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J'ai beaucoup aimé cette biographie de Jesse Owens qui est très originale dans son approche.
J'avais déjà vu auparavant durant ma jeunesse un biopic qui lui était consacré. Je savais qu'il avait gagné 4 médailles olympiques durant les jeux olympiques de Berlin où Hitler voulait faire une démonstration de la puissance de la race aryenne. Il avait refusé de serrer la main de cette athlète d'exception tout en envoyant à la mort son rival allemand qui n'avait pas gagné.
A noter également que ce champion allemand Luz Long est devenu l'ami de Jesse Owen durant ces jeux. Cette belle amitié reflète toutes les valeurs de l'olympisme qui n'est que paix dans un monde souvent en guerre. Hitler a voulu détourner honteusement l'esprit de ces jeux mais c'est un échec pour lui et c'est tant mieux.
La première partie m'a paru assez fantasmagorique dans le traitement ce qui dénote singulièrement pour une biographie mais on comprend alors ce qui pousse le jeune Owens à courir aussi vite. Il doit échapper à de nombreux démons qui sévissent dans l'Alabama à commencer par le Ku Klux Klan mais également les animaux de la ferme familiale qui peuvent se révéler assez teigneux comme cette jars.
On se rendra compte que ce champion qui a pourtant ramené de nombreuses médailles à son pays n'a pas eu droit à tous les honneurs qu'il méritait. Le président Roosevelt ne l'a ni félicité pour ses victoires, ni reçu à la Maison blanche alors que les athlètes blancs étaient traités en grand pompe malgré leurs échecs. Il était question de ne pas se mettre à dos les électeurs racistes du sud. Bien plus tard, le président Gérald Ford réparera cette profonde injustice.
L'auteur Gradimir Smudja arrive à nous émerveiller avec de très belles planches qui font la part belle à la fantasmagorie du Sud avec le blues en toile de fond. Le narrateur est par exemple un chat noir nommé Essej Snewo qui est un écrivain et un poète du blues afro-américain. J'ai beaucoup aimé cette course poursuite à Cleveland dans l'Ohio avec ce policier également qui va devenir son entraîneur officiel.
Je mets presque la note maximale car cette œuvre est vraiment ce que j'attends d'une biographie. Il ne s’agit pas seulement de relater des faits mais de les enrober dans quelque chose de magique et qui nous transporte littéralement dans un autre monde. Il y a d'incontestables trouvailles qui sortent de l'ordinaire pour faire une autre proposition tout aussi intéressante ou en tous les cas, moins pompeuse.
C'est franchement réussi au-delà de ce qu'on pouvait espérer et cela rend hommage à ce champion hors-pair qu'on n'est pas prêt d'oublier.
J’aime beaucoup cette BD...
Gradimir Smudja est un artiste issu de l’ex-Yougoslavie, qui connaît donc les régimes totalitaires. Auteur complet sur cet album, ses couleurs sont influencées par Vincent Van Gogh. L’impressionnisme de cette œuvre souligne le mouvement, la fuite... Vu son histoire personnelle, le sujet de la BD et son époque, on peut comprendre...
Car, la vie de l’américain James Cleveland Owens dit Jesse (1913-1980) est haute en couleur. Ici, la narration prend la forme d’une fable, avec des animaux et une part de fantastique, exprimant une vérité générale teintée d’humanisme, tout en indiquant les principaux éléments biographiques du sportif. Cela change de ce que l’on peut voir habituellement dans la BD du réel... Un apport poétique qui fait du bien.
Le mythe rencontre alors l’Histoire : Jesse Owens est devenu le meilleur sportif de son temps, malgré les obstacles qu’il a du franchir, en particulier ceux de la ségrégation raciale (il est petit-fils d’esclave) et de la pauvreté (il est le dernier d’une fratrie de 11 enfants, le père a été paysan et la mère lingère). Heureusement, il a fait aussi quelques belles rencontres (son entraîneur Charles Riley ou le sportif allemand Luz Long), ou pas... Il a ainsi piqué la vedette à Adolphe Hitler (pour rappel, ce dernier avait été désigné chancelier allemand par le président Hindenburg en 1933, les nazis profitant du rapprochement des conservateurs et de l’aide du grand patronat, notamment le banquier Von Schroeder, avant de s’emparer totalement du pouvoir en deux ans), remportant quatre médailles d’or aux JO de 1936 (et pourtant il sera snobé par le président Roosvelt à son retour). En effet, les Jeux Olympiques avaient été attribués à l’Allemagne en 1931, alors que l’extrême-droite n’était pas encore au pouvoir...
Et, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec notre époque... Avec les inégalités de traitement, mais aussi avec l’atmosphère nauséabonde de la France contemporaine et la montée en puissance des idées fascistes, de l’esthétisme totalitaire à l’approche des JO (cérémonie de la flamme...). Pourtant, les performances de Jesse Owens et surtout les événements de la Seconde Guerre mondiale (la France Libre était composée en majorité de soldats des colonies, en particulier des tirailleurs sénégalais), avaient déjà prouvé l’invalidité des thèses racistes... Or, comme aux JO de Berlin en 1936, ceux de Paris 2024 risquent à nouveau d’être récupérés par un chef de l’exécutif fasciste et raciste (je pense évidemment à Jordan Bardella).
On marche sur la tête, on court au drame...
Cet album réussit la prouesse d'aborder des sujets d'une profonde gravité d'un ton léger, humoristique et distancé.
La poésie qui se dégage de ce récit d'une destinée hors normes, soutenue par le dessin virtuose de Gladimir Smudja, nous laisse, à la fermeture de l'ouvrage, dans une félicité béate.
Pour moi un des grands titres de l'année 2024, à ranger en bonne place parmi vos must-to-have BD.
A l’approche des Jeux Olympiques de Paris, les Editions Futuropolis et Gradimir Smudja nous proposent une bien belle histoire, celle de l’athlète noir-américain Jesse Owens.
Né en 1913 en Alabama dans une famille de 11 enfants, petit-fils d’esclave, il est resté célèbre comme le quadruple champion olympique aux Jeux de Berlin battant ainsi en brèche les thèses racistes du régime nazi !
La lecture est, au premier abord, déroutante. Il ne faut pas s’attendre ici à une biographie classique mais plutôt à un conte raconté avec beaucoup de poésie. Et c’est un animal, un chat, confident et ami du jeune Jesse, qui distille ses réflexions à la fois chafouines, humanistes ou drôles afin de former un récit passionnant et original. Et c’est grâce à l’aide de ce félin que Jesse Owens va tracer son propre chemin en courant, car Jesse a toujours couru, poursuivi par des sauterelles, les animaux de la ferme, des policiers, les membres du Ku Klux Klan et enfin des athlètes !
Un parcours qui le mènera à Berlin, où il remportera 4 médailles d’or et se liera d’amitié avec l’athlète allemand Luz Long, avant de connaître un retour difficile dans son propre pays alors même que le président Roosevelt refuse de le recevoir de peur de froisser ses électeurs du Sud. Il faut attendre 1976, pour que le président Gérald Ford, après les Jeux olympiques de Melbourne, lui rende hommage pour ses exploits passés et son courage.
Les dessins subliment ce conte sportif et humaniste grâce aux traits de crayon et de génie de Gradimir Smudja. Il réussit à nous plonger dans l’Amérique ségrégationniste où le jeune Jesse va devoir relever de nombreux défis afin de franchir les obstacles qui se dressent devant lui. Les planches sont splendides, parfois de véritables tableaux qui ne sont pas sans rappeler les œuvres de Norman Rockwell. Et les couleurs ! Et cette lumière ! Un vrai plaisir pour les yeux.