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Je dois dire que je n’ai pas trouvé cette BD géniale...
Alors oui, son sujet est touchant, racontant l’histoire de l’adoption de l’autrice, Sophie Darcq, partie de la Corée pour la France à 4 ans... Où plutôt, je rembobine, celle-ci narre le voyage mémoriel qu’elle a entrepris, vers sa famille biologique, à la fois spatial et temporel, pour retrouver ses origines, et des bribes de souvenirs.
Mais, contrairement à ce que laisse entendre Fabrice Neaud en préface, je ne trouve pas que le sujet de l’adoption soit un thème sous-exploité en BD. Il y a pléthore de fictions où le héros est adopté (Superman et d’autres super-héros, les héros de Van Hamme comme XIII et surtout Largo Winch, Pinoko dans Blackjack, Monster d’Urasawa...) et plusieurs BD en ont déjà fait leur « sujet » par le passé : la série L’adoption par exemple, ou Yuan : journal d’une adoption de Marie Jaffredo, et surtout Couleur de peau : miel (publié à partir de 2007) de Jung (lui aussi originaire de Corée) ainsi que d’autres de ses livres...
Néanmoins, il est vrai que cette néo-autrice amène un regard différent sur l’adoption, en l’associant notamment avec la notion de sororité. Car, elles sont en effet 5 sœurs : c’est-à-dire elle, Sophie, ses trois sœurs d’origine coréenne et l’aînée d’origine française, adoptées également (on les voit sur la couverture, toutes avec leurs hanboks, vêtements traditionnels coréens). J’aurais d’ailleurs aimé que Sophie Darcq développe encore plus cet aspect, qui m'intéressait tout particulièrement et mériterait d’être approfondi en BD, d’être exploité autrement que ne l’ont fait Cazenove ou Vivès par exemple... Une idée pour un autre album.
D’ailleurs, j’aime beaucoup ces personnages sans visages, que l’on retrouve sur la couverture et dont l’identité se précise, au fur et à mesure du récit.
Pourtant, je n’ai pas été emporté immédiatement par les dessins noirs et blancs de Sophie Darcq.
L’esthétisme de cette œuvre évolue dans un doux et mélancolique chaos : entre le style rapide et lâché des carnets de voyage, le manga caricatural (intermèdes qui, je dois l’avouer, m’ont parfois gâché le plaisir de lecture), ou encore la précision de certains croquis, inspirés de photographies retrouvées au compte-goutte
Ce style, composite, allie des éléments que j’avais déjà vus chez d’autres auteurs, dont ceux qui l’ont aidés dans son travail : je pense immédiatement à Fabrice Neaud (dont la précision du dessin est connue) et aux auteurs d’Ego comme X (le nom est suffisamment éloquent...), à l’éditeur Jean-Christophe Menu de l’Association (autodidacte et anticonformiste), ou même au compagnon de l’autrice, Matthias Lehmann (au style parfois très cartoon), qui a lui même sorti un ouvrage à teneur autobiographique en 2023... tous deux sélectionnés au Festival de BD d’Angoulême. Il y a comme un écho...
Malgré la sensibilité narrative et artistique de cette œuvre, je dois donc admettre qu'elle ne me marquera probablement pas durablement.
Mais, je suis tout de même tombé des nues, parce que pour un premier roman graphique, il y a quelque chose d'extraordinairement attachant.