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Le personnage d’Aquaman est créé en 1941 et adapté au cinéma en 2018 au sein du Snyderverse. Succès commercial et critique, le destin de la franchise au cinéma est pourtant mort-née avec les changements de plans de l’éditeur. Un second film doit sortir en fin d’année aux Etats-Unis. Première incursion de l’étoile montante du scénario US Ram V dans le Label mais aussi de l’artiste numérique couronné aux Eisner Christian Ward, il a fallu attendre une année pour voir débarquer chez nous ce one-shot très attendu, avant le fort alléchant Wonder Woman Historia cet été.
Doté peut-être de la plus belle couverture de l’année BD, cet album coche toutes les cases de la qualité BL en proposant une histoire dans sa propre continuité et parfaitement accessible aux néophytes, sur un schéma archi-classique voir même plagiaire puisque l’on a parfois le sentiment de lire un mix entre le Namor d’Esad Ribic (pour l’horreur en huis-clos) et le film Abyss: alors qu’Aquaman navigue entre ses amitiés humaines retirées des villes et son gardiennage des royaumes sous-marins, un objet spatial tombe dans une fosse du Pacifique en attirant une expédition de l’armée américaine à bord d’un sous-marin ultra-technologique. Bien vite la pression des fonds et l’influence de ce qui est renfermé dans le vaisseau mettent à mal les objectifs de la mission. Aquaman va devoir sortir de sa neutralité pour empêcher un chaos planétaire…
Votre appréciation de ce très bon album sera déterminée par votre réceptivité à l’art très particulier de Christian Ward. Doté d’une technique de dessin parfois discutable et très éloignée des canons du comics, l’artiste excelle surtout dans un découpage très libre qui accompagne les formes et couleurs semblant inspirées par l’iridescence des fonds et des écosystèmes marins. Cela permet de créer une atmosphère entre haute-technologie aux aspects vaguement kitsch avec des aplats et des formes futuristes dans le sous-marin et un univers psyché-dark pour l’Océan où la quasi absence d’encrage se marie parfaitement avec un monde incertain à la luminosité fuyante. Sa représentation d’Aquaman est sur ce point parfaitement réussie en sorte de fantôme presque muet qui rode autour des humains pas vraiment à leur place.
Si la trame générale du scénario est donc fort classique, avec un chapitrage décrivant alternativement le passé des différents membres de l’équipage, on retrouve la facilité narrative et l’écriture riche de Ram V vu sur These Savage shores ou le récent Batman Nocturne et qui semble jusqu’ici dans la toute puissance créative, pour notre plus grand bonheur. Proposant un schéma totalement calibré pour un futur film (le CV parfait!), il profite de la forme de Ward pour éviter un trop grand déjà-vu et travaille la paranoïa de son équipage pour aboutir à un huis-clos fantastique.
Remarquablement équilibré entre les balises de ce type de récit (les militaires, le massé mythologique, l’angoisse des abysses, les relations en huis-clos), la cohérence formelle avec le film et l’historique d’Aquaman, Andromeda est un bel album qui sort incontestablement des canons Comics et retrouve la raison d’être du Black Label en proposant une entrée assez facilitée dans le monde numérique de Christian Ward.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2023/07/10/aquaman-andromeda/