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Le titre est un brin provocateur et sans doute beaucoup trop agressif. Il ne reflète pas la qualité de cette BD qui est de nous présenter le mouvement des gilets jaunes avec un peu de recul au travers différents témoignages de participants.
Ce mouvement avait à l'origine le soutien de la population puis progressivement, il a perdu l'adhésion. Il a été victime de ses divisions internes et de l'image de violence associée aux manifestations urbaines. Ils ont empêché les gens d'aller et de venir pour travailler par exemple. Et puis, et surtout, il y a eu ces images de casseurs et de démolition du mobilier urbain notamment à Paris. Personne n'aime sombrer dans la violence et l'anarchie.
J'avoue avoir fait partie de ceux qui n'ont pas trop aimer la tournure des évènnements. Cependant, c'est ma troisième lecture sur ce phénomène récent et j'arrive à discerner un point commun à savoir une violence policière hors norme pour répondre à des préoccupations légitimes de gens sur leur pouvoir d'achat. Cet ouvrage m'a littéralement convaincu et j'ai désormais un autre regard plus mesuré. Comme dit, cela n'engage que moi.
J'ai découvert l'auteure Sandrine Kérion il y a peu avec la BD choc « j'ai vu les soucoupes » que j'avais d'ailleurs beaucoup aimé sur le thème des thèses complotistes autour de l'ufologie. Je la redécouvre sous un autre angle. On reste dans de la BD documentaire. C'est encore une fois un exercice assez réussi même si cela devient un peu redondant vers la fin. J'ai bien aimé son regard qui n'est pas celui d'une sociologue ou d'une journaliste mais d'une citoyenne lambda accessoirement auteure de BD.
Pour commencer, ce mouvement spontané regroupait des précaires, des fonctionnaires, des retraités, bref des gens de tout horizon. Il n'y avait pas d'aspect politique mais sociétal à savoir l'augmentation des prix de l'essence suite à une énième taxe décidée par le gouvernement après avoir fait baisser la limitation de vitesse sur les routes départementales et nationales. Quoi de plus inflammable que l'essence ? Des millions de gens ont en besoin pour aller travailler.
Le gilet jaune devient le symbole visible de se faire entendre par un pouvoir qui a toujours été peu disposé à écouter cette France là qui est mal payé et qui pourtant fait tourner le pays. Cela prend de l'ampleur et en novembre 2018, cela dérape dans la colère et la violence.
Malheureusement, ce mouvement se politise avec les plus radicaux alors qu'au départ la très grande majorité ne se positionne ni à droite, ni à gauche. Le gouvernement va lâcher prise et ouvrir le porte-monnaie avant la crise sanitaire et le quoiqu'il en coûte.
Avec du recul, on se rend compte que la situation économique a empiré à cause de la crise et de la guerre avec une inflation galopante et une essence à plus de 2€ le litre. Evidemment, le spectre de l'explosion sociale est toujours là surtout en cas de mise en chantier d'un âge de départ à la retraite à 65 ans voir à taux plein à 67 ans.
Je me suis reconnu dans le dernier témoignage de Céline qui a fait un master en droit pour se retrouver écarter par le milieu en raison de ses origines sociales modestes. J'ai moi-même commencer au SMIC en étant major de promotion en droit mais fils d'ouvriers. C'est très difficile par la suite d'acquérir un salaire normal.
Je me rends compte que les choses ne sont pas aussi faciles dans ce monde inégalitaire. Et je sais qu'il y a plus à plaindre que moi surtout au regard des autres témoignages de pauvres gens qui ont travaillé durement toute leur vie pour un salaire de misère.
Beaucoup écoperont de peine de prison ferme pour violence contre les forces de l'ordre qui ont usé de moyens le plus souvent disproportionnés. Cette répression a eu pour effet une forme de solidarité entre les manifestants pacifistes et les activistes plus violents ce qui n'est pas généralement l'effet recherché.
J'ai bien aimé également cette réflexion sur l'absence de démocratie réelle et la proposition alternative du référendum d'initiative citoyenne. Cependant, je m'interroge légitimement sur le fait de laisser libre-court ce pouvoir au main du peuple. Je pense notamment au retour de la peine de mort dont la plupart des citoyens sont assez friands. La démocratie représentative permet d'éviter certains écueils. En parlant d'élection, il faut savoir que ce mouvement a remporté 0,5% des voix à l'élection européenne de mai 2019 ce qui reflète un courant très minoritaire non représentatif de la réalité.
Je retiens surtout que la colère qu'a engendré les gilets jaunes est très loin d'être éteinte. Il suffirait d'une étincelle. Faudra t'il traverser la rue pour trouver du travail ? Est-ce que cela va coûter un pognon de dingue ? Est-ce que le carburant, c'est pas bibi ? Bref, avec ce genre de discours, ce n'est pas gagné la paix sociale.
C'est incontestablement la BD sur les gilets jaunes qui apporte un autre regard plus réaliste de ce mouvement social qui entrera dans l'histoire de notre pays. Evidemment, c'est à découvrir que l'on aime ou pas les gilets jaunes. Il faut aller au-delà des jugements partisans pour pouvoir comprendre le fond. Je sais que tout le monde n'a sans doute pas cette capacité mais il faut essayer. On pourrait être étonné.