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Cet album aurait pu être un morceau de « poids » au même titre que le monumental La bombe paru il y a quatre ans. Pagination gigantesque, documentation extrêmement précise, dessin noir et blanc proche de la ligne claire et très élégant, et surtout, sujet très intense. Il ne fait aucun doute que le roman dont il est adapté est une œuvre importante (couronnée de plusieurs prix), notamment sur le plan juridique. Sur le plan formel la masse de travaille fournie par les trois auteurs est phénoménale. Sur le plan BD Retour à Lemberg nous fait profiter d’un vrai travail graphique et narratif qui évacue le problème récurrent des documentaires-BD qui oublient de raconter une histoire.
Construit comme une enquête personnelle de l’auteur sur son père qui n’a jamais voulu parler de son passé pendant la Guerre, l’album est chapitré alternativement autour de figures de la Shoah ou de sa propre famille. Lemberg a la particularité d’être une ville située à la jonction des influences russes et germaniques et a changé plusieurs fois de nom et de rattachement, tantôt polonaise, tantôt soviétique, tantôt allemande. En bordure du grand Est choisi par les nazis pour leur Solution finale, Lemberg a été témoin de l’expérimentation dans la persécution puis l’extermination des juifs de l’Est. Le père de Philippe Sands était originaire de cette ville et une grande partie de sa famille a ainsi disparu à différentes étapes de la seconde Guerre mondiale. L’aspect documentaire porte ainsi sur un cas précis, une cité au cœur de la tourmente, nous immergeant dans la folle destinée de ces pauvres gens, dont la survie fut souvent liée au hasard. Fil conducteur de l’enquête, Lemberg permet à l’auteur de parler d’un des condamnés de Nuremberg, un brillant professeur de droit devenu gouverneur de la zone et applicateur zélé de l’oppression nazie, mais aussi des deux concepteurs de notions majeures sur lesquelles Sands travaille aujourd’hui, le Génocide et le crime contre l’humanité utilisées pour la première fois dans l’accusation des Alliés à Nuremberg.
L’idée était intéressante pour se raccrocher à l’histoire de ces principes de la civilisation moderne, qui donnent lieu ces derniers mois à des combats sémantiques très importants. En cela l’ambition de l’album pouvait rivaliser avec celle du travail d’Alcante, Bollée et Rodier sur la Bombe atomique (dont on se demande s’il n’aurait pas donné envie à Nolan de réaliser son grand Oppenheimer…). Mais le projet de Sands est bancal à plusieurs titres. Le premier est l’aspect extrêmement familial qui met souvent mal à l’aise avec le sentiment d’entrer dans l’album photo de sa famille. Bien sur le contexte en lui-même rend intéressant le destin de ces personnes, mais en entrant dans mille détails on baille un peu en attendant le lien avec l’Histoire. Les deux figures historiques alors suivies sont traitées de la même manière, très documentaire, très précise, très juridique parfois, laissant le lecteur un peu sur la touche par rapport aux subtilités soulevées. Le livre est peut-être destiné à des personnes férues de droit. Côté BD on rate ainsi le coche.
La partie la plus intéressante reste donc la fin relatant le déroulé de l’accusation de Nuremberg, nous faisant entrer dans les arcanes de cette ébauche de droit international. Et si la partie historique joue parfaitement son rôle, on reste en surface quand à l’importance des deux notions elles-mêmes, faute de les raccrocher à ce qu’il en sera fait dans les décennies suivantes. Alors on se rattache à la découverte de deux personnalités ayant fait l’histoire (dans l’ombre), frustrés de très bien connaitre les personnes, beaucoup moins leur importance pour l’évolution des concepts juridiques de l’Ordre des Nations Unies. Comme l’illustre la couverture se contentant de reproduire celle du livre, l’adaptation aurait nécessité un travail spécifique et semble n’être qu’un décalcomanie dessiné…
Alors que l’hyper-actualité (la mise en accusation du Premier ministre israélien et de dirigeants du Hamas pour crimes contre l’humanité) met en lumière l’importance du droit et rappelle Nuremberg plus que jamais, Retour à Lemberg apparait comme une grosse occasion manquée de réaliser une œuvre historico-juridique marquante.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/05/25/retour-a-lemberg/