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A peu près à chacune de mes incursions sur des albums DC je me dis que l’on ne m’y reprendra plus. Parfois quelques chefs d’œuvres ou anomalies (White Knight par exemple) vient contrarier ma résolution. Ce Mister Miracle n’aurait normalement jamais dû tomber dans ma besace: j’avais été très déçu par le récent Sheriff of Babylon du même duo et la mythologie spatiale de DC autour des planètes Neo-Genesis et Apokolypse m’a toujours parue totalement désuète. Pourtant le feuilletage de l’album, son travail graphique original, son découpage en gaufrier intégral et les très bons échos de la blogosphère m’ont fait tenter la lecture de ce très gros volume. Avec un résultat déconcertant…
Scott Free est un dieu. Le fils du Haut-Dieu de Néo-génésis, la planète paradisiaque et fils adoptif du terrible Darkseid sur l’enfer d’Apokopypse a trouvé refuge sur Terre sous le costume du roi de l’évasion Mister Miracle, sorte de champion de cirque où il coule le parfait amour avec Big Barda, elle aussi élevée dans les fosses ardentes de l’enfer. Un jour il tente de se suicider… avant que les évolutions guerrières des deux planètes divines ne lui tombent sur le nez. Or Scott n’a qu’un envie, vivre simplement avec ses t-shirt de super-héros et la guerrière géante qu’il aime…
En librairie cette couverture m’avait fait de l’œil (en même temps que Omega men). Si vous vous posez la question je vous confirme qu’il ne s’agit aucunement d’une BD de super-héros et que l’insertion dans l’univers DC est totalement artificiel. Mister Miracle raconte avant tout l’histoire d’un type naïf, qui veut une vie simple avec son amoureuse et à qui la vie ne fait pas de cadeaux. C’est la chronique d’une vie, des joies et des peines, du rôle paternel, bref de tout un chacun… transposé dans l’univers too much des néo-dieux. Les auteurs des Big-Two s’amusent depuis la nuit des temps avec les slip, les séquences décalées entre l’attitude et le style absolument iconique de ces personnages et la trivialité du quotidien.[...]
Lire la suite sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/12/21/mister-miracle/
Une mini-série aussi brillante que déconcertante où les personnages principaux et secondaires sont tous des super-héros mais dont le propos est, à l’inverse, tout sauf super-héroïque. Un étonnant mélange des genres entre les enjeux cosmiques habituels propres à ce genre de comics et des considérations plus intimes, les petites banalités du quotidien, la paternité et la dépression ; presque un exercice de style (Mister Miracle 2017 #1-12).
Si l’aspect super-héroïque est bien présent, notamment au début pour expliquer les origines, pouvoirs et missions de Scott Free alias Mister Miracle, ce volet de l’histoire est sans intérêt. On se moque véritablement des enjeux auxquels font sans cesse référence Orion, Lightray, Darkseid et compagnie. Il ne s’agit en réalité que d’un prétexte pour y juxtaposer des scénettes délirantes et autres dialogues abracadabrantesques. A titre d’exemple, un épisode entier est consacré à une parodie de procès dans un canapé, un autre à un échange sur la décoration d’intérieur entre Mister Miracle et Big Barda, un autre encore à une comptine fredonnée sur le champ de bataille et il en va ainsi tout du long des douze numéros. La narration de Tom King est inhabituelle pour un comics et elle en rebutera à coup sûr certains dès les premières pages (c’est une lecture à déconseiller évidemment aux lecteurs bourrins). Mais la série a été récompensée par deux Eisner Awards alors il faut persévérer – voire lire le livre une seconde fois avec attention – pour en apprécier son humour pince-sans-rire, ses running-gags à rallonge, ses références subtiles réservées aux initiés et surtout appréhender le propos de fond.
D’autant plus que le dessin de Mitch Gerads est lui aussi très particulier et dans le même temps parfaitement en adéquation avec le scénario. Pas tant dans le dessin ou les couleurs qui sont en elles-mêmes excellentes mais dans la mise en scène. En effet, le dessinateur use et abuse de la grille à neuf cases, des cases répétées à l’infini et des plans farfelus (le plateau végétarien, le looonnng crachat, le verre de whisky qui se vide, etc.). On pourrait à juste titre trouver ce choix lassant à la longue.
Si vous avez apprécié le style, foncez lire "Sheriff of Babylon" (des mêmes auteurs) ou "Heroes in Crisis" (traitant du même sujet, prochainement disponible en VF).