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Après 1001 nuits...
...j’ai pu venir à bout de cette BD, de la taille d’une grosse boîte à vœux. En effet, le scénario est densément composé, avec un emboîtement de plusieurs histoires, entre contes et tranches de vie, entrecoupées d’intermèdes immersifs. Deena Mohamed, autrice d'une grande intelligence, raconte ainsi les déboires de trois égyptiens qui, dans un détournement poétique - celui de la recherche de sens à leur vie, d’une voie à prendre – cogitent sur ce qu’ils vont bien pouvoir faire de leurs bouteilles magiques... Et, tout au long du livre, les vœux prennent des fonctions multiformes, dévoilant tout leur potentiel, positif ou négatif : passion débridée, distinction sociale, addiction dangereuse, tabou religieux, soumission violente, assouvissement d’un désir, satisfaction d’un besoin, contentement sans ambition, roue de secours, dot pour la femme, arme vengeresse, rêverie illuminée... Tout ça en soulignant un certain nombre de problématiques sociales, propres aux pays du tiers monde. Il n'empêche qu'il y a des passages très drôles, lorsque les animaux se mettent à parler sous l’emprise d’un génie facétieux par exemple. En ce sens, Deena Mohamed est très forte, tant elle parvient à renouveler son sujet, son génie égyptien propre.
Si le récit est donc fictionnel, il n’en demeure pas moins saisissant. Vue ma soif de me projeter dans cette culture inconnue, je n'ai donc pas été déçu par ce récit d'une grande profondeur, certes fantasmé mais non moins teinté de réel. Un point de vue inédit pour moi, sur cet univers lointain, onirique, et alors que je suis un fervent lecteur de l’Arabe du futur, plus cartésien. Les dessins, assez personnels, sont très bons pour un roman graphique. J’ai apprécié tout particulièrement le soin apporté aux visages, d’une grande régularité, qui ne sont pas sans me rappeler le manga ou même la rondeur du trait des auteurs Disney. Assez paradoxal vue l’histoire... De même, la composition variée et le découpage aux plans resserrés, sont maîtrisés. Car, en plus d’être une habituée du CairoComix Fesival, Deena Mohamed est aussi passée par la maison des artistes d’Angoulême (Cocorico). En tout cas, j’ai passé de très bons moments - comme les auteurs de la chronique BDGest visiblement, c'est assez rare pour être noté - en particulier sur la fin...
...Ce fut un enchantement.