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Grand Silence évoque l'un des sujets les plus tabou de notre société à savoir les violences sexuelles commis sur des enfants. Avec la souffrance animale notamment sur les chiens, c'est un sujet grave qui me touche beaucoup. Il y a toujours un grand silence d'où la volonté des auteurs Sandrine Revel et Théa Rojzman d'en parler même si cela fait mal.
Chaque année, rien que dans notre pays, il y a plus de 130000 filles et 35000 garçons qui subissent des viols en majorité incestueux. Moins de 4% des victimes vont porter plaintes. Sur ce total, 73% des procédures pour violences sur mineur seront classés sans suite. Cela démontre l'impunité qui règne sur ces méfaits intolérables.
C'est sous la forme d'un conte aux allures enfantines et aux dessins parfois naïfs. Le choix graphique peut être discutable et déroutant mais il permet sans doute de ne pas basculer dans l'horreur la plus absolue.
Par ailleurs, le fond est amené avec beaucoup de subtilité. Les monstres existent malheureusement et il faut également les soigner. Au-delà de cet aspect, il faut saisir d'urgence de ce fléau afin de l'éradiquer. Les conséquences sont bien trop dramatiques et cela impacte toute la société.
Il y a le choix judicieux des couleurs entre le rouge pour l'agresseur et le bleu pour la victime mais surtout le violet pour celui qui a été victime et qui est devenu agresseur à son tour comme pour tomber dans un cycle infernal.
Je ne le cache pas, c'est le genre de BD qu'on ne lira qu'une fois tant c'est insoutenable. Je ne peux que saluer ces deux autrices qui ont fait un travail remarquable sur l'un des sujets les plus douloureux qui existent dans nos sociétés. Oui, il faut détruire le système du grand silence.
Etrange sentiment au final…
D’un côté, c’est un sujet grave et c’est bien d’en parler, avec des idées simples comme les couleurs et Aine ou Onte, qui permette de bien ressentir le drame.
D’un autre côté, si l’auteur a voulu raconter une sorte de conte pour ne pas raconter une histoire en particulier, je trouve ça dommage, parce que ça distancie, ça éloigne du réel.
Même si c’est clair et bien expliqué, on est sur une île avec des boules qui volent et des enfants qui deviennent géant ou disparaissent… Les paraboles sont belles mais rendent l’histoire plus légère et moins dramatique (ce que les chiffres finissent par faire à la fin).
Traiter de la pédophilie est difficile. Les autrices ont choisi ici le mode fable et parabole.
Comment sortir du silence pour un enfant, puis un adulte qui a vécu une atteinte à son corps? Comment vaincre cette bête qui ronge de l'intérieur un peu comme une maladie auto-immune?
Mais la réflexion est aussi sociétale comment permettre la libération de la parole? Ici tout est symbolisé par une usine qui avale les cris des enfants victimes.
Je n'ai pas réellement accroché avec cette bande dessinée. Peut être trop feutrée, trop de symboles. La dénonciation me semble trop faiblement exprimée. Ce ne sont pas le sujet (très utile), ni le propos (exact) qui suffisent à faire un grand livre.