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Pour moi moins indispensable que ses chroniques de voyage (Shenzen, Pyongyang, Birmanie, Jérusalem, ...). Intéressante plongée dans le monde de la fabrication de papier et dans la jeunesse de l'auteur, mais pas un coup de cœur non plus.
Guy Delisle qui nous a fait voyager avec ses chroniques Birmanes et chroniques de Jérusalem est de retour avec un voyage dans le temps. Il revisite son premier emploi d'été et son adolescence à l'usine de papier de sa région. C'est un récit sympathique qui raconte bien ce qui fut ses premiers pas dans le monde du travail. Je suis sorti de cette lecture en me disant que toutes les premières expériences de travail sont un peu identiques. On vit tous un peu les mêmes contraintes au snack-bar ou au garage. On découvre des personnages bizarres et plus grands que nature. Notre salaire devient vite notre meilleur ami, jusqu'à ce qu'on trouve sa place dans le monde des adultes. Il y a quelque chose de triste et nostalgique dans ce récit. Comme si tous les bouts orange étaient destinés à devenir gris.
Après les chroniques birmanes et les chroniques de Jérusalem, voici venir les chroniques de jeunesse de Guy Delisle. Cette fois-ci, ce n'est pas un carnet de voyage sur une dictature ou un Etat en guerre contre ses voisins mais plutôt un souvenir d'adolescence concentré sur le travail d'été dans une usine de pâte et de papier située à Québec sur l'embouchure de la rivière Saint-Charles. C'est clair que cela sera moins dépaysant !
Cela me renvoie incontestablement à mes propres souvenirs dans les années 80. Pour financer ses études, certains d'entre-nous sommes obligés de travailler à l'usine et mettre la main dans le cambouis. On s'aperçoit alors comme l'auteur que l'on sait pourquoi on fait des études. On reste alors humble.
En effet, je n'envie absolument pas la vie difficile des ouvriers avec des conditions de travail répétitives et parfois dangereuses. Il est vrai qu'à plusieurs reprises, on appréhende l'accident fatal au cours de notre lecture. Ces rouleaux compresseurs peuvent si vite happer tout un corps jusqu'à l'écrabouillement.
Je déplore un peu le manque d'émotion ou d'empathie dans les rapports humains notamment lorsque l'auteur apprend le sort de Jake. Cependant, l'auteur reste certainement fidèle à son vécu. C'est parfois un peu froid également avec son père qui travaille pourtant dans les bureaux de cette usine. Il en explique les raisons et il faut faire preuve de compréhension. En tout cas, il y a une acceptation assez remarquable de sa part. On arrive véritablement à comprendre sa réaction.
C'est dommage d'être resté cantonné pratiquement à cette grise usine dont on saura tout sur le fonctionnement des machines dans les moindres détails. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur le parcours de jeunesse de l'auteur même s'il dévoile parfois certains aspects. Tout se concentrera sur les anecdotes de la vie de ce complexe industriel avec une pointe d'humour.
On notera au niveau graphique une petite touche colorée en orange sur le T-shirt de l'auteur notamment. Cela égaye un peu par rapport à cet univers assez triste.
Pour le reste, cette chronique est fort bien réalisée. J'aime de toute façon le style graphique et narratif de cette auteur. On se laisse prendre par le récit malgré un enjeu moindre que dans ses précédentes œuvres.