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Les derniers avis postés sur les albums de la série

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    Zablo Le 04/09/2024 à 18:54:33

    Une BD sur la fondation de l’agence Magnum photos...

    Jean-David Morvan et ses quatre compères, y relatent les débuts de la célèbre agence de presse photographique, historique pour plusieurs raisons : elle a fait progresser le métier de photo-reporter et ses fondateurs sont à l’origine de nombreux clichés, parmi les plus célèbres du XXème siècle.

    Qui n’a pas vu l’une des photographies de Robert Capa, celles du débarquement à Omaha Beach (6 juin 1944) ou de la guerre civile espagnole (1936-1939) par exemple, ou celles d’Henri Cartier-Bresson, sur la libération de Paris (mois d’août 1944) ou mai 68 ?

    L’art séquentiel permet de remettre ces photos dans leur contexte, de raconter la vie de ceux qui les ont prises, parfois de manière spectaculaire. J’ai été touché de voir les dernières photographies de ceux de l’agence qui ont été tués, dans le cadre de leur métier (Robert Capa, Werner Bischoff, Gerda Caro...). Quel courage !

    Aussi, cette BD mélange deux arts, celui de la BD et de la photographie, sur le modèle de la BD d'Emmanuel Guibert, Didier Lefèvre et Frédéric Lemercier, dans le saisissant Le Photographe, en 2003. Plus largement, Magnum Génération(s) s’inscrit dans un courant de la BD qui a fait du photo-journalisme, des photographes ou même de l’appareil photographique son sujet central, pour ne pas dire son fétiche.

    Mais, si je trouve le thème éminemment intéressant, je dois avouer que la narration de cette BD m’a ennuyé (probablement à cause de ses tons gris, de son aspect multi-biographique un chouia chaotique, des narratifs saccadés et de certains dialogues qui manquent d'intérêt). De plus, je trouve que ce livre au titre plein d'ambition, bien documenté et agrémenté d'une postface critique, reste paradoxalement en surface des photographies.

    A titre d'exemple : j'ai appris plus de choses en visitant certaines expositions photographiques, notamment grâce à leur muséographie et autres légendes détaillées... Expositions qui ont aussi l’avantage de donner à voir les images en grand.

    ...Ce livre me laisse donc un peu sur ma faim.

    jmperez zapico Le 21/11/2022 à 03:09:25

    Cela fait un petit moment que je n’avais pas partagé mes coups de cœur en BD. Et bien ces derniers temps, je lis plein de belles choses. Mais ce coup-ci je vais vous parler de l’album « MAGNUM génération(s) » dont le scénario a été écrit par Jean-David Morvan et les dessins réalisés par Arnaud Locquet, Scietronc et Rafael Ortiz, album mis en couleur par Hiroyuki Ooshima et édité par Caurette (éditeur que je ne connaissais pas).
    Ce livre historique est un monument de travail ; le poids de la BD, le choc des photos ! Il rejoint également l’histoire de ma famille, républicaine, engagée dans la guerre d’Espagne, ce qui a rajouté à mon appétit de lecture quand j’ai vu que l’album sortait. Le récit retrace les parcours des grands photoreporters que furent Robert Capa, Gerda Taro, Chim (David Seymour), Henri Cartier Bresson, Georges Rodger ... De part leur engagement très concret au cœur des grands conflits du XX° siècle et grâce à l’introduction d’une photographie très réaliste et souvent artistique dans l’actualité, toute cette équipe est devenue une légende. Ils créèrent en 1947 l’agence Magnum, aujourd’hui devenue mythique, afin de se donner une plus grande autonomie face aux magnats de la presse de l’époque et d’apporter une plus grande lisibilité à leur de travail de terrain et de création. Depuis son origine, l’agence Magnum n’a eu de cesse d’intégrer avec choix et discernement des grands reporters marqués par une identité forte dans leur démarche photographique et leur travail.
    Le livre laisse une grande part au récit de vie de Robert Capa (de son vrai nom Endre Erno Friedmann), le photoreporter le plus emblématique de cette période tout en allant chercher régulièrement les connexions avec les récits de vie des autres créateurs de l’agence et les personnalités qui entourèrent cette aventure à l’époque. Gerda Taro, fut la compagne de Capa, qui eut un rôle important dans le soutien de celui-ci pour qu’il puisse se forger une place dans le monde de la presse. Elle resta d’ailleurs un peu trop dans l’ombre de Capa pendant toute une période bien qu’un certain nombre de travaux plus récents l’ont remise au cœur de cette histoire. Gerda n’a pas connu la création de Magnum car elle fut fauchée en plein conflit de la guerre d’Espagne en 1937 alors qu’elle se tenait sur le front de Madrid, un accident plutôt maladroit et inattendu. Capa fut très attristé de la disparition de son amie et quant à son tour il fut fauché, plus tard, en mai 1957 par une mine antipersonnel durant la guerre d’Indochine son dernier mot évoquera le souvenir de ce premier amour.
    L’ouvrage laisse aussi une part belle à tous les autres membres créateurs de l’agence, Chim, Cartier Bresson, Rodger, en montrant, notamment de nombreux clichés de l’époque qui s’imbriquent de façon intelligente dans le récit dessiné. Beaucoup de photos reproduites sont saisissantes de réalisme et d’humanité et on y retrouve, bien sur, certaines images qui firent le tour du monde dans les journaux de l’époque et qui ont marqué pour toujours la mémoire collective.
    Le découpage du récit qui joue avec le temps et les époques est bien ficelé et à aucun moment on ne s’y perd. Tout ce beau travail nous renvoie constamment à l’engagement sincère, courageux et politique de ces témoins de terrain qui marquèrent pour toujours l’histoire du reportage international.
    Sincèrement cet ouvrage est une somme colossale de travail. Sans qu’on se perde dans les détails grâce à cette narration très bien construite on sent que le travail de recherche, de documentation, de précision des faits, est là. Se rajoutent au récit principal de la bande dessinée, des annexes fort intéressantes et très bien ficelées : un portfolio rétrospectif de toutes et tous les reporters qui ont été intégrés à l’agence de 1947 à nos jours, et qui contient là aussi des photos saisissantes, un texte de Clara Bouveresse qui reprend une histoire synthétique de Magnum, une bibliographie.
    Le livre fait 248 pages et coute 29,90 euros, ce qui n’est pas délirant au regard de la qualité de l’ouvrage, un cadeau qui rend un peu plus instruit les gens de son entourage, n’hésitez pas.