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Rien que le titre est déjà très évocateur. Ces journalistes sont arrivés à la conclusion que nos hommes politiques depuis l'époque de Georges Pompidou ont fait le choix délibéré du chômage afin de satisfaire les tenants du grand capital. L'Etat s'est mis au service du capital.
On sait pourtant que le chômage est l'un des plus grands maux de nos sociétés modernes. Il apporte la misère, la pauvreté et le malheur à des millions de gens. Par ailleurs, ceux qui sont de l'autre côté pensent que ces gens profitent du système avec les maigres compensations qu'ils reçoivent sans comprendre véritablement le fond du problème.
J'ai voulu me laisser tenter par cette BD qui est surtout un historique de l’émergence du capitalisme économique qui a pris le pas sur le politique. Elle est loin l'époque du président Roosevelt qui avait bien saisi le problème en indiquant dans un discours en 1936 : « Nous savons maintenant qu'il est tout aussi dangereux que d'être gouverné par l'argent organisé que par le crime organisé ». Cet homme était un visionnaire.
On apprendra que c'est la gauche et notamment sous la présidence de François Mitterrand que le pouvoir politique a cédé progressivement sa place à l'économie en trahissant au passage des millions de votants qui croyaient que leur vie allait changer et que le chômage serait vaincu. Évidemment, les gouvernements même de droite qui se sont succédés sont restés sur la même ligne. On a vu le président Nicolas Sarkozy faire accepter par sa majorité parlementaire le Traité de Lisbonne alors que les français avait répondu « Non » à près de 55% à un référendum sur ce sujet d'une Europe libérale avec une participation de 70%. Même le socialiste François Hollande va assumer une politique très libérale malgré un discours électoral très remonté contre le monde de la finance.
La démonstration qui est faite est glaçante car la vérité est parfois assez dure à entendre. La politique n'a plus le pouvoir sur l'économie et le financier. Ainsi, même la crise grecque est vu sous un autre angle que celui que l'on nous avait servi. Comme quoi, il ne faut pas faire confiance aux médias et se forger parfois sa propre opinion. A noter que la BCE avait mené une action diplomatique hostile contre la Grèce qui avait mis au pouvoir un parti radical de gauche ce qu'elle jugeait inacceptable. Le peuple grec l'a chèrement payé avec la rigueur et l'austérité pour faire un exemple sur les autres grands pays européens tentés par une aventure politique non compatible.
C'est très bien dessiné bien que j'ai eu du mal à tractionnaire certains personnages comme par exemple Jacques Chirac. Cette œuvre est traitée à la manière d'un documentaire avec différents témoignages. Quelque soit le bord politique que nous avons, c'est parfois bien de se tourner vers ce type d'ouvrage afin de comprendre notre monde. Cela sera parfois assez difficile avec toutes ces théories économiques mais on en perçoit l'essentiel.
Les idées de Friedrich Hayek et son école de Chicago ont fini par contaminer toute l'Europe à partir des années 70. Désormais, nous vivons avec une monnaie unique et un pouvoir économique transféré à Bruxelles. Tout ce que craignait justement le Général de Gaulle qui voulait conserver la suprématie de la France sur son destin.
Voir également le passage assez intéressant où le président Georges Pompidou était presque au bord des larmes car la France avait 400.000 chômeurs. Le pauvre, s'il savait que désormais, ce sont des millions dont certains ne sont pas comptabilisés par Pôle Emploi.
Le président Emmanuel Macron à la tête d'un parti démocrate sera également montré quand il a eu cet échange avec ce jeune jardinier qui cherchait désespéramment un travail. Ce dernier lui avait rétorqué qu'il suffisait de traverser la rue pour aller travailler dans un restaurant comme si l'être humain devait continuellement s'adapter en passant de l'agriculture au commerce afin d'être corvéable à merci. Quelle brutalité dans les propos ! Mais bon, c'est le discours ambiant que j'entends également dans ma propre entreprise. La capacité d'adaptation est un atout.
Un grand rôle sera également attribué à Jean Monnet et à Jacques Delors. Ces deux hommes ont contribué à imposer le libéralisme économique en Europe sans mesurer les dangers que cela impliquait également.
On ne sait pas de quoi sera fait le futur. Il est clair que le changement climatique ou le monde de l'après-virus imposera de nouveaux choix pour une société plus juste. Cependant, il est également possible que ce mouvement néolibérale s'associe avec des nationalistes et se retrouvent dans un mélange de réformes néolibérales et de politiques xénophobes et autoritaires.
Au final, un bel ouvrage qui est un très bon résumé de l'économie et du néolibéralisme en particulier.