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Déçu !
Scénario en partie original et prenant, mais plein de flou sur beaucoup de points.
Dessins somptueux et … frustrants à lire. Il faut parfois déchiffrer et décrypter ce qu’il se passe, ce n’est pas toujours fluide.
Quel dommage ! Bon moment de lecture quand même, mais néanmoins décevant au vu des attentes et du ramdam fait autour de ce titre.
Second choc graphique de l’année proposé par les comics indé et raflé par les décidément efficaces éditions Hicomics après le rageux Kali, ce Dawnrunner s’annonçait comme le messie et candidat évident au statut d’album de l’année: un pitch au croisement entre deux des plus grands chefs d’œuvres SF ciné des vingt dernières années, le golden-boy du scénar comic du moment et de premiers aperçus à tomber. La filiation avec l’immense Pacific Rim coule de source, la thématique plus intello de la communication avec l’envahisseur ajoutée (l’autre immense Arrival) et tout l’imaginaire Mechas/Kaijus depuis Evangelion faisaient frétiller les amoureux d’imaginaire techno et de batailles boom-boom.
Et je dois dire que je suis sorti déçu de cette lecture pour des raisons d’autant plus frustrantes qu’elles résultent de choix créatifs totalement volontaires. Au premier chef ces trames assez denses posées sur les somptueux dessins d’Evan Cagle et qui affadissent tout en rendant encore moins lisibles des affrontements mis en scène de façon compliquée.
Comprenons nous bien: le travail artistique de Cagle est phénoménal, sa maîtrise technique sans défaut apparent et l’implication totale. Pourtant les auteurs optent pour un découpage qui alterne le hors-champ et les très gros plans en évitant soigneusement la lisibilité des combats. Le design des Kaijus et des méchas prête également à discussion: si l’on comprend la volonté d’évolution de créatures primitives vers des blob organiques pour les besoins du scénario, le cœur du plaisir de lecture en devient frustrant en nous faisant échapper aux belles bastons que James Harren n’oubliait pas dans son superbe Ultraméga.
En refusant pratiquement de répondre aux questions que se posent les lecteurs, Ram V et son compère choisissent le contre-pied en se concentrant sur la dimension philosophique de l’âme et de la vie après la mort, lorsque leur championne pénètre dans l’univers mental d’un ancien soldat disparu depuis longtemps. Tout accaparés à développer ce sous-drame passé ils ne font que survoler une autre dimension pourtant mise en avant dans la première partie, la transformation de cette résistance humaine en l’ultime arène de gladiateurs, extrapolation de la société américaine du spectacle permanent. L’itinéraire mental de l’héroïne et de son alter-ego progresse peu jusqu’au sursaut final qui redonne un coup de punch sans lendemain, comme si les auteurs tétanisés par leur envie n’avaient su comment conclure en un unique tome. Les pistes ouvertes étaient pourtant multiples et l’attente des fans de Kaijus immense, faisant de ce Dawnrunner le reboot officieux du film de Guillermo del Toro.
L’intrigue étant beaucoup portée par les images sans grande aide narrative, une seconde lecture pourra peut-être ouvrir les chakras philosophiques du projet et rehausser cette appréciation qui reste dubitative quand à une certaine confusion des objectifs de Ram V, suivant un peu plusieurs thématiques sans jamais en pousser aucune. La déception est donc à la hauteur des espoirs mis dans ce projet qui reste graphiquement d’une grande virtuosité mais scénaristiquement pas le meilleur script de l’auteur indien. Dommage.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/11/03/dawnrunner