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"Celle qui parle" se situe au cœur du Mexique des année 1500 et la conquête du territoire par les conquistadors espagnols. De manière universelle, la bande dessinée montre les différences de culture entre les ethnies, les barrières de la langue et leurs importances dans la communication, les différences entre les croyances (religieuse ou non), la sexualité, etc. L'histoire qui suit l’héroïne, Malinalli est dure : esclavage, viol, meurtre, mais adoucit par les dessins de Alicia Jaraba, qui au-delà d'un découpage dynamique et d'un trait agréable, sait nous tenir en haleine pendant toute la durée du roman graphique. Le dessin concentre l'essentiel, peu de détails sur les plans larges, belle expressivité sur les plans rapprochés, des personnages découlent de belles personnalités, ils en deviennent vraiment attachants. C'est efficace, le rythme est cadencé ; en somme une excellente bande dessinée.
Quelques bémols tout de même, Malinalli manque parfois d'un peu plus de charisme. Même si c'est volontaire, j'ai l'impression parfois de rester en face de la jeune fille qu'elle était un début de l’œuvre, frêle et indécise. Deuxièmement, les choses se précipite trop vite sur la dernière partie et montre un épilogue très court qui me laisse un peu sur ma faim, même si la conclusion est bonne. Troisièmement, la colorisation pourrait être un peu plus poussée vers des tons plus lumineux sur certaines planches.
Un très bon roman graphique historique qui mérite lecture, ainsi que suivre les futurs sorties de l'auteur : Alicia Jaraba.
Coup de coeur !
J'ai attaqué la lecture et finalement lu d'une traite cet album (plus de 200 pages quand même !). Une oeuvre vraiment touchante (j'avoue, j'ai versé quelques larmes).
J'ai été ému en m'immergeant dans cette histoire de déracinement, de rencontres entre les peuples, de cruauté, d'amour... Simple et bien mené avec un dessin expressif tantôt amusant tantôt émouvant.
On sent l'implication totale de l'auteure.
Bravo
Celle qui parle ou le destin de la Malinche, l'indienne qui aida Cortes et ses hommes à s'emparer de l'Empire aztèque. Ici il sera plus question de dresser le portrait d'une jeune femme, fille d'un cacique, vendue comme esclave et qui sera amenée à utiliser ses capacités linguistiques pour s'en sortir.
Longtemps considérée comme une traitresse, la Malinche est devenue un symbole féministe dans les années 60, au vu de son combat contre sa condition de femme soumise. Elle est ici présentée avec intelligence et nuance, même si des passages ont été romancés ou allégés puisqu'au final nous ne savons peu de choses sur elle.
Je salue tout le travail effectué par l'auteure (scénariste, dessinatrice, coloriste, traductrice) même si les décors de certaines cases laissent parfois à désirer.
4/5 Bon album, une 1ere lecture rapide, qui mérite une relecture.
Un sujet intéressant, bien traité, avec une montée en puissance de l'héroïne en même temps que des enjeux.
Très appréciable que l'intérêt de la Malinche (l’héroïne) soit sa capacité à apprendre des langues et à traduire. Comme quoi de très grandes choses peuvent être réalisées sans force, argent ou super pouvoir.
L'histoire de la Malinche qui servit de traductrice a Hernan Cortes dans sa conquête du Mexique, un bon récit historique bien construit et crédible au début, mais un peu too much dans sa tentative de réhabilitation (surtout lorsque l'on nous fait croire que la Malinche reste avec Cortés malgré ses exactions sur les populations indigènes pour influer sur lui et "limiter les dégâts" c'est vraiment peu crédible) , et de plus la fin du récit de sa vie me parait abrégée subitement par rapport au développement du début…
J’ai trouvé « Celle qui parle » particulièrement agréable à lire.
Il faut dire que j’adore ce dessin parfaitement lisible et centré sur les humains. Alicia Jaraba ne s’appuie que sur quelques détails pour personnaliser ses protagonistes, ce qui permet de tous les différencier au premier coup d’œil sans charger les cases.
L’autrice se sert aussi de tout un tas de mimiques pour animer les scènes en rendant les personnages hyper expressifs et très attachants. Comme les nombreux gros plans sur le regard de Malinalli par exemple : l’effet d’exagération produit est percutant et révèle en quelques traits la profondeur de l’héroïne et son état d’esprit.
De manière générale la dessinatrice use d’une grande liberté dans son style, notamment quand il s’aventure vers la caricature. Cela rend le ton bienveillant et résolument optimiste. Certaines scènes en deviennent quasiment comiques et contribuent au plaisir d’une lecture vivante et légèrement décalée, en l’éloignant judicieusement d’une stricte biographie.
Enfin, la mise en couleur est également superbe. Des teintes subtiles et lumineuses qui restituent l’exotisme du paysage et définissent chaque ambiance. Que ce soit sous le soleil, la pluie, de nuit, en intérieur, l’atmosphère est prenante et s’impose constamment comme un élément narratif.
En ne laissant ainsi transparaitre que l’essentiel, le travail graphique d’Alicia Jaraba est un modèle de clarté, d'efficacité et de fluidité.
Le scenario est en pleine cohérence avec les illustrations. Privilégiant la légende, il ne prétend jamais être rigoureusement historique mais suit une chronologie des moments marquants qui firent basculer le destin de celle appelée "La Malinche".
C’est écrit avec épure et honnêteté intellectuelle. Plutôt que de renter dans les controverses qui entourent le personnage, l’autrice évitent tous les écueils en ne se concentrant que sur ce qui est réellement important et justifie l’album : la place déterminante du langage et l’ambiguïté du rôle-clé qu’a joué la Malinche, bien malgré elle, auprès de Cortès. Si Alicia Jaraba prend forcément parti pour son héroïne, déchirée, déracinée, seule face à des responsabilités écrasantes, elle ne juge personne. La situation intenable dans laquelle est placée Malinalli et le simple fait qu’elle y survive suffit à faire d’elle une femme certes extraordinaire mais qui surtout, emportée par le tourbillon de l’histoire en marche, ne se dépare jamais de ses valeurs et son humanité.
Pour toutes ces raisons « Celle qui parle » est donc un album qui a du sens, riche, beau et pleinement abouti. Même si cette (fausse) simplicité - un peu à l'image de "Peau d'homme" ou "Géante" il y a quelque temps - pourrait décevoir certains lecteurs avides de grand spectacle.
Une belle réussite en tout cas, bien éditée par Bamboo, bravo !
4,5/5
une bonne histoire ne fait pas une bonne bd
le dessin est plus que moyen avec un traitement minimaliste des arrière plans ce qui est particulièrement pénible .
mais je crains que cela ne soit la mode
vite fait mal fait......
La Malinche est une figure assez controversée de l'histoire du Mexique car elle a collaboré avec l'ennemi conquistador contre son peuple. Voici une œuvre qui nous livre une autre version un peu plus poussée sur les raisons qui l'ont motivé à faire ces choix parfois lourd de conséquences. A noter qu'elle assuma parfaitement son rôle.
En effet, Doña Marina, est une Indienne qui a aidé le conquistador espagnol Hernán Cortès à défaire l'Empire aztèque en conquérant le Mexique et sa capitale Tenochtitlan. Elle lui a servi de traductrice, mais également de conseillère en diplomatie locale. D'autres disent qu'elle a également servi de maîtresse à Cortès qui fut séduit par son charme et par son caractère. Elle lui a fait un fils.
On se rend compte que les indiens étaient très divisés et souvent assez sanguinaires avec d’énormes sacrifices pour satisfaire leurs dieux. On est loin de l'image pieuse qu'on peut se faire des indiens. La civilisation aztèque n'a pas fait dans la dentelle. Cependant, cela n'excuse en rien la colonisation espagnole. Le rôle de la Malinche aurait donc été primordial dans le succès de la conquête du Mexique. On y croise une mosaïque de peuples en conflit et un conquistador qui a mis à profit ces différents pour conquérir cet empire au nom de la couronne espagnole.
J'ai bien aimé cette démarche de l'auteure qui nous offre un autre éclairage tout à fait pertinent par rapport à ce personnage controversé qui fut accusé de traîtrise. J'avoue que je l'ai bien aimé cette belle et intelligente Malinche qui a su dire non et s'imposer dans un monde très dur. Il faut savoir qu'elle était qu'une esclave qui fut offerte aux espagnols par le peuple Maya à leur arrivée. En dépit d’être une esclave, elle a été traitée mieux que les autres filles esclaves en raison de sa beauté et de son intellect supérieur à la moyenne.
La Malinche s’est vite révélée très utile à Cortés, car elle a pu l’aider à interpréter le nahuatl, la langue du puissant Empire aztèque. Cette œuvre est justement basée sur les mécanismes du langage. Il y a manifestement un fort accent que l’auteure a mis sur cet aspect assez intéressant. Cela m'a fait penser au film « Premier contact » de Denis Villeneuve où il s'agit de contacter une linguiste recrutée par l'armée pour établir le contact et connaître leurs objectifs.
J'avais lu par le passé son histoire un peu romancée dans la série de Jean-Yves Mitton à savoir « Quetzalcóatl ». A travers le destin exceptionnel de cette jeune Aztèque, c'est toute la période de la colonisation du Mexique qui est dépeinte. Elle a également été source de respect et d’admiration, et des mouvements féministes des années 1960 au Mexique se sont inspirés de cette figure historique.
Un mot sur le dessin pour dire qu'il est excellent ! C'est un dessin avec de magnifiques couleurs, de belles planches chaudes et pleines de vie et personnalité, où le soin est apporté tant à l'expressivité des personnages qu'au soucis du détail et des décors. Rien que pour son aspect visuel, cette BD est un coup de cœur et donne véritablement envie de se plonger dedans.
J'ai aimé la densité de ce récit où il se passe beaucoup de choses. L'histoire est d'ailleurs racontée avec une grande maîtrise. J'ai grandement apprécié également l'originalité de la démarche de l'auteure. Cette BD est une manière motivante de découvrir le parcours d'une femme exceptionnelle. C'est réellement un très bel ouvrage biographique qui rend un superbe hommage à cette figure de l'histoire du Nouveau Monde.