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Difficile de noter cet album. En effet, les avis précédents , tous très positifs, peuvent être justifiés pour le scénario, l'hommage ou la nostalgie. Soit. Mais le dessin ? Quel dessin ? Des visages peu réussis plaqués sur des photos. Cette escroquerie picturale parvient parfois à rendre de vraies ambiances mais ça n'empêche pas qu'elle doit être dénoncée ou avouée.
D'autres albums font l'objet de la même dérive , exemple parmi d'autres la reprise de Bruce J Hawker. Le roman-photo supplantera t'il la bande dessinée ?
Attention, pépite ! Grand fan de la série Comanche, j'ai été surpris et ravi d'apprendre la sortie de l'album Revoir Comanche. Ce livre est une merveille et je n'ai pas pu le lâcher avant d'en avoir terminé la lecture. Ceux qui n'ont pas lu la série initiale, auront peut-être un peu de mal avec les références liées à celle-ci mais l'histoire est belle et émouvante. On voit que Romain Renard s'est bien imprégné des aventures de Comanche et en a bien saisi l'esprit et la personnalité des héros. Les éléments importants sont à un moment ou à un autre évoqués dans Revoir Comanche. Ce road-movie crépusculaire comme le graphisme ne pourra que vous enchanter. Revoir Comanche est ndispensable dans toute bonne bédéthèque
« Revoir Comanche » est une sorte de sequel à la série « Comanche ». J’en avais lu il y a longtemps quelques titres qui, je l’avoue, ne m’ont laissé aucun souvenir. J’ai donc découvert Revoir Comanche comme un one-shot, indépendant de l’œuvre de Hermann et Greg, et ça marche sans aucun problème. C’est la première grande qualité de l’album.
La deuxième, qui saute littéralement aux yeux, est l’ambiance crépusculaire qui règne du début à la fin. Romain Renard use d’un graphisme troublant de réalisme pour dépeindre l'Amérique profonde de 1930. Son noir et blanc sensuel, délicat, comme cette lumière qui glisse sur la peau de ses personnages, sait aussi se faire puissant lorsqu’il s’agit de faire jaillir des planches une tempête de poussière, une de celles qu’a illustrée Aimé de Jongh dans son fameux « Jours de sable ». Ce dessin virtuose, qui avait déjà brillé dans le somptueux «Melvile», est en accord parfait avec une mise en scène spectaculaire et très cinématographique, de subtils jeux de regards, et des cadrages qui renforcent le côté épique et dramatique de certaines scènes.
Sur un plan technique, c’est absolument bluffant.
Le scenario n’est pas en reste.
Bien sûr, le thème du vieil ours mal léché, reclus dans sa cabane et hanté par les fantômes de son passé sanglant n’est pas nouveau. Vieux bourru embarqué sur la route, comme il se doit, par une mystérieuse jeune femme qui en sait trop sur lui pour être aussi innocente qu’elle prétend. Très beau rôle féminin, d'ailleurs.
Mais Romain Renard joue justement avec ces clichés pour mieux appuyer son propos. Car « Revoir Comanche » ne parle que de la fin d’un monde. C’est pour cela qu’il en émane une si profonde mélancolie. Son album est un hommage à une réalité révolue, celle du western, prête à s’effacer pour laisser la place aux mythes, aux légendes incertaines…
Ainsi, l’auteur salue les natifs américains, ou les damnés de La Grande Dépression, jetés sur les routes, fuyant la mort et la misère. Tous victimes et témoins de la fin d’un rêve, d’une utopie en passe de disparaitre : les prospecteurs de pétrole remplacent les chercheurs d’or, les survivants des peuples premiers croupissent dans des réserves, les pionniers ne sont plus que des personnages de film (belle séquence sur « La piste des géants » de Raoul Walsh) et les us et coutumes du Far West deviennent des attractions de musée. Romain Renard nous montre cette rupture à sa façon, tout au long d’un récit intimiste au rythme volontairement lent, qui permet aux acteurs de vivre leur histoire, leurs silences et leurs secrets, le temps d’un road trip majestueux et nostalgique.
Les bédéphiles trouveront à Red Dust des airs d’Hermann, le vrai, le sanglier des Ardennes, co-créateur de Comanche, géant lui aussi au soir de sa carrière, qui refuse de capituler et de poser les crayons, malgré une œuvre de plus en plus vacillante.
C’est dans ce passage de relais, cet héritage, cette transmission que Romain Renard met toute sa force. Et c’est magnifique.
Grand amateur de "Comanche" (je possède évidement tous les albums de la période Hermann-Greg , ainsi que la version éditée par Niffle en deux volumes) j''attendais cet album avec impatience et , il faut le dire, avec une certaine appréhension. En effet le dessin de Romain Renard est à mille lieux de celui d'Hermann, mais pour ma part il était inutile de copier le dessin original pour rendre hommage au "sanglier des Ardennes". Après tout, Schuiten, avec "le dernier pharaon" n'a -t-il pas été à mes yeux un des meilleurs repreneurs de la série, avec son dessin si particulier ?
A la fois au scénario et au dessin, Romain Renard nous propose une histoire qui de déroule en 1930 avec Red Dust comme héros. Sur la route vers le ranch triple 6, nous suivons un véritable road- movie, il faut dire que l'intrigue s'étire sur près de 150 pages. Nous retrouvons notre Red Dust certes vieilli mais toujours aussi bourru et mystérieux et incisif. Par contre, j'avoue ne pas avoir été très surpris par les révélations finales, et c'est peut-être le seul bémol à apporter à ma lecture (mais je n'ai pas lâché ce bouquin jusqu'au bout) . L'auteur distille dans ce récit des éléments sur la crise de 29, sur le sort des derniers indiens, mais aussi sur ces tempêtes de sables, qu’avaient magnifiquement évoqué Aimée de Jongh avec « Jours de sable ».
C’est peut-être au niveau dessin que certains peuvent être déstabilisés. En nous proposant un dessin en noir et blanc très propre, nous sommes très loin de l’ambiance créée par Hermann. Il me semble en outre que l’auteur mélange parfois des photographies (ou images réalisées avec ordinateur) et des dessins, mais peut-être me trompe-je.
En tout cas, j’ai passé un très bon moment de lecture et cet album m’a donné envie de me replonger dans les albums inoubliables de " Comanche".