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Georges Ibrahim Abdallah serait le plus ancien prisonnier politique du conflit israélo-palestinien. Il est détenu en prison dans notre pays depuis 1984. Il est considéré comme un terroriste par les médias et par la Justice qui l'a condamné très fermement. Emmanuel Valls, en sa qualité de Ministre de l'Intérieur, a même refusé de signer un arrêté d'expulsion vers le Liban de ce qui aurait dû être une simple formalité.
Je n'ai pas envie de prendre une position sur ce conflit qui partage tant l'opinion publique.
Je souhaite seulement analyser les faits. Visiblement, on a manifestement l'ingérence d'une puissance étrangère qui se révèle être la première Puissance Mondiale suite à l'assassinat de l'un de leur diplomate.
La question est de savoir si cet homme doit être maintenu indéfiniment en prison. A t'il payé pour ses crimes ? Faut-il prolonger sa lourde peine ? Autant de questions qu'on peut se poser de manière tout à fait légitime.
Il s'agit de ne pas tomber dans le piège du dogme et des prises de positions politiques. C'est vrai que c'est plutôt difficile dans un tel contexte de tension. En poussant aussi loin les interrogations, le journaliste qui enquête se rendra compte que le silence médiatique sur le fait de l'avoir présenté comme un vulgaire terroriste il y a près de 40 ans a eu un effet considérable sur sa peine alors qu'il s'agissait d'une fake-news aujourd'hui reconnu par toute la profession dans un mea culpa tardif.
Or, ce qui peut contrarier Israël n'est pas évoqué car il y a une forme d'auto-censure. On peut très vite être qualifié d'antisémites si on rappelle que l'armée israélienne a envahi le sud Liban en 1978 et en 1982 ou que des palestiniens comme Georges Ibrahim Abdallah ont résisté à leur manière. Bref, c'est un sujet tellement sensible qu'on préfère oublier ce vieux détenu étiqueté à tort par toute la presse et les médias comme « terroriste ». Le poids des mots...
Il faut dire que l'opinion publique n'a plus de considération depuis les attentats du Word Trade Center et surtout ceux du Bataclan comme ceux qui sont considérés comme terroristes. L'exemple cité comme les françaises qui croupissent dans des prisons en Syrie pour avoir été marié avec des membres de l'Etat islamique illustre très bien ce désintérêt manifeste alors qu'un état doit prêter assistance à ses ressortissants enfermés à l'étranger surtout dans des dictatures.
Il y également la peine à perpétuité avec 30 ans incompressible qui a été infligé au seul survivant des attentats terroristes du 13 novembre 2015 bien qu'il est renoncé à se faire exploser et qu'il n'est tué personne si on prend les faits de manière brute. La sévérité d'une telle peine peut s'expliquer par rapport à l'émotion soulevée dans notre pays contre ces attaques d'envergure.
Oui, il y a certaines causes qui sont inaudibles dans le contexte national et international actuel. On peut penser que cette incarcération d'un prisonnier politique qui approchent les 40 ans de détention n'est pas du tout justifiée.
Cette BD pose également le problème d'un substitut à la peine de mort qui a pourtant été aboli en 1981. Mais même Robert Badinter s'est désolidarisé de ce jugement de valeur en se justifiant sur le fait qu'il existe la grâce présidentielle qui n'a d'ailleurs plus été utilisé depuis une vingtaine d'années par les trois derniers présidents qui se sont succédé.
Il est évident que gracier un individu accusé de terrorisme serait assez mal perçue par les partis politiques de droite et d'extrême-droite sans compter sur le jugement sans appel de la population qui accusent les politiques de laxisme.
J'ai bien aimé la fin qui rappelle que des résistants tel que Manoukian ont été fusillé pour être accusé de terrorisme. Il est rentré aujourd'hui au Panthéon. Existe-t-il alors deux poids, deux mesures s'agissant d'un combattant de la cause palestinienne ? Oui, cette BD met les pieds dans le plat en poussant à la réflexion. Cela peut entraîner le malaise ou l'évitement.
Au final, une œuvre à lire pour aller plus loin. On se rend compte que les choses ne sont jamais aussi simples que ça et qu'il faut gratter pour voir ce qui se cache derrière. Il faut se méfier de l'instrumentalisation politique de l'accusation de terrorisme car c'est facile quand on accuse ses opposants d'un tel crime. Lecture instructive et plus qu’utile.