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Putzi, c’est « l’histoire dessinée d’un homme dont on ne sait s’il fut clown, ou un monstre. Peut-être fut-il un peu des deux » nous dit Thomas SNÉGAROFF dans la préface de cette bande dessinée adaptée de son roman à succès éponyme par la dessinatrice LOUISON.
Clown, ou monstre, ou les deux il faut dire que le destin de Ernst Hanfstaengl (surnommé Putzi - petit homme, pied de nez à sa grande taille) n’est pas banal : né d’un père allemand et d’une mère américaine, c’est un homme très cultivé, marchand d’art et pianiste, qui vit aux États Unis, il sera fasciné par Hitler à son retour en Allemagne dont il deviendra l’ami grâce à sa femme qu’Hitler admire beaucoup et aussi Wagner qu’il lui fera découvrir. Tout les oppose et pourtant Putzi finira par se rallier au parti Nazi, à la recherche d’une reconnaissance, d’un rôle de premier plan : il fut en 1933 après l’accession d’Hitler au pouvoir, le responsable de la presse étrangère, sans jamais atteindre le premier cercle qu’il avait connu en aidant Hitler financièrement pour remettre à flot le journal du parti Nazi en 1924. Putzi sera progressivement évincé, au profit notamment de Goebels, et ne verra jamais se réaliser son rêve d’un rapprochement de l’Allemagne avec les États Unis ses deux patries. Après sa disgrâce, il finira comme informateur du président Roosevelt.
Le récit est factuel et ne condamne pas explicitement la trajectoire de Putzi, il laisse le lecteur se faire sa propre opinion : clown ou monstre ? C’est néanmoins toujours glaçant de voir Hitler dessiné, avec des pages (34-35 par exemple) très suggestives quant à l’emprise qu’il pouvait avoir sur Putzi et par la même sur un grand nombre de ses compatriotes. Le dessin de LOUISON et des couleurs qui varient (le rouge surtout qui souligne toute la violence du nazisme incarné par Hitler) sont d’une rare efficacité. Pour ma part, j’ai tranché : Putzi est un monstre, comme tous les nazis, et même s’il rêvait d’un autre destin pour son pays.