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Sobrement rebaptisé « Lettre d’amour à mon chien » sur la jaquette de couverture, ce simple carnet de dessins du dessinateur et scénographe François Schuiten est un petit bijou de mélancolie et de tendresse dédié à son compagnon canidé défunt. Schuiten décline au fil des illustrations impeccables de sobriété et de justesse l’indicible manque de l’être aimé, fut-ce-t-il un animal. Mais peu importe l’enveloppe corporelle et l’espèce à laquelle on est assigné, quand le lien est créé ce n’est plus qu’une question d’amour entre deux êtres vivants développant leur propre complicité et se témoignant mutuellement affection et attention. De manière indélébile.
C’est superbe, c’est vibrant, et je remercie François Schuiten d’oser aborder sans détour, de surcroît avec autant de finesse, le sujet tabou du chagrin que l’on peut éprouver à la perte de son animal domestique. Le fantôme du chien continue de hanter le quotidien du maître, chaque dessin exprime le manque et porte au lecteur le long sanglot de l’absence.
Ce carnet est finalement bien plus qu’une parenthèse anecdotique dans l’œuvre sculpturale de Schuiten : en sublimant le lien indéfectible au vivant que beaucoup ont tendance à oublier, ce modeste petit livre est pratiquement d’utilité publique.