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Le nom de la rose est un célèbre roman de Umberto Eco mais j'en garde surtout en tant que cinéphile l'image de cet excellent film avec Sean Connery dans le rôle principal accompagné de Christian Slater qui commençait juste sa carrière dans un duo professeur/élève.
Nous voilà plongé en plein cœur du moyen-Age dans une abbaye bénédictine où les moines sont tués mystérieusement. C'est une époque trouble où l'on dispute à l'Eglise sont pouvoir spirituel d'où l'apogée de l'Inquisition. Bref, il n'était surtout pas question de rire car c'est diabolique. Bon, en même temps, avec un rôdeur tueur qui traîne, ce n'est pas très gai.
Le film avait réussi à s'adapter à une œuvre éminemment complexe dans un genre thriller enquête policière moyenâgeuse. Restait à savoir si la BD pouvait également passer ce cap. Umberto Eco a choisi Milo Manara pour ce faire et le résultat est assez concluant.
En effet, on arrive à être captivé jusqu'au bout grâce à ces rebondissements inattendus. L'intrigue en elle-même est passionnante dans ce huis-clos d'un nouveau genre. La tonalité reste assez sombre avec un propos divin assez humaniste.
Ce premier tome est assez réussi malgré quelques lourdeurs narratives qui aurait pu être allégées voir modernisées. Certains lecteurs pourront s'ennuyer en trouvant cela assez lent. Quant aux fans du roman, ils pourront être agacés. Quoiqu'il en soit, j'aime le fait d'adapter des œuvres littéraires pour rejoindre un autre public car cela touchera davantage de monde qui ne sont pas forcément des lecteurs de gros ouvrages.
Au final, l'une des meilleures œuvres à traiter avec réalisme la période du Moyen-Age dans un style polar. Voilà un classique bien adapté avec l'un des meilleurs auteurs du monde.
Malgré de très beaux dessins et de très beaux noms sur la couverture (Umberto Eco, décédé il y a huit ans, et Milo Manara)... je n'ai pas accroché à cette adaptation, sans grand intérêt et trop commerciale à mon sens.
Le prologue, qui instaure le cadre, le contexte de l’œuvre, n'est pas assez didactique à mon goût. Les dialogues sont d'un ennui...
Certes, le trait de Manara est sans égal et on sent un certain travail de documentation (notamment dans les reliefs, du Jugement Dernier...). Mais, à l'image de sa BD sur les Borgia, la mise en scène demeure trop grandiloquente pour l’œuvre d'Eco, assez éloignée de l'idéal de pauvreté et de la vie des moines bénédictins.
Surtout, on ne peut s'empêcher de penser au film en observant les planches de Manara, tant l'iconographie, les personnages, leurs postures, les décors... lui sont semblables.
Sans surprise, le principal intérêt de cette adaptation se situe dans sa représentation de la femme, canonique et fantasmée, qui donne une saveur toute particulière à cette BD, se déroulant dans une abbaye.
Autrement, je vous conseille plutôt de vous diriger vers le roman d'Umberto Eco, un classique pour tout amateur d'Histoire, ou alors son adaptation cinématographique, véritable chef d’œuvre également.
Une intrigue qui nous place dans ce monde d'inquisition où l'église a vécu ses moments les plus intégristes confondant dogue et humanité. D'après un manuscrit de Dom Adson de Melk retrouvé à Prague en 1968 puis à Buenos Aires en langue géorgienne, Manara illustre le récit de ce moine bénédictin qui raconta sa jeunesse en 1327. Alors que les conflits opposent Louis de Bavière et Frédéric d'Autriche pour le titre d'empereur du Saint empire et la chrétienté était divisée entre Jean XXII en Avignon dénoncé hérétique par le vainqueur Louis et l'archevêque de Cologne sur le trône de Rome. La suspicion est grande dans la chrétienté et l'Inquisition va bon train. Nous retrouvons Adson jeune novice bénédictin accompagnant Frère Guillaume de Baskerville, Franciscain, réputé pour son observation et son sens de l'analyse gagnant une grosse abbaye cistercienne. Là, le père abbé lui demande d'enquêter sur un possible meurtre Adelme d'Otrante, enlumineur a été retrouvé mort au pied de la grande tour qui abrite en son sommet la bibliothèque la plus illustre de la chrétienté. Les sujets peints par Adelme semblent être la cause de sa possible défenestration,. Ses images coquines et sarcastiques font monter certains puristes bénédictins aux créneaux; y voyant l'image de Satan ou plaçant Adelme émule de prêtres libertins tel que Fra Dolcino, ou les Pastouriaux . Un deuxième meurtre vient perturber l'enquête. Frère Guillaume aux allures de Marlon Brando investigue et trouve des accès secrets à la bibliothèque. Il semble qu'autour de celle-ci règne une ambiance trouble. Egaré dans les dédalles du labyrinthe de la bibliothèque le jeune Aldom se retrouve avec des expériences d'apparitions surprenantes. Plus surprenant sera l'apparition à l'étage des cuisines au pied des escaliers qui mènent à la bibliothèque la présence d'une égérie aux apparences connues de Manara qui peureuse, voir abusée découvre la candeur du novice et lui présente sa beauté nue au point que celui-ci tombe amoureux de cette aura corporelle.
Quel régal !
Un bonheur de voir se rencontrer le chef d’œuvre d'Umberto Eco et le magnifique dessin de Manara. Celui-ci multiplie avec force réussite les aller-retours entre styles graphiques différents. Mais surtout, quel plaisir de retrouver toute l'ambiance fascinante du roman, entre érudition et histoire, mystère, secrets et non-dits, interdits, foi médiévale, théologie, hérésies, intrigues, peur du démon et de la tentation, culpabilité, poids de la mémoire de l'inquisition. La BD, avec ses contraintes, se met au service du roman, par exemple quand la scène du portail, que j'avais trouvée un peu indigeste à l'époque dans l’œuvre d'origine, tient ici toute entière dans un seul et magnifique dessin.
Une belle réussite pour moi, le dessin si parfait de Manara (ah, ces visages...) se mettant au service de l'univers d'Eco sans jamais le dénaturer. À suivre...
« Le Nom de la rose » par Manara ? Miam ! Le type de BD déjà culte avant même sa publication. C’est en tous cas un des albums qui a suscité chez moi le plus d’envie. Trop sans doute…
Impossible d’abord de faire abstraction de l’excellent film de Jean-Jacques Annaud, sorti en 1986, en lisant cette adaptation. À l’inévitable jeu des comparaisons, il y a forcément de bonnes et de moins bonnes surprises. Les bonnes sont des personnages aux mines assez différentes. Hormis Salvatore qui ressemble peu ou prou au rôle incarné par le grand Ron Perlman, les autres arborent d’autres faciès, tous très réalistes et pleinement réussis. On notera au passage la ressemblance non fortuite de Guillaume de Baskerville avec un certain Marlon Brando ; c’est bien vu.
L’ambiance générale, ensuite, qui culmine avec les vues superbes de l’abbaye, est tout aussi mystérieuse et glaçante que dans le long métrage. Chaque planche est magnifique – pas de doute, il s’agit bien de l’œuvre d’un maître – et bénéficie d’une mise en couleur particulièrement évocatrice.
S’il fallait chercher des lacunes ce serait plutôt du côté du récit qu’on les trouverait. Je savais mes attentes exagérées sur cet album, je ne suis donc pas réellement déçu, mais je reconnais que ma lecture reste en deçà de ce que j’en espérais. La faute à une intrigue qui va parfois trop vite et ces nombreuses scènes qui auraient mérité, à mon avis, de plus amples développements et une aura de mystère supplémentaire. Cela dit, les choix narratifs de Manara sont souvent efficaces. Les cases en style médiéval, par exemple, sont parfaites.
En conclusion, même si quelques points sont largement discutables, je pense qu’il serait dommage de passer à côté de cet album dont la suite gommera probablement les défauts en en faisant une grande et belle œuvre de bande dessinée, et non plus une simple adaptation.
3,5 / 5
La finesse du trait de Manara au service d'un des plus grands romans de la littérature italienne ? Comment résister ?
Et heureusement, l'adaptation est fort réussie. Plus fidèle à l'oeuvre originale que le film (cependant excellent) de JJ Annaud, "Le Nom de la Rose" transporte le lecteur en plein Moyen-Âge dans une abbaye bénédictine pour ce qui n'est pas autre chose qu'une enquête policière dans un cadre et contexte historique médiéval fascinant.
Evidemment le dessin est splendide et mention spéciale aux visages, qui sont je trouve l'une des grandes forces du dessin de Manara (bon, il y a les femmes aussi....).
Guillaume de Baskerville ressemble trait pour trait à Marlon Brando, choix assumé semble-t-il. C'est un peu étonnant au début mais pourquoi pas ? Il aurait été compliqué de faire oublier Sean Connery, resté dans la mémoire collective, pour l'incarnation de ce personnage.
Vivement la suite, j'ai beaucoup aimé ce premier tome.