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Une grosse dizaine d’années après Superman : Identité secrète, Kurt Buziek interroge à nouveau notre rapport aux super-héros en s’emparant cette fois-ci du Chevalier noir dans un récit aux multiples points de comparaison avec le premier (Batman: Creature of the Night 2017, #1-4).
D’un garçon qui passe rapidement de l’adolescence à l’âge adulte, de son homonymie et de ses autres ressemblances – plus ou moins marquées – avec les super-héros, du détournement du comics "de super-héros" pour en faire quelque chose de plus réfléchi, du chapitrage et jusqu’au style de dessin, on sent que le scénariste a voulu réitérer avec Batman ce qu’il avait réussi avec Superman des années auparavant. Même Urban Comics ajoute au parallèle entre les deux albums avec le choix de cette couverture. Il ne s’agit pas pour autant d’une redite, Busiek a bien saisi la différence entre les deux personnages et la tonalité des deux albums s’en ressent.
Cette histoire est celle de Bruce Wainwright, un garçon dont l’enfance va tragiquement basculer et le destin prendre une tournure qui rappellera étrangement celle de Batman dont il lit les comics depuis son plus jeune âge. Celle-ci est sombre et ses réflexions mélancoliques voire carrément tristes par moments. A l’inverse de bien des comics ou films, elle montre à quel point il n’est pas si aisé de se remettre d’un traumatisme. Et comme avec l’histoire précédente, il ne s’agit pas vraiment d’une histoire de Batman mais de ce qu’il aurait pu être dans le monde réel, violent et corrompu. Un Batman actuel, très "grim and gritty", dans la lignée de ce que propose la bande-annonce du film de Matt Reeves à venir en 2022.
Si l’histoire est très prenante, elle est aussi superbement accompagnée du dessin de John Paul Leon. L’auteur, récemment décédé, livre ici une dernière prestation comme je les adore avec son trait brut, gras et très encré qui correspond parfaitement à l’ambiance du récit.