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Le monde des gangsters américains est un monde d’hommes. Les femmes n’y ont leur place que dans le lit de ces messieurs ou pour les servir… C’est une règle, et comme toute règle, elle souffre une exception. Une exception d’autant plus étonnante qu’il s’agit d’une femme noire… Bienvenue à New York, plus précisément à Harlem, dans l’Entre-deux-Guerres, en 1933 !
Critique ;
En lisant « Queenie, la marraine de Harlem », vous allez immédiatement imaginer qu’il s’agit d’une fiction pour s’aligner sur les critères à la mode aujourd’hui où l’on veut rendre aux femmes une place égale à celle des hommes, et si en plus il s’agit d’une femme de couleur, alors, BINGO ! (Un exemple ? « La Ville de Bruxelles a choisi de la nommer rue Eunice Osayande. Cette travailleuse du sexe nigériane avait été sauvagement assassinée en juin 2018 derrière la gare du Nord. »)
Eh, bien, détrompez-vous car il ne s’agit nullement d’une fiction ! Stéphanie St-Clair a bel et bien existé et ce roman graphique en noir et blanc retrace son parcours alors qu’elle règne sur Harlem, mais avec des va-et-vient dans le temps pour comprendre comment cette femme née dans une famille à l’extrême de l’extrémité de la pauvreté s’est construite et a su s’imposer comme LA souveraine de la partie de New York peuplée par un nombre très conséquent de noirs, Harlem.
Le scénario d’Aurélie Lévy et d’Elisabeth Colomba est grandiose. Il donne une vision, probablement assez juste, de ce que cette femme a accompli, et même si c’est une gangster, on ne peut qu’être admiratif devant tous les obstacles qu’elle a su surmonter au cours de son exceptionnelle existence. Une fois ce roman graphique ouvert, vous ne pourrez plus le lâcher avant d’en avoir achevé la lecture.
Elizabeth Colomba au dessin a opté pour un noir et blanc, très ligne claire, d’une grande lisibilité. C’est un travail magnifique, d’autant plus beau que la couverture se présente dans un style très Art Déco, élégant et raffiné.
De tels personnages réels dépassent tellement ceux issus de la fiction qu’on en vient à croire qu’ils sont imaginaires…