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Un album au dialogue rébarbatif
Le bras de fer entre un détenu et le directeur de la prison est ennuyeux : il aurait fallu peut-être approfondir le scénario
Reste les dessins de Benoît springer, toujours aussi bons, au trait épais
Bref, pas indispensable
Je ne connaissais pas l’œuvre originale de Victor Hugo qui est l'un des plus importants écrivains de la langue française. Le support BD m'a permis de réparer cette lacune. Il est vrai que je ne suis pas un lecteur de roman et d’œuvres littéraires mais j'adore la BD dont le format me convient parfaitement.
A l’origine, Claude Gueux est un fait divers que Victor Hugo a adapté dans une courte nouvelle pour dénoncer les conditions de détention au XIXᵉ siècle, la disproportion des délits et des peines. Le vol d'un pain pour sauver votre fillette de la famine pouvait mener droit en prison sans aucune considération des circonstances particulières. On doit protéger le bien du bourgeois. C'est encore vrai de nos jours.
Je me souvenais que dans une autre de ses nouvelles, le même Victor Hugo dénonçait la peine de mort avec plus d'un siècle d'avance sur Robert Badinter qui a finalement réussi à faire triompher cette idée remise en cause actuellement par certains intellectuels chroniqueurs surfant sur la vague du populisme.
Je dois bien avouer que j'aime beaucoup les valeurs véhiculées par Victor Hugo, ce génial dramaturge et poète du XIXème siècle. Il pose les bonnes questions à savoir comme une société peut amener un individu à commettre des crimes. Bien entendu, il ne faudra pas excuser tous les actes mal intentionnés mais s'interroger sur ce qui amène à la violence.
Dans une société où l'on privilégie les victimes, le directeur de prison recevrait un hommage national ainsi que des louanges de la part de chaque gardien pénitencier. Or, on découvre un être vil et malfaisant qui fait régner l'injustice pour conserver son pouvoir et autorité.
Alors, oui c'est court mais c'est démonstratif comme jamais. Il ne suffit pas d'un long roman mais de choses simples qui peuvent mener à une réflexion. L'efficacité sera de mise dans cette BD qui nous offre le meilleur de l’œuvre originel. Evidemment, cela demeure d'actualité dans un monde où on peut revenir en arrière à tout moment comme un cycle dans l'histoire.
Ce projet émotionnellement très puissant (on n’adapte pas Victor Hugo à la légère!) frise l’épure. Doté de très peu de textes, l’album porte essentiellement sur un découpage lent, répétitif mais extrêmement parlant, jouant sur les regards et les champs-contre-champs pour faire ressentir l’incompréhension d’un homme bon, calme, bon camarade qui assume sa faute (le vol de pains et de bois pour son fils et sa femme) en purgeant une peine qu’il ne conteste pas. Le cadrage suit Gueux à chaque instant et les planches ne visent pas le misérabilisme. Très fort pour croquer des visages réalistes, Springer apporte une matière à ses dessins par des estompes charbonnées. A la fois précis dans les décors et dans des gueules incroyablement expressives, il donne forme à la simplification documentaire que vise le texte original, comme un BRUT en format BD.[...]
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