j'apprécie bien. C'est agréable et sympathique. Et ça c'est bien.
Et puis il y a les dessins qui accumulent les mêmes cadrages. C'est poussif. Il y a les personnages qui sont figés. Il y a enfin des décors qui sont sympas.
Et puis il y a le scénario très poussif également. Avec des incohérences et beaucoup d'explicatifs. Bom ne devait pas encore à l'époque construire correctement un scénario. Comme si le scénariste a voulu mettre plein d'ingrédients dans sa recette et a pas su gérer le gout final.
Et même s'il n'y a pas de double lecture et que l'histoire est faîte uniquement pour les enfants, ils ont droit d'avoir une bonne histoire quand même.
Ferrandez en ses début....tout comme Rodolphe.
Il est étonnant cet album. Il y a des lenteurs voir des absences et puis, juste après, il y a des fulgurances plutôt drôles. Il y a des nues (totalement) gratuit de l'héroïne et des planches nocturnes superbes. Il y a des personnages plats au possible et des situations médiévales ubuesques mais drolatiques avec, même, des pertinences diverses.
C'est tout plein de maladresses et de pertinences....Et il y a les dessins de Ferrandez dans le début de sa carrière et qui est déjà superbe.
Une curiosité
"Beatifica Blues", c'est de la SF des années 1980 avec du Métal Hurlant dedans question dessins et du traditionnel album question scénario.
Un scénario bien fichu tout de même. Car le ressenti de fin de monde est palpable, perceptible. Il est d'une grande violence avec des personnages qui sont, eux mêmes, violents et angoissants. Des gentils aux méchants d'ailleurs. C'est, je crois, le point fort de ce 1er tome: Les personnages. Le cynisme des méchants et l'égoïsme des gentils. Dans cet atmosphère post apocalyptique avec les codes de MAD MAX, l'épisode n'invente rien mais le fait bougrement bien. Il y a même des moments ou le malaise de lecture est franche car la violence est épidermique dans toutes les scènes.
Du coté des dessins, voici un auteur en passe de devenir virtuose. Le dessin est presque en maitrise et les couleurs, les décors abiment l'atmosphère plus encore.
Un 1er tome plein de promesse
D'abord, avouons que la couverture de l'album est superbe.
Et il y a des cases qui le sont tout autant. Certes, cette notion de dessin réaliste est d'une curieuse facture mais la lecture est aisée durant la plupart du temps. Et les couleurs, les perspectives, les émotions sont vraiment réussis dans chacune des planches, chacune des cases.
Du côté du scénario, si les choix au 1er tome de construire la narration autour de la visite d'enfants étaient chouettes, là ça marche carrément moins bien jusqu'à un final un tantinet ridicule ( Des vieux qui repartent en flibuste plutôt qu'EPHAD? Mais pourquoi ???? et surtout tout ça vient dans un claquement de doigts!)
Bref si l'adaptation du roman est parfaitement réussi (j'adore ce roman et son adaptation ici même), je trouve que les partis pris du scénariste sont partis en eau de boudin. Sincèrement, le final est ridicule. Même que le final du roman est, lui, trop vite expédié. Un "Roméo et Juliette" au Far West, mâtiné d'une "songe d'une nuit d'été" aurait du avoir une belle conclusion. Et ce n'est hélas pas le cas ici.
Et Jodo se calme….
Il prend d'avantage le temps désormais. Cet opus est d'ailleurs une aventure dans l'aventure et c'est bien de prendre le temps. On profite d'avantage des dessins superbes d'Arno qui, lui aussi, se pose pour nous plaire de décors très beaux et de personnages fluides. D'ailleurs, Arno encre mieux. Ce qui permet une meilleure lisibilité et sincèrement le dessin gagne en majesté.
Jodo, donc, fait dans la lenteur. Après avoir été gargantuesque, le voila précieux. Après n'avoir été que boulimique, le voila gourmet.
Et c'est bien. C'est moins fun, plus consensuel. C'est plus sage en tout cas. Et même si le scénario est toujours aussi foutraque, la narration devient plus classique. Et c'est un peu triste d'à nouveau être comme les autres.
D'abord les dessins. Vraiment incroyable! Jean Graton maitrise à la perfection le mouvement des voitures de courses! Ce grand prix de Monza est haletant visuellement. Graton travaille désormais sur le blanc pour accentuer le mouvement, les vrombissements et les F1 sont vraiment superbes. Le savoir faire est absolu, total. Jeannot est au sommet de sa maitrise graphique des courses de voitures. Et puis il y a l'autre course poursuite dans la ville de Milan et Jeannot, là encore, nous fait visiter la ville sur les chapeaux de roues avec superbe. Et puis il y a Monica qui est quand même canon (bien que je ne sois pas un grand fan de l'esthétique féminine dans le trait "gratonnien" , là je fais une exception.).
Et puis il y a le scénario. Car, avant de parler de l'intrigue principale, il y a l'aérodynamisme qui entre dans le monde des courses automobiles et expliquer par Jean-Pierre. Même que Michel et Steeve n'auront plus de casques au bol mais des intégraux! Ainsi ce 18ème opus fait basculer l'univers de Michel Vaillant vers le modernisme tout en faisant disparaitre l'autre qu'on a tant aimé dans les planches de Jeannot. C'est pas rien.
Et Pesquarolo, Beltoise et bien sur Jacky Ickx pointent leurs bouts du nez. Jacky deviendra un personnage principal de l'album ( et d'autres d'ailleurs). C'est une manière de remercier Ickx de lui avoir permis de vraiment découvrir pleinement ce monde d'huile et de piste. Ickx est le pilote belge le plus primé de tous les temps. Et pourtant il est éternel grâce à Jean Graton.
Reste la seconde trahison de Steeve Warson. Graton a voulu construire une histoire autour d'une amitié fortes autour de trois hommes qui est mis en difficulté? C'est pour moi plus que ça. C'est le premier vrai album ou le "fils de la guerre" montre qu'il est un Maverick, qu'il n'a pas de famille et qu'il est fragile en amour. La famille Vaillante n'est qu'une famille d'adoption et que lui aussi est en quête de sa famille. L'arc narratif des trahisons de Steeve Warson sont pour moi les plus intéressantes. Cette seconde trahison semble plutôt mièvre? Je la trouve moi d'un symbolisme majeur sur un personnage faire valoir qui n'est clairement pas que ça. Et qui est mon préféré depuis le début.
Bon
Ce n'est pas une trilogie mais une série visiblement abandonnée. On ne connaitra jamais la fin de cette histoire et sincèrement ce n'est pas bien grave. Car Frank et Golo doivent finir leur histoire et il n'y arrive pas. Trop de personnages, trop de situations, trop de verbiage, trop, trop, trop....Même les dessins de Golo que j'aime tant par l'empreinte naïve de son trait sont dissimulés par les bulles trop grosses et trop verbeuses. Le scénariste se prend les pieds dans le plat de sa propre histoire (qui n'avait guère d'intérêt déjà dans les deux premiers tomes).
Car, oui, l'histoire n'était qu'un prétexte pour construire des atmosphères glauques ou orientales et des dialogues bien écrits, tout à la fois argotiques et poétiques. Ce 3ème tome doit retourner à la narration principale et ,comme il y en a pas, c'est mauvais. Pire, a lecture, je ne connaissais plus les enjeux de chaque personnages et, comme ils sont nombreux, que la série soit abandonnée me laisse de marbre...
1968...Graton est toujours à deux albums par an. Ce fut "KM 357" ( génial!) puis il y a cet album…
Il faut en trouver des idées pour publier autant (à la demande de l'éditeur bien sûr). Et voila l'idée qu'à Jeannot pour l'opus: dessiner les stands des 24h de nuit. Parce ce que c'est beau, parce que l'ambiance est surréaliste, la nuit, sur le circuit des 24h. Et c'est vrai que les quelques planches qui narre l'envie de l'artiste sont sympa.
Et pis après?
C'est grand guignol. Le Leader ricane et gesticule bêtement sur le circuit, raconte sa vie à Michel durant des plombes, veut toujours être le maitre du monde mais, lui, par le prisme de la voiture et c'est une manière comme une autre de le faire....Y en a qui utilisent des bombes nucléaires et Le Leader, lui, a décidé que ce sera avec des berlines diesel).
Et pis? Et pis bien sûr ça foire. Et Michel ou Jacky vont peut être gagner la course. (J'aime bien d'ailleurs la fin de cet histoire).
Bref c'est tout pourri. Mais il faut dire que, dès qu'il y a le Leader dans les parages de Michel, c'est tout pourri.
On passe vite sur le scénario. C'est classique, conventionnel mais c'est du bon et puis il y a du suspens et des rebondissements. Alfonso Font sait écrire une bonne histoire. Après c'est pas non plus la panacée puisque l'histoire est d'un classique directement sorti de la décennie 80. Mais clairement Font connait son métier.
Le plus de l'histoire, clairement, c'est Taxi. Superbe personnage et sacrément sexy ( une ou deux cases pour la mettre en avant en objet sexuel mais pas d'avantage) que cette Taxi. Car elle est bien plus que cela. Elle est écervelée et naïve autant que maligne et rusée. Et puis casse-cou et pas qu'un peu. Et toute l'histoire tourne autour d'elle et ses actions qu'elle mène pour aller au bout de l'enquête.
Mais là ou Alfonso Font est incroyable, c'est dans l'illustration et l'encrage. Font sait faire et bougrement bien. Les décors sont superbes, les silhouettes géniales et les mouvements maitrisés magnifiquement. Alfonso Font est aussi un maitre de l'encrage. Le plaisir visuel ( certes daté année 80) est total.
Dans la suite de la série, il va y avoir de véritables pépites absolues de lecture après les 13 premiers absolument superbes.
"KM 357" fait clairement partie des albums majeurs de la saga. Car, Michel retourne en terre profonde. Celle, cette fois-ci, des années 70. La modernisation face à la ruralité. Le choc de la transformation des 30 glorieuses. Jeannot arrive à si bien décrire ce qui fut cette transformation plutôt violente. Certes, le final est un happy end. Et c'est bien ainsi. Car, absolument, tous les personnages secondaires sont tous attachants. Des vilains au gentils, ils sont tous humains, fait de failles comme de courage. Ils ont tous un but, un objectif voir même un destin. Quel qu'il soit.
Et puis il y a une histoire d'amour joli comme tout, un servant qui devient chevalier, des ouvriers bourrus qui sont des nounours. Et des paysans qui vivent l'enfer familial jusqu'à la libération de l'aïeul. Les tomes ou les personnages secondaires deviennent principaux et que Michel (et Steeve) s'effacent sont toujours de superbes opus.
Question dessin, la massivité des visages disparaissent à nouveau (ils reviendront), les paysages et les décors reprennent de l'importance dans l'arc narratif et les silhouettes des personnages s'expriment. Un dessin aux petits oignons.
Et il y a surtout la vaillante Gil. La plus belle de toutes.
Bon....Comment dire….Est-ce une série "Donjon"? Ou sont les interconnections? La tête du professeur Cormor est l'Easter egg de l'album? Bien....ça reste secondaire mais pourquoi pas. Les personnages ont des noms des personnages de séries matricielles? Ok, d'accord. Il y a quelques références sous formes essentiellement d'humour? Pourquoi pas.
Et après? Parce ce que ça fait tout de même trois albums qu'on attend un truc de significatifs quand même. Le premier tome était archibien (c'est toujours génial un nouvel univers crée par Sfar et Trondheim), le second l'était moins. Et le troisième périclite carrément.
Pourtant Vince fait le job. Visuellement c'est parfois sympa, parfois grotesque mais ça construit une identité visuelle et les séries "Donjon" laissent libre à l'inspiration du dessinateur.
Mais les personnages, pertinents dans les deux premiers, sont caricaturaux désormais. L'Atlas en particulier. Pire, je ne comprends pas les réactions épidermiques de Rubeus. Demeurent tout de même le capitaliste Vaucanson qui est un affreux superbe et Mimi toujours aussi drolatique. Mimi, c'est Obélix chez Goscinny s'il avait eu une sexualité. Savoureux…
Mais la trame part dans tous les sens. C'est foutraque et mal léché. Et je ne comprends vraiment les décisions toujours suicidaires de Rubeus.
Alors si vous désirez un Goldorak V/s Pacific Rim, vous aimerez. Sinon, c'est n'est plus du "Donjon"...Va falloir se reprendre les gars.
J'ai découvert Jan Karta en épisode dans le magasine Pilote, en noir et blanc. Et la claque fut monumentale. Oui et je l'assume je considère Jan Karta comme l'un des mes détectives préférés en littérature mais aussi dans notre 9ème art adoré. Et quel bonheur lorsque j'appris que les éditions FORDIS concevait une intégrale. J'ai acheté aussitôt.
Et oui DAL PRA fait évoluer son personnage. Alors qu'il était humaniste, idéaliste et plus témoin qu'acteur dans les opus précédents, il devient de plus en plus cynique, violent et désabusé. Dans "les jours de la cagoule" son humanisme se détériore. La colère se nourrit et les amitiés meurent. S'il sauve un homme naïf, il perd aussi ce qui aurait pu être un ami.
Dal Pra, au delà de la mystification de son personnage, raconte toujours l'atmosphère déliquescente de fin du monde. Et Jan Karta désormais devient le symbole de ce monde violent. Ce tome est grandiose (en plus de raconter une histoire française)....
Rodolfo Torti, lui, maitrise parfaitement son illustration et les visages racontent tant, les mouvements sont subtils. Comment dire, il raconte visuellement les années 30 à la perfection dans mon illusion fantasmé des ces années-là.
Demeure les couleurs. Et oui, je préfère le noir et blanc comme dans le mensuel Pilote mais RIPA s'en sort bien. Ses couleurs délavés collent au propos...comme un souvenir.
Miller maitrise parfaitement les codes du roman noir et il le prouve encore une fois dans ce 3ème opus.
Car, on peut se poser une question après la lecture des 2 premiers. Et la police dans cette ville du vice? Figuration et suicide, voila tout. Ici, sans spoiler, on sait que c'est pas mieux que le reste de la population. Les flics exemplaires sont pourris tout pareil et ça fout le bordel dans la géopolitique locale.
Et c'est foutrement bien vu. La tension dramatique est vivace et les poncifs du genre s'y harmonisent à la perfection pour nous construire un déroulé qui a de la gueule, voir même du chien.
Malgré tout Miller construit une ribambelle de gonzesses autour du chevalier servant (Dwight). Dommage que les poncifs usés jusqu'à la corde chez Disney (Les filles ont besoin pour être sauver d'un prince charmant) soient les même ici. Pire que Miller ne construise pas des personnalités véritables mais plutôt des ombres, des silhouettes ( certes super canon). Et, en même temps, le roman noir utilise à profusion l'idiome de la princesse à sauver. Ici, ce ne sont que des putains mais c'est toute la vieille ville que Dwight le chevalier sauvera. Même s'il a besoin d'aide avec Miho la silencieuse.
Et puis il y a le final. Le champ de bataille qui narre les spartiates et le futur "300". Final qui prélude à un hors champ grandiose. Miller clôt son histoire en pleine bataille. Ce final, seul, légitime à la lecture de cet opus.
Et puis il y a les dessins. Je regrette toujours qu'ils soient moins symboliques que le premier, que les cadrages ne racontent peu ou pas du tout (comme le premier encore) mais il est vrai que les illustrations ( somme toute très classique malgré le choix de la couleur inversé en noir et blanc) œuvrent magnifiquement pour l'ambiance. Il y a même parfois de sacré trouvailles visuelles ( notamment les scènes de pluie mais déjà vu dans le 1er) et les voitures (là c'est beaucoup mieux) ou encore toute les scènes dans le parc à dinosaures ou encore, et là c'est topissime, dans le final ou Miller semble clairement inspiré.
Ce 3ème tome est classique dans les codes du roman noir mais son final est dantesque.
Alors qu'en Allemagne les deux premiers albums offraient oppression dans une ambiance de désespoir, ou la grande histoire se mêlait dans la petite (policière) jusqu'au final qui interconnectait en spirale la fatalité de la pendule apocalyptique, ici, Jan Karta est en Italie. Et c'est tout triste.
Ici l'enquête est très verbeuse. Jan Karta déambule et les personnages secondaires racontent leurs histoires et cela avance bon train, tranquillou jusqu'au final qui est lui, particulièrement pertinent. Certes les personnages sont superbement brossés et les visages du dessinateur Torti les subliment dans des sortes d'allégorie visuelle. Dans cet opus, Torti fait un superbe travail d'illustration en mettant en avant les corps et les silhouettes.
Mais le reste est décevant par rapport aux opus précédents superbes. Dal Pra raconte les personnages mais peu l'enquête assez soporifique dans sa structure. Et puis il y a l'Italie. Dal Pra la raconte bien celle de l'époque mais, peut être, avec moins d'ambiance et une atmosphère plus verbale, verbeuse. Comme un journal rédigé par l'enquêteur. C'est bien mais c'est long et assez commun.
Dommage
Alors que le 1etr album nous permettait d'humer l'atmosphère déliquescente de l'Allemagne des années 30 ( Weimar), c second tome fait la jonction entre la petite histoire policière et la grande histoire. L'histoire raconte l'origine de la fin du monde par le prisme d'une enquête.
Et, pourtant, Jan Karta vit dans cette engrenage et décide de ne guère y mettre une émotion. Il demeurera un acteur neutre et désabusé désormais. Lors de sa garde à vue musclée, il récitera Hamlet. Il s'amuse des rumeurs qui sont véritables et angoissants. Lui, son but est de connaitre la vérité. Même si cela écume un passé peu glorieux ( on ne sait rien et on ne saura rien de cette mère qui lui dit d'aller au diable), il avance.
Il y a beaucoup d'hors champ dans les histoire de Dal Pra. C'est pour cela qu'elle me plaise tant. Il n'explique pas son histoire, il la raconte tout en l'enfouissant d'une atmosphère irréelle, tout en lui faisant déborder d'histoire non narrée mais qui densifie les personnages. Jusqu'au final. Jan Karta ne veut pas se mêler de l'histoire mortifère en marche? Alors il est expulsé. Il ne prend pas parti? Alors on l'endort. Et c'est au réveil qu'il comprendra qu'il aurait pu être un acteur fondamental pour, peut être, sauver l'Europe. Mais Jan Karta est devenu un Sam Spade allemand. L'humanité est pourri. Il préfère rêver à l'humanisme.
Du coté dessin, Torti mène tambour battant une illustration dure et classique, privilégiant les pleins cadres et gros plan au décors et ligne de fuite. C'est une narration visuelle qui permet l'angoisse et l'humanité inversé. ce choix, glaçant, apporte cette dose supplémentaire de tension générale. C'est bien normal puisqu'elle deviendra mondiale. Peut être que les couleurs, trop fades à mon gout, aurait pu être un sujet d'une plus grande attention.
Mais malgré tout c'est une grande œuvre.
En déambulant dans une brocante, j'ai découvert Kate ( la petite amie de Jonathan!) nue. Mon sang n'a fait qu'un tour. Cosey aurait-il fait la rigolade érotique jusqu'à dénuder l'une de ses personnages féminins les plus charismatiques ( et la plus belle à mon gout)?
J'achète à la hâte ( 1 euro) puis découvre un faussaire de génie qui sait dessiner à la perfection tous les styles des plus grands. Roger Brunel est bluffant de ce côté-là ! Fred, Bretécher, Herman, Cabu, Loisel il est un orfèvre.
Alors, il en profite. Il les mets toutes à poils les donzelles de nos auteurs préférés. C'est comme le bouquin de tous les fantasmes possible quand on a aimé toutes ses héroïnes et rêvé, un tantinet, d'elles.
Et après?
Après...rien. Les jeux de mots sont bidons. Les planches érotico comiques n'ont guère de saveurs. Brunel essaye des situations ubuesques et ça fait pschitt. C'est vraiment pas drôle voir parfois même affligeant. Parfois, certes, il y a un sourire. Rien de plus. et si souvent il respecte l'œuvre d'origine, parfois il va trop loin dans la posture sexuelle des nymphes fantasmés.
Mais l'album restera dans la collection et la bibliothèque. Juste parce que Brunel m'a permis le fantasme absolu: Kate nue. Et ça, ça vaut son pesant de cacahouètes.
Raconter une petite histoire humaine (et policière) dans les méandres de la grande histoire qui fera la seconde guerre mondiale.
Si vous désirez découvrir la république de Weimar, il faut lire Jason Lutes (et son "Berlin" magistral). Ici, il n'y a que l'atmosphère déliquescente et nauséeuse de la république de Weimar, à la fois vivier culturel et profusion des arts allemands, autant que genèse du nazisme et de l'abime qui consumera l'Europe et le monde.
Jan Karta n'a rien du détective à la Sam Spade. Il est gentil, au physique commun à larges oreilles avec des valeurs humanistes qui le rend témoin neutre d'un monde qui bascule. Plutôt nihiliste, il préfère l'idéal à la réalité anxiogène. Découvert dans Pilote mensuel, j'avais aussitôt aimé Jan Karta.
L'histoire est certes classique et l'enquête assez commune mais la résolution du mystère reste étonnante. Le dessin, lui, est atypique tout en étant classique également. C'est fait exprès pour nous faire résonner dans une atmosphère angoissante de fin du monde. D'ailleurs, on suit l'enquête avec plaisir mais c'est dans les hors champs que l'inquiétude est palpable, c'est par les personnages secondaires que le malheur mortifère se met en place, c'est par les décors et les actions loin de l'action principale que l'anxiété monte.
Jusqu'au final ou le tout se rejoint pour expliquer que les conditions sont enfin réunies pour établir la fin du monde et la guerre mondiale.
Une série rare avec un premier tome atmosphérique et hanté par l'histoire avec un grand H.
Miller s'est fait du bien en écrivant "SIN CITY". Dessiner des filles et des flingues et des voitures, c'est son kif à lui. Il croit l'aventure sans prétention, une œuvre qui lui permettait de la liberté et de l'école buissonnière sur un ouvrage, il écrira une œuvre culte. Alors, il renifle le pognon par les possibilités de suite.
Et voila " A dame to kill for".
Seulement voila, il maitrise, Miller, les codes du roman noir. Et, là, il utilise le thème majeur de toute cette littérature: La femme fatale, la mante religieuse, la garce, la salope vénale. Et, il sait y faire le bougre. Car, là encore, tous les personnages sont pathétiques et violents, sombres et égoïstes. Dwight ( le personnage principal) aussi bien que les autres. Mais Ava, elle, La Déesse meurtrière est absolument superbe. Eva Green, d'ailleurs, dans le film, est incroyable dans ce rôle incroyable.
L'histoire est moins conventionnelle que le premier tome...plus novateur et plus dynamique. Peut être que Miller est inspiré par Ava. Sans aucun doute, la misogynie (supposé) de l'auteur ne peut que s'imprégner du thème pour construire une histoire bien noire et bien sexuelle. Bref, c'est badasse.
De plus, il y a ces moments qui racontent les autres histoires que nous raconte l'auteur dans le précédent tome, ou peut être, les futurs tomes. Cet entrelacement me plait beaucoup et j'aime bien cet univers qui s'entrecroise dans les histoires.
Hélas, c'est du coté des dessins que j'accroche moins. Alors que le 1er tome était visuellement stimulant de trouvailles et de richesses visuelles narratives, ce second tome est moins innovant. A l'exception des scènes avec Ava ou Miller est superbement inspirés, les autres sont plus plates. Et même le noir et blanc est parfois plus qu'un prétexte.
"J'ai tué pour elle" se veut donc plus mature que le premier tome dans sa structure et son histoire. Et il l'est incontestablement. Et c'est peut être ça le souci: le manque de folie visuelle.
Heureusement qu'il y a Ava.
"Merde, Ava"
1994, je patiente tous les mois la publication d'USA Magasine. Avec "A suivre et Pilote, ce sont les mensuels que je dévore. J'en dépense tout mon argent de poche.
Et, puis, là...paf...la claque. Dans USA Magasine, il y a les premières planches de SIN CITY.
Un noir et blanc qui s'inverse, poisseux et nocturne...un texte qui sent le médiocre, le bas fond et la bassesse. Et des décors qui se dévoile uniquement dans le symbole. Franck Miller se joue des poncifs des romans noirs américains, il scénographie en contreplan, plan direct, plein cadre et portrait...même les cadres sont scénographiés. Frank Miller utilise toute les palettes possible du 9ème art pour nous faire vibrer dans une histoire somme toute très conventionnelle de violence.
Et, puis, il y a Marv. Ce Guerrier qui est né à la mauvaise époque. Au temps des croisades, des guerres saintes, il aurait été à son aise. Ici, il n'est qu'une brute dans un monde dégueu.
Ici, le monde est pourri et ça transpire sur les personnages qui le sont plus encore. Bien sur, il y a la misogynie de Miller. Les femmes, dans ce premier tome en tout cas, ne sont que des objets sexuels, des princesses à sauver, des putains qui assument de l'être (et ça c'est rare dans la vrai vie). Il n'empêche dans les romans noirs (dont Miller, ici, joue avec tous les codes), c'est tout pareil. Les gonzesses à Mike Hammer, Raymond Chandler, Sam Spade, c'est pareil: Le sexe est faible et facile. Et SIN CITY est un hommage à tous ses romans populaires.
Et, visuellement, c'est (vraiment) une claque. Et ce premier tome est, pour moi, un classique du comics. Et Miller en a fait quelques uns de classique.
Et Mustang disparu dans le vent de l'apocalypse (oui, oui, le final de la série est un monde qui s'effondre avec des méchants partout qui viennent de partout). Ainsi une série n'importenawak se clôture n'importenawakement. Le nanard est à l'orange, bleu, vert....feu d'artifice du grand saladier dans lequel on mélange tous les ingrédients du comics américains sans rien n'y comprendre.
Et puis, il y a Mikros....Fun et .Whats(euh)fuck. Ici l'empire state building est un vaisseau spatial (voila ça lui as pris comme ça à l'immeuble) pour finir sur la lune. Ce n'est pas sérieux et ça assume de ne pas l'être. Et c'est parce que le scénar est débile que c'est jouissif. De toute façon, on sent bien que Jean Yves Mitton ( qui, au dessin, est un baron) s'éclate dans le grand guignol et vraiment on s'éclate avec lui.
Et Puis il y a Photonik. Plus sérieux, plus mature (enfin pour comics d'ado) essayant de rendre plus profond les personnages (et y arrivant même) avec un scénario qui prend son temps et c'est ça que c'est bien. Car moi j'aime bien qu'on le prenne.
Entre le TGV burlesque de Mikros et la micheline mature Photonik, bientôt une nouvelle série.
D'abord parce que "Terminus 1" est l'un de mes romans de Wul préféré. Certes pas un chef d'œuvre tel que "Oms en série" ou "Niourk" mais la narration est vive, Wul assume ces envies de Western. Et puis il y a un début, un milieu et surtout une fin qui tiennent la route. Un "Roméo et Juliette" en space opéra, un "songe d'une nuit d'été" avec l'amour maudit baudelairien. Certes ces références sont un peu trop capillotractées pour ce petit roman de gare mais, vraiment, j'adore lire le bouquin.
Du côté de l'adoption en BD, il faut bien l'admettre, et le roman prenant son temps dans les dédales d'un cargo spatial et d'une amourette juvénile, forcément, ça ira pas dans la vivacité.
Et pourtant.
Moi j'aime bien cette adaptation.
D'abord c'est très fidèle et en plus ce choix narratif d'un vieux, qui raconte une histoire à des enfants, projette aux lecteurs le drame futur qui s'annonce , le destin funeste des protagonistes. C'est classique et ça ne pête pas trois pattes à un canard mais ça dynamise un peu. Et puis il y a toutes les références à l'univers Wulien ce qui offre aux lecteurs la possibilité d'un univers à part entière. Là encore, rien de foudroyant mais sympa quand même.
Et puis il y a ce dessin roman photo. Dessin atypique et en même temps sans véritable personnalité. Mais le space opéra visuel fonctionne et l'héroïne, qui doit être pure pour qu'un télépathe puisse l'aimer ( et, moi, j'y crois en ce coup de foudre) est visuellement pure et naïve, belle dans l'éclat simple.
Alors, voila, je vous trouve bien durs messieurs sur cet album qui fait bien le job de l'adaptation sans, il est vrai, de transcendance particulière.
Les Sam Spade, Mike Hammer et autres Nestor Burma ont tous un problème avec l'alcool. ( à en passer des nuits d'orgie)
"J'ai essayé de boire, vous savez." Explique l'un des outremangeurs dans la société anonyme sur l'addiction qui figure, génialement, dans l'album: " C'est pas très glorieux mais c'est plus propre, plus littéraire. Les gens qui boivent peuvent se raconter des histoires....Pas nous. "
Le commissaire Maigret, Phillip Marlowe picolent aussi et même Sherlock se pique à l'acide. Le commissaire Séléna, lui, mange jusqu'en crever...et c'est moins glorieux dans une œuvre.
Benacquista, auteur de polar, construit un scénario expressément pour une BD et il connait bougrement le langage du 9ème art. Sur une addiction qui se cache pour manger mais s'exhibe par le corps, Tonino construit plus un conte sur la rédemption plutôt qu'un roman noir. Tonino utilise les hors champs, ne raconte pas ceux qui n'a besoin de l'être pour son propos et privilégie les cases et mêmes les planches silencieuses. Il va à l'essentiel des émotions et oblitère le caractère maudit et sacré du personnage du détective génial qui savent par déduction ou instincts. On sent que Séléna est un grand détective et pourtant ce n'est pas ça qui importe. Seul la quête rédemptrice compte pour le scénariste et c'est pour cela que l'œuvre est à la fois classique et lente dans l'action comme nerveuse et épidermique dans les émotions.
Avec un telle pépite au scénario, Ferrandez n'a qu'à dérouler son savoir faire. Et il est bon comme à son habitude pour s'effacer devant l'histoire tout en offrant une partition classique qui sert comme il faut le propos. C'est le Ferrandez des carnets d'orient ici et non celle du commissaire Raffini. Et si je devais avoir un désidérata sur cet album génial, j'aurais peut être préféré le noir et blanc polar de "Raffini" ou de "l'heure du loup"...
La saga continue et Jodo s'amuse comme un petit fou. Et Arno nous emporte avec lui.
Car l'univers d'Alef-Thau, parce que c'est Arno qui dessine, est unique. la lecture nous y plonge visuellement. Il n'existe nulle part ailleurs. Et il y a une envie passionnelle de le parcourir et d'y s'immerger. Arno est un orfèvre. Couleurs, traits et ancrages ….un merveilleux périple.
Et puis Jodo nous surprend. Aucune paresse dans la narration. Les contrepieds nous étonnent. et tout cela toujours dans une voracité de quêtes, de rites initiatiques, d'amour exagéré et même de sentiments qui frôlent le surjeu tant il y en a, tant les thèmes de la SF sont tout mélangés dans une soupe gargantuesque, une marmelade d'épice et de mièvre, le tout frit dans le gras de rituels et de légendes à tour de bras.
Supertermitor déclenche l'apocalypse de l'insecte et nos sup 'héros Mikros et tutti quanti sont dans le ciment. N'ayez crainte, ils vont s'échapper grâce à leurs sup 'pouvoirs (on les comprends pas trop du reste). L'aventure est plutôt aquatique. les dessins sont sup 'chouettes, dynamiques et pêchus. La lecture est en quatrième ( de l'action, de l'action et toujours de l'action). Pas de pétage particulier de trois pattes à un canard. Mais comme toujours le plaisir est juvénile.
Du côté de Mustang, du kitsch de partout ! Au dessin comme au scénario le nanard pointe son doigt à chaque case. fendart!
Photonik, lui, prend son temps, découvre ses talents. Le dessin est parfois vide de décors. Tota est un minutieux et commence à plus avoir le temps. C'est un épisode peinard, un moment de souffle dans l'histoire alors qu'il y a urgence à produire de la planche. Clairement, le bossu est mon sup 'héros préféré. Il est plus brossé, moins classique, avec des aspérités plus noirs que les autres.
Evidemment que, dés la parution du tome 4, j'ai sauté dessus malgré les petites déceptions sémantiques des 2 derniers opus.
D'abord les dessins sublimes, aussi épurés que délicats de subtilité, autant vif de couleurs que prégnant de contemplation. Et puis il y a un brin d'érotisme, saupoudré de lyrisme et de symboles naïfs (ont ils d'ailleurs une signification? ) . Le plaisir visuel est absolu.
Et puis, le scénario? Roosevelt ne fait plus dans la didascalie. Il chemine et nous amène dans ses chemins. Contemplatif toujours mais pas que. Apaisé aussi. ludique et amusant également. Chaque personnage œuvre dans sa propre quête. C'est tranquille et sexuel, littéraire et poétique. Et détonnant, surprenant.
Les sexualités sont multiples, androgynes et hermaphrodites, dominantes et virtuelles. mais toutes ont du sens dans l'histoire, pertinentes dans la narration. Et l'univers de ce maître canard nous immerge. Elle est compréhensible et il fait bon y être. Roosevelt a mis du temps à nous le livrer ( celui-là et les autres) et c'est d'ailleurs tant mieux. c'est bon à la lecture de prendre le temps.
bref, le voyage est superbe. Il y a quelques incertitudes bien sûr. Des drames qui apparaissent, des conflits en gestation. On le sent. Et c'est sûr ça va venir….
Mais pour l'heure on se balade et on est surpris aussi dans les pérégrinations des protagonistes. On se régale quoi.
Mes espoirs sur la saga s'étiole. Cet opus n'est qu'un passe plat. La structure narrative est faible.
Si les histoires des protagonistes commencent à s'imbriquer les uns aux autres, cela reste trop facile. Car les "Deus ex machina" prolifère pour que tout se tienne. Et c'est bien paresseux.
Certes les personnages sont bien brossés mais les enjeux de chacun sont incompréhensibles : quel est l'enjeu d'Orkaelle? Pourquoi subir les destins des autres? quels sont ses raisons alors qu'elle est le personnage principal. Seul Orn est pertinent.
Côté dessin, c'est fade. Le trait de l'artiste n'est pas en cause. Il est atypique certes mais moi j'aime la différence. Mais les décors, les couleurs sont délavés, inexistant. Les perspectives sont inégaux. Les ancrages ne sont pas assez net. C'est parfois illisible.
La croisée du matin est un carrefour dans la saga. on espère mais je crains que les promesses du début ne puissent être tenu.
Nous verrons....
Indispensable et nanardesque tout à la fois.
Connaissez vous Les Charlots? Et le film "Les fous du stade"? 5 745 000 entrés en France. On dit même plus de 50 millions d'entrées en Inde ( devant le Titanic de James).
Film gaudriole, naïf et gentiment drôle. Nanard pour certains. Pas pour moi. Les films des Charlots sont des bonbons sucrés, à l'interprétation gauche et au scénario désuet mais rigolo. Moi...je kiffe. Le cinéma sans prétention, 68ard colorés et à l'humour visuel gros comme des SAVIEM, c'est mon dada.
Alors que vaut la novellisation? Les éditions FLEUVE NOIR (tout comme les SAN ANTONIO) surfe sur la vague. Et Dimitri (Le Goulag) est aux dessins. Sous le sobriquet Mouminoux, pareil j'aime bien. Le scénario ? Des petits bouts du film sont mis les uns sur les autres. Sans vrai cohésion. En même temps comment noveliser un humour visuel? On peut pas.
C'est coloré. C'est mignon choupinou. C'est plein de bonnes intentions. C'est gentillet. C'est une fantaisie qui ramène vers des jeunes sympas qui furent de véritables stars dans une période ou tout était possible.
Bref....Un vrai bonbon
Etonnant que ce nouvel opus dans l'univers Michel Vaillant n'est point encore de critique sur ce site. Peut être à cause du prix.
Parce que clairement c'est exorbitant cette fan box. Et c'est rageant qu'il n'y ait pas une édition simple. Le marketing de chez Graton éditeur est au fraise, me semble-t-il, de tenter l'aventure du prohibitif.
Bref, j'ai acheté (je suis certainement le cœur de cible) quand même parce que, moi, je l'ai souvent imaginé les débuts du père.
Et, ma foi, cette histoire est fait pour les fans. Ils y sont tous; Benjamin, Joseph, Margareth, Louis et bien sûr Elisabeth. Et leurs personnages sont joliment brossés. Ils sont, contrairement à la série originelle, denses et approfondis. Bien sûr c'est Elisabeth qui est magnifique. Elle est bougrement séductrice au début, puis inspiratrice de tout ce qui sera "Vaillante" ensuite, pour devenir la clé de voute affective d'une famille qui se construit. Un superbe personnage. Elle est presque la muse.
Henri, le personnage principal, est lui aussi magnifique. Bourru et passionné, il est aussi moderne parfois sans être moderniste. Que Joseph puisse être son Gemini Cricket à lui est bien vu. Et puis il y l'aventure Bugatti: Jean, Ettore qui est matrice du début de l'histoire. Et puis il y a les autres les coureurs de l'époque dont Jean-Pierre Wimille qui fut le plus grand champion de l'époque et dont Fangio, lui même, était un absolu aficionados. C'est dire. Cette série rend les honneurs à celles et ceux qui ont fait le sport automobile comme le faisait la série originelle et c'est bien.
Du côté dessin, ça le fait grave. Ce noir et blanc transpose un trait qui n'est pas Jean Graton mais qui s'apparente un peu. Il y a du mouvement et de vrai richesses d styles graphiques comme ces planches en caméra embarqué sur le circuit des 24 heures du mans. Jeannot l'avait déjà fait. Ici c'est réussi tout pareil.
Même si la narration demeure somme toute très classique, le 1er tome fait le job de consolider les anecdotes cités dans la série originelle pour les approfondir avec de beaux personnages qui ont de l'ampleur. Les fans seront satisfaits car la bible est absolument respectée. Toutefois, il y a ce final qui raconte autre chose, une sorte de gravité insoupçonnée qui approche et qui sera le seconde tome. Peut être que nous irons dans l'inconnu bientôt? Tant mieux. Et j'ai hâte.
Un livre pour fan de la première heure, trop cher malgré que cela soit un très bel objet avec de sympas rajouts (affiche et photos) et qui nous promet un palpitant second tome.
Voici la même histoire raconté une énième fois. Le cirque infernal c'est le circuit de la peur, le 13 est au départ et suspens à Indianapolis avec moins de planches ( 46 au lieu de 62 planches). Il faut bien dire qu'il est compliqué de renouveler le propos quand il est souvent le même : Un pilote qui gagne des courses de voitures.
Est ce que c'est bon? Oui ça l'est. Car tout y est. Une famille vaillante soudée et tout plein de petites histoires drôlissimes et intimes (check!), une amitié virile sincère avec des valeurs de chevaliers (check!), des courses de voitures trépidantes, vrombissantes et mouvementés (check!) et la lecture jubilatoire d'une période qui n'est plus avec de superbes carrosses et des noms de courses encore mythique ( double check!).
Et les méchants? Ils sont là toujours mais moins caricaturaux et surtout moins vengeurs. Ils font attention, ils doutent, ils existent vraiment. La narration dramatique est d'ailleurs plus habile et bien moins exagéré dans les raisons et simpliste dans les émotions. C'est même agréable de lire une histoire sans prétexte narratif pour qu'il y ait une tension.
Voila une véritable histoire de courses avec de la casse, du bruit et des odeurs d'huile car le stock car se prête merveilleusement à la violence des tôles froissés. Une bonne histoire de course automobile à la Vaillante.
Il y a des œuvres tout à fait étonnantes.
De celles qui ne payent pas de mine, au dessins grossiers et aux bulles trop verbeuses. Et pourtant…
Et pourtant, il se dégage une ambiance oppressante dans cet opus justement parce que le dessin est grossier mais admirablement cadré pour construire une débauche de silhouettes pour une ville trop petite, un constat aussi d'anarchie totale dans la société égyptienne avec, aussi, des mélopées de poésies traditionnelles. Et tout ça dans un dessin gauche, maladroit baigné de couleurs qui rappelle la chaleur du soleil.
L'histoire entamée par le 1er tome n'évolue guère avec ce second tome. Les personnages se côtoient, toujours avec violence et surabondance de dialogues argotiques plutôt bien foutue bien que trop nombreux mais cela n'avance pas. peu importe, ici le plaisir est ailleurs.
Une certaine vision de l'Egypte. Une réalité de deux auteurs qui, peut être, fantasme cette culture mais qui nous amène avec eux dans leurs représentations.
Et, puis, il y a aussi une certaine vision de la bande dessinée, du cadre et du dessin. Golo est égyptien et il raconte son Egypte à lui comme dans toute son œuvre. On aime ou pas car le parti pris est naïf dans le dessin, sombre dans la narration.
Moi j'adhère totalement à l'univers graphique de Golo. Et j'aime plus encore ses nues féminins. Pourquoi ? Parce qu'il y a du Modigliani, de la courbe simple et efficace. Une sensation d'érotisme qui ne dure qu'une case. Même si ces nues se clôturent presque toujours dans des morts affreuses.
Une lecture atypique qui peut déplaire à beaucoup, qui pourrait se dire navet du 9ème art. Je comprendrais.
Mais moi j'aime parce que c'est rare ce genre de narration visuelle qui, croit on naïve et grossière, ne l'est pas et raconte autre chose que l'histoire. Une ambiance et un climat qui n'existe chez personnes d'autres.
Nostalgie quand tu nous tiens…
Du côté d'Ozark, le nanard est au rendez vous. Dessins pas beaux, couleurs flashies et scénarios qui s'y croit et qui donne de l'hilarité au 3ème degré. Rendez vous compte, le grand méchant Frankenstein tout jaune et vert à tête de bicorne va chercher le journal au village tous les jours pour son savant fou de papa. Enorme!
Du côté de Mikros le croquignolesque continue. Un (autre) professeur fou se couple avec une mite ( réflexion de sa part d'une case pour l'accouplement) pour devenir un super méchant : SUPERTERMITOR! Sisi, c'est son nom de super méchant. Il semble que la clownerie soit voulue, que le second degré soit assumé parce que les dialogues sont drôles de pieds dans le plat et les dessins absolument géniaux, en harmonie de ce qui se faisait de mieux à l'époque dans les comics.
Et, il y a Photonik. Ce 6ème épisode est carrément plus mature. Sa dimension est plus réflexive. Oh pas d'une grande philosophie, c'est sur. Mais le méchant est introspectif. Il est méchant par nécessité et chantage. Il a un passé, une histoire. Et d'ailleurs son destin sera funeste. Et puis, il y a les héros qui sont faillibles. Trop jeunes ou trop vieux avec de vrais blessures. Ils sont surtout non conforme à la société new yorkaise. Et le lecteur a de l'empathie, de l'émotion pour un périple qui reste somme toute conventionnelle aux comics de cette période. Et le dessin est d'une fluidité extraordinaire à défaut de décors superbes.
Photonik for ever.
Bon allez...Faut pas abuser avec les étoiles. On commence à descendre la note un tantinet:
Car Ozark est toujours plus au fraise avec un méchant docteur qui construit un monstre à 6 bras et deux têtes qui ne peuvent être qu'en profil! Ozark se pointe au hasard dans un village, sauve un gosse d'une maladie incurable (1 planche), mets sur la gueule à des motards pas gentils (3 planches) et puis s'endort sur un livre pendant que le collègue se bat contre le méchant à têtes que de profils (hasard de rencontre, le laboratoire se trouve justement sous le lac du village! ) qui va ensuite détruire un autre laboratoire. Pourquoi? Euh....parce que.
Et Mikros ? C'est pas mieux mais c'est archibien dessiné par contre. Parce que Mikros et ses copains détruisent en 3 planches la civilisation Svizz ( les méchants depuis le 1er épisode quand même), trouve comment redevenir grand, rentre du fin fond de l'univers sur Terre en 2 planches et file au restaurant d'où ils se feront sortir par la police. Bon ils n'en font qu'à leurs têtes dans la gargouille étoilée et pas sympas avec les clients en plus. Et fort de ce constat il se considèrent donc comme des parias (forcément). Bon c'est, au 12ème degré, d'une réjouissance folle et d'un grand plaisir coupable. Un jubilatoire nanard! Et c'est parfaitement dans les codes visuels du comics de cette époque! Et vraiment bien dessiné, je me répète.
Reste Photonik, Plus sérieux.
Et sincèrement plus étoffé aussi. Photonik cherche ou dormir et à manger. Nos sup' héros sont des SDF véritables et se battent dans les coins de rues comme de SDF peuvent le faire avec d'autres non conformes comme eux. Il y a du tragique dans les sous intrigues. Alors Tota nous raconte aussi l'histoire de Tom Pouce. Il y a un peu plus de profondeur dans cette série que les autres qui ne sont que bagarre et tarte à la crème. Photonik construit un autre registre plus acidulé et triste. Les dessins de Tota sont beaux. Parfois il occulte les décors pour des fonds de couleurs. Tota dessine lentement et il est déjà en retard dans la livraison des planches. Mais cette série, elle, donne un cachet plus mature malgré l'apparition du nouveau méchant (il faut garder les codes).
Et c'est pour cela certainement que Photonik est et restera mon super héros préférés. Quelqu'un vend des t-shirt Photonik? J'en veux un.
Puisque les carnets ont débuté avec Joseph Constant, ce premier cycle se clôturera avec sa fin symbolique. Et cet opus est superbe, ou presque, en bien des points.
Marianne, la réincarnation de Djemila, arpentera les terres algériennes pour suivre les traces du peintre. Et la grand histoire se fond dans la petite, celle que construit Ferrandez au travers de sa fresque familiale avec Constantine, Dien Bien Phu, Orléansville dans un final qui annihile, dans les décombres, Joseph Constant.
Les décors sont superbes, la narration visuelle baigne de chaud et de soleil et les horizons sont magnifiques. Ferrandez nous offre de l'épique dans de l'intime.
De plus, il raconte toujours cette famille que nous suivons depuis le second tome. Les destins sont hélas tragiques mais là encore ils racontent tellement bien la famille et l'Algérie.
Et puis il y a le vrai destin de Joseph. Ce Roméo et Juliette qui finit bien et qui me rabiboche ( mon cœur a fait des tours lorsque j'ai appris la nouvelle!!!) avec la mort idiote de Djemila dans le premier tome. Certes, c'est un peu à l'eau de rose mais, moi, j'aime bien.
Mais il y a aussi quelques facilités scénaristiques: L'accident de voiture ( un peu curieux la raison alors que Marianne veut revoir son sauveur) , la mort en voyage du papa (qui facilite l'émancipation du personnage principal) alors qu'il était le personnage principal du tome précédent ( et ça fait toujours un peu mal la mort facile de celui qu'on a suivi tout le long, avant) , et le propriétaire terrien qui est vraiment un parangon du raciste bourgeois pieds noirs.
Mais malgré ces quelques désidératas, ce cycle se finit dans une poésie absolue, une virtuosité visuelle et en ravivant les émotions des épisodes précédents.
Une petite histoire dans une grande sur plus de 130 années merveilleusement orchestrée.
Après 13 œuvres cultes et parfois même chef d'œuvres, ça y est c'est le tête à queue, le virage dans le fossé, le coulage de bielle. Le 14ème opus est pas bon voire même ridicule à la limite du Nanard.
La faut à quoi?
Le passage de 62 à 48 pages pour être comme toutes les éditions de la maison? Oh que oui. Les multiples petites histoires sont réduites à rien. L'intrigue principale prend désormais toute la place et ne laisse que des miettes à l'ambiance général, aux décorums des personnages secondaires savoureux et leurs petites anecdotes drôles, touchantes. D'ailleurs, dans cet opus, Jean n'a jamais été aussi verbeux, fautes de planches supplémentaires certainement. Et tout ce verbiage est horrible de lenteur. Pas besoin de tout raconter, on avait déjà compris sans l'explicatif. Et il y a tellement d'actions en hors champ et dans les dialogues que cela devient une autre narration, celle du roman.
Le changement de style graphique? Oui et non. Certes Graton abuse du gros plan. Les visages sont d'avantage massifs et les décors simplifiés. La production de l'album doit se faire plus vite et cela se sent. De plus, ce nouveau style qui privilégie l'action plus que l'atmosphère, les couleurs et les choix de cadrages fait plus monolithique. Et c'est dommage. Jean Graton et sa femme ne sont plus seuls à la barre. Ils commencent à y avoir un studio derrière eux et cela se ressent dans cet album. Le groupe fait ses gammes ensemble et il va falloir un peu de temps pour qu'il y ait à nouveau harmonie.
Le Leader? Ooooooooh que oui !!!! Michel Vaillant n'est pas James Bond ! Il ne peut y avoir un méchant machiavélique et concessionnaire automobile tout à la fois!
Voyez plutôt: le maitre du monde, pas content, jette de colère son proto pour dépasser le mur du son sur la tronche à Steve puis fais exploser toutes ses bagnoles parce que Michel et Steve sont rentrés dans son garage! Alors qu'il veut être le maitre du monde avec justement ses tutures. Parce qu'il est chafouin, il pête tout ? Rien à fiche donc de ses plans de conquête, son projet de maitre du mondisme, et de tout son pognon qui part en fumée parce qu'il est juste pas content?
Garage qui est un lieu de construction des voitures totalement anonyme et sous la terre. Au nez et à la barbe de tout le monde dans le coin. Pas besoin d'acier, de personnels, de cheminée. Que dalle. Personne a vu quoi que ce soit bien sur. ça marche déjà pas des masses dans un James Bond alors c'est pire ici...
Oui c'est verbeux, nanardesques. Et on rajoute à cela le comportement des gonzesses et des Bad Guys en moto (Mais il a quoi Jean avec les cheveux trop longs????) et c'est clairement un navet.
On pourra l'éviter cet album et ne plus le lire ? Et ben non!!!! Parce que le Leader revient plein de fois encore. Et c'est d'ailleurs souvent tout pourri.
Le Leader: l''arc narratif chez Michel le plus déprimant et nanardesque de tous les arcs dans cette série. .
Quel riche idée que de relancer un périodique qui fut la source de plaisir de bon nombres de quinquagénaires d'aujourd'hui. Reprendre son lettrage ainsi que les secondes de couvertures ( avec nos sup 'héros préférés.) Et puis il y a les reportages et interviews (Bob Layton !!!!)
Et puis il y a les séries. avec de nouveaux personnages.:
Phantasmic Force: Rien de nouveaux au soleil mais le plaisir est total quand on croise le lettrage du grand Kirby.
The Mighty Titan: Et, curieusement, j'ai franchement apprécié un scénario conventionnel mais qui cherche à se démarquer et le fait bien avec des dessins parfois gauche mais sent à plein nez la passion et l'aficionados!
MIKROS: Plaisir total ! Avec dialogues bourrés de second degré et clin d'œil à la française! Avec une histoire qui fait la nique à ce que les méchants ne soient que des méchants et que les gentils soient que des conformistes. Avec un dessin qui n'est pas du Mitton mais qui passe bien quand même.
The Orb: Bon là....je n'ai absolument rien compris. ça part dans tous les sens mais sans aucune queue ni la moindre tête. On se raccroche aux branches du déjà vu et on comprend mieux. Bref faut un dictionnaire pour piger c'est quoi le fourbi. Et c'est pas grave parce que:
Spécial Strange c'est avant tout une affaire de passionnées, d'amoureux fou de la période LUG, SEMIC, ARTEMI et de leurs périodiques. Et j'en suis, moi de ces tarés de nostalgies qui rappellent que le bon temps ça sent toujours bon quand on connait la recette et on y met ce ne je sais quoi qui rajoute du sel.
Spécial Strange façon Organics comix c'est ça: Un bonbon sucré, acidulé qui pétille dans les yeux et fait des petits feux d'artifice dans les mains.
Sincèrement, il y en a eu de belles périodes dans les séries Donjon, des cycles merveilleusement bien écrits et si bien dessinés, avec des signatures personnelles intenses. La période Boulet fait clairement partie de ces belles périodes.
Ici le dessin est toujours mis en avant dans les cadrages de la narration. Et ils ont bien raison Trondheim et Sfar de privilégier le travail de Boulet. C'est si réussie autant dans les décors que dans les mouvements et plus encore dans les émotions sur le visages des personnages. Quel précisions dans les émotions! De tout type d'ailleurs. Celles qui sont intenses comme celles qui sont qu'anecdotiques. Le plaisir visuel est total.
Et puis il y a l'histoire. Ici le périple est plutôt conventionnel mais on retrouve avec bonheur nos personnages et leurs personnalités. On retrouve surtout un Marvin génial qui, comme toujours, foire tout à cause d'une religion ubuesque et un caractère, disons, soupe au lait mais qui trouve toujours la solution finale, la plus bourrine qui soit certes mais qui clôture avec réussite la quête. Un régal pour aficionados des séries Donjon. c'est léger, drôle, mouvementé et cela part en vrille systématiquement.
Et puis il y a le final. Génial. En règle général, les auteurs expliquent des situations futures ( Zenith V/s Crépuscule dans ce cas) à la va vite. Ils ne s'encombrent pas avec l'explicatif. Parfois c'est réussi et parfois c'est diablement se moquer des fidèles. Et ici, non. Cela a prit quasiment 3 albums pour expliquer le puit des âmes, Orlawdow et Horus fantôme. J'avoue que je ne m'y attendais pas à cette conclusion et j'ai adoré avoir été surpris de la sorte.
Une lecture réjouissante et heureuse.
Voila une trilogie qui doit sortir du néant par le biais d'une petite critique.
"Les noces d'argot" est un digne représentant des séries noires de l'époque, ces romans de gare qui fleuraient bon le péché et le vice.
Ici, la violence est partout. La ville n'est qu'un gouffre viscéral de haine. Les personnages, taillés à la cerpe comme ceux qui furent les protagonistes de la collection de Gallimard, ne sont que brutalité outrancières. Les rues sont fétides. Et la nuit est un cloaque. Tout y à vomir.
Et, cet âpreté est en antinomie avec le dessin de Golo que j'aime tant. Car son dessin à lui est gauche, maladroit et parfois même grossier. Il y a un trait naïf chez Golo. Et ce dessin presque enfantin resonne merveilleusement dans cet univers ou tout est dégueulasse jusqu'au flics. Et déambuler dans cette nuit d'outrance et de sauvagerie avec ces dessins là, c'est un périple malaisant.
Certes Frank, le scénariste, est trop abondant en texte argotique et cela freine le rythme. Certes il est gargantuesque dans les multiplicités ésotériques et c'est indigeste. Oui, l'explicatif du brocanteur est d'une facilité scénaristique. Et puis c'est long. Bon dieu que c'est long pour atteindre le final.
Mais dans les noces d'argot, il y a aussi la déambulation nocturne d'un vieil arabe et d'une rouquine qui vont de bar en bar. Et ça c'est bon. Et puis il y a cet ambiance de roman noir, de ville maudite, de destins tragiques. D'âmes à la dérive prêts à mourir car l'horreur est là (racisme, violence, mort froide et perversion mortifère) dessinés comme si c'était un enfant qui le faisait en nous offrant un peu d'orient sur le macadam.
Alors on va vite lire la suite en espérant le meilleur tout en redoutant le pire.
Mikros, Ozark et Photonik
Vite fait : Ozark : Nanard extraordinaire ! Jubilatoire au 12ème degré ! Jugez plutôt : un dieu omnipotent et méchant se transforme en statue puis en boxeur pour en finir avec notre indien qui, ainsi, récupèrera Mustang, son canasson, vu qu'un autre type tout vert, ailé et divin le lui a dit. tout est bien qui finit bien pour les petits gars du cirque. Cerise sur le gâteau : Nos héros ont des torses avec des muscles partout, partout et des jambes de serins. Hilarant de n'importe nawak.
Parlons maintenant avec Mikros et comparons. Il faut l'avouer c'est un peu du kifkif question scénario. Nos héros détournent un vaisseau en faisant des trucs qu'on comprend rien, volent dans l'espace (et c'est visuellement très beau) Et combattent les méchants en rentrant dans le tas. Voyez comme c'est tout aussi idiot que la première série critiquée.
Sauf que:
-Le dessin de Mitton, c'est du Kirby à la française. Certes, cela plagie un tantinet la production américaine de l'époque. mais, clairement, ça en jette. les couleurs, les mouvements, les personnages. Et si les méchants n'ont aucune âmes, les gentils, eux, sont bien brossés, sympas et attachants. Certes ils sont archicodifiés sans être étonnant mais ils suivent les règles du super héros de l'époque.
-Le scénario joue plein tube au second degré, par les phrases de début et fin de l'épisode tout à la fois ridicules et assumées de l'être. Et c'est frais, c'est vif. Le 4ème mur est cassé de la sorte et les auteurs parlent aux adultes ("Oui c'est con mais c'est assumé de début jusqu'à la fin). Et les auteurs maitrisant ainsi la double narration ( le plagiat des comics de l'époque et le second degré clin d'œil de partout), la lecture est jouissive de bonne humeur, vive de péripétie sans prétention dans l'espace.
Mikros est un pur bonheur de lecture. le dessin de Mitton est si coloré, si animé et si joyeux. Et rien que ça, c'est un bonheur de régression en adolescence. Et sincèrement, il y a peu de comics de l'époque qui me permette de déguster les madeleines de mon enfance avec autant de plaisir.
Je n'aime guère les albums avec histoires courtes (dans celui-là 5) car on n'a guère le temps de s'imprégner à l'histoire, construire l'ambiance et il y a forcément un final retentissant ( l'exercice l'oblige).
Ici, les soucis sont les mêmes que partout ailleurs. Il y a des histoires meilleures que d'autres, des finaux auquel ont s'attend dès le début de l'histoire. Bref rien de neuf au soleil. J'imagine clairement que ces nouvelles visuelles étaient prévues pour être publié dans "A suivre", "Circus" ou "Pilote mensuel". Evidemment dans ce cadre, le plaisir est meilleur. On profite d'avantage de la nouvelle. On s'en délecte entre deux reportages. Dans un album relié, le plaisir disparait. On compare forcément. On essaye de trouver des concordances et, évidemment, il n'y a en a pas.
Et pourtant.
Il y a Ferrandez qui débute. Et déjà c'est magnifique. L'ambiance qui se dégage est extraordinaire, les ciels sont sublimes en crayonnés, les décors extraordinaires de précision et d'atmosphère. Les visages et les corps lorgnent un tantinet du coté de Tardi mais c'est tout de même la patte du futur auteur génial qui se dessine avec finesse. Le Ferrandez du début est un génie du noir et blanc, du cadrage, du vide noir et du plein blanc. On en prend plein les mirettes. On est immergés par un climat qui nous submerge dans la lecture. Certes ce style de début diffère du style qui suivra et certes je pourrais regretter le style d'aujourd'hui tant ce style d'hier résonne de précision.
Il est vrai que les scénarios de Rodolphe permettent la résonnance aussi. Lorsqu'il narre le chemin qui mène à la mort, il y a une poésie funèbre, une mélopée de tristesse. Mais lorsque celui-ci raconte autre chose que le chemin vers la mort, c'est moins bon et moins lyrique.
Vous voyez ? Impossible de faire autrement que de comparer les 5 histoires alors que l'on sait qu'elles n'ont rien à voir les unes avec les autres.
Une Bd achetée en brocante parce que la couverture est jolie.
Et, oui, Merezette, l'auteur, avait une jolie patte surannée, une gouache délavée plutôt superbe et une maitrise sur l'ambiance. Certes il y a quelques erreurs sur les visages. Mais c'est dommage qu'il n'est pas continuer la profession. Il aurait été un auteur atypique et doué.
C'est du coté du scénar que ça fait tousser. D'un côté, il y a un casse et le résultat du casse. Et de ce côté-là, ça marche a fond. C'est structuré, mise en perspective. Il y a même du rythme, du suspens et même du twist. De l'autre, il y a une petite gonzesse qui quitte son mac, puis se violer par un camionneur, puis fait l'amour (le lendemain) avec un mec gentil...qui meurt...et elle se barre avec un truand qui fait partie d'un groupe qui a tué son mec gentil dont elle n'a rien à faire visiblement.
Parce que, durant les années 80, on se remet en 24 heures d'un viol, c'est sur.
Mais le pire est le final. Construire un twist qui se veut étonnant, ok. ça peut être cool. Mais quand on veut tellement étonné que cela n'a plus aucun sens alors, non, ce n'est pas cool.
Tout repose ici par le personnage de Julie et c'est la le problème car il est bien mal écrit ce personnage qui couche tranquille après un viol, qui devient amoureuse mais se barre avec un type du groupe qui a tué son amoureux.
Di Giorgio le scénariste gère mal son son personnage principal et plombe par la même occasion toute son histoire. A part qu'elle est bien jolie la Julie.
Mustang, c'est comme une Doloréane. Direct dans les années 80!
Entre culte et nanard, les séries oscillent entre les deux et c'est ça qui est savoureux. Une petite explication?
En 17 planches, Ozark et Mustang se battent dans un espace psychédélique contre un sorte de dieu inca, pas content et qui veut être maitre du monde. Alors ça se met sur la gueule dans les étoiles hallucinogènes de couleurs ( Et ça c'est top cette folie soixantuitarde). Pendant ce temps, la petite copine d'Ozark est prisonnière d'un groupe de caïd ayant un robot noir (Sissi). Alors les copains du cirque appelle le cheval avec une table d'auscultation. Alors Mustang, par les naseaux, envoie des lasers au méchant (resissi). Mais ils y arrivent pas. Alors se pointe le gardien des chevaux célestes qui dit "pouce, on fait pause" et il renvoie Ozark sur terre qui retrouve un pote qui lui dit que sa poulette est otage. Alors fissa, ils y vont. Là il y a un robot tout méchant. Ozark le casse en deux en une planche et la majorette est sauvée. Voila, voila...Et c'est carrément jouissif! Le scénario est tellement aux fraises dans un n'importenawak absolue que la lecture en est jubilatoire.
A côté il y a Mikros et Photonik, Mitton et Tota. Les scénarios sont construits, dynamiques et les dessins lorgnent du côté de Kirby. Parfois c'est drôle, parfois c'est même dramatique Certes ce n'est pas innovant. Certes ça plagie sans pertinence.
Mais pourquoi c'est pourtant mes sup 'héros préférés ????
(On verras cela sur Mustang 57)
Dans les récits complets Marvel des années 80, un grand nombre de ces mini-séries en un seul volume n'ont guère d'intérêt.
Celui- ci est peut être pire que les autres mais celui-ci, également, est un symbole de ce que nous vivons actuellement au cinéma avec le MCU.
Passons les dessins vite fait car cela n'est pas mon propos. Butch Guice débute sa carrière dans cette mini-série. Il a encore beaucoup à apprendre et ça pique les yeux d'amateurisme parfois et de mauvais encrage tout le temps.
Parlons plutôt de Bill Mantlo, le scénariste. C'est sa grande période ou il produit 3 scénars par jour. Ni fait, ni à faire et rien ne va. Comment pourrait-il avec son emploi du temps?
Son fiston s'amusait avec des jouets de maigres qualités que le propriétaire vend. Ni une, ni deux, Marvel achète les jouets et, pour les vendre aux bambins, vont construire des comics, des histoires. Ce sera Bill à la plume. Il choisit un micro univers pour surfer sur la vague Star Wars et il donne à chacun des jouets les caractéristiques des personnages à Georges. Ceci fait, il envoie la série et ça fait plouf. La série durera 50 épisodes puis s'en ira.
Afin de croire en cet investissement, Marvel tente de mettre les x-men en Guest stars? ça donnera cette mini série pas foufou. Même que les Micronautes font de la figuration et que les x-men sont secondaires. L'essentiel, c'est Xavier ici et même que les ressorts dramatiques font pschitt tellement rien n'est bien amené.
On ne fait pas des œuvres pour vendre des jouets ou du pop corn. Le MCU est un univers de mugs et de t-shirts, de produits dérivés en tout genre. Marvel essayait déjà en 1985 avec cette mini série indigeste. Et d'ailleurs, à force d'oublier l'essence d'une œuvre ( le dessin et le scénario et des personnages et une bonne histoire et une bonne histoire et une bonne histoire) Marvel, dix ans plus tard, sera en dépôt de bilan.
Vous voyez ou je veux en venir?
Qu'est ce que je veux perso d'une adaptation BD d'un livre qui j'ai déposé plusieurs fois pour le ire et le relire sur ma table de chevet? Une adaptation fidèle et ce je ne sais quoi de supplément d'âme qui fait la relecture autant fidèle à l'œuvre que la dépassant par la réflexion personnelles des auteurs de l'adaptation.
Et là, ça le fait. Grave.
Laloux dans son " Les maitre du temps" avait carrément fait ce qu'il voulait de la trame principale dans son déroulé et son final, oblitérant de larges parties du roman pour les remplacer par des réflexions politiques de son temps. C'était chouette (carrément) mais c'état plus l'orphelin de Perfide. Et puis les paradoxes temporels comme celui du Grand père (le propos final du livre), Laloux s'en est carrément battu l'oignon en le remplaçant par des conquérants extra-terrestres (Les fameux Maitres du temps) à la technique de conquête atypique ( Mais c'était sympa quand même).
Hautière, lui, retourne au livre. Tant mieux. Le cousin de Jabba le Hunt réapparait ( le personnage de Wul fut crée avant la trilogie). La planète des despérados réapparait. Tout est fidèle. Mais il y a surtout ce supplément d'âme que Hautière instille absolument partout dans son adoption. D'abord le rythme. Intense et en perpétuel tension dramatique, avec des souffles salvateurs ou tous les personnages se dessinent avec pertinence.
Et puis il y a le fameux paradoxe. Alors que chez Wul, ça tombe quand même comme un cheveux sur la soupe dans le final ( Faut bien l'avouer), Hautière, lui, l'instille par de courtes scènes ou dialogue au fur et à mesure de la narration. Et le final prend alors une dimension profonde et puissante que n'avait pas le livre. C'est efficace et parfaitement maitrisé. Le supplément d'âme y est du début jusqu'à la fin.
Question dessin, je me souviens de ma réaction lugubre en feuilletant l'album avant l'achat: "Grrrrr, de l'inspiration manga" . Et le Manga, vraiment, je suis passé à côté.
Et ben ça marche. Grave aussi.
Hautière a écrit pour avoir du mouvement, pour aller à l'essentiel (rythme, ambiance et émotion). Adrian minimalise les décors sans minimisme. Ces cases servent l'action, les rapports entre personnages et leurs émotions dans la tourmente. Mais il y a aussi de superbes décors dans d'autres cases car, là et là seulement, cela sert le propos. Et puis la bête est superbe. Sa violence dans le combat, ses réactions reptiliennes de bête en chasse, en colère ou en douleur, toute la palette de ses émotions est palpable voire épidermique à la lecture.
Une superbe adaptation.
Si je devais classer les 10 meilleures œuvres de bande dessinées, "Route de nuit" serait à la première position et "Concerto pour pilotes" ne seraient pas loin du podium.
Je me souviens de ma première lecture de ce 13ème tome. J'étais ado. J'avais acheté cet opus dans un super marché et nous étions en vacances dans les hauteurs du lac d'Annecy. Au milieu d'une prairie fourmillant d'insectes (à l'époque, il y en avait) et avec la vue majestueuse de la Tournette et des autres plus petites montagnes que sont le Lanfonnet et Les dents de Lanfont, j'étais allongé tranquille, le livre en main. Et, malgré ce décor extraordinaire à la Heidi, j'étais, moi, au Mans, dans l'usine en feu et, forcément, avec tous les copains. C'était immersif au possible. J'étais dans le fuel, les crissements de pneus et les moteurs en furie. J'étais dans la nuit dans cette usine en feu avec cette ambiance à la Henri George Clouzot ( j'avais adoré le film avec Montand) mais sur la nationale 7 et l'ambiance magique des années 60. J'étais avec ses copains pilotes d'avion et de voiture qui se la jouent "Qui c'est qui va avoir peur en premier" et qui pour un repas gratis se font le défi des gentils gros bras.
Bon sang de bon sang que j'aime cet album à le lire et à le relire..
Il y a aussi, peut être, les 2 plus belles vaillantes de toute la saga: La "Le Mans" et la "Gil", nommée de la sorte en hommage à ce grand cascadeur qui fut le temps d'un album seulement un autre Michel Vaillant (mais un vrai de la vie réelle celui-là) et un copain aussi que Steve (vu qu'il avait disparu le Steve durant cette période). J'en ai eu des frissons à la lecture du défilé des Vaillantes avant le départ de la course.
Il y a aussi la course du Mans. Magnifiquement et mieux raconté que dans "Le 13 est au départ" vu qu'on la découvre sur le siège du passager dans la voiture de course.
Et puis il y a tout le reste: Le troquet sympa pour prendre le petit déjeuner, les ouvriers en béret qui sont aussi vaillant que les héros, les pochades entre copains, les tapes sur l'épaule et les haussements de menton. L'amitié dans toute sa splendeur rêvée.
Et puis il y a les couleurs, les mouvements, le dessin superbe de Graton. Un pur bonheur visuel.
Vroum, vroum...
Jeannot a construit l'album autour d'"une vraie histoire d'amitié forte entre lui et les pilotes (oui, les pilotes, c'est des vrais gens dans la vie). On peut pas faire plus beau cadeau à des poteaux que ce genre d'album là.
"Concerto pour pilotes" clôture avec maestria les albums en 64 pages de cette saga. La meilleure période de la série avec des albums, pour moi, chefs d'œuvre (Le pilote sans visage, Route de nuit, Le 8ème pilote, Le retour de Steve Warson et Concerto pour pilotes). Après ça se gâte...
Alors profitons encore et encore des trente glorieuses grâce à Jean Graton.
Et ça y est...On a l'impression que le rythme va se calmer, que ce tome 2 va apaiser la cadence psychotique du tome 1.
Que nenni.
Jodo envoie dans la surenchère encore et toujours. Nous prend tous les thèmes allégoriques des romans classiques et nous en fait une grosse bouffe à la Ferreri, un repas de fête de famille. Mais, ici on ne choisit pas les plats, on ne les savoure pas un par un. Ici, on avale tout d'un coup. On ingurgite du rites initiatiques à la pelle. On se baffre de quêtes absolutistes, on avale de l'apprentissage sacré. . c'est la marque de fabrique du fou psychédélique.
Souvent ça casse (tellement de séries sans queue ni tête) et parfois ça passe. Et ici ça passe. Archi bien même.
Pourquoi?
On met de côté les revirements de situations émotionnelles stupides et que Jodo adore ( "Elle ne m'aime plus? Alors je me suicide!"). C'est ridicule, on est d'accord.
C'est d'abord Arno. Le dessin est superbe. Les décors au diapason des multitudes de rituels et de quêtes. Les mouvements de personnages sont d'une grâce extraordinaire. les dessins en silence apporte le souffle nécessaire à la lecture et Arno emprunte au liturgies sacrées japonaises, aux icones bibliques. C'est beau et c'est dans le tempo. Et puis il y a toujours cet érotisme indéfinissable qui résonne toujours en moi à la vue du personnage féminin ( à la fois guerrière de corps at gracile dans l'animation).
Et puis il y a Jodo. Encore. Ils s'aiment puis ils s'aiment plus. Il Haïssent et ils détruisent. Il perdent courage et continuent à perdre courage. Cela surprend la lecture et c'est ça que c'est bon. Jodo ne nous amène jamais ou on a envie d'aller. C'est pourquoi les aventures d'Alef-Thau est tellement réussies.
Andréas construit 10 courtes histoires autour du personnage sympathique du détective déjà rencontré dans la série Rork.
Bonhomme et débonnaire Raffington Event déambule dans l'ésotérisme et le mystère dans une nonchalance à la Adamsberg.
Certes les histoires sont d'une grande simplicité et les finaux de chacune d'entre elles permettent toujours un étonnement. Mais ces histoires là sont assez peu virevoltantes. Peu de suspens et encore moins peu d'enquêtes, les déroulements résident principalement dans les rencontres avec les autres personnages. Mais les fans du maitre y trouveront des envies qu'Andréas réutilisera dans les albums de ses grandes saga, autant chez Arq mais surtout chez Capricorne, comme la narration au plus prés, le livre des morts. L'ambiance, elle, ne dénote pas des autres oeuvres. Le terrain est conquis.
Le plaisir est ailleurs. Dans le découpages, les couleurs, le recherche architecturaux, le travail du noir et blanc, les ellipses visuels et les hors champs. Andréas nous prouve encore une fois qu'il sait raconter les histoires et qu'il sait le faire avant tout visuellement.
Et c'est en cela, que ces enquêtes sont savoureuses à lire: la narration visuelle, le savoir faire dans les émotions et les ambiances. Tout passe par le dessin si atypique et si nourrit de vrais bonnes idées.
J'aime ce one shot par le dessin, la case, la planche. Ce n'est pas l'histoire qui importe mais l'immersion visuelle dans une narration aux pinceaux superbes
J'avoue. 5/5 c'est un peu to much, j'avoue. Mais, c'est bon les madeleines proustiennes.
Enfin… du coté de Photonik et Mikros ( deux des 3 séries du magasine, et on y reviendra) car Ozark, lui (la 3ème série), est hélas le vilain petit canard qui aura la tête coupée au 59ème Mustang. Et même qu'on dira que ce sera de faute, l'échec du Mustang, mode super héros lyonnais. Il faut dire que c'est vraiment pas fameux. Et il n'aura que 8 épisodes à son actif et il s'en ira ( avec une reprise bien plus tard que j'ai hâte de lire dans une mini série)
Il faut dire, qu'il fallait trouver un super héros qui se nomme Mustang pour être raccord avec le titre. Et ce sera le cheval d'Ozark qui va le faire. Un cheval qui vole, qui parle et qui tire des sortes de laser par ses narines (Sissi). Ozark, ça mange pas de pain. Ozark c'est tout se qu'il faut pas faire dans une série de super héros des années 80. C'est un mauvais Fumetti qui fait avec un super héros. Le dessin est très moche, les personnages sont des images d'Epinal à l'américaine, les méchants très très méchants. Ozark, c'est le nanard ultime et on le lit avec un plaisir coupable certain. Se moquer au détriment d'un superhéros, c'est pas bien. Mais il mérite et en plus à chaque planche. Les ressorts dramatiques sont expédiés mach7. Les super méchants se pointent au petit bonheur la chance.
Franco Oneta ( Frank Honest) est au pinceau. Il dessinait du Fumetti à la pelle chez Zembla, Yuma notamment. Et là il fait le minimum. Jacques Lennoz, le scénariste, semble peu inspirés. C'est une commande et il faut livrer vite.
Pourtant Ozark c'est aussi la rigolade assurée, le nanardesque entre deux petites perles (Photonik et Mikros), le retour dans les années 80 dans ce qui se fait de pire.
Et c'est bon de se moquer. C'est le Star Crash de Star Wars. Et puis , le magasine sent bon le vieux quand on tourne les pages jaunies. On remonte le temps. Ozark nous permet de ne pas oublier que c'était pas toujours du bon durant ce temps là.
Jodo, c'est un fou, un psychédélique. Ses films sont des hallucinogènes cinématographiques et ses scénarios de BD exorbitent les mythes, exagèrent les passions. Ici, on découvre un bébé sans jambes, ni bras au début de l'histoire et deviendra héros légendaire d'une révolution planétaire, un amoureux transit dans un claquement de doigts, vivra une épreuve initiatique en 3 coups de pinceau et un expert en magie sous cacheton rose en 2. Et tout ça en moins de 40 planches. Et le tout est patiné de tout plein de peuples, de tout plein de personnages secondaires.
C'est en donner le tournis.
Alors forcément on s'attache à aucun personnage: ça meurt martyr et on s'en tape le coquillard ( le petit personnage qui suit partout Alef notamment), on peine à comprendre les enjeux. On ne sait rien des désirs des méchants et des gentils (Parce que, oui, question psychologie, les personnages sont taillés à la cerpe).
Et, en même temps (comme dirait l'autre)...
Cette histoire là du héros mythique qui soulève tout un peuple de l'oppression avec rituels, magies, amour et tout le tintouin, on en a lu et vu par caisson de 40. Rien n'est neuf au soleil. Alors Jodo, qui utilise à la virgule prés, les ressorts de cette thématique, il envoie ça en colis express. Et la lecture est boulimique et donc sans saveur, sans gout particulier. Du blougi boulga.
Mais Jodo, lui, il aime ça les grosses bouffes, l'exagération outrancières des mythes.
Le parti pris est assumé car tout est dit en un tome alors qu'il en reste 7. Alors quoi ? C'est quoi la démarche ? Et c'est ça que j'aime chez Jodo. En lisant ses histoires, on le sait, il va nous porter bien au delà de ce que font les autres.: "Regardez chers lecteurs, moi, j'ai tout torché l'histoire en 40 planches. C'est maintenant que ça commence et puis mon héros à moi, il a pas de bras et de jambes", alors vous allez voir ce que vous allez voir ".
Alors des fois c'est extraordinaire les histoires à Jodo et pis des fois c'est tout pourris à la limite du nanard. Alors on va bien voir à quel sauce il va nous manger dans sa boustifaille dégoulinante. Encore 7 tomes.
Coté dessin, là ça dépote. Arno nous offre une partition extraordinaire dans le détail, la couleur, le mouvement et la vivacité. Que du bonheur avec ce je ne sais quoi d'érotique qui a toujours fonctionné chez moi.
Bref, du Jodo pur jus.
Quoi? Pas la moindre petite critique sur le Mustang 54????
Allez on explique.
LUG (petite entreprise de périodiques) achète les aventures de super héros du coté de chez la Marvel. Ils ont aussi des mensuels à bas prix qui lorgnent du côté du Far West et de la science fiction mais plutôt dessinés du coté de l'Italie.
Alors voila, Y a qu'à en inventer des super héros, ça coutera déjà moins cher et, pis, on a du dessinateurs qui savent y faire puisque déjà ils font les couvertures des magasines et des aventures de Spiderman et compagnie à la limite de l'égalité, on vous l'accorde....mais ils savent faire les Tota et autres Miton.
Et, pis, on a un périodique sur le Western qui marche comme ci, comme ça (Mustang)….Y a qu'à en faire le premier magasine avec des super héros français! Bon le titre on garde. Trop cher de refaire une nouvelle couv'. Faudra trouver un superhéros qui est le même nom et puis c'est marre. Pour le reste, on laisse les auteurs maisons se dépatouiller.
Moi, gosse, sachant cela, j'ai été aussitôt fan! Visez plutôt: des super héros qui adorent la baguette et le cassoulet ! Hélas, ce ne sera pas vraiment cela non plus. Car LUG veut du superhéros amerloque. Photonik et consort mangeront du hamburger, vivront à New York et ne sauront même pas ou se trouve la tour Eiffel. Dommage. Il faudra attendre l'univers de la Brigade chimérique pour avoir du lourd, du très très lourd.
Mais il n'empêche. C'est du bon.
C'est aussi con que les comics de ces années là avec des méchants à la pelle pour un seul gentil. C'est aussi bourrin que les bagarres dans les ciels ou sur des gratte-ciels à grands coups de BLAM! POUM! ZIP!. C'est aussi rapide à lire qu'un lapin qui… (vous m'avez compris.). Et les 3 premiers épisodes qui racontent la genèse des héros ont un métro à prendre. C'est dire comme c'est expédié le bousin! Et en même temps les premiers épisodes des Spiderman/Iron Man Familly étaient tout pareil. Alors bon, on va pas chipoter.
Alors quoi ?
Pourquoi ce plaisir coupable absolu? Si c'est bourrin, crétin et plus américains qu'un comics marvélien, pourquoi les aimer autant ces Photonik, Mikros, Cosmo et Ozark ? Sincèrement, je ne saurais dire les raisons véritables. Savoir que ces héros sont nés à Lyon, qu'ils n'ont jamais rencontrés leurs aminches capés et cagoulés étatsuniens, ça m'a toujours fait quelque chose.
Parce qu'ils sont français et pis c'est tout. Quand on est jeune, on ne boude pas son plaisir tricolore et quand on est vieux, on les dévore encore plus ses madeleines concoctés dans les bouchons lyonnais.
Et pour les superhéros en question, je vous en parlerai au prochain épisode: Mustang 55.
C'est con d'en être un vieux et je suis de ceux qui achète toute la collection car "les univers de Stefan Wul" fait bonne place dans ma (grande) collection.
Alors, oui, à l'achat de l'album, j'ai été rebuté par le dessin trop "manga" à mon goût de Adrian. Peut être avais-je eu espoir de retrouver un dessinateur ayant une inspiration à la Moebius? Car, je considère comme culte "les maitres du temps" que j'ai vu et revu et revue encore. Quand on est un vieux bédéphile, on a ses madeleines.
Et, pourtant, très vite j'ai pris plaisir dans ce dessin qui emprunte le mouvement au manga. Les cases aérées et cinématographiques offrent des grands espaces superbes, des intuitions de lecture qui sert magnifiquement le propos.
Du coté du scénario, l'adaptation est d'une grande fidélité à une œuvre que je considère comme l'un des chefs d'œuvres de Wul. Et Hautière, même s'il ne fait pas mieux des personnages toujours trop caricaturaux chez le dentiste romancier, a su instiller une vivacité et du dynamisme supplémentaires. Alors que dans le dessin animé de Laloux, l'histoire avait été passablement transformé (et pas qu'un peu), ici L'e job est parfaitement réussi.
Petite cerise sur le gâteau, le "Grand max" est aussi beau dans les maitres du temps que dans cette adaptation. Alors, que demandez de plus?
C'est peut être con d'en être un, mais c'est quand même bon de ressentir, à la fin de la lecture, qu'on a bien tord d'avoir des idées si arrêtées et que parfois, les madeleines, c'est bien de les laisser au placard.
Nous sommes en 1930 et l'Algérie Française fête son centenaire. Paul, le personnage principal du précédent opus, revient sur les terres de son enfance. Et on retrouve également les personnages qui sont revenus vivant de la guerre de 14/18.
Ferrandez, désormais, prend partie au travers du regard de Paul sans pour autant faire dans le manichéisme car tous les personnages, comme toujours, sont extrêmement bien écrit. Et l'on suit, avec passion, les faux semblant, les jardins secrets et les choix inavouables de tous ces parcours de vie. "Les fils du sud" était surannée du bonheur de l'enfance? Le centenaire sera un comédie humaine tragique qui raconte les racines de la future guerre.
Mais, au delà de ces magnifiques personnages et leurs destins funestes, le personnage le plus beau de tous que narre visuellement, avec superbe, Ferrandez est Alger.
Alger est partout dans les cases magnifiquement peintes d'ocres et de lumières, de populace et de désert., d'énergie et de volupté. Alger est le personnage principal de cette quête de sens et c'est dans ces méandres et ses ruelles que l'on se trouve et se perd tout à la fois. Ainsi Paul passera les plus beaux moments de sa vie sur un rebord de fenêtre alors que Broussaud y perdra tout ce qui fait sens dans la sienne auprès du président de la république.
Les destins s'entrechoquent , les tensions se nourrissent mais tous les personnages aiment Alger. Une suite encore une fois totalement maitrisée de bout en bout. Il y a encore de la naïveté et de l'espoir avant le désastre.
Alors que les tome 1 et 2 de la fresque algérienne possédaient de légers défauts ( Une Djemila trop absente à mon gout pour le premier tome et une introduction trop verbeuse pour le second), ce 3ème opus est absolument parfait.
D'abord l'image. Toujours classique, Ferrandez se permet bien plus de gouache, d'aquarelle qui permet que le beau s'épouse à l'ambiance merveilleuse de la douceur chaude et surannée de l'enfance. Ferrandez agrandit ses cases et permet de plus grandes respirations superbes. Les paysages sont beaux, les ocres splendides et les couleurs, comme toujours, permettent l'immersion du lecteur dans l'atmosphère. Ici, point de chaleur caniculaire qui pourrit les corps et les esprits mais une fournaise de belles émotions.
Il y a surtout les personnages. Multiples et tous plus mieux écrits les uns que les autres. Tous sans exception raconte une vie et un parcours de vie , des émotions et des apprentissages d'existence que Ferrandez ne juge pas. Il les expose et nous les propose. Même chez les enfants, il y a de la méchanceté et du vice comme il y a de la générosité et de l'humanisme.
Et tous ces personnages, merveilleux, sert une histoire d'apprentissage superbe dans un pays ou la vie reste heureuse.
Et le final, finalement joyeuse, glace le sang en sachant pourquoi tous ces enfants bientôt adultes prennent le bateau.
Mais le plus beau reste le rapport aux pères. Là encore multiple. Ferrandez raconte la paternité. Et l'on pense à Pagnol que Ferrandez avait adapté juste avant.
Si Pagnol avait été pieds noir, alors il l'aurait écrit cette histoire. "La gloire de mon père" se serait appelée "les fils du sud"
Du grand art et un plaisir de lecture rare
Du peintre du premier opus, il ne reste plus qu'une toile: Le harem. Et une blanchisseuse, portrait craché de Djemila, rêve de l'Algérie. Ainsi est le seul lien entre le premier et second tome. Et ce ruban ocre de fantasmes ( celui du peintre et de la blanchisseuse) m'a curieusement bouleversé.
Si au début, Ferrandez est trop verbeux afin de situer son histoire intime dans la grande histoire de France, le récit prend ensuite le chemin de la sensation épidermique.
Moi ce verbiage de début m'a convaincu. Amoureux de la trame historique, j'ai aimé ses sauts entre plusieurs moment essentiels de notre histoire. Mais je peux comprendre l'impatience des lecteurs dans cette introduction assez mal maitrisé. Trop d'envie à raconter beaucoup et trop peu de planches.
Mais la suite est superbe. Ferrandez raconte son histoire de l'Algérie au travers d'évènements qui n'ont pas fait dates mais qui raconte avec une grande férocité l'âme humaine et les drames de la spoliation. Ainsi que les rêves de celles et ceux qui ont soufferts ( de par les événements racontés au début d'où la nécessité de les narrer) et qui, pour les vivre, vont faire subir à d'autres ce qu'ils ont subi eux mêmes. D'ailleurs, le cheminement de pensées du personnage principal raconte merveilleusement le thème principal du sujet : être légitime à spolier et vouloir sortir de la misère.
Ferrandez reste classique dans sa narration mais il nous livre des ambiances superbes, des chaleurs viscérales dans des espaces splendides. Il nous livre également une lecture à fleur de peau car on ressent à chaque planche la violence et la détresse des personnages, la torture des âmes dans des situations toujours plus aliénants et brutaux jusqu'à la démence. Les âmes sont noires et les corps flétries sous le soleil caniculaire d'une terre de cendre. On se bat, on se mutile pour mieux vivre dans la misère. Mais il y a ceux qui sont chez eux et les autres qui veulent avoir un chez eux. Et tous, pour trouver des racines que l'on leurs a interdit à cause des évènements en préambule, tueront.
La misère n'est pas moins douce au soleil.
Un superbe opus
Œuvre matricielle d'une saga majeure
"Carnet d'orient" qui deviendra "Djemila" devait être un opus unique. 12 tomes se succéderont par la suite, construisant ainsi une saga autant familiale que générationnelle.
Ici point de fils ou de petites filles, ni de trahison dans un air du temps haineux, nous suivons un artiste peintre qui veut se baigner dans les couleurs chaudes d'un pays d'aquarelle brulante et qui se noiera dans une culture jusqu'à avoir le cœur brisé par un mirage.
Il sera notre fil conducteur de la période 1834/44 en Algérie.
Celle de la colonisation pour astreindre des sauvages à gouter au modernisme européen. Et l'auteur nous montre la brutalité des généraux, l'horreur des marches forcés des soldats et hommes de rang. Il nous fera découvrir un homme illustre, lettré et sage qui sera le chef de la résistance des tribus d'Algérie: Abdel Kader. Mais aussi la violence de ces mêmes tribus.
Rien n'est noir, ni blanc chez Ferrandez. Il n'y a pas de prosélytisme. L'auteur raconte la comédie humaine si tragique dans l'horreur de la guerre. Et c'est vraiment réussi.
Pourtant le héros ne court pas l'idéal politique mais celui de l'amour plus fantasmé que réel d'ailleurs. Et il déambule dans les terres ocres, les orages violents, le froid glacial et le désert suffocant pour une quête unique: Un visage d'ange. Le reste importe assez peu en définitive.
Le partis pris de l'auteur est atypique: montrer la guerre par l'œilleton de l'amour idolâtre. Car Djemila, celle pour qui tout le peintre osera toutes les rencontres, tous les chemins même ceux de la perdition politique, n'existe pas. Elle ne parle pas. Ne mène aucune action. Elle subit son destin. D'ailleurs, elle apparait jamais vraiment dans l'histoire. On peut regretter cette absence sauf que elle est le symbole de cette Algérie insaisissable, invisible. Elle n'est en définitive qu'un visage sensuel et sublime sur un dessin au fusain au ton toujours ocre.
De conception classique, la trame est menée sans fausse note, tambour battant. Il y a parfois des moments de poésie également. De belles phrases et de beaux crayonnés qui racontent le personnage principal dans son travail de peintre. Le plaisir est absolu dans la lecture.
Il m'a manqué juste Djemila. Trop absente, trop invisible jusqu'à un décès assez bête . Une sorte de Roméo et Juliette qui ne tient pas sa promesse.
A part ça, le plaisir est total, les paysages magnifiques et l'histoire haletante. Ferrandez raconte l'Algérie de 1834 avec maestria.
Ok je suis pas un fan de manga. J'ai pas réussir à finir "Akira" et encore moins les "One piece". Je sais, je suis un vieux con. Et bien malgré tout j'ai beaucoup aimé le dessin de Gatignol qui emprunte allégrement aux codes du manga, de son mouvement, de son minimalisme et de ses cadrages. Il y a un vrai cachet visuel dans cet opus, une vraie curiosité qui est loin de la charte des donjons. Ce n'est pas grave. c'est vivant.
C'est du coté du scénario que je n'ai pas tout compris. C'est foutraque, ça part dans tous les sens. Les pistes sont multiples. Mais c'est aussi scato, sanglant. Et puis il y a (je spoile attention!) le retour de Sonia, transformée et vivante. Mais elle est devenue une Augrha ( celle de Dark Krystal) toute méchante et toute déglinguée de la tête. Il y a peut être aussi le retour de Bonnie Mallory, en grosse mémére désenchanté. C'est quoi ce choix de rendre débile des personnages auxquels on a été tant attachés durant leurs périodes donjonesques? Sérieux, ça craint de mettre son l'héritage au pilori. Alors, il y aussi les spectres des frérots qui se pointent, Marvin et toute sa famille, Orlawdow en reconversion déprimant. Et l'œuvre fait évoluer l'univers du donjon de manière optimale.
Alors oui la lecture est mouvementée, violente, noire, blasée, désabusée. Et en cela les auteurs savent y faire en construisant des histoires décharnées telles que celle-là. Mais mon plaisir à lire n'a pas eu lieu: Trop de chemins, trop de sens unique, trop de scénettes allant dans tous les sens et qui n'apportent que peu dans la structure narrative. Papsukal tente toutes les démarches et aucune ne fonctionne.
je comprends que l'on puisse aimer ce type de mouvement, cette vivacité. Peut être est-ce la des codes du manga que les auteurs maitrisent pour construire un hommage véritable. Mais, perso, je n'ai pas été fan.
Parce que la règle est d'adapter toutes les œuvres de Wul, il fallait bien le faire aussi ce roman foireux. Car, oui, si Wul a écrit du chef d'œuvre voir du culte, il a également écrit du tout pourri bancal à outrance. Et le pire de tous, c'est bien "Odyssée sous contrôle".
Le dentiste écrivain s'amuse, ici, à utiliser tous les poncifs de tous les genres du roman de gare pour se rendre compte qu'à la 219ème page, il faut conclure ( vu qu'un roman de gare c'est forcément entre 220 et 250 pages à tout casser). Alors, le final est brutal, pire énervant. Car si K. Dick est malin dans sa nouvelle ( qui a été la base de Total Recall de Verhoeven ), Wul, lui, se sert du rêve ingéré dans la tête pour se dépêtrer d'un final qui twiste dans le Deus Ex Machina outrancier.
Alors ? Adapté une bouse ? Comment qu'on fait? Et ben on y arrive pas. Condenser le tout pour n'y mettre que de l'action psychédélique, ça rend illisible. J'ai du, un grand nombre de fois, revenir en arrière pour comprendre les actions du héros. C'est la faute au bouquin, c'est sur mais c'est aussi la faute à l'adaptation.
ça va trop vite. C'est trop expéditif. Alors, oui, on comprend la narration psychotique. Le parti pris est bien vu avec une telle narration qui part en sucette à chaque chapitre du livre. Mais vraiment le choix de la précipitation rend lisse les personnages auxquels on ne s'attache pas. Parce qu'on ne comprend pas tout. Pire on ne comprend pas les raisons pour lesquels les protagonistes mènent les actions. C'est une course psychédélique, sans queue ni tête. Et en même temps, le bouquin n'en avait pas d'avantage.
Le dessin plutôt pas mal est saturé de couleurs ocres, rougeâtres ,jaunies, noirâtres....Là encore le parti pris est clair et puis il y a les découpages. Le tout rappelle la folie de l'esprit, les émotions obsessionnelles, les sentiments violents. C'est bien foutu visuellement. ça ose. Voila un vrai travail d'artiste.
Mais voila même les dessins sont peu lisibles. Là encore c'est un parti pris car tout dans cet album n'est que parti pris. Adapté une bouse, c'est pas simple.
Mais, chez moi, ça n'est pas passé. Malgré plusieurs relectures, je n'y arrive pas. Je sors toujours de ma lecture. Il y a toujours des trucs qui m'en font sortir. Et puis pourquoi transformer le final qui était un happy end (certes mièvre) en une panacée de sentiments humains horribles? Certes chez Métal Hurlant, à l'époque, il y avait que ça: des finals désabusés sur la condition humaine. Mais, ici, c'est trop.
D'ailleurs c'est ça. C'est trop. Tout le temps. Les auteurs, à chaque case, nous assène: -" Tu le vois notre partis pris, tu le vois!!!".
Oui, on le voit. Oh que oui. Tout le temps.
Une couverture superbe et un album au diapason.
D'abord Boulet. Roi de la couleur et des émotions, il emporte avec lui les planches en les dynamitant. Et on en redemande de ces cases qui n'existent plus pour offrir toute la palette de l'artiste, en couleurs et en ambiance. Le vent glacial, la chaleur des yourtes, les intérieurs cossus des châteaux. Et la steppe désertique et froide. Les décors superbes rendent épiques l'histoire qui oscille entre l'intime et le grandiose. Le Zenith, période Boulet, est une grande période.
Et puis il y a le scénario. Sans omettre l'humour ( Marvin est le clown de service dans cet opus et il est hilarant), l'histoire démarre dans une chamaillerie de couple entre un Herbert toujours aussi combinard et une Isis toujours traditionnelle. Mais ce qui aurait du être qu'une pantalonnade et une course poursuite à la charlot s'aggrave dans une fin shakespearienne ou le parricide et l'assassinat par la tradition empoignent le lecteur d'émotion intense et noire.
Boulet, là encore, sait y faire: Herbert et Isis en boule dans la prison est une pleine page sublime assourdissante d'anéantissement. Et l'histoire qui n'a cessé de courir de rebondissement en rebondissement, prendra le temps, en silence et douceur, sur les 3 dernières planches pour la réconciliation du couple.
Et si on apprécie que le 16ème Monsters "Quelque part ailleurs" apparaisse ici pour une meilleure compréhension de son histoire, je suis longuement resté pensif sur cet enfant qui fut. "Donjon Crépuscule" aurait été bien différend si un canard à la Gandhi aurait vécu durant cette période totalitaire.
Trondheim et Sfar aime à brouiller les pistes. dans cet opus, ils ont carrément réussi leurs coups. J'ai refais le match de 9 albums.
Augustin ou l'art de l'ellipse.
L'œuvre est étonnante, rare, déconcertante. Elle nous permet d'être déstabilisé, de réfléchir.
Car tout n'est qu'ellipse, faux semblant, inaction et même ennuie.
Car tout l'intérêt de l'intrigue est hors champ. Le plus alléchant de l'histoire est entre la dernière page de l'histoire et l'épilogue. Et cela n'est pas raconté.
Le héros, pas sympathique du tout est d'une lâcheté viscérale et d'une imagination débridée qui l'impose à fuir toujours un peu plus ses responsabilités. Il n'existe que dans l'inertie et la faiblesse. Il court de couardise toujours un peu plus loin dans une campagne froide et déserte. Parfois il rencontre des personnages tel que Noëlle ,sensuelle et charnelle, mais le rendez vous est manqué. Pire, il est rêvé.
De cette œuvre déshumanisée par le comportement de couard d'Augustin, les dessins sont sublimes de vides, d'automne, de villages désincarnés et d'horizon toujours gris. Arno harmonise son propos par des dessins gris et superbes. Son trait est celui d'un auteur parti trop tôt au panthéon des grands du 9ème art.
Et d'ailleurs…
L'épilogue raconte enfin le bonheur du personnage principal qui assume enfin de ne faire que fuir, de n'être qu'une ombre, de vivre dans le vide. D'ailleurs les dernières cases sont bleus de ciel et d'océan: le destin sera beau puisqu'il assume d'être cela.
On pourrait croire à une œuvre de jeunesse peut être mal maitrisée dans la narration. Je crois, moi, tout le contraire. L'histoire raconte le hors champ dans une campagne inerte avec un personnage invisible. Il y a des œuvres ou il faut prendre le temps de comprendre le parti pris. Et alors, tout fait sens….
Perso, j'ai adoré quand cela a fait tilt dans mon esprit.
Magic Palace hôtel ou la pépite de derrière les fagots chez Fred.
Qui aurait cru qu'au travers d'un album peu connu dans la bibliographie d'un auteur immense, on découvre une petite perle d'humour noire, de poésie corrosive et d'errance nihiliste.
La Magic Palace Hôtel est une suite, sans en être une, du chef d'œuvre de Fred "Le petit cirque" ( D'ailleurs au détour des couloirs méandreux du Magic palace hôtel, on retrouve la famille de romanichel ). Car c'est ici l'errance d'un voyageur désabusé et fatigué ( qui a la tête bougonne de Fred) dans un labyrinthe freudien de couloirs ou les rencontres d'esprits les plus fous, les plus désabusés, viennent au voyageur sans que le voyageur s'en soucie. Chacune des rencontres font 4 pages tout comme dans Le petit cirque, chacune de ces histoires se clôturent par l'errance du voyageur qui s'en va ( tout comme Le petit cirque). Plus mature, plus désillusionné et plus intense visuellement que Le petit cirque, cet opus est plus mature que son chef d'œuvre de prédécesseur.
Peut être est ce d'ailleurs cela qui fait que Le petit cirque demeure supérieur à cet album. L'œuvre était plus visuelle, les espaces sont plus silencieux. Ce qui donne LE charme supplémentaire.
Mais ne boudons pas le plaisir d'une surprise réelle qui puise littéralement dans le nihilisme poétique de Fred surtout que celui-ci se met en scène. Et Le dessin est majeur, superbe. La mise en scène des planches est comme toujours d'une grande virtuosité. Mais au delà de la virtuosité graphique d'accoutumée, ce sont les histoires qui dénotent. Violentes, dépressives, sans une once d'humanisme ces petites rencontres ne sont guères propices à la légèreté. Noir désespoir est la couleur de l'album. Et le final reprend la logique de celui de Philémon.
Une vrai pépite d'humour noir de désespoir aux couleurs superbes d'Isabelle Cochet qui modernise une œuvre rare à découvrir urgemment.
Tous les 3 albums, Jean l'a décidé, il fait quitter les circuits à son Michel. On a eu Marseille, Amsterdam. Voici Königsfeld. Il se trouve que le Jean adorait enfant les chevaliers teutons. Alors il construit une histoire en rapprochant au plus prés, un château allemand, d'un circuit mythique de course.
On saupoudre de légende, de vengeance (très) tenace dans les couloirs du château, au travers de ses passages secrets et de ses immense salles et on fait une histoire sympa, sans prétention et un peu capillotractée mais, qui, dans la droite lignée, de ces 13 premiers albums entre dans le panthéon proustien des madeleines.
Il y a plaisir à retrouver Dino Falconetti, Bill Rix et Karel Van Ham. Certes, ces pilotes imaginaires ne font que de la figuration mais, depuis le circuit de la peur, c'est toujours sympa de les revoir. Il y a aussi Mauro Bianchi, un vrai pilote lui, et puis Olaf qui possède une belle partition à jouer et qui, par contre, disparaitra par la suite de la chronique vaillante. Et ça c'est Vraiment dommage.
Il y a des planches qui donnent des ambiances nocturnes superbes, des couloirs secrets qui dégoulinent d'humidité. Et un final qui, ma foi, nous prend ,malgré sa structure classique, au dépourvue.
Certes, des premiers albums ( tous chef d'œuvres à mon goût) il est le plus boiteux, le plus pas-piqué-des-vers, et, même le plus foireux. Comment comprendre une telle vengeance, une telle préparation minutieuse pour une vengeance qui n'est pas bien méchante.
Reste toujours les valeurs de camaraderie, de fraternité, de courage et de loyauté que dressent l'auteur dans son œuvre. Reste une montée crescendo dans les émotions de la trame (jusqu'au final qui n'est pas un feu d'artifice final mais plutôt un pétard franchement sympa) avec notamment une Gabrielle, un tantinet hystérique tout de même, qui a failli tout trouver toute seule ( mais comme elle avait plus toute sa tête, hélas, elle a pas pu) et un dessin impeccable de vieilles pierres et avec, parfois même, un vari suspens avec plein d'éclair d'orage, de nocturne désertique et de peur dans les couloirs
Le plaisir de lire est toujours là, entier et sincère même si j'ai du me forcer à accepter la trame principale : une sombre histoire de vengeance antédiluvienne mais dont le but n'est pas si méchant. Le némésis de l'histoire est un gars paumé que l'on a juste envie de câliner. ça tombe bien. Gabrielle le fera très bien.
Voici une histoire qui permet de continuer à profiter de la fresque familiale. Sans prétention. En attendant les prochaines tueries de la série.
Encore du très bon!
Michel n'a pas obtenu le prix de champion du monde des conducteurs F1 (Album précédent)? Steve, qui lui l'est devenu, va lui offrir sur un plateau celui de champion des conducteurs aux états unis! Ils sont sympas les copains de notre Michel !
Riverside, Daytona et Indianapolis!
Graton a déjà construit une histoire de ce type et plusieurs fois déjà ( Le grand défi, Le circuit de la peur, la trahison de Steve Warson). Michel et Steve partent aux états unis et les méchants pas beaux de la Texas Drivers vont tout faire pour les saborder. Oui c'est tout du déjà vue. 3 fois.
Eh beh c'est pas grave parce que Graton nous propose une histoire qui a muri psychologiquement. Car Graton fait la part belle à ses méchants pas beaux. Et Hawkins, Payntor et Cramer deviendront des personnages récurrents aux destinées multiples.
D'abord le documentaire. En lisant cet album ( publié dans le journal tintin en 1965) en ces années 2023, on redécouvre ces circuits mythiques et ces courses trépidantes. Riverside est devenu depuis un parking. Cette course reste immortelle aussi grâce à cet album car Graton est minutieux dans la description, précis dans le dessin. Il travaillait uniquement sur photos, photos qui lui avait été envoyé par le patron himself de ce championnat ( Bill France junior, le bien nommé).
Ensuite les personnages. Graton fait la part belle aux méchants. C'est eux que l'on suit dans leurs plans pas gentils. On les accompagne dans les raisons de leurs turpitudes forcément pécuniaires ( l'argent c'est caca dans les valeurs judéo-chrétiennes du journal Tintin). On les piste dans leurs méchancetés d'enfants capricieux. Et Payntor a toujours été l'un de mes personnages préférés de la fresque vaillante.
Ensuite il y a encore les personnages. Michel, Steve, Jean Pierre, Eric, Henri. Ceux de toute cette famille dont Jean construit la fresque depuis le 1er album.
Et Il y a les personnages toujours car l'auteur nous parle des destins des personnages que l'on a aimé suivre les péripéties dans les albums précédents. Les pilotes du 8ème pilote, La serveuse du retour de Steve Warson. C'est rare qu'un artiste nous permette de nous raconter cela. Les destins sont forcément beaux? Oui, certes et c'est pas grave. On a toujours envie du meilleur pour les personnages qu'on a aimé.
Enfin il y a l'émotion. ça prend le temps, ça monte crescendo. Les petites histoires permettent cela. Entre la chute en vélo de l'album précédent dont le processus drolatiques continue à nous faire rire sous des directions différentes ( ce qui permet plus encore aux lecteurs de ressentir de faire partie de cette famille) et les affres des méchants pas beaux qui fait monter la tension jusqu'au final de "l'ombre Cramer", Graton maitrise encore une fois son déroulement. Car Jean Graton prend le temps de raconter toutes ses petites histoires qui font la trame principale.
Que du bon, je vous dis!
Certes l'histoire principale n'est pas piquée des hannetons. Voyez plutôt: un japonais, issu d'une famille de samouraïs, prend mal le fait qu'on lui donne pas une voiture vaillante, alors, le voila ti pas qu'il boude et veut se faire hara-kiri du volant s'il gagne pas le Michel. Avec cela, il y a un triangle amoureux qu'on comprend pas très bien. Le Michel, lui, il compose et ça le rend chagrin. Et, au final, le père vaillant pousse une gueulante sévère contre les deux gosses terribles. Et fin de l'histoire, on passe à autre chose car tout est bien qui finit bien.
Bon, faut avouer qu'il en faut des idées à Graton pour que son Michel soit publié dans le journal Tintin toutes les semaines. C'est un stakhanoviste le Jean a devoir toujours trouver la bonne idée. 64 pages et deux histoires, ça fait tout de même 128 planches en 1 an et demi (1963/1964)
Car tout de même le plaisir est ailleurs. C'est toutes les histoires secondaires qui donnent le sel de cette grande fresque familiale durant les 30 glorieuses. Graton la construit depuis le premier album. Et on s'attache à tous les personnages dans leurs petites anecdotes. Les premières planches d'ailleurs sont savoureuses. Les femmes aussi prennent une place dans les histoires secondaires non négligeable. Malgré le temps patriarcal des années 60, Graton les construit comme des personnages à part entière, qui ont, elles aussi, de la bravoure et du talent. Et puis quel plaisir de retrouver Joseph.
Ce 10ème album fait une belle part aux circuits de F1 de cette période. La précision quasi documentaire des dessins de Graton les rendent immortels. C'est un véritable plongeon dans l'histoire automobile et on côtoie (hélas trop rapidement) les grands noms de pilotes. Oui les dessins académiques de l'auteur sont vibrantes, pleins de mouvements et de virages, superbes, précises et vrombissantes.
Lire cet album, c'est continuer à lire une épopée familiale. Ou les personnages, tous sans exception, sont tous attachant, unique et, cerise sur le gâteau, sans véritables défauts. On n'entre pas dans les méandres de la psychologie freudienne avec Graton, certes. Mais on lit juste une feel good BD.
Et ça ça fait du bien.
1963.
Melville, Clouzot et tant d'autres mènent tambour battant le cinéma français dans le polar magnifique. Il y a dans le 7ème art de cette époque de vrais génies du policier noir, bien noir.
Graton utilise tous les cadrages, décors et ambiances de ces maîtres du roman visuel. Intelligent, Graton ne construit pas une histoire ou son héros serait détective ou policier mais bel et bien celui d''un pauvre gars en quête de son meilleur ami qui est dans la panade, qui ne comprend rien mais qui avance au fil des découvertes et du hasard. Tour à tour, passionné et triste, motivé et désabusé, violent et harassé, Michel Vaillant vit toutes les émotions entre fébrilité et désillusion.
Sous le prétexte d'une enquête pour le FBI qui nous sera expliqué en long et en large tout à la fin ( et qui n'a aucun intérêt) Voici notre héros dans un périple ou il n'est qu'un pantin, ou le déroulé se construit à son détriment, ou l'affaire est beaucoup trop grave pour ses petites épaules. Lui qui est si loin des circuits. Et les ressorts qui ne sont que trop rarement du fait du héros offrent une lecture jouissive, épidermique.
Ce sont les valeurs d'amitiés, de noblesse et de justice qui permettent un final heureux. Un Yves Douleac qui rejoint Michel par amitié malgré son interdiction à venir et qui sauve le héros, une serveuse qui s'accroche à son rêve de marin qui le sauverait qui permet à coffrer les méchants pas beaux, une fille et son père qui par justice sauvent de la noyade un inconnu. Tout fait corps dans l'univers de cette série.
Mais il y a autre chose qui donne à cet album un goût de chef d'œuvre: L'ambiance. Edgar P Jacobs avait offert une marque jaune dans un Londres de brumes et de nuit. Jean Graton est un orfèvre également dans une ville portuaire fait de boues, de nuits et de noirceurs. Et Graton use de ses cadrages avec maestria, abuse des lumières de la ville offrant la désillusion et la peur, et le temps de pluie et de boue qui petit à petit se clôturera dans un soleil matinal, juste au moment ou Steve et Michel se prennent dans les bras.
"Le retour de Steve Warson" est "La marque jaune" de Jean Graton. Et sincèrement l'un et l'autre se valent dans le chef d'œuvre absolue.
Greg connait son job, ça on peut en être sur. Le boulot est fait et bien fait. Rythmée en diable, les histoires des 3 détectives se mêlent en cadence. Greg, d'ailleurs, nomme sa série "Colby" mais ils sont bien 3 personnages à tenir l'affiche de manière équitable. C'est efficace mais convenue. C'est efficace mais conformiste. C'est rythmé mais sans suspens. L'histoire est classique et maitrisée de bout en bout. Mais il manque ce je ne sais quoi qui fait la différence. Car Greg fait 13 scénarios à la douzaine chaque année alors forcément, il manque un supplément d'âme.
Et puis il y a des ratés...Non, les asiatiques ne parlent pas uniquement par maximes ( dans les années 80 on le croyait). Oui Colby est particulièrement agaçant à tout prévoir avec suffisance la scène finale. C'est pénible les personnages féminins faire valoir. Et puis le "deus ex machina" de la journaliste honnête qui se pointe sur l'accident d'un des détectives, c'est quand même un peu too much.
Et puis il y a le magnifique Blanc Dumont. Le dessin est classique et sublime, lumineux et aérien. les scènes d'action sont magnifiques. Colby, c'est du bonheur en barre grâce au dessin d'un artiste incroyable aux perspectives folles. Blanc Dumont nous replonge fidèlement dans une Amérique des années 30. Une fidélité immersive.
Bref, une très chouette BD avec ce je ne sais quoi qui manque.
Fred écrit et dessine beaucoup moins durant cette décennie. La faute à un corps qui lui échappe et à un esprit retord qui, parfois, lui fait défaut.
Il y a dans cet avant dernier tome d'une série d'anthologie tout le meilleur et le moins bon de l'auteur.
C'est verbeux mais les dialogues sont drôles, piquants. Les bons mots pleuvent de d'humour nostalgique même si l'auteur les a déjà utilisé dans les albums précédents. ils deviennent alors comme un lightmotif qui construit aussi l'univers si foutraque et si jubilatoire. Les dialogues sont savoureux d'esprit vif mais, oui, il y en a beaucoup.
Les dessins sont boursouflés d'habitude et saturent parfois trop la case. Mais l'ambiance, grâce à cela, est folle tout le long de la lecture. On est immergé. On n'halète pas à savoir la suite (on s'en fout presque) mais on profite de l'instant présent, du climat poétique, de l'humour aigrefin.
Le scénario est un prétexte pour Fred. Parfois cela fonctionne merveilleusement comme par magie, parfois c'est juste un voyage, une errance de scénette en scénette. Dans cet opus, on oscille entre le grand n'importe quoi et la délicatesse des émotions humaines.
Fred sait doser ces effets. Du grand-guignol de cirque à la comédie dramatique, cet album est tout à la fois. Et c'est en cela que l'œuvre faussement naïve se lit aussi dans la réflexion philosophique intense. Fred maitrise la double lecture à la perfection. Ce 15ème album le prouve encore une fois.
ernier album de Philémon et dernier album tout court pour Fred. Il en a bavé le moustachu pour le finir. Lorsque, sous sa plume, est apparu sur planche la Lokoapatte, Fred a été en panne sèche pendant plusieurs années. impossible de poursuivre. Le corps et le cœur lui faisait défaut.
Et puis, il a redémarré un beau jour. Pis c'est reparti. Doucement, fébrilement, avec angoisse. Fred et la Lokoapatte....le même personnage. Il a repris la voie de l'imaginaire. Il faut dire qu'il n'en pouvait plus. C'est compliqué de trouver encore et encore de belles idées, des dialogues savoureux, des contre pieds d'histoire et de la poésie. C'est difficile de dégager d'une page blanche, une ambiance lunaire, des dessins bouffis de superbes et de naïveté, de l'inventivité à raconter l'histoire par toute une planche flanquée de cases. C'est dur de faire croire que tout est simple aux lecteurs alors que cela ne l'est pas.
La fin du chemin est donc ici et "Le train ou vont les choses" ( quel titre extraordinaire et en même temps si prophétique pour ce qui est après la vie) résonne comme une œuvre testamentaire. Et cette résonnance n'en est que plus sublime.
Il est difficile de clôturer une série phare. Beaucoup se sont plantés. Fred y réussit parfaitement bien. Pour que la Lokoapatte fonctionne et que l'univers ne périclite pas alors il faut raconter encore et encore les histoires de Fred, les relire encore et encore et alors l'univers perdurera. Alors, oui, c'est triste. Fred condamne Philémon à raconter pour l'éternité. Fred est un faux heureux. Mais c'est beau car le final donne envie de retourner au 1er tome pour le relire et puis les autres ensuite. Et ainsi Fred devient éternel.
Merci monsieur moustache. Merci pour tout.
Fred écrit et dessine beaucoup moins durant cette décennie. La faute à un corps qui lui échappe et à un esprit retord qui, parfois, lui fait défaut.
Il y a dans cet avant dernier tome d'une série d'anthologie tout le meilleur et le moins bon de l'auteur.
C'est verbeux mais les dialogues sont drôles, piquants. Les bons mots pleuvent de d'humour nostalgique même si l'auteur les a déjà utilisé dans les albums précédents. ils deviennent alors comme un lightmotif qui construit aussi l'univers si foutraque et si jubilatoire. Les dialogues sont savoureux d'esprit vif mais, oui, il y en a beaucoup.
Les dessins sont boursouflés d'habitude et saturent parfois trop la case. Mais l'ambiance, grâce à cela, est folle tout le long de la lecture. On est immergé. On n'halète pas à savoir la suite (on s'en fout presque) mais on profite de l'instant présent, du climat poétique, de l'humour aigrefin.
Le scénario est un prétexte pour Fred. Parfois cela fonctionne merveilleusement comme par magie, parfois c'est juste un voyage, une errance de scénette en scénette. Dans cet opus, on oscille entre le grand n'importe quoi et la délicatesse des émotions humaines.
Fred sait doser ces effets. Du grand-guignol de cirque à la comédie dramatique, cet album est tout à la fois. Et c'est en cela que l'œuvre faussement naïve se lit aussi dans la réflexion philosophique intense. Fred maitrise la double lecture à la perfection. Ce 15ème album le prouve encore une fois.
On ne peut pas faire du très bon tout le temps et la construction intuitive d'une œuvre possède ses limites.
Dans cet album, les histoires se succèdent sans véritablement de liens les uns aux autres. L'errance de Philémon est totale. Le hasard guide l'aventure et le propos. Il y a des fulgurances certes comme le Don Quichotte de l'atlantique mais il y a aussi des histoires sans saveurs ni truculence. L'enfer des épouvantails par exemple ne raconte rien de particulier, le non-sens ne raconte rien et même le non-sens doit raconter quelque chose.
L'histoire est toutefois agréable à lire. C'est drôle, relevée parfois et parfois tristounette de tranquillité. Il y a parfois de belles planches qui ravissent les yeux et les sens et puis d'autres qui ne font que raconter l'histoire joliment. Jusqu'au final qui réjouira les aficionados de Philémon tel que je le suis.
Bref, le moment de lecture est agréable. La série Philémon ne peut pas être une continuité de chef d'œuvre. Il y a des hauts et des bas comme dans le monde de l'océan atlantique.
L'art fre(u)dien dans une œuvre, chef d'œuvre.
Le corbac aux baskets est une réponse drôle et boursouflée de non-sens merveilleux à la dépression que vivait l'auteur. Et quel pied de nez! Quel pied tout court!
Des dialogues savoureux à la foultitude de personnages absurdes mais tellement logiques dans l'univers du corbac. Des histoires dans l'histoire toutes plus surprenantes et exquises de non sens. Tout est d'une drôlerie funeste. Tout est d'une tristesse hilarante. Là encore Fred sait si bien faire raconter par la drôlerie que l'on croit naïve, la bêtise de la guerre et de ceux qui la font, l'ennuie de la bourgeoisie boursouflée dans ses traditions, La prétention des psychologues qui ne sont que des enfants roi à la Dolto, le rapport de force psychologique du chefaillon en entreprise. Et cette drôlerie naïve fait passer crème les nombreuses satires de l'œuvre.
Car de tous ses personnages drolatiques, pétries de conformisme ridicule, il y en a un qui vit un calvaire, une angoisse latente jusqu'au final horrifique : Le corbac aux baskets. Lui vit l'enfer de la dépression la plus totale car il est le seul à être lucide et sensé dans ce monde en absurdie. Alors il traine ses baskets de cases magnifiques en cases splendides, de planches superbes en planches toujours innovantes (mais un peu moins que d'accoutumée). Il les traine dans un spleen nonchalant, une résignation de la bêtise. Il est une victime avant tout. jusqu'à l'horreur du final.
Le Corbac aux baskets est certainement le personnage le plus triste, au destin le plus horrifique que j'ai pu croiser dans mes lectures. Je crois que Fred est le corbac aux baskets, que Fred a construit le destin du corbac pour raconter son histoire, l'histoire de sa dépression.
Sa seconde œuvre majeure. avec "le petit cirque". Une œuvre majeure tout court.
Fred, ce conteur merveilleux, cet artiste incroyable est en difficulté durant cet année-là. Les aventures de Philémon se délite et les parutions de ses aventures s'espacent en plusieurs années. Durant cette période, Fred, toutefois construira des histoires. 3 pour être précis: Le corbac, le conteur électrique et la dernière image. Un quatrième opus intégrera ce quatuor dont le titre commence par "L'histoire de". bien que le Magic palace ( c'est lui) soit publié 10 ans avant.
"La dernière image" est publié en 99. Ce sera l'avant dernier album de Fred qui publiera son dernier (qui est le dernier Philémon) en 2013. Car Fred a le corps et l'esprit qui ne va pas bien. De cet esprit qui est entré en dépression, Fred en tirera "le corbac aux baskets" qui est proche de la perfection Fre(u)dienne.
Mais "L'histoire de la dernière image" est une grande déception de lecture. De la construction intuitive sur ses œuvres, l'auteur en tire le meilleur comme le médiocre. Fred laisse ses personnages le porter là ou ils veulent aller et la narration se construit ainsi, sans véritable ossature. "La dernière image" est d'abord une promesse non tenue: Une boutique ou l'on vend la dernière image que l'on perçoit avant de mourir (enjoy!) et le traiter sous une gaudriole bouchère et en à peine 2 planches (déception). Débuter l'œuvre avec une telle intensité dramatique ( superbe) et la poursuivre dans l'errance des idées les plus abscons et déjà vu et revue dans l'univers de Fred pour la clôturer comme un rêve (pffff).
D'ailleurs le dessin toujours superbe n'a aucune prétention narrative. La planche est classique. les cases ne servent à rien d'autres qu'à construire l'histoire et l'histoire part à volo. Et d'ailleurs la conclusion de l'album est comme un aveu d'échec. Fred n'a pas réussi à laisser aller son génie sur une idée de départ absolument géniale: Vendre la dernière image que l'on voit avant de mourir. Peut être que Fred a eu trop peur de s'approcher de l'inéluctable car, Oui, Fred n'allait pas du tout bien en 1999.
Les derniers albums de la série Philémon sont tous magnifiques de narration inspirées et poétiques.
Ici, c'est autour de la dernière feuille d'automne qui demeure sur l'arbre pour raconter aux autres futures feuilles du futur printemps que se construit une histoire ou plutôt une double histoire qui s'imbriquent l'une à l'autre malgré une temporalité différente.
Et le plaisir de lire est toujours là, authentique et jubilatoire. Car l'histoire est racontée autant en visuel que dans sa narration. Et Fred réinvente la planche de BD, le regard du lecteur qui ouvre son panorama sur toute la planche pour comprendre la narration que raconte l'auteur. Fred innove toujours un peu plus alors que le synopsis de base est d'une poésie absolue, d'une beauté véritable.
Et cette réinvention ( déjà en cours durant les derniers albums mais là qui est d'une maitrise telle que cela intègre en harmonique totale le déroulement) permet à cette poésie d'exploser dans toutes les cases qui rebondissent les unes aux autres.
Le dessin de Fred est également dans une saturation d'ombres et de lumières d'une totale maitrise. Fred est à son firmament durant cette période. Car sa poésie fulmine avec ses dessins, sa construction visuelle, ses couleurs superbes et ses déroulements toujours surprenante empreint d'une nostalgie magique.
Du grand art
Les derniers albums de la série Philémon sont tous magnifiques de narration inspirées et poétiques.
Ici, c'est autour de la dernière feuille d'automne qui demeure sur l'arbre pour raconter aux autres futures feuilles du futur printemps que se construit une histoire ou plutôt une double histoire qui s'imbriquent l'une à l'autre malgré une temporalité différente.
Et le plaisir de lire est toujours là, authentique et jubilatoire. Car l'histoire est racontée autant en visuel que dans sa narration. Et Fred réinvente la planche de BD, le regard du lecteur qui ouvre son panorama sur toute la planche pour comprendre la narration que raconte l'auteur. Fred innove toujours un peu plus alors que le synopsis de base est d'une poésie absolue, d'une beauté véritable.
Et cette réinvention ( déjà en cours durant les derniers albums mais là qui est d'une maitrise telle que cela intègre en harmonique totale le déroulement) permet à cette poésie d'exploser dans toutes les cases qui rebondissent les unes aux autres.
Le dessin de Fred est également dans une saturation d'ombres et de lumières d'une totale maitrise. Fred est à son firmament durant cette période. Car sa poésie fulmine avec ses dessins, sa construction visuelle, ses couleurs superbes et ses déroulements toujours surprenante empreint d'une nostalgie magique.
Du grand art
Guy Delisle aux crayons! Cela fait causer et cela donne envie. Auteur certes majeur de notre 9ème art et génie de la narration (ces albums sont justes topissimes), il se sert de la structure narrative en BD pour construire des histoires et il le fait incroyablement. Mais il n'est pas à mes yeux un dessinateur, un illustrateur. Ici, il fait le job. Son visuel est en adéquation totale avec l'univers Donjon mais sans habileté particulière. Il ne se moque pas de nous et il est fidèle aux lecteurs de "Donjon". Et il a du bien s'amuser à faire cet album.
Question scénario, c'est la boulimie! Tant de choses et tant de situations!
Alors il y a de vrais réussites. Les personnages tout d'abord sont toujours aussi bien brossés. La maitresse d'école tout particulièrement. La drôlerie administrative également. Et Delisle, il est vrai, donne du panache à tout cela. Andrée, le personnage principal est une petite bonhomme de femme qui est tellement attachante. Suivre son histoire est un vrai plaisir en soi.
Alors, il y a de l'indigeste comme ce final qui conclut tout en deux planches comme si les auteurs avaient 4 heures pour rendre une copie et n'ont plus vu l'heure passé. Curieux et frustrant. Comme ce voyage dans le temps qui nous donne l'espoir à découvrir des nouveautés dans notre donjon préféré. Et beh non. Rien. Que dalle. Parce que toujours, ça va trop vite dès qu'apparait le coffre des esprits. 20 ans dans un claquement de doigts. Par contre le début de l'album (Nécroville) est un réussite totale d'intensité dramatique, de tendresse, de liens entre personnages jusqu'à une description sociologique formidable de la ville.
Joan et Lewis vous aviez un train à prendre, c'est ça?
Le final est au diapason des deux premiers tomes: classique, fonctionnel, mise en scène et de cadrage formalistes avec, tout de même, une pointe de nervosité et d'émotions. Revoir Tiwa fut réjouissant et construire le final autour des retrouvailles entre Terr et elle, une vrai bonne idée même si le ressort est conventionnel.
Question dessin, c'est tout pareil: classique, fonctionnel avec de la nervosité et de l'émotion. Les décors privilégient les grands espaces et le vide mais la structure narrative est parfaitement orchestrée par Hawthorne.
Bref L'adaptation au roman est parfaitement maitrisé et Morvan ajoute à l'intrigue encore plus de pertinence et de personnalités aux personnages ( le roman en manquant cruellement). Il y a aussi de vrais moment du roman qui sont admirablement mise en avant tel que la loi de l'ohm (en série continue).
Il manque toutefois de la complexité dans le personnage de Terr. Il est comme un monolithe, chef absolu, qui se pose, certes, des questions existentielles mais y répond avec une telle dextérité! Il manquerait peut être un tome supplémentaire pour y construire d'avantage de densité, d'émotions et d'exaltations dans la lecture.
L'œuvre n'est pas un chef d'œuvre mais il fait le job d'une adaptation parfaitement maitrisée et réussie avec un supplément d'âme. Le final, par exemple, est fort plaisant. Il ressemble à la fin de Niourk (de la même série) et le nom trouvé de la planète résonne comme un final sur l'ensemble de l'histoire. On ferme l'album entre nos mains, le sourire en coin.
Comment Fred, avec des pitch tout pourris, ( ici, un capitaliste cherche des monstres pour faire fortune) peut réussir des albums d'une si grand richesse visuelle et poétique?
Comment les émotions véhiculent entre le lecteur et ce monde merveilleux des lettres de l'océan atlantique avec autant de grâce ?
Par sa plume et sa narration pourtant improvisée ( on le sait par ses divers interviews) se dégage tant de plénitude. Il y a toujours l'errance en toile de fond. Il y a toujours la nostalgie et cette sensation de ne jamais être vraiment heureux. On retrouve l'enfant Mano Mano mais ces retrouvailles n'en sont pas vraiment et sont remplies d'une immense nostalgie triste.
Fred prend le contre pieds d'absolument tout. Et la lecture, on le sait, sera toujours onirique. Mais, Fred assume sa plume poétique même visuelle. Et ce sont des planches superbes qui nous en mets plein les mirettes !!! Pourtant les dessins sont simples mais d'une telle maitrise dans le découpage et la narration visuelle. Et puis il y a les couleurs de Fred. Toujours simple et toujours efficaces dans toujours une narration visuelle qui, toujours, nous surprend et sert admirablement le propos.
Et puis il y a les personnages. Pas ceux des humains qui sont tous connus depuis déjà 11 albums. Mais ceux des "monstres": philosophes et oniriques, généreux et fatalistes. Tous racontent quelques choses de simplement beaux et tous prennent de la place majestueusement dans les cases ou ils oblitèrent tout avec ravissement et dans les textes ou ils sont les seuls être juste.
Fred aime ces beaux "monstres" et nous les aimons tout autant.
Comment Fred, avec des pitch tout pourris, ( ici, un capitaliste cherche des monstres pour faire fortune) peut réussir des albums d'une si grand richesse visuelle et poétique?
Comment les émotions véhiculent entre le lecteur et ce monde merveilleux des lettres de l'océan atlantique avec autant de grâce ?
Par sa plume et sa narration pourtant improvisée ( on le sait par ses divers interviews) se dégage tant de plénitude. Il y a toujours l'errance en toile de fond. Il y a toujours la nostalgie et cette sensation de ne jamais être vraiment heureux. On retrouve l'enfant Mano Mano mais ces retrouvailles n'en sont pas vraiment et sont remplies d'une immense nostalgie triste.
Fred prend le contre pieds d'absolument tout. Et la lecture, on le sait, sera toujours onirique. Mais, Fred assume sa plume poétique même visuelle. Et ce sont des planches superbes qui nous en mets plein les mirettes !!! Pourtant les dessins sont simples mais d'une telle maitrise dans le découpage et la narration visuelle. Et puis il y a les couleurs de Fred. Toujours simple et toujours efficaces dans toujours une narration visuelle qui, toujours, nous surprend et sert admirablement le propos.
Et puis il y a les personnages. Pas ceux des humains qui sont tous connus depuis déjà 11 albums. Mais ceux des "monstres": philosophes et oniriques, généreux et fatalistes. Tous racontent quelques choses de simplement beaux et tous prennent de la place majestueusement dans les cases ou ils oblitèrent tout avec ravissement et dans les textes ou ils sont les seuls être juste.
Fred aime ces beaux "monstres" et nous les aimons tout autant.
Philémon perd la mémoire et le monde des lettres de l'océan atlantique est en péril. On a les pitch que l'on peut tant Fred écrit et dessine cette série pour paraitre dans l'hebdomadaire "Pilote" et ce depuis plusieurs années déjà.
Fred ensuite improvise et il est inspiré en diable !!!!D'abord la guerre des éléphants qui permettent aux personnages d'atteindre le monde merveilleux. Puis le temps qui n'est plus ce qu'il l'est. Pour ensuite un retour à mai 68, la guerre des bonhommes de neige, les rêves d'un ivrogne...Et le périple jusqu'à la mémémoire qui est une conclusion détonante.
Tout rebondi à volo, la poésie est partout ( dans les images comme dans le texte). Fred est généreux, volubile. Il maitrise à merveille une errance poétique, surannée, nostalgique et bougrement vivifiante.
Désormais les opus sont dans toute dans une lignée féconde et toujours étonnant. Fred est en maitrise parfaite de son art visuel et poétique...
Philémon perd la mémoire et le monde des lettres de l'océan atlantique est en péril. On a les pitch que l'on peut tant Fred écrit et dessine cette série pour paraitre dans l'hebdomadaire "Pilote" et ce depuis plusieurs années déjà.
Fred ensuite improvise et il est inspiré en diable !!!!D'abord la guerre des éléphants qui permettent aux personnages d'atteindre le monde merveilleux. Puis le temps qui n'est plus ce qu'il l'est. Pour ensuite un retour à mai 68, la guerre des bonhommes de neige, les rêves d'un ivrogne...Et le périple jusqu'à la mémémoire qui est une conclusion détonante.
Tout rebondi à volo, la poésie est partout ( dans les images comme dans le texte). Fred est généreux, volubile. Il maitrise à merveille une errance poétique, surannée, nostalgique et bougrement vivifiant.
Désormais les opus sont dans toute dans une lignée féconde et toujours étonnant. Fred est en maitrise parfaite de son art visuel et poétique...
Cosey est un grand auteur pour les petites histoires. Ces histoires qui ne révolutionnent pas les vies, qui ne sont pas des charnières d'existence mais juste des moments de respirations, de tranquillité et d'apaisement. Ici, Cosey construit un dialogue téléphonique entre un vétéran du Viêt-Nam pas particulièrement traumatisé et une jeune fille qui n'a pas particulièrement 11 ans. Deux personnages qui n'ont rien à se dire mais qui vont le faire tout de même.
Le dialogue d'une nocturne saint sylvestre enneigée ou rien ne se passe et un reportage télé qui sert de prétexte à un merveilleux carnet de voyage graphique. Cosey aime les voyages immobiles, les grands espaces qui ne racontent que la beauté du paysage, des visages et des brèves de vie attrapées en vol par son crayon magique.
Ici, rien n'est en mouvement. Seule la conversation téléphonique construit l'action, le déroulement narratif et, pourtant, rien n'est raconté vraiment. L'œuvre est un petit bijoux de poésie humaine ou la mélodie des mots simples échangés sont en harmonie avec les grands espaces montagnardes et asiatiques. Il y a aussi le blanc Cosey, superbe.
Le final de l'album est absolument parfait. Il y a un chien de Tchekhov et un rendez-vous qui a eut lieu malgré tout. Cosey raconte par petites touches de sublime et de sincérité. Et puis construire out un album sur la présence d'un seul personnage, ce n'est pas rien. Le partie-prie narratif, en plus d'être rare voir exceptionnel, est maitrisé de bout en bout car Cosey assume son choix et, en grand conteur, en tire le meilleur.
Voila une œuvre de jeunesse d'un futur maître du 9ème art. Une curiosité grandiose, une anomalie superbe. Je m'explique...
Car le graphisme est incroyable. L'auteur rend hommage aux sérigraphie des éditions illustrés de la folle époque des années folles ou l'aventure fantastique était partout. Jules Vernes certes, mais Jean de la Hire aussi, Jean Ray également et tant d'autres. Les illustrés foisonnaient dans les journaux tellement nombreux. Et Tardi est un génie du dessin, de sa mise en scène en cadrage qui donne des perspectives de grandeurs et de décors autant terrifiant que grandiose. il est déjà un maitre du noir et du blanc. Cette ambiance de neige qui oblitère tout et ces drapages de noir sont absolument suffocant de beauté. Et puis il y a les corps morphologiquement parfait, aux visages d'une précision émotionnelle absolu. Question graphisme l'œuvre est un chef d'œuvre.
Car il y a le scénario pauvre. En chapitrale de 4 à 6 pages, Tardi s'amuse certes à reproduire les aventures à épisodes qui se trouvaient tellement nombreux, dans les journaux, d'aventures de héros désormais oubliés: Le nyctalope en tête. Les rebondissements clôturaient toujours l'épisode avec soubresaut et une multitude de question qui se devait d'appâter le lecteur. Ici, c'est drôle en diable quant on saisit l'hommage. Mais est-ce que cela peut construire un album? Hélas non. La multiplicité de "deus ex machina" et de rebondissement aux forceps ne font pas une bonne histoire pour un album. On y croit donc pas et on s'amuse seulement à en prenant plein les mirettes.
Mais le plaisir est entier lorsque l'on sait les codes des feuilletons littéraires des années 20. Codes qui passeront l'atlantique pour devenir les pulps américains et ces héros fantastiques de feuilleton qui traverseront aussi l'océan pour devenir....des super héros.
Clairement la période est prolixe en une multitude d'histoires que doit envoyer l'auteur au journal Pilote. ça n'arrête pas et forcément la qualité s'en ressent.
Evidemment qu'il y a malgré tout des bons moments dans ce nouvel opus. Quelques scènes qui donnent du plaisir dans la découverte du bateau ivrogne et de son capitaine Imbo. Il y a aussi de beaux visuels comme les attaques lanières des colonnes gardes.
Evidemment il y aussi un travail plus soutenu de lettrages qui offre l'image véritable des émotions. Fred va s'en faire un style propre que j'aime tout particulièrement.
Mais sinon,
Clairement il n'y a aucune cohésion dans l'histoire. Les hommes meurent dans l'indifférence totale du lecteur et qui n'ont aucun sens dans le déroulement. Déroulement maigre. Philémon est séparé et condamné parce qu'il rigole dans l'indifférence de son âne. Et les explications sociales de l'île sont sans intérêt. D'ailleurs rien ne se crée, rien ne se transforme et tout se perd. Cette histoire est une histoire banale d'errance dans une société sans intérêt.
Je sais que Fred, à l'époque, n'écrivait plus de scénario. Il laissait vivre ses personnages au travers de lui et de ses dessins. Cela donne parfois de superbes opus d'écriture intuitive et parfois aussi de tristounettes séquences. C'est le cas ici.
Quand aux dessins, l'auteur agrandit ses cases ( c'est bien) pour du remplissage de planches ( c'est moins bien).
Bref cet album se résume à son titre. Un simple jeux de mots comme idée de départ à une histoire, c'est maigre.
C'est en tout cas l'impression qu'on a au fil de lecture.
Clairement la période est prolixe en une multitude d'histoires que doit envoyer l'auteur au journal Pilote. ça n'arrête pas et forcément la qualité s'en ressent.
Evidemment qu'il y a malgré tout des bons moments dans ce nouvel opus. Quelques scènes qui donnent du plaisir dans la découverte du bateau ivrogne et de son capitaine Imbo. Il y a aussi de beaux visuels comme les attaques lanières des colonnes gardes.
Evidemment il y aussi un travail plus soutenu de lettrages qui offre l'image véritable des émotions. Fred va s'en faire un style propre que j'aime tout particulièrement.
Mais sinon,
Clairement il n'y a aucune cohésion dans l'histoire. Les hommes meurent dans l'indifférence totale du lecteur et qui n'ont aucun sens dans le déroulement. Déroulement maigre. Philémon est séparé et condamné parce qu'il rigole dans l'indifférence de son âne. Et les explications sociales de l'île sont sans intérêt. D'ailleurs rien ne se crée, rien ne se transforme et tout se perd. Cette histoire est une histoire banale d'errance dans une société sans intérêt.
Je sais que Fred, à l'époque, n'écrivait plus de scénario. Il laissait vivre ses personnages au travers de lui et de ses dessins. Cela donne parfois de superbes opus d'écriture intuitive et parfois aussi de tristounettes séquences. C'est le cas ici.
Quand aux dessins, l'auteur agrandit ses cases ( c'est bien) pour du remplissage de planches ( c'est moins bien).
Bref cet album se résume à son titre. Un simple jeux de mots comme idée de départ à une histoire, c'est maigre.
C'est en tout cas l'impression qu'on a au fil de lecture.
Scène biblique de l'arche de Noé vu par Fred. L'arche mouvante est une ile fixe. Le bois du bateau est un palace. Et la colombe est un animal tout moche qui avale la crue par ses extrémités.
Ici est le monde des lettres de l'océan atlantique, merveilleux et poétique. L'auteur s'amuse à coller, à sortir du cadre et construire de beaux dialogues qui racontent de belles choses souvent drôles, souvent absurdes et diablement rafraîchissantes.
Ici, la réinvention de ce déluge biblique est farfelue à souhait mais aussi profondément humaniste. Ici tout les peuples des iles-lettres sont saufs. Personne ne meurt contrairement au génocide du cataclysme divin car Fred est un profond humaniste. D'ailleurs Philémon sauve le personnage de la mort dans les dédales d'un arc en ciel. Et il n'est clairement pas un mauvais bougre. Peut être trop chef d'entreprise arriviste. Et la comparaison certes peu pertinente n'en demeure pas moins drôle de jeux de mots.
Fred n'est pas un méchant ici. Il raconte juste de belles histoires. Cet opus en est un. Réjouissant.
Il faut bien le dire. Fred enchaine les histoires de Philémon durant ces années 70 de manière stakhanoviste. 2 histoires par an publié dans pilote, forcément cela donne de la perte de qualité. Cet album le prouve.
Certes c'est toujours détonnant mais c'est confortable. Les péripéties se ressemblent, les moments de changement également.
Là encore, il y a de vrais bonnes idées Félicien est kidnappé mais son sauvetage est traité avec une pichenette. Le Manu-Manu est un ressort scénaristique mais il est abandonné en pleine histoire. Le Bonimenteur est drôle mais je ne comprends pas ses motivations. On ne rit pas mais on rit quand même.
Cet album a pour toile de fond le conformisme et il est confortable. Sa lecture a le rythme de (presque) tous les opus précédents. De ceux qui manquent de cohésion.
Question dessin Fred est en maturité. Il recommence un travail de collage ( et perso j'adore car cela offre une ambiance unique).
Alors, oui, je mets en cause ce manque de fraicheur par la quantité astronomique de planches que doient livrer cet auteur de génie à Pilote pour payer son loyer. Et je relis Simbabbad.
Revenons dans le passé. Durant la période Hara-Kiri, Fred écrit "Le petit cirque", son chef d'œuvre en même temps qu'il crée la race des "Manu-Manu" en de courtes scènes de deux pages, tout pareil que le petit cirque, mais en moins bien. Il y aura également une étude sociale de l'animal. Le tout sera publié en un seul album bien des années plus tard et je ne vous le conseille pas.
Fred reprend son animal fétiche pour l'intégrer à l'univers de lettres de l'océan atlantique tout en l'habillant littéralement du monde du guignol lyonnais. L'île des brigadiers est grâce à cela bourré de riches idées savoureuses. Le plaisir de découvrir cette île est succulent. Certes l'auteur aurait pu oser d'avantage, aller plus loin dans l'absurde ( il est à mon goût trop timoré dans son plaisir à déconstruire les codes du genre marionnette) mais le fonctionnement sociétal ubuesque reste génial de trouvaille.
Côté dessin, Fred continue à s'amuser dans le cadrage et les décors qui font le lien entre plusieurs cases. Le passage du bateau immobile naviguant sur des décors en mouvement lui permet d'aller un peu plus encore dans un travail novateur pour l'époque (nous sommes en 1975). Rien de transcendant si l'on compare ce tome au précédent mais suffisant pour prendre un plaisir visuel sur toute une planche.
A noter toutefois que cette aventure est la première à ne pas posséder une aventure plus courte dans son édition. Désormais, Fred tient ses 46 planches.
Scène biblique de l'arche de Noé vu par Fred. L'arche mouvante est une ile fixe. Le bois du bateau est un palace. Et la colombe est un animal tout moche qui avale la crue par ses extrémités.
Ici est le monde des lettres de l'océan atlantique, merveilleux et poétique. L'auteur s'amuse à coller, à sortir du cadre et construire de beaux dialogues qui racontent de belles choses souvent drôles, souvent absurdes et diablement rafraîchissantes.
Ici, la réinvention de ce déluge biblique est farfelue à souhait mais aussi profondément humaniste. Ici tout les peuples des iles-lettres sont saufs. Personne ne meurt contrairement au génocide du cataclysme divin car Fred est un profond humaniste. D'ailleurs Philémon sauve le personnage de la mort dans les dédales d'un arc en ciel. Et il n'est clairement pas un mauvais bougre. Peut être trop chef d'entreprise arriviste. Et la comparaison certes peu pertinente n'en demeure pas moins drôle de jeux de mots.
Fred n'est pas un méchant ici. Il raconte juste de belles histoires. Cet opus en est un. Réjouissant.
Il faut bien le dire. Fred enchaine les histoires de Philémon durant ces années 70 de manière stakhanoviste. 2 histoires par an publié dans pilote, forcément cela donne de la perte de qualité. Cet album le prouve.
Certes c'est toujours détonnant mais c'est confortable. Les péripéties se ressemblent, les moments de changement également.
Là encore, il y a de vrais bonnes idées Félicien est kidnappé mais son sauvetage est traité avec une pichenette. Le Manu-Manu est un ressort scénaristique mais il est abandonné en pleine histoire. Le Bonimenteur est drôle mais je ne comprends pas ses motivations. On ne rit pas mais on rit quand même.
Cet album a pour toile de fond le conformisme et il est confortable. Sa lecture a le rythme de (presque) tous les opus précédents. De ceux qui manquent de cohésion.
Question dessin Fred est en maturité. Il recommence un travail de collage ( et perso j'adore car cela offre une ambiance unique).
Alors, oui, je mets en cause ce manque de fraicheur par la quantité astronomique de planches que doient livrer cet auteur de génie à Pilote pour payer son loyer. Et je relis Simbabbad.
Voila on y est.
Fred sort des sentiers battus, la narration est visuelle avant tout. L'auteur nous offre une multiplicité de jeu dans le dessin et le cadrage. Le gaufrier a explosé. Les cases se font échos les uns aux autres racontant, par l'ensemble de la planche, autre chose. Fred est sorti des cases ( il y était trop étriqué) pour narrer visuellement au travers de la planche entière. Et le bonheur est total pour le lecteur. D'ailleurs, l'une des planches ( celle ou Philémon erre sur Simbabbad) est parfois étudiée en cours de 9ème art. Fred en était fier de cette planche ( il avait raison) et il l'avait conserver dans sa bibliothèque.
Du côté de l'histoire, là encore, Fred se lâche. Ce ne sont plus des scénettes collées les unes aux autres, formant un tout parfois malhabiles entre elles que Fred nous propose mais bel et bien une échappée poétique qui rencontre la philosophie, l'absolu tout dans le rien infini. L'auteur ose aller ou personne en 74 n'avait été: l'absurde qui résonne et qui donne du sens à l'iconoclaste.
Ici, le monde des lettres de l'océan atlantique est décortiqué. L'océan est un tapis; le monde, un chien; l'eau de la mer, de la bave; le ciel, des ronds de fumée. Et l'univers n'est plus simplement poétique. Il va bien au delà de la perception.
"Simbabbad de Batbad" parle certes toujours d'errance mais il en parle avec gravité, avec une pointe de suspens surannée.. La lecture de Philémon est adulte malgré tous les enfantillages qui n'en sont pas tant que ça.
A noter enfin que la seconde histoire de l'histoire se joue totalement des codes du 9ème art. Une histoire de guimauve qui assume être dans l'univers codifié d'une bande dessinée et qui cassent tous ces codes pour construire l'enjeu, le mouvement et le rythme même de l'histoire. Et c'est absolument réjouissant!!!
Dans les œuvres de jeunesse de Fred, période ou Fred certes maitrise les codes du 9ème art sans encore les sublimer, celle-ci est certainement ma préférée (A l'exception du "petit cirque" qui, selon moi, est son chef d'œuvre).
Car, déjà, il y a ce ressenti que Fred sait enfin construire une histoire qui possède un corps entier. Car, oui, les précédents opus sont comme des scénettes (très réussis) qui se collent l'une à l'autre sans véritable souci de cohésion. Ici, la théâtralisation et son univers offre à cette errance océane une continuité harmonique dans les affres poétiques et surprenant de l'auteur. La poésie est folle. la comédie humaine, inquiétante et les bons mots multiples.
Car, ici aussi, le dessin offre véritablement une homogénéité admirable entre les émotions des personnages secondaires qui sont une multitude dans cet univers ou la surprise fait loi bien qu'il y ait des échos nombreux avec notre société. Et Fred construit des pages superbes ou le cadrage raconte merveilleusement ce que l'on lit. Et puis il y a enfin ces autres cases qui se partagent les décors marins, ou Fred retourne au collage d'illustration d'époque, ou un mouvement en plusieurs cases sont décorés du rideau pourpre de théâtre. Fred, enfin fait du Fred. C'est encore timoré mais c'est un ravissement.
Et puis il y a les personnages haut en couleur. Cet incrédule, donc, qui décide de ne rien voir jusqu'à trouver les escaliers dans l'eau et considère cela comme logique, SA logique. Philémon, qui est un peu le Tintin de Fred, par qui l'aventure saugrenue se passe sans qu'il n'en décide rien. Et les acteurs marins, les critiques pirates et insulaires...Et bien sur, ce troupeau de souffleur.
Cette œuvre est, après plusieurs tomes de cette série, le premier album digne successeur du "Petit cirque" . Certes, Il y a encore trop de classicisme par certain côté et encore quelques liaisons maladroites. Mais le plaisir de lire est tout de même total.
Fred construit deux albums publiés en 1973 ( le tome 3 et tome 4 de la série). C'est une période ou l'auteur est prolixe et l'on peut considérer que ce tome est la suite du précèdent même si c'est bien deux histoires bien distinctes.
Oui, c'est deux histoires se ressemblent. Les ressorts, toujours détonantes, se multiplient sur cette nouvelle errance dans ce monde, certes poétique mais aussi violent, de notre jeune héros. Il y a des moments, des lieux qui ravissent l'imaginaire (Une baleine-métro, un chemin lumineux d'un hibou-phare, un château suspendu par une corde) mais, la lecture demeure confortable, sans vraiment de surprise. Fred est un merveilleux poète mais Fred, dans ce tome, n'est encore pas révolutionnaire. Il va bientôt l'être.
En terme de dessin et de narration visuelle, là encore, Fred demeure dans un certain classicisme. Même si, enfin, il se permet d'agrandir ses cases pour se permettre de plus beaux décors, de plus belles ambiances (pour notre plus grand plaisir). Mais, dans ce tome, on peut remarquer que Fred déploie un plaisir sincère à travailler ses lettrages. C'est encore frémissant.
Mais Fred commence à se déployer dans sa chrysalide pour devenir, au fil des tomes, un artiste de génie.