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Les derniers avis postés sur les albums de la série

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    ALICECOOPER Le 18/08/2020 à 17:45:03

    Aujourd'hui je me suis acheté MATA HARI. Lorsque j'ai pris la BD en main je me suis dit le dessin est tout à fait à mon goût, j'en suis tombé amoureux, elle, plus belle que vraie.

    Jeune fille très belle pour son époque, exotique grâce à sa danse, complètement naïve, avec une vie difficile, mouvementée, et surtout très jeune, à la recherche d'une idylle, d'une histoire d'amour qui jamais ne durât, une vie remplie d'instabilités, se mettant en avant avec des mensonges, une folie des grandeurs peut-être, elle s'est prise en main et a réussi avec ses propres moyens et surtout seule à gagner notoriété, célébrité et argent, pour moi également espionne malgré elle, Esther Gil et Laurent Paturaud ont rendu hommage à cette pauvre fille en mettant en avant dans cette bande dessinée une beauté bien supérieure encore, son exotisme, avec un dessin des plus magnifique et un carnet de croquis flamboyant et exquis. Il n'y a que les français pour ne pas réhabiliter cette pauvre créature, prisonnière de son succès, de ses échecs, mais à la recherche d'un être qui l'aime. Je partage votre opinion à 100%, vous êtes absolument conformes à tout ce que j'ai toujours pensé de Mata Hari et ce, en tous points.

    Je reviens sur le carnet de croquis et les commentaires et adresse justement à Maître Thibault et Montbrial mes remerciements pour leur tentative de réouverture de procès, voilà des actions fortes ! Bravo ! Honte à la France encore une fois et déçu de la tournure du procès du double meurtre de Maizières-les-Metz. Mata Hari a servi d'exemple pour la propagande française, pour le moral des troupes, pour la lutte intérieure de Bouchardon mais je condamne expressément l'excès de zèle qui a fait fusiller cette pauvre fille : un assassinat légal. Il méritait également le peloton.

    On en a gardé dans l'histoire qu'une grande espionne, ce n'est qu'une légende et il ne faut pas confondre grandeur et célébrité. Elle était surtout jalousée dans les salons, par des femmes aux fantasmes non assouvis, des hommes politiques français ont certainement exercé leur pouvoirs par frustrations parce qu'il ne l'ont pas eue dans leur lit... Vive la France.

    Bravo aux auteurs, j'affinerai mon commentaire en temps utile et si possible. Un must historique abolu, une BD a posséder absolument. Les textes sont également de toute beauté. A acheter sans l'ombre d'une hésitation. Merci.

    Saigneurdeguerre Le 31/01/2020 à 08:19:46

    France. Forteresse de Vincennes. 15 octobre 1917.

    Margareth Zelle Macleod est conduite au poteau d’exécution. Margareth qui ? Ne cherchez pas. Ce nom ne vous dit probablement rien.
    Qui est cette femme ? Quel crime a-t-elle bien pu commettre pour subir un tel châtiment ?

    Elle n’est pas française. C’est une citoyenne néerlandaise. Les Pays-Bas sont neutres durant la Première Guerre mondiale. Pourquoi fusiller l’une de ses ressortissantes ? Cette femme a été condamnée par un tribunal militaire, exclusivement composé d’hommes, cela va de soi, pour un crime terrible. Elle aurait procuré à une puissance ennemie des renseignements ayant entrainé la mort de plus de cinquante mille soldats français, faisant échouer plusieurs opérations militaires, et ayant permis à l’ennemi de couler en Méditerranée divers vaisseaux alliés.

    Cette femme est loin d’être une inconnue. Elle est célèbre dans bien des pays. Non comme espionne, mais bien pour ses talents de danseuse. Une danseuse qui a bousculé les conventions en se livrant à un effeuillage subtil, prétendument culturel, venu d’Asie, des Indes néerlandaises et d’Inde plus précisément. Cette femme, connue du Tout-Paris, s’est produite à Vienne, Naples, Londres, Berlin… Son nom va devenir une légende et un nom commun pour désigner une espionne… Mata Hari…


    Critique :

    Ce livre est un chef-d’œuvre de la BD. En un volume, il nous présente une des femmes dont le nom, le nom de scène, est resté dans les mémoires. Mata Hari, symbole de l’espionne jouant de ses charmes pour obtenir des renseignements militaires de première importance. Celle qui récolte sur l’oreiller les confidences des militaires bien placés. Voilà ce que les autorités militaires françaises ont réussi à faire croire, non pas juste pour avoir le plaisir sadique de faire souffrir une femme, étrangère de surcroît, mais bien pour justifier les pertes pharamineuses des offensives stupides menées par des généraux croyant en la doctrine de l’offensive à outrance, dont Nivelles fut l’un des plus chauds partisans (il avait développé la théorie de « l’attaque brusquée »), avec pour conséquence des mutineries au sein des troupes chair à canon qui décidèrent de faire la « grève à la guerre ». Il fallait trouver des explications pour calmer le peuple (les gens ont faim) et pour que les soldats français reprennent confiance dans leur commandement. Quoi de mieux qu’une espionne, une « cocotte » qui vivait largement aux crochets de ses amants ? Et cerise sur le gâteau, une étrangère chez qui on trouva de l’encre invisible !

    Alors ? Mata Hari, une super espionne ? Une James Bond féminine avant la lettre ? On en est loin. Bien sûr, cette femme accepta d’espionner pour les Allemands contre une somme d’argent rondelette, mais ils ne lui laissaient pas fort le choix. Cependant, on peut encore se poser aujourd’hui la question de la valeur des renseignements envoyés à Berlin par Mata Hari. Le contre-espionnage français, en la personne du capitaine Georges Ladoux, va lui proposer d’espionner le haut-commandement allemand en Belgique contre la belle somme d’un million de francs, proposition qu’elle accepta, somme jamais versée... Oui, Mata Hari était vénale. Oui, elle ne s’intéressait qu’à elle-même.

    Cette BD commence par nous entraîner dans les Indes néerlandaises et nous aide à comprendre ce qu’y aurait été la vie de la jeune Margareth, épouse d’un homme bien plus âgé qu’elle, officier brutal, alcoolique et infidèle. Elle poursuit avec son divorce en 1902 et son départ vers Paris en abandonnant sa fille qu’elle ne reverra jamais. Pourquoi Paris ? La ville rayonne aux yeux du monde entier. Son nom est synonyme de luxe, d’art de vivre « à la française » … Ceux qui en ont les moyens y viennent du monde entier.

    C’est là que Margareth va petit-à-petit créer son personnage de princesse indienne, un portrait qu’elle fait sans cesse évoluer. Elle veut vivre dans le luxe et fait ce qu’elle juge nécessaire pour y parvenir. Elle veut être une femme libre ! Libre et vivant dans l’opulence.

    Gil & Paturaud, les auteurs, nous livrent ici un fantastique album dans un style graphique très Art Nouveau, encore renforcé par des couleurs très proches de celles des affiches de la Belle Epoque. C’est sublime ! Et le scénario est superbement construit ! Pour terminer en beauté, à la fin de l’ouvrage, une douzaine de pages décrivent l’époque et les principaux protagonistes. Fabuleuse BD au service de l’histoire, même si les auteurs ne prétendent pas que leur version de la vie de Mata Hari est définitivement la bonne.

    bd.otaku Le 31/10/2019 à 20:56:49

    Après un album consacré à Victor Hugo en 2013, Laurent Paturaud et son épouse Esther Gil s’intéressent à un personnage tout aussi mythique : Mata Hari. Cette femme de la belle époque continue à fasciner plus de cent ans après son exécution. Depuis 1920, elle a été incarnée à l’écran par les plus belles actrices (Greta Garbo, Jeanne Moreau et Sylvia Krystel entre autres) et au moins un livre par an lui est consacré. D’ailleurs en ce mois d’octobre paraît également un autre album qui en fait son héroïne: « Rendez-vous avec X : Mata Hari » de Virginie Greiner et Olivier Roman. Pourquoi un tel engouement pour ce personnage ? Parce qu’il s’agit d’une femme mystérieuse à l’identité trouble, d’une danseuse ensorceleuse et d’une femme vénale avec une âme d’intrigante comme en témoigne son nom de scène devenu nom commun dans l’expression : « c’est une véritable Mata Hari » pour désigner une femme fatale capable de toutes les traîtrises…

    Une grande majorité des œuvres qui lui sont consacrées débutent par la présentation de la femme « fétiche » au faîte de sa gloire posée en figure érotique et en objet de désir. Laurent Paturaud et Esther Gil innovent : ancrant son destin dans le contexte historique, ils en font une victime expiatoire qui sert d’exemple pour contrer les mutineries qui se multiplient après la défaite du chemin des dames. Ils commencent, eux, par sa fin pour donner d’emblée une dimension tragique à l’héroïne et ils choisissent également de consacrer près de la moitié de leur biographie dessinée non pas au personnage public mais à la femme qu’elle fut avant de le devenir.

    C’est là une des grandes forces de l’album : d’abord il met en scène tout un pan de la vie de Mata Hari qui est souvent laissé de côté (son expatriation avec son mari officier aux Indes orientales) et, ce faisant, il la présente en tant que mère aimante et femme battue et l’humanisent. Les auteurs montrent la personne derrière le masque et soulignent qu’elle fut, avant tout, victime des hommes et des circonstances. D’ailleurs, ils lui donnent la parole : la narration alterne entre le récit à la première personne dans les récitatifs et des pages classiquement dialoguées. On entend donc la voix de Margareth et l’on comprend à la dernière page que tout l’album n’est qu’une lettre adressée à son dernier amant. Gil et Paturaud évoquent vingt années de la vie de la danseuse et décident de la resserrer sur trois périodes et trois figures masculines : son mari Rudolf et ses jeunes années en garnison dans les Indes orientales ; l’officier allemand Alfred Kiepert lors de sa période de gloire dans le Paris de la belle-époque ; et son dernier amour Vadim Massloff, un russe qui servait dans l’armée française pendant la Première guerre mondiale. D’aucuns diront qu’ils aseptisent ainsi cette courtisane en limitant considérablement le nombre de ses amants mais cela permet d’une part une plus grande lisibilité et elle apparaît ainsi d’autre part comme une grande amoureuse malheureuse et non plus comme la mante religieuse qu’on se plaît à portraiturer.

    Cette lisibilité est accentuée par le traitement graphique. D’abord parce que chacune des périodes est caractérisée par une palette chromatique bien définie : Les Indes sont dépeintes en couleurs vives ; le Paris du succès est dans les tons rouge et or et enfin la période de la guerre et de la mort est peinte en gris et bleus. Ensuite parce que pour résumer certaines périodes, Paturaud n’hésite pas à mettre en scène des pleines pages ou des double pages qui condensent plusieurs années et plusieurs époques : les tournées triomphales de Mata Hari à travers le monde sont ainsi évoquées par un « collage » de reproductions de différentes affiches et programmes tandis que ses voyages avec son riche amant sont évoqués par une succession de plans sans gaufrier qui montre le couple devant des monuments célèbres. On ne perd pas de temps en détails inutiles (tels les voyages de l’espionne entre la France la Hollande, l’Espagne ou l’Angleterre) et paradoxalement l’œuvre est minutieusement documentée ! Les auteurs ont ainsi reconstitué d’après documents le musée Guimet tel qu’il existait au début du XXe siècle, prêté attention aux décors, toilettes et costumes et bien recrée aussi l’atmosphère de Berlin ou du Paris de la Grande Guerre On remarquera d’ailleurs que les arrière plans sont toujours très détaillés et rehaussés au feutre fin ce qui donne de la profondeur par rapport au premier plan souvent réalisé au pinceau.

    On échappe cependant à un aspect trop lisse grâce à un éclatement des cases : le côté passionné de Mata Hari est donné à voir pour la première fois dans sa découverte de la danse à Java par le mouvement, les incrustations, la déconstruction de la page. La beauté de la danse est à nouveau exprimée dans la superbe pleine page de la représentation au musée Guimet qui présente un montage parallèle et qui grâce au mouvement des voiles et à l’harmonie des courbes crée beaucoup de sensualité et de volupté tout en magnifiant l’héroïne dans une légère contre plongée comme le fait également la surimpression des plans à la Scala. Dans ces pages de la période de gloire, le dessinateur donne à son personnage une dimension quasiment mythologique et laisse percevoir au lecteur tout le charisme de cette femme et les passions qu’elle put déchaîner. De même, en laissant hors champ l’exécution de Mata Hari, Gil et Paturaud laissent dans la tête du lecteur l’image d’une femme forte, rebelle, assumant jusqu’au bout qui elle est.

    Cette glorification se retrouve aussi dans l’hommage à Mucha de la couverture. Le peintre viennois n’avait jamais portraituré la danseuse même s’il a immortalisé d’autres gloires du temps (comme Sarah Bernarhdt). Paturaud réalise un superbe « à la manière de » qui tout en renvoyant d’emblée au cadre Belle-époque met en évidence la beauté, la grâce et la sensualité de l’héroïne (à travers la forme évocatrice du lys) mais il ajoute une dimension supplémentaire en lui donnant un air profondément mélancolique. Ceci résume bien la vision du duo : une femme magnifique et fragile à la fois, qui a voulu vivre sa vie comme elle l’entend mais s’est laissé piéger par amour ainsi que le laissent entendre ses dernières paroles : « Finalement quel crime ai-je commis si ce n’est d’avoir trop aimé ? ».

    Ce livre extrêmement documenté (et doublé d’un magnifique cahier graphique et d’explications sur le contexte historique comme souvent chez Maghen) dresse donc un superbe portrait de femme tant dans le scénario que dans les somptueux dessins. Une pièce de choix à verser au dossier de réhabilitation de la danseuse mythique !