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Je préfère les chats, mais bon...
Le chien en question vient bouleverser la vie d’un artiste un peu raté, « Morose », qui trouve l’inspiration grâce à cette présence bienveillante. Inquiet de cette ascension nouvelle, son voisin, « Dubonheur », artiste ultra connu et devenu richissime grâce aux portraits de son propre animal de compagnie, un félin, en devient particulièrement envieux et aigri...
La BD part sur un bon rythme, avec de belles idées scénaristiques, des pirouettes bien senties... La mise en scène est remarquable, avec quelques surprises selon les pages... L’auteur sait guider notre regard.
Néanmoins, j'ai eu du mal avec l'aspect graphique, paradoxalement moderne et kitsch à la fois. Certes, c'est un ressort comique du livre, avec un effet pastiche. Mais le travail à l’ordinateur a tendance à me rebuter. Ne vous attendez pas à quelque chose de beau, selon les critères habituels en tout cas...
L'esthétique du chien en particulier, mis en valeur sur la couverture, est très vilaine... Cela me fait penser à ces mémères et ces pépères, vous savez, celles et ceux qui aiment leur canidé, avec un amour immodéré, plus qu'ielles n’en ont pour les êtres humains.
Les personnages ont aussi une allure marquante, avec de gros yeux noirs, qui évoquent plus le manga que le franco-belge.
Ce ton, autant dérisoire que mièvre, se retrouve dans les jeux de mots (« dog-matisme », « malgré toutou », « Jack Kerouaf »...) ou autres phrases de leitmotiv...
Si ce livre est accessible, il a aussi plusieurs niveaux de lecture. Il s'interroge, avec un certain humour, sur l'art et son jugement, les rivalités malsaines dans l'art, la mode ou encore les préférences, chien ou chat... Il pose ainsi de multiples questions :
Comment faire un chef d’œuvre ? Est-ce qu’il faut de la maîtrise, un temps de labeur, un atelier digne de ce nom, de l’inspiration, un certain état de forme ? Est-ce qu’il s’agit simplement d’une affaire de goût, de rencontres ? Quelle est la place du public dans la réception de cet art ? Est-ce qu’il faut produire beaucoup, avoir une réflexion intellectuelle sur son travail ? Quelle est la place de l’argent, des récompenses et des médias, mainstream ou non ? Est-ce que l'art doit véhiculer un message, des émotions, respecter des canons académiques ou au contraire les faire évoluer ? Et puis après tout, est-ce qu’on s’en fout pas un peu, tant qu’on aime faire de l’art, que quelqu’un l’apprécie...
Néanmoins, n’espérez pas trouver de réponses sérieuses à ces questions, pourtant intéressantes et non orientées sur le 9ème art. De plus, la relation des maîtres à leurs animaux m’a profondément ennuyé.
D’autres BD m’ont apporté des expériences bien plus épiques, mystiques, enrichissantes intellectuellement ou parfois à se pisser dessus tellement elles étaient drôles ou effrayantes. Il est vrai que ce n’est pas tous les jours..
Ici, j’avoue que je suis resté un peu sur ma faim. J’admire cependant cet auteur, qui a su faire ce que moi je n’ai jamais fait. Mais ce n’est pas ce dont je rêve en tant que lecteur.
Le Nécromanchien n’en demeure pas moins une œuvre singulière, cérébrale...
...et pleine de second degré.