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Lire Nick Drnaso est une épreuve en soi...
Dans Acting class, des personnages fragilisés psychologiquement et socialement participent à un atelier de théâtre « gratuit ». Leur vie va en être bouleversée...
A dire vrai, j’ai un peu piqué du nez... J’ai pris une centaine de pages pour m’immerger dans ce récit exigeant, à la manière des personnages, peu à peu séduits par les mises en situation auxquelles ils participent. Au départ, j’ai trouvé la proposition graphique de l’auteur particulièrement terne et redondante (gaufrier en format 5x3 cases ; répétition sans fin de plans resserrés, soulignant les expressions des visages, assez semblables d’ailleurs ; austérité de cette ligne claire...), quoiqu’elle participe à sa vision de l’Amérique, celle d’une société moribonde.
Graduellement, je me suis pris d’intérêt pour ce récit profond et complexe. Le jeu sur la « réalité » des personnages et les rôles qu’ils interprètent (différence indiquée par la fonction contextualisante du décor) est saisissant. Les erreurs d’« acting » et autres interventions intempestives sont jubilatoires, dans cette mise en abyme fascinante, cette mise en scène d’un jeu de rôles, où les repères du « réel » s’effacent peu à peu... Le metteur en scène, John Smith, semble d’ailleurs prendre un caractère omniscient, accompagnant les autres personnages dans leur engagement croissant, qui semblent improviser, se réinventer, au moins intérieurement... Mais, tout ce beau monde est-il aidé ou bien manipulé ? Certains ne finissent-ils pas par se mentir à eux-mêmes ?
Car, on sent que Nick Drnaso est allé chercher son inspiration dans certaines formes de développement personnel, de thérapie, comme les constellations familiales (critiquées par certains professionnels de la santé pour leur caractère médiumnique). Si l’auteur fait ressentir l’intensité et la puissance des émotions que traversent ses personnages, pour qui l’atelier peut avoir du sens, on se rend compte rapidement que des formes d’altérations de la réalité (non sans écho avec les dérives sectaire de la BD Monica) en touchent certains, rentrant dans un monde imaginaire, affectant leur santé mentale.
Au final, cet ouvrage m’a surtout donné une perspective nouvelle sur le « médium » BD, d’une grande diversité quand on prend la sélection d’Angoulême 2024. Quand je vois le personnage de Denis, qui s’invente peu à peu un rôle de surhomme adulé par tout le monde, je me demande si ce n’est pas ce qui se passe parfois aussi en BD. En d’autres termes et au risque de paraître un peu provocateur, les « super héros » ne seraient-ils pas le produit d’une société névrosée ? C’est en tout cas une réflexion propre au Comics « indépendant », c’est-à-dire sans « super héros »...
Mais, donner son avis n’est pas toujours si facile et il faut savoir s’arrêter quand on commence à sortir de son domaine de compétence.
Parfois, la lecture d'une BD peut être un véritable supplice pour moi qui suit habitué à tous les genres puisque rien ne m'arrête. Là, je dois avouer que c'est comme une supplication faisant suite à une longue agonie. Pour moi, cette lecture peut être apparenté à un vrai calvaire. C'est ainsi.
Pour résumé, les dialogues sont totalement inintéressants. C'est assez confus puisque cela part dans tous les sens sous prétexte de psychologie recherché et subtil. Les différents personnages n’ont aucun charisme et aucune personnalité. On ne ressent rien pour eux. Un mot me vient à l'esprit : rébarbatif.
Par ailleurs, le rendu graphique dans cette œuvre assez dense est pour le moins insipide. C'est sans doute la faute à un manque de couleur varié et au trait un peu délavé. Le minimalisme sera de rigueur sur 270 pages !
Je ressors rarement d’une lecture avec une telle impression d’avoir perdu mon temps. Ne gâchez surtout pas votre argent à l'acquérir. Mieux vaut y jeter un coup d’œil avant. Je suis également votre serviteur et votre hôte pour vous déconseiller des lectures qui ne vous méritent pas.
Allez, à la rigueur, je peux le recommander aux amateurs d’essais graphiques psychédéliques et d’histoires oniriques complètement barges. D'ailleurs, ce titre figure dans la sélection d'Angoulême 2024 sans doute afin de promouvoir une BD plus élitiste et incompréhensible au grand public. Ma note traduit mon plaisir lecture.
Rosie, Dennis, Angel, Gloria, Beth, Rayanne, Thomas, Neil, Danielle, Lou... Dix personnes étrangères entre elles pour la plupart. Dix personnes vivant un quotidien angoissant, oppressant et précaire. Dix personnes qui espèrent trouver un échappatoire en s'inscrivant au cours de théâtre de John Smith. Le topo est simple : les 4 premiers cours hebdomadaires sont gratuits et les élèves choisiront de continuer ou non.
Pour les exercices, le professeur donne quelques thèmes et directives et laissent ses élèves amateur.ice.s improviser. Les élèves ne sont pas tou.te.s convaincu.e.s de ce qu'apportent ces cours à l'issue des premières séances, mais l'opportunité de la gratuité leur suggèrent d'aller au bout de ces 3 semaines...
Le début sonne comme du Drnaso classique mais la suite d'Acting Class s'éloigne des concrets Beverly et Sabrina pour établir un espace trouble entre performance scénique, imaginaire et réalité, tout en mettant en exergue le biais cognitif de l'escalade de l'engagement.
Les performances d'acteurs se signalent par un changement de décor, d'une case à l'autre. C'est absolument sans artifice, à l'image de la patte graphique de Drnaso. On peut noter une évolutions des expressions faciales, mais sinon trait coupé au cordeau, aplats de couleurs, pas besoin de plus. Je trouve même que le découpage de séquences va plus à l'essentiel que dans ses bouquins précédents, faisant la part belle aux échanges entre personnages, puis au délitement des unités de lieux et de temps.
Car c'est un des autres points du bouquin, la perte de points de repère des protagonistes qui rompent avec leurs environnements respectifs pour en suivre un autre.