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Le titre décalé est à l’image du livre tout entier : en apparence drôle mais aussi révélateur d’une réalité assez crue dispensée sans tabou et toujours signifiante : le poil de nez c’est une métaphore de toutes ces choses dont on ne connaît l’importance que lorsqu’on les perd… Et Noémie qui a vingt ans au début du récit, fait des études d’art, vit à 200 à l’heure et croque la vie à pleines dents, va apprendre à ses dépens la valeur des choses qu’on tenait pour acquises quand elle découvre qu’elle a un cancer. Certes, il est « bénin » et curable mais les traitements et ses effets psychologiques n’en seront pas moins lourds pour elle et sa famille….
L’histoire s’ouvre sur les parents inquiets de Noémie assis dans leur cuisine attendant les résultats médicaux que leur fille doit leur communiquer et se clôt deux ans et demi plus tard avec ces mêmes parents dansant enlacés sur leur balcon devant les montagnes libanaises. On passe de l’inquiétude à la joie retrouvée dans cette structure en écho. On retrouve également une symétrie dans les pages d’ouverture et de clôture. Sur la page de titre : trois petites silhouettes montrent le déclin physique progressif de l’héroïne et sur la page finale, trois nouvelles silhouettes y répondent dans lesquelles on reconnait à nouveau Noémie qui retrouve sa féminité petit à petit mais apparaît changée.
Entre les deux, neuf chapitres, chacun séparés par une page de titre avec un dessin en médaillon traitant d’un parcours assez classique allant de la « révélation » (I) , en passant par l’ »invasion »(II) et la maladie (III) mais donnant surtout à voir les montagnes russes émotionnelles de la narratrice durant cette épreuve : « nuages » (IV), « euphorie » (V), « mal-être » (VI) pour finir par évoquer ce que l’on fait rarement : la gestion de l’après cancer et de ses retombées dans « dépression » (VII), « thérapie » (VIII) et « bien-être » (IX). On a parfois l’impression d’être dans son journal intime : elle en retranscrit d’ailleurs des passages et le grammage du papier apparente aussi parfois l’œuvre à un carnet de croquis cathartique.
Pourtant ce livre n’est jamais égocentrique ni larmoyant. Il est clair et pédagogique et recense les étapes et les effets secondaires de la maladie. Vous ne verrez d’ailleurs plus la couleur orange de la même façon après cette lecture car les pages qui décrivent les chimios en sont saturées pour provoquer visuellement l’équivalent de l’écœurement qui assaille la narratrice ! Les dessins sont colorés et foisonnants ; les pages sont de véritables explosions de couleur - elle utilise des boites de 120 polychromos - qui contrastent parfois avec la noirceur du propos ! La mise en page est très inventive, dynamique et toujours surprenante.
Ce roman graphique présente aussi une famille soudée et aimante avec des portraits de femmes fortes et drôles dignes d’Almodovar ! On rit souvent de leurs disputes et de leurs outrances. L’autrice nous amuse également grâce à ses reprises parodiques de chef d’œuvres picturaux que sont « la création d’Adam » de Michel-Ange, « La liberté guidant le peuple » de Delacroix ou encore « la naissance de Vénus » de Botticelli qui désamorcent ainsi le trop plein d’émotions.
Mais ces citations permettent également une réflexion sur l’art. L’autrice montre comment elle a pu mieux exprimer ce qu’elle ressentait grâce à des chansons comme « le mal de vivre » de Barbara ou « les feuilles mortes » de Montand et les troublantes similitudes entre un épisode de son vécu et celui relaté dans « Mon Roi » de Maïwenn. Ainsi la poésie, la chanson, le cinéma et même la bande dessinée (d’où le long passage sur Angoulême qu’on pourrait a priori prendre pour une digression) ont pu servir de médiateur à ses émotions. Et nous lecteurs, nous ne pouvons nous empêcher de faire le rapprochement avec le roman graphique que nous tenons entre les mains : « De l’importance du poil de nez » est un livre important qui nous permet de mieux comprendre la maladie ainsi que le ressenti des malades et de leur famille. A la manière d‘un arc en ciel qui naît de la pluie et du soleil, ce livre chatoyant nous fait rire, pleurer et nous interroger. C’est une véritable leçon de vie à la valeur universelle et salutaire.