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L'auteur semble être un grand connaisseur de l'Irak après la chute du dictateur sanguinaire Saddam Hussein. Il a été un agent de la CIA dans une autre vie avant de s'intéresser au Comics et à un certain Batman.
C'est une oeuvre qui me rappelle un film avec Matt Damon intitulé Green Zone. Il faut dire que l'intrigue se passe au même endroit et au même moment historique. Il est vrai que faire chuter un dictateur ne règle pas tous les problèmes d'un pays. Encore faut-il avoir une certaine maturité d'esprit et accepter la différence ce qui n'est guère facile quand on a les chiites et les sunnites sur le même territoire. Bref, on va explorer les enjeux de la reconstruction irakienne, territoire pivot du Moyen-Orient.
L'extrême violence de certaines situations est parfois difficile à supporter pour un lecteur mais cela traduit la réalité. C'est un comics très réaliste qui est loin de ce qu'on a l'habitude de lire dans le genre. Ce souci d'authenticité rend la bd assez intéressante. Reste la violence et toutes ces tragédies. Etre un shériff à Babylon est loin d'être une partie de plaisir.
L’histoire débute en 2004 avec le meurtre d’une recrue de la police irakienne dans l’Irak post-Saddam Hussein ; malgré les obstacles et l’indifférence générale, son instructeur américain s’évertue à chercher le coupable (Sheriff of Babylon 2015, #1-12). Si cette enquête sert de fil rouge à l’histoire, elle n’est en réalité qu’un prétexte à développer un panorama plus large du conflit iraquien au travers de plusieurs personnages aux destins liés. Un instructeur américain idéaliste, une expatriée irakienne de retour en politique, un ancien officier dans la police de Saddam Hussein et bien d’autres encore, chacun concoure à la recherche du coupable tout en veillant – surtout – à préserver ses propres intérêts.
Au fil des épisodes, l’histoire de ces personnages gagne en épaisseur et se révèle moins manichéenne qu’attendue. Le scénario de Tom King s’avère également tristement réaliste et, une quinzaine d’années après, l’actualité du Moyen-Orient nous le rappelle encore. Les relations et rapports entre les personnages sont particulièrement bien mis en scène et une place importante est laissée à leur développement (soit quasiment la totalité de l’histoire). La religion est également très bien traitée. Omniprésente, chacun des personnages la comprend et l’instrumentalise à sa manière jusqu’à ce qu’elle perde son sens au profit de la seule recherche de pouvoir. Au final, on ressort pessimiste de cette lecture, avec le sentiment que rien de bon n’émergera de sitôt d’Irak.
Si le dessin de Mitch Gerads est très bon, c’est sa mise en scène qui est à relever. L’histoire étant essentiellement constituée d’échanges entre les personnages (par exemple, un épisode entier est consacré à deux personnages sirotant de la vodka adossés à un mur...), il était nécessaire de les rendre dynamiques, d’alterner les points de vue, de trouver un style à reproduire tout du long, ce qui est ici remarquablement réussi. Mention spéciale aux gaufriers de personnages sur neuf cases.